Macon - Préfecture de la Saône et Loire
Retour au Département)

Mâcon (Matisco, Matiscona), C'était autrefois
le siège d'un évêché auquel l'abbaye de Cluny donnait une grande
importance, d'un bailliage, présidial et prévôté royale elle dépendait
de l'intendance et du parlement de Dijon. Des témoignages nombreux
et authentiques constatent la haute antiquité de Mâcon. C'était
une des villes importantes de la confédération des Éduens lorsque
César pénétra dans les Gaules; de grands magasins, pour l'approvisionnement
de l'armée, y furent construits par les généraux Tullius Cicero,
Sulpicius et Agrippa plus tard, on y établit d'importantes fabriques
de flèches et d'armes de guerre, et la ville s'embellit de tous
les monuments publics, temples, bains et théâtres, dont les Romains
aimaient à parer leurs résidences ; un camp retranché défendit ses
abords et le titre de cité lui fut accordé. L'emplacement de Mâcon,
sous la domination romaine, n'était pas exactement celui que la
ville occupe aujourd'hui elle était alors groupée sur la hauteur
d'où peu à peu elle est descendue, s'étendant sur les rives de la
Saône au IXème siècle encore, l'église de Saint- Vincent
était en dehors de son enceinte.
Cette position stratégique
ne la protégea pas contre les invasions des barbares. En 431, le
pillage et l'incendie y signalèrent le passage d'Attila, et les
ruines laissées par le chef des Huns étaient à peine relevées, que
les Bourguignon soccupaient la place et s'installaient dans la contrée,
en face des Romains, désormais impuissants à défendre leur conquête.
Clovis, à son tour, chassa les Bourguignons ; puis, dans le démembrement
de l'empire des Francs qui suivit sa mort, Mâcon fit partie du nouveau
royaume de Bourgogne.
Les principaux faits qui se rattachent
à cette période sont une terrible invasion des Sarrasins, en 720,
et les horribles vengeances exercées par Lothaire, en 834, contre
Bernard et Guérin, comtes du Mâconnais, qui avaient pris parti pour
Louis le Débonnaire dans la guerre impie que lui firent ses enfants
; Mâcon fut pris, livré aux flammes et détruit en grande partie.
Pendant les déchirements qu'entraîna le partage des États de Charlemagne,
Mâcon fut incorporé dans le royaume d'Arles et de Provence, qu'avait
fondé le roi Boson celui-ci, cherchant partout des auxiliaires contre
les menaces des Francs, accueillit dans les murs de Mâcon une colonie
de juifs, qui occupèrent un quartier séparé, désigné sous le nom
de Sabbat, et construisirent au nord de la ville le pont Jud (pons
Judœorum), démoli de nos jours.
Les petits-fils de Charles le
Chauve, Louis et Carloman, s'en prirent à la ville des méfaits de
son maître Mâcon fut assiégé en 880 une prompte soumission désarma
la colère des vainqueurs. Moins heureuse au siècle suivant, en 924,
la ville eut à soutenir le choc d'une invasion de Hongrois épuisée,
démantelée, elle, ne put opposer une sérieuse résistance ; les habitants
prirent la fuite ; l'évêque Gérard se réfugia au milieu des bois,
où il jeta les premiers fondements de l'église de Brou la ville
disparut presque complètement sous les ravages des barbares.

Pour
se remettre d'aussi rudes épreuves et renaître de ses cendres, elle
eut trois siècles de paix et de tranquillité relative, sous la domination
des comtes de Bourgogne, héritiers d'Othon-Guillaume, célèbre par
ses démêlés avec le roi Robert.
La paix de cette époque n'entraîne
toutefois aucune des idées de bien-être et de prospérité que nous
pourrions y ajouter aujourd'hui. La peste ravagea la ville à diverses
reprises, et, en 1028, la disette fut telle, qu'après s'être nourris
des feuilles et de l'écorce des arbres, les habitants de Mâcon furent
réduits, disent les chroniques du temps, à aller chercher leur subsistance
dans les cimetières certains auteurs affirment qu'on vendit publiquement
de la chair humaine dans les marchés de la ville ; cette famine
dura quatre années. Il faut encore ajouter à ces fléaux plusieurs
excursions des Brabançons dans le XII et le XIIIème siècle,
les longs et sanglants démêlés des évêques avec les comtes, et le
sac de la ville par les Écorcheurs et les Malandrins, vers 1361.
Mâcon, à cette époque, était réuni depuis plus d'un siècle à la
monarchie française le comté avait été vendu, dès 1228, au roi saint
Louis, par le comte Jean, moyennant une somme de dix mille livres
et une pension viagère de mille livres pour sa femme Alix. En 1424,
Mâcon fit retour au duché de Bourgogne, sauf quelques réserves mentionnées
dans le traité d'Arras (1435). On doit supposer que cette cession,
faite par Charles VII au duc Philippe le Bon, froissa le sentiment
national car les soldats de son armée, ceux qu'on appelait les Grandes
Compagnies, au lieu d'obéir à l'ordre de licenciement, qui était
une conséquence de la paix conclue, se ruèrent sur la ville et y
commirent les plus grands désordres.
Pendant la lutte de Louis
XI et de Charles le Téméraire, Mâcon fut un des points le plus obstinément
attaqués le roi de France fit assiéger la ville par le comte-dauphin
d'Auvergne, la mort de Charles la réunit enfin définitivement au
domaine de la monarchie. Cette réunion, quoique féconde en conséquences
heureuses pour la ville, qui retrouvait sa nationalité et des destinées
moins variables, ne marqua cependant point pour elle le terme de
ses épreuves les discordes religieuses agitèrent longtemps la malheureuse
cité les prédicateurs de la Réforme y avaient fait de nombreux prosélytes;
Mâcon fut de bonne heure le centre du mouvement protestant en Bourgogne:
Les sires d'Entraigues et de Ponsenac y avaient planté l'étendard
huguenot le 5 mai 1562 ; Tavannes reprit la place par ruse le 18
août de la même année cinq ans après, les calvinistes en chassaient
les catholiques, pour être chassés à leur tour par le duc de Nevers,
après un siège dont la plume se refuse à retracer les horreurs.
Les huguenots avaient souillé leurs victoires par d'affreuses cruautés
les représailles qu'exerça le gouverneur du roi, Saint-Point, dépassèrent
en barbarie ce que l'imagination la plus délirante pourrait rêver
son successeur, Philibert de La Guiche, dont la postérité doit bénir
le souvenir, épargna à la ville, les crimes dont la Saint-Barthélemy
fut ailleurs le signal enfin, l'avènement de Henri IV au trône de
France inaugura pour Mâcon une ère de paix et de prospérité inconnue
jusqu'alors, troublée seulement par quelques excès révolutionnaires,
en 1792, et une apparition des troupes de la Sainte-Alliance, le
18 février 1814.

Le siège épiscopal de Mâcon, fondé avant le
Vème siècle, et qui avait compté une longue suite de
prélats recommandables, fut supprimé lors de la Révolution. Cinq
conciles ont été tenus à Mâcon ; c'est dans celui de 585 que sa
qualité de créature humaine fut contestée à la femme.
Mâcon est
situé dans une riante position, sur les pentes adoucies d'une colline
aboutissant à un large et beau quai baigné par les eaux de la Saône
; un pont de douze arches, dont la construction remonte au XIème
siècle, mais qui a été plusieurs fois réparé, relie la ville au
bourg de Saint-Laurent, qui s'étend sur la rive gauche du fleuve
et dépend du département de l'Ain. L'intérieur de la ville est percé
de rues irrégulières et souvent étroites mais les constructions
modernes qui entourent et cachent la vieille cité lui donnent, à
distance, un aspect propre, digne et imposant.
Beaucoup des anciens
monuments ont été détruits parmi ceux qui restent, il faut citer
l'ancien palais épiscopal, l'hôtel de ville, la cathédrale Saint-Vincent,
et deux autres églises surmontées de dômes et de flèches d'un effet
très pittoresque l'hôtel-Dieu, achevé en 1770 d'après les plans
de Soufflot, et deux autres établissements de charité, les hospices
de la Providence et de la Charité, l'asile départemental, qui renferme
un dépôt de mendicité. Mâcon possède, en outre, une bibliothèque
renfermant 8 000 volumes et une salle de spectacle. La richesse
principale de Mâcon consiste dans ses vins, dont le mérite et la
renommée peuvent se passer de tout éloge ; il se fait sur ses marchés
d'importantes affaires en céréales et en bestiaux. L'industrie,
un peu attardée, se résume dans quelques fabriques de couvertures,
de toiles, d'horlogerie, de tonnellerie, de, bouchons, de cerceaux,
de merrains, de colle à clarifier les vins, de bougies stéariques,
de faïence et une belle fonderie de cuivre. C'est la patrie du généalogiste
Guichenon, historiographe de France et de Savoie, du conventionnel
Roberjot, un des plénipotentiaires assassinés à Rastadt ; du comte
de Montrevel, député de la noblesse aux états généraux, de Bigonnet,
célèbre par sa résistance au coup d'État du 18 brumaire ; de l'astronome
Mathieu et d'un homme, enfin, dont le nom suffirait seul à la gloire
de sa ville natale, Alphonse de Lamartine

Plan du site | Moteur de recherche | Page Aide | Contact © C. LOUP 2025