Amiens - Préfecture de la Somme

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Vue d'Amiens

L'origine d'Amiens ce perd dans les ténèbres de l'antiquité. César et Ptolémée nomment la capitale des Ambiani Somarobriva, dont il est aussi fait mention dans les Lettres de Cicéron. L'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger déterminent avec la plus grande précision la position de cette ville ancienne à Amiens, par six routes qui se réunissent dans cette ville, et qui partent de Arras Nemetacum , St-Quentin Augusta Veromanduorum, Soissons, Augusta Suessionum, Beauvais Cæsaromagus , Boulogne-sur-Mer Gessoriacum, Cassel Castellum Menapiorum. .
Dans ses dernier temps de la puissance romaine, Somarobriva prit le nom du peuple Ambiani, dont on a fait Amiens.
Jules César, qui y tint l'assemblé des Gaules et y plaça ensuite trois légions, Antonin et Marc Aurèle l'embellirent et dès lors elle fut considérée comme une des cités les plus opulentes de la seconde Belgique. Valentinien y fit reconnaître Auguste son fils Gratien en 367.
Les Gépides, les Alains, les Vandales et les Francs s'en emparèrent successivement. Vers le milieu du Vèmesiècle, Clodion en chassa les Romains et y établit le siège de son empire. Mérovée y fut proclamé roi et porté à son trône sur un pavois ou bouclier. Pendant le règne de ce monarque, le féroce Attila porta la dévastation dans Amiens.
Clovis donna cette ville en partage à Clotaire, et depuis lors elle fit partie du domaine de la couronne jusqu'à la décadence de la maison de Charlemagne. Elle fut ensuite gouvernée par des comtes, des vidâmes et des châtelains qui la firent ceindre de fortifications considérable mais malheureusement impuissantes pour la protéger contre les Normands: trois fois ces barbares la brûlèrent et la dévastèrent. A cette époque de désastres disparurent sans doute ses monument antiques.

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hortillonnages d'Amiens

Les rois de France avaient donné la seigneurie d'Amiens aux évêques, qui la transmirent aux seigneurs de Boves ceux-ci en furent dépossédé par la maison de Vermandois, Isabelle de Vermandois apporta la ville en dot à Philippe d'Alsace, qui, en1185, la céda à Philippe Auguste. En 1435, Charles VII engagea Amiens et les autres places de la Somme à Philippe, duc de Bourgogne, moyennant la somme de 400 000 écus d'or, mais avec la réserve du droit de retrait. En 1463, Louis XI paya cette somme au duc de Bourgogne et rentra en possession d'Amien est des autres villes de la Somme. Deux ans plus tard, Louis XI les céda de nouveau, par le traité de St-Maur, au comte de Charolais, avec la réserve de pouvoir les racheter à la mort dudit comte. En effet, à la mort de Charles le Téméraire Louis XI les recouvra et les réunit de nouveau et pour toujours au domaine royal.
Sous François Ier et Henri II, les Impériaux cherchèrent, mais en vain, à se rendre maîtres d'Amiens. Ses habitants, entraînés par l'exemple des villes voisines embrassèrent avec chaleur la Ligue ou sainte union, et une chambre des états y fut instituée mais ce second essaie de parlement Picard n'eut pas plus de durée que la cour souveraine instituée en 1385 par Isabeau de Bavière. Peu de temps après, les habitants se soumirent à Henri IV, qui fit son entrée dans cette ville le 25 août 1594; ils furent les premiers qui, sans aucun traité ni conditions au péril de leur vie et de leurs biens, reçurent le roi dans leur ville; ce qui fit un si grand plaisir à ce monarque qu'il leur accorda, entre autres avantages celui d'être exempts du droit de gabelle. Henri IV ayant déclaré la guerre à Philippe II, roi d'Espagne Amiens tomba Au pouvoir des Espagnoles, en 1597, par un stratagème assez singulier, à l'aide d'un sac de noix répandues sous la porte de la ville, et que la garde s'amusa à ramasser. Henri IV ne recouvra Amiens qu'après un siège où il se couvrit de gloire, mais qui fut long et coûteux il y fit bâtir une citadelle sur la rive droite de la Somme, et manqua ainsi à la promesse qu il avait faite aux habitants, en 1594, de ne jamais faire construire aucun fort dans leur ville.
Amiens possédait une charte de commune dès 1113. L'histoire de l’établissement de cette commune remonte à l'année qui suivit la catastrophe de la révolution de Laon. Il paraît que l'exemple de cette dernière ville avait inspiré aux habitants leur premier désir de liberté.

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hortillonnages d'Amiens

L’évêque exerçait les droits de la seigneurie sur une partie de la ville, le comte sur une autre le Vidame sur une troisième, et enfin le propriétaire d'une grosse tour qu'on nommait le Châtillon prétendait aux mêmes droits sur le quartier voisin de sa forteresse De ces quatre puissances la plus généralement reconnue mais la plus faible de fait était celle de l'évêque, qui, n'ayant point de soldats, tremblait devant le comte et recevait de ses autres coseigneurs des injures qu'il ne pouvait leur rendre. Par intérêt, sinon par esprit de justice, l'évêque d'Amiens devait donc être favorable à la formation d'une commune qui, au prix de quelques concessions, lui assurerait un appui contre ses trois rivaux, dont elle ébranlerait ou détruirait le pouvoir. Le hasard voulut que la dignité épiscopale fût alors occupée par un homme d'une vertu exemplaire, d'un esprit aussi éclairé que le permettait son siècle, et plein de zèle pour le bien général. Sans se laisser épouvanter par les terribles scènes qui venaient d'avoir lieu à Laon. L'évêque Geoffroy comprit ce qu'avait de légitime le désir d'indépendance et de garanties pour les personnes et pour les biens. Il céda sans efforts et gratuitement aux requêtes des bourgeois et, concourut avec eux à l'érection d'un gouvernement municipal. Ce gouvernement, composé de vingt quatre échevins, sous la présidence d'un majeur, fut installe sans aucun trouble au milieu de la joie populaire et la nouvelle commune promulgua des lois dans la forme suivante :
« Chacun gardera en toute occasion fidélité envers son juré, et lui devra aide et conseil.
» « Si quelqu'un viole sciemment les constitutions de la commune et qu'il en soit convaincu, la commune si elle le peut, démolira sa maison et ne lui permettra point d’habiter dans ses limites jusqu'à ce qu'il ait donné satisfaction. »
Quiconque aura sciemment reçu dans sa maison un ennemi de la commune et aura communiqué avec lui, soit en vendant et achetant, soit en buvant et mangeant, ou lui aura donné aide et conseil contre la commune, sera coupable de lèse-commune et, à moins qu'il ne donne promptement satisfaction en justice, la commune, si elle le peut, démolira sa maison. »
« Quiconque aura tenu devant témoin des propos injurieux pour la commune, si la commune en est informée, et que l'inculpé refuse de répondre en justice, la commune, si elle le peut, démolira sa maison, et ne lui permettra pas d'habiter dans ses limites jusqu'à ce qu'il ait donné satisfaction. »
« Si quelqu'un attaque de paroles injurieuses le majeur dans l'exercice de sa juridiction, sa maison sera démoli ou, il payera rançon pour sa maison en la miséricorde des juges. »
« Nul ne causera ni vexations ni troubles soit à ceux qui demeurent dans les limites de la commune soit aux marchands qui viendront à la ville avec leurs denrées. Si quelqu'un ose le faire, il sera réputé violateur de la commune, et justice sera faite sur sa personne et sur ses biens. »
« Si un membre de la commune enlève quelque chose à l'un de ses jurés, il sera sommé par le maire et les échevins de comparaître en présence de la commune, et fera réparation suivant l’arrêt des échevins. Si le vol a été commis par quelqu'un qui ne soit pas de la commune, et que cet homme ait refusé de comparaître en justice dans les limites de la banlieue, la commune, après l'avoir notifié aux gens du château où le coupable a son domicile le saisira si elle le peut, lui ou quelque chose qui lui appartienne, et le retiendra jusqu'à ce qu'il ait fait réparation. »
Quiconque aura blessé avec armes un de ses jurés, à moins qu'il ne se justifie par témoins et par serment, perdra le poing ou payera neuf livres : six pour les fortifications de la ville et de la commune, et trois pour la rançon de son poing mais s'il est incapable de payer, il abandonnera son poing à la miséricorde de la commune. Si un homme qui n'est pas de la commune frappe ou blesse quelqu'un de la commune, et refuse de comparaître en jugement, la commune si elle le peut démolira sa maison et, si elle parvient à le saisir, justice sera faite de lui par devant le majeur et les échevins. »
« Quiconque aura donné à l'un de ses jurés les noms de serf, mécréant, traître ou fripon, payera vingt sols d'amende. » « Si quelque membre de la commune a sciemment acheté ou vendu quelque objet provenant de pillage, il le perdra, et sera tenu de le restituer aux dépouillés, à moins qu'eux-mêmes ou leurs seigneurs n'aient forfait-en quelque chose contre la commune. »
« Dans les limites de la commune, on n'admettra aucun champion gagé au combat contre l'un de ses membres. »
« En toute espèce de cause, l'accusateur, l'accusé et les témoins s'expliqueront, s'ils le veulent, par avocat.»
« Tous ces articles, ainsi que les ordonnances du majeur et de la commune, n'ont force de loi que de juré à juré; il n'ya pas égalité, en justice entre le juré et le non-juré.»


La constitution, établie de commun accord par l'évêque et les bourgeois d'Amiens, fut soumise à l'agrément des trois autres seigneurs, comme parties intéressées Le vidame le moins puissant des trois, y donna son approbation, moyennant garanties pour quelques-uns de ses droits et une bonne rançon pour le reste. Mais Le comte ne voulut entendre à rien; il dit qu'il maintiendrait qu'au dernier tous les privilèges de son titre, et entraîna dans son parti le châtelain de la grosse tour. Dès lors il y eut guerre déclarée entre ce parti et celui de la commune. Le comte d'Amiens était Enguerrand de Coucy, père de Thomas de Marle.

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Une demeure d'Amiens

Afin de s'assurer un appui contre ce puissant adversaire la commune eut recours au roi, et, par l'entremise de son évêque, obtint à prix d'argent l'approbation, ou suivant le style officiel, l'octroi de ses règlements municipaux. Quoique le nom du roi, inscrit en tête de la Charte d'Amiens, lui conféra la légitimité selon le droit, public du royaume, Enguerrand n'en tint nul compte, et, faisant marcher sur la ville tout ce qu'il avait de chevaliers et d'archers, il entreprit d'en rester maître. Menacés par des forces qui avaient sur eux la supériorité de la discipline les bourgeois n’eurent d'autre ressource que de se recommander au fameux Thomas de Marle qui alors était en guerre avec son père. A l'aide de ce secours, ils parvinrent à chasser le comte de la ville et à le contraindre de s’enfermer dans la grosse tour, dont le châtelain nommé Adam, lui ouvrit les portes. Cette tour, qui était d'une telle force qu'on la jugeait imprenable, fut attaquée avec vigueur par les bourgeois et par le roi de France Charles VI, venu à leur secours. Malgré la discipline des troupes royales et le dévouement de la bourgeoisie la tour du Châtillon garda sa réputation d'imprenable; le roi enleva le siège, que les habitants d'Amiens convertirent en blocus. Ce fut seulement au bout de deux ans que les assiégés rendirent la tour, qui fut aussitôt démoli et rasée.
La commune d'Amiens eut d'assez longs jours ; elle ne perdit que lentement une à une ses anciennes prérogatives supprimée par ordonnance de Philippe IV, elle fut rétablie par le même roi en l'année 1307, et, selon toute probabilité ce fut sa grande richesse qui la sauva.
On ne peut dire à quelle somme d'argent monta le prix de son rétablissement mais on sait que peu d'années après il lui en coûta une fois payées, et une rente de 700 livres pour le rachat définitif de tous ses droits. Dès lors, elle parcourut en paix le cercle entier de la destinée des vieilles constitutions municipales.
L'élection du majeur et des vingt quatre échevins subsista jusqu'en l'anuée1397, où un édit du roi Henri IV réduisit à la fois le nombre et les privilèges de ces magistrats populaires. Les anciens droits des comtes, dont la commune avait hérité, lui furent enlevés avec la plus grande partie de ses revenues et, la juridiction de l'échevinage fut bornée au petit criminel, aux disputes entre bourgeois aux procès concernant et police rues, les métiers, les services du guet le logement des gens de guerre. Toutefois., dans les cérémonies publiques les insignes de la haute justice, du droit de vie et de mort, continuèrent d'accompagner comme dans l'ancien temps, le maire et les échevins d'Amiens. Ces attributs d'une puissance qui n'était plus consistaient en deux glaives de forme antique, porté à la main par deux officiers de la ville qu’on désignait à, cause de leur emploi par terme provincial d'espadrons.;
C'est à Amiens que saint Louis, nommé arbitre par Henri III, roi d'Angleterre, et par les barons de son royaume avec lesquels il était en querelle relative aux statuts d'Oxford prononça son jugement sur la validité de ces statuts. Saint Louis arriva à Amiens au commencement de l'année 1264, suivi de toute sa cour; il entendit le roi d'Angleterre et les barons mécontents exposer leurs droits et leurs griefs ; il apporta à l'examen des uns et autres cette attention et cette bonne foi dont il ne se départait point, même lorsqu'il s’agissait de ses intérêts les plus directs « Après avoir pleinement entendu, dit-il dans son prononcé, les propositions les défenses et les raisons des parties; nous étant assuré que par les provisions les statuts et les obligations d'Oxford, et par toutes celles qui en ont été la suite, le droit et l'honneur royal ont souffert une grande diminution; qu'il en est résulté le trouble du royaume, la dépression de l'Eglise, le pillage des personnes tant ecclésiastiques que séculières tant indigènes qu'étrangères et que de plus grands dommages pourraient s'ensuivre encore. Ayant pris conseil des hommes de bien et des grands, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, nous cassons et nous invalidons par notre prononcé les sus dites provisions, ordinations et obligations, de quelque manière qu'elles soient entendues, aussi bien que tout ce qui s'est fait en conséquence d’autant plus que nous voyons que le souverain pontife les a déjà cassées et annulée psar les lettres. Nous ordonnons que tout le roi et les barons et les autres qui ont consenti au présent compromis, et sont obligés à l'observer, s'en regardent comme entièrement quittes et absous». Par les articles suivants, Louis IX rend au roi d'Angleterre la garde de toutes les places fortes et la nomination à tous les offices de la couronne il rappelle les étrangers, et les admet sur le même pied que les indigènes à l'administration du royaume il rend au roi la pleine puissance et le libre gouvernement de ces Etats, ajoutant seulement qu'il n'entend point par cette ordonnance déroger aux privilèges royaux, aux chartes, aux libertés, aux statuts et aux louables coutumes d'Angleterre telles qu'elles existaient avant ant les provisions d'Oxford et, il termine en invitant le roi et les barons à se remettre toute offense réciproque et à oublier toute rancune.
Cette sentence fut rendue à Amiens les 23janvier 1264; elle a été célébrée par les historiens français comme un modèle d'impartialité.
C'est dans l'église St-Nicolas, dont il ne reste aucuns vestiges qu'en 1195 Philippe Auguste épousa Ingelberge, qu'il fit couronner le lendemain par Philippe de Champagne archevêque de Reims. Ce fut à Amiens qu'au temps des expéditions pour la terre sainte les rois de France, d'Angleterre d,'Aragon de Navarre et de Bohème, se réunirent pour concerter une nouvelle croisade.
En 1363, le roi Jean convoqua à Amiens les états généraux de la langue d'oil pour régler l'imposition de l'aide destinée au payement du reste de sa rançon, et pour prendre les mesures les plus propres à réformer les abus introduits dans l'administration des finances, la perception des impôts, etc.,etc. Les élus et députés des provinces et des villes eurent commission d'adjuger, chacun dans leur district, la levée de cette aide aux fermiers qui se présentaient. Le roi rétablit en outre la monnaie sur l'ancien pied, diminua le prix du marc d'argent, et défendit de prendre occasion de cette diminution pour survendre et renchérir les marchandises augmenter le salaire des artisans, etc. Après avoir ainsi réglé les finances, il crut qu'il n'était pas moins nécessaire de faire la révocation des domaines de la couronne, aliénés depuis plusieurs années par la libéralité des rois ses prédécesseurs e t par lui-même.
Le traité de paix entre la République française, l'Angleterre l'Espagne et la Hollande fut signé à Amiens en 1802. Le système de la neutralité armée ayant été reconnu par la Russie, la Prusse, le Danemark et la Suède, et, par suite, le commerce anglais s’étant vu fermer le continent le ministre Pitt fut renversé par l'opposition du parlement anglais et remplacé par Addington. Le nouveau ministère entama dès lors des négociations avec la France. Les préliminaires d'un traité de paix furent signés à Londres le Ier octobre1801. Le 27mars 1802 (6 germinal an X), les plénipotentiaires de la France, de la Grande-Bretagne de l'Espagne et de la république Batave, Joseph Bonaparte, lord Cornwallis, le chevalier d'Azara et Schimmelpenninck signèrent à Amiens un traité définitif dont voici les principales dispositions: l'Angleterre rend ses conquêtes à, l'exception de Ceylan et de la Trinité ; les ports de la colonie du Cap restent ouverts à ses vaisseaux, la France et l 'Espagne recouvrent leurs colonies; la république des Sept-Iles est reconnue l'île de Malte doit être rendue aux chevaliers de l'ordre; la France évacuera Rome, Naples et l'ile d'Elbe. L'intégrité des Etats de la Porte ottomane, telle qu'elle existait avant la guerre est reconnue. Cette dernière clause décida le sultan Sélim à accéder au traité d'Amiens, le 13 mai. Cependant de nouvelles difficultés s'élevèrent bientôt entre la France et l'Angleterre: le gouvernement anglais, craignant une nouvelle expédition en Egypte ne voulut pas évacuer l'île de Malte. Plusieurs autres motifs de querelle amenèrent la guerre qui, après plusieurs violations du traité, fut enfin déclarée à la France par l'Angleterre le 18 mai 1803.



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