Toulon - Préfecture du Var
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Une vieille légende, rapportée dans un manuscrit
provençal, attribuait l’origine de Toulon aux Camatalans, peuple
de la haute Allemagne, qui se¬raient venus s’y établir en 1642 avant
J.-C. Cette fable voudrait de meilleures autorités. On rejette également
aujourd’hui l’opinion qui confondait Toulon avec l’ancienne Taurœntum,
et l’on reconnaît que celle-ci s’élevait au lieu appelé aujourd’hui
par corruption Tarente, dans le golfe des Lèques, près du petit
village de Saint-Cyr. Toulon vient, suivant Peiresc, du celtique
tolo, guitare, à cause de la forme de son port, et, selon d’autres,
du grec signifiant tribut, et du latin telonium, banque. Les Ro¬mains
la nommaient Telo Martius. Les Phéniciens y auraient fondé, vers
le IXèmesiècle avant notre ère, une teinturerie de pourpre
; les Rhodiens, les Phocéens leur succédèrent, et Telo avait déjà
acquis une certaine importance, lorsque les Romains s’y établirent.
C’est alors que fut accolé à son nom celui de Martius, qui, chez
les Romains, représentait la couleur pourpre. A cette époque, son
importance encore médiocre reposait moins sur son port que sur sa
teinturerie de pourpre, que dirigeait un intendant impérial appelé
procurator baphiorum. Les galères tirant peu d’eau trouvaient d’aussi
bons mouillages dans les autres havres de la côte, quoique moins
profonds ; c’est seulement quand l’usage des vaisseaux ronds remplaça
celui des galères, que la profondeur des eaux de Toulon fut appréciée.
Le premier évêque de Toulon fut, selon les uns, saint Honorat, au
Vème siècle; selon les autres, saint Cyprien, au VIème
La cathédrale fut bâtie sur les ruines d’un temple d’Apollon.
Complètement détruite en 889 par les Sarrasins de Fraxinet, Toulon
se releva par les soins du comte d’Arles, Guillaume Ier.
Elle-même eut des comtes particuliers après la chute du royaume
d’Arles en 1032. Ils résidaient au lieu appelé aujourd’hui la Place
à l'huile. Les pirates sarrasins avaient été chassés de Fraxinet,
mais non de la Méditerranée ; en 1178, en 1196, ils replongent Toulon
dans la désolation et la ruine ; ils emmènent même en captivité
son seigneur, Jauffred.
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Charles d’Anjou acheta le comté de Toulon
à Sibylle, héritière de Jauffred. C’est sous la maison d’Anjou que
Toulon obtint ses privilèges municipaux ; en 1314, le roi Robert
autorisa les habitants à élire un conseil de douze membres, dont
quatre pris dans la noblesse, quatre parmi les marchands et quatre
dans le peuple ; puis à désigner deux syndics pour l’administration
de la cité. Enfin, en 1348, la reine Jeanne érigea définitivement
Toulon en commune, et c’est alors que commence la série des consuls
de cette ville. Les Toulonnais reconnaissants montrèrent pour la
maison d’Anjou une fidélité dont ils ne se départirent qu’une seule
fois et momentanément en faveur de Charles de Duras.
Ce n’est
qu’au XVème siècle que l’importance maritime et militaire
de Toulon commença à être appréciée. Jusque-là, elle n’avait pas
d’autre défense qu’une muraille flanquée de tours, construite du
côté de la mer par les princes angevins. La principale de ces tours
était appelée lou Castéou de la mar. Louis XII fit commencer la
grosse tour à l’extrémité de la langue de terre qui termine la petite
rade ; elle fut achevée sous François Ier. Ce n’était
pas assez pour résister aux impériaux, qui entrèrent sans peine
dans la place en 1524 et 1536. André Doria fit stationner sa flotte
dans le port de Toulon. Huit ans après, en1543, le fameux Barbe-Rousse,
dey d’Alger et amiral du sultan, ayant réuni ses vaisseaux à ceux
de la France en vertu des traités conclus avec la Turquie, préféra
Toulon à Marseille pour y rassembler sa flotte. Ainsi deux des plus
grands hommes de mer du XVème siècle, tous deux étrangers,
furent frappés de la supériorité du port de Toulon..
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Henri IV fut véritablement le premier fondateur
du port de Toulon. Richelieu l’augmenta, et Louis XV le porta enfin
au rang qu’il occupe aujourd’hui parmi nos ports militaires. En
1596, Henri IV avait accordé aux Toulonnais le privilège de défendre
eux-mêmes leur ville et d’en garder les clefs en l’absence du gouverneur,
sans que ce dernier puisse y établir un lieutenant. Par là il voulut
les récompenser de la fidélité qu’ils lui avaient montrée en repoussant
les troupes du duc de Savoie et en chassant celles du duc d’Épernon.
II fit plus, et dès 1594, il ordonna que la ville fût entourée d’une
enceinte de pierre de taille flanquée de bastions et de courtines,
fit bâtir les forts Sainte-Catherine et Saint-Antonin, et jeter
les deux grands môles qui enveloppent le port marchand actuel. Richelieu
y fit ajouter des magasins et un arsenal, et c’est du port de Toulon
que partirent sous Louis XIII la plupart des flottes qui opérèrent
dans la Méditerranée sous le commandement de l’archevêque de Bordeaux,
d’Escoubleau, de Sourdis, du comte d’Harcourt, des marquis de Pontcœurlai
et de Dreux-Brézé. Un tribunal d’amirauté et un tribunal de sénéchaussée
furent établis dans la ville.
Les vaisseaux de haut bord prenaient
chaque jour l’avantage sur les galères, qui ne pouvaient porter
d’égales masses d’artillerie. Cette révolution dans la marine fut
le triomphe de Toulon. Louis XIV, qui visita son port et celui de
Marseille en 1660, donna ouvertement la préférence au premier. Il
avait, d’ailleurs, le désir d’abaisser Marseille, qui venait de
soutenir une lutte contre lui. On lit dans un mémoire conservé aux
archives de la marine en 1670 : « Le port de Tholon est de lui-
même, et pour son heureuse situation, le plus beau et le plus avantageux
qu’il soit en Europe, et dans lequel il y a le plus de facilité
et de commodité pour toutes sortes d’armements, et généralement
pour tout ce qui regarde les ouvrages et le service de la marine.
» Colbert, qui voulait faire de Toulon, aussi bien que de Brest,
un port militaire de premier ordre, demanda un plan à Vauban. Le
grand ingénieur en donna un digne de lui, mais qu’on fut obligé
de restreindre, tant il était gigantesque. Un incendie, qui dévora
en 1577 une partie de Toulon, fit place nette, et aussitôt après
que la paix de Nimègue eut été conclue en 1679, un second port,
appelé la Nouvelle Darse, communiquant avec l’ancien par un chenal,
fut creusé avec une merveilleuse rapidité. Cent vaisseaux de ligne
y pouvaient tenir à l’aise. Un arsenal magnifique s’éleva : corderie
toute voûtée en pierre de taille, dessinée par Vauban ; salle des
voiles, salle d’armes, fonderie de canons, parcs d’artillerie, hôpitaux
militaires, écoles, etc., tout cela sur une échelle colossale.
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Une chose manquait : c’étaient des formes. Duquesne, qui avait bien
prouvé à Brest qu’il s’entendait aussi bien à la construction des
ports qu’au commandement des flottes, proposa dans un mémoire un
système de formes mobiles, qui ne reçut point d’exécution. Seignelai
visita Toulon en 1684 et communiqua sa bouillante activité aux travaux
du port et à la construction des vaisseaux. Vers le même temps,
la ville fut entourée d’une nouvelle enceinte plus conforme aux
progrès de l’art militaire ; pour la défense de la rade, on ajouta
le fort Saint-Louis à ceux des Vignettes, de l’Éguilette, de la
Grosse-Tour et de la tour de Balaguier. Enfin, Toulon devint le
siège de l’intendance de la marine du Levant ; de la vice-amirauté
du Levant ou de la Méditerranée, établie en 1689. Tourville fut
le premier vice-amiral du Levant.
C’est de Toulon que partirent,
sous Louis XIV, toutes les expéditions destinées pour la Méditerranée
: celles du chevalier de Valbelle, du duc de Vivonne, de Duquesne,
contre la Sicile, Alger, Gênes, etc. C’est à Toulon que se trouvait,
en 1692, le maréchal d'Estrées, lorsqu’il reçut ordre de conduire
sa flotte dans la Manche pour la réunir à celle de Tourville, ordre
que les vents contraires l‘empêchèrent d’exécuter à temps. Enfin,
c’est à Toulon que fut équipée la dernière flotte importante que
la France mit en mer sous le règne de Louis XIV (1704) ;
Philippeaux
de Pontchartrain laissait alors tomber notre marine. Bientôt Toulon,
qui envoyait naguère des flottes si formidables porter au loin la
terreur, fut assiégée par terre et par mer (1707). Le prince Eugène
et le duc de Savoie, Victor-Amédée, commandaient l’armée de terre
; l’amiral Cloudesly-Showel fermait la mer avec quarante-six vaisseaux
Anglo-Bataves et vingt-neuf galiotes à bombes ou brûlots. Le gouverneur
de Provence, le comte de Grignan, gendre de Madame de Sévigné, quoique
déjà vieux, accourut, et avec une activité merveilleuse mit la ville
en parfait état de défense ; le maréchal de Tessé prit d’habiles
dispositions militaires pour fermer le port et couvrir Toulon du
côté de la terre. Le prince Eugène était d’avis de se retirer ;
le duc de Savoie fit prévaloir l’avis contraire. Les ennemis réussirent
d’abord à enlever le poste d’Arligues et le fort Sainte-Catherine
; mais, dans la nuit du 14 au 15 août, le maréchal les attaqua avec
quatorze mille hommes, auxquels s’étaient joints des bourgeois,
des hommes du peuple et des paysans. L’attaque fut des plus vives,
et le combat vigoureusement soutenu. Le duc de Saxe-Gotha, l’un
des principaux instigateurs du siège, se fit tuer au poste qu’il
défendait.
Mais l'ardeur des Français l'emporta ; les femmes
de Toulon leur portaient à boire jusque sous le feu, et les enfants
achevaient à coups de pierre les Piémontais blessés. La hauteur
de Sainte-Marguerite fut emportée et les travaux des ennemis détruits.
Il ne leur restait plus d'espoir que dans la flotte ; Showel la
fit avancer et ouvrit un feu de bombes terrible ; il ne réussit
qu'à couler deux vaisseaux dans le port ; la plupart des bombes,
mal dirigées, éclataient en l'air, tandis que les batteries du port
faisaient le plus grand mal à la flotte ennemie. Dans la nuit du
21 au 22, les alliés se retirèrent ; ils étaient venus pour détruire
Toulon et n'avaient réussi qu'à brûler deux vaisseaux.
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C'est
à Toulon que fut équipée la flotte de douze vaisseaux, cinq frégates
et cent cinquante bâtiments de transport, qui, sous le commandement
du marquis de La Galissonnière, transporta à Port-Mahon l'expédition
du maréchal de Richelieu en 1756. Cependant notre marine était délaissée,
vendue aux armateurs par le ministre mème, Nicolas Berryer, un traitre
qui recevait de l'argent de l'Angleterre. Quand elle se releva par
les soins du duc de Choiseul, Toulon fut enfin dotée d'un bassin
de construction ; un simple ouvrier charpentier, Pivat, en conçut
le projet, l'ingénieur Groignard en commença l'exécution en 1774.
La Révolution eut à Toulon de violents défenseurs dans le club des
Adorateurs de la liberté et de l'égalité. Des excès furent commis
; les administrateurs et le procureur syndic du département du Var
furent massacrés, ce qui fil transporter à Draguignan le siège du
département; soixante-douze personnes furent arrêtées. Ces violences
aliénèrent la majorité des Toulonnais ; excitée par les royalistes
et les Anglais, elle se laissa entrainer dans la réaction girondine,
fit emprisonner deux commissaires de la Convention, Bauvais et Pierre
Bayle, envoya à l'échafaud les chefs du club des Adorateurs, brûla
la constitution de 1793 et nomma un comité de surveillance. Peu
de temps après, un officier de l'amiral Hood était reçu pour traiter
de la reddition de la ville. La nouvelle de l'entrée de l'armée
conventionnelle à Marseille détermina la trahison..
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La faiblesse coupable du contre-amiral Chambon livra la flotte aux Espagnols, tandis que les Anglais occupaient le fort Lamalgue. Les amiraux Hood et Juan de Langara, au nom de l'Angleterre et de l'Espagne, s'empressèrent d'imposer à la municipalité de Toulon un emprunt d'un million de piastres fortes, hypothéqué sur l'arsenal, les vaisseaux, la ville elle-même. Le 1er> octobre, le drapeau blanc flotta sur Toulon. Mais le même jour parut l'armée de Carteaux ; elle fut repoussée avec perte. A Carteaux succéda Doppet ; puis Dugommier, plus habile. Trente mille hommes étaient réunis sous Toulon. Une partie sous le général Dugommier était placée au couchant, en avant d'Ollioules ; l'autre, au levant, sous le général Lapoype. Dans le conseil de guerre se trouvait un jeune officier qui commandait l'artillerie en l'absence du chef de cette arme : c'était Napoléon Bonaparte. Ce jeune officier, à l'aspect de la place, fut frappé d'une idée et là proposa au conseil de guerre. Le fort de l'Eguillette, surnommé le Petit-Gibraltar, fermait la rade où mouillaient les escadres coalisées. Ce fort occupé, les escadres anglaise et espagnole ne pouvaient plus mouiller dans la rade sans s'exposer à y être brûlées : elles ne pouvaient pas non plus l'évacuer en y laissant une garnison de quinze mille hommes sans communications, sans secours, et tôt ou tard exposée à mettre bas les armes. Ainsi, la clef de la place était au fort l’Éguillette ; mais ce fort était presque imprenable. Le commandant Bonaparte soutint fortement son idée comme plus appropriée aux circonstances, et non seulement réussit à la foire adopter, mais encore parvint à s'emparer de ce poste important, grâce au dévouement d'un jeune capitaine d'artillerie nommé Muiron, qui lui sauva la vie.
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« Dès que le fort de l’Éguillette fut occupé, dit M. Thiers, les républicains se hâtèrent de disposer les canons de manière à foudroyer la flotte ; mais les Anglais ne leur en donnèrent pas le temps. Ils se décidèrent sur-le-champ à évacuer la place pour ne pas courir plus longtemps les chances d'une défense difficile et périlleuse. Avant de se retirer, ils résolurent de brûler l'arsenal, les chantiers et les vaisseaux qu'ils ne pourraient pas pren¬dre. Le 18 et le 19, sans en prévenir l'amiral espa¬gnol, sans avertir même la population compromise qu'on allait la livrer aux montagnards victorieux, les ordres furent donnés pour l'évacuation. Chaque vaisseau vint à son tour s'approvisionner à l'arsenal. Les forts furent ensuite tous évacués, excepté le fort Lamalgue, qui devait être le dernier abandonné. Cette évacuation se fit mème si vite que deux mille Espagnols, prévenus trop tard, restèrent hors des murs et ne se sauvèrent que par miracle. Enfin, on donna l'ordre d'incendier l'arsenal ; vingt vaisseaux ou frégates parurent tout à coup en flammes au milieu de la rade et excitèrent le désespoir chez les malheureux habitants et l'indignation chez les républicains, qui voyaient brûler l'escadre sans pouvoir la sauver. Aussitôt plus de vingt mille individus, hommes, femmes, enfants, vieillards, portant tout ce qu'ils avaient de plus précieux, vinrent sur les quais tendant les mains vers les escadres et implorant un asile pour se soustraire à l'armée victorieuse. C'étaient toutes les familles provençales qui, à Aix, à Marseille, à Toulon, s'étaient compromises dans le mouvement réactionnaire. Pas une seule chaloupe ne se montrait à la mer pour secourir ces imprudents Français ; qui avaient mis leur confiance dans l'étranger et qui lui avaient livré le premier port de leur patrie. Cependant l'amiral Langara, plus humain, ordonna de mettre les chaloupes à la mer et de recevoir sur l'escadre espagnole tous les réfugiés qu'elle pourrait contenir. L'amiral Hood n'osa pas résister à cet exemple et aux imprécations qu'on vomissait contre lui ; il ordonna à son tour, mais fort tard, de recevoir les Toulonnais. Ces malheureux se précipitaient avec fureur dans les chaloupes. Dans cette confusion quelques-uns tombaient à la mer, d'autres étaient séparés de leurs familles. On voyait des mères cherchant leurs enfants, des épouses, des filles cherchant leurs maris ou leurs pères, et errant sur ces quais aux lueurs de l'incendie. Dans ce moment terrible, des brigands, profitant du désordre pour piller, se jettent sur les malheureux accumulés le long des quais et font feu en criant : « Voici les républicains ! » La terreur alors s'empare de celte multitude ; elle se précipite, se mêle, et, pressée de fuir, elle abandonne ses dépouilles aux brigands, auteurs de ce stratagème. Enfin, les républicains entrèrent et trouvèrent la ville à moitié déserte et une grande partie du matériel de la marine détruit. Heureusement les forçats avaient arrêté l'incendie et empêché qu'il ne se propageât. De cinquante-six vaisseaux ou frégates, il ne restait que sept vaisseaux et onze frégates. La prise de Toulon causa une joie extraordinaire. Dès lors, on n'avait plus à craindre que les Anglais, s'appuyant sur Toulon, vinssent apporter dans le Midi le ravage et la révolte. »
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Le châtiment de la ville coupable fut au moins égal à son crime.
Sa population rangée le long des murs et mitraillée ; sa destruction
décrétée par la Convention ; son nom déclaré infâme et remplacé
par celui de Port-la-Montage, c'était là une large expiation. Heureusement
Fréron, qui avait déjà mandé douze mille maçons des pays voisins,
n'eut pas le temps d'exécuter le décret en ce qui concernait le
rasement de la ville.
Après le 9 thermidor, Toulon reprit son
nom. Sous le consulat, Toulon devint le chef-lieu d'un arrondissement
maritime. Sous l'Empire, elle gagna deux bassins nouveaux et le
fort Empereur. De son port sortirent la flotte de Brueys, qui porta
en Égypte Bonaparte et son armée (1798) ; celle de Villeneuve, qui
devait se rendre dans la Manche et se fit battre à Trafalgar (1805);
enfin, de nos jours, celle du vice-amiral Duperré, qui porta nos
soldats à Alger (1830). Elle comptait cent trois bâtiments de l'État,
cinq cent soixante-douze navires de commerce et autres ; elle portait
trente-sept mille hommes et quatre mille chevaux. La possession
de l'Algérie a été pour cette ville le signal d'un redoublement
d'activité et d'un puissant développement ; elle a doublé en population
depuis 1830 ; ses faubourgs se sont accrus, et tout récemment il
a fallu agrandir son port et son enceinte, l'un de plusieurs bassins,
l'autre de quartiers neufs, qui font de Toulon une des premières
villes de France sous tous les rapports.
Les principaux établissements maritimes et militaires de Toulon sont : l’Hôtel de la préfecture maritime ; l'arsenal maritime, qui se développe le long du rivage sur une ligne de plus de 8 kilomè¬tres, avec ses magasins, sa corderie, ses forges, ses darses, etc., etc.; le musée de la marine; l'arsenal du Castigneau, celui du Mourillon; l'hôpital de la marine, et, dans la presqu'ile du cap Sépet, le bel et vaste hôpital Saint-Mandrier avec son lazaret; l'arsenal de terre; la manutention et les casernes. Parmi les monuments civils, nous citerons l'hôtel de ville, celui de la sous-préfecture ; l'ancienne cathédrale Sainte-Marie Majeure, réparée à plusieurs époques et qui possède de beaux tableaux ; les églises Saint-Jean, Saint-Louis et Saint-Pierre, le temple protestant ; le palais de justice, le lycée, la bibliothèque, le musée, les hôpitaux civils et le théâtre, etc., etc.
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