Ce département s’appelait Basse Alpe avant de devenir Les Alpes de Hautes Provence. Ce département frontalier avec l'Italie au Nord; où on y accède par le col de Larche; fait partie de la grande chaine montagneuse des Alpes avec pour point culminant l’Aiguille de Chambeyron qui s’élance à 3411 mètres d’altitude. Cette région montagneuse qui offre de très nombreuses stations de sports d'hivers comme Prat Loup, le Sauze Super Sauze, Sainte-Anne la Contamine, Saint Paul sur Ubaye, Le Val d'Halos, Saint-Jean Montclar, Selonnet - Chabanon et tant d'autres qui vous donnent les plaisirs de la glisse pour les fanatiques de ce sport. Traversé du Nord au Sud par la Durance, un affluent du Rhône, ce pays est très touristique, avec de très nombreux endroits à découvrir comme par exemple la cascade de la Pisse sur la rive droite du Lac de Serre Ponçons. Le barrage Serre Ponçons a été le premier barrage en terre construit en France. Autre phénomène naturel remarquable :le Chemin des Fées ou les Demoiselles Coiffées à découvrir sur le territoire de la commune de Rousset. Autre endroit à visiter et qui fait partie des grands sites de France, les Gorges du Verdon au sud de département et limitrophe avec le déparment du Var.
Le caractère des habitants de ce département
à beaucoup der apport avec celui des Provençaux. Les montagnards
seuls offrent quelque différence ; ils sont fins, adroits, et n'ont
de grossier que l'habit il en est peu, même dans les lieux les plus
reculés, qui ne sache ni lire, écrire, compter et quelque chose
de plus. L'instruction est pour eux un goût naturel et même une
nécessité pendant une moitié de l'année les habitations sont presque
ensevelies sous les neiges les travaux agricoles interrompus et,
comme il n'existe aucun établissement industriel, les bras se trouvent
sans emploi. Les familles se retirent alors dans les étables, seul
lieu où le froid excessif ne se fasse pas sentir, là pendant que
les femmes filent ou tricotent, le chef de la famille fait la lecture,
s'instruit, se civilise, enseigne ses enfants, ses serviteurs et
tient école pour eux. Professeur le plus élevé et le plus inaccessible
qu'il y ait sur le globe, il ne craint pas que l'université le précipite
du haut de sa chaire, qu'elle prescrive un mode exclusif d'enseignement
qu'elle mesure à son aune les intelligences, et qu'elle lui dise
: Tu t'arrêteras là.
Le paysan des Basses-Alpes est courageux,
propre à supporter la fatigue, capable de dévouement et de reconnaissance
et, malgré sa disposition à l'économie, il montre dans ses relations
avec les étrangers une sorte de générosité noble; il rougirait de
faire payer au voyageur égaré les services qu'il peut lui rendre,
le lait et les fruits qu'il peut lui offrir. Si durant la mauvaise
saison un enfant souffrant et morfondu se présente à la porte de
sa chaumière, il ne le renvoie pas en lui disant : « Le ciel vous
bénisse », il le reçoit, l'accueille et lui dit : « Mets toi à l'abri,
mange, étudie, travaille », et ne le renvoie à ses parents que lorsque
la mauvaise saison est passée.
Chaque année a lieu une émigration
de plusieurs milliers d'hommes et d'enfants appartenant principalement
à la vallée de Barcelonnette et particulièrement du village de Fours,
dont la population mâle s'expatrie presque en entier. La plus grande
partie des émigrants va dans la basse Provence, et se cantonne sur
toute la côte depuis Nice jusqu'à Arles. Les hommes se placent comme
valets ou journaliers pour les divers travaux de l'agriculture;
les femmes, et les enfants assez grands pour être employés utilement,
cueillent des olives, filent le chanvre et la laine. Plusieurs s'établissent
en qualité de commissionnaires dans nos grandes cités; quelques-uns
montrent la lanterne magique dans toutes les parties de la France,
les enfants montrent la marmotte, d'autres se forment une petite
pacotille d'almanachs, d'aiguilles, de lacets et autres menus objets
de mercerie, qu'ils vont colporter au loin. Dans le cours de ces
longs voyages, tous se montrent intelligents, patients, laborieux,
vivant avec frugalité, économes, et surtout d'une fidélité à toute
épreuve.
Le département des Basses-Alpes est formé d'une
partie de la haute Provence et de la vallée de Barcelonnette. Il tire
son nom de la position physique des montagnes des Alpes, qui, à l'est,
le séparent du Piémont, et dont les derniers contreforts méridionaux
viennent en partie s'abaisser et expirer sur son territoire. Ses bornes
sont: au nord, le département des Hautes-Alpes, à l'est, le Piémont
au sud, le département du Var, à l'ouest, les départements du Vaucluse,
de la Drôme et des Hautes-Alpes. Le territoire de ce département est
divisé par une ramification des montagnes des Alpes en deux parties,
l'une méridionale et l'autre septentrionale. Dans la première sont compris
les arrondissements de Barcelonnette et de Castellane; dans la seconde,
ceux de Sisteron et de Forcalquier.
Les montagnes sont séparées
entre elles par des vallées agrestes et profondes, sillonnées par des
torrents fougueux ou, arrosées par des eaux limpides; à des sites d’une
nature agreste succèdent les plus riants paysages. Là s'étendent des
plaines ornées de toute la richesse des cultures méridionales ; plus
haut verdoient des pelouses pastorales émaillées de fleurs parfumées,
au-dessus desquelles sont de vastes forêts de mélèzes et de sapins.
Des grottes spacieuses et profondes soutenues par des colonnades étincelantes
de stalactites s,'ouvrent dans le flanc des montagnes que dominent des
pics sourcilleux couronnés de neiges éternelles.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrit au patrimoine de chaque commune
d'un département
Superficie : 6 925 km2
Population: 161 588 hab.(2016)
Densité :23 hab./km²
Nb de communes : 198
Le 13 avril 1970, son nom est changé en « Alpes-de-Haute-Provence
».
Voici un extrait peu flatteur
de l'article "Basse Alpes" de l'Atlas Larousse publié
au début du siècle dernier : "Semées de rochers
blanchâtres sortant, comme des ossements, d’un mince
sol végétal où languissent des buissons, quelques
fleurs de montagne et des arbres rabougris…, ces
montagnes forment presque partout un effrayant désert
qui n’aura bientôt plus d’habitants : c’est le Sahara
sans le soleil de l’Afrique, avec les neiges de
la Sibérie." (P. Joanne). Sur ce sol élevé que le
déboisement et les inondations qui en sont la conséquence
ont frustré de sa terre nourricière, l’agriculture
est des plus misérables. On n’y récolte qu’un peu
de blé, du vin en petite quantité, mais bon, et
des truffes en assez grand nombre.
Parmi les treize peuplades
qui habitaient jadis le territoire des Basses-Alpes,
on cite celle des Albici, du nom d'Albèce, leur
cité, aujourd'hui Albiosc, petit village près de
Hiez. Alliés des Celto-Ligures, ils formaient,
avec les Reii (Riez), les Bodiontici ou Brodiontii
(Digne), les Esubiani (vallée de l'Ubaye),les Salinienses
(Castellane)et quelques autres peuples, une confédération
ayant ses chefs, son sénat et ses magistrats. Ainsi
que dans tout le reste de la Gaule, on y pratiquait
la religion druidique, les prêtres tenaient le premier
rang dans l'État, puis venaient les nobles ; le
reste était esclave. Peuples remuants et belliqueux,
ils étaient souvent en guerre avec leurs voisins.
Vers l'an de Rome 568, les Ésubiens, joints aux Ligures,
s'opposèrent au passage du préteur Lælius Babius
conduisant ses légions en Espagne. Percé de flèches,
Lælius tomba, et sa mort, dit Tite-Live, devint
le signal d'un épouvantable massacre. Les vainqueurs
ne firent aucun quartier. Pas un soldat romain n'échappa
au carnage. Plus tard, Marius les surprit dans leurs
montagnes et vengea la mort de Lælius et de ses
légions.
Déjà les Phocéens avaient
fondé Massilia. D'abord ennemis de la colonie, les
Albici s'en rapprochèrent dans la suite et recherchèrent
son alliance. Dès lors tout changea lois, mœurs,
religion, usages. Peu à peu, les sciences, les lettres
et arts civilisèrent ces peuples à demi sauvages
; les champs mieux cultivés se couvrirent de moissons.
Avec l'agriculture naquit le gout du commerce et
de l'industrie, et l'art de la guerre fut perfectionné.
Aussi, quand, jaloux de sa puissance, les Romains
attaquèrent Massilia, vit-on les-Albici la défendre,
en reconnaissance des bienfaits qu'ils en avaient
reçus. César vante leur bravoure et ne craint pas
de les comparer aux Romains ; il les appelle des
hommes forts, endurcis au travail, exercés dans
les armes, infatigables à la guerre et ne reculant
jamais à l'aspect du danger. C'était peu de les
avoir vaincus, Rome voulut les soumettre ; elle
n'y parvint qu'en établissant chez eux des colonies,
et comme si elle ne voulait rien laisser à regretter
de la civilisation grecque qu'ils perdaient, elle
accorda au Albici le droit italique et couvrit la
Provincia, dont ils faisaient partie, de temples,
de palais, d'aqueducs, de cirques et de voies romaines,
qui étonnent encore par l'aspect imposant de leurs
vestiges.
Cependant le christianisme
avait pénétré dans ces montagnes Digne, Riez, Sisteron,
Senez et Glandèves avaient leurs églises. Ce pays
prospérait, quand la grande tempête du nord se leva
et l'enveloppa dans la ruine commune. Bourguignons,
Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Lombards et Saxons
vinrent tour à tour s'y combattre, et les Basses-Alpes, après avoir fait partie du royaume des Wisigoths,
furent conquises par les Francs en 507 et comprises
dans la province d'Arles.
Au milieu des ravages
de la guerre, l'esprit chrétien étendait ses conquêtes
pacifiques, fondant des églises, prêchant la paix
et la fraternité. Bientôt paraissent les Sarrasins.
Sortis par milliers des flots de la Méditerranée,
ils se répandent dans la Provence, le fer et la
flamme à la main. Riez et l'antique cité des Saliniens
tombent en leur pouvoir et sont réduites en cendres ;
Digne, Sisteron, Manosque sont pillées et saccagées;
les abbayes de Val-Benoit et de Lure détruites.
Dans les champs comme dans les villes règnent la
solitude et la mort. Chassés par Charles- Martel,
ils reparaissent et ne se retirent que pour revenir
une troisième fois vers 973 ; mais la main qui les
avait si rudement frappés n'était plus là pour les
combattre. Un roi fainéant dormait sur le trône
de Charlemagne. Alors un homme sort de la foule.
Son nom est Valentinus. Descendant, suivant les
uns, des princes de Castille ; selon d'autres, d'une
famille de patriciens établis dans les Gaules, hardi,
courageux, expérimenté dans l'art de la guerre,
Valentinus rassemble les Saliniens, et, l'épée d'une
main, la croix de l'autre, il les excite à marcher
avec lui contre les Maures. À sa voix, ce qui reste
de la cité prend les armes. Sisteron, Riez suivent
cet exemple. Bientôt il n'y eut plus un seul Sarrasin
sur le territoire des Basses-Alpes.
Alors, délivrée
de la longue et dure oppression qu'avaient fait
peser sur lui ces barbares, ce pays sembla
renaitre
; les églises et les abbayes sortirent de leurs
ruines, les prêtres que la guerre avait dispersés
reparurent, les cités longtemps désertes se repeuplèrent,
et le paysan ne craignit plus de semer pour l'étranger.
Rien ne favorise l'ambition comme l'anarchie ou
la guerre. Boson, profitant de ces désordres, s'était
fait roi d'Arles ou de Provence, pour veiller à
la défense de leurs églises que menaçaient à la
fois l'ennemi invisible et les ennemis visibles.
Après sa mort, la Provence fut érigée en comté.
Boson II ayant divisé ses États entre ses deux fils
Rotbaud et Pons, Rotbaud reçut en partage des terres
considérables, dont Forcalquier faisait partie.
Ces terres s'étendaient dans les montagnes de la
haute Provence et du Dauphiné, par-delà la Durance
et le Rhône. On les appela le marquisat de Provence.
Plus tard, ce marquisat passa, par alliance, à Guillaume
Taillefer, comte de Toulouse. Celui-ci laissa deux
fils, dont l'un, Bertrand, hérita du comté de Forcalquier
mais la dynastie des Bertrand s'éteignit dans la
personne de Bertrand IV, mort en 1208, ne laissant
qu'une fille mariée à Régnier de Castellar. De ce
mariage naquirent deux filles, dont l'ainée épousa
Alphonse, comte de Provence. Raymond Bérenger, leur
fils, réunit les deux comtés. Sous le règne de Raymond
Bérenger, un sang nouveau, le sang catalan, vint
féconder cette vieille terre gréco-latine ; l'esprit
national se réveille, et avec lui le gout des sciences,
des lettres et des arts. Alors se forma la langue
romane ; l'ère de la chevalerie commença, et ce
pays devint le centre et le foyer de la civilisation.
C'était le temps du gaie saber (gaie science) et
des cours d'amour les troubadours, avec leurs sirventes
et leurs fabliaux charmaient les loisirs des manoirs.
Heureux poètes, qui ne chantaient pas en vain les
belles châtelaines ni les gentes bachelettes. Précurseurs
de la Renaissance, ils faisaient succéder à l'idiome
grossier, dont on se servait alors, ce doux langage,
cette fleur de poésie dont les plus belles langues
de l'Europe, celles de l'Italie, de l'Espagne et
de la France, devaient plus tard s'enrichir.
Alors ils comptaient dans leurs rangs de nobles
chevaliers et même des souverains mais, hélas le
plus beau ciel a ses orages, et la croisade contre
les Albigeois vint tout à coup attrister cette terre
d'amour et de poésie. Adieu les chants et les tournois
Les seigneurs effrayés n'ouvrirent plus leurs portes
aux ménestrels ; les cours d'amour se fermèrent.
A la gaie science succéda la politique les communes
s'affranchirent et résistèrent vaillamment aux armes
de Charles d'Anjou, frère de saint Louis et comte
de Provence, par suite de son mariage avec Béatrix,
unique héritière des Raymond Bérenger. Après des
luttes sanglantes, Castellane et les autres communes
des Basses-Alpes se soumirent ; mais, à la mort
de Charles III, en 1389, elles passèrent à la seconde
maison d'Anjou, d'où sortit le roi René, l'une des
figures les plus originales de ces temps religieux
et chevaleresques.
Ce prince, dont la Provence
« a gardé la mémoire, » rendit à ce pays son ancien
éclat. Vaine lueur que son héritier laissa tristement
s'éteindre.
Alors le territoire des Basses-Alpes
passa avec la Provence à la couronne (1481). Depuis
le châtiment terrible que leur avait infligé Marius,
les Ésubiens n'étaient plus sortis de leur repos.
On dit qu'ils ne voulurent pas survivre à leur défaite.
Quoi qu'il en soit, la vallée qu'ils habitèrent
n'était encore en l'an mille, comme de leur temps,
qu'une forêt de mélèzes et d'épines. À cette époque,
défrichée et peuplée par des colons venus d'au-delà
des Alpes, séparée par sa position naturelle du
reste du pays, elle en suivit la fortune sans prendre
part aux révolutions qui l'agitèrent. On ne la connaissait
encore que sous le nom de vallée Noire. Soumise
aux comtes de Provence, elle devait à leurs libéralités
de grands privilèges. C'était une des quatre vigueries
du comté de Nice, divisée en plusieurs communes.
Il y avait un juge royal à Barcelonnette, et des
consuls ou des bayles dans les autres communes,
tous magistrats électifs investis de la haute, moyenne
et basse justice criminelle et civile. Enfin, les
habitants étaient affranchis de toute vassalité,
de toute charge de guerre et des gabelles.
Cependant,
à l'extrémité des Alpes Cottiennes, au milieu de
ces âpres montagnes, s'élevait, à la fin du Xème
siècle, une vaste tour carrée à plusieurs étages.
Dans cette tour vivait un petit prince allemand
qui, de simple officier de Rodolphe III, roi de
Bourgogne, était devenu marquis (margrave), c'est
à- dire gardien de la Marche, de la frontière de
Maurienne. Il s'appelait Bérold ou Berthold. Boire
et guerroyer était sa vie. Il épousa une pauvre
jeune fille qui s'était trouvée un jour par hasard
comprise dans le butin qu'il avait fait chez le
comte de Suse. Berthold en eut un fils, Humbert
aux blanches mains. Il vécut désormais en honnête
et paisible seigneur et mourut, dit-on, dans un
couvent. Humbert, investi par Conrad le Salique
du titre de comte, ajouta la Maurienne et d'autres
possessions à ses domaines. Dans la suite, ses successeurs
conquirent les Marches et finirent par prendre rang
parmi les plus illustres maisons princières.
Alors la Provence était en proie à l'anarchie, grâce
aux inimitiés qui divisaient les familles souveraines.
Amédée VII, dit le comte Rouge, en profita pour
s'emparer de la vallée de Barcelonnette, et c'est
ainsi que l'humble héritage de Berthold le margrave
devint un État puissant. Cependant, Amédée promit
de respecter les privilèges et exemptions dont les
habitants de la vallée avaient joui jusque-là ;
mais, s'ils conservèrent leurs franchises, ils perdirent
pour longtemps la paix, à l'ombre de laquelle ils
avaient vécu et prospéré .Dès ce moment, la pauvre
vallée ne fut plus qu'un champ de bataille, dont
la France et la Savoie se disputèrent la possession.
Recouvrée par Louis XI en 1398, reconquise par Amédée
VIII en 1419, reprise de vive force, en 1464, par
le roi René, comme l'âne de la fable, elle était
toujours en litige., Quand Charles-Quint, à la tête
d'une armée de cent mille hommes, s'avança vers
la Provence, François 1er, voulant mettre un désert
entre ses ennemis et lui, commanda que l'on dévastât
la vallée (1535); cet ordre fut exécuté avec une
rigueur telle que les églises mêmes ne furent point
épargnées. Deux ans après, en 1537, ce prince rendit
un édit qui réunissait la vallée au Dauphiné ; mais,
envahie en 1558 par le duc Emmanuel-Philibert, à
qui le comte de Tende, gouverneur de Provence pour
Henri II, ne tarda pas de la reprendre, elle ne
fut rendue à la Savoie que l'an d'après, par le
traité de Cateau-Cambrésis. Aux guerres civiles
et étrangères vinrent se joindre les guerres religieuses.
Déjà le contrecoup de la sanglante croisade contre
les Albigeois s'était fait sentir dans ce pays.
Hérétiques et juifs y furent également persécutés.
A Digne, à Cadenet, à Moustiers, à Mezel, à Courbez,
au Perthuis et dans plusieurs autres communes, les
habitants se soulevèrent contre les juifs, qu'ils
pillèrent et saccagèrent « avec une grande fureur,
meurtre et occision, » suivant le récit de Nostradamus.
« Pour réparation, ajoute-il, de cette populaire
mutinerie, les séditieux habitants et meurtriers
furent condamnés à de grosses amendes et à la restitution
des choses enlevées. » Alors les juifs s'étaient
tellement enrichis par leurs usures que, des dix-huit
parts du terroir, ils en possédaient dix, exemptes
de la juridiction royale. Avant 1300, ils avaient
leurs juges comme autrefois à Babylone, et cent
ans après ils furent déclarés libres de tout péage
; mais, en 1501, un édit royal leur enjoignit de
recevoir le baptême ou de quitter, sans délai sous
de grosses peines, le territoire de la Provence.
Jusqu'en 1545, le calvinisme avait fait peu de prosélytes
dans ce pays, encore sous la terreur de la persécution
contre les Vaudois et les juifs ; mais, après la
Saint-Barthélemy de Mérindol, il fallut compter
avec les religionnaires provençaux.
Rien ne fait
germer les idées comme le sang c'est la rosée féconde
du progrès. De toutes parts, il vint au nouvel Évangile
des apôtres et des soldats. Digne, Riez, Barcelonnette
et plusieurs autres bourgs et villages tombèrent
au pouvoir des protestants. A Barcelonnette, ils
se livrèrent à des excès condamnables. Battus, en
1575, par le maréchal de Retz, ils expièrent cruellement
leurs premiers succès les gentilshommes qui déposaient
leurs armes, reçus à merci et à rançon, avaient
la vie sauve. Quant aux prisonniers, point de grâce
! Brulés ou pendus. Par ce coup de rigueur, les
catholiques rétablirent leur autorité dans le pays
jusqu'en 1585, qu'un édit royal ayant enlevé aux
protestants leur place de sureté, ceux-ci reprirent
les armes. Appelé par les ligueurs, le duc de Savoie
entra en Provence en 1590 ; mais il en fut chassé
par Lesdiguières. Cette seconde campagne ne finit
qu'à la paix de Vervins (1598).
Cependant le
duc de Savoie n'avait pas renoncé à ce qu'il appelait
ses droits sur la vallée de Barcelonnette. En 1627,
voyant Louis XIII occupé par le siège de La Rochelle
et par la révolte des protestants du Midi, il en
profita pour envahir la vallée, ouverte à tout venant
et toujours la première à souffrir des guerres et
des prétentions royales. Il parvint à s'en rendre
maitre ; mais, l'année suivante, Richelieu- s'empara
de la Savoie et du Piémont et déclara la vallée
de Barcelonnette réunie à la France. Cependant,
en 1630, il consentit à la rendre à la Savoie. Plus
tard, sur la fin du XVIIe siècle, Victor-Amédée
II ayant osé se heurter contre la puissance de Louis
XIV, les Français reparurent dans la vallée ; mais,
avant de se retirer, les Piémontais y mirent tout
à feu et à sang. « Dieu sait, dit un contemporain,
comme le pauvre pays fut traité Au quartier des
Sanières, où, par malheur, les grenadiers de Savoie
furent logés, ils se firent traiter à ventre déboutonné,
rançonnant leurs hôtes à grands coups de bâton et
épée à la gorge, sans pouvoir obtenir aucune justice
de M. de Corbeau, leur capitaine ; ils y tuèrent,
battirent et volèrent impunément. » Pendant toutes
ces guerres, les paysans effrayés s'enfuyaient dans
les montagnes, laissant les terres incultes. Bientôt
la disette et la famine réduisirent la plupart des
habitants à se nourrir d'herbes sauvages. Tel fut
le sort de la vallée jusqu'à la paix d'Utrecht,
en 1713. Alors, épuisée, ravagée et dépeuplée, elle
commença à respirer ; mais les bras manquaient dans
les campagnes pour les cultiver. On n'y voyait que
chaumières en ruine ou désertes. Les habitants demandèrent
à être réunis à la Provence. C'était, disaient-ils
dans leur supplique au roi, « le seul moyen de rendre
à la vallée son ancien bienêtre, à cause du commerce
des bestiaux qui paissent pendant l'hiver dans les
plaines de la Provence, et pendant l'été sur les
Alpes de la vallée. » Cette réunion fut prononcée
par arrêt du conseil, en 1714.
De 1743 à 1747,
la vallée de Barcelonnette eut encore à souffrir
des ravages de la guerre ; l'armée austro-sarde
envahit la Provence ; mais le maréchal de Bellisle
l'en ayant chassé, la tranquillité régna dans la
vallée jusqu'à la Révolution. Alors, comme l'ancien
comté de Forcalquier et la baronnie de Castellane,
elle fut enclavée dans le département des Basses-Alpes.
Il y eut dans le département, notamment à Manosque,
quelques troubles à la suite des évènements de 1789.
A son retour de l'ile d'Elbe en 1815, Napoléon,
en se dirigeant sur Grenoble, traversa le département
des Basses-Alpes et passa par Castellane, Digne
et Sisteron. Le département des Basses-Alpes est
celui de la France où la population est le plus
clairsemée, puisqu'elle n'atteint pas encore vingt
habitants par kilomètre carré ; cependant, il est
un de ceux qui pourraient s'enrichir et se peupler
le plus rapidement si les pentes de ses montagnes
étaient consolidées par les gazons et les bois.
La vallée de Barcelonnette
offre tout à la fois les aspects les plus gracieux,
les plus magnifiques et les plus majestueux.
Dans toute sa longueur, elle forme le bassin de
la petite rivière d'Ubaye, bordée de chaque côté
par des montagnes superbes dont les plus hautes
sommets ne se dépouillent jamais entièrement de
la neige qui les couvre, leur élévation est de 2
à 3,000 mètres; elle augmente à mesure que les deux
chaines se rapprochent du mont Viso, où elles se
réunissent.
Cette vallée se divise en deux
parties, désignées sous les noms de Châteaux-Bas
et de Châteaux-Hauts ou de Val-des-Monts la
première s'étend d'Ubaye
au-dessus de Barcelonnette, la seconde où, se trouvent
les sites les plus pittoresques renferme les jolis
villages de Faucon, de Josiers, du Châtelard dont
le territoire est agréable et bien cultivé. Au haut
du bassin est le village de Tournoux, emplacement
d'un ancien camp, position militaire successivement
occupée par les soldats romains et par les volontaires
de la république française. Un peu avant cet endroit
la, vallée se bifurque et se transforme en deux
défilés, dont l'un est arrosé par l'Ubaye et l'autre
par l'Ubayette. A mesure que l'on s'élève, les villages
font place à de riches pâturages, à des plateaux
peuplés de troupeaux pendant l'été; bientôt l'élévation
du sol en bannit la végétation les sapins et les
mélèzes disparaissent, et la vallée se termine par
un affreux défilé bouleversé par les torrents, battu
par les tempêtes, séjour d'un hiver éternel, qui
n'offre plus en perspective que les pics inaccessibles
du mont Viso. Les montagnes pastorales sont une
des principales richesses de la partie septentrionale
des Basse-Alpes.
Des pelouses fleuries s'y étendent
jusqu'à deux ou trois mille mètres d'élévation au-dessus
du niveau de la mer. La bonté de l'herbe qui les
compose est si grande, que les brebis, qui chaque
printemps y arrivent d'Arles, exténuées par la fatigue
et la rigueur de l'hiver, y reprennent en peu de
jours un embonpoint remarquable.
Il n'est rien
de plus beau que l'aspect de ces montagnes au commencement
de l'été. Du milieu d'un fourrage épais, et qui
arrive jusqu'au poitrail des chevaux, on voit s'élever
des fleurs de toutes les espèces imaginables, dont
les couleurs variées ressortent de la manière la
plus brillante sur cette riche pelouse, et dont
les divers parfums réunis embaument l'air, et se
font sentir à une distance considérable. Des sources
d'une eau fraiche, limpide et pure, jaillissent
des pointes de rochers qui sortent de loin en loin
du centre de ces prairies, et vont former les torrents
qui sillonnent la vallée. D'un côté de ces immenses
prairies où tout respire le bonheur et en présente
l'image, on voit des milliers de brebis savourer
ces gras pâturages, tandis qu'à l'autre extrémité
on aperçoit des troupes de chamois qui viennent
en bondissant y prendre aussi leur pâture et qui
prompts comme l'éclair, disparaissent aussitôt qu'on fait
mine de les approcher. Parmi les plus considérables
des montagnes pastorales, on distingue à Allos,
celle de Loux, qui a, à son sommet, un lac très
poissonneux de 4 kilomètres de tour; dans cette
montagne vivent, avec trois mille brebis étrangères,
des chamois nombreux des marmottes, des perdrix
bartavelles des perdrix blanches, des lièvres blancs,
etc.
Peuplée par les Ésubiens
dans la vallée de l'Ubaye, la région de Digne est
occupé par les Bodiontici et les Suetrii occupent
les territoires autours de Castellane. Ces tribus
d'origine cette qui en avaient les croyances et
coutumes formaient une confédération.
Bien que
resté à l'écart des grandes invasions barbares qui
détruisirent l'empire Romain d'Orient, il n'empêche
que les Burgonde prennent possession des territoires
du Nord et de l'Est de la Durance servant de frontière
naturel avec le royaume Wisigoth qui eux, occupent
le sud de la Provence.
Au VIIIème
les Sarrasins écumèrent la région, détruisant Riez,
Salinae (Castellane), pillant les autres villes
importantes comme Sisteron ou Dinia. Des monastères
furent détruits ce qui provoqua le dépeuplement
de la régions. Les raids sarrasins continuèrent
par intermittence jusqu'au Xème siècle
au départ de Port Grimaud dans le Var.
Après
la fin des raids musulmans, la prospérité revint
dans les Alpes-de-Haute-Provence, la population
augmenta et le commerce reprit. Boson Ier,
de la maison de Bourgogne et d'origine franque,
se proclama roi de Provence et Roi d'Arles. Sous
son successeur Boson II naquit le comté de Provence.
En 1245, après la mort de Raymond Bérenger IV, le
mariage de sa fille Béatrice avec le roi de Sicile,
Charles d’Anjou, frère de saint Louis fit passer
le comté de Provence sous la coupe de la maison
angevine. En janvier 1277, Charles d’Anjou ayant
racheté, moyennant une rente annuelle de quatre
mille livres tournois, à Marie d’Antioche ses droits
au trône, devint roi de Jérusalem, titre qui resta
plus ou moins dans la famille jusqu'au roi René
d'Anjou.
Dignia, l’ancienne capitale
d’une peuplade celto-lygienne, les Badiontici,
a été ruinée pendant les guerres de religion
et dépeuplé en 1629 par la peste. Il a peu d’exemples
dans notre histoire, dont une cité dont les
neuf dixièmes des habitants aient victimes d’une
épidémie. Tel fut pourtant le cas de Digne dont
la population actuelle est à peine plus nombreuse
qu’au commencement du XVIème. En
quelques semaines la population passa de 10
000 à 1 000 habitants.
Ptolémée et Pline
font mention des eaux de Digne, renommées dans
toute antiquité, pour la guérison des blessures
et des plaies. On y voyait autrefois des étuves
taillées dans le roc et on y donnait des douches
ascendantes et descendantes.
Les sources
thermales de Digne sont recommandées pour y
soigner certaines affections cutanées. Ces ont
des sources d’eau chaude fortement riches en
produits sulfurés. Le forage Ophélia, d’une
profondeur de 870 mètres, alimente en continu
l’établissement thermal de Digne-les-Bains.
Chlorurées, sulfatées, sulfurées, sodiques et
calciques, ces eaux disposent naturellement
d’une minéralisation importante.
Dinia fut la capitale des
Bodiontici, peuplade soumise par Auguste en 14 avant
JC, dont le nom figure sur le trophée de la Turbie.
Les Romains en firent une cité et exploitèrent ses
eaux thermales. Les invasions barbares du IVème
siècle amenèrent la ville à se fortifier sur les
hauteurs. La cité était copropriété des comtes de
Provence et des évêques de Digne. Louis XIV était
roi de France, comte de Provence et de Forcalquier.
Consulat en 1385, sénéchaussée en 1535.
Digne
est prise dans les guerres de religion. En 1562,
les huguenots pénètrent dans la cathédrale, lacèrent
les tableaux et brisent les statues, retirent les
reliques et les font brûler avec les ornements du
chœur sur le parvis. La ville est attaquée par les
protestants en 1574.
Dans les années suivantes,
la ville reste sous pression : en 1579, le capitaine
d'Archal qui occupe les campagnes alentours.
En 1589, à l’avènement d’Henri IV, les ultras-catholiques
de la Ligue catholique prennent le pouvoir dans
la ville, jusqu’en 1591. Cette année, la ville tombe
devant les armées royales de Lesdiguières. La cathédrale,
fortifiée par les défenseurs, est attaquée : elle
est bombardée avec des catapultes, puis prise d’assaut.
C’est aussi pendant cette période que les habitants
s’emparent du château des évêques, sur le Rochas,
et le détruisent, pour éviter qu’il ne tombe aux
mains d’un parti ou de l’autre.
La nouvelle de
la prise de la Bastille est accueillie favorablement,
cet évènement annonçant la fin de l’arbitraire royal
et, peut-être, des changements plus profonds dans
l’organisation de la France.
Immédiatement après
l’arrivée de la nouvelle, un grand phénomène de
peur collective s’empare de la France, par peur
du complot des aristocrates désirant recouvrer leurs
privilèges. Des rumeurs de troupes en armes dévastant
tout sur son passage se propagent à grande vitesse,
provoquant des prises d’armes, l’organisation de
milices et des violences anti-nobiliaires. Cette
Grande Peur, arrivée à Seyne le 31 juillet et appartenant
au courant de la « peur du Mâconnais », atteint
Digne et sa région le 31 juillet 1789 dans la journée
avant de se propager vers Riez où elle arrive dans
la journée à Moustiers et Castellane
L’Abbaye de Valsainte,
fondée en en 1144 par un moine Irlandais du
nom de Malachie d'Armagh, est située sur la
commune de Simiane-La-Rotonde. Cette ancienne
abbaye de l’ordre des cisterciens occupés par
des moines de Silvacane. Décimé par la grande
peste du XIVème et par les intrusions
des Tard Venus, en 1425, les moine désertent
l’abbaye pour se réfugier à Silvacane.
De
retour dans l’abbaye en 1668 les moines en seront
chassés par la Révolution et en 1790, l’abbaye
est vendu comme bien national et est transformé
en ferme, écurie, en bergerie, puis est complètement
abandonnée. Une association rachète les ruines
et décide de sa restauration et de la mise en
valeur du site par la création d’un jardin remarquable.
La ville se constitua autour
d'une butte calcaire, Forum Calcarium, d'où Forcalquier,
qui portait dès le IXème siècle un important
château-fort. Au début du XIIIème siècle
le comté de Forcalquier fut réuni à la Provence
par le mariage d'Alphonse II, comte de Provence
de la maison de Barcelone, avec Garsende de Sabran,
comtesse de Forcalquier, héritière de Guillaume
IV le Jeune. La Haute et la Basse Provence furent
ainsi réunies. Forcalquier devint le séjour favori
du comte Raymond-Bérenger V aux alliances illustres.
En effet ses quatre filles devinrent toutes reines,
en épousant Saint Louis, Charles d'Anjou, Henri
III d'Angleterre et le roi des Romains, Richard,
qui furent ainsi tous ses gendres. Les rois de France
de Charles VIII à Louis XVI eurent dans leur titulature
le titre de comte de Provence et de Forcalquier.
Traversé par la Route Napoléon, elle fut empruntée
par l'Empereur entre le 1er mars date
de son débarquement à Golfe-Juan et le 10 mars 1815,
date de son arrivée à Lyon à son retour de l'Ile
d'Elbe pour rejoindre la capitale et remplacer pour
cent jours le roi Louis XVIII.
Depuis peu on
assiste également au retour de grands prédateurs
dans le Parc National du Mercantour, en effet le
loup, après avoir totalement disparu du paysage
français revient s'installer dans le massif alpin
Ce retour provoque une grande joie chez les défenseurs
de l'environnement et des amoureux de la nature
mais aussi le courroux de éleveurs de moutons qui
comme au haut Moyen-âge ont une peur viscérale de
cet animal de légende.
Deux siècles avant notre
ère, des colons, chassés de leur territoire par
les Phocéens, se réfugièrent dans la plaine et y
bâtirent une ville qu'ils appelèrent civitas Saliniensizcna,
cité des Saliniens, du nom d'une grande source d'eau
salée dans le voisinage. Ainsi qu'à Massilia, de
qui les Saliniens avaient reçu la civilisation,
les arts y étaient cultivés, et avec eux l'éloquence
et la poésie. Conquise par les Romains, la ville
celtique devint une colonie florissante elle jouissait
du droit de cité. Des Romains elle passa successivement
aux Francs et aux Wisigoths. Puis vinrent les Sarrasins,
qui la pillèrent et la livrèrent aux flammes. Un
débordement du Verdon acheva l'œuvre des barbares.
Ainsi finit l'ancienne ville des Saliniens. Cependant
Valentinus, ayant rallié les habitants, chassa les
Sarrasins; mais les vainqueurs n'avaient plus de
patrie Nouveau Moïse, Valentinus conduit les Saliniens
à la recherche d'une terre nouvelle. Arrivé sur
la hauteur, il s'arrête comme frappé de la situation
favorable du lieu. A sa voix, hommes, femmes, vieillards,
enfants se mettent à l'œuvre, mais l'eau manque;
on creuse dans le roc une profonde citerne. « Bientôt
des retranchements, des murailles, une citadelle,
une maison, une rue, une ville, une patrie s'élèvent
ils la nomment Castellana, du mot latin castellum,
dont le roc avait la forme. » (Annales des Basses-Alpes.)
Castellane ouvrit ses portes à une foule d'autres
montagnards échappés à la fureur des barbares. Sa
prospérité s'accrut, son enceinte s'agrandit. Cinquante
ans après, cette ville, avec sa forte citadelle,
ses remparts flanqués de tours et sa population
active et intelligente, était l'une des plus importantes
de la contrée ; elle avait un cirque, un évêque
et commandait à quarante villes, bourgs ou villages.
Valentinus fut le premier seigneur de Castellane.
Qui mieux que lui avait mérité cet honneur? Mais
si le libérateur du pays laissa une mémoire chère
aux Castellanais, il n'en fut pas de même de son
fils. Celui-ci, prétendant que la terre de Castellane
était la conquête de son père sur les Sarrasins,
la traita comme son patrimoine, prit le titre de
baron, battit monnaie et régna sous le nom de Boniface
1er. Telle est l'origine d'une foule de principautés
au moyen âge. Dès lors, les Castellanais connurent
les servitudes féodales, la taille, la corvée, etc.
Cependant Boniface IV dota ses vassaux d'une charte
d'affranchissement. C'était, dit l'histoire, un
vaillant et gentil troubadour. Il aimait la belle
Josserande, fille du seigneur d'Hyères de Pierrefonds.
Il joignait à la physionomie la plus heureuse une
taille élégante, que faisaient encore valoir son
regard doux et fier et son adresse à tous les exercices
du corps quoique familiarisé dès sa plus tendre
enfance avec le métier des armes, il n'avait pas
négligé l'étude des lettres, et, non moins distingué
par son esprit que par son courage, il se faisait
encore remarquer par une aimable franchise, peut-être
poussée à l'excès, puisqu'elle lui faisait souvent
répéter « Ma bouche, qu'as-tu dit? (Boucha, qu'as
dich?) »
Charles d'Anjou, comte de Provence,
étant parti pour la croisade, Arles, Avignon et
plusieurs autres communes se révoltèrent. Boniface,
prince libéral autant que brave, prit parti pour
elles mais, trahi par les autres barons provençaux,
il se trouva seul en face de Charles, qui vint assiéger
le baron dans sa ville. Boniface monta sur les remparts
et y appela en vain ses vassaux. Ceux-ci, ne voyant
entre leur seigneur et Charles qu'une querelle particulière,
gardèrent la neutralité. On dit que, la ville prise
et son dernier baron vaincu, Charles se vengea de
leur révolte par le sac de Castellane et par la
mort de Boniface. D'autres, au contraire, affirment
qu'il agit en vainqueur généreux. Ce prince, disent-ils,
aimait la gaie science il pardonna à Boniface et
l'attira à sa cour. Ainsi la poésie réconcilia ceux
que l'ambition avait divisés. Sous les comtes de
Provence, Castellane ne déchut point. C'était une
de leurs bonnes villes. Aux franchises que Boniface
IV lui avait octroyées, Charles en ajouta d'autres.
Onze magistrats y rendaient la justice ; des syndics
veillaient à la sureté de la ville son bailliage
était plus étendu que son arrondissement actuel
; il avait un chef qui représentait les comtes.
Dans la suite, dépeuplée par la peste, ravagée par
le Verdon, cette malheureuse ville se soutenait
à peine, quand le roi René en fit présent à un seigneur
napolitain, qui envoya un de ses officiers pour la
gouverner. Politesse de gentilhomme, et dont les
habitants se plaignirent au roi. René s'efforça
de réparer la faute qu'il avait commise et rendit
aux Castellanais leur ville et leurs privilèges.
À peine échappée aux guerres féodales, Castellane
eut à souffrir des guerres religieuses. Assiégée
par Lesdiguières, affaiblie par la famine, elle
était sur le point de se rendre, quand une pauvre
vieille femme se dévoua pour la sauver. Sous le
prétexte d'aller voir un de ses neveux qui servait
sous Lesdiguières, Judith Andrau (c'est le nom de
l'héroïne) parvint à pénétrer dans les rangs de
l'armée protestante là, se mêlant aux soldats, elle
apprend que les principaux efforts des assiégeants
doivent se diriger contre la porte de l'Annonciade,
qu'ils croient la plus faible. Soudain, malgré son
âge, Judith s'empresse de venir, pendant la nuit,
avertir ses concitoyens du danger qui les menace.
On court aux armes ; la porte est murée; une tour
crénelée la protège Judith demande et obtient d'y
être placée, voulant, disait-elle, offrir la bienvenue
à l'ennemi. Bientôt celui-ci se présente il essaye
de faire jouer les pétards contre la porte, mais
chaque fois que les pétardiers s'approchaient, on
les voyait bientôt reculer en hurlant et en faisant
des contorsions comme des damnés. C'était Judith
qui leur avait souhaité la bienvenue, en leur versant
sur la tête de la poix bouillante à plein bassin.
Le capitaine des pétardiers, ne pouvant se rendre
compte de ce qui se passait, voulut s'approcher.
Alors Judith lui jeta la chaudière à la poix et
l'étendit mort à ses pieds. » (Annales des Basses-Alpes.)
La troupe, saisie d'une soudaine terreur, mit bas
les armes, et Lesdiguières leva le siège. Tel est
le fait mémorable qui a donné lieu à la chanson
du Pétard.
Depuis longtemps le texte provençal
en est perdu. Cette chanson se chantait dans une
procession, qui se faisait autrefois avec une grande
pompe. Plus tard, en 1729, les consuls voulurent
la supprimer, mais elle fut maintenue dans tout
son lustre par les évêques de Senez elle avait encore
lieu sous la Restauration, mais ce n'était plus
qu'une cérémonie grotesque. Un tambour ouvrait la
marche les confréries, les congrégations de jeunes
filles, les corps de métiers le suivaient avec leurs
bannières et les images de leurs patrons. Venaient
ensuite l'échevin et ses conseillers revêtus de
leurs insignes et portant à la boutonnière de leurs
habits un grand bouquet de bois vert auquel on attachait
des grains de maïs épanouis sous la cendre chaude
(usage établi pour rappeler l'explosion des pétards,
les grains de maïs faisant entendre un bruit assez
fort en se dilatant au feu). Après l'échevin, marchant
d'un pas magistral, s'avançait le prêtre en chantant.
Dans toutes les rues, et surtout à la porte triomphale,
deux chantres, à mine réjouie et rubiconde, en bas
de soie, perruque poudrée, tricorne en tête et
bésicles
sur le nez, chantaient d'une voix nasillarde la
chanson du Pétard, dont une trompette répétait le
refrain. Des danses et des repas de famille terminaient
la fête. Castellane s'élève dans un site charmant,
au milieu d'une plaine fertile arrosée par le Verdon,
que l'on traverse sur un pont d'une seule arche,
remarquable par la hardiesse de sa construction.
Castellane possède quelques restes du moyen âge.
Ses rues sont mal percées, mais larges et propres,
le collège occupe les bâtiments de l'ancien couvent
des Augustins ; elle a une très belle place publique
ombragée de platanes, et au sommet de son rocher
s'élève, à près de 100 mètres, la chapelle de Notre-
Dame à laquelle on parvient par un sentier escarpé
et d'où l'on jouit d'une vue magnifique sur un amphithéâtre
de montagnes. À droite et à gauche de la ville s'élèvent
des coteaux couverts de vignes, de figuiers et de
vergers.
Vers l’An mil, il y avait
deux châteaux sur le terroir de la commune,
au Castellet et à la Moutte. Les deux autres
Notre-Dame et Saint-Marc sont postérieurs. La
motte castrale de la Moutte est fortifiée une
première fois dans la deuxième moitié du IXème
siècle : sur une plate-forme de 450 à 500 m2,
deux bâtiments d’habitation sont construits,
dont un utilisant l’antique technique du murus
gallicus. Ce bâtiment de 30 m2 est entouré d’une
galerie sur deux côtés, l’autre fait environ
50 m2. L’ensemble est incendié volontairement
peu avant l’an 1000, afin de remblayer à nouveau
la motte pour la surélever de 2 m environ.
La seconde construction consiste en un seul
bâtiment de 54 m2, incendié vers 1010, lors
d’une attaque.
La seigneurie d’Allemagne
appartient aux Castellane du XIIIème
au XVème siècles, puis aux Oraison.
La seigneurie d'Allemagne est entrée dans les
biens des Castellane en 1218 à l'occasion du
mariage d'Agnès Sarda (ou Spata) avec Boniface
IV de Castellane. La même année Agnès Spata
accorde des franchises aux villageois.
La
seigneurie d’Allemagne est érigée en baronnie
vers 1280. Le 15 janvier 1331, Boniface de Castellane,
fils de Boniface, seigneur d'Allemagne et de
Constance, fille d'Albert Blacacii, seigneur
de Beaudinard, se maria. Un petit château était
construit sur un coteau au sud du village, Castelletum
de Alamania.
Au XIVème siècle,
il tombe entre les mains de bandits, les Chamisard,
qui en font leur base d’opérations pour rançonner
le voisinage. Pour y mettre un terme, les habitants
de Riez se réunirent et chassèrent les Chamisard
du châtelet, qu’ils démolirent par la suite.
Un pacte de désistement du 17 juin 1417 signé
par Boniface de Castellane, seigneur d'Allemagne,
précise que le seigneur du lieu abandonne ses
poursuites contre la communauté de Riez pour
la démolition du Castellet. Au XVème
siècle, l’ancienne communauté du Castellet,
distincte d’Allemagne avant la crise du XIVème
(Peste noire, guerre de Cent Ans) est réunie
à celle d’Allemagne, car trop dépeuplée. Ce
fut en 1440 que, en vertu du testament de Boniface
IX de Castellane, la baronnie d'Allemagne fut
séparée des terres appartenant aux Castellane
et attribuée au fils aîné du testateur, Antoine.
Le fils de ce dernier, Boniface X, lui succéda
et épousa en 1472 Marguerite de Forbin. Son
fils, François de Castellane-Allemagne, baron
d'Allemagne, agrandit le château d’Allemagne
et mourut le 28 janvier 1523. Leur fils Melchior
de Castellane-Allemagne, baron d'Allemagne,
ne se maria pas et légua ses biens à Nicolas
Mas, son neveu, à condition qu’il porte son
nom et ses armes. Chef du parti protestant,
il fut tué en 1560 pendant les guerres de religion,
lors d’un combat sur sa terre. Il agrandit et
embellit le château d’Allemagne.
En août
1586, le capitaine ligueur Hubert de Vins assiège
le château d'Allemagne, où la baronne se trouvait
seule avec sa garnison commandée par le seigneur
d'Espinouse. Elle résista 16 jours et donna
ainsi à son mari Nicolas Mas-Castellane le temps
d'accourir avec l'armée protestante. Celui-ci
arrive début septembre avec l’appui de Lesdiguières,
entouré des hommes des seigneurs d’Oraison,
de Jerante-Senas, de Vintimilles-Tourves, de
Forbin-Janson, et autres, tous ennemis de De
Vins.
Arrivé aux environs d'Allemagne, Lesdiguières
s'empara des hauteurs et de tous les passages
y aboutissant et manque de peu l’encerclement
des troupes ligueuses. De Vins abandonne alors
la tranchée qui durait depuis 16 jours, et se
range en bataille sur le coteau de Saint-Marc.
Le combat s'engagea, le 5 septembre 1586. Le
baron d'Allemagne engage l’action à la tête
des volontaires. Les Ligueurs réussissent à
s’ouvrir un passage vers Riez où ils s’abritent,
poursuivis par les huguenots. le 5 septembre
1586, un des derniers coups d’arquebuse frappa
le baron d’Allemagne à la tête et le tua sur
le pont de son château. Sa veuve, Jeanne de
Grasse, présida à ses funérailles et fit exécuter
sur sa tombe onze prisonniers catholiques. C’est
néanmoins une importante victoire protestante
: les Ligueurs perdent 900 à 1200 hommes (tués,
blessés et prisonniers) et 18 drapeaux, et 18
drapeaux sur 22 qu'ils avaient. La plus grande
partie des prisonniers sont égorgés à la nouvelle
de la mort du baron d'Allemagne. Douze autres
furent encore exécutés le lendemain sur sa tombe.
La Peste noire atteint Castellane en 1348, et est suivie d’une crue dévastatrice du Verdon. En 1390, Raymond de Turenne ravage le terroir environnant et le village de Taulanne, sans réussir à prendre la ville. Au milieu du XVème siècle, le bourg en hauteur est complètement abandonné au profit de celui du site de plaine.
Possession des Voconces,
puis des Romains, « Segustero » était, dès le IVème
siècle une ville importante de la seconde Narbonnaise.
Des fouilles ont exhumé des substructions d’un mausolée
et des restes de la cité gallo-romaine s’étendant
au long de la Via Sinistra qui reliait entre elles
la voie Domitienne et la voie Aurélienne.
A
la fin du Vème siècle, Sisteron reçoit
un siège épiscopal, et subit les incursions de tous
les peuples qui, pendant quatre cents ans, ont ravagé
la Provence. Après Charlemagne, Sisteron fait partie
du Royaume d’Arles, puis pendant un siècle et demi
la capitale politique ou du moins la place forte
du minuscule état qui retourne au comté de Provence
en 1209 après la mort de Guillaume II.
Puis
de 1209 à 1481, la ville vit l’existence tantôt
brillante tantôt difficile de l’état Provençal que
Charles III lèguera à Louis XI. En 1481, Sisteron
devient ville du Royaume de France. Elle n’en perd
pas pour autant sa valeur stratégique, et cet écrit
du XVIème siècle le laisse bien entendre
qui dit que Sisteron est : « Forto villo de gran
passage per passa los mons ».
De 1560 à 1600
la ville est le théâtre de luttes sans merci. Sisteron
passe des mains des Protestants à celles des Catholiques.
Les sièges y durent des mois, la ville est abandonnée,
reprise, et quand la France retrouve la paix sous
Henri IV, la cité n’est plus qu’un amas de ruines.
Quarante années de luttes lui ont coûté sa prospérité,
les trésors de ses églises, et ses plus beaux monuments.
Les XVIIème et XVIIIème
siècles y seront sans histoire, à peine en 1617
une révolte pour un impôt nouveau brutalement réprimée.
C’est le dernier sursaut d’une ville qui rentre
dans le rang sous la poigne terrible de la monarchie
retrouvée. Le 5 mars 1815, Napoléon, de retour de
l’île d’Elbe, s’arrête à Sisteron et déjeune à l’auberge
du Bras d’Or.
La chapelle est entourée
d’une nécropole, qui a pu constituer un lieu de
pèlerinage où les premiers chrétiens cherchaient
le repos près de saints martyrs locaux6. Une partie
de la nécropole est placée dans une galerie creusée
dans la roche, reliée à la chapelle ; quelques sarcophages
ont été mis au jour en 1960-19616.
Le premier
texte attestant de la présence d'un prieuré à Carluc
est une charte de donation rédigée en 1011. Elle
fait état d'un legs à Estoublon fait « à l'abbé
Archinric, à ses successeurs et à ses moines, à
Saint-Pierre de Carluc, ainsi qu'aux moines qui
résideront dans le monastère à construire ».
L'abbé Archinric fut contemporain de la fondation
de Saint-Pierre de Montmajour, qu'il dirigea avec
quelques difficultés, et se retira à Carluc où il
mourut en 1021. Il y fit construire le prieuré Saint-Pierre,
première des trois églises que va compter ce lieu
monastique. Il est d'ailleurs à souligner que si
son nom ne figure pas au nécrologue de Montmajour,
mais que son culte se développa à Carluc puisqu'au
XIVème siècle il y était fêté le 16 février.
En l'état actuel des recherches et de la documentation,
s'il est impossible d'affirmer que l'abbé de Monmajour
fut le fondateur du monastère de Carluc au début
du XIème siècle, il en est très certainement
le rénovateur. Contemporain d'Étienne d'Agde, évêque
d'Apt, qui lui aussi fit reconstruire sa cathédrale
ruinée par les Sarrasins, il dut à sa demande entreprendre
la même chose à Carluc.
Le prieuré dépend de
l’abbaye de Montmajour à partir du XIIème
siècle, et avait également une douzaine de prieurés
sous sa dépendance
En tant que grand prieuré
de Saint-Pierre de Montmajour, Carluc avait sous
sa dépendance nombre de prieurés ruraux en Haute
Provence. Il y en avait quatre à Reillanne, Sainte-Marie,
Saint-Pierre, Saint-Denis et Saint-Siffrein, s'y
ajoutait pour le diocèse d'Aix, celui de Saint-Trophime
à Villemus. Dans le diocèse d'Apt, on relevait les
deux prieurés de Viens, Notre-Dame de Meyrigues
et Saint-Pierre de Tosse, ainsi que celui de Sainte-Croix-Alauze.
Le diocèse de Sisteron en comptait six, Sainte-Marie
de Redortiers, Saint-Vincent de Limans, Saint-Paul
à Saint-Michel-l'Observatoire, Sainte-Marie et Saint-Véran
à Aubenas et Saint-Martin-de-Renacas à Saint-Martin-les-Eaux.
S'y ajoutaient cinq autres prieurés du diocèse de
Riez, Saint-Donat, Saint-Pierre de Gréoux, Saint-Sauveur
et Notre-Dame à Vinon et celui de Saint-Pierre de
Rousset.
Le nombre de lieux à découvrir
dans ce département est impressionnant et pour cette
raison ce département à une grande vocation touristique.
parmi les lieux à visiter citons :
- Abbaye de
Silvacane fondée au XIIème siècle
- Autre lieu de découverte et faisant partie des
grands cite de France : les Gorges du Verdon où
les amoureux de paysages grandioses et les amateurs
de photographies pourront s'en donner à cœur joie
L'architecture
de ces constructions en pierres sêches
est anonyme et on en rencontre en Italie,
en Irlande, en Afrique du Nord, et ailleurs.
A L'origine les paysans doivent retirer
une grande partie de ces pierres calcaires
car elles gènent l'exploitation des
terre, on procède alors à l'épierrage.
Ces pierres sont soigneusement empilées
pour servir ensuite à la construction
d'abris pour les bergers, de lieu de
rangement pour les outils ou pour stocker
les récoltes.
Suivant leur région
de construction, elles portes différent
noms, en Provence, elles portent le
nom de Borie, En Languedoc, ce sont
les Capitelles, dans le Quercy on les
nomme Gariotte, en Lozère se sont des
Cazelles. Ailleurs ont les appelles
Cabanes.
A proximité du bourg de
Gordes dans le Vaucluse, un musée leur
a été entièrement consacré au lieu dit
Les Savournins Bas. On en trouve également
dans le Gard, une associations de bénévoles
procède actuellement à la restaurationn
et à la reconstruction de certaines
d'entre elles.
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