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Les Départements de la France

  • Données géographiques

Aube

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L'Aude est traversée par la Seine qui pénètre dans son territoire à Mussy sur Seine pour le quiter à Nogent sur Seine, mais c'est la rivière l'Aude qui lui a donnée son nom.
La rivière Aube prend sa source au plateau de Langres à proximité de Praslay à 380 m d'altitude. Il y a en réalité deux sources distantes de 800m l'une de l'autre.
Ce département est formé de la ci-devant basse Champagne, d'une partie du Vallage, de quelques enclaves du duché de Bourgogne et de plusieurs démembrements de l'ancienne généralité de Paris. Il tire son nom de la rivière d'Aube, qui le traverse du sud-est au nord-ouest. Ses bornes sont au nord, le département de la Marne à l'est, celui de la Haute-Marne; au sud-est, celui de la Côte d’Or ; au sud et au sud-ouest, celui de l'Yonne; au nord-ouest, celui de Seine-et-Marne. La surface du département de l'Aube est généralement plane et unie dans toute son étendue, on ne rencontre aucune montagne proprement dite; seulement, sur les rives de plusieurs cours d'eau, on voit des coteaux ou revers de peu d'élévation. La plupart de ces coteaux prennent leur direction de l'est au sud-ouest. Ils sont situés à d'assez grandes distances les uns des autres, augmentent en hauteur et se rapprochent à mesure qu'on avance au sud et à l'est; avec pour plus haut sommet la Pointe de Champignol qui élève sa butte à 366 mètres au dessus du niveau de la me

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Département de l'Aube

Le territoire n'est pas également fertile partout le sol de la région nord et nord-ouest est de mauvaise qualité. C'est un fond de craie recouvert d'une légère couche de terre végétale qui ne produit que de l'avoine, du sarrasin et du seigle assez bon, mais en si petite quantité qu'on en retire à peine les frais de culture, ce qui fait qu'une grande partie des terrains reste en friche. Cette région n'offre à la vue que des campagnes dépouillées d'arbres, et dont la nudité laisse les troupeaux exposés à l'ardeur du soleil c'est la Champagne pouilleuse. Sur quelques points cependant on a commencé avec succès des plantations d'arbres verts, qui ont parfaitement réussi plusieurs terrains ont été aussi défrichés avec succès.

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Carte de lAube

La réussite de ces tentatives, en récompensant les soins des cultivateurs a donné une valeur beaucoup plus grande aux terrains maigre est crayeux dont le prix a presque doublé en en vingt-cinq ans, par cela seul qu'ils sont reconnus susceptibles d'amélioration. La stérilité de cette contrée est heureusement compensée par la fertilité de la région sud-est dont le sol consiste en une terre très productive mais en quelques endroits si forte que douze chevaux suffisent à peine pour tirer la charrue. Cette partie produit abondamment toute sorte de grains, des fruits, des légumes, de la navette, du foin, du bois et beaucoup de chanvre: on y trouve des vignobles bien exposés qui donnent d'excellents vins, et de vastes forêts qui fournissent du bois de chauffage pour la consommation intérieur et pour l'approvisionnement de Paris. La Seine et l'Aube arrosent de riches prairies qui nourrissent beaucoup de gros et de menu bétail, et produisent une grande quantité de foin.- Dans toute la partie septentrionale du département, depuis Troyes jusqu'aux limites du département de la Marne où le bois est très rare et où la pierre de taille manque totalement, on construit les murs des habitations avec des carreaux de terre durcis à l'air, on les assoit sur une maçonnerie de blocailles ou de craie seulement, et l'on recouvre le tout d'un toit de chaume.


Histoire de l'Aube


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Carte de l'Aube
Note

Carte d'identité


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Un château dans l'Aube

Aube (10)
Grand Est
Préfecture :
Troyes
Sous préfectures :
Bar sur Aube
Nogent sur Seine

Conseil général
Archives départementales
Adresse des offices du Tourisme
Communes du départements
Patrimoine de communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne, commune par commune, toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine et présent dans le département

Gentilé : Aubois
Population : 311 329 hab. (2021)
Densité : 52 hab./km²
Superficie : 4 890 km²
Subdivisions :
Arrondissements : 3
Circonscriptions législatives : 2
Cantons : 13
Intercommunalités 8
Communes : 326

La tribu gauloise des Tricasses, qui dans l'origine, occupait le territoire formant la plus grande partie de l'Aube, est une des moins connues des historiens elle dépendait sans doute de la confédération rémoise et sénonaise, et son histoire se confond avec celle des Remi et des Senones, ces fidèles alliés des Romains. César ne fait pas mention des Tricasses, Pline et Ptolémée ne font que les nommer. Le pays des Tricasses appartenait à la Gaule celtique et fut compris d'abord dans la première, puis dans la quatrième Lyonnaise.

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Le pont des blanchisseuses à Troyes

Ravagé par les Bagaudes en 286, il fut, en 451, le théâtre d'une sanglante bataille, que les Romains et les Francs leurs alliés livrèrent à l'armée d'Attila dans les Champs catalauniques, plaines voisines de Troyes. Attila, vaincu dut se retirer laissant, dit-on trois cent mille hommes sur le champ de bataille.
Nous trouvons, dès le Vème siècle, ce pays, ainsi que celui des Remi (Reims) et des Cataloni (ChâIons), désigné, à cause de son apparence physique, sous le nom de Campagna, Champagne, le pays des plaines. Après l'invasion des barbares, la Champagne fut divisée entre le royaume des Burgondes et celui des Francs, puis, au partage de la Gaule entre les fils de Clovis, elle fit partie du royaume d'Austrasie.

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Carte de l'Aube
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Le château de Dampierre

Jusqu'au Xème siècle, des chefs militaires, nommés à vie et révocables, eurent le titre de comtes ou ducs de Champagne. Deux de ces ducs sont connus pour le rôle important qu'ils semblent avoir joué à l'époque sanglante de Frédégonde et de Brunehaut l'un, Lupus, fut le conseiller et le favori de Brunehaut ; l'autre, Wintrio, d'abord partisan de la reine d'Austrasie, finit par conspirer contre elle et fut mis à mort par son ordre (597).
Quelques-uns mentionnent encore comme ducs de Champagne, vers la fin du siècle suivant, Drogon, Grimoald, Théodoald, qu'ils sont fils et petits-fils de Pépin d'Héristal.
La dynastie des comtes de Champagne commence avec Robert, troisième fils de ce comte de Vermandois, Herbert II, descendant de Charlemagne, allié de Hugues le Grand et qui trahit Charles le Simple. Robert n'avait hérité de son père que de Vitry et de quelques bourgades comme tant d'autres, il profita des années tumultueuses qui préparèrent l'avènement définitif de la race capétienne ; il s'empara de Troyes contre l'évêque Anségise s'agrandit encore d'Arcis, de Rethel, de Mézières, de Donchéry et prit le titre de comte de Troyes. C'est lui, dit-on, qui institua le conseil des sept pairs de Champagne, qui tenaient les états et les grands jours de la province ces sept pairs étaient (ou furent plus tard) les comtes de Joigny, de Rethe, de Braine, de, de Braine, de Roucy, de Brienne, de Grand-Pré et de Bar-sur-Seine. Son frère Herbert et Étienne, fils de celui-ci, régnèrent pieux et paisibles sous le roi Robert. Étienne étant mort sans enfant, son cousin Eudes, petit-fils de Thibaut le Tricheur, déjà comte de Blois, Chartres, Tours, Beauvais, Meaux, fonde la seconde maison de Champagne et la plus illustre. Le chef de la maison de Blois et de Champagne, Thibaut.
le Tricheur, était, suivant les uns, d'origine normande et parent de Rollon ; suivant Raoul Glaber, il était fils d'un Champenois, Hastang ou Hastings les Normands étant venus piller la Champagne, Hastings s'enrôla et fit fortune.

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Le château de Dampierre

Son fils Thibaut, élevé de bonne heure dans le métier, se fit remarquer de ses compagnons et devint un de leurs chefs. Il seconda Hugues le Grand dans ses intrigues et ses luttes contre Louis d'Outre-mer et obtint le comté de Troyes en épousant une fille d'Herbert II de Vermandois. Les vieux vers suivants expliquent le surnom qu'on lui donna

Thibaud de Chartres fut fil et enguigaux,
Chevalier fut moult et proux et moult chevaliroux,
Mais moult par fut cruel et moult fut envioue.
Thibaud fut pléiu d'engein et plein de feintie ;
A homme ne à femme ne porta amitié ; ,
De franc ne de chétif n'ot mercy ne pitié,
Ne ne douta de faire malœuvre ne péché.


Le fils de Thibaut le Tricheur, Eudes, fut le premier mari de la fameuse Berthe, qui épousa le roi Robert et en eut un fils nommé également Eudes ou Odon. Eudes II et le roi Robert se prétendirent tous deux parents d'Étienne et se disputèrent sa succession, Eudes s'en empara et la garda. Par la réunion de ces deux grands fiefs de Blois et de Champagne, il comptait plus de grands vassaux et il se trouva plus puissant que le roi capétien. Il fut le plus turbulent, le plus ambitieux des comtes de Champagne. Il commença par soutenir la reine Constance et son fils Robert contre Henri 1er ; puis il se sentit assez fort pour s'attaquer à l'empereur d'Allemagne. Il prétendit contre Conrad II à la couronne d'Arles, à celle de Lorraine et rêva un nouveau royaume d'Austrasie. Le roi de Bourgogne, Rodolphe III, avait légué ses États à l'empereur Conrad II. Eudes, neveu de Rodolphe par sa mère Berthe, réclama et courut se mettre en possession de la Bourgogne. Il en soumit tout d'abord la plus grande partie. Une députation de la ville de Milan, révoltée contre l'empereur, vint lui offrir la couronne d'Italie la Lorraine l'appela contre son nouveau duc, Gothelon, créature de Conrad. Eudes pensait déjà se faire couronner à Aix-la-Chapelle. Il envahit la Lorraine et s'empara de Bar. Mais les vassaux de l'empire marchèrent contre lui, Eudes fut défait et tué de la main même de Gothelon, qui lui trancha la tête. Il ne put être retrouvé parmi les morts que par sa femme, Ermangarde en 1037.
Cette puissance redoutable du comte de Champagne s'affaiblit sous ses deux fils, qui se partagèrent ses États. Thibaut Ier, l'ainé, finit cependant par les réunir, à la mort de son frère Étienne. Étienne III, fils de Thibaut Ier, fut tué en Palestine, où il était allé secourir Baudouin.
L'ainé de ses fils, Étienne, hérita de Blois et disputa à Henri Plantagenet le trône d'Angleterre, qu'il finit par occuper; le puiné, Thibaut II ou le Grand, eut la Champagne.


Note

Geoffroi de Villehardouin


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Geoffroi de Villehardouin

Geoffroi de Villehardouin, sénéchal du comté de Champagne, le naïf historien de la quatrième croisade, à laquelle il prit part, naquit près de Troyes, au château de Villehardouin, vers 1155. Depuis le mauvais succès de la troisième croisade, on oubliait Jérusalem, et l'on ne voyait dans le monde chrétien que guerres entre les rois et les peuples. Le grand pape Innocent III voulut rappeler la Terre sainte aux uns et aux autres et fit prêcher la croisade par Foulques, curé de Neuilly sur- Marne. Foulques se rendit à un tournoi qu'on célébrait en Champagne, et son ardente parole fit prendre la croix à tous les princes et à tous les chevaliers qui s'y trouvaient. Le sire de Villehardouin fut l'un d'eux. On résolut de faire route par mer ; le sénéchal de Champagne se rendit à Venise avec d'autres députés pour obtenir du doge Dandolo la promesse de transporter les croisés en Palestine, moyennant 85,000 marcs d'argent et la moitié des conquêtes que feraient les chevaliers. Thibaut, chef désigné de la croisade, étant mort, Villehardouin fit donner le commandement au marquis de Montferrat. On se rendit donc à Venise ; mais les croisés ne pouvaient payer à la république la somme convenue ; celle-ci consentit à attendre, à condition que les Français l'aideraient à reprendre Zara, en Dalmatie. Ils y consentirent. Cette conquête faite, les Vénitiens persuadèrent à leurs alliés que les clefs de Jérusalem étaient à Constantinople. Un jeune prince grec, Alexis, s'offrit à les conduire, à condition qu'ils rétabliraient sur le trône son père, Isaac. Des difficultés ne tardèrent pas à s'élever entre Alexis Comnène et les croisés Villehardouin réussit en partie à les aplanir, et l'on se mit enfin en route. Quand, arrivés en vue de Constantinople, les Français aperçurent ses hautes murailles et ses innombrables édifices dont les dômes étincelaient au soleil, et que leurs regards se furent promenés, dit Villehardouin, « et de long et de large sur ceste ville, qui de toutes tes aultres estoit souveraine, sachez qu'il n'y eust si hardy à qui le cœur ne frémis! et chascun regardoit ses armes que bientôt en auroit besoing. » En effet sur la rive s'alignait une armée de 60 000 hommes. Des barques conduisirent à terre les croisés tout armés. Avant même de toucher la plage, poursuit notre chroniqueur, « les chevaliers sortent des vaisseaux et saillent en mer jusqu'à la ceinture, tous armés, les hommes lacés, les glaives ès mains, et les bons archers, et les bons sergents, et les bons arbalestriers. Et les Grecs firent moult grand semblant de les arrester. Et quant ce vint aux lances baisser, les Grecs leur tournen le dos et s'en vont, fuyant et leur laissant le rivage. Et sachez que oncques plus orgueilleusement nul pas ne fust pris. » Constantinople tombée, un empire latin y fut fondé ; Baudouin IV, comte de Flandre, fut élu empereur. Dans le partage, le sire de Villehardouin, qui s'était conduit avec la plus brillante valeur, reçut, avec le titre de maréchal de Roumanie, plusieurs places en Macédoine ; après la défaite de Baudouin par les Bulgares, ce fut lui qui sauva l'armée. Il ne servit pas avec moins de dévouement Henri, frère et successeur de Baudouin. Le sire Geoffroi de Villehardouin mourut en Thessalie, vers 1213. Ce n'est pas la part qu'il a prise aux pieuses expéditions de son temps qui a rendu son nom à jamais célèbre ; la gloire du chevalier serait assurément depuis longtemps ensevelie dans l'oubli sans le chroniqueur. Villehardouin, en effet, a laissé une intéressante Histoire de la conqueste de Constantinople par les croisés ou Chronique des empereurs Baudouin et Henri, qui est un des plus vieux monuments de la prose française. Cette Chronique embrasse les années 1198 à 1207.

Thibaut II fut l'ami de saint Bernard. Par la protection qu'il accorda au neveu d'Innocent III, nommé malgré le roi Louis VII à l'archevêché de Bourges, il attira d'effroyables malheurs sur la Champagne. Louis VII vint ravager toute la province. Vitry fut. Incendiée ; treize cents personnes, hommes, femmes et enfants, qui s'étaient réfugiées dans l'église, périrent au milieu des flammes. Saint Bernard conclut le traité de paix. Son successeur, Henri Ier le Large ou le Libéral, fit faire de grands travaux. La Seine fut partagée au-dessus de Troyes en trois canaux, dont deux traversèrent la ville, qui se trouva assainie et où de nouvelles manufactures s'établirent. Il enferma les faubourgs dans la ville en les entourant d'une nouvelle enceinte et de tours. C'est également sous son règne que fut achevée l'église Saint-Étienne.
Henri II le Jeune se croisa avec Philippe- Auguste, s'attacha à Richard Cœur de Lion et devint roi de Jérusalem en épousant, malgré l'excommunication lancée contre lui, Isabelle, sœur et héritière de Baudouin V. Thibaut III, son frère, comte de Blois et de Chartres, réunit de nouveau les deux domaines il épousa la fille de Don Sanche de Navarre et mit cette nouvelle couronne dans sa famille. Il était suzerain de plus de dix-huit cents fiefs, lorsqu'il fut choisi pour conduire la croisade que prêchait Foulques de Neuilly. La mort le surprit au moment du départ, et le commandement passa au comte de Flandre, son beau-frère. La plupart de ses vassaux partirent cependant, et parmi eux le maréchal de Champagne, Geoffroi de Villehardouin, qui devait être l'historien éloquent de cette merveilleuse expédition.
Le plus célèbre des comtes de Blois, Champagne et Brie fut son fils, Thibaut IV le Posthume ou le Chansonnier, non pour sa gloire de souverain : il porta la couronne de Navarre, alla en croisade comme la plupart de ses prédécesseurs et n'en joua guère un plus grand rôle; mais l'homme, le prince libéral, l'amant de la reine Blanche, l'imitateur original des troubadours, le poète gracieux et spirituel est resté populaire.
Pendant sa minorité sa mère Blanche de Navarre, gouverna; c'était une femme forte comme la mère de saint Louis. Un compétiteur, mari d'une fille du comte Henri II, appuyé de plusieurs puissants seigneurs, Erard de Brienne, ayant attaqué la Champagne, Blanche leva aussitôt l'armée de ses vassaux fidèles, en appela à la cour des pairs de France, se fit rendre justice, obtint du pape une excommunication contre l'envahisseur et assura l'héritage de son fils.
Thibaut fut de bonne heure envoyée par sa mère à la cour de Philippe-Auguste. II fit ses premières armes sous Louis VIII, au siège de La Rochelle; il s'y comporta vaillamment. C'est vers ce temps, dit-on, qu'il tomba amoureux de la reine et que son génie poétique s'éveilla.« Il se partit tout pensif, et lui venoit souvent en remembrance le doux regard de la reine et sa belle contenance. Lors si entroit dans son cœur la douceur amoureuse mais quand il lui souvenoit qu'elle estoit si haute dame et de si bonne renommée, et de sa bonne vie et nette, si muoit sa douce pensée en grande tristesse. Et pour ce que profondes pensées engendrent mélancolie, il lui fut dit d'aucuns sages hommes qu'il s'estudiât en beaux sons et doux chants d'instruments, et si fit-il. » Lui-même a dit

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Une fabrique de moteurs


Au revenir que je fis de Florence
S'émut mon cœur au petit de chanter,
Quand j'approchais de la terre de France
Où celle maint que ne puis oublier.
Celle que j'aime est de tel signorie
Que sa beauté me fit ontrequider;
Quand je la vois, je ne sais que je die,
Si suis surpris que ne l'ose prier


. Louis VIII mourut en revenant du siège d'Avignon.
Thibaut fut accusé de l'avoir empoisonné. Durant la minorité de saint Louis, Thibaut fut, malgré sa versatilité, le meilleur appui de la régente. L'amour et la jalousie, à ce qu'il semble, eurent plus de part à sa conduite que la politique. « Il couroit vers ce temps-là un bruit. savoir que le seigneur légat et la reine Blanche ne se comportoient pas ensemble ainsi qu'il estoit convenable. »
Aussi Thibaut pencha-t-il d'abord du côté des barons mais il se ravisa et vint rendre hommage au roi. La ligue se trouva une première fois dissoute. Afin de gagner plus sûrement Thibaut à la cause féodale, Pierre Mauclerc, le chef des mécontents, lui offrit sa fille Yolande, et Thibaut accepta. Yolande fut amenée jusqu'à Valserre. Le mariage allait être célébré, quand un billet de la reine rengagea Thibaut. Pierre Mauclerc, ainsi outrageusement joué, s'en retourna en Bretagne, et la guerre commença aussitôt ; elle ne devait pas tarder à punir Thibaut de ses légèretés et de ses trahisons et à amener de grands malheurs en Champagne. La reine avait convoqué le ban royal contre Mauclerc; la plupart des seigneurs, bien que du parti de celui-ci, obéirent. Leur service féodal était de quarante jours ; dès qu'ils furent expirés, le duc de Bourgogne, les comtes de Boulogne, de Bar, de Sorez, les sires de Coucy, de Châtillon et d'autres quittèrent l'armée du roi pour aller envahir la Champagne. Tout le pays fut dévasté. Le comte de Champagne lui-même, pour se défendre, fut contraint de brûler plusieurs de ses villes, Chaumes, Épernay, Les Vertus et Sézanne. Les bourgeois de Troyes, auxquels s'étaient joints les hommes d'armes du sire de Joinville (père de l'historien), réussirent à se débarrasser du duc de Bourgogne, qui les assiégeait. Mais il fallut que Thibaut implorât le secours du roi. Saint Louis s'avança en personne à la tête de son armée, et les barons se retirèrent.

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Arcis-sur-Aube Aube

Mais dès l'année suivante, après le débarquement du roi d'Angleterre, Henri III, ils revinrent plus nombreux saccager les terres du comte de Champagne. Ils l'accusaient plus haut que jamais d'empoisonnement. Thibaut leur livra bataille et fut vaincu deux cents de ses chevaliers furent faits prisonniers ; lui-même s'enfuit comme il put jusqu'à Paris. Louis et Blanche s'entremirent, et la paix fut conclue à la condition que Thibaut prendrait la croix et irait combattre les ennemi du crucifié. Thibaut ne se hâta point et ne partit que neuf ans après avec un grand nombre de ses vassaux et de ses anciens ennemis, entre autres Pierre Mauclerc et le duc de Bourgogne. Dans l'intervalle, il était devenu roi de Navarre par la mort de Don Sanche (1234). La croisade finit assez honteusement pour tous. Thibaut revint la même année, abandonnant soixante-dix de ses chevaliers. Depuis, dit Roderic, il s'appliqua à gouverner ses États de Champagne et de Navarre avec -justice et douceur et à y maintenir la paix. Il résidait tantôt à Pampelune, tantôt dans son château de Provins, où, entre autres magnificences, il avait fait peindre en or et en azur ses chansons, paroles et musique, au milieu d'Amours et de cœurs percés de flèches. Le commerce de Champagne prospéra d'ailleurs sous ce règne, et Thibaut établit un grand nombre de « communautés de bourgeois et de villageois en qui il se fiait plus qu'en ses soldats (Albéric). » Il mourut quelques mois avant Blanche de Castille, à Pampelune en 1253.
Son fils et son successeur, Thibaut V, épousa Isabelle de France, fille de saint Louis; la demande en avait été faite par son sénéchal de Champagne, le sire de Joinville.

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Le vignoble de Champagne

Le roi de Navarre suivit son beau-père à sa seconde croisade et mourut comme lui de fatigue au retour il mourut en Sicile. Sa couronne et ses seigneuries furent l'héritage de son frère Henri III, qui n'est célèbre que pour son excessif embonpoint et mourut en 1274 d'une attaque d'apoplexie. Henri III ne laissait qu'une fille, Jeanne, âgée de trois ans. La Navarre se souleva et fut menacée à la fois par les rois d'Aragon et de Castille. Jeanne alors fut confiée par sa mère au roi Philippe III, qui, se déclarant le tuteur de la mère et de la fille, envoya une armée en Navarre pour assurer les droits de l'héritière. Jeanne épousa Philippe le Bel, qui gouverna avec sa femme la Navarre et la Champagne.
C'était une princesse remarquable par sa beauté et son esprit c'est elle qui fonda le collège de Navarre, à Paris. Avec elle s'éteignit la maison de Champagne en 1304. « Famille plus aimable que guerrière, dit M. Michelet, poètes, pèlerins, croisés, les comtes de Blois et Champagne n'eurent ni l'esprit de suite ni la ténacité de leurs rivaux de Normandie et d'Anjou. » Le fils aîné de Jeanne, Louis le Hutin, devint roi de Navarre et comte de Champagne avant d'être roi de France, on sait qu'il ne laissa qu'une fille également nommée Jeanne. Philippe le Long s'empara à la fois de la couronne de France, de la Navarre et du comté de Champagne en 1324, Charles le Bel obtint de Jeanne elle-même et de son mari, le comte d'Évreux, une renonciation à ses droits sur la Champagne et sur la Navarre. Cette renonciation, parait-il, n'avait été consentie qu'en faveur de Charles et de ses héritiers directs, et à l'avènement de Philippe de Valois, les contestations recommencèrent entre le roi et Jeanne.
Philippe rendit la Navarre et obtint une renonciation nouvelle à la couronne de Champagne. Depuis cette époque, malgré les réclamations et les tentatives du fils de Jeanne, Charles le Mauvais, roi de Navarre, la Champagne fut regardée comme une province dépendante du domaine royal. Elle y fut solennellement réunie par le roi Jean en 1361. Plus qu'aucune autre, la province de Champagne, ouverte de tous côtés, eut à souffrir des calamités de la guerre de Cent ans les Anglais, les grandes compagnies, les malandrins la ravagèrent incessamment ; c'est en Champagne que se forma en 1362 la grande compagnie composée d'Anglais, d'Allemands, de Gascons, de Belges, qui se donnaient à eux-mêmes le nom de Tard-Venus, parce qu'ils avaient encore peu pillé au royaume de France et s'en voulaient dédommager âprement. »
Rappelons seulement la belle conduite de Henri de Poitiers, évêque de Troyes, qui se mit à la tête d'une armée, battit et chassa Robert Knolles, et la victoire de Barbazan à La Croisette (1430). La Champagne fut donnée par Henri V, roi d'Angleterre, au duc de Bourgogne, et l'une des conditions du traité d'Arras, conclu en 1437 entre Charles VII et Philippe le Bon, fut la cession au duc du comté de Bar-sur- Seine. Ce traité, qui assura la retraite définitive de l'étranger, mit fin aux malheurs de la Champagne dans cette période.
La Champagne peut disputer à la Lorraine l'honneur d'avoir donné Jeanne d’Arc à la France. Au siècle suivant, les troupes de Charles-Quint envahirent deux fois la Champagne et incendièrent Troyes. La Réforme amena des désastres plus terribles encore. La noblesse de Champagne entra tout d'abord dans l'Union catholique. Le prince de Condé, voulant renforcer le parti protestant, y appela les Allemands du comte palatin Casimir. Les reîtres y commirent longtemps toutes sortes d'excès et lorsqu'en 1576 Henri III se soumit à payer ces pillards afin de les renvoyer chez eux, l'argent se faisant attendre, ils vécurent encore trois mois à discrétion dans le pays.
Presque tout entière à la Ligue, la province ne se soumit à Henri IV qu'après son abjuration en 1594. Constitué dans sa forme actuelle, en 1790, par l'Assemblée nationale, le département de l'Aube n'eut pas à souffrir de l'invasion de 1792, arrêtée à Valmy, ni du règne de la Terreur en 1793, mais il fut en 1814 le théâtre principal de la lutte de Napoléon contre les armées alliées les noms de Brienne, de La Rothière, de Rosnay, d'Arcis-sur- Aube, de Nogent, de Méry appartiennent à l'histoire de cette immortelle campagne, où les habitants de la Champagne rivalisèrent avec nos soldats de patriotisme et de courage.
Après les Cent-Jours, en 1815, l'étranger envahit de nouveau le département de l'Aube et ne s'en retira qu'après une occupation de trois ans, en 1818. Une ère de prospérité suivit de 1818 à 1870, pendant laquelle la Champagne vit son industrie et son commerce prendre un rapide et profitable essor. Si, pendant l'invasion de 1870-1871, il ne se livra point de nouveaux combats dans le département de l'Aube, il eut cruellement à souffrir des excès et des pillages des Prussiens, qui y séjournèrent près de dix mois. On évalue à plus de six millions de francs les pertes éprouvées par le département de l'Aube pendant cette funeste époque.

Troyes


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La Seine à Troye

En 484, Clovis s'empare de Troyes et de ses alentours qui seront appelés Champagne (campania) à cause des plaines crayeuses immenses. La Champagne fut attribuée au royaume d'Austrasie, après le partage des possessions de Clovis en 511, sauf Troyes et sa région qui sont attribuées à Clodomir. Ce n’est qu'en 524, à la suite de la mort du roi d'Orléans qu’elle rejoint l’Austrasie jusqu'en 558, année où Clotaire Ier fut proclamé roi des Francs. À la mort de Clotaire II en 629, la ville dépend de la Bourgogne.
La ville est contrôlée par les Sarrasins d'Espagne en 720. En 820, Aleran devient le premier comte de Troyes à l'époque de l'empereur Louis le Pieux. Son règne prendra fin en 852, l’année de sa mort. Le territoire de Troyes fut également, vers 860, le prix d'une lutte entre l'évêque Ansegise et le comte Rodolphe de Ponthieu qui en sorti vainqueur. Lors du premier Concile de Troyes en 878, Louis le Bègue reçoit la couronne impériale des mains du pape Jean VIII.
En 889, les Normands, s'emparent de la ville, la réduisent en cendres et pillent toute la contrée environnante.
Au Xème siècle la ville qui est possession de des ducs de Bourgogne et attaquée une seconde fois par les Normand mais sont repoussés par Ansegise, évêque de Troyes.
En 1040, Rabbi Salomon Ben Isaac, plus connu sous le nom de Rachi, nait à Troyes. Il crée une importante école de pensée juive dans la ville. Au XIIème siècle, le comté de Troyes fusionne avec celui de Meaux pour donner naissance au comté de Champagne. Hugues Ier de Champagne est le premier à être proclamé à ce titre vers l'an 1102. En 1129, le second concile de Troyes, qui a eu lieu sur le site de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, s'est déroulé en la présence de Hugues de Payns et de nombreuses personnalités religieuses comme le comte Thibaut IV de Blois. Ce concile entrainera la création d’une règle propre à l’ordre du Temple. Durant cette période des comtes de Champagne, la ville de Troyes est le centre d'une importante vie culturelle dans lequel on retrouve la poétesse Marie de France, le maréchal Geoffroy de Villehardouin mais surtout Chrétien de Troyes vers 1135 , dont le nom vient de sa ville natale, et qui est considéré comme le premier grand romancier français du XIIème siècle et l'un des grands personnages de la littérature du Moyen Âge grâce à ses nombreux ouvrages. En 1188, un grand incendie détruit une grande partie de la ville et ravage l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, la collégiale de Saint-Étienne, le palais des comtes de Champagne et l'ancienne cathédrale de Troyes. Cet incendie amène pour ce dernier à la phase dite « gothique » du monument.
En 1264, le pape Urbain IV instaure la Fête de l'Église universelle qui deviendra la Fête-Dieu. Cette fête, dédiée au Saint Sacrement est célébré les jeudis suivant la Sainte-Trinité. La Champagne est rattachée au royaume de France par le mariage en 1285 de Jeanne Ier de Navarre avec le futur Philippe le Bel, et les foires françaises ont alors une dimension plus locale. Philippe IV le Bel, qui avait hérité de la Champagne par son mariage, convoqua à Troyes, pour la première fois en 1288, l'assemblée judiciaire connue sous le nom de "Grands jours de Troyes" .
En 1288, un autodafé a lieu après que les juifs troyens ont été accusés de crime rituel. Le 24 avril, le tribunal de l'inquisition condamne 13 d'entre eux à monter au bucher.
Le XIIIème siècle marque le début de la renommée des foires de Champagne, pour lesquelles des marchands venaient de tout l’Occident. Ces foires ont permis le développement de nombreux métiers industriels comme le textile, la tannerie, la papèterie et la teinturerie. À Troyes, la célébration se tenait durant la Saint Jean et la Saint-Rémi dans les rues historiques du Bouchon de champagne telles que la rue Champeaux, la rue de la Pierre, ou la rue des Anciennes Tanneries. Pendant la guerre de Cent Ans, la ville de Troyes se prépare à accueillir les Anglos-Navarrais. En 1359, les Troyens, menés par leur évêque Henri de Poitiers libèrent les villes d'Aix-en-Othe, Beaufort et Nogent-sur-Seine. À la fin du XIIIème siècle, Troyes n’est plus la capitale du comté de Champagne. Celui-ci est en effet passé aux rois de France et Châlons-sur-Marne a été préférée comme capitale administrative de la Champagne. Le Parlement de Paris fut transféré dans la ville. En 1420, la signature du Traité de Troyes désigne le roi anglais Henri V comme héritier de la couronne de France après que ce dernier épouse Catherine de Valois, l'une des filles de Charles VI. En mai 1471, Louis XI confirma l'administration municipale par ses lettres patentes. Peu après toutefois, le Dauphin monta sur le trône sous le nom de Charles VII. C'est Jeanne d'Arc qui vint à son secours ; elle le mena d'Orléans à Reims pour qu'il soit sacré. Le 9 juillet 1429, Jeanne d'Arc délivre la ville des Anglais.


Nogent sur Seine


Novigentum, qui a donné son nom à Nogent, était à l'origine une villa qui appartenait à la célèbre abbaye de Saint Denis. En 859, lors de l'invasion des Normands, les moines abritèrent les reliques de Saint Denis en leur villa de Nogent. La ville se développa autour du domaine monastique.
Il est assez difficile de rendre compte de la fondation de Nogent, les guerres et les incendies en ayant détruit tous les monuments. Un chemin qui à conservé le nom de chemin des Romains a fait penser que celle ville existait de leur temps ; mais la tradition la plus constante est qu'elle fui bâtie sur les ruines de Richebourg, ville située au même endroit, dont on ne peut fixer l'époque de la destruction. En1101, les habitants l'entourèrent de murs et de fossés, et y firent construire des portes avec des pont-levis. Ces fortifications existaient encore en 1401, époque où les habitants de Nogent obtinrent du roi Charles-VI la permission de relever leurs murailles et de faire des constructions nouvelles. Tous ces ouvrages, étant dans la suite devenus inutiles, sont tombés en ruine ou ont été détruits.
Dans l'un des faubourgs il existait une petite chapelle que l'on prétend avoir été érigée en 1359, après un sanglant combat qui eut lieu en cet endroit entre Eustache d'Auberticourt, chevalier du comté d'Hainaut, l'un des généraux du roi d'Angleterre qui ravageait alors la Champagne, et Broquard de Fenestranges, Lorrain au service du régent de France (Charles V). D'Auberlicourt, après une vigoureuse résistance, fut vaincu et fait prisonnier. Ce monument, détruit à l'époque de la révolution, a été réédifié en 1818.

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Le Pavillon de Henri IV

Nogent appartint longtemps au domaine de la couronne. Il en fut démembré en 1747, et vendu au maréchal de Noailles, qui, l'année suivante, le revendit à Orry de Fulvy seigneur de la chapelle. M. de Boulogne, ancien contrôleur général des finances, qui le possédait en dernier lieu, l'avait fait ériger en comté. L'abbé Terray y avait aussi des propriétés. La jolie promenade de la ville porte encore son nom.
Vers le milieu du XIVème siècle, lorsque la France était en partie occupée par les Anglais, Eustache d'Auberticourt, un de leurs généraux, avait placé cinq cents hommes de garnison dans les forteresses de Nogent et de Pont. De là il faisait de nombreuses excursions et ravageait les campagnes voisines.
En 1359, les Français se disposèrent à l'attaquer. Ils partirent de la ville de Troyes qu'ils occupaient avec deux cents lances et neuf cents brigands, et s'acheminèrent vers Nogent-sur-Seine. A cette nouvelle, Eustache d'Auberticourt quitta Pont; où il se trouvait, et se replia avec toutes ses troupes et des Navarrais, ( partisans du roi de Navarre, Charles le Mauvais, prince capétien, qui, à l'instar du roi d'Angleterre Édouard III, prétendait à la couronne de France) dans la plaine qui avoisine Nogent. Là il se livra une bataille sanglante où les Anglais furent taillés en pièces, et où d'Auberticourt fut fait prisonnier.
En 1814 Nogent fut le théâtre d'un combat sanglant entre un des corps de l'armée française et les troupes des puissances étrangères. Le 11 février, une division autrichienne se présenta devant la ville, défendue par mille à onze cents hommes commandés par le général Bourmont, dont le nom jouissait alors d'un certain éclat. Les rues de Nogent étaient barricadées, les maisons crènelées, enfin toutes les précautions étaient prises pour soutenir un vigoureux choc afin de retarder par là la marche de l'ennemi, qui se dirigeait sur la capitale. Les assiégeants échouèrent" dans toutes leurs attaques, et perdirent le premier jour plus de deux mille hommes. Le général Bourmont fut blessé, et remplacé immédiatement par le colonel Ravir, qui soutint le lendemain avec une égale intrépidité les nouvelles attaques de l'ennemi, à qui il tua beaucoup de monde. Le terrain fut disputé pied à pied, et chaque maison devint une forteresse.
Après avoir protégé la retraite des malheureux habitants de Nogent et l'évacuation de leurs objets les plus précieux, les Français, qui étaient pour la plupart des recrues, se retirèrent sur Provins, en faisant sauter le pont St-Edme, placé sur le premier bras de la Seine.
L'ennemi entra dans Nogent, pensant y trouver les munitions et tout l'attirail d'un corps d'armée. Humilié d'avoir été arrêté par un aussi faible nombre, il s'en vengea par le pillage et l'incendie. Cent quarante maisons particulières furent détruites, et un grand nombre d'autres rendues inhabitables.
L'hôtel de ville, le palais de justice, les prisons, la caserne de gendarmerie et la salle de spectacle furent incendiés

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Château de La Motte-Tilly

Claude Bouthillier et son épouse y fondèrent un couvent de Capucins en 1639. Siège d'un bailliage et d'une subdélégation, Nogent devint naturellement chef-lieu d'arrondissement de l'Aube. Le caractère navigable de la Seine a fait de Nogent un important port fluvial.
L'abbaye de Clairvaux : c'est là que Saint Bernard vint défricher, il y a huit siècles, le 25 juin 1115, la clairière du Val d'Absinthe et y construire la célèbre abbaye où il vécut jusqu'à sa mort, le 20 aout 1153. Auteur de nombreux écrit, dont "Les Combats de Dieu", Saint Bernard, abbé de Cîteaux, est le prédicateur qui exhortât les foules en faveur de la Seconde Croisade à laquelle participèrent le roi Louis VII et son épouse Aliénor d'Aquitaine. Croisade qui fut non seulement un échec militaire mais qui entrainât également la dissolution du mariage du roi et de la reine. L’annulation de cette union allait avoir des conséquences désastreuses pour l’avenir du royaume de France.
Clairvaux est aujourd'hui l'une des plus célèbre prison de France et si une grandes parties de l'abbaye a été démolies pour y loger les détenus les plus dangereux du pays, le Ministère de la Culture procède actuellement à la réhabilitation de certaines parties de l'ancienne demeure de Saint Bernard de Clairvaux. Aujourd'hui on pourrait dire en parlant de Clairvaux : "Jadis lieu de prières et de méditation, aujourd'hui lieu de regrets et de lamentations."
Une autre abbaye célèbre fut construite à Paraclet par Abélard et la première abbesse en fut Héloïse.


Brienne le Château


Le site est probablement déjà occupé par les Gaulois et son nom semble être dérivé du celtique briavenna qui désigne un ensemble de pontons en rapport avec l'ancienneté de l'activité portuaire de Brienne-la-Vieille.
Son château-fort est détruit par les Normands en 951.
Brienne forme dès le Xème siècle un comté, qui donne son nom à l'illustre maison de Brienne. Cinq familles possèdent successivement le comté : la famille de Brienne puis celles d'Enghien, de Luxembourg, de Loménie et de Bauffremont. La famille de Loménie développe la ville entre le XVIème siècle et le XVIIIème siècle. De 1779 à 1790, elle abrite une école militaire où Napoléon Bonaparte est élève 5 ans (mai 1779 - octobre 1784), tenant ainsi une place importante dans l'histoire de la ville et même de la France. En 1784, le futur Napoléon Ier quitte Brienne-le-Château pour terminer ses études à l'École militaire de Paris. Napoléon dort au château de Brienne le 3 avril 1805 pendant le voyage qu'il fait en Italie pour recevoir la couronne du Roi des Lombards.
Brienne-le-Château est également le lieu d'une victoire de Napoléon Ier sur les Alliés le 29 janvier 1814, pendant laquelle la ville fut prise et reprise, et détruite par le feu.


La révolte des Vignerons

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La révolte des Vignerons


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Manifestation des vignerons le 9 Avril 1911 à Troyes

Les récoltes marnaises sont mauvaises entre 1907 et 1910, en particulier à cause du phylloxéra, du gel et des orages qui détruisent les vignes. Les négociants en vin, plutôt que d'augmenter le prix du raisin, préfèrent s'approvisionner dans l'Aube, pourtant située en-dehors de la délimitation de l'appellation champagne depuis le 17 décembre 19081 . La « Fédération des syndicats viticoles de la Champagne », face à la colère de ses adhérents, organise un grand meeting le 16 octobre 1910 à Épernay, ressemblant 10 000 personnes. Le 4 novembre suivant, une grève de l'impôt est proclamée dans plusieurs communes de la Marne. Des « manifestations punitives » sont organisées détruisant caves et celliers de plusieurs négociants dits « fraudeurs », notamment à Ay et Épernay. Le gouvernement, à la demande du préfet de la Marne, fait intervenir le 31e régiment de dragons ainsi que quatre autres régiments en renfort, notamment pour couper l'accès aux villes et protéger les négociants en vin. Le préfet s'engage le 20 janvier à « obtenir l'arrêt de l'achat de vins étrangers », calmant ainsi la révolte.
Le 11 février 1911, l’État interdit l'utilisation de vins ne provenant pas de l'aire d'appellation pour bénéficier du nom « champagne »
Le Président du Conseil, Ernest Monis, déclare le 15 mars que la délimitation du vignoble de Champagne « est fait et bien faite », provocant la colère du côté aubois. Gaston Cheq notamment, dont il existe toujours une statue à Bar-sur-Aube, prend la tête de cette seconde révolte. La Fédération syndicale vigneronne décide la tenue de grandes manifestations tandis que 62 % des conseils municipaux aubois démissionnent durant le mois de mai. La mobilisation des viticulteurs aubois est plus forte et culmine le 9 avril 1911 à Troyes. Le comité d'organisation, conduit par Gaston Cheq, prend la tête du cortège, arborant des « insignes aux allures de médailles distribuées lors des comices agricoles ». Il est suivi par les femmes en tenue de travail, puis par les hommes en habits du dimanche. Les manifestants brandissent des pancartes rappelant leurs villages d'origine, intitulant leur délégation le « bataillon de fer », et agitent, face à la troupe à cheval, autant de drapeaux rouges que de drapeaux tricolores.

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Manifestation des vignerons le 9 Avril 1911 à Troyes

Tout comme dans le Languedoc, les photographes prennent des clichés pour éditer des cartes postales généralement favorables aux manifestants. Beaucoup d'ailleurs prennent la pose en dépit du risque évident, puisque qualifiés de « mutins»
En réaction à cette grande manifestation, le 11 avril, le Sénat dit s'opposer aux délimitations qui « provoquent des divisions entre Français ». Y voyant une volonté de supprimer la délimitation de l'appellation Champagne, les vignerons marnais provoquent la nuit même à Ay, Épernay et Damery ce que Clémentel appelle une « Saint-Barthélémy des vins ». Le lendemain à Ay, on compte 6 000 manifestants mettant le feu et pillant plusieurs maisons de Champagne pour une ville de 7 000 habitants. L'armée intervient à nouveau dans la Marne. Pour éviter de nouvelles manifestations dans l'Aube, elle est également envoyée dans le département.
En 1927, après sept années de batailles judiciaires, la majorité du vignoble aubois, dont la côte des Bars, reviennent dans la délimitation de la Champagne viticole. De nos jours, l'appellation s'étale sur cinq départements : l'Aube, la Marne, l'Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne.




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