Ce département tire son nom du cours d'eau de
même nom qui le traverse d'Est en Ouest après un parcour pour le moins
sinueux. Prenant sa source à Chéronnac dans la Haute-Vienne à 295 mètres
d'altitude, La Chatente (qui est un fleuve) traverse ensuite les départements
de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime avant de se
jeter dans l'océan Atlantique entre Port-des-Barques et Fouras par un
large estuaire.
C'est à l'extrémité orientale que se trouve le point
culminant du département de la Charente et de la région avec le site
de Montrollet qui atteint 368 mètres d'altitude.
Ce département
est formé de l'ancien Angoumois, d'une partie de la Saintonge et du
Limousin et d'une faible partie du Poitou. Il tire son nom de la Charente,
rivière qui prend sa source dans la Haute-Vienne, traverse l'extrémité
nord-est du département, pour gagner Civray, dans le département de
la Vienne rentre ensuite dans l'arrondissement de Ruffec et coule à
travers ceux d'Angoulême et de Cognac. Ses limites sont au nord, les
départements des Deux-Sèvres est de la Haute-Vienne ; à l'est, ceux
de la Vienne et de la Dordogne ; au sud et à l'ouest, ceux de la Dordogne
et de la Charente-Inférieure.
Le territoire de ce département est inégal, entrecoupé
de collines élevées, couvertes en partie de châtaigniers de plaines
sablonneuses et calcaires, de prairies, de landes et de rochers. Le
sol est, en général, aride, sec et brûlant. Un tiers est employé en
terres labourables, un autre à la culture des vignes, et le reste en
prairies, bois, terres incultes, etc.
Les collines s'y élèvent toutes
à la même hauteur ; elles sont composées de couches horizontales et
verticales, dans lesquelles se trouve une immense quantité de coquillage
est de débris de corps marins.
Les landes qui couvrent une partie
de l'arrondissement de Barbezieux servent de pacage pour les bestiaux,
et pourraient être cultivées avec fruit ; celles qui occupent près d'un
tiers de l'arrondissement de Confolens sont en général moins susceptibles
d'être utilisées on n'y élève que quelques troupeaux de moutons d'une
race chétive..
La Charente est surtout réputée pour sa production
d'alcool (le Cognac) et de Pineau
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :5
956 km2
Population: 353 288 hab
(2016)
Dénsité : 59 hab./km²
Nb de communes
: 381
On croit que la contrée dont
se compose le département de la Charente fut habitée
originairement par les Agesinates, tribu de la grande
confédération des Santones. Ils firent sans doute partie
de l'antique expédition des Celtes en Italie et durent
contribuer aussi à la fondation de Médiolanum, appelé
aujourd’hui Milan. Toutefois malgré plusieurs dolmens
encore debout dans le pays, il n'y a rien de bien certain
ni de bien authentique dans les faits antérieurs à la
conquête romaine.
À dater de cette époque, les documents
se présentent plus clairs et plus précis. Jules César
et ses successeurs firent d'inutiles efforts pour conquérir
l'affection des Santones vaincus ; c'est en vain que
leur territoire fut préservé par les armes romaines
d'une double invasion des Helvètes et des Teutons ;
c'est en vain que les villes furent embellies, les arts
encouragés, le commerce protégé, la circulation facilitée
par la création de routes nouvelles ; rien ne put désarmer
les rancunes obstinées de l'esprit national. Sans parler
de plusieurs séditions locales, les Santones, qui avaient
fourni un contingent de 12,000 hommes à Vercingétorix,
ne se laissèrent pas décourager par leurs constantes
défaites ; on les vit encore sous Auguste livrer à Messala
Corvinus une sanglante bataille non loin de l'Océan.
Pour chercher à déraciner cette nationalité tenace,
la politique des empereurs eut recours à son moyen habituel
elle changea les divisions territoriales ; de la Celtique
Lyonnaise, le pays des Santones passa dans la seconde
Aquitaine. La trêve fut de courte durée un siècle à
peine s'écoula entre l'apaisement des révoltes du peuple
conquis et les premières apparitions des barbares, ses
nouveaux maîtres. Dès les commencements du IVème
siècle, les pirates saxons apparaissent sur les rivages
de la mer et à l'embouchure des rivières ; les Francs,
dont l'heure n'est pas encore venue, menacent déjà le
Nord ; les Wisigoths disputent aux Romains les régions
occidentales et méridionales, dont ils finissent par
rester maîtres.
C'est au milieu de ces symptômes
de dissolution et de transformation que le christianisme
pénètre et s'implante dans le pays. Il dut trouver les
cœurs des Agésinates disposés à la foi nouvelle, puisque
l'Angoumois, qui avait eu pour premier apôtre saint
Martial, et pour premier évêque saint Ausone, qu'il
ne faut pas confondre avec le poète, possédait en 379
un siège épiscopal occupé alors selon Grégoire de Tours
par Dynamius.
On sait quels ravages les doctrines
d'Arius, encouragées par les princes wisigoths, exerçaient
dans leurs possessions; les évêques se liguèrent avec
les chefs francs qui étaient restés orthodoxes. Clovis
exploita habilement l'alliance qui lui était offerte.
Le succès de ses armes et l'éclatante victoire de Vouillé
couronnèrent l'œuvre préparée par sa politique, et l'Aquitaine,
dont notre province faisait partie, fut incorporée dans
le nouvel empire franc.
L'existence de l'Angoumois,
comme province distincte, est constatée à cette époque
par la création de comtes qui y représentaient le pouvoir
du roi et par l'acte de partage qui suivit la mort de
Clotaire. L'Angoumois entrait dans l'héritage de Sigebert,
roi de Metz, tandis que la Saintonge et l'Aunis étaient
affectés à Caribert, roi de Paris. Nous avons donné
dans l'histoire de la Guyenne où il était mieux à sa
place, le récit des longues luttes des ducs mérovingiens
d'Aquitaine avec les maires du palais qui préparèrent
avec une persévérance si habile l'usurpation de la couronne.
L'Angoumois fut mêlé à toutes ces guerres; mais le fanatisme,
les traditions et l'intérêt, qui poussèrent si avant
Toulouse et Bordeaux dans cette querelle, eurent moins
d'action sur les habitants de la province qui nous occupe;
Nous n’avons pas guerre au Francs, disaient-
ils, et, trop désireux peut-être de voir la paix rétablie,
ou, du moins, trop peu scrupuleux sur les moyens d'y
parvenir, ils mirent à mort le malheureux Waïfre, le
dernier et intrépide descendant des ducs, qui, vaincu
et fugitif, était venu chercher un asile auprès d'eux.
Malgré la garantie que semblait offrir cette attitude,
il paraît que Charlemagne ne regardait pas comme sans
danger le pouvoir provincial aux mains des hommes du
pays il les remplaça tous par des seigneurs francs dans
le voyage qu'il fit en Aquitaine pour y organiser sa
dernière expédition d'Espagne, dans laquelle périt Roland.
C'est à Angoulême qu'il rassembla son armée, et
parmi ses plus illustres compagnons, l'histoire a conservé
les noms des membres de trois familles de l'Angoumois,
qui s'acquirent un grand renom de vaillance dans les
guerres de cette époque c'étaient les Achard, les Tison
et les Voisin.
Lors du partage de l'empire entre
les fils de Louis le Débonnaire, Pépin, roi d'Aquitaine,
institue, en 839, des comtes pour gouverner les provinces
de son royaume; il met à la tête de l'Angoumois un seigneur
d'un rare mérite et d'une valeur éclatante, Turpion,
qui devient la souche des comtes d'Angoulême, si puissants
pendant une grande partie de la période féodale. Turpion,
comme tous les fondateurs de dynastie à cette époque,
établit sa réputation et son crédit par son zèle à défendre
sa province contre les agressions étrangères et par
ses exploits contre les Normands.
Pendant trois siècles,
ses successeurs maintiennent et agrandissent la puissance
de leur maison ; guerroyant contre leurs voisins les
comtes de Saintes et de La Marche, contre les seigneurs
d'Archiac et de Bouteville étendant leurs domaines aux
dépens des ducs d'Aquitaine, comme les seigneurs d'un
rang plus élevé le faisaient eux-mêmes aux dépens de
la royauté; expiant leurs méfaits trop criants, leurs
usurpations trop flagrantes par quelques voyages en
Palestine et couronnant enfin l'ambition traditionnelle
de leur famille, par le mariage du comte Geoffroy, surnommé
Taillefer, avec Pétronille d'Archiac et de Bouteville,
la plus riche héritière de la Saintonge et de l'Angoumois,
en 1148.
La reconstitution sérieuse du duché d'Aquitaine
par Guillaume Tête-d'Étoupe, comte de Poitiers, la réunion
d'immenses domaines aux mains d'Éléonore, son héritière,
l'union de cette princesse avec Louis VII le Jeune,
son divorce, puis son second mariage avec Henri Plantagenet,
ouvrent une nouvelle phase de l'histoire de l'Angoumois.
L’église souterraine Saint Jean d’Aubeterre-sur-Dronne se trouve dans le Poitou sur un des Chemins de Compostelle. Située dans le département de la Charente, l’église fut creusée au XIIème siècle par une communauté de moines bénédictins. Sa première vocation fut d’abriter des reliques conservées dans une succession de fosses et dans un reliquaire dont la forme s’inspire de celle du Saint sépulcre découvert à Jérusalem lors de la première croisade. Réalisée par évidement de la paroi calcaire, elle est qualifiée de monolithe (d’un seul bloc).
Rien de plus confus, de plus
variable que la politique des seigneurs de nos provinces
occidentales pendant cette lutte longue et désastreuse
de la France et de l'Angleterre, qui commence à Louis
le Jeune et ne finit qu'à Charles VII ; les intérêts
aquitains s'effacent, le sentiment de la nationalité
française n'existe pas encore; les princes anglais,
par leurs alliances par leur origine par les traités
avaient des droits trop oubliés par l'histoire, mais
qui durent ne pas être sans valeur aux yeux des contemporains;
en outre, leur valeur dans les combats, le libéralisme
de leur administration purent souvent faire illusion
sur la légitimité de leurs prétentions. On comprend
donc, sans pouvoir l’excuser absolument, que dans ce
chaos, au milieu de toutes ces incertitudes, l'intérêt
ait été le guide le plus habituel des barons aquitains.
La difficulté de la situation rend d'autant plus
méritoire la conduite des comtes d'Angoulême, qui, sauf
quelques circonstances exceptionnelles, restèrent fidèles
à la cause nationale. En 1168 et 1175, Guillaume IV
prit part à la lutte des grands vassaux ligués contre
Henri II d'Angleterre.
En 1194, Aymar Taillefer
s'allie à Geoffroy de Rancon pour recommencer la guerre
contre Richard Cœur de Lion, et, quelques années plus
tard, il refuse à Jean sans Terre la main de sa fille
et unique héritière, Isabelle, pour la marier à Hugues
de Lusignan, comte de La Marche. Puis, lorsque le célèbre
arrêt de confiscation est prononcé contre le monarque
anglais, pour le punir d'avoir dépouillé son neveu,
Arthur de Bretagne, Aymar, quoique déjà vieux, se met
à la tête des seigneurs disposés à assister Philippe-Auguste
dans l'exécution de la sentence.
Les descendants
de cet ennemi acharné de l'Anglais furent moins belliqueux
que leur ancêtre, mais ils semblent avoir hérité de
ses sympathies pour la monarchie française. Le second
mariage d'Isabelle avait réuni dans les mains des Lusignan
les deux comtés de la Marche et de l'Angoumois. Hugues
XIII, qui n'avait point d'enfants engagea la Marche
à Philippe le Bel, en 1301, pour une somme d'argent
considérable et assura au roi tant d'avantages par bon
testament, qu'à sa mort le prince put écarter sans peine
les prétentions des collatéraux et réunir à la couronne
les deux provinces, en 1303.
Ce fut donc dans la personne
de Hugues XIII et de Guy de Lusignan que s'éteignit
la dynastie des comtes féodaux de l'Angoumois. Les princes
qui, depuis, portèrent ce titre ne le possédèrent que
comme apanage. C'est ainsi que Charles IV le Bel le
conféra à sa nièce, Jeanne de Navarre, et que plus tard,
de 1322 à 1496, nous en voyons successivement revêtus
Charles d'Espagne, favori de Jean le Bon, le duc de
Berry et le duc d'Orléans, frère et second fils de Charles
V, puis Jean et Charles d'Orléans, héritiers du duc.
Le retour de l'Angoumois au domaine royal ne l'avait
pas mis à l'abri des chances de la guerre, qui continuait
plus calamiteuse et plus acharnée; l'épée de Du Guesclin
avait bien maintenu pendant quelque temps la domination
française dans nos provinces; mais de cruels désastres
avaient succédé à ces jours de gloire.
Pendant la
captivité du roi Jean, l'Angoumois était tombé au pouvoir
des Anglais; le traité de Brétigny avait ratifié cette
conquête; Angoulême devint la capitale et le séjour
habituel du Prince Noir Cette possession fut vivement
disputée pendant le règne suivant. Mais c'est à Charles
VII qu'appartient la gloire d'avoir enfin rendu l'Angoumois
à la France.
Nous n'aurons plus à compter maintenant
avec l'Étranger; ce sont des discordes civiles et les
guerres de religion qui agiteront le pays. Elles, ne
se firent malheureusement pas attendre ; à la révolte
de Charles de Valois, que Louis XI, son frère, avait
placé à la tête des gouvernements de la Guyenne, de
l'Aunis et de la Saintonge, succède, sous Charles en
1487, la conjuration de Charles d'Orléans, comte d'Angoulême,
contre lequel le roi fut obligé de marcher à la tête
d'une armée, accompagné de sa sœur, Anne de Beaujeu.
Le duc fit sa soumission on lui pardonna. Il venait
d'épouser Louise de Savoie et de cette union naquit,
au château de Cognac, en 1494, François, qui, avant
de régner sous le nom de François Ier, porta
comme son père le titre de comte d'Angoulême. C'est
en considération de ce souvenir qu'en 1515 il érigea
en duché-pairie le comté dont il avait été titulaire
et il en fit hommage à sa mère, qui fut la première
duchesse d'Angoulême.
Les nombreux témoignages de bienveillance
et d'affection que François Ier donna aux
habitants de l'Angoumois, soit par l'amélioration de
la navigation de la Charente, soit par l'établissement
d'une université dans la capitale de la province, retardèrent
ou rendirent inoffensifs les premiers progrès de la
réforme religieuse; il est même permis de supposer que
la lutte eût été beaucoup moins acharnée et moins sanglante
dans cette contrée, si les haines n'avaient eu leur
principal aliment et la guerre son point de départ dans
la malheureuse insurrection dite de la gabelle. Un impôt
fort impopulaire, frappé dans les circonstances les
plus défavorables, détermina un soulèvement presque
général dans les campagnes. La révolte trouva pour la
diriger un gentilhomme d'une rare capacité, qui réunit
sous ses ordres jusqu'à 50 000 hommes et fut pendant
quelque temps maître de l'ancienne Aquitaine. C'était,
sans doute, une immense calamité ; mais ce qui fut plus
malheureux encore, ce fut de confier le soin de la répression
à un homme aussi inflexible dans son caractère, aussi
implacable dans sa sévérité que l'était le connétable
de Montmorency. Il usa envers les insurgés vaincus de
si terribles représailles ; il rendit si odieux le gouvernement
au nom duquel il prétendait agir, que les populations
se jetèrent avec une espèce de frénésie dans les voies
d'opposition qui s'ouvrirent devant elles, et que le
souvenir des atrocités dont le pays avait été le théâtre
et la victime exerça une déplorable influence sur le
caractère des habitants. Le calvinisme, à dater de ce
moment, prit des développements formidables la noblesse,
jalouse de la fortune inouïe de la maison de Lorraine,
fournit des chefs à l'insurrection qui se préparait.
La Renaudie, l'âme et le héros de la conjuration d'Amboise,
était un gentilhomme de l'Angoumois ; les comtes de
La Rochefoucauld, les barons de Duras furent des premiers
à courir aux armes quand les religionnaires crurent
venu le moment favorable de prendre l'offensive. C'est
par la dévastation, le pillage, le meurtre et le sacrilège,
que leurs premiers succès furent signalés on se vengeait
du connétable ; les insurgés de la gabelle prenaient
leur revanche. Les catholiques s'abandonnaient aux mêmes
excès quand ils étaient vainqueurs ; les trêves, les
traités de paix ne servaient qu'à masquer de nouveaux
pièges et de nouvelles trahisons. L'état normal, c'était
la guerre, et la guerre des grandes batailles, comme
Jarnac et Moncontour, des sièges héroïques, comme ceux
de Saint-Jean-d’Angély et de La Rochelle des grands
capitaines, comme Condé, Coligny, Rohan, d'Aubigné,
d'Anjou, La Trémouille, Matignon et les Guises. Les
massacres de la Saint-Barthélemy vinrent mettre le comble
à l'exaspération, et lorsque l'épuisement des deux partis,
la mort de leurs principaux chefs, la politique conciliatrice
de Henri IV, l'administration paternelle et éclairée
de Sully ont partout ailleurs ramené le calme dans les
esprits, le poignard d'un Angoumoisin, de Ravaillac,
vient attester l'invincible obstination des haines et
du fanatisme de sa province. C'est dans ces ferments
de discorde toujours prêts à éclater, dans ces amas
de rancunes toujours ardentes, que trouvèrent leur principal
point d'appui et qu'établirent leur base d'opération
les ambitions qui agitèrent les premières années du
règne de Louis XIII. C'est l'Angoumois et la Saintonge
que soulèvent Rohan et Soubise, à la nouvelle de l'union
projetée entre le roi et l'infante d'Autriche. C'est
sur les bords de la Charente que se rencontrent le maréchal
de Bois-Dauphin et le prince de Condé, commandants en
chef des deux armées. Quatre ans plus tard, lorsque,
dans un accès de dépit, Marie de Médicis quitte la cour,
c'est à Angoulême qu'elle se réfugie, et c'est là que
Richelieu vient négocier sa réconciliation avec son
fils. La Fronde elle-même, enfin, si futile dans ses
causes, inoffensive sur tant de points, d'une stérilité
quasi ridicule presque partout, prend dans l'Angoumois
les proportions d'une guerre sérieuse et aboutit à une
sanglante bataille, perdue par le prince de Condé sous
les murs de Cognac en 1651. Des agitations si continuelles
et si profondes avaient depuis longtemps paralysé l'essor
du commerce dans l'Angoumois ; la révocation de l'édit
de Nantes acheva de l'anéantir. Le règne pacifique de
Louis XV, les commencements de celui de Louis XVI avaient
été impuissants à réparer tant de maux. La révolution
de 1789 fut accueillie dans l'Angoumois avec un enthousiasme
universel et saluée comme l'aurore d'une ère réparatrice.
Toutes les rivalités locales s'effacèrent, les dissentiments
religieux eux-mêmes furent oubliés. Les orages mêmes
qui survinrent bientôt ne découragèrent pas les espérances
des habitants ; il existe plusieurs rapports des commissaires
de la Convention, envoyés en mission dans le département
de la Charente ils sont unanimes dans l'éloge qu'ils
font de l'esprit patriotique des habitants. Au temps
des Romains la confédération des Santones avait, comme
nous l'avons dit, fourni 12,000 combattants à l'armé
de Vercingétorix ; en 1793, le seul département de la
Charente leva 10 000 hommes pour la défense de la République
menacée.
Voilà un bien curieux nom pour un jardin où ne s’ébat que quelques cygnes et quelques volailles. Mais ce lieu enchanteur, à plus d’un titre, vous permettra de découvrir des ilots de fleuris où des objets de chaque jour se voient transformer en œuvres d’art pour le plus grand plaisir des yeux. En déambulant dans ce dédales fleuri et odorant, ce cadre enchanteur vous permettra pendant votre promenade d’oublier pour un moment la vie trépidante dans laquelle on vie.
Depuis lors, le département n'a plus eu qu'un rôle passif dans les événements de l'histoire nationale. L'amélioration de sa culture, le réveil de son commerce sont des bienfaits qu'elle doit à l'organisation moderne ; l'aspect général du pays s'est déjà notablement modifié. On sent qu'une vie nouvelle circule dans ce corps rajeuni ; l'application de la vapeur a transformé, agrandi les anciennes industries et en a créé de nouvelles. À côté des papeteries de l'Angoumois, renommées depuis si longtemps, s'élèvent de puissantes usines pour la distillerie et la fabrication du fer et de l'acier. Le nombre des filatures et des ateliers de tissage augmente de jour en jour le commerce, à son tour, par son activité, par l'abondance des capitaux, et grâce au perfectionnement des voies de communication et des moyens de transport, étend d'année en année le rayon des débouchés de tous ces produits. Ce progrès, tout sensible qu'il soit, n'est à nos yeux que le début d'une véritable renaissance. Les longues misères du passé avaient placé le département de la Charente dans une infériorité relative contre laquelle protestent et les ressources de son sol et le génie de ses habitants. Cette surexcitation que nous avons indiquée, cette marche accélérée vers les conquêtes de l'avenir, ne s'arrêtera que quand la Charente aura repris sa place parmi les plus avancés et les plus favorisés des départements de la France. Le caractère des habitants se dépouille petit à petit de tout ce qui pourrait faire obstacle à la réalisation de nos espérances; cette paresse contemplative, jointe à une grande instabilité dans les goûts et à un vif amour des plaisirs, ces tendances superstitieuses s'alliant à un scepticisme religieux, toutes ces inconséquences signalées par les vieux auteurs n'existent plus guère dans les villes, si elles se manifestent encore au fond de quelques campagnes partout on semble avoir conscience de l'avenir, et l'homme s'harmonise avec la nature qu'il embellit et qu'il féconde.
Le duché d'Aquitaine constitue
l’héritage d'Aliénor d'Aquitaine qui épouse le roi de
France Louis VII en 1137, puis s’en sépare et se remarie
en 1152 avec Henri Plantagenêt, futur Henri II d'Angleterre.
Le duché d'Aquitaine dont fait partie la Charente passe
alors sous domination de l'Empire Plantagenêt. La politique
d'Henri II d'Angleterre provoque des révoltes. Il confie
le duché à son fils Richard Cœur-de-Lion, qui se révolte
par la suite ; Aliénor est emprisonnée et ses fils vaincus.
En 1181, à la mort de Vulgrain III, Henri II confisque
le comté d'Angoulême. Richard Cœur de Lion meurt en
1199 et c'est son frère Jean sans Terre, qui a enlevé
pour l’épouser la dernière descendante des comtes d'Angoulême,
Isabelle, qui lui succède. Philippe Auguste est appelé
par Hugues IX de Lusignan, père du fiancé d'Isabelle,
et le souverain prononce la confiscation des terres
de Jean sans Terre qui a refusé de se présenter à lui.
La rive droite de la Charente est reprise à Jean sans
Terre entre 1204 et 1210. Toute la Charente est ravagée,
des dizaines de châteaux brulés.
Jean sans Terre
meurt en 1216 et Isabelle épouse son premier fiancé
Hugues X de Lusignan. À la mort en 1217 de son père,
le comte Aymar, dernier représentant des Taillefer,
Isabelle hérite du comté d'Angoulême. En 1241, le roi
Louis IX donne à son frère Alphonse les comtés de Poitiers
et d'Auvergne. Les troubles durent jusqu'à la paix signée
en 1258. À la mort du dernier Lusignan en 1308, le roi
Philippe IV le Bel met ses biens sous séquestre. En
1317, Jeanne de France, la fille de Louis X le Hutin,
reçoit le comté d'Angoulême en compensation de son éviction
de la succession au trône de France. Elle l'administre
jusqu'à sa mort en 1349 mais le comté ne revient pas
à son fils car le roi le lui échange contre d'autres
terres. La guerre de Cent Ans entre rois de France et
d’Angleterre commence en 1337. La première phase est
close en 1360, par le traité de Brétigny : toute la
Saintonge et l'Angoumois reviennent aux Anglais. Le
Prince Noir séjourne fréquemment à Angoulême, Bouteville
et Cognac ; il y est entouré d'une cour brillante et
l'Angoumois connait quelques années de paix jusqu'aux
troubles dus à un impôt exceptionnel, le fouage, voté
en 1363 et reconduit en 1367. Les Français commencent
la reconquête en 1369. En 1372, Angoulême ouvre ses
portes à l'armée royale et Charles V lui accorde en
1373 une charte de commune avec un maire et douze échevins,
semblable à celle obtenue par Cognac à l'époque de Jean
sans Terre et renouvelée par Charles de La Cerda, comte
d'Angoulême, en 1352. Cognac est repris en 1375 et la
rivière fait alors office de frontière. De nombreuses
églises sont alors fortifiées. Après une trêve quelques
années, les châteaux charentais sont repris un par un,
Archiac et Bourg-Charente en 1385, Merpins et Châteauneuf
en 1386, Jarnac en 1387. Certains sont pris et repris
plusieurs fois. Il n'y a pas de vraie frontière mais
un enchevêtrement de fiefs contrôlés par l’un ou l’autre
des belligérants, ou par leurs alliés. En 1416, la place
forte de La Roche-Chandry est reprise aux Anglais et
rasée ; en 1417, celle de Barbezieux ; en 1445, celle
de Bouteville. En Charente, la guerre se termine en
1453 par la prise de Chalais, année qui sonne la fin
de l'Aquitaine anglaise . La Charente est ravagée, et
la présence anglaise laisse des traces durables dans
les esprits.
La ville d'Angoulême a perdu la moitié
de sa population (en partie lors de la peste noire de
1400 à 1407), certains villages ont été désertés et
les terres laissées à l'abandon, le commerce a diminué,
les foires ont disparu, les moulins tombent en ruine.
Alors certains seigneurs proposent des conditions avantageuses
à qui veut reprendre le travail agricole comme tenancier
(un sillon sur dix pour le seigneur). En 1445, le comte
Jean, otage en Angleterre depuis 1412, revient et trouve
un château de Cognac abandonné en très mauvais état
et en commence la reconstruction en 1450. Il reconstitue
son comté, lui assure le retour de la prospérité d'où
son surnom du bon comte Jean. Il le lègue à son fils
Charles de Valois en 1467. Avec sa femme Louise de Savoie,
ils font de Cognac un centre intellectuel et artistique.
La ville, tenue par les Wisigoths,
adeptes de la version arianiste du christianisme est
assiégée une première fois par Clovis en 507 après Vouillé,
puis prise en 508, miraculeusement selon Grégoire de
Tours et Adémar de Chabannes. Au cours de la bataille,
cependant Clovis aurait été gravement blessé à une jambe,
sans doute une fracture. Le fait est rapporté par la
tradition, et sur une tour de la 2e enceinte figure
une jambe sculptée qui est dite « jambe de Clovis ».
Lors de son passage à Angoulême, après avoir fait passer
la garnison au fil de l'épée, Clovis fit abattre l'ancienne
cathédrale wisigothe dédiée à Saint-Saturnin pour en
rebâtir une nouvelle, portant le nom de Saint-Pierre.
Seuls subsistent de cet édifice primitif deux chapiteaux
sculptés en marbre qui encadrent la baie d'axe dans
l'abside de l'actuelle cathédrale.
Au VIIème
siècle saint Cybard est resté reclus, dans une grotte
située sous le rempart nord d'Angoulême, en prolongement
du Jardin Vert, ce qui provoque la création de la première
abbaye, l’abbaye Saint-Cybard, alors que la création
de la première abbaye de femmes, l’abbaye Saint-Ausone
se fait sur la tombe du premier évêque de la ville.
En 848, Angoulême est pillée par le chef viking
Hasting. En 896 ou 930 la ville subit une nouvelle attaque
des envahisseurs vikings. Mais cette fois ils se heurtent
à une résistance efficace.
Guillaume Ierr,
troisième comte d'Angoulême, à la tête de ses troupes,
leur livre un combat décisif. Au cours de cet engagement,
il aurait fendu à mi-corps, d'un magistral coup de taille
le chef normand Stonius, ainsi que son casque et sa
cuirasse. C'est cet exploit qui lui aurait valu le nom
de Taillefer, que portent tous ses descendants jusqu'à
Isabelle d'Angoulême, dite également Isabelle Taillefer,
épouse de Jean Sans Terre.
Du Xème au
XIIIème siècles, les comtes d'Angoulême,
les Taillefer puis les Lusignan, renforcèrent les défenses
de la ville et les agrandirent en englobant le quartier
Saint-Martial. En 1110, l'évêque Girard II fait ordonner
la construction de la cathédrale actuelle.
Le 18
mai 1204 une charte est signée par Jean Sans Terre,
roi d'Angleterre pour rendre officielle la création
de la commune d'Angoulême. Le roi « concède aux habitants
d'Angoulême de garder les libertés et justes coutumes
de leur cité et de défendre leurs possessions et leurs
droits ». En 1308 à la mort de Guy de Lusignan, le comté
d'Angoulême revient à la couronne de France.
En
1360, suite au traité de Brétigny, la ville, comme tout
l'Angoumois passe aux mains des Anglais. Du 16 au 22
octobre 1361, Jean Chandos, lieutenant du roi Edouard
III d'Angleterre et connétable d'Aquitaine, chargé d'appliquer
le traité en particulier en Angoumois, prend possession
de la ville, de ses châteaux, du « mostier » (monastère)
Saint Pierre. Il reçoit les serments de fidélité au
roi d'Angleterre des principales personnalités de la
ville. Le comté d'Angoulême est donné à Louis d'Orléans
frère du roi Charles VI en 1394 puis transmis à son
fils Jean d'Orléans (1400-1467) grand-père de Marguerite
d'Angoulême et de François Ier. Le Bon comte
Jean d'Angoulême agrandit magnifiquement le château
comtal lors de son retour de captivité anglaise au milieu
du XVème siècle. Angoulême, siège d'un comté,
l’Angoumois, parvient avec lui à une branche de la famille
de Valois dont est issu François Ier, roi
de France de 1515 à 1547, né à Cognac en 1494. En 1524,
le navigateur italien Giovanni da Verrazzano revient
des Indes. Il annonce à François Ier avoir découvert
un nouveau territoire qu'il a nommé Nouvelle Angoulême
en son honneur. Ce territoire devient par la suite la
Nouvelle-Amsterdam, puis New York.
Jean Calvin, promoteur
du protestantisme et ami de Jean du Tillet, archidiacre
d'Angoulême, obligé de fuir Paris en 1533, se réfugie
à Angoulême et dans les grottes de Rochecorail à Trois-Palis.
Il y rédige une partie de l'Institution de la religion
chrétienne dont la première édition est publiée en latin
à Bâle en 1536. Angoulême est touchée par la révolte
des pitauds : en 1541, la gabelle est imposée à la Saintonge
et à l’Angoumois. Ces provinces ne payaient cet impôt
sur le sel. La révolte éclate autour d’Angoulême, et
les paysans des campagnes environnantes prennent la
ville en juillet 1548
Lors de la première guerres
de religion, la ville prend les armes : elle est reconquise
en 1563 par Montpensier. En 1565, Charles IX passe dans
la ville lors de son tour de France royal (1564-1566),
accompagné de la cour. En octobre 1568, la ville est
prise par les protestants. Henri III fut dans sa petite
enfance duc d'Angoulême. Il en a laissé une description
peu flatteuse « Les rues d'Engolesme sont tortes, les
maisons sans ordre, les murailles bâties de diverses
sortes de maçonneries qui montrent qu'elle a été faite
en plusieurs fois et souvent prise et ruinée » En 1588,
le maire d'Angoulême François Normand seigneur de Puygrelier
reçoit l'ordre d’Henri III d'arrêter le duc d’Épernon,
gouverneur d'Angoumois. Il mène l'assaut qui est repoussé
et il meurt le 10 août 1588. En 1619, Marie de Médicis
en fuite y est reçue par le duc d’Épernon, gouverneur
de l'Angoumois. Ensuite le château ne fut que la résidence
des gouverneurs.
Au XIIIème siècle,
les armes de Cognac, sur un sceau communal représentaient
un cavalier et sa monture, allant vers la droite, sur
un champ rempli de petites rosaces. Il avait pour inscription
:"S.MAIORIS ET COMMUNIE DE COMPNIACO". Le cavalier qui
était représenté n'était pas un chevalier. Il s'agissait
du maire, vêtu d'un vêtement court, et coiffé d'un chaperon
, (capuchon couvrant la tête et les épaules). Il avait
dans sa main droite un bâton de commandement, ressemblant
à une massue. De son autre main, il conduisait son cheval.
Le maire étant en même temps chef de la milice urbaine,
une petite épée passée à son côté gauche était là pour
rappeler cette fonction.
Le futur roi de France François
Ier voit le jour à Cognac en 1494 .Sa mère
Louise de Savoie séjourne alors au château des Valois.
Plus tard, le souverain accordera à la ville le privilège
du commerce de sel par la rivière, assurant à Cognac
un premier développement. La ville a été administrée
par des gouverneurs dont les premiers furent Jean de
Brémond de Balanzac de 1504 à 1514 puis Jacques Chesnel.
La révolte des pitauds atteint Cognac en 1548. Quelques années avant, en 1541, la gabelle avait été imposée à la Saintonge et à l’Angoumois. Ces deux provinces étaient auparavant exemptées de cet impôt sur le sel. La révolte gronde puis éclate près d’Angoulême, et Cognac finit par être prise par les révoltés pendant l’été. Les gouverneurs suivant seront Pierre de Montalembert en 1557 et Duch d'Asnières mis en place par les protestants en 1562. Il Calvin avait trouvé refuge à Angoulême en 1553. Sa présence dans la région facilitera très tôt la propagation de la Réforme à Cognac. Lors de la première des guerres de religion, la ville prend les armes : elle est reconquise en 1563 par Montpensier. En 1565, Charles IX y passera lors de son tour de France royal (1564-1566), accompagné de la Cour. En 1570, la paix de Saint-Germain, signée entre le roi Charles IX et l’amiral Gaspard II de Coligny, octroie aux Protestants quatre places fortes : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité-sur-Loire. En 1610, un certain Jacques Roux fait commerce d'une eau-de-vie qui semble être l'origine du cognac actuel. En 1651, Cognac soutient un siège contre la Fronde menée par Condé, la ville sera sauvée tardivement par l'arrivée des troupes royales. En récompense elle reçoit des privilèges du roi Louis XIV.
La région était peuplée dès l'époque
préhistorique, comme en témoignent de nombreux monuments
mégalithiques. Mais il n'est fait mention de Confolens
qu'au XIème siècle. Confolens était située
sur l'ancienne voie romaine d'Angoulême à Bourges par
Argenton, à l'endroit où elle traversait la Vienne.
L'agglomération de Confolens a été créée par les seigneurs
de Chabanais, et elle était séparée en deux par la Vienne
et chaque rive dépendait d'un diocèse différent, Limoges
à l'est, Poitiers à l'ouest. Au XIIème siècle,
des fortifications furent édifiées pour protéger la
principauté de ses puissants voisins : les comtes de
la Marche et du Poitou. Confolens fut le siège d'une
commanderie de l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit
aux XIIème siècle et XVIIIème
siècle ; la chapelle a servi aux pénitents blancs en
1656. Au XVIème siècle, elle s'émancipe de
la tutelle de Chabanais.
La construction des halles
affirme son rôle de plaque tournante entre la côte qui
fournit le sel, l'Angoumois et la Saintonge qui donnent
leurs vins et le limousin, fournisseur de cuir et de
bois. La baronnie qu'elle est devenue est érigée en
comté en 1604 par le roi Henri IV. Au XVIIème
siècle, trois établissements religieux importants sont
construits en périphérie des zones alors urbanisées
de Confolens : le couvent des Récollets, le couvent
des Clarisses et la maison des sœurs de la Charité.
En 1714, l'élection de Confolens, jusqu'alors rattachée
à la généralité de Limoges, revient à la généralité
de Poitiers, alors que la baronnie de Champagne-Mouton
quitte l'élection de Niort pour gagner celle de Confolens.
Mais le faubourg du Goire reste dans la généralité de
Limoges. En 1764, le consulat de Confolens est supprimé
et remplacé par une mairie et des échevins. Ces charges
sont électives jusqu'en 1774, puis établies à titre
d'offices. Une délibération du corps de la ville de
Confolens, en date du 5 avril 1777, indique que le pont
Vieux était défendu par trois tours dites de Saint-Maxime,
du Mi et de Saint-Barthélemy.
Jarnac : Cette petite cité de Charente est devenue célèbre pour y être la dernière demeure de François Mitterrand, Président de la République de 1981 à 1995. Elle est aussi célèbre pour un fameux duel qui, s'étant déroulé dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye restera dans l'histoire sous le nom de "Coup de Jarnac"
Ce qui a rendu rendu le nom de
Jarnac historique, est la bataille que se livrèrent
non loin de ses murs, sur les bords du ruisseau de Bassac,
les armées catholiques et protestantes. Le duc d'Anjou,
qui régna depuis sous le nom de Henri III, commandait
les catholiques ; il franchit le ruisseau qui séparait
les deux armées avant que Coligny, son adversaire, eût
eu le temps de rallier ses forces éparses; les trois
corps principaux dont elles se composaient furent défaits
successivement. Condé, qui en commandait un, blessé
la veille par une chute de cheval et portant le bras
en écharpe, arriva le dernier sur le terrain. Au moment
où il rejoignait Coligny, la monture de son beau-frère,
le comte de La Rochefoucauld, lui cassa la jambe par
une ruade. Sans s'émouvoir de ce nouvel accident, présage
sinistre du sort qui l'attendait « Allons, noblesse
française, s'écria-t-il en s'adressant à 300 gentilshommes
environ qui l'entouraient et auxquels il montrait sa
jambe, voici le combat que nous avons tant désiré; souvenez-vous
en quel état Louis de Bourbon y entre pour Christ et
sa patrie. » C'était une allusion à la devise de sa
cornette Doux le péril pour Christ et le pays. Puis
il s'élança au milieu de la mêlée il fut bientôt entouré
par ses ennemis, dont le nombre ne lui laissait aucune
espérance de salut ; ses compagnons lui conseillaient
la retraite « A Dieu ne plaise, répondit-il, qu'on dise
jamais que Bourbon ait fui devant ses ennemis. Obligé
cependant de céder à la masse des assaillants, il se
rendit à d'Argence, gentilhomme qui devait la vie à
ce prince et qui fit tous ses efforts pour sauver la
sienne ; mais, ayant été reconnu par les compagnies
du duc d'Anjou et voyant ces troupes marcher à lui,
il dit à d'Argence « Je suis mort, tu ne me sauveras
jamais.» En effet, Montesquiou, capitaine des gardes
du duc d'Anjou, arrive « Tuez, tuez, » s'écrie-t-il
en jurant, et lui-même, d'un coup de pistolet, il casse
la tête au malheureux prince. Des deux côtés, l'acharnement
était extrême. Un vieillard calviniste nommé La Vergne
défendit le corps du prince avec vingt-cinq jeunes gens,
ses fils, petits-fils et neveux, jusqu'à ce que lui-même
et quinze des siens fussent tués et presque tous les
autres faits prisonniers.
Le duc d'Anjou déshonora
sa victoire par la joie la plus indécente et les vengeances
les plus ignobles il se fit apporter le corps du premier
prince du sang attaché sur une vieille ânesse, et il
l'insulta par les plus lâches quolibets. C'est à ce
propos que courut le mauvais quatrain si souvent cité
« Lan mil cinq cent soixante-neuf, Entre
Jarnac et Châteauneuf,
Fut porté mort sur un âne
le grand ennemi de la messe. »
Il y a quelque
chose de triste et de répugnant à voir un poète famélique
célébrer, même dans de mauvaises rimes, un véritable
assassinat mais combien n'est-il pas plus affligeant
encore de voir le fanatisme religieux égarer les meilleurs
esprits au point d'inspirer à Ronsard lui-même des vers
tels que ceux-ci, à propos de la défaite des protestants
à Jarnac :
« Ils ont été foudroyés,
Poudroyés
Sur les bords de la Charente;
Charente, qui prend
son nom D'Achéron,
A leurs esprits sert de guide
Et d'esbat pour traverser
Et passer
Au rivage
Achérontide. »
Jarnac est situé au milieu
d'un charmant paysage, sur la rive droite de la Charente,
que traverse en cet endroit un pont suspendu d'une construction
hardie, élégante et solide. Aucun vestige ne reste du
vieux et magnifique château de Jarnac, construit en
1467, ni des magnifiques jardins qui l'entouraient mais
on voit encore quelques restes des anciens remparts.
La ville est bien bâtie elle possède de nombreuses distilleries
; il s'y fait un commerce considérable de cuirs, de
bestiaux, de bons vins rouges, et surtout d'eaux-de-vie
dites de Cognac, qui se distillent dans les communes
environnantes.
La Rochefoucauld (Rupes -Fucaldi),
est le berceau de la puissante famille qui a illustré
ce nom. Cette terre avait depuis longtemps déjà le titre
de baronnie, lorsqu'en 1515 elle fut érigée en comté
en faveur de François Ier de La Rochefoucauld,
chambellan des rois Charles VIII et Louis XII, assez
estimé à la cour pour avoir eu l'honneur de tenir sur
les fonts baptismaux François 1er de Valois,
qui devint depuis roi de France.
Trois siècles après,
l'influence toujours croissante de la maison de La Rochefoucauld
déterminait l'érection de l'ancien comté en duché-pairie.
Le seigneur le plus illustre de cette famille fut François
VI, prince de Marsillac, né en 1613. Sa liaison précoce
avec l'ambitieuse duchesse de Longueville le lança de
bonne heure dans la politique, fort agitée à cette époque.
François fut un des héros de la Fronde ; au combat du
faubourg Saint Antoine, il reçut un coup de mousquet
qui le priva de la vue pendant quelque temps. Il était
jeune, il était amoureux, il fut poète. On se rappelle
encore ces vers tirés d'une de ses tragédies bien oubliées
aujourd'hui, Alcfonée
« Pour mériter son cœur,
pour plaire à ses beaux yeux,
J'ai fait la guerre
aux rois, je l'aurois faite aux dieux »
La transparence de l'allusion en explique le succès mais ce n'est pas la poésie qui devait faire la gloire de cet esprit froid et observateur, de ce cœur un peu sec, c'est l'auteur des Maximes surtout, que la France a adopté parmi ses illustrations littéraires. Il a un autre titre encore à la reconnaissance de la postérité il ne se contenta pas d'encourager les lettres par son exemple, sa maison fut grande ouverte à toutes les célébrités de son temps Racine, Boileau, Mme. de Sévigné et de La Fayette, trouvèrent au château de La Rochefoucauld une hospitalité digne d'eux. Le parc, dont les ombrages ont abrité ces glorieux talents, est aujourd'hui la promenade publique de la ville. Le vieux manoir, qui date du moyen âge, est d'une architecture remarquable il est flanqué de quatre grosses tours rondes à combles pyramidaux, dominés à leur tour par un donjon plus élevé et qui paraît d'une construction beaucoup plus ancienne. Le parc et le château ne sont pas les seules curiosités de la ville on y remarque, en outre, deux anciennes églises, l'une du XIème et l'autre du XIIIème siècle, et un vieux pont sur la Tardoire.
Selon la légende, la double distillation fut inventée par le chevalier Jacques de la Croix Baron de Segonzac, homme fort pieux qui fit le rêve que Satan tentait de damner son âme. Il se vit en songe dans le chaudron du Malin ; mais sa foi était si profondément ancrée en lui que son âme résista à une première «cuisson». Le Malin, pour arriver à ses fins, fut obligé de la soumettre à une deuxième «cuisson». À son réveil, le chevalier eut l'idée d'appliquer son rêve au vin des Charentes.
Avant le XVIIIème siècle et la découverte de la fameuse mèche hollandaise, qui consiste à brûler du soufre dans les barriques, le vin ne se conservait pas. Il était commercialisé Claret, c’est à dire un rosé très foncé et il fallait le boire dans l’année sous peine de se retrouver avec un tonneau de vinaigre. Les vendanges ayant lieu en septembre le vin était commercialisé en juin. On pouvait assister au spectacle étonnant d’une centaine de galions de toutes nations, ancrés au milieu de la Garonne, venant acheter leur vin à Bordeaux. Les Bordelais plus malins que les autres, avaient obtenu par une charte, signée du Roi d’Angleterre, le privilège de commercialiser leur vin avant ceux des hauts pays, et notamment de la Charente et de Bergerac. Ce qui fait que les braves vignerons de l’Angoumois et du Cognac ne pouvaient vendre leur vin qu’en septembre voir même qu’en décembre, et bien sûr le vin était juste bon à assaisonner la salade.
Il faut signaler
également que les vins de Charente étaient
d'une piètre qualitée par rapport à leurs
voisins du bordealais; A Cognac on s’est
donc résolue non pas à faire du vin mais
à distiller les récoltes pour en obtenir
de l’eau de vie, celle-ci étant stockée
dans des barriques en bois de chêne.
Et puis, au fils des ans, les stocks d’alcool
devenant de plus en plus considérables,
un petit malin se résolue à distiller son
stock une seconde fois afin d’en diminuer
le volume. Et le résultat fut la découverte
d’une nouvelle boisson, le chêne des tonneaux
ainsi que les résultats de la seconde distillation
venaient de donner naissance au Cognac.
Les Anglais en le coupant avec un peu d’eau
en firent le Brandy, très prisé par les
vieilles demoiselles anglaises qui le dégustent,
le petit doigt en l’air, à l’heure du Thé.
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