La Côte d’Or, département situé à l’Est du grand
bassin parisien. Son point le plus haut culmine au Mont de Gien à 723
mètres d'altitude, dans le massif du Morvan, alors que son point le
plus bas est lui à 176 mètres vers la fin de la Saône.Il est entouré
des départements de l'Yonne, de la Nièvre, de Saône-et-Loire, du Jura,
de la Haute-Saône, de l'Aube et de la Haute-Marne.
La Côte-d'Or est
le seul département français qui n'a pas été nommé selon un critère
géographique comme le sont les plupart des départements français. Le
nom Côte d'Or fut choisi par Charles-André-Rémy Arnoult, avocat au parlement
de Dijon et député de l'Assemblée constituante de 1789, qui proposa
ce nom, s'inspirant de la teinte dorée que prenaient les vignes de la
région à l'automne. Le terme côte vient, lui, du relief de la région
sur lequel poussent ces vignes. Côte d'Or l'emporta donc sur d'autres
propositions telles que Haute-Seine ou Seine-et-Saône et c'est à partir
du nom de ce département que le terme « côte d'Or » finit par s'imposer
pour désigner l'escarpement sur le versant duquel1 sont élevés, au nord,
les vins de la côte de Nuits et au sud ceux des côtes de Beaune.
Ce département dans lequel la Seine prend sa
source à Source Seine, à aussi la particularité d'avoir des cours d'eau
qui alimente trois des plus grands fleuves de France :
- l'Armançon,
le Serein et l'Aube qui coulent vers la Seine, qui elle-même prend sa
source dans le département, sur le plateau de Langres à Source-Seine.
- l'Arroux qui prend sa source dans le sud du département traversant
Arnay-le-Duc et qui rejoint la Loire par la suite.
- la Saône, principal
affluent du Rhône qui traverse une bonne partie de l'est du département.
La Bourgogne est l'un des grands terroirs viticoles de notre pays.
Des crus prestigieux comme les Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny,
Vosnes-Romanée, Nuits-Saint-Georges, Pommard, Meursault, Pullligny-Montrachet,
Chassagne-Montrachet, sans oublier les Hospices de Beaune et Corton-charlemagne
qui sont les fleurons de l’art de la table française.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie
:8 763 km²
Population: 533 213 hab (2016)
Dénsité : 61 hab./km²
Nb de communes : 699
Par sa position géographique,
la richesse et l'étendue de son territoire, l'importance
de ses villes, le département de la Côte-d'Or est celui
dans lequel se caractérise le plus la physionomie historique
de l'ancienne Bourgogne.
Avant la conquête romaine
et l'invasion des Burgondes, qui ont, laissé leur nom
à la province où ils s'installèrent, cette contrée,
comprise dans la Gaule celtique était habitée par les
Lingons, tribu vaillante, fort ancienne, et qui se partageait
avec les Séquanais et les Éduens toute la région orientale
de la France actuelle.
La religion, les mœurs des
Lingons étaient celles des autres peuples de la Gaule;
ils croyaient à l'unité de Dieu et à l'immortalité de
l'âme; ils avaient une espèce de royauté élective et
responsable, dont le pouvoir civil, judiciaire et militaire,
était, en beaucoup de cas, subordonné à l'autorité religieuse
du grand prêtre, chef des druides.
L'esprit belliqueux
et entreprenant de ces populations les avait souvent
entrainées dans de lointaines expéditions. Longtemps
ils furent conquérants avant d'être conquis à leur tour
en 590 ans avant l'ère chrétienne, Sigovèse avait établi
des colonies dans la Bohême et la Bavière, et Bellovèse
avait fondé plusieurs villes dans le nord et l'est de
l'Italie. Brennus avait pris Rome. Deux autres chefs
gaulois, Léononius et Lutarius, avaient pénétré jusqu'à
Delphes, en Asie, et y avaient constitué la tétrarchie
des Galates. Les Lingons avaient figuré dans toutes
ces entreprises, et on leur attribuait spécialement
la fondation des villes d'Imola et de Budrio. Lorsque
l'invasion des Helvètes ; les menaces d'Arioviste, chef
des Suèves, et la rivalité entre les Éduens et les Arvernes
eurent amené sur les bords de la Saône les Romains déjà
maîtres de la Gaule narbonnaise, les Lingons furent
un des premiers peuples auxquels ils offrirent leur
amitié. Le respect qu'ils professèrent dans les premiers
temps pour les coutumes et l'indépendance de leurs nouveaux
alliés établit entre les deux nations l'union la plus
cordiale et la plus sympathique. Des volontaires Lingons
se joignirent aux Éduens, qui voulurent accompagner
César dans sa descente en Grande-Bretagne. Dans la guerre
même de l'indépendance, guerre dont Vercingétorix fut
le héros et la victime, les Lingons restèrent fidèles
à la foi promise, malgré l'exemple que leur donnaient
les Éduens, ces vieux alliés de Rome, qui se repentaient,
mais trop tard, d'avoir été les premiers à accepter
le patronage de tels voisins.
Les Lingons s'attachèrent plus
étroitement à la fortune du conquérant des Gaules, qui
sut avec tant d'habileté recruter ses légions parmi
ceux qu'il venait de vaincre. Ils combattirent pour
lui à Pharsale ; et si les trésors de la Gaule, si Vercingétorix
enchainé, figurèrent dans le cortège du triomphateur,
on vit aussi plus d'un Gaulois quitter ses braies pour
revêtir la toge du sénateur.
C'est par les séductions
de la paix que César voulait achever l'œuvre de ses
victoires. Les provinces gauloises furent administrées
sous son règne avec la plus grande douceur. On n'enleva
aux populations ni leurs terres ni leurs droits municipaux.
Les grands furent dédommagés, par des titres et par
des honneurs nouveaux, des dignités qu'ils avaient perdues.
L'agriculture fut exercée dans les mêmes conditions
qu'en Italie, la navigation était libre sur le Rhône,
la Saône, la Loire, même sur l'Océan. Aussi les luttes
du second triumvirat n'eurent-elles aucun retentissement
dans la Gaule épuisée et assoupie. Auguste continua
la politique de César. Il fit plusieurs voyages et de
longs séjours dans la Gaule, défendit ses frontières
contre les Germains, y appela de nombreuses colonies,
embellit les villes, en fonda de nouvelles, couvrit
le pays de larges et magnifiques routes, imposa, enfin,
sa domination avec tant d'habileté qu'à sa mort les
vaincus avaient adopté les mœurs, les habillements,
la religion et les lois des vainqueurs. La tyrannie,
les exactions de Tibère et de Néron suscitèrent les
révoltes promptement comprimées de Sacrovir et de Vindex.
Le vieux sang gaulois était appauvri et vicié ; pour
le rajeunir, il fallait d'autres éléments que l'influence
d'une civilisation corruptrice et le contact des races
abâtardies de la Rome des Césars.
Le seul épisode
qui mérite d'arrêter les regards dans cette longue période
de servitude et d'abjection est l'audacieuse tentative
de Sabinus et le dévouement héroïque d'Éponine, son
épouse. L'incendie du Capitole, qui avait marqué la
mort de Vitellius, était représenté par quelques vieux
druides comme un présage de ruine pour la puissance
romaine.
Les Lingons prirent les armes et choisirent
pour chef Sabinus, leur compatriote, qu'on prétendait
issu de Jules César. Ceux de Trèves se joignirent à
eux mais les Séquanais et les Autunois, dont Sabinus
avait autrefois pris d'assaut la capitale, marchèrent
contre les révoltés et les défirent quant aux Lingons,
ils se réconcilièrent avec Domitien en lui envoyant
un secours de 70,000 hommes contre les barbares qui
menaçaient les frontières romaines.
L'abbaye de Fontenay est probablement la plus belle abbaye cistercienne entièrement conservée en France et c'est l'une des merveilles de la Bourgogne. L'ensemble, dont la fondation par l'abbaye-mère de Cîteaux remonte à 1118, est remarquable par son harmonie, sa simplicité et son dépouillement, caractéristiques de l'art cistercien. Contrairement à la plupart de ses sœurs, Fontenay conserve dans son vallon sauvage au cœur de la forêt formant un cadre naturel plein de charme, la plupart de ses bâtiments abbatiaux groupés autour d'un magnifique cloître. On peut y visiter la Salle capitulaire, le Scriptorium, le Dortoir des Moines et le bâtiment admirable de la Forge. L'église abbatiale est elle aussi un chef-d'œuvre de l'art cistercien, illustrant parfaitement son caractère austère. Sa nef sous berceau brisé et son chœur à chevet plat sont les éléments propres aux églises cisterciennes. Une visite à l'abbaye de Fontenay s'impose aux visiteurs comme un voyage inoubliable au temps des moines blancs.
C'est vers cette époque, au moment
même où l'œuvre de dissolution semble accomplie, que
commencent à apparaitre les premiers symptômes de régénération.
On fait remonter à la fin du IIème siècle
les premières prédications de l'Évangile en Bourgogne.
La tradition la plus probable et la plus répandue donne
à cette province pour premiers apôtres les disciples
de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, qui, après avoir
pénétré dans la Gaule par le Vivarais, et ayant trouvé
l'Église de Lyon déjà florissante, grâce aux prédications
de Pothin et d'Irénée, s'avancèrent jusqu'à Autun, et
de là se partagèrent la gloire et les périls de la conversion
du pays. Autun eut pour martyr un des premiers néophytes,
le jeune Symphorien. Andoche et Thyrse, ses maitres
dans la foi, périrent à Saulieu, et Bénigne, leur compagnon,
à Dijon, vers 178, sous le règne de Marc-Aurèle. Le
sang des victimes fut une semence féconde de chrétiens,
et lorsque, en 311, Constantin donna la paix à l'Église,
chaque ville, après avoir eu son martyr, avait enfin
son pasteur. Pendant que ces germes de salut se développaient,
pendant que cette force inconnue grandissait dans l'ombre,
rien ne saurait donner une idée de l'horrible confusion
au milieu de laquelle agonisait le vieil empire romain
séditions des légions nommant chacune leur empereur,
guerres civiles, déchirement des provinces, pestes,
famines, exactions. Le vieux monde se précipitait dans
le christianisme comme dans un refuge ; mais ce monde
était trop usé, trop fini, trop bien mort pour apporter
à la foi nouvelle la force d'expansion nécessaire à
la reconstitution d'une autre société ; c'est alors
qu'arrivent les barbares. Alains, Vandales, Suèves,
Gépides franchissent le Rhin, descendent des Alpes,
pénètrent jusqu'en Espagne, jusqu'en Afrique, sans que
la Saône ou le Rhône les arrêtent, sans laisser d'autres
traces de leur passage que des monceaux de ruines. Derrière
eux s'avance lentement une lourde armée de géants ;
c'étaient les Burgondes. Pline en fait la principale
tribu des Vandales ; Procope et Zosime les disent également
Germains d'origine et de nation vandale. Voici le tableau
qu'en a tracé le savant et consciencieux historien de
la Bourgogne, Courtépée « Ces peuples, nés au milieu
des forêts, étaient ennemis de la contrainte ; la liberté
faisait tout leur bonheur, la chasse leur occupation,
les troupeaux et les esclaves leurs richesses. Sans
patrie et sans demeure fixe, ils ne redoutaient que
la servitude. Ils n'avaient aucun art agréable ; mais
ils pratiquaient l'hospitalité et toutes les vertus
des peuples sauvages. Ils n'avaient pour arme que la
framée, espèce de lance ou de hallebarde, la fronde,
l'épieu, la hache, qui servaient également pour attaquer,
pour se défendre et pour bâtir leurs maisons. Ils marchaient
toujours armés, usage qu'ils conservèrent après leur
conquête. On dit qu'ils portaient la figure d'un chat
sur leurs boucliers, emblème de la liberté qu'ils voulaient
conserver partout. Ils avaient des chefs, mais ils n'avaient
point de maitres. Ces chefs, qui prenaient le titre
de hendin, furent d'abord électifs. Leur autorité n'avait
d'autre terme que celui du bonheur de la nation. Ils
n'étaient pas seulement comptables de leurs fautes personnelles,
ils l'étaient aussi des caprices de la fortune ou des
fléaux de la nature. On les déposait lorsqu'ils avaient
perdu une bataille ou mal réussi dans leurs entreprises,
ou dans un temps de stérilité. Leurs prêtres étaient
traités bien plus favorablement. Le pontife, nommé sinist,
était perpétuel; son pouvoir surpassait celui du hendin,
et s'étendait au droit de punir les coupables le respect
des peuples le mettait lui-même à l'abri de toute révolution.
»
Tel était le peuple qui devait conquérir une partie si importante de la Gaule. Des bords de la Vistule et de l'Oder il arriva, vers 275, sur les bords du Rhin, fit plusieurs tentatives infructueuses pour le franchir, et s'établit sur la rive droite, où il demeura jusqu'en 407. C'est pendant les dernières années de ce séjour que la religion du Christ pénétra chez les Burgondes ils avaient entendu parler d'un Dieu puissant dont le culte s'était nouvellement établi dans les Gaules. Ils envoyèrent des députés aux évêques voisins pour se faire instruire ; et ceux-ci, ayant été baptisés, rapportèrent la foi à leurs compatriotes. Quoiqu'on ignore la date précise de leur conversion, elle est généralement attribuée aux prédications de saint Sévère, évêque de Trèves en 401. Quelques années après, Stilicon, général des armées romaines, Vandale d'origine, devenu tuteur d'Honorius, fit alliance avec les Alains, les Suèves, les Vandales, et les appela dans les Gaules pour l'aider à placer sur le trône impérial son propre fils Euchérius. Les Burgondes franchirent alors le Rhin à la suite des autres barbares ils se rendirent maîtres, presque sans obstacle, des pays situés entre le haut Rhin, le Rhône et la Saône. Impuissant à leur résister, le patrice Constance général d'Honorius, fit avec eux un traité solennel, qui leur assurait à titre d'hôtes et de confédérés la possession de presque tout le territoire dont ils s'étaient emparés. Ils élurent alors un roi ; leur choix tomba sur Gondicaire, le même sans doute qui était kendin lors du passage du Rhin en 407, et qu'on peut regarder comme le fondateur de la première monarchie bourguignonne. Trois nations différentes vivaient donc alors sur le même sol : les Gaulois, les Romains et ces nouveaux conquérants, les Burgondes. C'est de la fusion de ces éléments divers que se forma la race régénérée. Gondicaire justifia par sa conduite habile le choix de ses compatriotes. Sa capitale et sa résidence fut d'abord Genève, qui était alors au centre de ses États; plus tard, ayant soumis toute la province lyonnaise, il transféra à Vienne, en Dauphiné, le siège de la monarchie, se rendit maitre d'Autun et de toute la Séquanaise, porta ses armes jusque dans la Belgique et le pays de Metz, et ne fut arrêté dans ses conquêtes que par le patrice Aétius, qui, justement alarmé des envahissements de ses anciens alliés, leur déclara la guerre et les défit dans une sanglante bataille, en 435. Vainqueurs et vaincus se réunirent bientôt contre un ennemi qui les menaçait tous ; les Huns se montraient de nouveau sur le Rhin, Gondicaire avait été tué avec vingt mille des siens en s'opposant à leur passage; Gondioc, son fils et son successeur, associa ses efforts à ceux d'Aétius pour combattre Attila, et partagea la gloire de la fameuse journée des plaines catalauniques. Fidèle aux traditions paternelles, il utilisa habilement les années de paix qui suivirent cette rude secousse.
C'est de ce règne que date la
répartition territoriale et cette législation bourguignonne
si profondément enracinée dans les mœurs du pays que,
dans plusieurs de ses parties, elle a continué à régir
la province jusqu'à la Révolution de 1789. Gondioc se
fit nommer patrice par les Romains, et obtint du souverain
pontife le titre de fils. II réunit à sa couronne le
pays des Lingons, celui des Éduens, le Nivernais, le
reste de la Lyonnaise et une partie de la Narbonnaise,
de sorte que son empire avait au midi la Méditerranée
pour limite. Il mourut à Vienne vers 470, laissant quatre
fils qui se partagèrent ses vastes États. La Bourgogne
et la Comté échurent à Gondebaud, patrice et maitre
de la milice dès 473, arbitre des destinées de l'empire
qu'il fit donner à Glycérius, et, en 476, souverain
indépendant lors de la ruine de la puissance romaine
sous Augustule. Le bien qu'on pouvait attendre de la
position ainsi simplifiée fut considérablement atténué
par les dissensions qui éclatèrent entre Gondebaud et
ses frères. Celui-ci, après avoir triomphé de toutes
les agressions, ensanglante ses victoires par des violences
que la barbarie du temps peut expliquer, mais que ne
saurait justifier l'histoire. Les représailles, au reste,
ne se firent pas attendre. Clotilde, seconde fille de
Chilpéric, un des frères de Gondebaud, qui avait eu
en partage Genève, la Savoie et une partie de la Provence,
après avoir échappé au massacre de sa famille vaincue
et dépossédée, était devenue la femme de Clovis, chef
des Francs.
Cette princesse poursuivit avec une persévérance
infatigable l’œuvre de vengeance qu'elle semblait s'être
Imposée, usant de toute l'influence qu'elle exerçait
sur son époux pour l'armer contre son oncle, suscitant
les scrupules du clergé de Bourgogne contre l'arianisme
qu'avait embrassé Gondebaud, éveillant toutes les convoitises
,envenimant toutes les haines contre celui dont elle
s'était promis la perte. Gondebaud déjoua toutes les
intrigues, repoussa toutes les attaques et lassa pour
un temps cette implacable hostilité. L'histoire de son
règne peut se diviser en deux parties la période belliqueuse,
toute remplie des luttes dont nous venons d'énoncer
l'origine et les résultats ; la période pacifique, consacrée
à l'organisation administrative et judiciaire du royaume
de Bourgogne.
C'est dans cette dernière surtout qu'il
faut chercher les titres de Gondebaud aux souvenirs
de l'histoire; il compléta, dans un esprit remarquable
de justice et d'humanité, l'œuvre commencée par son
père il réunit ses ordonnances modifiées et les édits
nombreux qu'il rendit lui-même dans une espèce de code
devenu célèbre sous le nom de Loi Gombette. Ce règne,
pendant lequel l'agriculture fut puissamment encouragée,
les ruines des villes relevées, d'innombrables établissements
ecclésiastiques fondés, marque l'apogée de la monarchie
de Gondicaire.
Gondebaud mourut à Genève en 516
; il eut encore deux successeurs, Sigismond et Gondemar
mais l'inaction de l'un et la faiblesse de l'autre rendirent
la tâche facile à la vengeance inassouvie de Clotilde
et à l'ardeur conquérante des Francs.
En 534, Clotaire et Childebert
rassemblèrent leurs forces et envahirent la Bourgogne
une seule bataille leur livra le pays. Gondemar alla
s'enfermer dans Autun, où il tenta de résister aux fils
de Clotilde; mais ce dernier effort fut si peu vigoureux,
si peu retentissant, qu'en enregistrant sa défaite,
l'histoire reste muette sur les destinées du vaincu.
En lui s'éteint la race de Gondicaire avec lui finit
le royaume de Bourgogne qui avait duré 120 ans. Les
princes francs se partagèrent les dépouilles de Gondemar
; Théodebert, roi de Metz, eut Besançon, Langres, Chalon
Genève et Viviers. Childebert, roi de Paris, et Clotaire,
roi de Soissons, eurent le reste jusqu'au moment où
ce dernier réunit sous son sceptre les États de ses
frères.
Un nouveau partage, qui eut lieu à sa mort
en 562, constitua un second royaume de Bourgogne au
bénéfice de son second fils, Gontran, possesseur en
outre d'Orléans et du territoire de Sens. Rien de plus
lugubre à la fois et de plus confus que les annales
de cette dynastie mérovingienne des rois de Bourgogne.
La seule figure de Gontran repose le regard épouvanté
de toutes les horreurs qui signalent la longue et sanglante
rivalité de Frédégonde, et de Brunehaut. Le peuple l'aimait,
disent les chroniques du temps quand il approchait d'une
ville, les habitants allaient au-devant de lui avec
des bannières en criant Noël! Après sa mort, il fut
mis au nombre des saints; et, cependant, on rapporte
que la dernière de ses trois femmes la belle Austrégide,
lui ayant demandé comme grâce en mourant de faire périr
ses deux médecins, parce qu'ils n'avaient pas eu l'habileté
de la guérir, il eut la faiblesse d'accomplir ce vœu
barbare ; ajoutons que c'est le premier prince qui se
soit fait entourer de gardes et, s'il faut accepter
qu'il fut le meilleur roi de son temps, écrions-nous
avec l'historien que nous avons déjà cité :« Quels
rois, quel siècle, quelles horreurs! »
Childebert,
sans changer son titre de roi d'Austrasie, hérita de
la plus grande partie de la haute Bourgogne, qu'il conserva
seulement trois ans et quelques mois. Thierry son second
fils est 10 deuxième prince mérovingien qui soit désigné
sous le nom de roi de Bourgogne et d'Orléans il se laisse
diriger par Brunehaut, son aïeule ; l'histoire de son
règne n'est qu'un tissu de trahisons, de massacres et
d'atrocités de tout genre. Il meurt subitement à Metz
d'un flux de sang, à l'âge de vingt-six ans, après en
avoir régné dix-huit, et précédant de quelques mois
seulement dans le tombeau sa terrible aïeule, dont-fait
justice à son tour Clotaire II, fils de Frédégonde.
La première apparition des maires du palais à la cour
de Bourgogne se rattache au règne de Thierry ; et ce
sont les intrigues de Varnachaire II, revêtu de cette
dignité, qui livrent Brunehaut à Clotaire et facilitent
à ce prince, par la défaite des fils de Thierry, la
réunion de la Bourgogne à la France. Les deux royaumes
sont régis par le même sceptre et suivent les mêmes
destinées jusqu'à la fin du IXème siècle,
époque de la constitution des grands établissements
féodaux sous les successeurs de Charlemagne. Charles
le Chauve avait trouvé dans la fidélité de la noblesse
bourguignonne un précieux appui contre les attaques
de Louis le Germanique; mais toutes les leçons de l'expérience
étaient perdues pour ce prince incapable.
Son fils, Louis le Bègue, ne
comprit pas davantage la nécessité de réunir en faisceau
les forces éparses de la monarchie défaillante. Sous
son règne, la confusion et l'anarchie augmentèrent encore,
le morcèlement du territoire ne rencontra plus d'obstacle.
Trois nouveaux royaumes furent formés avec les débris
de l'ancien royaume de Bourgogne : celui de Provence
ou de Bourgogne cisjurane, par Boson, élu roi au concile
de Mantaille, en 879 ; celui de Bourgogne transjurane,
par Rodolphe, couronné à Saint-Maurice, en Valais, en
888; et celui d'Arles, composé des deux premiers, en
930.
Quant à la Bourgogne proprement dite, elle resta
sous le gouvernement des ducs héréditaires, dont nous
avons ici principalement à nous occuper. L'origine des
premiers ducs de Bourgogne était illustre, et ce qui
vaut mieux encore, nous retrouvons là, comme à la souche
de presque toutes les grandes dynasties féodales, un
de ces hommes auxquels il n'a manqué qu'un autre théâtre
pour que l'histoire les mette au rang de ses héros.
Richard le Justicier, comte d'Autun, était fils de Beuves,
comte d'Ardenne, frère de Boson, roi de Provence, et
sa sœur Richilde avait épousé Charles le Chauve en 870.
Sans vouloir nier ce que ces hautes alliances durent
ajouter à son crédit, on peut dire qu'il fut surtout
le fils de ses œuvres. Sincèrement et loyalement dévoué
au roi son bienfaiteur, il le défendit contre les entreprises
de sa propre famille. Il battit, en 880, les troupes
de son frère Boson près de la Saône, mit garnison dans
Mâcon au nom des rois Louis et Carloman, et donna le
gouvernement de cette ville à Bernard, dit Plantevelue,
tige des comtes héréditaires de Mâcon. Après s'être
emparé de Lyon, il assiégea Vienne, dont il chassa Boson,
et emmena prisonnière à Autun sa femme Hermangarde avec
ses enfants, en 882. Il secourut Charles le Simple contre
Eudes, comte de Paris, défit une première fois, en 888,
dans les-plaines de Saint-Florentin, les Normands, qui
avaient pénétré dans la Bourgogne et dévasté Bèze remporta
de nouvelles victoires sur eux, avec l'aide des Auxerrois
conduits par leur évêque Géran, gagna, contre le fameux
chef Rollon, une bataille décisive auprès de Chartres,
et fit lever le siège de cette ville en 911. Étant à
l'agonie, et les évêques l'exhortant à demander pardon
à Dieu d'avoir versé tant de sang humain « Quand
j'ai fait mourir un brigand, répondit-il, j'ai sauvé
la vie aux honnêtes gens, la mort d'un seul ayant empêché
ses complices de faire plus de mal. » Il mourut
à Auxerre en 921, laissant de sa femme Adélaïde, sœur
de Rodolphe Ier, roi de la Bourgogne transjurane,
trois fils Raoul son successeur, qui devint ensuite
roi de France, Hugues le Noir et Boson.
Les ducs bénéficiaires de Bourgogne
furent au nombre de sept, et régnèrent, de 880 à 1032,
dans l'ordre suivant après Richard Raoul le Noble, qui
fut roi pendant la captivité de Charles le Simple à
Péronne il eut pour successeur son beau-frère, Gilbert
de Vergy, qui maria sa fille ainée à Othon, fils de
Hugues le Grand, Hugues le Noir, second fils de Richard,
occupa pendant quelque temps le duché à la mort de Gilbert,
plutôt comme usurpateur que comme héritier; il en fut
dépossédé par Louis d'Outre-mer au profit de Hugues
le Blanc ou le Grand, cinquième duc. On connait la haute
fortune de cette maison pendant que Hugues Capet mettait
la couronne de France sur sa tête, ses deux frères,
Othon et Henri, possédaient successivement le duché
de Bourgogne. La mort du septième et dernier duc Henri
fut le signal de violentes contestations, de luttes
sanglantes et d'une nouvelle répartition territoriale.
Il avait laissé un fils adoptif, Othe-Guillaume, qui,
soutenu par une partie des populations et les sympathies
de la noblesse, prétendait à la succession de Henri
le roi Robert neveu paternel du duc, revendiquait de
son côté l'héritage comme étant son plus proche parent;
la guerre éclata; enfin, après treize ans d'une lutte
indécise et ruineuse l'intervention de l'évêque d'Auxerre
amena un arrangement en vertu duquel le duché de Bourgogne
était restitué à Robert, tandis que Othe conservait
viagèrement le comté de Dijon.
Par une singulière
coïncidence, à peu près à la même époque où le duché
bénéficiaire prenait fin par sa réunion au domaine de
la couronne, le second royaume de Bourgogne s'éteignait,
après cent cinquante ans de durée dans la personne d'Eudes,
comte de Troyes, tué dans sa lutte contre Conrad Il.
Des débris de ce royaume furent formés les comtés de
Provence, de Savoie, de Viennois, de Bourgogne ou Franche-Comté
le reste fut réuni par Conrad à l'Empire. Ce comté de
Bourgogne fut donné aux descendants de Othe en échange
du comté de Dijon, et Lambert, évêque de Langres, ayant
remis au roi Robert tous les droits qu'il possédait
sur cette ville, ce prince en fit, au préjudice d'Autun,
la capitale du duché qu'il donna à son fils Henri.
Le règne de Robert forme donc une des époques les plus
importantes de l'histoire de Bourgogne démembrement
et fin du second royaume de Bourgogne; formation d'un
comté et transformation du duché bénéficiaire fondé
par Richard le Justicier en un duché héréditaire qui
va devenir l'apanage des princes du sang royal. Tels
sont les faits essentiels qui se rapportent à cette
date.
Henri 1er, fils ainé de Robert,
nommé duc de Bourgogne en 1015, et devenu roi de France
en 1031, céda son duché à son frère Robert, tige d'une
dynastie de douze dues, qui possédèrent la province
de 1032 à 1361. Les termes de la charte d'octroi portent
que le duché est donné pour en jouir en pleine propriété
et passer à ses héritiers. Robert 1er, premier
duc de la première race royale, usa assez tyranniquement
de sa souveraineté; son règne fut tout rempli de violents
démêlés avec les Auxerrois; il mourut à Fleurey-sur-
Ouche, en 1075, après un règne de quarante-trois ans,
d'un accident tragique et honteux que l'histoire n'explique
pas. Son petit-fils, Hugues 1er, s'appliqua,
par la sagesse et la douceur de son administration,
à faire oublier les violences de son aïeul; il prêta
volontairement serment de maintenir les droits et privilèges
de la province, et commit à six barons l'autorité de
réprimer, même par les armes, les empiétements de ses
successeurs.
Après avoir remis son duché à
Eudes 1er, son frère, il se retira, en 1078,
à Cluny, sous la discipline de saint Hugues, son grand-oncle.
Le plus éloquent éloge des vertus de ce prince est dans
les phrases suivantes d'une lettre que le pape Grégoire
VII écrivait à l'abbé de Cluny, pour lui reprocher d'avoir
encouragé la résolution de Hugues « Vous avez enlevé
le duc à la Bourgogne, et par là vous ôtez à cent mille
chrétiens leur unique protecteur. Si vous ne vouliez
pas exécuter mes ordres qui vous le défendaient, au
moins eussiez-vous dû être sensible et céder aux gémissements
des pauvres, aux larmes des veuves et aux cris des orphelins.
»
Les ravages d'une peste horrible, qu'on appela
le feu sacré, et la fondation de l'ordre des chartreux
par saint Bruno sont les évènements les plus importants
qui se rattachent à ce règne. Eudes se croisa et alla
mourir à Tarse, en Cilicie, en 1102.
Hugues II,
son fils, mérita le surnom de Pacifique. Il fut l'ami
de saint Bernard et s'occupa beaucoup de pieuses fondations.
L'ainé de ses fils et son successeur, Eudes II, hérita
de ses vertus. Quoiqu'il se soit décidé deux fois à
faire la guerre, d'abord pour consacrer ses droits de
suzeraineté sur Saint-Germain d'Auxerre, Saint- Florentin
et le comté de Troyes, que lui contestait Thibaut, son
beau-père, et ensuite pour aller délivrer des Sarrasins
son cousin Alphonse de Portugal, il prouva qu'il estimait
les bienfaits de la paix à leur juste valeur en refusant
de céder au grand entrainement qui poussait vers la
terre sainte les rois, princes et seigneurs de son temps.
Il préféra le bonheur de ses sujets à une gloire incertaine,
s'appliqua à faire régner l'union et la prospérité autour
de lui, et paya sa dette à la religion en fondant de
nouveaux monastères, en dotant ceux qui existaient déjà,
en achevant les constructions commencées, et notamment
la cathédrale d'Autun.
Hugues III, son fils, dont
le règne commença en 1168, sut moins bien résister à
la contagion des exemples; il guerroya contre les grands
vassaux ses voisins, prit la croix en 1178. Rejeté en
France par une violente tempête, il revint bâtir la
Sainte-Chapelle de Dijon, en accomplissement d'un vœu
qu'il avait fait au moment du danger. En 1190, il repartit
avec Philippe-Auguste et assista à la prise de Saint-Jean-d'Acre,
puis mourut à Tyr en 1192. Avant de quitter la Bourgogne,
il avait constitué la commune de Dijon.
Hugues III
semble revivre dans son fils Eudes III. Aventures lointaine,
exploits guerriers, affranchissement des communes caractérisent
ce règne comme le précédent. La participation à l'expédition
qui plaça Baudouin sur le trône de Constantinople, la
croisade contre les Albigeois avec Simon de Montfort,
la glorieuse journée de Bouvines en sont les dates les
plus éclatantes.
Le règne de Hugues IV fut heureusement
préparé par l'habile régence de sa mère, Alix de Vergy.
Dès qu'il fut majeur, le prince confirma la commune
de Dijon, il figura comme un des douze pairs au sacre
de Louis IX, ajouta à ses domaines le comté d'Auxonne
et fit reconnaitre sa suzeraineté sur celui de Mâcon.
Hugues fut un des plus fidèles compagnons de saint Louis
; il partagea ses périls et sa captivité dans la première
croisade. Le roi, de son côté, visita plusieurs fois
la Bourgogne ; il y laissa de profonds souvenirs de
sa sainteté et de sa justice. Hugues, après avoir refusé
au pape Innocent IV fugitif un asile dans ses États,
eut la faiblesse d'y accueillir, en qualité de grand
inquisiteur, un cordelier, Robert, fanatique et apostat,
qui trainait avec lui une femme perdue ; ce ne fut qu'après
de nombreuses exécutions et beaucoup de sang répandu
que les impostures de ce misérable furent dévoilées
Cet épisode est une tache regrettable dans l'histoire
de Hugues IV.
Après le massacre des Vêpres siciliennes, il fut chargé
d'aller secourir Charles de Naples. Philippe le Bel
le nomma grand chambrier de France, gouverneur du Lyonnais,
gardien du comté de Bourgogne, et, mission plus délicate,
son principal intermédiaire dans ses démêlés avec Boniface
VIII. Quoique chargé de si graves intérêts, Robert ne
négligea pas ceux de son duché un remaniement des monnaies
et d'importants accroissements de territoire classent
son règne parmi les plus glorieux de sa dynastie. Il
eut neuf enfants, dont plusieurs moururent avant lui
Hugues V, l'ainé des survivants, eut pour régente, pendant
sa minorité, sa mère, Agnès. À peine majeur, il mourut,
ne laissant de son règne si court que le souvenir de
sa brillante réception comme chevalier, et comme date
sanglante, la condamnation des templiers.
Eudes
IV, son frère, prit aussitôt possession du duché. Agnès
obtint qu'il transigeât avec les prétentions de Louis,
son dernier frère, en lui abandonnant le château de
Douesme avec une rente de 4,000 livres. A la mort de
Louis le Hutin, Eudes, à défaut d'héritier mâle, voulut
faire valoir les droits de Jeanne, sa nièce, fille du
roi défunt. L'application de la loi salique, réclamée
par Philippe le Long, régent du royaume, rendait vaines
ses réclamations pour le dédommager, Philippe lui donna
en mariage, avec 100,000 livres de dot, sa fille
ainée,
héritière par sa mère des comtés de Bourgogne et d'Artois.
L'accord se rétablit, et la confiance royale valut dans
la suite à Eudes une influence qu'il justifia par sa
sagesse et sa capacité. Il mourut dans cette désastreuse
année de laquelle un versificateur du temps a dit
En mil trois cent quarante-neuf,
De cent
ne demeuroient que neuf.
Son fils aîné était
mort trois ans auparavant d'une chute de cheval au siège
d'Aiguillon, laissant pour héritier unique son fils,
Philippe de Rouvres, âgé de cinq ans. La tutelle fut
confiée d'abord à Jeanne de Boulogne, mère du jeune
duc, et ensuite au roi Jean, qui épousa la noble veuve.
Jean vint à Dijon, en 1350, et il jura publiquement,
dans l'église de Saint-Bénigne, de conserver et maintenir
les franchises, immunités et privilèges de la province.
Cette période est tout entière
remplie par les calamités qu'entrainaient pour la France
les envahissements des Anglais, la Bourgogne n'était
pas plus épargnée .Châtillon avait été brulé, Tonnerre
pillé, Flavigny était devenu la place d'armes de l'ennemi
tout le pays étant ou envahi ou menacé, les trois ordres
des deux Bourgognes s'assemblèrent à Beaune, et on vota
200,000 moutons d'or, c'est-à-dire plus de 2,000,000
de livres, somme énorme pour le temps, comme rançon
de la province. Ce fut au milieu de ces calamités que
Philippe, ayant atteint l'âge fixé pour sa majorité,
fixée à quinze ans, prit, en 1360, le gouvernement du
duché. À peine venait-il de contracter avec Marguerite
de Flandre l'union arrêtée depuis longtemps et de ramener
son épouse dans son château de Rouvres, près de Dijon,
qu'un accident, une chute, mit fin à ses jours, en 1361.
Beaucoup d'espérances reposaient sur cette jeune tête
; son cœur semblait animé des plus nobles sentiments
Il vécut peu, a dit un historien, contemporain, et fut
longtemps regretté. Il fut le douzième et dernier duc
de la première race royale, qui avait régné trois cent
vingt-neuf ans.
Dès que le roi Jean apprit sa mort,
il prit possession de ses États, non comme roi de France,
mais comme plus proche parent du duc Ratione proximitatis,
non coronæ nostræ hommage éclatant rendu à l'indépendance
de la Bourgogne comme État. Après le traité de Brétigny,
il se rendit à Dijon, et là, solennellement et officiellement,
il unit et, incorpora le duché à la couronne. Cette
annexion, but d'une ambition à courte vue, ne devait
point encore être définitive, la pensée de constituer
l'unité française était alors encore loin des meilleurs
esprits le roi Jean, qui avait une prédilection marquée
pour Philippe, son quatrième fils, lequel d'ailleurs
l'avait vaillamment défendu à la bataille de Poitiers
en 1356, et avait partagé sa captivité en Angleterre,
lui donna le duché de Bourgogne à titre d'apanage, réversible
à la couronne faute d'hoirs mâles, l'institua premier
pair de France, dignité dont s'étaient prévalus dans
plusieurs occasions les ducs d'Aquitaine et de Normandie.
Philippe, surnommé le Hardi, inaugura donc, en 1363,
la seconde dynastie royale des ducs de Bourgogne. Après
avoir, selon l'usage, prêté serment de respecter les
privilèges provinciaux, il prit possession de ses vastes
domaines. Les temps étaient critiques, mais l'occasion
de se poser en libérateur n'en était que plus favorable
pour quiconque parviendrait à calmer l'orage et à éloigner
le péril. Philippe, aidé de Du Guesclin, débuta par
purger le pays des bandes indisciplinées de routiers,
écorcheurs et malandrins, qui le dévastaient ; il dompta
ensuite la terrible Jacquerie, et, déjà renommé par
ses exploits militaires, il consolida et agrandit sa
puissance par son mariage avec Marguerite de Flandre.
Cette alliance ajoutait à ses États les comtés de Bourgogne,
d'Artois, de Flandre, de Rethel, de Nevers, et en faisait
un des souverains les plus redoutables de l'Europe.
Le roi de France eut recours
à lui contre les attaques des Anglais et du roi de Navarre,
Charles le Mauvais. Philippe sut arrêter et contenir
l'ennemi ; il triompha de la patriotique révolte des
Gantois, commandés par l'héroïque Arteveld. Il reçut,
à Dijon le roi Charles VI avec une magnificence qui
devint traditionnelle à la cour de Bourgogne. Il acquit
le Charolais, en 1390, au prix de soixante mille écus
d'or. Il envoya son fils aîné, Jean, comte de Nevers,
avec une armée au secours de Sigismond, roi de Hongrie,
menacé par les musulmans. Pendant la maladie de Charles
VI, il avait été choisi par les états généraux, en 1392,
pour gouverner le royaume.
Cette préférence, en excitant
la jalousie de la maison d'Orléans, devint la source
d'une haine irréconciliable qu'en mourant il légua,
héritage funeste, à son fils Jean sans Peur. Ce prince
succéda à son père en 1406 ; il avait épousé, en 1385,
Marguerite de Bavière, dont la dot grossissait ses États
de trois comtés le Hainaut, la Hollande et la Zélande.
Ses premiers actes furent ceux d'un prince habile, mais
peu scrupuleux. Après avoir remis un peu d'ordre dans
les finances, compromises par les prodigalités de son
père, il donna satisfaction à la haine qui couvait dans
son cœur. Le 29 novembre 1407, Louis d'Orléans, en sortant
de l'hôtel Barbette, à Paris, où il avait soupé avec
la reine Isabeau de Bavière, tombait, rue Vieille-du-Temple,
sous les coups d'un gentilhomme normand, Raoul d'Octonville,
écuyer du duc Jean. La justice étant impuissante en
face d'un si grand criminel, la guerre éclata entre
Armagnac et Bourgogne le fils du duc d'Orléans avait
épousé la fille du comte d'Armagnac, et celui-ci se
posa en vengeur du duc d'Orléans La durée de cette triste
guerre ne fut interrompue que par les périls extrêmes
de la France et la désastreuse campagne qui aboutit
à la journée d'Azincourt. Ce jour-là les deux familles
rivales combattirent encore sous le même drapeau ; mais
la haine étouffa bientôt ce qui restait de patriotisme
et de loyauté. Jean, par un traité secret signé en 1416,
s'allia aux Anglais, et l'abandon de Rouen fut le gage
de sa trahison. Une sédition payée (celle de Périn et-Leclerc,
1418) et un massacre lui ouvrirent même les portes de
Paris, où il entra en triomphateur, salué par les acclamations
du peuple égaré, qui criait sur son passage Noël
! vive le duc de Bourgogne, qui abolit les impôts !
Mais ce triomphe fut de courte durée; le crime appelait
la vengeance; elle fut digne du coupable, digne des
mœurs du temps. Un projet de paix et de réconciliation
générale fut proposé, une entrevue avec le dauphin fut
convenue, et le rendez-vous fixé, pour le 10 septembre
1419, sur le pont de Montereau. L'entourage intime de
Jean avait été gagné ; il partit donc sans défiance;
mais quand il se fut avancé sur le pont, escorté de
dix chevaliers seulement, les complices du duc d'Orléans,
Tanneguy du Châtel et le sire de Barbazan à leur tête,
se précipitèrent sur les Bourguignons et percèrent Jean
de leurs coups. Les assassins voulaient jeter son corps
dans la Seine, mais le curé de Montereau obtint qu'il
lui fût remis ; il le garda jusqu'à minuit, le fit alors
porter dans un moulin voisin et le lendemain à l'hôpital,
où on l'ensevelit dans la bière des pauvres. La mort
de Jean sans Peur mit Philippe, dit le Bon, en possession
de ses États à l'âge de vingt-trois ans. Il était à
Gand lorsqu'il apprit la fin tragique de son père.
Brulant
du désir de le venger, il convoqua à Arras une assemblée
de grands seigneurs, à laquelle il invita le roi d'Angleterre,
qui était à Rouen. C'est là que fut préparé, pour être
conclu à Troyes en 1420, le monstrueux traité qui, de
complicité avec Isabeau, épouse et mère dénaturée, déshéritait,
au profit de l'étranger, le dauphin Charles VII, du
vivant de son père en démence.
Philippe, qui par la fin de son
règne racheta les fautes du commencement, fut alors
le complice de tout ce qui se trama et s'exécuta contre
la France. Son excuse est dans le souvenir encore récent
du meurtre de son père ; mais on ne peut même pas lui
faire un mérite de son repentir, car son retour à la
cause française fut déterminé surtout par les outrages
dont les Anglais l'abreuvèrent dès qu'ils crurent ne
plus avoir besoin de lui.
C'est en 1434, et par l'intervention
de Charles, duc de Bourbon, que furent posés les préliminaires
d'une réconciliation trop tardive et cimentée définitivement
par le traité d'Arras, le 21 septembre de l'année suivante.
L'insolence des termes prouve à quel point la royauté
de France était humble et faible devant ce vassal que
dédaignaient les Anglais. Charles désavoue le meurtre
de Jean, et Philippe, après l'énoncé des dédommagements
qui lui sont accordés, s'exprime ainsi : « A ces
conditions, pour révérence de Dieu et pour la compassion
du pauvre peuple, due par la grâce de Dieu, je reconnais
le roi Charles de France pour mon souverain. » Hâtons-nous
d'ajouter que jamais parole donnée ne fut mieux tenue,
et qu'à dater de cette époque la conduite de Philippe
fut aussi irréprochable qu'elle avait été jusque-là
criminelle.
La prospérité de ses peuples, le développement
des bienfaits de la paix devint son unique préoccupation.
L'union des deux maisons de France et de Bourgogne fut
resserrée par le mariage du comte de Charolais, héritier
de Philippe, avec Catherine de France, fille de Charles
VII.
Lorsque Louis XI, dauphin, quitta la cour de
son père, Philippe lui refusa un asile en Bourgogne,
où ses intrigues pouvaient être un danger pour la couronne
et lui offrit à Geneppe, dans ses terres de Flandre,
une hospitalité digne de son rang. Lors de la sédition
qu'occasionna, parmi les chefs de l'armée, la désorganisation
de l'ancien système militaire, il intervint entre les
rois et les rebelles, et obtint d'eux qu'ils renonçassent
à leurs projets de guerre civile. Quoique l'insubordination
de ses sujets flamands le tînt le plus souvent éloigné
de la Bourgogne, il y entretint toujours une administration
éclairée et paternelle. Son règne fut l'apogée des prospérités
de la province. « Il mit ses pays, dit Saint-Julien
de Baleure, en si haute paix et heureuse tranquillité
qu'il n'y avoit si petite maison bourgeoise en ses villes
où on ne but en vaisselle d'argent. » Ce témoignage
naïf est un plus éclatant hommage à sa mémoire que toutes
les splendeurs de sa cour et les magnificences de l'ordre
de la Toison d'or, dont on sait qu'il fut le fondateur.
Il mourut à Bruges d'une esquinancie,
en 1467, à l'âge de soixante et onze-ans; son corps
fut transporté plus tard aux Chartreux de Dijon. Peu
de princes furent aussi profondément et aussi justement
regrettés. Charles le Téméraire, quoique son règne n'ait
commencé qu'en 1467, suivait depuis plusieurs années
une ligne de conduite indépendante et souvent même opposée
aux intentions pacifiques de son père. Sa participation
à la ligue du Bien public, ses violents démêlés avec
Louis XI étaient certainement peu dans les vues de Philippe,
déjà vieux et ami de la paix.
Aux qualités héréditaires
de sa race, courage, franchise, générosité, Charles
joignait des défauts qui lui étaient personnels et qui
rendaient bien périlleuse la lutte engagée avec Louis,
le plus habile politique de son temps. Charles était
arrogant, présomptueux, plein de fougue et d'obstination,
incapable de pressentir les pièges qui lui étaient tendus,
plus incapable encore de tourner une difficulté ou de
recourir à l'adresse pour sortir d'un mauvais pas. Il
épuisa toute son énergie, toutes les ressources de sa
puissance à lutter contre les embarras que lui suscitait
le roi de France sans paraitre soupçonner de quelle
main partaient les coups qui lui étaient portés. Les
révoltes de Gand et de Liège, victorieusement, mais
trop cruellement réprimées, lui aliénaient les populations
et ne lui laissaient pas la libre disposition de ses
forces. II eut en son pouvoir, à Péronne, son rival,
convaincu de complicité avec les Liégeois rebelles,
et au bout de trois jours il lui rendit sa liberté,
se contentant d'une promesse de neutralité qu'il fut
le seul à prendre au sérieux. Il s'empara des comtés
de Ferrette et de Brisgau, sans se soucier de la rupture
avec la Suisse, qui en était la conséquence inévitable
; l'hostilité de ce voisinage l'entraina dans une guerre
dont il n'entrevit pas un seul instant la portée. Battu
à Granson, il lui fallut à tout prix une revanche, et
la journée de Morat changea en désastre ce qui pouvait
n'être qu'un échec. L'importance qu'il avait toujours
donnée aux prestiges de l'apparat, aux formes extérieures
de la puissance, devait rendre mortel l'affront que
ses armes avaient reçu; il le comprit bien, et on le
vit périr de mélancolie et de chagrin plus encore que
de sa dernière défaite sous les murs de Nancy. Il avait
été mortellement frappé le 5 janvier 1477 son corps,
à demi engagé dans un étang glacé, ne fut reconnu que
deux jours après à la longueur de ses ongles et à une
cicatrice résultant d'une blessure qu'il avait reçue
à la bataille de Montlhéry, en 1465.
Avec lui finit
le duché héréditaire de Bourgogne, dont les possesseurs
avaient cinq duchés à hauts fleurons, quinze comtés
d'ancienne érection et un nombre infini d'autres seigneuries
marchaient immédiatement après les rois, comme premiers
ducs de la chrétienté, et recevaient des princes étrangers
le titre de grands-ducs d'Occident. Charles laissait
pour unique héritière une fille, la princesse Marie.
Louis XI s'en fit d'abord donner la tutelle puis, à
force de séductions et de promesses, il obtint du parlement
de Dijon la réunion du duché à la couronne de France.
Une alliance du dauphin avec Marie aurait légitimé cette
usurpation. Louis ne voulut pas y consentir c'est la
faute la plus capitale qu'on puisse reprocher à sa politique
; d'ailleurs ce mariage eût été trop disproportionné,
le jeune dauphin ayant à peine huit ans et Marie de
Bourgogne étant dans sa vingt et unième année. L'archiduc
Maximilien, étant devenu l'époux de la fille de Charles
le Téméraire, revendiqua les droits de sa femme et remit
en question l'unité française, qu'il eût été si facile
de constituer. Mais ce qui échappa à la perspicacité
des politiques, l'instinct public le comprit et la force
des choses l'amena le lien qui venait de rattacher la
Bourgogne à la France, quelque irrégulier qu'il fût,
ne devait plus être rompu. Malgré les alternatives d'une
longue lutte, malgré le péril qu'entretenait pour les
frontières de la province le voisinage de la Comté demeurée
en la possession de l'étranger, malgré l'espèce de consécration
que donnait aux droits de Maximilien sa domination sur
les Flandres, la Bourgogne demeura française, et ses
destinées restent dès lors indissolublement unies à
celles de la patrie commune. Le titre de duc de Bourgogne
reste attaché à l'héritier direct de la couronne, et
chaque jour, malgré la fidélité des souvenirs aux traditions
de l'histoire provinciale, la similitude de langage,
l'affinité des mœurs, la communauté des intérêts rend
plus complète la fusion des deux États. La lutte de
François Ier, et de Charles-Quint, les guerres
religieuses et les troubles de la Fronde sont les épisodes
les plus marquants qui se rattachent à la période française
des annales bourguignonnes. Les populations furent admirables
de dévouement et d'héroïsme pendant la première de ces
crises, luttant à la fois contre les Espagnols, l'Autriche
et les Comtois, donnant par souscriptions volontaires
des sommes considérables, outre celles votées par les
états pour la rançon de l'illustre prisonnier de Pavie,
et refusant d'accéder à la condition du traité de Madrid,
qui cédait la Bourgogne à Charles- Quint, représentant
à ce sujet qu'ayant par les droits de la couronne et
par leur choix des maitres nécessaires, il ne dépendait
pas de la volonté du monarque de les céder ainsi. La
noblesse ajouta que si le roi l'abandonnait, elfe prendrait
le parti extrême de se défendre et de s'affranchir de
toutes sortes de domination, et qu'elle répandrait pour
ce dessein jusqu'à la dernière goutte de son sang. La
fierté de ces sentiments, puisés dans les glorieux souvenirs
du passé, arrêta longtemps les progrès du protestantisme
; la Bourgogne voulait être la dernière à souffrir sur
son sol une nouvelle religion, puisqu'elle avait été
chrétienne avant tous les Français, qui ne l'étaient
devenus que par le mariage de leur princesse Clotilde
avec le fondateur de la monarchie française.
Les
fléaux que déchaina le fanatisme sur tant d'autres provinces
furent évités jusqu'à la déplorable organisation des
ligues catholiques, et, grâce à l'intervention du digne
président Jeannin, le plus grand nombre des villes de
Bourgogne-ne fut pas ensanglanté par les massacres de
la Saint-Barthélemy. Cependant l'obstination de Mayenne
prolongea jusqu'en 1595 les calamités de la guerre civile,
à laquelle mit fin seulement la victoire remportée par
Henri IV sur les Espagnols à Fontaine-Française. Le
6 juin de cette année, ce monarque fit son entrée à
Dijon il assista à l'élection du maire, jura de respecter
les privilèges de la ville, et se contenta de changer
quelques magistrats municipaux et de faire fermer le
collège des jésuites.
Les dernières épreuves que
la Bourgogne eut à traverser furent, sous Louis XIII,
une révolte des vignerons, qui se réunissaient au refrain,
Lanturlu, d'une vieille chanson, ce qui fit désigner
cette révolte, qui, d'ailleurs, fut bientôt apaisée,
sous le nom de Révolte des Lanturlus. Puis vint l'invasion
des Impériaux amenée par les révoltes de la noblesse
contre Richelieu et le siège mémorable de Saint-Jean-de-Losne,
les agitations de la Fronde, auxquelles l'influence
des Condé dans la province donna une certaine importance,
mais auxquelles manqua presque partout l'appui des populations.
Dans les époques plus récentes, la Bourgogne prit sa
part de tous les évènements heureux ou funestes dont
la France fut le théâtre. La Révolution de 1789 y fut
accueillie comme une ère réparatrice, qui devait faire
disparaitre les tristes abus financiers des derniers
règnes, et assurer à chacun les libertés que l'on réclamait
depuis longtemps. Les gardes nationales s'y organisèrent
avec une rapidité merveilleuse, et, oubliant les vieilles
rivalités qui les divisaient sous l'ancien régime, elles
s'unirent à celles de la Franche-Comté et demandèrent
à marcher ensemble les premières contre l'ennemi. Le
département de la Côte-d'Or fournit donc un large contingent
aux phalanges républicaines qui, après avoir refoulé
l'ennemi, promenèrent le drapeau national dans toutes
les capitales de l'Europe et lorsque, moins heureux,
les soldats de Napoléon 1er, expièrent par
les désastres de 1814 et 1815 les triomphes passés,
nulle part ils ne trouvèrent un plus vaillant appui
et de plus patriotiques sympathies que dans les populations
de la Bourgogne.
Depuis que les luttes de l'industrie
et des arts ont remplacé dans la vie des peuples modernes
les vicissitudes des champs de bataille, la Côte-d'Or,
grâce au génie de ses habitants et aux richesses de
son sol, a su conquérir une importance et une prospérité
qui lui permettent de ne rien regretter des gloires
et des grandeurs de l'ancienne Bourgogne.
Marsannay-La Côte est surtout
célèbre à cause du fameux tournoi donné en cet endroit
près de l'Arbre de Charlemagne, en un lieu appelé
le Charme, en juillet 1443, par le sire de Beaufremont,
un des plus riches seigneurs de la cour de Bourgogne.
Trois pavillons ou châtels richement ornés furent
dressés à Périgny, à Marsannay et à Couchey, dont
Beaufremont était seigneur ce dernier lieu servait
de retraite à ceux qui avaient fait armes au pas.
Le tournoi proposé pour le maintien et l'honneur
des armes avait été annoncé par toute la France
et dans les États voisins. On devait y combattre
à pied et à cheval, à la volonté des champions.
Parmi les douze chevaliers tenants d'armes du
tournoi, on distinguait Guillaume de Vienne, Guillaume
et Antoine de Vaudrey; Amé de Rabutin, seigneur
d'Épiry et Jean de Chevigny. Les chevaliers avaient
fait peindre leurs écus devant l'hôpital du Saint-Esprit
de Dijon, sur le frontispice détruit, mais dont
M. Calmet a conservé l’empreinte dans l'histoire
manuscrite de cette maison. Les deux écus noir et
violet attachés à l'arbre de Charlemagne furent
présentés par deux héros d'armes à genoux à l'image
de la Vierge dans l'église Notre-Dame de Dijon,
où on les vit longtemps après.
Pendant quarante
jours que dura la fête, le baron de Beaufremont
tint cour ouverte avec une dépense extraordinaire;
des pavillons, dressés en différents endroits, étaient
garnis de meubles, de vaisselle, de buffets, de
vins, de serviteurs, le tout de manière de faire
si honorable, que tous les gens de bien y étaient
accueillis et servis si grandement que mieux on
ne le saurait faire. La magnificence déployée par
le sire de Beaufremont en cette circonstance augmenta
encore son crédit auprès de Philippe le Bon.
Il était déjà chevalier de la Toison d'or, chambellan
du duc, seigneur de Charny, Molinot, Montfort, etc..
Philippe lui accorda la main de sa fille naturelle,
Marie, et érigea la terre de Charny en comté. Les
noces furent célébrées à Bruxelles avec une telle
somptuosité de festins et affluence de noblesse,
qu'on ne vit jamais une festivité de si grand appareil.
Pendant la néfaste guerre de 1870-71, le département de la Côte-d'Or eut d'autant plus à souffrir de l'invasion allemande que Dijon fut successivement pris pour centre d'opérations et par les Français et par les Allemands. A la nouvelle que le passage des Vosges avait été forcé par l'ennemi et que la ligne de défense de Vesoul à Lure venait d'être abandonnée par le général Cambriels qui s'était retiré à Besançon, la résistance s'organisa à Dijon sous la direction du docteur Lavalle, membre du conseil général, tandis que Garibaldi, autorisé par le gouvernement de la défense nationale, formait un corps d'armée composé de quatre brigades dont il confiait le commandement à Bossack, Marie, Menotti et Ricciotti. Le général de Werder, commandant du 4ème, corps allemand, marchait sur Dijon et, le 27 octobre 1870, repoussait, à Talmay, les troupes françaises commandées par Lavalle, qui ne se composaient guère que de quelques bataillons de mobiles et de gardes nationaux. Pendant ce temps, Garibaldi se portait sur la droite du côté de Pontailler pour essayer de rejoindre les troupes du général Cambriels. L'ennemi, ayant passé la Saône à Gray, se porta sur Dijon; les troupes qui s'opposaient à sa marche furent repoussées à la bifurcation des routes de Gray à Dijon et à Auxonne. À la suite d'un nouveau combat livré à Saint-Apollinaire le 30 octobre, les Allemands entrèrent à Dijon. Garibaldi qui avait en vain essayé d'accourir à la défense de la ville, ce qu'il ne put faire, parce que le pont de Pontailler avait été rompu, voulut du moins protéger les autres grandes villes de la Côte-d'Or, il fit occuper Saint-Jean-de-Losne et Seurre et lui-même revint à Dôle. Le 2 novembre l'ennemi, maître de Dijon, marchait sur Beaune et Chagny. Les troupes de Garibaldi gardèrent les rives de l'Oignon et de la Saône ; le 5 novembre, elles repoussèrent l'ennemi près de Saint-Jean-de- Losne. A la suite de cet échec, les Allemands revinrent à Dijon pour s'y reformer et firent de cette ville le centre de leurs opérations dans l'Est. Ils reprirent bientôt l’offensive et repoussèrent d'abord, le 30 novembre, les troupes de Garibaldi; mais le 3 décembre, celui-ci, appuyé par le général Cremer, les battit complètement à Arnay-Ie-Duc et à Bligny-sur-Ouche, les rejetant presque sous les murs de Dijon. Cette double victoire, qui empêchait l'ennemi de dépasser Chagny, sauva le reste du département et peut-être même Lyon. Le général de Werder revint une fois encore à Dijon pour reposer ses troupes et les reformer ; mais les évènements avaient marché au nord-est; il dut envoyer ses troupes sous les murs de Belfort qui se défendait avec acharnement, et il ne laissa à Dijon que le général Glumer avec deux bataillons et à Semur une brigade badoise. Ces troupes furent elles-mêmes bientôt rappelées et, le 6 janvier 1871, Garibaldi rentrait à Dijon, y organisait de nouveau la défense; il était temps, car une armée de 70,000 Allemands s'avançait pour empêcher Bourbaki de se porter à la défense de Belfort. Trois corps de cette armée furent successivement attaqués et battus dans les journées des 21, 22 et 23 janvier, par le général Pélissier et Garibaldi, d'abord à Fontaine et à Talant, puis à Plombières, à Daix, à Hauteville et au Val-de-Suzon. D'habiles dispositions permettaient d'espérer des succès plus décisifs lorsque, le 29 janvier, on apprit la capitulation de Paris et la notification de l'armistice. Par une fatalité encore mal expliquée, les départements de la Côte d'Or, du Doubs et du Jura n'étaient pas compris dans cet armistice ; l'armée de l'Est était refoulée vers la Suisse, la continuation de la lutte devenait impossible, il fallut se résigner à abandonner Dijon qui ne fut évacué par l'ennemi qu'après la signature des préliminaires de paix. Quant à Garibaldi, qui le 28 janvier était parvenu à réunir à Dijon près de 50,000 hommes et 90 canons, il avait agi si habilement et avec tant de promptitude qu'il put opérer sa retraite sans rien perdre de son matériel.
La Dijon, la celtique Divio, est
la métropole méridionale des Lingons. Une route romaine
passe de l'axe sud-ouest au nord-est, venant de Bibracte
puis d'Autun vers Gray et l'Alsace alors qu'une autre
va du sud-est au nord-ouest, de l'Italie vers le bassin
parisien. Dijon est fortifié au Bas-Empire, par une
enceinte protégeant une petite superficie, de 10 hectares
La muraille romaine devient inutile lors de l'édification
d'une nouvelle enceinte au XIIème siècle,
mais son tracé a toujours été conservé et connu. Cette
muraille a peut-être été construite par Aurélien en
270-275, contemporain du martyr de saint Bénigne, selon
Grégoire de Tours qui décrit Divio et le castrum ainsi
:
« C'est une place forte munie de murs très
puissants, au milieu d'une plaine très agréable ; les
terres y sont fertiles et fécondes si bien qu'après
avoir passé la charrue dans les champs une seule fois,
on jette les semences et qu'une grande et opulente récolte
vient ensuite. Au midi, il y a la rivière de l'Ouche,
qui est très riche en poissons ; du côté de l'aquilon
pénètre une autre petite rivière [le Suzon] qui, entrant
par une porte et coulant sous un pont, ressort par une
autre porte ; après avoir arrosé le tour et l'enceinte
de son onde placide, elle fait tourner, devant la porte,
des moulins avec une prodigieuse vélocité. Quatre portes
ont été placées aux quatre coins du monde et trente-trois
tours ornent toute l'enceinte ; le mur de celle-ci a
été édifié avec des pierres de taille jusqu'à une hauteur
de vingt pieds et au-dessus en pierraille ; il a trente
pieds de hauteur et quinze pieds de largeur. J'ignore
pourquoi cette localité n'a pas été qualifiée de cité.
Elle a autour d'elle des sources précieuses. Du côté
de l'occident, il y a des collines très fertiles et
remplies de vignes qui fournissent un si noble falerne
aux habitants qu'ils dédaignent l'ascalon. Les Anciens
racontent que la localité a été édifiée par l'empereur
Aurélien »
Grégoire de Tours indique donc que l'enceinte possède
trente-trois tours dont une, en partie conservée, reste
visible au 15 de la rue Charrue, dans une petite cour.
Les quatre portes sont : la Porte aux lions, la Porte
du côté de Saint-Médard, la Porte du vieux château et
la Porte au-dessus du Bourg. L'épaisseur de la muraille,
loin d'atteindre 15 pieds (4,50 m) comme l'affirme Grégoire
de Tours, ne semble pas avoir dépassé 2 mètres. La création
ou le développement de Dijon remonte au séjour de la
VIIIème légion Augusta en 69, mais la ville
a très bien pu n'être fortifiée que sous Aurélien (270-275)
Les évêques de Langres établissent temporairement leur résidence à Dijon après le sac de Langres par les Vandales entre 407 et 411. Leur influence permet l'édification d'édifices religieux et notamment d'un groupe cathédral composé de trois bâtiments : Saint-Étienne, Sainte-Marie et Saint-Vincent. Deux basiliques sont ensuite élevées par saint Urbain (actuelle église Saint-Jean)32. Dijon est ensuite occupé par les Burgondes qui sont défaits par Clovis en 500 ou 501. Les Arabes l'envahissent en 725 alors que les Normands n'y parviennent pas en 887. C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers comtes de Dijon, Aimar, Eliran, Raoul issus de la maison robertienne. En 1002, l'abbé Guillaume de Volpiano entreprend de reconstruire l'abbatiale Saint-Bénigne et son abbaye . Il fait élever dans l'abbaye une rotonde abritant le tombeau de l'évangélisateur de la Bourgogne, saint Bénigne. Au début du XIème siècle, Dijon est composé d'une ville forte enclose de murs gallo-romains, restes de l'ancien castrum de Dijon, et d'un bourg s'étendant jusqu'à l'abbaye Saint-Bénigne. Autour, des petits hameaux, Dompierre, Trimolois, Charencey, Bussy et Prouhaut, disparus depuis, ceinturent la ville. Les ducs de Dijon règnent alors sur la région. En 1015, le roi Robert II essaye de conquérir le Dijonnais : il s'attaque d'abord au village de Mirebeau-sur-Bèze et sa région puis vient mettre le siège devant le castrum de Dijon. Mais, devant la vigoureuse résistance de l'évêque de Langres, Brunon de Roucy, soutenu par l'abbé de Cluny et le comte de la ville, il renonce à donner l'assaut. Dès l'année suivante, la mort de l'évêque lui permet de négocier avec son successeur, Lambert de Vignory, la cession du comté de Dijon au roi de France, en 1016.
La ville rejoint le duché de Bourgogne et en devient la capitale. À la mort du roi de France en 1031, son fils Henri Ier renonce à la Bourgogne et la cède en apanage Dijon et le duché de Bourgogne à son frère Robert Ier. Cela marque le début de trois siècles de règne capétien à Dijon. Le 28 juin 1137, un grand incendie réduit Dijon en cendres. Les ducs reconstruisent alors une enceinte, beaucoup plus large que la précédente, qui abrite la cité jusqu'au XVIIIème siècle. À la fin du XIIème siècle et au XIIIème siècle, Dijon s'orne de monuments de valeur : la Sainte-Chapelle, l'hôpital du Saint-Esprit, l'église Notre-Dame, etc. Auprès de chaque porte se développent de petits bourgs même si la ville ne grossit jamais plus que les limites de son enceinte. Les ducs de Dijon possèdent un château et y exercent avant tout un pouvoir de justice. En 1183 le duc Hugues III permet la rédaction d'une charte de commune, conservée aux Archives municipales. Grâce à cette charte, qui fut beaucoup copiée dans d'autres villes de Bourgogne, les ducs s'enrichissent
La statue du Bareuzai se trouve au centre de la place François Rude. Plusieurs explications existent pour ce nom : Bareuzai est un mot qui signifie littéralement bas rosé. C'est une partie du costume d'un très ancien vigneron de Dijon qui s'est rendu célèbre, et qui parlait le bourguignon le plus franc. Il portait des bas couleur de rose ; dès lors, on a donné le nom de bas-rosé (barôzai) à ceux qui, connaissant à fond le patois, se sont exercés dans la poésie bourguignonne. La Monnoye a intitulé ses jolis noëls Noei borguignon de Gui Barôzai. Bareuzai : il s'agit en fait d'un sobriquet donné aux vignerons de Dijon. Au début du XXè siècle, le vignoble dijonnais commence dès la porte d'Ouche (sortie sud de Dijon - actuelle place du 1er mai en face de l'hôpital général) et s'étend jusqu'à Larrey et Chenôve. Les quartiers de Saint-Bénigne et de Saint-Philibert sont souvent habités par des vignerons. Chaque paroisse dans le vieux Dijon de jadis a son surnom. C'est ainsi que les culs bleus sont des paroissiens de Saint-Philibert, surnommés aussi les bareuzais à cause de leur bas rosés suivant La Monnoye, ou en raison de leur becs rosés suivant le philologue Mignard. Ce surnom est demeuré jusqu'à nos jours pour désigner les vrais Dijonnais, ceux dont l'authenticité se constate à leur sympathie pour le vin et à la tournure joyeuse de leur esprit. Le nom de Bareuzai a été donné aux vignerons en raison de la couleur de leur bas lorsque ceux-ci foulaient le raisin. La statue de la place rappelle bien cette dernière explication.
Dijon connait une période brillante sous les quatre ducs Valois de Bourgogne, qui règnent de 1363 à 1477. Elle est la capitale du duché de Bourgogne, ensemble d'États qui s'étendent jusqu'aux Pays-Bas. Centré sur ce duché, l'État bourguignon s'étend alors, pendant plus d'un siècle (1363-1477), par héritages et mariages jusqu'en Picardie, Champagne, Pays-Bas bourguignons, Belgique, Germanie, duché de Luxembourg, Alsace, comté de Flandre et Suisse. Le duc Philippe le Hardi (1364-1404) est le premier duc de la dynastie des Valois et prend possession de Dijon, sur ordre du roi, en 1363. Il fonde à Dijon sa nécropole dynastique, la chartreuse de Champmol, dont il fait un foyer d'art. Jean Ier sans Peur (1404-1419) lui succède. Le duc Philippe III le Bon (1419-1467) reconstruit l'hôtel ducal et institue en 1432 la chapelle de son palais comme siège de l'ordre de la Toison d'or .
Pourtant, Dijon n'est pas une
ville populeuse ; encore rurale et en raison des épidémies,
elle ne compte que 13 000 habitants en 1474. Le duc
Charles le Téméraire (1467-1477), qui ne vit pas à Dijon,
échoue dans sa lutte contre le roi de France et meurt
à la bataille de Nancy contre le duc de Lorraine René
II de Lorraine, allié à Louis XI. Le puissant État bourguignon
s'effondre alors, permettant à Louis XI d'annexer le
duché le 19 janvier 1477.
En dépit de quelques révoltes
contre l'autorité du roi, Dijon s'est soumis à son autorité.
Louis XI ordonne le transfert à Dijon du parlement de
Bourgogne, qui se trouvait à Beaune. Il fait aussi construire
à Dijon un château, à l'emplacement de l'actuelle place
Grangier, pour surveiller les habitants.
Lors d'une visite à Dijon le
31 juillet 1479, le roi confirme solennellement les
privilèges de la ville, dans l'église Saint-Bénigne
de Dijon. La duchesse Marie de Bourgogne (1457-1482),
alors âgée de 20 ans et fille unique du duc Charles
le Téméraire, épouse Maximilien Ier du Saint-Empire,
auquel elle apporte le comté de Bourgogne et les possessions
des Flandres. Le traité de Senlis de 1493 divise les
deux Bourgognes et Dijon devient une ville-frontière.
En 1513, l'empereur Maximilien espère récupérer le duché
de Bourgogne en envoyant une troupe formée de 14 000
hommes des corps francs suisses, 5 000 Allemands et
2 000 Francs-Comtois assiéger Dijon. Le gouverneur Louis
II de La Trémoille, qui a été envoyé pour défendre la
ville, ne peut faire partir les assiégeants qu'en jouant
habilement des dissensions entre Suisses et Allemands
et en promettant 400 000 écus dont seulement une partie
sera payée. Les Suisses lèvent le siège le 13 septembre.
Les Dijonnais ayant prié avec ferveur pour leur délivrance,
le départ des assiégeants est attribué par beaucoup
à l'intercession de la Vierge, dont une statue, Notre-Dame
de Bon-Espoir, conservée à l'église Notre-Dame, a été
portée en procession. Ces évènements ont prouvé la fermeté
du sentiment des Dijonnais d'appartenir à la France.
Après cet évènement, l'enceinte est renforcée par l'édification
des bastions Saint-Pierre en 1515, Guise (1547 et Saint-Nicolas
(1558). La bourgeoisie se développe par ailleurs, comme
en témoignent les nombreux hôtels et maison encore visibles.
Au XVIème siècle, la ville s'embellit avec
le style de la Renaissance italienne importée par Hugues
Sambin.
Le parlement de Bourgogne, transféré de
l'Hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune à Dijon, fait
de la cité une ville parlementaire, où la noblesse de
robe édifie des hôtels particuliers.
Dijon subit
des troubles religieux, de 1530 à 1595. Après la Contre-Réforme,
de nouvelles églises et chapelles de monastères sont
construites. Henri IV aurait qualifié Dijon de «
ville aux cent clochers » en raison de la multiplication
des institutions religieuses (Jésuites, Minimes, Carmélites,
Jacobines, Ursulines principalement). Après le rattachement
de la Franche-Comté au royaume en 1678, Dijon, perdant
son statut de ville frontière, peut à nouveau s'agrandir.
Sous l'administration des princes de Condé et gouverneurs
de Bourgogne la ville se transforme : une place Royale
est aménagée devant l'ancien Palais des ducs de Bourgogne,
qui est lui-même remanié et agrandi. La rue Condé, actuelle
rue de la Liberté, est percée. Les princes de Condé
créent le vaste parc de la Colombière et le castel de
la Colombière reliés à la ville par une avenue plantée
d'arbres, le cours du Parc. Cette prospérité se poursuit
au XVIIIème siècle.
Dijon accueille en 1722 une faculté
de droit, puis l'Académie en 1725, qui remet à Jean-Jacques
Rousseau le premier prix du concours pour son Discours
sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes en 1750. Les Collèges de Médecine sont particulièrement
réputés dès 1755. La ville compte entre 22 et 23 000
habitants et a le statut d'une grande ville de province,
derrière Lyon et Strasbourg néanmoins. L'administration
municipale repose sur des Municipaux élus et mandatés
par l'arrêt du Conseil d'État du 20 avril 1668 qui fixe
la constitution de la Chambre En 1731, le pape Clément
XII répond positivement aux requêtes séculaires des
Dijonnais qui désiraient avoir leur propre évêque. La
ville devient le siège d'un petit évêché entre ceux
de Langres, Autun et Besançon. De 1754 à 1757, de nombreux
aménagement modernisent Dijon. Le premier jardin botanique
est créé en 1760. En 1766 est instituée une École de
dessin ; en 1787 est fondé l'établissement qui deviendra
musée des Beaux-Arts. L'industrie de l'époque (draperie,
soierie, filatures diverses) ne s'implante néanmoins
que difficilement
C'est au début de l'année
1953 qu'a été découverte, sur le mont Lassois, une
tombe somptueuse que l'on nomma bientôt Trésor de
Vix. L'oppidum du mont Lassois (Côte-d'Or) est situé
à une cinquantaine de kilomètres des sources de
la Seine, à proximité de Châtillon-sur-Seine.
Vers l’an 500 avant J.C. les habitants du mont
Lassois enterrèrent au pied de la colline une femme
d’une trentaine d’années, qui était peut être soit
une prêtresse ou leur princesse et c’est dans sa
chambre funéraire que fut découvert ce trésor.
La chambre funéraire cubique mesure approximativement
3 mètres de côté. Elle a été creusée dans le sol,
puis consolidée par un revêtement de bois. Le corps
de la jeune femme a été placé dans un petit char
dont les quatre roues avaient été démontées et disposées
le long d'une des parois de la tombe. La jeune femme
avait été somptueusement parée : anneaux de bronze
roulé aux chevilles, bracelets et collier d'ambre
et de perles dures, collier de bronze roulé, fibules,
et surtout un admirable diadème d'or qui enserrait
encore le crâne. Le matériel funéraire est lui aussi
d'une grande richesse. Il comprend de la céramique
attique, une phiale d'argent, des bassins et une
cruche de bronze, et surtout un magnifique cratère
de bronze qui a contribué immédiatement à la célébrité
de Vix.Ce vase, où l'on mélangeait l'eau et le vin,
est d'une taille exceptionnelle et d'une qualité
hors du commun. Il mesure 1,64 m de haut et pèse
plus de 200 kilos. La cuve est un véritable chef-d'œuvre
de chaudronnerie, puisque réalisée d'une seule pièce,
sans soudure. Elle est supportée par un pied robuste,
coulé, alors que la partie supérieure du cratère
est décorée d'un certain nombre d'éléments rapportés
: moulure, anses et frise. Cette dernière est formée
d'une suite d'attelages de chevaux qui alternent
avec des hoplites. Le cratère est fermé par un couvercle
au centre duquel se dresse une belle statuette féminine.
C'est très vraisemblablement en échange de l'étain
venu de Grande-Bretagne que les princes de Vix ont
acquis ces objets fabriqués en Grèce ou en Italie
du Sud.
. Il est actuellement visible au Musée archéologique
de Chatillon sur Seine.
Provenant du Trésor de
Vix, cette statuette de femme, mesurant 19 cm de
hauteur, vêtue d’un long péplum et coiffée d’un
voile, représente peut-être la déesse Artémis, protectrice
des chevaux de guerre et de courses.
La Révolution fait passer Dijon du rang de capitale provinciale à celui de chef-lieu de département. Le 15 juillet 1789, des émeutiers prennent le château de Dijon, ainsi que la tour Saint-Nicolas, sans lien direct avec les évènements de Paris. Plusieurs monuments remarquables sont détruits : la chartreuse de Champmol, la rotonde de Saint-Bénigne ; d'autres sont endommagés, comme Saint-Bénigne et Notre-Dame, dont les portails sont martelés. Les monastères et couvents sont vendus ou démolis. La Sainte-Chapelle disparaît en 1802. La statue en bronze de Louis XIV qui ornait la place Royale est brisée en 1792 ; son métal servira à fabriquer de la monnaie ou des canons.
En 1203 la charte de franchise
de la commune de Beaune confère à ses habitants droits
et privilèges. Eudes III, duc de Bourgogne, permet à
Beaune d’exister en tant qu’institution autonome dès
1203 sur le modèle de Dijon.
En 1422, Nicolas Rolin
fut nommé chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
Il fut très lié à Jean sans Peur, qui fut le parrain
de son troisième fils. Veuf, il épouse en 1421, Guigone
de Salins issue de la noblesse comtoise, avec qui il
fonde les Hospices de Beaune, en 1443, où il crée en
1452 un nouvel ordre religieux : Les sœurs hospitalières
de Beaune. C'est lui qui commande le polyptyque du Jugement
dernier au peintre flamand Rogier van der Weyden, pour
les hospices. Les États de Bourgogne reconnaissent Louis
XI comme souverain le 29 janvier 1477, à la mort de
Charles le Téméraire. Avec l'occupation de la Bourgogne,
par l’armée royale conduite par Jean IV de Chalon, Georges
de la Trémoille et Charles d’Amboise Beaune se rallient
à Marie de Bourgogne, contre le roi de France Louis
XI. Les révoltes de Beaune, ainsi que Semur-en-Auxois,
Châtillon-sur-Seine sont rapidement étouffées. Cependant,
le roi confirme finalement les privilèges de la ville
par ses lettres patentes en octobre 1478 Henri II accompagné
de son épouse Catherine de Médicis parcourt son royaume
et fait une entrée fastueuse à Beaune le 18 juillet
1548. Le maire était Girard Legoux. Charles IX accompagné
de sa mère Catherine de Médicis, venant de Dijon, entre
dans la ville le 30 mai 1564 lors de son tour de France
royal (1564-1566), accompagné de la Cour et des Grands
du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre,
les cardinaux de Bourbon et de Lorraine : ils reçoivent
un accueil triomphal.
En 1568, Wolfgang de Bavière, financé par Élisabeth Ier d'Angleterre prend la tête d'une armée expéditionnaire de 14 000 mercenaires pour apporter des renforts aux protestants français assiégés à La Rochelle. Dans sa traversée de la Bourgogne, ses troupes composées de reitres, cavalerie lourde équipée de pistolets, ravagent la Franche-Comté et restent deux jours devant les murailles de Beaune et y détruisent les chartreux, avant de continuer leur route. Le 15 avril 1575, on exécuta à Dijon, François de Lespine et sa tête coupée fut plantée sur une pique, au-dessus de l'Hôtel-de-ville de Beaune, le 18. Il fut reconnu coupable de comploter en vue de livrer Dijon et le château de Beaune aux huguenots.
Le site de Montbard est occupé
depuis l'antiquité et au temps des Gaulois, L'oppidum
abrite une communauté de druides.
Au Moyen Âge,
elle est une ville importante disposant de son château
fort. En 1070, Aleth, la mère de Bernard de Clairvaux
y nait. Le futur Saint Bernard a pour oncle le comte
de Montbard. En 1231 Montbard est érigée au rang de
commune par le duc de Bourgogne Hugues IV. Elle devient
ensuite un lieu de fréquents séjours des Ducs Valois
de Bourgogne.
La ville est assiégée par le comte
de Tavannes, lieutenant d'Henri IV, qui combat le duc
de Nemours en 1590.
Montbard est la patrie du grand
naturaliste Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon,
né à Montbard le 7 septembre 1707.L’Histoire naturelle,
son œuvre majeure, dont les premiers volumes paraissent
en 1749, l’occupera toute sa vie. Placé par cet ouvrage
au premier rang des écrivains de son siècle aussi bien
que des savants, Buffon reçoit récompenses et honneurs
en tout genre : il est élu membre de l’Académie française
en 1753, où il prononce le fameux Discours sur le style.
En juillet 1813, Jean-Andoche Junot, duc d'Abrantès,
général et ami de longue date de l'empereur Napoléon
Ier, meurt à demi fou à Montbard, dans la maison de
son père.
C'est en 1833, que le Canal de Bourgogne
y est ouvert à la navigation. C'est une voie d'eau à
petit gabarit longue de 242 km, qui relie le bassin
de la Seine avec le bassin du Rhône. Le tracé suit un
axe nord-ouest/sud-est avec un crochet important vers
le nord-est sur une trentaine de kilomètres avant d'arriver
à Dijon le long de l'Ouche.
Son point de départ est situé
à Migennes ville située sur l'Yonne, un affluent de
la Seine tandis que son point d'arrivée se trouve à
Saint-Jean-de-Losne située sur la Saône, affluent du
Rhône. Le canal qui comporte 189 écluses et un long
tunnel à Pouilly-en-Auxois a été inauguré en 1832. Concurrencé
dès son ouverture par la ligne de chemin de fer à grand
trafic du PLM et traversant une région essentiellement
rurale, il n'a jamais joué un rôle important dans le
transport des marchandises. À la fin des années 1960
le canal de plus en plus concurrencé par le transport
par route n'est plus utilisé pour le trafic des marchandises.
Il est désormais le domaine exclusif de la navigation
de plaisance.
En 1926, par décret de Raymond Poincaré,
Montbard devient sous-préfecture en remplacement des
sous-préfectures de Châtillon-sur-Seine et de Semur-en-Auxois
Le 16 juin 1940, la 10e brigade blindée polonaise
du général Maczek mit les Allemands en déroute près
de Montbard (à Nod-sur-Seine) mais se vit alors isolée,
les unités françaises sur ses deux flancs étant défaites
ou en retraite. Le 18 juin, la brigade était pratiquement
encerclée et à court d’essence et de munitions. Le général
Maczek ordonna la destruction du matériel de l’unité
et la dispersion des hommes.
Ce bourg, situé sur l'Ozerain
au pied du mont Auxois, est bâti à peu de distance de
l'emplacement où existait Alesia, une des principales
villes des Gaules, que César détruisit, dit-on, lors
de la bataille décisive qui fut le dernier effort et
le tombeau des Gaulois commandés par le brave Vercingétorix.
Après un engagement malheureux avec les Romains, Vercingétorix
s'était jeté dans Alesia, où César vint l'assiéger.
Le général gaulois se retrancha sous les murs de la
ville ; son camp était fortifié par un fossé et par
un mur de pierres sèches de six pieds de hauteur il
renvoya sa cavalerie et donna à chaque cavalier l'ordre
de revenir avec tous ceux qui étaient en état de porter
les armes. Les Gaulois choisirent dans chaque peuple
une troupe d'élite, et firent un grand effort pour se
soustraire à l'esclavage; 250,000 hommes de pied et
8,000 cavaliers se rendirent sous les murs d'Alesia.
Mais ils eurent l'imprudence de s'engager dans une gorge
où ils furent battus par César, qui en fit un carnage
épouvantable. Vercingétorix, ayant perdu tout espoir,
fut forcé de se rendre à discrétion.
Alesia fut rebâtie
sous les empereurs, et ce fut dans cette ville, au rapport
de Pline, qu'on imagina d'argenter au feu les ornements
des chevaux et le joug des bêtes attelées aux voitures
roulantes. Plusieurs voies romaines y conduisaient,
et attestent encore son importance. Lors de la chute
de l'empire d'Occident, c'était le chef-lieu d'un pays
étendu, dont il est fait mention dans les capitulaires
des rois de la seconde race (Les Mérovingiens); et c'est
de là que s'est formé le mot Auxois, nom qu'on a donné
à cette contrée dont Saumur était la capitale. On ne
peut déterminer l'époque où Alise fut ruinée une seconde
fois. En 865, il n'en restait plus que quelques vestiges.
On ne trouve sur le mont Auxois, où était Alise, aucuns
restes d'antiquités apparentes toute cette montagne
est en terre labourable ; mais on retrouve en faisant
des fouilles, des débris précieux de cette ville célèbre.
Il paraît démontré aujourd'hui qu'Alise n'a pas été
détruite par César, mais brulée sous le règne d'Antonin,
vers l'an 160 de Jésus-Christ; elle sortit de ses cendres
du temps d'Alexandre Sévère; florissante sous les Gordiens.
Elle languit ensuite, et reprit un nouvel essor sous
Constantin et Théodose. Détruite dans une des invasions
des barbares qui remplirent le cours du X siècle, cette
ville fut remplacée par une bourgade qui subsistait
encore sous Louis XI.
Au moyen âge, le culte de sainte
Reine, décapitée sur le mont Auxois où était Alise,
donna naissance au bourg qui porte son nom, que le pèlerinage
des dévots a rendu vivant. On y lit encore une inscription
qui a appartenu à l'ancienne Alise, dont voici la traduction
: «Ti Claudius Professus Niger, après avoir passé
par toutes les charges chez les Æduens et les Lingones,
a ordonné, par son testament qu'on élevât au dieu Moritosgus
un portique, en son nom, en celui de sa femme Julia
Virguline, et de ses filles Claudia Professa et Julia
Virgula.»
Le territoire d'Alise-Ste-Reine renferme
plusieurs mines de fer et deux fontaines d'eau minérale
acidulée, froide. La plus renommée est celle dite des
Cordeliers et c'est un réservoir de forme carrée, d'environ
66 c. de diamètre, situé dans une chapelle de l'église
des ci-devant cordelières l'eau est claire, abondante
et ne tarit jamais. L'autre fontaine se trouve dans
un champ, d'où elle se rend par des canaux souterrains
dans les jardins de l'hôpital. Ces eaux paraissent contenir
de l'acide carbonique, du muriate de soude et du sulfate
de fer. Sous les ducs de Bourgogne un hôpital fut fondé
à Alise-Ste-Reine pour y recevoir les personnes affectées
de maladies de la peau .En 1778, trois riches habitants
de Paris fondèrent dans cet hôpital quarante lits pour
recevoir les malades qui affluaient dans cet endroit.
L'hospice fit alors construire des salles de bains avec
des cabinets à l'entour pour vingt maitres et leurs
domestiques. L'administration de cette maison de santé
n'épargne rien pour que les baigneurs y soient commodément
reçus et proprement soignés à, un prix modéré.
De fortes pluies s’abattent sur l’été 1708 et nuisent à la récolte annuelle, et le 2 janvier 1709 lorsque la pluie se met à tomber, immédiatement suivie d’un vent glacial : un hiver exceptionnel commence. Le vent qui souffle jusqu’au 25 janvier, sans que la neige ne soit venue protéger les cultures, anéantit les semailles et les arbres fruitiers, altère les vignes et gèle les cours d’eau. La Bouzaise est gelée en deux heures. Même le vin tourne en glace dans les bouteilles et les tonneaux. Les oiseaux et les volailles ne survivent pas à ce froid polaire. Pour sauver les vagabonds, les voyageurs et les indigents, des feux publics sont allumés. Après une courte période de répit accompagnée par la pluie, la neige tombe à partir du début du mois de février, et lorsque celle-ci fond les rivières débordent et inondent la campagne. Le soleil apparaît au mois d’avril, redonnant vie aux champs, et apportant de la chaleur aux habitants, mais une pluie verglaçante vient détruire les semences jusqu’aux racines.Les conséquences de ce Grand Hiver sont désastreuses pour la population. Les habitants s’attendent à une grande famine, ce qui crée un sentiment général de panique. On craint les accapareurs, on s’oppose à libre circulation des blés. Pour calmer les tensions, le conseil municipal décide de bloquer toutes les provisions de blé et de les recenser pour mieux les gérer et les distribuer. Mais des émeutes ont lieu à Pommard où les habitants s’opposent à la réquisition de leur stock, alors que Beaune se constitue une réserve, bien que les récoltes de blés et les vendanges soient quasi inexistantes en 1709.
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