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Les Départements de la France

  • Données géographiques

L'Aisne

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Le Doubs fait partie de la région Franche-Comté. Il est limitrophe des départements du Jura, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, ainsi que des cantons suisses de Vaud, de Neuchâtel. Le Doubs appartient au Massif du Jura, massif calcaire d'altitude moyenne, et présente tous les éléments caractéristiques du relief jurassien: monts, vaux, cluses, combes bordées de crêts. Son point culminant est le Mont d'Or qui culmine à 1 463 mètres d'altitude ; l'autre point majeur est le Morond à 1 419 m. On peut distinguer trois régions. À l'ouest, la plaine de la Haute-Saône et son relief accidenté façonné par les eaux. Le centre est, lui, principalement une région de hauts plateaux calcaires ; quant à l'est, la montagne domine le département ; elle est composée de hauts plateaux mais cependant ses sommets restent modestes. Les glaciers puis les cours d'eau ont entaillé les plateaux pour donner naissance à des lacs. Le Doubs doit son nom au principal cour d'eau qui le traverse, le Doubs d'une longueur totale de 453 km, dont 430 km sur le territoire français. Il prend sa source à Mouthe près de la frontière suisse, à 945,5 m d'altitude. Ce département est formé en entier d'une partie de la ci-devant province de Franche-Comté et tire son nom de la rivière du Doubs qui y coule du midi au sud-ouest, en se dirigeant de l’est au nord, en sorte qu'elle entoure, pour ainsi dire, ce département. Ses limites sont: au nord, le département de la Haute Saône et du Haut-Rhin; à l'est, la Suisse; au sud-ouest, le département du Jura, et au nord-ouest, celui de la Haute-Saône.

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Carte du Doubs

Le territoire du département du Doubs se compose de hautes montagnes et de coteaux couronnés de forêts, de plaines fertiles, de landes, de rochers et de marais d'une assez grande étendue. Il est traversé par quatre chaînes des monts Jura, disposées en lignes parallèles à la chaîne des Alpes, et présente dans son ensemble un amphithéâtre incliné de l'est à l'ouest sous la forme d'un triangle irrégulier. Les principales sommités de la première chaîne sont le Mont d'Or, sur le Noirmont (1,506m.), et le Suchet, sur la ligne suisse (1,600m.).Le Mont-d'Or, dont la cime domine toute la contrée, est la montagne que les voyageurs visitent le plus particulièrement, de son sommet la vue embrasse un horizon très étendu et très varié ; les vastes pâturages qui la couvrent, les nombreux chalets et les métairies éparses que l'on voit de loin en loin sur les tapis de verdure qui s'étendent sur les revers, et le parfum qu'exhalent les plantes médicinale est odoriférantes qui y croissent en abondance concourent à rendre l'ascension de cette belle montagne extrêmement agréable, surtout dans le mois de juin.
Les laiteries et les fromageries établies sur ses pentes occidentales alimentées par les belles vaches laitières qui y paissent habituellement donnent des produits de qualité supérieure, qui s'écoulent en grande partie par le commerce, et se consomment dans l'intérieur du royaume. Du sommet aride du Sychet, on jouit d'un horizon immense borné par les cimes glacées des Alpes, du Mont-Blanc et du St-Gothard.
Les sommités les plus remarquables de la seconde chaîne sont le Mont-Champvent et le Laveron.
Les plus hautes cimes du troisième chaînon, sont la côte de Vennes et les Miroirs (996 mètres); du sommet de Montmahoux dont l'élévation n'est que de 820 mètres, on aperçoit distinctement, à l'est, la chaîne continue des montagnes de la Suisse dont les sommets couverts de glaces ou de neige, se colorent des derniers rayons du soleil, et se dessinent majestueusement sur l'azur des cieux.
Les plus hautes cimes du quatrième chaînon sont le Mont-Poupet et la Roche-d'Or (872 mètres). Sous le rapport agricole, ce département se divise en trois régions très distinctes, soumises à l'influence des montagnes les quelles en varient la température et les produits. On désigne communément ces trois régions par les noms de haute et moyenne montagne, et de pays bas ou de plaine. La région, dite des hautes montagnes se compose de vallons compris -entre les sommités des deux premières chaînes du Jura qui traversent le département de son extrémité sud-est au canton de Mouthe jusqu'à St-Hippolyte au nord-est ; elle comprend l'arrondissement entier de Pontarlier, les cantons de Russey, de Maiche et de St-Hippolyte arrondissement de Montbéliard. cette contrée des hautes montagnes, coupée par de vastes forêts de sapins, dont la verdure éternelle contraste avec les neiges et les glaces des longs hivers, est hérissée de monts dont les cimes nues et sans végétation sont le séjour habituel des frimas pendant six mois de l'année mais ses aspects variés égalent les beautés naturelles de la Suisse. Les vallées qu'elle renferme sont peu propres à la culture on n'y recueille presque partout que des grains de printemps; mais le revers méridional des montagnes offre d'excellents pâturages pour l'entretien des nombreux troupeaux qui alimentent les laiteries et les fromageries.
La moyenne montagne est comprise dans une zone parallèle à la précédente, formée par deux chaînes intérieures du Jura; elle renferme les cantons d'Amancey, de Vercel, de Pierrefontaine de Pont-de Roide, de Blannont, partie du canton d'Ornans, etc.. Cette seconde zone est sous une température favorable qui permet la culture du froment; quelques vignobles occupent même les expositions du midi. On y trouve de belles vallées et des plaines assez étendues; les montagnes sont en partie couvertes de forêts.
La plaine est formée de terrains compris entre la rivière du Doubs et celle de l'Ognon, qui sépare le département du Doubs de celui de la Haute-Saône: c'est la partie la plus fertile du département ; toutes les espèces de grains y sont cultivées avec succès. Les coteaux sont couverts de vignobles assez étendus, dont plusieurs produisent de bons vins ordinaires. Cette contrée est aussi la plus peuplée du département elle comprend les cinq sixième de l’arrondissement de Besançon, et les parties des arrondissements des Baume et de Montbéliard qui avoisinent le Doubs et l'Ognon. Les vallées qui séparent les chaînons du Jura s'étendent longitudinalement dans le sens des lignes de montagnes du sud-est au nord-est; elles varient beaucoup dans leur largeur. Celle de la rivière du Doubs ne présente souvent qu’une gorge étroite et profonde. On y distingue néanmoins quelques bassins d'une étendue remarquable. De charmants paysages un grand nombre de villes, de bourgs et de village; bordent la grande route qui longe la rive droite du Doubs depuis Besançon jusqu'à Montbéliard, et offrent une suite non interrompue de sites variés et pittoresques.


Histoire du Doubs


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Carte du Doubs
Note

Carte d'identité


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Promenade sur le Doubs

Doubs (25)
Bourgogne-Franche-Comté
Préfecture
Besançon
Sous préfectures :
Montbéliard
Pontarlier

Conseil général

Office Archives du Doubs
Office du Tourisme du Doubs
Liste des communes du Doubs
Patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.


Démographie :
Gentilé : Doubiens / DoubistesNote 1
Population ; 547 096 hab. (2021)
Densité : 105 hab./km²
Superficie : 5 232,6 km²
Subdivisions : Arrondissements : 3
Circonscriptions législatives : 5
Cantons : 19
Intercommunalités : 15
Communes : 569

Le département du Doubs fut, dans la période gauloise, habité par une partie de la nation puissante des Séquanais. On ignore à quelle époque ce peuple envahit la Gaule ; mais il paraît certain qu'il fut parmi les Celtes un des premiers qui s'y fixèrent. La tradition disait qu'ils étaient venus des bords du Pont-Euxin. Lorsque les neveux du roi Ambigat, Bellovèse et Sigovèse, franchirent les Alpes 600 ans avant Jésus-Christ, les Séquanais furent au nombre des barbares qui portèrent pour la première fois en Italie les armes gauloises. Ce fut à l'époque où la domination romaine commença à s'étendre par-delà les hautes montagnes qui séparent l'Italie de la Gaule que les Séquanais acquirent une grande importance historique.
On sait que Rome accordait sa protection aux Éduens, cette vaste confédération mit à profit la suprématie qu'elle devait au titre de «sœur et alliée du peuple romain pour tyranniser ses voisins les Arvernes et les Séquanais. Jaloux de cette puissance, les Séquanais cherchèrent à leur tour des alliés au dehors ; ils attirèrent en Gaule, par l'appât d'une forte solde, 15 000 mercenaires germains conduits par Arioviste, le chef le plus renommé des Suèves, vaste confédération teutonique qui dominait dans la Germanie.

Besançon

La Porte Noire de Besançon

Grâce à ce secours, les Séquanais furent vainqueurs et les Éduens se reconnurent leurs clients ; mais bientôt ils furent plus malheureux que les vaincus. Arioviste, qu'était venue rejoindre une multitude de barbares, exigea des Séquanais un tiers de leur territoire il prit la partie la plus rapprochée de la Germanie, celle qui aujourd'hui forme le département du Doubs ; puis, jugeant ce lot insuffisant, il exigea un autre tiers. Les Séquanais, indignés, se réconcilièrent alors avec les Éduens ; il y eut une grande bataille où l'armée gauloise fut taillée en pièces. Nous parlerons, dans la notice sur la Haute-Saône, de cette sanglante défaite de Magetobriga. Arioviste fut alors maître de tout ce pays, « le meilleur de la Gaule, » dit César au livre Premier, de ses Commentaires. Mais la conquête du chef suève avait encouragé d'autres barbares à envahir les Gaules ; on connaît ce grand mouvement des Helvètes qui détermina l’intervention de Rome et de Jules César.

Besançon

le Doubs au pied de la citadelle de Besançon

L'an 58, le proconsul, après avoir fait alliance avec Arioviste, quitta la province, marcha sur Genève avec une seule légion, coupa le pont du Rhône, retourna à Rome chercher son armée et revint, par une de ces marches rapides qui lui furent depuis familières, accabler les Helvètes : Vainqueur de ces premiers ennemis, César se tourna contre Arioviste et lui enjoignit de quitter le pays des Éduens et des Séquanais. « Que César vienne contre moi, répondit le Suève, il apprendra ce que peuvent d'invincibles Germains qui depuis quatorze ans n'ont pas couché sous un toit. » Le proconsul entra aussitôt en Séquanaise, gagna son ennemi de vitesse et s'empara de la capitale du pays, Vesontio, où il établit sa place d'armes et ses magasins. La bataille, dans laquelle la discipline romaine triompha du nombre et de l'impétuosité des barbares, se livra à trois journées de Besançon, vers le nord-est. Les Séquanais furent délivrés de leurs oppresseurs germains ; mais ils ne firent que changer de maîtres les Romains occupèrent militairement leur pays, y envoyèrent des administrateurs et des agents la domination romaine savante, policée et durable s'établit au milieu d'eux. Ceux des Séquanais qui regrettaient les temps de l'indépendance gauloise quittèrent leur patrie et remontèrent vers le nord afin d'exciter contre leurs oppresseurs les peuples belges ; ces Gaulois intrépides et sauvages se prêtèrent facilement à ce dessein; leurs attaques furent pour César l'occasion et le prétexte de la conquête des Gaules; il était à Besançon quand commencèrent les hostilités. L'indépendance de toute la Gaule, et en particulier celle des Séquanais, fut perdue sans retour par la soumission de Vercingétorix.
A partir de ce moment, ils restèrent fidèles aux traités et servirent avec loyauté dans les armées romaines. Lucain fait un grand éloge de la cavalerie séquanaise et nous représente la légion vésontine marchant au combat avec sa vieille enseigne un globe d'or dans un cercle rouge. Auguste avait compris la Gaule transalpine dans les provinces impériales et classé la Séquanaise dans la Belgique (28 ans av. J.-C.) ; cette province prit le nom de Maxima Seguanorum à l'époque de la division administrative de Dioclétien et eut pour capitale Besançon en (292).

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Le Château de d'Arguel

Au IIème et au IIIème siècle, une grande partie de la Séquanaise était chrétienne. De Lyon, la foi nouvelle remonta vers le nord de la Gaule ; en 180, deux jeunes Athéniens, disciples de l'évêque Irénée, Ferréol et Ferjeux, portèrent la foi évangélique chez les Séquanais; ils firent un si grand nombre de prosélytes, que Besançon ne tarda pas à devenir le siège d'une nouvelle église dont Ferréol fut le premier évêque. Mais les deux disciples de saint Irénée payèrent de leur sang leur généreuse propagande ils furent mis à mort en 211. Saint Lin, saint Germain et les autres successeurs de saint Ferréol étendirent la foi chrétienne malgré les persécutions, et, au temps de Dioclétien, la Séquanaise entière était convertie au christianisme.
A cette époque, les provinces de la Gaule qui confinaient à la Germanie n'avaient pas de repos elles étaient sans cesse menacées par les barbares. Avant les invasions définitives des Burgondes.et des Francs, les habitants de la Séquanaise eurent à souffrir d'un grand nombre d'incursions passagères. Lorsque Julien, alors césar, se rendit à Besançon, après ses victoires sur les Francs et les Allemands dans les années 358 et 359, il trouva toute la province dont cette ville est la capitale ravagée et, à Besançon même, il ne vit que des traces de dévastation « Cette petite ville, écrit-il au philosophe Maxime, maintenant renversée, était autrefois étendue et superbe, ornée de temples magnifiques et entourée de murailles très fortes, ainsi que la rivière du Doubs qui lui sert de défense. Elle est semblable à un rocher élevé qu'on voit dans la mer et presque inaccessible aux oiseaux mêmes, si ce n'est dans les endroits qui servent de rivage au Doubs..»Avant de se jeter sur l'Espagne, les Vandales laissèrent aussi en Séquanaise des traces de leur passage. Ce fut enfin en 410 que l'une des invasions définitives qui se fixèrent sur le sol et lui donnèrent pendant longtemps son nom, celle des Burgondes, se répandit dans la Séquanaise. Les nouveaux maîtres, de mœurs paisibles et douces, ne furent pas des oppresseurs ; ils se contentèrent de s'approprier une partie du sol sans établir des impôts onéreux et vexatoires ; ils laissèrent à leurs sujets leurs lois romaines, leur administration municipale et vécurent avec eux dans une égalité parfaite chacun selon ses lois. Le patrice Aétius chassa momentanément les Burgondes de la Séquanaise, de 435 à 443 environ.
Aux ravages occasionnés par cette guerre s'en ajoutèrent de bien plus terribles. Attila, battu à Chalons-sur- Marne en 451, fit sa retraite par l'orient de la Gaule, et Besançon fut tellement ruinée par les Huns que pendant cinquante ans elle resta déserte. L'établissement définitif des Bourguignons dans les pays éduen et séquanais, qui devinrent les deux Bourgognes, date de l'année 456. Le Suève Ricimer, héritier des dignités d'Aétius qui venait d'être mis à mort par Valentinien III, partagea ces pays entre les chefs burgondes Hilpéric et Gondioc, avec lesquels il avait formé une alliance de famille. Gondioc laissa en mourant le territoire de Besançon et cette ville à l'un de ses quatre fils, Godeghisel uni à Gondebaud et devenu maître de toute la Séquanaise par le meurtre de deux de ses frères. Godeghisel fit secrètement alliance avec le roi des Francs Clovis et abandonna son frère dans la bataille qui eut lieu sur les bords de l'Ouche en 500. Gondebaud tira vengeance de cette trahison lorsqu'il eut obtenu la paix de Clovis, il tourna ses armes contre son frère, le battit et le fit massacrer. Gondebaud fut alors maître du territoire séquanais et y imposa son code, la célèbre loi Gombette, jusqu'au moment où les fils de Clovis prirent aux enfants de Gondebaud tout leur héritage et s'emparèrent de la Bourgogne en 534.

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Paysage du Doubs - Gustave Courbet

Lorsque la monarchie franque fut partagée entre les quatre fils de Clotaire Ier, le pays dont nous nous occupons échut avec toute la Bourgogne à Gontran (561-593). Grâce à son éloignement des champs de bataille, il traversa sans trop de vicissitudes cette période de la domination des Francs. Ses nouveaux maîtres étaient cependant de mœurs moins douces que les paisibles Bourguignons ; Besançon commençait à se relever des ruines et des désastres des invasions précédentes, quand survinrent les Sarrasins.
En 722, les hordes d'Abd-el-Rhaman passent la Loire, remontent la Saône, se divisent vers Autun en deux bandes l'une se dirige vers l'ouest, tandis que la seconde livre aux flammes Besançon et tout le pays de Warasch ou Varasque, qui se composait alors du territoire aujourd'hui compris dans le département du Doubs.
Tandis que la Bourgogne citérieure ou en deçà de la Saône commençait à former ses divisions féodales et à se diviser en comtés, la Bourgogne ultérieure ou Franche-Comté conservait les divisions barbares qui avaient pris naissance avec les Burgondes et s'appelaient pagi.
Pépin le Bref laissa à sa mort survenue en 768 les deux Bourgognes à son fils Carloman. On sait que ce prince n'en jouit pas longtemps ; se retirant dans un monastère, il laissa ses États à des enfants en bas âge qui furent dépossédés par leur oncle Charlemagne.
L'histoire du département du Doubs se confond avec celle du vaste empire du héros germain on sait seulement que les Bourgognes profitèrent de la réforme administrative à laquelle il soumit tous ses États mais ce ne fut pas pour longtemps; les troubles du règne de Louis le Débonnaire survinrent, puis les discordes de ses fils lui survécurent.
Après la bataille de Fontanet en 841 et le traité de Verdun signé en 843, les deux Bourgognes furent séparées pour la première fois. La Bourgogne éduenne échut à Charles le Chauve et la Bourgogne séquanaise à Lothaire. Cet empereur mourut en 855. La haute Bourgogne ou Bourgogne cisjurane entra dans la part du plus jeune de ses trois fils, Charles, roi de Provence. A la mort de ce prince en 863, ses frères Louis II et Lothaire II firent deux parts de son royaume la haute Bourgogne fut scindée, la plus grande partie du territoire qui forme le département du Doubs échut avec Besançon à Lothaire II. Lothaire ne survécut que de six ans à son frère Charles. Le roi de France, Charles le Chauve, profita des embarras et des guerres dans lesquels son neveu, Louis II, était engagé en Italie pour se saisir des États de Lothaire. II il se fit proclamer roi de Lorraine à Metz mais Louis II protesta, et un nouveau partage plus bizarre que tous les précédents eut lieu. La haute Bourgogne fut complètement démembrée, le Pagus de Varasque, qui avait pris le nom de Comté, échut à Louis, depuis Besançon jusqu'à Pontarlier, tandis que Besançon même était concédée à Charles le Chauve par un traité conclu au mois d'août 870.

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Le Doubs

Pour se reconnaître dans cette multiplicité de partages où l'historien lui-même, s'il veut ne pas se perdre, a besoin d'apporter une attention soutenue, il faut bien songer que les noms de haute Bourgogne, Bourgogne ultérieure et Bourgogne cisjurane s'appliquent tous également à cet ancien pays des Séquanais que nous n'avons pas encore le droit d'appeler du nom de Franche-Comté, dont nous indiquerons bientôt l'origine.
Tant de dislocations et de changements nuisaient aux relations et aux intérêts des localités et faisaient périr tous les éléments d'unité et de pouvoir. La partie de la haute Bourgogne qui échut a Charles le Chauve protesta contre le partage de 870 ; Gérard de Roussillon, ce héros du premier temps féodal, gouverneur de Provence et de Bourgogne, s'opposa par les armes à son exécution ; ce fut aux environs de Pontarlier que se livra la bataille qui décida en faveur du roi de France.

Entre le Doubs et le Drugeon
Périt Gérard de Roussillon


, dit une vieille tradition. Gérard ne périt pas, mais fut chassé et cessa de contester à Charles l'occupation du pays. Nous retrouvons deux fois le prince à Besançon ; la première à la suite de sa victoire, la seconde lorsque, après la mort de son neveu Lothaire II en 875, il descendit en Italie pour s'y faire couronner empereur. On sait que, l'année même de sa mort survenue en 877, Charles le Chauve ratifia, par le fameux capitulaire de Kiersy-sur-Oise, les usurpations de la féodalité.
Le gouverneur des Bourgognes et de la Provence, Boson, n'avait pas attendu la sanction royale pour se rendre indépendant dans les pays qui lui étaient confiés ; mais ce fut seulement en 879, à la mort de Louis le Bègue, qu'il tint à Mantaille une diète générale où, entre autres personnages influents, nous voyons figurer l'archevêque de Besançon. Il se fit donner le titre de roi de Bourgogne. L'année qui suivit sa mort en 888, les Normands ravagèrent la haute Bourgogne ; son successeur, en bas âge, Louis, était incapable de défendre les États de son père ; il fut dépossédé du comté de Bourgogne ou Bourgogne cisjurane par son oncle Rodolphe, qui avait séduit Thierry Ier, archevêque de Besançon, en lui offrant le titre de grand chancelier de Bourgogne. Ce ne fut cependant pas sans opposition de la part d'Arnoul, que les Germains s'étaient donné pour roi après avoir déposé le lâche empereur Charles le Gros à la diète de Tribur en 887, et de la part du jeune Louis de Provence, héritier légitime de cette contrée. Mais Arnoul céda devant la résistance obstinée de Rodolphe, Louis fut vaincu et le prince usurpateur régna paisiblement jusqu'à sa mort, arrivée en 911. Cette période de guerres et de ravages fut pour la comté de Bourgogne l'une des plus malheureuses qu'elle vit jamais ; les brigandages, tous les excès impunis, dix pestes, treize famines ravagèrent toute cette contrée c'était le prélude du Xème siècle, « le siècle de fer. ».

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Le Doubs

Sous le règne de Rodolphe II, qui succéda sans opposition à son père, en 937, un nouveau fléau apparut dans la contrée les Hongrois, plus féroces encore que les Normands, s'y précipitèrent, mettant tout à feu et à sang sur leur passage ; devant eux les populations fuyaient épouvantées vers les montagnes et dans les lieux fortifiés ; les barbares s'abattirent sur Besançon. La ville ne put pas résister à leur fureur et fut prise d'assaut, pillée, réduite en cendres. L'église Saint-Étienne s'écroula dans les flammes. Le feu, poussé par un vent violent, gagna le sommet du mont Calius et dévora tout, églises, édifices et demeures. C'était pour la quatrième fois depuis la conquête romaine que l'antique capitale des Séquanais passait par de semblables épreuves. Rodolphe II mourut, l'année même de ce désastre, laissant un jeune fils, Conrad, qui, sans jamais exercer la royauté, porta pendant un demi-siècle le titre de roi. Les véritables maîtres de la Bourgogne cisjurane et transjurane furent l'empereur d'Allemagne Othon, qui s'empara du jeune Conrad et exerça une grande influence dans ses États, et le premier comte propriétaire de ce pays, selon le savant dom Plancher, Hugues le Noir, deuxième fils de Richard le Justicier.
Vers cette époque apparut sur les bords de la Saône un étranger qui fit dans le pays de Bourgogne une rapide fortune. Albéric de Narbonne s'enrichit par l'exploitation des salines, puis il gagna la confiance du roi Conrad, qui le combla de bienfaits. À sa mort (945), il était comte de Mâcon, baron de Scodingue et du Varasque ; la fortune de sa famille ne périt pas avec lui; de ses deux fils, l'un, Albéric, comme son père, commença la série des sires de Salins que nous verrons à l'histoire du département du Jura; l'autre, Letalde, fut la tige des comtes héréditaires de Bourgogne. Il hérita de ce comté à la mort de Gislebert, successeur, dans ce titre, de Hugues le Noir, mort en 951 sans postérité. Letalde, à l'exemple de Hugues le Noir, prit le titre d'archicomte. Sa race directe s'éteignit en 995, et la partie de la Bourgogne qu'il avait possédée revint à Othe Guillaume, qui fut le premier comte héréditaire de cette province. Fils du roi lombard Adalbert, l'un des seigneurs les plus renommés des deux Bourgognes, audacieux et entreprenant, Othe Guillaume fut un véritable souverain. Irrité de l'influence qu'exerçaient dans le pays les abbés, l'évêque et les vassaux intermédiaires, il s'arrogea le droit de nommer les uns et supprima les autres. Ce fut ainsi que disparurent les anciens comtés de Varasque, Scodingue, Besançon, etc.
Sur ces entrefaites, la monarchie carlovingienne avait été renversée par les ducs de France, qui avaient usurpé le titre de roi. Robert, fils de Hugues Capet, héritait du duché de Bourgogne à la mort de Henri Ier en 1002. Othe osa élever des prétentions contraires et disputer cette province au roi de France ; il ne réussit pas joindre à ses États cette vaste possession ; mais, par le traité de 1016, il acquit les comtés de Mâcon et de Dijon. Le comte de Bourgogne mourut dans cette dernière ville en 1027. Son fils Rainaud Ier lui succéda, il refusa d'abord de reconnaître la suzeraineté de l'empereur de Germanie, Henri III, fils de Conrad. À cette époque, le comte de Montbéliard relevait déjà de l'empire ce fut ce seigneur que Henri chargea de venger son offense. Rainaud fut vaincu avec son allié, le comté de Mâcon, devant la capitale de son comté ; il se soumit alors et alla à Soleure faire hommage à l'empereur en 1044.
C'est ainsi que le vieux pays des Séquanais, tour à tour romain burgonde, franc devint allemand. Cependant, il demeura exempt et libre de toutes tailles et impositions ; il ne fut soumis qu'au service militaire et à quelques obligations honorifiques. « La comté de Bourgogne, dit le savant dom Plancher, a depuis été appelée Franche-Comté parce qu'elle n'était point sujette aux charges ordinaires établies et exigées dans les autres provinces ; qu'elle ne payait point de tributs pécuniaires forcés, c'est-à-dire imposés par le souverain, auquel elle ne devait que le service militaire; si elle ajoutait quelques services pécuniaires, ils étaient libres, volontaires et gratuits. » Cette immunité doit être l'origine du nom de Franche-Comté, bien que, jusqu'en 1366, année où pour la première fois on trouve cette dénomination officiellement mentionnée dans un acte historique, elle ait continué à être désignée sous le nom de « terre d'empire, comté et terre de Bourgogne en empire. » Guillaume Ier (1057- 1087), fils de Rainaud, lui succéda ; ses brillantes qualités et des guerres heureuses lui firent donner le surnom de Grand. Son fils Rainaud II mourut en prenant part à la première croisade. On sait que la fin du XIèmesiècle fut l'un des moments où l'esprit de foi et de piété anima le plus le moyen âge. Pendant que des seigneurs allaient en pèlerinage au tombeau de Jésus-Christ, d'autres enrichissaient les monastères et les comblaient des marques de leur munificence. Vers 1076, un des plus riches comtes du royaume de France, Simon de Crépy en Valois, fut touché de la grâce divine ; préférant à l'éclat de la gloire une pieuse obscurité, il abandonna ses dignités et ses richesses et vint s'enfermer dans un monastère de la Franche-Comté. Bientôt, peu satisfait des mortifications et des pénitences qu'il s'imposait à Saint- Claude, Simon résolut de rendre utile sa retraite du monde, et, suivi de quelques compagnons, il pénétra, une hache à la main dans les solitudes du Jura et s'ouvrit un passage à travers les forêts jusqu'aux sources du Doubs. Là, les pieux cénobites s'appliquèrent à défricher un sol infertile et malsain, hérissé de broussailles, au milieu des précipices, parmi les rochers âpres et nus dans une région déserte, dont les échos, pour la première fois, retentissaient des cris de l'homme, Simon et ses rares compagnons firent tomber sous la cognée les arbres séculaires, frayèrent des chemins là où l'homme n'en connaissait pas avant eux; ils fertilisèrent un sol longtemps rebelle à la charrue, et après bien des périls, bien des fatigues et des privations journalières, ils eurent conquis sur cette terre inhospitalière la contrée qu'on a longtemps appelée les Hautes-Joux et les Noirs-Monts. Le prieuré qu'avait fondé le puissant comte devenu pauvre solitaire, et qui fut habité après lui par ses disciples, prit le nom de Motta (maison des bois) et il a été l'origine de ce joli village si pittoresque de Mouthe, dans l'arrondissement de Pontarlier, et qui aujourd'hui s'enorgueillit de ses riches pâturages.
A Rainaud II succéda Guillaume II, dit l'Allemand, qui fut, selon toute vraisemblance, assassiné par ses barons. Ce comte s'écarta de l'esprit de piété de ses prédécesseurs ; il ne craignit pas de porter une main téméraire sur les richesses que l'abbaye de Cluny tenait de leur dévotion. Son crime ne resta pas sans châtiment. L'abbé Pierre le Vénérable nous apprend qu'un jour qu'il revenait d'exercer de nouvelles spoliations dans le saint lieu, méprisant les conseils des hommes sages et les prières des moines, il chevauchait orgueilleusement, et répondait à ceux qui lui demandaient s'il ne craignait pas d'attirer sur lui le courroux du ciel « Quand mon or sera épuisé, j'en irai prendre d'autre au bon trésor de Cluny. » Tout à coup, à l'entrée d’un sentier étroit, un cavalier monté sur un cheval noir s'arrêta devant lui. « Comte de Bourgogne, dit-il en le fixant de son farouche regard, comte de Bourgogne, il te faut m'accompagner. Qui donc es-tu et de quelle race pour regarder si fièrement le maître de tout ce pays ? » repartit Guillaume. «Tu vas le savoir» répondit le cavalier; puis il saisit le comte, l'assit sur son cheval, et ceux qui l'accompagnaient voient avec une surprise mêlée de terreur deux vastes ailes s'ouvrir aux flancs du coursier; le cavalier mystérieux et le comte furent emportés dans les airs, et bientôt l’œil ne put plus les suivre. Il se répandit une grande odeur de soufre et de fumée, et on dit que c'était le démon lui-même qui était venu chercher le comte impie. Des historiens peu crédules ont prétendu que Guillaume fut assassiné par ses barons, qui, pour détourner les soupçons, imaginèrent cette fable.
Vinrent ensuite Guillaume III l'Enfant et Rainaud III, qui mourut en 1148 laissant ses États à sa fille, la jeune Béatrix. Celle-ci épousa en 1156 l'empereur Frédéric Ier. L'année suivante, ce souverain tint une diète à Besançon, dans laquelle il reçut le serment de fidélité des prélats et des seigneurs de la contrée. Sa femme mourut en 1185 ; il se déposséda alors de la Comté en faveur de son troisième fils Othon et ne retint que Besançon, qui devint ville impériale et resta dans cet état jusqu'en 1656, époque à laquelle elle fut rachetée par l'Espagne. La fille d'Othon, Béatrix, qui lui succéda en 1200, porta la Comté dans une famille étrangère par son mariage avec Othon, duc de Méranie (Moravie), marquis d'Istrie et prince de Dalmatie. Après Béatrix, Othon III (1234-1248), Alix de Méranie (1248-1279), sa sœur et Othon IV, dit Ottenin (1279- 1303) régnèrent. Ce dernier fut un fidèle allié des rois Philippe le Hardi et Philippe le Bel. Il changea les armoiries des comtes de Bourgogne ; jusque-là elles étaient de gueules, à l'aigle éployée d'argent ; il y substitua, vers 1280, l'écu semé de billettes d'or, au lion de même.
Ce fut dans les dernières années d'Othon ou dans les premières-de son successeur, Robert l'Enfant (1303-1315), que le roi Philippe le Bel érigea en parlement le conseil des comtes de Bourgogne. Le parlement de Besançon fut fun de ceux qui eurent les pouvoirs les plus étendus outre les affaires contentieuses il connaissait encore pendant la paix de toutes les affaires concernant les fortifications, les finances les monnaies la police les chemins, les domaines et les fiefs. Pendant la guerre il réglait la levée des troupes leurs quartiers, leurs passages, les étapes, subsistances payements et revues. Ces pouvoirs étendus et presque royaux ne lui furent pas conférés de prime abord, mais par des ordonnances successives de 1508, 1510, 1530, 1533 et 1534. Jeanne Ire, qui épousa le roi Philippe le Long, succéda à Robert l'Enfant (1315-1330) et laissa la possession de la province à sa fille Jeanne II, qui, en 1318, avait épousé Eudes IV, duc de Bourgogne. Leur petit-fils, Philippe de Rouvres, fut en même temps duc et comté, et, pour la première fois depuis Boson, les deux Bourgognes se trouvèrent réunies (1350-1461). À sa mort, tandis que le duché rentrait dans la possession des rois de France, la Comté passa en héritage à Marguerite, fille de Philippe le Long et de la reine Jeanne cette princesse eut pour successeur Louis de Male, comte de Flandre (1382).
Tous les États de ce comte passèrent à Philippe le Hardi, fils de Jean le Bon et le premier de cette race capétienne de Bourgogne qui, jusqu'à Louis XI, contre balança l'autorité royale. L'an 1386, la ville de Besançon renouvela, avec le duc Philippe, le traité qu'elle avait signé avec les anciens comtes.
La même année, Philippe exigea le droit féodal qu'on appelait relevamentum, la reprise des fiefs ou renouvellement d'hommage de ses vassaux de Franche-Comté, accoutumés depuis longtemps, par l'absence de leurs suzerains, à vivre dans l'indépendance. La partie de la Franche-Comté dont nous nous occupons, éloignée du théâtre des guerres des Anglais, des Armagnacs et des Bourguignons, eut moins à souffrir dans toute cette période que tout le reste de la France ; cependant elle ne fut pas épargnée par la peste noire en 1348 et 1350. Les routiers vinrent aussi « y querir victuaille et aventures, » et, à l'histoire du Jura, nous les retrouverons à Salins ; mais ces maux, quoique grands, étaient peu de chose comparés à l'affreuse dévastation, à la misère profonde de tant d'autres provinces d'ailleurs, dans la Franche-Comté même, le territoire qui a formé le Doubs dut à sa position extrême d'être moins atteint par les brigandages. Les villes avaient acquis une existence particulière nous retrouverons à leur histoire spéciale leurs chartes communales. Le règne de Philippe le Bon fut marqué par des troubles dont il sera fait mention quand nous nous occuperons de Besançon. A la mort de Charles le Téméraire (1477), la Franche- Comté ne passa pas, avec le duché de Bourgogne, au roi Louis XI ; la princesse Marie porta cette province dans la maison d'Autriche par son mariage avec Maximilien, aïeul et prédécesseur de Charles- Quint. En 1482, Marguerite succéda à sa mère ; son frère Philippe le Beau gouverna quelques années, de 1493 à 1506. Enfin, à sa mort (1530), la province passa sous la domination de son puissant neveu Charles-Quint, roi d'Espagne et empereur d'Allemagne.
Le règne de Charles-Quint fut pour la Franche- Comté un temps de prospérité; il aimait cette province et accorda des privilèges à un grand nombre de ses villes ; Besançon eut les siens; le commerce et l'industrie firent des progrès rapides sous cette administration bienfaisante et ne s'arrêta que lorsque le voisinage de la Suisse eut introduit la Réforme dans la Comté. Besançon eut ses religionnaires, ses luttes intestines, un tribunal de l'inquisition et des persécutions violentes. Guillaume Farel avait prêché la Réforme à Montbéliard dès 1524 ; après lui, Théodore de Bèze et d'autres missionnaires semèrent en Franche-Comté les nouvelles doctrines. Une confrérie, sous l'invocation de sainte Barbe, réunit les membres les plus considérables du parti protestant. En 1572 il y eut dans Besançon une lutte sérieuse entre les partis catholique et protestant. L'empereur Maximilien II enjoignit aux Bisontins, par édit du 9 juin 1573, de vivre en bons catholiques. Les protestants voulurent résister les armes à la main ils furent assaillis sur une place publique par toute une armée, arquebusés et massacrés. Le catholicisme eut ainsi raison de ses adversaires.
Après les guerres de religion vinrent les guerres de la conquête française. Henri IV, devenu roi de France malgré la Ligue et l'Espagne, envahit la province espagnole de Franche-Comté après sa victoire de Fontaine- Française, situé en Côte d’Or en1595. Un détachement de son armée échoua devant Baume-les-Dames, et Besançon acheta la retraite du roi pour une somme de cent mille francs.
Pendant la période française de la guerre de Trente ans, la Franche-Comté fut menacée de nouveau, et la ville de Pontarlier fut assiégée par le duc de Saxe-Weimar, commandant des forces suédoises. Mais la grande invasion, celle qui eut pour résultat de rendre française cette province, appartient au règne de Louis XIV. Ce prince réclama la Franche-Comté au nom des droits qu'il prétendait tenir de sa femme, Marie-Thérèse ; la guerre de dévolution, terminée par le traité d'Aix-la-Chapelle signé en 1668, la lui livra. Mais, cette même année, la province fut restituée par la France à l'Espagne, en échange de l'abandon de tous droits sur les conquêtes faites par Louis XIV dans la Flandre. La guerre se renouvela en 1672. Besançon tomba au pouvoir des Français, toutes les villes de la province furent prises une à une, et le traité glorieux de Nimègue rendit définitive cette seconde conquête (1678). Louis XIV s'empressa de donner une nouvelle organisation à la province devenue française. La bourgeoisie franc-comtoise perdit la plupart de ses privilèges ; Besançon fut définitivement capitale de la Franche-Comté et siège du parlement et de l'université, qui avaient été transférés à diverses époques à Dôle. A la convocation des états généraux, la Franche- Comté, comprise dans le nombre des provinces étrangères et États conquis et surchargée d'impôts, accueillit avec empressement les idées nouvelles, et, lorsque la patrie fut déclarée en danger, les trois départements fournirent chacun leur bataillon de volontaires. Pendant la Terreur, Robespierre le jeune fut envoyé en mission dans le Doubs cependant les excès furent modérés, et le 9 thermidor y mit entièrement fin.
En décembre 1813 et janvier 1814, ce département vit un corps d'armée autrichien assiéger Besançon, qui se défendit vainement avec courage. Depuis cette époque jusqu'à la guerre franco-allemande (1870- 1871), le Doubs a subi les révolutions qui se sont faites en France bien plus qu'il ne s'y est mêlé ; au milieu du calme et de la paix, il a vu se développer sa prospérité ; il peut s'enorgueillir des hommes illustres qu'il a donnés à notre siècle, et aujourd'hui il est l'un des premiers départements de la France, comme la Franche-Comté en était une des premières provinces. Cette prospérité devait, hélas être troublée de nos jours. Durant la guerre franco-allemande (1870-1871), le département du Doubs eut à subir les douleurs de l'invasion. À l'exception de Besançon, le département tout entier fut occupé par les Allemands, notamment les localités suivantes Ancey, L'Islesur- le-Doubs, Clairval, Baume-les-Dames, Hods, Montbéliard, Blamont, Pont-de-Roide, Saint-Hippolyte, Morteau, par les troupes du XIVème corps de la IVème armée, sous les ordres du général de Werder ; Quingey, Vineneuve, Levier, Sombacourt, Chaffois, Pontarlier, La Cluse, par l'armée du général Manteuffel. Le Doubs fut alors le théâtre de la désastreuse retraite de l'armée de l'Est, presque comparable à la retraite de Russie en 1812. Nous allons en retracer aussi brièvement que possible les douloureuses péripéties. Après la reprise d'Orléans par les Allemands et la défaite des armées de la Loire, le gouvernement de la défense conçut, le 20 décembre 1870, le plan d'opérer une diversion dans l'Est et de débloquer Belfort assiégé. Le général Bourbaki accepta cette tâche difficile. Le 11 janvier, il livrait à Villersexel (Haute-Saône) un sanglant combat et s'emparait de cette ville ; le 14, il arrivait sur les hauteurs de la rive droite de la Lisaine, et le 15 il établissait son quartier général à Trémoins. Alors commençaient ces rudes batailles entre Montbéliard et Belfort, qui ont pris le nom de bataille d'Héricourt (Haute- Saône). Le 15 au soir, notre armée entrait dans Montbéliard ; l'ennemi s'était retiré dans le château. Le 16, les lignes allemandes furent attaquées avec acharnement. La droite de l'armée ennemie seule céda ; Cremer délogea le général Degenfeld de Chenebrier et le repoussa jusqu'à Frahier. Dans la nuit, un mouvement sur Béthencourt est repoussé ; une autre attaque, tentée sur Héricourt, a le même sort. La garnison de Belfort n'avait pu intervenir dans la lutte. L'armée française s'était épuisée sans parvenir à rompre les lignes allemandes. Il fallait renoncer à faire lever le siège ; il fallait reculer pour vivre; le temps était terrible, le thermomètre marquait 18 degrés au-dessous de zéro. Comment continuer, avec des soldats exténués par la misère et par la fatigue, une lutte où l'on s'acharnait inutilement depuis trois jours ? Le général Bourbaki prit, le soir du troisième jour, le parti de se retirer vers le sud. Nos troupes quittaient les bords de la Lisaine le 18 janvier et arrivaient le 22 autour de Besançon, où le général en chef comptait pouvoir mettre son armée à l'abri et la réorganiser; mais cela était devenu impossible; en effet, Manteuffel, parti le 12 de Châtillon, ayant évité Dijon, occupé par Garibaldi, et masqué ses mouvements, traversait, par une marche aussi audacieuse qu'elle présentait de danger, les montagnes de la Côte-d'Or; le 22, il tenait les deux rives du Doubs le 28, il arrivait à Quingey, se jetant sur les routes d'Arbois et de Poligny, coupant la ligne directe de Besançon à Lyon. En même temps, de Werder descendait vers le sud, en sorte que Bourbaki, en arrivant sous Besançon, se trouvait dans la position la plus critique. Pour comble de malheur, un convoi de deux cent trente wagons chargés de vivres, de fourrages et d'équipements, avait été surpris par l'ennemi à Dôle. D'heure en heure se rétrécissait autour de nous le réseau qui menaçait de nous étouffer. La situation était poignante. Que faire ? Battre encore en retraite. Mais de quel côté se diriger, par où se frayer un passage ? Affolé de désespoir, craignant de passer pour un traître, entre cinq et six heures du soir, le 26 janvier, Bourbaki, retiré dans une maison particulière, à Besançon, se tira au front un coup de pistolet. La mort, une fois de plus bravée, dit M. Claretie, ne voulut pas de lui. Le général Clinchant prit le commandement des troupes. La tâche qui lui incombait était lourde. Comment échapper, comment sauver cette armée débandée, perdue, incapable de résister aux coups de l'ennemi ? Il fallait reculer, battre en retraite- chaque minute était un siècle et toujours mourant, toujours souffrant, toujours glacé, essayer de gagner Lyon ou la Suisse. Le général Clinchant n'avait pas le choix ; il ne pouvait que presser et diriger la retraite sur Pontarlier. Il arrivait le 28 autour de cette ville. Dès le 29, les Allemands arrivaient, après un combat où ils firent 4 000 prisonniers du 15ème corps, à Levier, à Sombacourt, à Chaffois, à 4 kilomètres de Pontarlier, sur la route de Salins. « A ce moment, dit un historien de la guerre franco-allemande, parvenait aux deux camps la nouvelle de l'armistice conclu à Paris le 28 ; mais les Allemands étaient avertis, par Monsieur de Moltke, que l'armée du Sud devait continuer ses opérations, jusqu'à ce qu'elle eût obtenu un résultat définitif ; en sorte que la chute de Paris excitait son ardeur, tandis que le général Clinchant, ignorant la fatale exception contenue dans le traité, laissait tomber ses armes et faisait cesser le combat. Le 30, quand on dut les reprendre, la marche continuée des Allemands aggravait la situation. Ils enlevaient Frasne sur le chemin de fer et 1 500 prisonniers. Cremer était à Saint-Laurent, séparé de l'armée et à peu près sauvé par cela même. Le 10 février, toute l'armée allemande aborde Pontarlier, qui est enlevée presque sans résistance. Cependant le 18ème corps est encore à la croisée des routes de Mouthe et de Rochejeau, appuyé sur le fort de Joux, près de La Cluse, à 15 kilomètres au sud de Pontarlier. Là, un dernier combat s'engage avec le IIème corps prussien, qui, repoussé tout le jour, s'attacha seulement à achever de couper les routes du sud jusqu'à la frontière. Il n'y parvint qu'imparfaitement, et une partie du 18èmecorps put regagner la route de Lyon. Le général Clinchant, on le conçoit, n'avait plus alors qu'une préoccupation, celle de dérober à l'ennemi les soldats qui lui restaient, ses armes, son matériel, fût-ce en allant chercher un refuge au-delà de la frontière. Pendant la nuit du 31 janvier au 1er février, il signait aux Verrières, avec le général suisse Herzog, une convention qui réglait le passage de l'armée française en Suisse. Cette armée, exténuée, y entrait au nombre de 80,000 hommes. « C'était, depuis six mois, dit M. Charles de Mazade, la quatrième armée française disparaissant d'un seul coup, après celles de Sedan et de Metz ; qui étaient encore captives en Allemagne, et celle de Paris, qui restait prisonnière dans nos murs. » Dans cette immense douleur, dans cet épouvantable désastre, nous eûmes, du moins, la consolation de voir nos malheureux soldats accueillis par la généreuse république helvétique avec une touchante humanité. « Pauvre armée en lambeaux, écrit M. Claretie, pauvres soldats en haillons Lorsque les Suisses les virent, pâles, exténués, mourants, tous pleurèrent. Une immense pitié s'empara de ces cantons, qui se saignèrent pour fournir vivres, argent, vêtements aux vaincus et aux exilés.»
La France a contracté en cette lamentable circonstance une dette qu'elle n'oubliera pas.


Besançon


Fontaine La ville de Besançon
Plan de Besançon

Jules César, impressionné par ce site stratégique qu'il décrit dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, décide d'en faire la capitale de la tribu gauloise des Séquanes (Civitas Maxima Sequanorum) ainsi qu'une citadelle militaire et un carrefour d'échanges de la Gaule romaine. La ville connait alors un âge d'or, elle devient l'une des plus grandes villes de la Gaule Belgique, puis de la province de Germanie supérieure. En 68, elle est le théâtre de la bataille de Vesontio opposant Lucius Verginius Rufus, fidèle de l'empereur Néron, à Gaius Julius Vindex, un rebelle qui est vaincu et finit par se suicider. Par la suite, à une date difficile à préciser mais peut-être juste après la fin de la révolte de Civilis, la cité est promue au titre de colonie romaine. Les Romains agrandissent la cité et l'embellissent en y construisant de nombreux édifices de part et d'autre du cardo l'actuelle Grande Rue et même sur la rive droite du Doubs où ils élèvent un amphithéâtre les Arènes de Besançon pouvant accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs. Sous la Tétrarchie, la cité devient la capitale de la « Provincia Maxima Sequanorum ».
En 360, l'empereur Julien, de passage à Vesontio, décrit une « bourgade ramassée sur elle-même », une cité sur le déclin qui n'est guère plus qu'un village.
Peu après la chute de Rome, Clovis Ier, roi mérovingiens des Francs, entreprend de réunir les peuples gaulois sous son ordre. Les Séquanes sont ainsi rattachées au royaume en même temps que les Burgondes et les Alamans. L'histoire de Besançon au début du Moyen Âge est très mal connue, les documents et indices étant largement insuffisants. En 821, on trouve trace d'un premier texte mentionnant la ville sous l'appellation Chrysopolis.

La ville de Besançon
Louis XIV devant le siège de Besançon - Adam François van der Meulen -1674

De 843 à 869, le diocèse de Besançon est rattaché à la Francie médiane puis à la Lotharingie. À la mort de Lothaire II, il devient possession de Charles le Chauve en vertu de la signature du Traité de Meerssen (870) et est donc intégré au royaume de France jusqu'en 879.
C'est en 888 que Eudes Ier de France, dans sa féodalisation du royaume, fonde les duchés et comtés de Bourgogne. Ce dernier ayant pour capitale Dole est rattaché au Comté de Varais dans lequel se trouve Besançon. Ce comté aura pour premier comte appelét "comte palatin de Bourgogne") Otte-Guillaume de Bourgogne (982-1026). Besançon devient également siège épiscopal en tant qu'archevêché indépendant. Le dernier roi de Bourgogne, Rodolphe III, n'ayant pas de descendants mâles, lègue ses biens bourguignons à son neveu Henri II du Saint-Empire. En 1032, comme tout le Comté de Bourgogne, Besançon est donc rattachée au Saint Empire romain germanique.

La ville de Besançon
Besançon, Capitale du Comté de Bourgogne : Besançon, Attaquée par l'Armée du Roy Commandée par Sa Majesté en personne et Rendue à son obeissance le 15 May 1674 après 9 jours de tranchée ouverte et la Citadelle le 20 du mesme mois - Source Gallica

L'Archevêque de Besançon, Hugues de Salins, grâce à l'appui de l'Empereur, devient le seigneur de la ville, qui prospère sous son impulsion. Après la mort de celui-ci en 1066, une lutte pour sa succession plonge Besançon dans une longue période de crise. Aussi, pendant tout le Moyen Âge, Besançon restera une ville directement soumise à l'autorité impériale et indépendante du Comté de Bourgogne, dont Dole est la capitale.
Au cours des XIIème et XIIIème siècles, les Bisontins luttent contre l'autorité des archevêques et obtiennent finalement leurs libertés communales en 1290. Tout en restant soumise à l'Empereur, Besançon se gouverne par elle-même, grâce à un conseil de vingt-huit notables élus au suffrage universel masculin à plusieurs degrés et à un conseil de quatorze gouverneurs désignés par les notables. Besançon restera ainsi une « ville libre » pendant près de 400 ans.

Note

Les Salines Royales d'Arc et Sénans


Le Château de Joux
La maison du directeur des Salines Royales d'Arc et Sénans

C'est parce qu'il était l'un des protégés de la comtesse du Barry, pour laquelle il avait construit à Louveciennes un charmant pavillon, «Sanctuaire de la volupté » que Claude Nicolas Ledoux fut chargé par Louis XV de construire de Nouvelle saline en Franche Comté. Au cour de son enquête pour l'implantation de cette fabrique, l'architecte champenois traversa la riante vallée de la Loue, le Val d'Amour, au nom évocateur pour un esprit aussi lyrique que le sien. A Arc-et-Senans , il eu la vision d'une ville de 5 000 habitants, aménagée autour d'un noyau industriel qu'il pourrait édifier en ces lieux agrestes selon les principes utopiste de Jean-Jacques Rousseau. Son ambition était d'intégrer dans une même harmonie le travail des hommes mais aussi leur vie familiale et sociale ainsi que le sens de l'esthétique et les recherches philosophiques de l'époque. Construite selon un plan circulaire « pur comme le soleil dans sa course», coupé d'artères rayonnantes en direction de la forêt et de la rivière, la «La cité idéale de chaux» devait s'ordonner rationnellement autour du pavillon du directeur, représentant omniprésent du pouvoir royal.
Dans le rapport joint à ses plans Ledoux écrivait, au sujet de la grande galerie qui devait entourer les ateliers de fabrication : « Il faut voir, tout entendre; il faut que l'ouvrier ne puisse se soustraire à la surveillance par la faveur d'un pilier..».

Photos

Un tribunal et une prison devaient d'ailleurs être construits pour l'exemple, afin de respecter l'ordre hiérarchique. Cette organisation rigoureuse du travail n'excluait pas cependant la détente et le loisir. Ledoux prévoyait l'installation d'un marché, de bains avec piscine centrale sous coupole, d'une maison de récréation avec des salles et des terrains de jeux et de petits potagers. Une église serait bien sûr érigée avec un «temple de l'union», consacré au culte des valeurs morales et un palais "pacifière", destiné à conter les apologistes de la violence.
Il avait l'intention de loger aussi dans sa ville sur réaliste avant l'heure des écrivains, des artistes dans des cabinets retirés loin du bruit, à l'abrit des caprice amoureux qui pourraient retarder leur inspiration. poussant sa démonstration à l'extrême , ce démiurge avait aussi prévu pour son royaume miniature une « maison de plaisirs», temple phalloïde où seraient étalés les excès des mœurs pour mieux les fustiger. Enfin pour couronner leur existence édifiante, tout entière voué au travail, à la famille, à la pratique religieuse, au respect des lois et à l'amour du beau.
Il avait imaginé pour les habitants de la cité idéale de Chaux un étrange et symbolique cimetière de forme sphérique accosté de deux columbariums crypto circulaire.
De ce prodigieux ensemble seule la moitié sud du cercle centrale, fut construite.
Ce trésor architectural, admirablement conservé, donne aujourd'hui une image grandeur nature de ce que devait être la fantastique phalanstère imaginé par Ledoux.

Les Ducs de Bourgogne, devenus maitres de la Franche-Comté, sont les « protecteurs » de la ville libre impériale que reste toujours Besançon. C'est pour la cité une période de prospérité.
À l'époque de la Renaissance, la Franche-Comté appartient de nouveau à l'Empire Germanique suite au décès de Charles le Téméraire. L'empereur Charles Quint fortifie considérablement Besançon qui devient un des boucliers de son Empire. Un Comtois, Nicolas Perrenot de Granvelle, devient Chancelier de l'Empire en 1519 puis Garde des Sceaux en 1532. Toute la région bénéficie des faveurs de Charles Quint et Besançon devient la cinquième ville impériale et s'embellit de monuments, en particulier le Palais Granvelle et l'Hôtel de Ville dont la façade est ornée d'une statue de Charles Quint. La ville compte alors de 8 000 à 9 000 habitants en 1518, population qui serait passée entre 11 000 et 12 000 habitants en 1608. L'économie de la ville est profondément rurale, notamment par la présence des vignerons à Battant qui représentaient la moitié voire les trois quarts de la population et faisaient donc de la viticulture l'activité principale de la ville
. En 1575 eu lieu la bataille de Besançon entre les protestants et les catholiques, dont l'issue a été la victoire de ces derniers.

Note

La Vierge Barbu de Baume les Dame


La Vierge Barbu de Baume les Dame
la chapelle du Saint Sépulcre

On raconte qu'aux premiers temps du christianisme une très belle jeune fille, portant le prénom d'Acombe, fut pourchassée par un prince païen qui voulait la violenter. Alors qu'elle allait être rejointe, la vertueuse Acombe adressa à Dieu une ultime prière et lui demanda de la rendre laide. Aussitôt le visage de la jeune fille se couvrit d'une barbe drue. Furieux d'avoir été ainsi joué, le prince fit mettre sa victime en croix contre un arbre et l'abandonna à sa longue agonie. Sainte Acombe fut longtemps vénérée dans la région et de nombreux pèlerins vinrent se prosterner devant la statue de la sainte crucifiée. Cette statue se trouve dans une petite niche de la chapelle du Saint Sépulcre à l'entrée du cimetière de Baume les Dame.

La ville avait vécu une époque de progrès au XVIème siècle, le XVIIème siècle est marqué par les guerres et une grande misère. En 1631, la ville accueille à deux reprises le duc Gaston d'Orléans, frère du roi et ennemi personnel du cardinal de Richelieu. La guerre de Dix Ans (1635-1644), épisode bourguignon de la guerre de Trente Ans, apporte dans la région les fléaux de la peste, de la famine et de la misère. Besançon, qui a échappé plusieurs fois à un siège, souffre néanmoins des mêmes fléaux que son arrière-pays dévasté: la peste fait son apparition en 1636 tandis qu'une période de famine s'étend de 1638 à 1644. Un traité d'échange entre la ville allemande de Frankenthal (appartenant au roi d'Espagne) et Besançon (relevant de l'Empire), suggéré à partir de 1651, est finalement accepté par les Bisontins en 1664. Pendant une courte période (1664-1674), Besançon perd alors son statut de ville libre et devient possession de la couronne d'Espagne.

La ville de Besançon
La ville de Besançon en 1575

La trêve n'est que de courte durée et le 8 février 1668, l'armée de Condé se voit ouvrir les portes de la ville après que les autorités locales aient capitulé. L'occupation française est plutôt mal vécue et les troupes françaises rebroussent chemin dès le 9 juin. La défense de la cité ayant été mal assurée, on entreprend alors l'amélioration des fortifications: la première pierre de la citadelle est posée au Mont Saint-Étienne le 29 septembre 1668 et à l'autre extrémité, d'importants travaux sont entrepris autour de Charmont. Le 26 avril 1674, le duc d'Enghien est de retour et prend position devant la cité à la tête d'une armée composée de 15 000 à 20 000 hommes. Au terme d'un siège de vingt-sept jours auquel assistent Louis XIV, Vauban et Louvois, la citadelle tombe finalement entre les mains des assiégeants le 22 mai. Besançon, après plusieurs tentatives vaines, devient enfin la capitale de la Franche-Comté au détriment de Dole par lettres patentes du 1er octobre 1677: un grand nombre d'administrations, parmi lesquelles le gouvernement militaire, l'intendance, le parlement ou encore l'université, sont progressivement implantées dans la nouvelle capitale. Le Traité de Nimègue, signé le 10 aout 1678, rattache définitivement la ville et sa région au royaume de France.
Louis XIV décide de faire de Besançon un des maillons essentiels du système de défense de l'Est de la France et confie à Vauban le soin de réaliser les améliorations nécessaires.

Le Château de Joux
Le canal du Rhône au Rhin

La citadelle est ainsi entièrement remaniée entre 1674 et 1688, les autres fortifications sont édifiées de 1689 à 1695 et de nombreuses casernes sortent de terre à partir de 1680. La construction de la citadelle couta très cher, à tel point que Louis XIV aurait demandé si ses murailles n'étaient pas en or... Une ère de prospérité Au XVIIIème siècle, sous l'impulsion d'intendants remarquables, la Franche-Comté connait une période de prospérité et Besançon double sa population (14 000 à 32 000 habitants), tout en se couvrant de monuments et d'hôtels particuliers.
En 1790, Besançon perd son archevêché et son statut de capitale, n'étant plus que le chef-lieu d'un département privé des terres agricoles les plus productives du bas pays. La population, estimée à 32 000 habitants à la veille de la Révolution, décline à 25 328 habitants en 1793 pour ne remonter timidement qu'à 28 463 en 1800.
Cependant, c'est également durant cette période que l'industrie horlogère s'installe dans la ville suite à la création en 1793 d'une manufacture d'horlogerie par un groupe de réfugiés helvétiques mené par l'horloger genevois Laurent Méjean, expulsé de Suisse pour ses activités politiques. L'activité démarre difficilement, notamment du fait de l'hostilité d'une part de la population, mais le nombre d'horlogers est estimé à 1 000 en 1795 et la production de montres progresse tout de même de 14 700 pièces en l'an III (1794-1795) à 21 400 en l'an XI (1802-1803). En 1801 la ville retrouve son statue d’archevêché, mais celui-ci a de nouvelles frontières


Montbéliard


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Comté de Montbéliard
La ville de Besançon
Le siège de Besançon 1674 - Adam François van der Meulen, Peintre attitré de Louis XIV

Après la construction du château au XIème siècle, le châtel « derrière » est construit pour agrandir le château initial (châtel « devant »). L'église Saint-Pierre et quelques habitations apparaissent en même temps. Au XIIème siècle, un bourg castral s'établit en avant du châtel « devant ». Le bourg Vauthier survient le siècle suivant devant le châtel « derrière ». La ville s'agrandit jusqu'au XIVème siècle puis décline à cause de la peste. L'évènement majeur durant cette période est la signature de la Charte de franchise de 1283, elle va fixer le statut de la ville jusqu'en 1793. Renaud de Bourgogne donne l'autonomie à Montbéliard en échange du payement de la toisé (impôt calculé par rapport à la largeur de la façade des habitations).

Besançon

Le Château de Montbéliard

L'administration est dirigée par le Conseil des XVIII, composé de deux représentants élus par guet (quartier). Ce Conseil des XVIII élit et assiste les neuf bourgeois qui sont les vrais maitres de la ville. Les notables sont les anciens membres de ces deux conseils. Tout ceci forme le Magistrat appelé également le conseil de ville. Plusieurs dynasties se sont succédé : les Mousson, les Montfaucon, la famille de Chalon, puis Montbéliard revient dans l'escarcelle des Montfaucon. Henri, fils d'Étienne de Montfaucon meurt en croisade à Nicopolis en 1396. À la mort d'Étienne de Montfaucon, ses enfants ont tous disparu, mais peu avant son décès, il nomme Henriette, l'une de ses petites-filles héritière de ses biens et la fiance à Eberhard IV de Wurtemberg. Le mariage eut lieu en 1407. Le comté de Montbéliard passe donc dans le giron de cette famille germanique et devient en même temps une terre d'empire. Cette nouvelle alliance apporte la seigneurie alsacienne de Riquewihr, et le comté d'Horbourg. Elle s'ajoute aux seigneuries comtoises de Clerval, de Passavant et à celles d'Héricourt, Etobon, Blamont, Clémont. Au XVème siècle, Montbéliard a une superficie de 5 hectares et une population estimée à 1 500 habitants, l'architecture des habitations est très proche du style alsacien. La production artisanale est active et organisée en « chonffes » (corporations) qui règlementent scrupuleusement les corps de métiers.


Pontarlier


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Pontarlier au XVIIème
Note

La source de la Loue


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Vouivre représentée dans Saint Georges et le dragon de Paolo Ucello - 1450

La source de la Loue est l’un des plus grands spectacles que Dame Nature puisse nous offrir. C’est une résurgence du Doubs et l’on s’en est rendu compte lors de l’incendie, survenu le 11 aout 1901, de l’usine Pernod de Pontarlier après avoir été frappé par la foudre. Les pompier déversèrent dans le Doubs environs 600 000 litre d’absinthe dans le Doubs et quelques jours après, la Loue avait pris la couleur du pastis, à la grande surprise des truites très abondantes dans ce cours d’eau.
Domaine fantastique et demeure de la Vouivre. Appelée également la guivre, elle est souvent représenté par un monstre vipérin avalant un enfant.

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La Loue - Gustave Gourbet

Et voici une légende se rapportant à ce montre fantastique :
"La Vouivre porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis, si pur que tout l'or du monde suffirait à peine à en payer le prix. Ce trésor, la Vouivre ne s'en sépare jamais que pendant le temps de ses ablutions. Avant d'entrer dans l'eau, elle ôte son diadème et l'abandonne avec sa robe sur le rivage. C'est l'instant que choisissent les audacieux pour tenter de s'emparer du joyau, mais l'entreprise est presque sûrement vouée à l'échec. A peine le ravisseur a-t-il pris la fuite que des milliers de serpents, surgis de toutes parts, se mettent à ses trousses et la seule chance qu'il ait alors de sauver sa peau est de se défaire du rubis en jetant loin de lui le diadème de la Vouivre." La Vouivre, du vieux mot "guivre", la vipère, aime fréquenter les rivières, les étangs paisibles. C'est dans ces sources qu'elle va boire et se baigner. Elle apprécie aussi les grottes, les marais.

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, à la fin du Vè siècle, le pays est occupé par les Burgondes venus des confins de la Baltique. Ils sont utilisés comme troupes auxiliaires par l'armée romaine avec le statut de fédérés que régit le traité de fœdus utilisé entre Rome et un peuple étranger. Sous Aetius, sénateur et généralissime des légions romaines, ils se voient offrir un territoire autour de Genève qui deviendra le vaste et puissant Royaume de Bourgogne. La route venant d'Italie par les Alpes pennines passant par l'abbaye d'Agaune pour se diviser à Vevey en direction de Lousonna (Lausanne-Vidy) et Aventicum (Avenches) se réunissait pour traverser Pontarlier et partir en direction de Besançon, permettant l'installation de villages et de hameaux dans cette région. Les Burgondes s'installent dans ces bourgs gouvernés par des chefs élus entre eux ; partageant la terre avec les Séquanes ils investissent les terrains propres à la culture et fondent le comté de Warasch. L'habitude de ce peuple de partager les terres entre les rois et leurs officiers et soldats crée un territoire nommé "militae" libre et indépendant qui sera l'origine du franc-alleu et devient de ce fait une coutume longtemps observée dans les monts Jura qui reconnait le droit de propriété du premier occupant. Le bailliage de Pontarlier de par la nature de son sol, le caractère de son peuple, la division des bourgs, la qualité de barons prise par les anciens bourgeois, le franc-alleu du territoire, la justice du souverain alliée à la protection d'un seigneur, l'esprit des lois bourguignonnes, l'habitude du partage des paroisses par familles, l'absence de grandes seigneuries anciennes, tout cela est propice à l'installation du "baroichage" qui se veut une association d'hommes libres. La région étant pauvre les premiers propriétaires, qui se font nommer barons ou barrois (qui pourrait signifier "libre", "indépendant" en vieil allemand "bar"), s'ils veulent tenir leur rang, sont obligés de mettre en fief leurs biens auprès de leurs créanciers créant ainsi des hypothèques que doivent soutenir leurs héritiers jusqu'au remboursement d'où l'origine des fiefs dont il est fait mention dans le courant du XIVème siècle. Dès le XIIIème siècle il existe à Pontarlier une bourgeoisie, celle-ci nomme quatre échevins et les villages quatre jurés, ces huit magistrats prennent le nom de "Boichorage", ils gèrent les affaires communes et une charte de 1246 distingue les "chevaliers et barons de Pontarlier" ce qui place bien les hommes d'armes en préséance des titres de noblesse qui ici ne désignent que les propriétaires des fiefs de la région. En plus des bourgeois d'origine de la ville il y a ceux du " baroichage" qui leur sont associés mais aussi ceux, qui étrangers à la zone d'influence de Pontarlier, ont acquis un droit d'"habitantage" sous peine d'être expulsés s'ils sont en retard de paiement.

Dole

Dole

La ville est divisée en deux bourgs portant pour l'un le nom de "Pontarlier" et pour l'autre celui de "Morieux" plus anciennement "Mareul" ou "Moreul" qui signifierait "marais"; en 1336 Jean de Blonnay, sire de Joux reprend de Jean II de Chalon-Arlay "son châtel de Joux, le Moler devant Joux, que le sir de Chalon fit bâtir, et la forte place du Molar dessus Pontarlier", en face au château de Joux sur une éminence de la forêt nommée "Fauconnière" aujourd'hui "Bois de Ban", là se situe la "forte place du Molar" non loin du bourg de "Morieux" et de sa porte du même nom. Ce partage résulterait peut-être d'une donation de Gontran au VIème siècle à l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon de terres situées sur la route allant de Dijon à l'abbaye d'Agaune pour y établir un hospice connu sous le nom "d'hospice Saint-Bénigne" à destination des religieux qui empruntent cette route. Cette donation vient complétée la première faite par Sigismond un peu plus tôt à destination d'Agaune. Pontarlier est divisé en trois paroisses et une coutume veut que les familles soient toutes rattachées à vie à une des paroisses même si elles changent de quartier. Tout nouvel arrivant dans la région se voit devenir automatiquement paroissien de Saint-Bénigne après un an et un jour de présence.


Promenade dans le Doubs


Le saut du Doubs

Le saut du Doubs

Le Doubs offre de nombreux sites touristiques comme les Salines Royales d'Arc et Sénans, construites entre 1775 et 1779 à partir de plans élaborés par Claude Nicolas Ledoux qui à l'exemple du livre Utopia tente de réaliser la cité idéale. La première pierre fut posée lors d'une cérémonie le 15 avril 1775, jour du samedi saint, et les travaux se poursuivirent jusqu'en 1779. Le gros œuvre fut rapidement réalisé, et les premiers essais de fabrication commencèrent dès l'automne 1778, avant même l'achèvement des intérieurs. Comme le stipulait le contrat passé entre M. Monclar et la ferme générale, l'exploitation de la saline commença en 1779.
Autre lieu imposant de ce département le Saut du Doubs qui est une chute de 27 mètres de hauteur sur le Doubs située sur la frontière franco-suisse, et pour partie dans la commune de Villers-le-Lac côté français, pour partie dans celle de Les Brenets côté suisse.
Sochaux est la ville où les premiers véhicules Peugeot furent construits. La famille Peugeot est originaire de Valentigney et Armand Peugeot et l'un des tous premiers constructeurs de véhicules à essence en 1890


Le Château de Joux

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Le Château de Joux

Le Château de Joux
Le Château de Joux
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Plan du château de Joux

Le château de Joux est situé sur la commune de La Cluse-et-Mijoux à quelques kilomètres de Pontarlier en direction de la Suisse. Le château, qui s'élève à l'extrémité d'un promontoire dominant une cluse de plus de 100 mètres, surveillait un défilé qui fut longtemps stratégique. Les origines du château de Joux sont mal connues. Une seule certitude : un nommé Landri (mort vers 1100) est cité comme le premier possesseur du château. A partir de Landri et jusqu'au XIVème siècle, la succession des sires de Joux ne pose plus de problèmes

Le Château de Joux

Le dernier sire de Joux fut Henri III, qui mourut en 1326. La seigneurie est ensuite possédée par la famille de Blonay puis par la maison de Vienne en 1365. En 1454, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, achète la seigneurie.
Après la mort de Charles le Téméraire (1433-1477), fils de Philippe le Bon et d'Isabelle de Portugal, Louis XI donne le château de Joux à la famille de Hochberg, comtes de Neuchâtel. Au XVIème siècle, le château de Joux est l'objet d'un litige opposant Maximilien d'Autriche (qui avait épousé Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire) aux comtes de Neuchâtel. Après l'annexion de la Franche-Comté en 1678, le château de Joux devient une forteresse grâce aux travaux réalisés par Vauban qui fit édifier des bâtiments encore visibles aujourd'hui (porte Louis XIV et échauguette du Roi-Soleil). Au XVIIIème siècle, le château se transforme petit à petit en prison. Des personnages célèbres séjournent ou meurent au château de Joux : le comte de Mirabeau ("hôte" du château en 1775), le général haïtien Toussaint Louverture (mort en 1803), l'écrivain et dramaturge allemand Heinrich von Kleist (emprisonné en 1807)...
En 1870, le château de Joux permet à l'armée de Bourbaki de se replier en Suisse.




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