Histoire du Doubs


Le département du Doubs fut, dans la
période gauloise, habité par une partie de la nation puissante
des Séquanais. On ignore à quelle époque ce peuple envahit la
Gaule ; mais il paraît certain qu'il fut parmi les Celtes un
des premiers qui s'y fixèrent. La tradition disait qu'ils étaient
venus des bords du Pont-Euxin. Lorsque les neveux du roi Ambigat,
Bellovèse et Sigovèse, franchirent les Alpes 600 ans avant Jésus-Christ,
les Séquanais furent au nombre des barbares qui portèrent pour
la première fois en Italie les armes gauloises. Ce fut à l'époque
où la domination romaine commença à s'étendre par-delà les hautes
montagnes qui séparent l'Italie de la Gaule que les Séquanais
acquirent une grande importance historique.
On sait que Rome
accordait sa protection aux Éduens, cette vaste confédération
mit à profit la suprématie qu'elle devait au titre de «sœur
et alliée du peuple romain pour tyranniser ses voisins les Arvernes
et les Séquanais. Jaloux de cette puissance, les Séquanais cherchèrent
à leur tour des alliés au dehors ; ils attirèrent en Gaule,
par l'appât d'une forte solde, 15 000 mercenaires germains conduits
par Arioviste, le chef le plus renommé des Suèves, vaste confédération
teutonique qui dominait dans la Germanie.

Grâce à ce secours, les Séquanais furent vainqueurs et les Éduens se reconnurent leurs clients ; mais bientôt ils furent plus malheureux que les vaincus. Arioviste, qu'était venue rejoindre une multitude de barbares, exigea des Séquanais un tiers de leur territoire il prit la partie la plus rapprochée de la Germanie, celle qui aujourd'hui forme le département du Doubs ; puis, jugeant ce lot insuffisant, il exigea un autre tiers. Les Séquanais, indignés, se réconcilièrent alors avec les Éduens ; il y eut une grande bataille où l'armée gauloise fut taillée en pièces. Nous parlerons, dans la notice sur la Haute-Saône, de cette sanglante défaite de Magetobriga. Arioviste fut alors maître de tout ce pays, « le meilleur de la Gaule, » dit César au livre Premier, de ses Commentaires. Mais la conquête du chef suève avait encouragé d'autres barbares à envahir les Gaules ; on connaît ce grand mouvement des Helvètes qui détermina l’intervention de Rome et de Jules César.

L'an 58, le proconsul, après avoir fait
alliance avec Arioviste, quitta la province, marcha sur Genève
avec une seule légion, coupa le pont du Rhône, retourna à Rome
chercher son armée et revint, par une de ces marches rapides
qui lui furent depuis familières, accabler les Helvètes : Vainqueur
de ces premiers ennemis, César se tourna contre Arioviste et
lui enjoignit de quitter le pays des Éduens et des Séquanais.
« Que César vienne contre moi, répondit le Suève, il apprendra
ce que peuvent d'invincibles Germains qui depuis quatorze ans
n'ont pas couché sous un toit. » Le proconsul entra aussitôt
en Séquanaise, gagna son ennemi de vitesse et s'empara de la
capitale du pays, Vesontio, où il établit sa place d'armes et
ses magasins. La bataille, dans laquelle la discipline romaine
triompha du nombre et de l'impétuosité des barbares, se livra
à trois journées de Besançon, vers le nord-est. Les Séquanais
furent délivrés de leurs oppresseurs germains ; mais ils ne
firent que changer de maîtres les Romains occupèrent militairement
leur pays, y envoyèrent des administrateurs et des agents la
domination romaine savante, policée et durable s'établit au
milieu d'eux. Ceux des Séquanais qui regrettaient les temps
de l'indépendance gauloise quittèrent leur patrie et remontèrent
vers le nord afin d'exciter contre leurs oppresseurs les peuples
belges ; ces Gaulois intrépides et sauvages se prêtèrent facilement
à ce dessein; leurs attaques furent pour César l'occasion et
le prétexte de la conquête des Gaules; il était à Besançon quand
commencèrent les hostilités. L'indépendance de toute la Gaule,
et en particulier celle des Séquanais, fut perdue sans retour
par la soumission de Vercingétorix.
A partir de ce moment,
ils restèrent fidèles aux traités et servirent avec loyauté
dans les armées romaines. Lucain fait un grand éloge de la cavalerie
séquanaise et nous représente la légion vésontine marchant au
combat avec sa vieille enseigne un globe d'or dans un cercle
rouge. Auguste avait compris la Gaule transalpine dans les provinces
impériales et classé la Séquanaise dans la Belgique (28 ans
av. J.-C.) ; cette province prit le nom de Maxima Seguanorum
à l'époque de la division administrative de Dioclétien et eut
pour capitale Besançon en (292).

Au IIème et au IIIème
siècle, une grande partie de la Séquanaise était chrétienne.
De Lyon, la foi nouvelle remonta vers le nord de la Gaule ;
en 180, deux jeunes Athéniens, disciples de l'évêque Irénée,
Ferréol et Ferjeux, portèrent la foi évangélique chez les Séquanais;
ils firent un si grand nombre de prosélytes, que Besançon ne
tarda pas à devenir le siège d'une nouvelle église dont Ferréol
fut le premier évêque. Mais les deux disciples de saint Irénée
payèrent de leur sang leur généreuse propagande ils furent mis
à mort en 211. Saint Lin, saint Germain et les autres successeurs
de saint Ferréol étendirent la foi chrétienne malgré les persécutions,
et, au temps de Dioclétien, la Séquanaise entière était convertie
au christianisme.
A cette époque, les provinces de la Gaule
qui confinaient à la Germanie n'avaient pas de repos elles étaient
sans cesse menacées par les barbares. Avant les invasions définitives
des Burgondes.et des Francs, les habitants de la Séquanaise
eurent à souffrir d'un grand nombre d'incursions passagères.
Lorsque Julien, alors césar, se rendit à Besançon, après ses
victoires sur les Francs et les Allemands dans les années 358
et 359, il trouva toute la province dont cette ville est la
capitale ravagée et, à Besançon même, il ne vit que des traces
de dévastation « Cette petite ville, écrit-il au philosophe
Maxime, maintenant renversée, était autrefois étendue et superbe,
ornée de temples magnifiques et entourée de murailles très fortes,
ainsi que la rivière du Doubs qui lui sert de défense. Elle
est semblable à un rocher élevé qu'on voit dans la mer et presque
inaccessible aux oiseaux mêmes, si ce n'est dans les endroits
qui servent de rivage au Doubs..»Avant de se jeter sur l'Espagne,
les Vandales laissèrent aussi en Séquanaise des traces de leur
passage. Ce fut enfin en 410 que l'une des invasions définitives
qui se fixèrent sur le sol et lui donnèrent pendant longtemps
son nom, celle des Burgondes, se répandit dans la Séquanaise.
Les nouveaux maîtres, de mœurs paisibles et douces, ne furent
pas des oppresseurs ; ils se contentèrent de s'approprier une
partie du sol sans établir des impôts onéreux et vexatoires
; ils laissèrent à leurs sujets leurs lois romaines, leur administration
municipale et vécurent avec eux dans une égalité parfaite chacun
selon ses lois. Le patrice Aétius chassa momentanément les Burgondes
de la Séquanaise, de 435 à 443 environ.
Aux ravages occasionnés
par cette guerre s'en ajoutèrent de bien plus terribles. Attila,
battu à Chalons-sur- Marne en 451, fit sa retraite par l'orient
de la Gaule, et Besançon fut tellement ruinée par les Huns que
pendant cinquante ans elle resta déserte. L'établissement définitif
des Bourguignons dans les pays éduen et séquanais, qui devinrent
les deux Bourgognes, date de l'année 456. Le Suève Ricimer,
héritier des dignités d'Aétius qui venait d'être mis à mort
par Valentinien III, partagea ces pays entre les chefs burgondes
Hilpéric et Gondioc, avec lesquels il avait formé une alliance
de famille. Gondioc laissa en mourant le territoire de Besançon
et cette ville à l'un de ses quatre fils, Godeghisel uni à Gondebaud
et devenu maître de toute la Séquanaise par le meurtre de deux
de ses frères. Godeghisel fit secrètement alliance avec le roi
des Francs Clovis et abandonna son frère dans la bataille qui
eut lieu sur les bords de l'Ouche en 500. Gondebaud tira vengeance
de cette trahison lorsqu'il eut obtenu la paix de Clovis, il
tourna ses armes contre son frère, le battit et le fit massacrer.
Gondebaud fut alors maître du territoire séquanais et y imposa
son code, la célèbre loi Gombette, jusqu'au moment où les fils
de Clovis prirent aux enfants de Gondebaud tout leur héritage
et s'emparèrent de la Bourgogne en 534.

Lorsque la monarchie franque fut partagée
entre les quatre fils de Clotaire Ier, le pays dont
nous nous occupons échut avec toute la Bourgogne à Gontran (561-593).
Grâce à son éloignement des champs de bataille, il traversa
sans trop de vicissitudes cette période de la domination des
Francs. Ses nouveaux maîtres étaient cependant de mœurs moins
douces que les paisibles Bourguignons ; Besançon commençait
à se relever des ruines et des désastres des invasions précédentes,
quand survinrent les Sarrasins.
En 722, les hordes d'Abd-el-Rhaman
passent la Loire, remontent la Saône, se divisent vers Autun
en deux bandes l'une se dirige vers l'ouest, tandis que la seconde
livre aux flammes Besançon et tout le pays de Warasch ou Varasque,
qui se composait alors du territoire aujourd'hui compris dans
le département du Doubs.
Tandis que la Bourgogne citérieure
ou en deçà de la Saône commençait à former ses divisions féodales
et à se diviser en comtés, la Bourgogne ultérieure ou Franche-Comté
conservait les divisions barbares qui avaient pris naissance
avec les Burgondes et s'appelaient pagi.
Pépin le Bref laissa
à sa mort survenue en 768 les deux Bourgognes à son fils Carloman.
On sait que ce prince n'en jouit pas longtemps ; se retirant
dans un monastère, il laissa ses États à des enfants en bas
âge qui furent dépossédés par leur oncle Charlemagne.
L'histoire
du département du Doubs se confond avec celle du vaste empire
du héros germain on sait seulement que les Bourgognes profitèrent
de la réforme administrative à laquelle il soumit tous ses États
mais ce ne fut pas pour longtemps; les troubles du règne de
Louis le Débonnaire survinrent, puis les discordes de ses fils
lui survécurent.
Après la bataille de Fontanet en 841 et
le traité de Verdun signé en 843, les deux Bourgognes furent
séparées pour la première fois. La Bourgogne éduenne échut à
Charles le Chauve et la Bourgogne séquanaise à Lothaire. Cet
empereur mourut en 855. La haute Bourgogne ou Bourgogne cisjurane
entra dans la part du plus jeune de ses trois fils, Charles,
roi de Provence. A la mort de ce prince en 863, ses frères Louis
II et Lothaire II firent deux parts de son royaume la haute
Bourgogne fut scindée, la plus grande partie du territoire qui
forme le département du Doubs échut avec Besançon à Lothaire
II. Lothaire ne survécut que de six ans à son frère Charles.
Le roi de France, Charles le Chauve, profita des embarras et
des guerres dans lesquels son neveu, Louis II, était engagé
en Italie pour se saisir des États de Lothaire. II il se fit
proclamer roi de Lorraine à Metz mais Louis II protesta, et
un nouveau partage plus bizarre que tous les précédents eut
lieu. La haute Bourgogne fut complètement démembrée, le Pagus
de Varasque, qui avait pris le nom de Comté, échut à Louis,
depuis Besançon jusqu'à Pontarlier, tandis que Besançon même
était concédée à Charles le Chauve par un traité conclu au mois
d'août 870.

Pour se reconnaître dans cette multiplicité
de partages où l'historien lui-même, s'il veut ne pas se perdre,
a besoin d'apporter une attention soutenue, il faut bien songer
que les noms de haute Bourgogne, Bourgogne ultérieure et Bourgogne
cisjurane s'appliquent tous également à cet ancien pays des
Séquanais que nous n'avons pas encore le droit d'appeler du
nom de Franche-Comté, dont nous indiquerons bientôt l'origine.
Tant de dislocations et de changements nuisaient aux relations
et aux intérêts des localités et faisaient périr tous les éléments
d'unité et de pouvoir. La partie de la haute Bourgogne qui échut
a Charles le Chauve protesta contre le partage de 870 ; Gérard
de Roussillon, ce héros du premier temps féodal, gouverneur
de Provence et de Bourgogne, s'opposa par les armes à son exécution
; ce fut aux environs de Pontarlier que se livra la bataille
qui décida en faveur du roi de France.
Entre le Doubs
et le Drugeon
Périt Gérard de Roussillon
, dit
une vieille tradition. Gérard ne périt pas, mais fut chassé
et cessa de contester à Charles l'occupation du pays. Nous retrouvons
deux fois le prince à Besançon ; la première à la suite de sa
victoire, la seconde lorsque, après la mort de son neveu Lothaire
II en 875, il descendit en Italie pour s'y faire couronner empereur.
On sait que, l'année même de sa mort survenue en 877, Charles
le Chauve ratifia, par le fameux capitulaire de Kiersy-sur-Oise,
les usurpations de la féodalité.
Le gouverneur des Bourgognes
et de la Provence, Boson, n'avait pas attendu la sanction royale
pour se rendre indépendant dans les pays qui lui étaient confiés
; mais ce fut seulement en 879, à la mort de Louis le Bègue,
qu'il tint à Mantaille une diète générale où, entre autres personnages
influents, nous voyons figurer l'archevêque de Besançon. Il
se fit donner le titre de roi de Bourgogne. L'année qui suivit
sa mort en 888, les Normands ravagèrent la haute Bourgogne ;
son successeur, en bas âge, Louis, était incapable de défendre
les États de son père ; il fut dépossédé du comté de Bourgogne
ou Bourgogne cisjurane par son oncle Rodolphe, qui avait séduit
Thierry Ier, archevêque de Besançon, en lui offrant
le titre de grand chancelier de Bourgogne. Ce ne fut cependant
pas sans opposition de la part d'Arnoul, que les Germains s'étaient
donné pour roi après avoir déposé le lâche empereur Charles
le Gros à la diète de Tribur en 887, et de la part du jeune
Louis de Provence, héritier légitime de cette contrée. Mais
Arnoul céda devant la résistance obstinée de Rodolphe, Louis
fut vaincu et le prince usurpateur régna paisiblement jusqu'à
sa mort, arrivée en 911. Cette période de guerres et de ravages
fut pour la comté de Bourgogne l'une des plus malheureuses qu'elle
vit jamais ; les brigandages, tous les excès impunis, dix pestes,
treize famines ravagèrent toute cette contrée c'était le prélude
du Xème siècle, « le siècle de fer. ».

Sous le règne de Rodolphe II, qui succéda
sans opposition à son père, en 937, un nouveau fléau apparut
dans la contrée les Hongrois, plus féroces encore que les Normands,
s'y précipitèrent, mettant tout à feu et à sang sur leur passage
; devant eux les populations fuyaient épouvantées vers les montagnes
et dans les lieux fortifiés ; les barbares s'abattirent sur
Besançon. La ville ne put pas résister à leur fureur et fut
prise d'assaut, pillée, réduite en cendres. L'église Saint-Étienne
s'écroula dans les flammes. Le feu, poussé par un vent violent,
gagna le sommet du mont Calius et dévora tout, églises, édifices
et demeures. C'était pour la quatrième fois depuis la conquête
romaine que l'antique capitale des Séquanais passait par de
semblables épreuves. Rodolphe II mourut, l'année même de ce
désastre, laissant un jeune fils, Conrad, qui, sans jamais exercer
la royauté, porta pendant un demi-siècle le titre de roi. Les
véritables maîtres de la Bourgogne cisjurane et transjurane
furent l'empereur d'Allemagne Othon, qui s'empara du jeune Conrad
et exerça une grande influence dans ses États, et le premier
comte propriétaire de ce pays, selon le savant dom Plancher,
Hugues le Noir, deuxième fils de Richard le Justicier.
Vers
cette époque apparut sur les bords de la Saône un étranger qui
fit dans le pays de Bourgogne une rapide fortune. Albéric de
Narbonne s'enrichit par l'exploitation des salines, puis il
gagna la confiance du roi Conrad, qui le combla de bienfaits.
À sa mort (945), il était comte de Mâcon, baron de Scodingue
et du Varasque ; la fortune de sa famille ne périt pas avec
lui; de ses deux fils, l'un, Albéric, comme son père, commença
la série des sires de Salins que nous verrons à l'histoire du
département du Jura; l'autre, Letalde, fut la tige des comtes
héréditaires de Bourgogne. Il hérita de ce comté à la mort de
Gislebert, successeur, dans ce titre, de Hugues le Noir, mort
en 951 sans postérité. Letalde, à l'exemple de Hugues le Noir,
prit le titre d'archicomte. Sa race directe s'éteignit en 995,
et la partie de la Bourgogne qu'il avait possédée revint à Othe
Guillaume, qui fut le premier comte héréditaire de cette province.
Fils du roi lombard Adalbert, l'un des seigneurs les plus renommés
des deux Bourgognes, audacieux et entreprenant, Othe Guillaume
fut un véritable souverain. Irrité de l'influence qu'exerçaient
dans le pays les abbés, l'évêque et les vassaux intermédiaires,
il s'arrogea le droit de nommer les uns et supprima les autres.
Ce fut ainsi que disparurent les anciens comtés de Varasque,
Scodingue, Besançon, etc.
Sur ces entrefaites, la monarchie
carlovingienne avait été renversée par les ducs de France, qui
avaient usurpé le titre de roi. Robert, fils de Hugues Capet,
héritait du duché de Bourgogne à la mort de Henri Ier
en 1002. Othe osa élever des prétentions contraires et disputer
cette province au roi de France ; il ne réussit pas joindre
à ses États cette vaste possession ; mais, par le traité de
1016, il acquit les comtés de Mâcon et de Dijon. Le comte de
Bourgogne mourut dans cette dernière ville en 1027. Son fils
Rainaud Ier lui succéda, il refusa d'abord de reconnaître
la suzeraineté de l'empereur de Germanie, Henri III, fils de
Conrad. À cette époque, le comte de Montbéliard relevait déjà
de l'empire ce fut ce seigneur que Henri chargea de venger son
offense. Rainaud fut vaincu avec son allié, le comté de Mâcon,
devant la capitale de son comté ; il se soumit alors et alla
à Soleure faire hommage à l'empereur en 1044.
C'est ainsi
que le vieux pays des Séquanais, tour à tour romain burgonde,
franc devint allemand. Cependant, il demeura exempt et libre
de toutes tailles et impositions ; il ne fut soumis qu'au service
militaire et à quelques obligations honorifiques. « La comté
de Bourgogne, dit le savant dom Plancher, a depuis été appelée
Franche-Comté parce qu'elle n'était point sujette aux charges
ordinaires établies et exigées dans les autres provinces ; qu'elle
ne payait point de tributs pécuniaires forcés, c'est-à-dire
imposés par le souverain, auquel elle ne devait que le service
militaire; si elle ajoutait quelques services pécuniaires, ils
étaient libres, volontaires et gratuits. » Cette immunité
doit être l'origine du nom de Franche-Comté, bien que, jusqu'en
1366, année où pour la première fois on trouve cette dénomination
officiellement mentionnée dans un acte historique, elle ait
continué à être désignée sous le nom de « terre d'empire, comté
et terre de Bourgogne en empire. » Guillaume Ier
(1057- 1087), fils de Rainaud, lui succéda ; ses brillantes
qualités et des guerres heureuses lui firent donner le surnom
de Grand. Son fils Rainaud II mourut en prenant part à la première
croisade. On sait que la fin du XIèmesiècle fut l'un
des moments où l'esprit de foi et de piété anima le plus le
moyen âge. Pendant que des seigneurs allaient en pèlerinage
au tombeau de Jésus-Christ, d'autres enrichissaient les monastères
et les comblaient des marques de leur munificence. Vers 1076,
un des plus riches comtes du royaume de France, Simon de Crépy
en Valois, fut touché de la grâce divine ; préférant à l'éclat
de la gloire une pieuse obscurité, il abandonna ses dignités
et ses richesses et vint s'enfermer dans un monastère de la
Franche-Comté. Bientôt, peu satisfait des mortifications et
des pénitences qu'il s'imposait à Saint- Claude, Simon résolut
de rendre utile sa retraite du monde, et, suivi de quelques
compagnons, il pénétra, une hache à la main dans les solitudes
du Jura et s'ouvrit un passage à travers les forêts jusqu'aux
sources du Doubs. Là, les pieux cénobites s'appliquèrent à défricher
un sol infertile et malsain, hérissé de broussailles, au milieu
des précipices, parmi les rochers âpres et nus dans une région
déserte, dont les échos, pour la première fois, retentissaient
des cris de l'homme, Simon et ses rares compagnons firent tomber
sous la cognée les arbres séculaires, frayèrent des chemins
là où l'homme n'en connaissait pas avant eux; ils fertilisèrent
un sol longtemps rebelle à la charrue, et après bien des périls,
bien des fatigues et des privations journalières, ils eurent
conquis sur cette terre inhospitalière la contrée qu'on a longtemps
appelée les Hautes-Joux et les Noirs-Monts. Le prieuré qu'avait
fondé le puissant comte devenu pauvre solitaire, et qui fut
habité après lui par ses disciples, prit le nom de Motta (maison
des bois) et il a été l'origine de ce joli village si pittoresque
de Mouthe, dans l'arrondissement de Pontarlier, et qui aujourd'hui
s'enorgueillit de ses riches pâturages.
A Rainaud II succéda
Guillaume II, dit l'Allemand, qui fut, selon toute vraisemblance,
assassiné par ses barons. Ce comte s'écarta de l'esprit de piété
de ses prédécesseurs ; il ne craignit pas de porter une main
téméraire sur les richesses que l'abbaye de Cluny tenait de
leur dévotion. Son crime ne resta pas sans châtiment. L'abbé
Pierre le Vénérable nous apprend qu'un jour qu'il revenait d'exercer
de nouvelles spoliations dans le saint lieu, méprisant les conseils
des hommes sages et les prières des moines, il chevauchait orgueilleusement,
et répondait à ceux qui lui demandaient s'il ne craignait pas
d'attirer sur lui le courroux du ciel « Quand mon or sera
épuisé, j'en irai prendre d'autre au bon trésor de Cluny. »
Tout à coup, à l'entrée d’un sentier étroit, un cavalier monté
sur un cheval noir s'arrêta devant lui. « Comte de Bourgogne,
dit-il en le fixant de son farouche regard, comte de Bourgogne,
il te faut m'accompagner. Qui donc es-tu et de quelle race pour
regarder si fièrement le maître de tout ce pays ? » repartit
Guillaume. «Tu vas le savoir» répondit le cavalier; puis
il saisit le comte, l'assit sur son cheval, et ceux qui l'accompagnaient
voient avec une surprise mêlée de terreur deux vastes ailes
s'ouvrir aux flancs du coursier; le cavalier mystérieux et le
comte furent emportés dans les airs, et bientôt l’œil ne put
plus les suivre. Il se répandit une grande odeur de soufre et
de fumée, et on dit que c'était le démon lui-même qui était
venu chercher le comte impie. Des historiens peu crédules ont
prétendu que Guillaume fut assassiné par ses barons, qui, pour
détourner les soupçons, imaginèrent cette fable.
Vinrent
ensuite Guillaume III l'Enfant et Rainaud III, qui mourut en
1148 laissant ses États à sa fille, la jeune Béatrix. Celle-ci
épousa en 1156 l'empereur Frédéric Ier. L'année suivante,
ce souverain tint une diète à Besançon, dans laquelle il reçut
le serment de fidélité des prélats et des seigneurs de la contrée.
Sa femme mourut en 1185 ; il se déposséda alors de la Comté
en faveur de son troisième fils Othon et ne retint que Besançon,
qui devint ville impériale et resta dans cet état jusqu'en 1656,
époque à laquelle elle fut rachetée par l'Espagne. La fille
d'Othon, Béatrix, qui lui succéda en 1200, porta la Comté dans
une famille étrangère par son mariage avec Othon, duc de Méranie
(Moravie), marquis d'Istrie et prince de Dalmatie. Après Béatrix,
Othon III (1234-1248), Alix de Méranie (1248-1279), sa sœur
et Othon IV, dit Ottenin (1279- 1303) régnèrent. Ce dernier
fut un fidèle allié des rois Philippe le Hardi et Philippe le
Bel. Il changea les armoiries des comtes de Bourgogne ; jusque-là
elles étaient de gueules, à l'aigle éployée d'argent ; il y
substitua, vers 1280, l'écu semé de billettes d'or, au lion
de même.
Ce fut dans les dernières années d'Othon ou dans
les premières-de son successeur, Robert l'Enfant (1303-1315),
que le roi Philippe le Bel érigea en parlement le conseil des
comtes de Bourgogne. Le parlement de Besançon fut fun de ceux
qui eurent les pouvoirs les plus étendus outre les affaires
contentieuses il connaissait encore pendant la paix de toutes
les affaires concernant les fortifications, les finances les
monnaies la police les chemins, les domaines et les fiefs. Pendant
la guerre il réglait la levée des troupes leurs quartiers, leurs
passages, les étapes, subsistances payements et revues. Ces
pouvoirs étendus et presque royaux ne lui furent pas conférés
de prime abord, mais par des ordonnances successives de 1508,
1510, 1530, 1533 et 1534. Jeanne Ire, qui épousa le roi Philippe
le Long, succéda à Robert l'Enfant (1315-1330) et laissa la
possession de la province à sa fille Jeanne II, qui, en 1318,
avait épousé Eudes IV, duc de Bourgogne. Leur petit-fils, Philippe
de Rouvres, fut en même temps duc et comté, et, pour la première
fois depuis Boson, les deux Bourgognes se trouvèrent réunies
(1350-1461). À sa mort, tandis que le duché rentrait dans la
possession des rois de France, la Comté passa en héritage à
Marguerite, fille de Philippe le Long et de la reine Jeanne
cette princesse eut pour successeur Louis de Male, comte de
Flandre (1382).
Tous les États de ce comte passèrent à Philippe
le Hardi, fils de Jean le Bon et le premier de cette race capétienne
de Bourgogne qui, jusqu'à Louis XI, contre balança l'autorité
royale. L'an 1386, la ville de Besançon renouvela, avec le duc
Philippe, le traité qu'elle avait signé avec les anciens comtes.
La même année, Philippe exigea le droit féodal qu'on appelait
relevamentum, la reprise des fiefs ou renouvellement d'hommage
de ses vassaux de Franche-Comté, accoutumés depuis longtemps,
par l'absence de leurs suzerains, à vivre dans l'indépendance.
La partie de la Franche-Comté dont nous nous occupons, éloignée
du théâtre des guerres des Anglais, des Armagnacs et des Bourguignons,
eut moins à souffrir dans toute cette période que tout le reste
de la France ; cependant elle ne fut pas épargnée par la peste
noire en 1348 et 1350. Les routiers vinrent aussi « y querir
victuaille et aventures, » et, à l'histoire du Jura, nous les
retrouverons à Salins ; mais ces maux, quoique grands, étaient
peu de chose comparés à l'affreuse dévastation, à la misère
profonde de tant d'autres provinces d'ailleurs, dans la Franche-Comté
même, le territoire qui a formé le Doubs dut à sa position extrême
d'être moins atteint par les brigandages. Les villes avaient
acquis une existence particulière nous retrouverons à leur histoire
spéciale leurs chartes communales. Le règne de Philippe le Bon
fut marqué par des troubles dont il sera fait mention quand
nous nous occuperons de Besançon. A la mort de Charles le Téméraire
(1477), la Franche- Comté ne passa pas, avec le duché de Bourgogne,
au roi Louis XI ; la princesse Marie porta cette province dans
la maison d'Autriche par son mariage avec Maximilien, aïeul
et prédécesseur de Charles- Quint. En 1482, Marguerite succéda
à sa mère ; son frère Philippe le Beau gouverna quelques années,
de 1493 à 1506. Enfin, à sa mort (1530), la province passa sous
la domination de son puissant neveu Charles-Quint, roi d'Espagne
et empereur d'Allemagne.
Le règne de Charles-Quint fut pour
la Franche- Comté un temps de prospérité; il aimait cette province
et accorda des privilèges à un grand nombre de ses villes ;
Besançon eut les siens; le commerce et l'industrie firent des
progrès rapides sous cette administration bienfaisante et ne
s'arrêta que lorsque le voisinage de la Suisse eut introduit
la Réforme dans la Comté. Besançon eut ses religionnaires, ses
luttes intestines, un tribunal de l'inquisition et des persécutions
violentes. Guillaume Farel avait prêché la Réforme à Montbéliard
dès 1524 ; après lui, Théodore de Bèze et d'autres missionnaires
semèrent en Franche-Comté les nouvelles doctrines. Une confrérie,
sous l'invocation de sainte Barbe, réunit les membres les plus
considérables du parti protestant. En 1572 il y eut dans Besançon
une lutte sérieuse entre les partis catholique et protestant.
L'empereur Maximilien II enjoignit aux Bisontins, par édit du
9 juin 1573, de vivre en bons catholiques. Les protestants voulurent
résister les armes à la main ils furent assaillis sur une place
publique par toute une armée, arquebusés et massacrés. Le catholicisme
eut ainsi raison de ses adversaires.
Après les guerres de
religion vinrent les guerres de la conquête française. Henri
IV, devenu roi de France malgré la Ligue et l'Espagne, envahit
la province espagnole de Franche-Comté après sa victoire de
Fontaine- Française, situé en Côte d’Or en1595. Un détachement
de son armée échoua devant Baume-les-Dames, et Besançon acheta
la retraite du roi pour une somme de cent mille francs.
Pendant la période française de la guerre de Trente ans, la
Franche-Comté fut menacée de nouveau, et la ville de Pontarlier
fut assiégée par le duc de Saxe-Weimar, commandant des forces
suédoises. Mais la grande invasion, celle qui eut pour résultat
de rendre française cette province, appartient au règne de Louis
XIV. Ce prince réclama la Franche-Comté au nom des droits qu'il
prétendait tenir de sa femme, Marie-Thérèse ; la guerre de dévolution,
terminée par le traité d'Aix-la-Chapelle signé en 1668, la lui
livra. Mais, cette même année, la province fut restituée par
la France à l'Espagne, en échange de l'abandon de tous droits
sur les conquêtes faites par Louis XIV dans la Flandre. La guerre
se renouvela en 1672. Besançon tomba au pouvoir des Français,
toutes les villes de la province furent prises une à une, et
le traité glorieux de Nimègue rendit définitive cette seconde
conquête (1678). Louis XIV s'empressa de donner une nouvelle
organisation à la province devenue française. La bourgeoisie
franc-comtoise perdit la plupart de ses privilèges ; Besançon
fut définitivement capitale de la Franche-Comté et siège du
parlement et de l'université, qui avaient été transférés à diverses
époques à Dôle. A la convocation des états généraux, la Franche-
Comté, comprise dans le nombre des provinces étrangères et États
conquis et surchargée d'impôts, accueillit avec empressement
les idées nouvelles, et, lorsque la patrie fut déclarée en danger,
les trois départements fournirent chacun leur bataillon de volontaires.
Pendant la Terreur, Robespierre le jeune fut envoyé en mission
dans le Doubs cependant les excès furent modérés, et le 9 thermidor
y mit entièrement fin.
En décembre 1813 et janvier 1814,
ce département vit un corps d'armée autrichien assiéger Besançon,
qui se défendit vainement avec courage. Depuis cette époque
jusqu'à la guerre franco-allemande (1870- 1871), le Doubs a
subi les révolutions qui se sont faites en France bien plus
qu'il ne s'y est mêlé ; au milieu du calme et de la paix, il
a vu se développer sa prospérité ; il peut s'enorgueillir des
hommes illustres qu'il a donnés à notre siècle, et aujourd'hui
il est l'un des premiers départements de la France, comme la
Franche-Comté en était une des premières provinces. Cette prospérité
devait, hélas être troublée de nos jours. Durant la guerre franco-allemande
(1870-1871), le département du Doubs eut à subir les douleurs
de l'invasion. À l'exception de Besançon, le département tout
entier fut occupé par les Allemands, notamment les localités
suivantes Ancey, L'Islesur- le-Doubs, Clairval, Baume-les-Dames,
Hods, Montbéliard, Blamont, Pont-de-Roide, Saint-Hippolyte,
Morteau, par les troupes du XIVème corps de la IVème
armée, sous les ordres du général de Werder ; Quingey, Vineneuve,
Levier, Sombacourt, Chaffois, Pontarlier, La Cluse, par l'armée
du général Manteuffel. Le Doubs fut alors le théâtre de la désastreuse
retraite de l'armée de l'Est, presque comparable à la retraite
de Russie en 1812. Nous allons en retracer aussi brièvement
que possible les douloureuses péripéties. Après la reprise d'Orléans
par les Allemands et la défaite des armées de la Loire, le gouvernement
de la défense conçut, le 20 décembre 1870, le plan d'opérer
une diversion dans l'Est et de débloquer Belfort assiégé. Le
général Bourbaki accepta cette tâche difficile. Le 11 janvier,
il livrait à Villersexel (Haute-Saône) un sanglant combat et
s'emparait de cette ville ; le 14, il arrivait sur les hauteurs
de la rive droite de la Lisaine, et le 15 il établissait son
quartier général à Trémoins. Alors commençaient ces rudes batailles
entre Montbéliard et Belfort, qui ont pris le nom de bataille
d'Héricourt (Haute- Saône). Le 15 au soir, notre armée entrait
dans Montbéliard ; l'ennemi s'était retiré dans le château.
Le 16, les lignes allemandes furent attaquées avec acharnement.
La droite de l'armée ennemie seule céda ; Cremer délogea le
général Degenfeld de Chenebrier et le repoussa jusqu'à Frahier.
Dans la nuit, un mouvement sur Béthencourt est repoussé ; une
autre attaque, tentée sur Héricourt, a le même sort. La garnison
de Belfort n'avait pu intervenir dans la lutte. L'armée française
s'était épuisée sans parvenir à rompre les lignes allemandes.
Il fallait renoncer à faire lever le siège ; il fallait reculer
pour vivre; le temps était terrible, le thermomètre marquait
18 degrés au-dessous de zéro. Comment continuer, avec des soldats
exténués par la misère et par la fatigue, une lutte où l'on
s'acharnait inutilement depuis trois jours ? Le général Bourbaki
prit, le soir du troisième jour, le parti de se retirer vers
le sud. Nos troupes quittaient les bords de la Lisaine le 18
janvier et arrivaient le 22 autour de Besançon, où le général
en chef comptait pouvoir mettre son armée à l'abri et la réorganiser;
mais cela était devenu impossible; en effet, Manteuffel, parti
le 12 de Châtillon, ayant évité Dijon, occupé par Garibaldi,
et masqué ses mouvements, traversait, par une marche aussi audacieuse
qu'elle présentait de danger, les montagnes de la Côte-d'Or;
le 22, il tenait les deux rives du Doubs le 28, il arrivait
à Quingey, se jetant sur les routes d'Arbois et de Poligny,
coupant la ligne directe de Besançon à Lyon. En même temps,
de Werder descendait vers le sud, en sorte que Bourbaki, en
arrivant sous Besançon, se trouvait dans la position la plus
critique. Pour comble de malheur, un convoi de deux cent trente
wagons chargés de vivres, de fourrages et d'équipements, avait
été surpris par l'ennemi à Dôle. D'heure en heure se rétrécissait
autour de nous le réseau qui menaçait de nous étouffer. La situation
était poignante. Que faire ? Battre encore en retraite. Mais
de quel côté se diriger, par où se frayer un passage ? Affolé
de désespoir, craignant de passer pour un traître, entre cinq
et six heures du soir, le 26 janvier, Bourbaki, retiré dans
une maison particulière, à Besançon, se tira au front un coup
de pistolet. La mort, une fois de plus bravée, dit M. Claretie,
ne voulut pas de lui. Le général Clinchant prit le commandement
des troupes. La tâche qui lui incombait était lourde. Comment
échapper, comment sauver cette armée débandée, perdue, incapable
de résister aux coups de l'ennemi ? Il fallait reculer, battre
en retraite- chaque minute était un siècle et toujours mourant,
toujours souffrant, toujours glacé, essayer de gagner Lyon ou
la Suisse. Le général Clinchant n'avait pas le choix ; il ne
pouvait que presser et diriger la retraite sur Pontarlier. Il
arrivait le 28 autour de cette ville. Dès le 29, les Allemands
arrivaient, après un combat où ils firent 4 000 prisonniers
du 15ème corps, à Levier, à Sombacourt, à Chaffois,
à 4 kilomètres de Pontarlier, sur la route de Salins. « A ce
moment, dit un historien de la guerre franco-allemande, parvenait
aux deux camps la nouvelle de l'armistice conclu à Paris le
28 ; mais les Allemands étaient avertis, par Monsieur de Moltke,
que l'armée du Sud devait continuer ses opérations, jusqu'à
ce qu'elle eût obtenu un résultat définitif ; en sorte que la
chute de Paris excitait son ardeur, tandis que le général Clinchant,
ignorant la fatale exception contenue dans le traité, laissait
tomber ses armes et faisait cesser le combat. Le 30, quand on
dut les reprendre, la marche continuée des Allemands aggravait
la situation. Ils enlevaient Frasne sur le chemin de fer et
1 500 prisonniers. Cremer était à Saint-Laurent, séparé de l'armée
et à peu près sauvé par cela même. Le 10 février, toute l'armée
allemande aborde Pontarlier, qui est enlevée presque sans résistance.
Cependant le 18ème corps est encore à la croisée
des routes de Mouthe et de Rochejeau, appuyé sur le fort de
Joux, près de La Cluse, à 15 kilomètres au sud de Pontarlier.
Là, un dernier combat s'engage avec le IIème corps
prussien, qui, repoussé tout le jour, s'attacha seulement à
achever de couper les routes du sud jusqu'à la frontière. Il
n'y parvint qu'imparfaitement, et une partie du 18èmecorps
put regagner la route de Lyon. Le général Clinchant, on le conçoit,
n'avait plus alors qu'une préoccupation, celle de dérober à
l'ennemi les soldats qui lui restaient, ses armes, son matériel,
fût-ce en allant chercher un refuge au-delà de la frontière.
Pendant la nuit du 31 janvier au 1er février, il
signait aux Verrières, avec le général suisse Herzog, une convention
qui réglait le passage de l'armée française en Suisse. Cette
armée, exténuée, y entrait au nombre de 80,000 hommes. « C'était,
depuis six mois, dit M. Charles de Mazade, la quatrième armée
française disparaissant d'un seul coup, après celles de Sedan
et de Metz ; qui étaient encore captives en Allemagne, et celle
de Paris, qui restait prisonnière dans nos murs. » Dans cette
immense douleur, dans cet épouvantable désastre, nous eûmes,
du moins, la consolation de voir nos malheureux soldats accueillis
par la généreuse république helvétique avec une touchante humanité.
« Pauvre armée en lambeaux, écrit M. Claretie, pauvres soldats
en haillons Lorsque les Suisses les virent, pâles, exténués,
mourants, tous pleurèrent. Une immense pitié s'empara de ces
cantons, qui se saignèrent pour fournir vivres, argent, vêtements
aux vaincus et aux exilés.»
La France a contracté en cette
lamentable circonstance une dette qu'elle n'oubliera pas.
Besançon


Jules César, impressionné par ce site
stratégique qu'il décrit dans ses Commentaires sur la Guerre
des Gaules, décide d'en faire la capitale de la tribu gauloise
des Séquanes (Civitas Maxima Sequanorum) ainsi qu'une citadelle
militaire et un carrefour d'échanges de la Gaule romaine. La
ville connait alors un âge d'or, elle devient l'une des plus
grandes villes de la Gaule Belgique, puis de la province de
Germanie supérieure. En 68, elle est le théâtre de la bataille
de Vesontio opposant Lucius Verginius Rufus, fidèle de l'empereur
Néron, à Gaius Julius Vindex, un rebelle qui est vaincu et finit
par se suicider. Par la suite, à une date difficile à préciser
mais peut-être juste après la fin de la révolte de Civilis,
la cité est promue au titre de colonie romaine. Les Romains
agrandissent la cité et l'embellissent en y construisant de
nombreux édifices de part et d'autre du cardo l'actuelle Grande
Rue et même sur la rive droite du Doubs où ils élèvent un amphithéâtre
les Arènes de Besançon pouvant accueillir jusqu’à 20 000 spectateurs.
Sous la Tétrarchie, la cité devient la capitale de la « Provincia
Maxima Sequanorum ».
En 360, l'empereur Julien, de passage
à Vesontio, décrit une « bourgade ramassée sur elle-même »,
une cité sur le déclin qui n'est guère plus qu'un village.
Peu après la chute de Rome, Clovis Ier, roi mérovingiens
des Francs, entreprend de réunir les peuples gaulois sous son
ordre. Les Séquanes sont ainsi rattachées au royaume en même
temps que les Burgondes et les Alamans. L'histoire de Besançon
au début du Moyen Âge est très mal connue, les documents et
indices étant largement insuffisants. En 821, on trouve trace
d'un premier texte mentionnant la ville sous l'appellation Chrysopolis.

De 843 à 869, le diocèse de Besançon
est rattaché à la Francie médiane puis à la Lotharingie. À la
mort de Lothaire II, il devient possession de Charles le Chauve
en vertu de la signature du Traité de Meerssen (870) et est
donc intégré au royaume de France jusqu'en 879.
C'est en
888 que Eudes Ier de France, dans sa féodalisation
du royaume, fonde les duchés et comtés de Bourgogne. Ce dernier
ayant pour capitale Dole est rattaché au Comté de Varais dans
lequel se trouve Besançon. Ce comté aura pour premier comte
appelét "comte palatin de Bourgogne") Otte-Guillaume de Bourgogne
(982-1026). Besançon devient également siège épiscopal en tant
qu'archevêché indépendant. Le dernier roi de Bourgogne, Rodolphe
III, n'ayant pas de descendants mâles, lègue ses biens bourguignons
à son neveu Henri II du Saint-Empire. En 1032, comme tout le
Comté de Bourgogne, Besançon est donc rattachée au Saint Empire
romain germanique.

L'Archevêque de Besançon, Hugues de Salins,
grâce à l'appui de l'Empereur, devient le seigneur de la ville,
qui prospère sous son impulsion. Après la mort de celui-ci en
1066, une lutte pour sa succession plonge Besançon dans une
longue période de crise. Aussi, pendant tout le Moyen Âge, Besançon
restera une ville directement soumise à l'autorité impériale
et indépendante du Comté de Bourgogne, dont Dole est la capitale.
Au cours des XIIème et XIIIème siècles,
les Bisontins luttent contre l'autorité des archevêques et obtiennent
finalement leurs libertés communales en 1290. Tout en restant
soumise à l'Empereur, Besançon se gouverne par elle-même, grâce
à un conseil de vingt-huit notables élus au suffrage universel
masculin à plusieurs degrés et à un conseil de quatorze gouverneurs
désignés par les notables. Besançon restera ainsi une « ville
libre » pendant près de 400 ans.

Les Ducs de Bourgogne, devenus maitres
de la Franche-Comté, sont les « protecteurs » de la ville libre
impériale que reste toujours Besançon. C'est pour la cité une
période de prospérité.
À l'époque de la Renaissance, la Franche-Comté
appartient de nouveau à l'Empire Germanique suite au décès de
Charles le Téméraire. L'empereur Charles Quint fortifie considérablement
Besançon qui devient un des boucliers de son Empire. Un Comtois,
Nicolas Perrenot de Granvelle, devient Chancelier de l'Empire
en 1519 puis Garde des Sceaux en 1532. Toute la région bénéficie
des faveurs de Charles Quint et Besançon devient la cinquième
ville impériale et s'embellit de monuments, en particulier le
Palais Granvelle et l'Hôtel de Ville dont la façade est ornée
d'une statue de Charles Quint. La ville compte alors de 8 000
à 9 000 habitants en 1518, population qui serait passée entre
11 000 et 12 000 habitants en 1608. L'économie de la ville est
profondément rurale, notamment par la présence des vignerons
à Battant qui représentaient la moitié voire les trois quarts
de la population et faisaient donc de la viticulture l'activité
principale de la ville
. En 1575 eu lieu la bataille de Besançon
entre les protestants et les catholiques, dont l'issue a été
la victoire de ces derniers.

La ville avait vécu une époque de progrès au XVIème siècle, le XVIIème siècle est marqué par les guerres et une grande misère. En 1631, la ville accueille à deux reprises le duc Gaston d'Orléans, frère du roi et ennemi personnel du cardinal de Richelieu. La guerre de Dix Ans (1635-1644), épisode bourguignon de la guerre de Trente Ans, apporte dans la région les fléaux de la peste, de la famine et de la misère. Besançon, qui a échappé plusieurs fois à un siège, souffre néanmoins des mêmes fléaux que son arrière-pays dévasté: la peste fait son apparition en 1636 tandis qu'une période de famine s'étend de 1638 à 1644. Un traité d'échange entre la ville allemande de Frankenthal (appartenant au roi d'Espagne) et Besançon (relevant de l'Empire), suggéré à partir de 1651, est finalement accepté par les Bisontins en 1664. Pendant une courte période (1664-1674), Besançon perd alors son statut de ville libre et devient possession de la couronne d'Espagne.

La trêve n'est que de courte durée et
le 8 février 1668, l'armée de Condé se voit ouvrir les portes
de la ville après que les autorités locales aient capitulé.
L'occupation française est plutôt mal vécue et les troupes françaises
rebroussent chemin dès le 9 juin. La défense de la cité ayant
été mal assurée, on entreprend alors l'amélioration des fortifications:
la première pierre de la citadelle est posée au Mont Saint-Étienne
le 29 septembre 1668 et à l'autre extrémité, d'importants travaux
sont entrepris autour de Charmont. Le 26 avril 1674, le duc
d'Enghien est de retour et prend position devant la cité à la
tête d'une armée composée de 15 000 à 20 000 hommes. Au terme
d'un siège de vingt-sept jours auquel assistent Louis XIV, Vauban
et Louvois, la citadelle tombe finalement entre les mains des
assiégeants le 22 mai. Besançon, après plusieurs tentatives
vaines, devient enfin la capitale de la Franche-Comté au détriment
de Dole par lettres patentes du 1er octobre 1677: un grand nombre
d'administrations, parmi lesquelles le gouvernement militaire,
l'intendance, le parlement ou encore l'université, sont progressivement
implantées dans la nouvelle capitale. Le Traité de Nimègue,
signé le 10 aout 1678, rattache définitivement la ville et sa
région au royaume de France.
Louis XIV décide de faire de
Besançon un des maillons essentiels du système de défense de
l'Est de la France et confie à Vauban le soin de réaliser les
améliorations nécessaires.

La citadelle est ainsi entièrement remaniée
entre 1674 et 1688, les autres fortifications sont édifiées
de 1689 à 1695 et de nombreuses casernes sortent de terre à
partir de 1680. La construction de la citadelle couta très cher,
à tel point que Louis XIV aurait demandé si ses murailles n'étaient
pas en or... Une ère de prospérité Au XVIIIème siècle,
sous l'impulsion d'intendants remarquables, la Franche-Comté
connait une période de prospérité et Besançon double sa population
(14 000 à 32 000 habitants), tout en se couvrant de monuments
et d'hôtels particuliers.
En 1790, Besançon perd son archevêché
et son statut de capitale, n'étant plus que le chef-lieu d'un
département privé des terres agricoles les plus productives
du bas pays. La population, estimée à 32 000 habitants à la
veille de la Révolution, décline à 25 328 habitants en 1793
pour ne remonter timidement qu'à 28 463 en 1800.
Cependant,
c'est également durant cette période que l'industrie horlogère
s'installe dans la ville suite à la création en 1793 d'une manufacture
d'horlogerie par un groupe de réfugiés helvétiques mené par
l'horloger genevois Laurent Méjean, expulsé de Suisse pour ses
activités politiques. L'activité démarre difficilement, notamment
du fait de l'hostilité d'une part de la population, mais le
nombre d'horlogers est estimé à 1 000 en 1795 et la production
de montres progresse tout de même de 14 700 pièces en l'an III
(1794-1795) à 21 400 en l'an XI (1802-1803). En 1801 la ville
retrouve son statue d’archevêché, mais celui-ci a de nouvelles
frontières
Montbéliard


Après la construction du château au XIème siècle, le châtel « derrière » est construit pour agrandir le château initial (châtel « devant »). L'église Saint-Pierre et quelques habitations apparaissent en même temps. Au XIIème siècle, un bourg castral s'établit en avant du châtel « devant ». Le bourg Vauthier survient le siècle suivant devant le châtel « derrière ». La ville s'agrandit jusqu'au XIVème siècle puis décline à cause de la peste. L'évènement majeur durant cette période est la signature de la Charte de franchise de 1283, elle va fixer le statut de la ville jusqu'en 1793. Renaud de Bourgogne donne l'autonomie à Montbéliard en échange du payement de la toisé (impôt calculé par rapport à la largeur de la façade des habitations).

L'administration est dirigée par le Conseil des XVIII, composé de deux représentants élus par guet (quartier). Ce Conseil des XVIII élit et assiste les neuf bourgeois qui sont les vrais maitres de la ville. Les notables sont les anciens membres de ces deux conseils. Tout ceci forme le Magistrat appelé également le conseil de ville. Plusieurs dynasties se sont succédé : les Mousson, les Montfaucon, la famille de Chalon, puis Montbéliard revient dans l'escarcelle des Montfaucon. Henri, fils d'Étienne de Montfaucon meurt en croisade à Nicopolis en 1396. À la mort d'Étienne de Montfaucon, ses enfants ont tous disparu, mais peu avant son décès, il nomme Henriette, l'une de ses petites-filles héritière de ses biens et la fiance à Eberhard IV de Wurtemberg. Le mariage eut lieu en 1407. Le comté de Montbéliard passe donc dans le giron de cette famille germanique et devient en même temps une terre d'empire. Cette nouvelle alliance apporte la seigneurie alsacienne de Riquewihr, et le comté d'Horbourg. Elle s'ajoute aux seigneuries comtoises de Clerval, de Passavant et à celles d'Héricourt, Etobon, Blamont, Clémont. Au XVème siècle, Montbéliard a une superficie de 5 hectares et une population estimée à 1 500 habitants, l'architecture des habitations est très proche du style alsacien. La production artisanale est active et organisée en « chonffes » (corporations) qui règlementent scrupuleusement les corps de métiers.
Pontarlier


Après la chute de l'Empire romain d'Occident, à la fin du Vè siècle, le pays est occupé par les Burgondes venus des confins de la Baltique. Ils sont utilisés comme troupes auxiliaires par l'armée romaine avec le statut de fédérés que régit le traité de fœdus utilisé entre Rome et un peuple étranger. Sous Aetius, sénateur et généralissime des légions romaines, ils se voient offrir un territoire autour de Genève qui deviendra le vaste et puissant Royaume de Bourgogne. La route venant d'Italie par les Alpes pennines passant par l'abbaye d'Agaune pour se diviser à Vevey en direction de Lousonna (Lausanne-Vidy) et Aventicum (Avenches) se réunissait pour traverser Pontarlier et partir en direction de Besançon, permettant l'installation de villages et de hameaux dans cette région. Les Burgondes s'installent dans ces bourgs gouvernés par des chefs élus entre eux ; partageant la terre avec les Séquanes ils investissent les terrains propres à la culture et fondent le comté de Warasch. L'habitude de ce peuple de partager les terres entre les rois et leurs officiers et soldats crée un territoire nommé "militae" libre et indépendant qui sera l'origine du franc-alleu et devient de ce fait une coutume longtemps observée dans les monts Jura qui reconnait le droit de propriété du premier occupant. Le bailliage de Pontarlier de par la nature de son sol, le caractère de son peuple, la division des bourgs, la qualité de barons prise par les anciens bourgeois, le franc-alleu du territoire, la justice du souverain alliée à la protection d'un seigneur, l'esprit des lois bourguignonnes, l'habitude du partage des paroisses par familles, l'absence de grandes seigneuries anciennes, tout cela est propice à l'installation du "baroichage" qui se veut une association d'hommes libres. La région étant pauvre les premiers propriétaires, qui se font nommer barons ou barrois (qui pourrait signifier "libre", "indépendant" en vieil allemand "bar"), s'ils veulent tenir leur rang, sont obligés de mettre en fief leurs biens auprès de leurs créanciers créant ainsi des hypothèques que doivent soutenir leurs héritiers jusqu'au remboursement d'où l'origine des fiefs dont il est fait mention dans le courant du XIVème siècle. Dès le XIIIème siècle il existe à Pontarlier une bourgeoisie, celle-ci nomme quatre échevins et les villages quatre jurés, ces huit magistrats prennent le nom de "Boichorage", ils gèrent les affaires communes et une charte de 1246 distingue les "chevaliers et barons de Pontarlier" ce qui place bien les hommes d'armes en préséance des titres de noblesse qui ici ne désignent que les propriétaires des fiefs de la région. En plus des bourgeois d'origine de la ville il y a ceux du " baroichage" qui leur sont associés mais aussi ceux, qui étrangers à la zone d'influence de Pontarlier, ont acquis un droit d'"habitantage" sous peine d'être expulsés s'ils sont en retard de paiement.

La ville est divisée en deux bourgs portant pour l'un le nom de "Pontarlier" et pour l'autre celui de "Morieux" plus anciennement "Mareul" ou "Moreul" qui signifierait "marais"; en 1336 Jean de Blonnay, sire de Joux reprend de Jean II de Chalon-Arlay "son châtel de Joux, le Moler devant Joux, que le sir de Chalon fit bâtir, et la forte place du Molar dessus Pontarlier", en face au château de Joux sur une éminence de la forêt nommée "Fauconnière" aujourd'hui "Bois de Ban", là se situe la "forte place du Molar" non loin du bourg de "Morieux" et de sa porte du même nom. Ce partage résulterait peut-être d'une donation de Gontran au VIème siècle à l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon de terres situées sur la route allant de Dijon à l'abbaye d'Agaune pour y établir un hospice connu sous le nom "d'hospice Saint-Bénigne" à destination des religieux qui empruntent cette route. Cette donation vient complétée la première faite par Sigismond un peu plus tôt à destination d'Agaune. Pontarlier est divisé en trois paroisses et une coutume veut que les familles soient toutes rattachées à vie à une des paroisses même si elles changent de quartier. Tout nouvel arrivant dans la région se voit devenir automatiquement paroissien de Saint-Bénigne après un an et un jour de présence.
Promenade dans le Doubs

Le Doubs offre de nombreux sites touristiques
comme les Salines Royales d'Arc et Sénans, construites entre
1775 et 1779 à partir de plans élaborés par Claude Nicolas Ledoux
qui à l'exemple du livre Utopia tente de réaliser la cité idéale.
La première pierre fut posée lors d'une cérémonie le 15 avril
1775, jour du samedi saint, et les travaux se poursuivirent
jusqu'en 1779. Le gros œuvre fut rapidement réalisé, et les
premiers essais de fabrication commencèrent dès l'automne 1778,
avant même l'achèvement des intérieurs. Comme le stipulait le
contrat passé entre M. Monclar et la ferme générale, l'exploitation
de la saline commença en 1779.
Autre lieu imposant de ce
département le Saut du Doubs qui est une chute de 27 mètres
de hauteur sur le Doubs située sur la frontière franco-suisse,
et pour partie dans la commune de Villers-le-Lac côté français,
pour partie dans celle de Les Brenets côté suisse.
Sochaux
est la ville où les premiers véhicules Peugeot furent construits.
La famille Peugeot est originaire de Valentigney et Armand Peugeot
et l'un des tous premiers constructeurs de véhicules à essence
en 1890