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Les Départements de la France

  • Données géographiques

Eure et Loir

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Département situé au sud Ouest de l’Ile de France, il fait partie des grands espaces de cultures céréalières et est le premier producteur de blé tendre de notre pays.
Ce département est formé d'une partie de l'Orléanais, de la Beauce et du Perche ; il dépendait jadis des généralités d'Orléans, d'Alençon et de Paris et des diocèses de Chartres d'Orléans et de Blois. Il tire son nom des deux principales rivières qui le traversent, savoir l'Eure dans sa partie septentrionale, en prenant sa direction de l'ouest à l'est, et remontant vers le nord; et le Loir, dans sa partie méridionale, et se dirigeant du nord au sud.
L'Eure, d'une longueur de 228,5 km, prend sa source à Marchainville près de Longny-au-Perche dans l'Orne et rejoint la Seine à Martot, peu après avoir longé Pont-de-l'Arche dans le département de l'Eure qui lui doit son nom. Elle arrose notamment Chartres, Maintenon, Pacy-sur-Eure, Saint-Aquilin-de-Pacy et Louviers.
Le Loir, d’une longueur de 317 km prend sa source source aux abords du Perche à Saint-Éman en Eure-et-Loir et longe le département sur une grande partie de sa distance, pour se jeter dans la Sarthe, au nord d'Angers
Ses bornes sont : au nord, les départements de l'Eure et de Seine-et-Oise ; au sud, ceux de Loir-et-Cher et du Loiret ; à l'ouest, ceux de l'Orne et de la Sarthe, et à l'est, ceux de Seine-et-Oise et du Loiret.
Une grande partie du département d’Eure et-Loir présente à l'œil de vastes plaines où, en général la pente du terrain est peu sensible, le reste offre un sol plus exhaussé, entrecoupé de vallées et de coteaux. Les points les plus élevés sont Châteaudun, Beaumont-Ie-Chartif, le Tremblay-le-Vicomte, St-Laurent-de la-Gatine, et Baillau-l'Evêque Prunay-le-Gillon, au milieu des plaines vers le sud-est, se trouve aussi fort élevé la ville de Chartres, qui ne l'est guère moins, est à 159 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Ce département, l'un des plus agricoles et des mieux cultivés de la France, présente, sur la presque totalité de son étendue, un sol fertile et abondant en céréales de toute espèce. Il se compose de plaines immenses qui, lorsqu'elles sont couvertes de récoltes et agitées par le vent, représentent assez l'image des ondulations de la mer ; ses collines, peu élevées, sont assez généralement couvertes de bois ou de vignes; quelques bruyères incultes, quelques landes, jetées çà et là et comme par hasard, ne servent qu'à faire ressortir encore davantage les immenses progrès de l'agriculture. De nombreuses prairies artificielles, des prés fertiles sur les bords des rivières, et notamment sur les rives de l'Eure et du Loir, viennent compléter ce tableau, le plus vivant de l'industrie agricole. Dans les communes qui font partie de l'ancien Perche, ou qui avoisinent la Normandie et le Maine, à la culture des céréales vient se joindre encore celle des pommiers, qui fournissent un cidre plus léger que celui de la première de ces provinces, mais qui n'en est que plus sain et plus agréable. Là chaque héritage est entouré d'une double haie, cerné par un rang d'arbres qui y sont quelque fois plantés en quinconce alors le champ s'appelle un verger; presque toujours il est clos par une porte faite avec des branches d'arbre et nommée dans le pays échalier, de sa ressemblance avec une échelle. La récolte des blés, comme la vendange des pommes, est pour chaque métairie le signal du plaisir, et, dans leur grosse joie.

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Carte de l'Eure et Loir

Percherons et Beaucerons témoignent au jour de la grosse gerbe le bonheur qu'ils éprouvent de voir leur existence et leurs engagements encore assurés pour une année. L'arrondissement de Chartres, presque entièrement formé de l'ancien pays chartrain, contient les terres labourables les plus fertiles, et fournit les blés les plus estimés. Les rives de l'Eure sont garnies de nombreuses usines, qui les convertissent en farine et alimentent la halle de Paris. Le marché de Chartres, qui se tient le samedi de chaque semaine, est, comme marché de blés, l'un des plus forts de France.-Le marché le plus important de l'arrondissement de Chartres, après celui du chef-lieu, est celui de Gallardon, tous les autres n'ont qu'une importance relative.—L'arrondissement de Châteaudun se compose en grande partie de plaines très-fertiles. Trois de ses cantons, ceux du chef lieu, de Bonneval et d'Orgères, produisent du froment de première qualité, et les rives du Loir sont couvertes d'usines magnifiques qui alimentent aussi la halle de Paris.
Le premier des marchés pour le blé est celui de Châteaudun; pour le gibier et la volaille, celui de Courtalin, petite ville qui doit son existence et sa prospérité à la constante sollicitude de l'illustre maison de Montmorency ; pour les bestiaux, et notamment les veaux, celui de Brou, qui est presque un petit Poissy.
L'arrondissement de Dreux est de tout le département d'Eure-et-Loir le plus industriel et le plus commerçant. Plus rapproché qu'aucun autre de la Normandie, il doit cet avantage à l'influence de cette province, qu'on peut, avec tant de raison, appeler le Manchester de la France. -
Le dernier de tous les arrondissements du département d'Eure-et-Loir pour la population et l'industrie, soit agricole, soit manufacturière, est celui de Nogent-le-Rotrou. Formé presque intégralement de l'ancien Perche, son territoire, resserré entre les plaines fertiles de la Beauce et les vallées commerçantes de la Normandie est moins fertile que celui des autres arrondissements. Cependant cet arrondissement, qui contient beaucoup de prairies, s'occupe avec succès de l'amélioration de la race croisée des chevaux, connus dans le commerce sous le nom de percherons. Il n'en est point de plus propres au service de la poste et des voitures publiques. Les foires principales où se vendent ces chevaux se tiennent à Chassant, hameau du canton d'Anthon, près de la Croix-du-Perche et, à la Bazoche-au-Perche-Gouet. Cet arrondissement est de tous ceux du département d'Eure-et-Loir le plus couvert et le plus boisé ; a chaque morceau de terre y est entouré de haies, fermé par des échaliers, et très souvent planté d'arbres.



Note

Les habitants de l'Eure et Loir


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Groupe de faucheurs dans la Beauce

Les habitants d'Eure et-Loir forment deux classes tout à fait distinctes, différant entre elles par les mœurs, les usages et les coutumes. L'homme du pays de plaine, connu sous le nom de Beauceron ne ressemble point à celui du pays couvert, connu sous celui de Percheron. Le sexe, dans les campagnes est pour ainsi dire, sans attraits ; les femmes sont usées de bonne heure par le travail, et à trente ans, il en est peu qui n'en portent les marques les moins équivoques.
Dans les villes, notamment à Châteaudun et à Dreux, les femmes sont jolies, d'une fraîcheur peu commune dans la première de ces villes surtout, celles qui appartiennent à la classe intermédiaire ont un mélange de coquetterie, de grâce et de bizarrerie dans leur parure, quelque fois très riche, qui rappelle les femmes du pays de Caux. Leur bonnet surtout est remarquable par sa forme svelte et élégante, qui fait ressortir les avantages de leur physionomie.
Les paysannes de la Beauce sont habillées et coiffées avec les étoffes les plus nouvelles et les plus recherchées; elles portent les ornements les plus brillants et les plus luxueux, mais sans goût et sans grâce ; leur coiffure est basse et aplatie leur taille courte, épaisse et élevée forcément. Les Percheronnes sont, au contraire, vêtues d'une manière plus svelte de déshabillés faits avec de l'étoffe commune ; elles donnent à leur coiffure, qui ressemble assez à une mitre d’évêque avec ses barbes, le nom de cornette, et à leurs tabliers le nom de devantière, et elles recouvrent tout leur costume d'une couverture de laine bleue placée en écharpe, et d'une coiffe en indienne appelée thérèse. Le costume des Beaucerons n'a rien de bien remarquable. Celui des hommes du Perche consiste en un habit, une veste et une culotte de drap bleu grossier, un gilet blanc avec des guêtres blanches montant jusqu'aux genoux, un grand chapeau de former onde les uns et les autres portent habituellement la blouse et les sabots grossiers, qui distinguent essentiellement les habitants des villes de ceux des campagnes.
Les habitants d'Eure-et-Loir respectent la sainteté des nœuds conjugaux ; les femmes excellentes mères, épouses fidèles, s'occupent avec activité des soins intérieurs du ménage, tandis que leurs maris, péniblement attachés aux soins de la culture, travaillent sans cesse à augmenter le bien-être de leur famille. Ils sont laborieux, avares et d'une grande frugalité ; ils aiment l'ordre, et soit apathie, soit sagesse, ils se sont distingués dans les temps de trouble et de révolution par une grande modération ; ils sont néanmoins jaloux de leurs droits, et ne négligent aucune occasion de les faire valoir.
Les habitants des campagnes sont superstitieux : un fer rouge, qu'ils appellent clef de Saint-Pierre, et qu'ils appliquent sur la tète de leurs chiens, les préserve de la rage ou les en guérit radicalement; un morceau de charbon, dérobé au feu de la St-Jean d'été, éloigne les malheurs de la famille ; jeté dans les puits et dans les fontaines, il empêche les eaux de devenir malfaisantes ; quelques joubarbes plantées aux planchers des chaumières y servent de paratonnerre, etc.,etc. Saint Marcon, de Charny, qui guérit les écrouelles vaut au curé un revenu annuel de 800francs, à 10centimes par évangile saint Evroult guérit les enfants saint Gilles de Monleguge de la peur, etc.

Presque tous les villages et hameaux de la Beauce sont construits en bauge, couvertes en chaume, à cause de la rareté de la tuile. Ils sont éloignés les uns des autres, maison les aperçoit de fort loin. Ceux du Perche sont plus communément bâtis en terre et en pierre, couverts en tuiles ou en bardeaux, quelque fois en bruyères. Les villages sont aussi fort éloignés les uns des autres, et très peu peuplés; mais les hameaux y sont multipliés à l'infini: on en rencontre, pour ainsi dire, à chaque pas. A la vérité, ils ne sont souvent composés que de quelques maisons, d'une ferme, d'un simple bordage et quelque fois des plus chétives bicoques. Ces habitations isolées, et placées tantôt au milieu d'un verger, tantôt sur le bord d'une verte prairie, souvent sur le revers d'une colline, quelque fois au fond d'un vallon où serpente une eau claire et limpide; ces rustiques manoirs, qu'on n'aperçoit qu'à travers les arbres, les bois et les haies, offrent au printemps les tableaux les plus piquants, les plus pittoresques par la variété des nuances, l'éclat et la fraîcheur des épaisses feuilles, des touffes de fleurs qui les accompagnent et les environnent de toutes parts. Aussi n'abandonne-t-on qu'à regret ces contrées fleuries et ombragées, pour traverser les monotones et ennuyeuses plaines de la Beauce, privées d'eau et de mouvement ,où le voyageur sans cesse exposé à l'ardeur du soleil, trouve à peine un ormeau, un buisson à, l'ombre duquel il puisse se reposer.
C’est également dans ce département que se situe la Cosmétic Valley qui regroupe tous les grands noms de l’industrie de la beauté et du bien être comme Paco Rabane, Jean-Paul Gaultier, Guerlain, etc… Cette industrie occupent plus de 30 000 salariés et génère un chiffre d’affaire de plus de 2,5 Milliards d’Euros.


Histoire de l'Eure et Loir


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Carte de l'Eure et Loir
Note

Carte d'identité


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Chateau de Villebon 28

Eure-et-Loir (28)
Région : Centre
Préfecture : : Chartres
Sous préfectures :
Châteaudun
Dreux
Montbard



Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Adresse des offices
Le patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.


Gentilé : Eurélien
Population : 431 277 hab. (2021)
Densité : 73 hab./km²
Superficie : 5 880 km²
Subdivisions :
Arrondissements : 4
Circonscriptions législatives : 4
Cantons : 15
Intercommunalités : 10
Communes : 365

Le département d'Eure-et-Loir, souvent désigné, dans le langage vulgaire, sous le nom de Beauce ou de pays Chartrain, se présente aujourd'hui aux regards du voyageur ou aux souvenirs de ceux qui l'ont parcouru sous un aspect bien différent de celui qu'il eut autrefois. Dans ces plaines immenses couvertes de riches moissons, dans ces gracieuses vallées parsemées de riantes habitations, sillonnées de routes faciles, étalant les plantureux produits d'une culture intelligente et variée, il est difficile de reconnaître les épaisses et sombres forêts, les landes incultes et désertes, les marais fangeux inabordables, dont se composait le territoire des anciens Carnutes. Cette tribu de la grande confédération gauloise trouva, tout à la fois, dans la nature du sol qu'elle occupait et dans l'exaltation de ses sentiments religieux, les moyens d'exploiter le culte druidique à son profit.

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La porte Guillaume de Chartres

C'est au fond de grottes ou cavernes cachées dans les profondeurs des bois, sur d'énormes blocs de pierre roulés dans les endroits les plus solitaires, et dont une terreur superstitieuse rendait les abords plus inaccessibles encore, que s'accomplissaient les mystères de Teutatès. Comme les prêtres de l'Inde et de l'Égypte, comme ceux de l'antique Cybèle, les druides de la Gaule trouvèrent bientôt dans l'ignorance et la crédulité populaires les éléments d'une domination souveraine près de leurs temples barbares, près de leurs grossiers autels, ils établirent des collèges où les adeptes étaient préparés à l'initiation. Cette province des Carnutes devint donc le centre religieux du culte druidique, et plus tard le dernier boulevard de la nationalité celtique pendant l'invasion romaine et les premiers envahissements du christianisme. Il existe encore dans le département.de nombreux vestiges des monuments de cette période historique.

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Profil de l'Abbaye DE L'EAU de l'ordre de Cisteaux, à une lieüe et demie de Chartres - 1696

La Garenne de Poisvilliers conserve, sur une éminence assez élevée, la trace de fossés larges et profonds qui entouraient ce qu'on nomme encore dans le pays le Vieux-Château, et ce que les archéologues reconnaissent pour l'ancien collège des druides.
On a retrouvé à Dreux et à Fermaincourt les ruines d'anciennes écoles, et dans la forêt d'Ivry les assises d'un vaste édifice qu'on suppose avoir été l'habitation du grand prêtre. Les environs de Chartres et la commune de Lèves sont surtout riches en souvenirs de cette époque: outre les galgals, dolmens et cromlechs, qui sont très nombreux, on cite encore la montagne des Lienes, .la caverne qui s'ouvre au levant sur les bords de l'Eure, près d'une fontaine qui passait pour sacrée, la grotte de Chartres, creusée au sommet de la montagne où s'élève la cathédrale actuelle enfin, les tumulus de Goindreville et du Morancez, les autels encore debout aux hameaux de Changé et de La Folie, les dolmens si célèbres de Cocherel et de Quinquempoix, attestent à chaque pas le caractère religieux de la contrée et l'importance que la nation des Carnutes avait puisée dans cette espèce de concentration du pouvoir sacerdotal. L'histoire manque de données positives sur la durée de ce régime le bruit des armes romaines trouble pour la première fois le religieux silence de ces mystérieuses forêts.
C'est aux clartés de la civilisation qu'apportent avec eux les conquérants, qu'il nous est donné de lire les premières pages de notre histoire nationale. Les mœurs des Carnutes, leur costume, l'aspect du pays, les cérémonies religieuses, ne nous sont révélés que par leurs vainqueurs. Nous regrettons de ne pouvoir ajouter à notre récit quelques pages sur l'organisation théocratique de cette partie de la Gaule, sur les bardes, sur les prêtresses inspirées, sur les barbares sacrifices inondant de sang humain ces pierres levées, ces autels séculaires, que le lierre et la mousse recouvrent aujourd'hui; nous voudrions pouvoir évoquer devant nos lecteurs ces poétiques cérémonies, ces processions pompeuses qui, le sixième jour de la lune de décembre, signalaient chez nos ancêtres le retour du nouvel an, alors que, précédé de deux taureaux blancs, entouré des prêtres, des sacrificateurs, des saronides et de leurs élèves, suivi d'un long cortège de députés qu'envoyaient chaque ville et chaque province, le chef des druides, avec ses hérauts vêtus de blanc, une branche de verveine à la main, allait couper le gui sacré avec sa serpette d'or. L'an 56 avant, J.-C., César pénètre dans les Gaules, apportant la vengeance de Rome aux descendants de Brennus. Les Carnutes ne se laissèrent point décourager par les premières victoires des légions romaines.

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Veüe de la Ville et du chasteau de NOGENT LE ROY en beauce a six lieues de la Ville de Chartres et a quatre de Dreux - 1696

La mort de Clodius ayant rappelé César en Italie, une vaste conspiration s'organisa dans le pays Chartrain ; les druides et leurs émissaires se répandirent dans la Gaule, excitant les esprits au nom de la religion et de l'indépendance nationale ; les provinces répondirent à cet appel ; l'Auvergne se signala par l'entraînement de sa population presque entière. C'est elle qui donna à l'insurrection son chef illustre Vercingétorix ; c'est au pied de ses montagnes que se livrèrent les grandes batailles mais le foyer de l'incendie était dans le sanctuaire druidique, et c'est du fond de leurs inaccessibles retraites d'Eure-et-Loir que les prêtres dirigeaient le mouvement suscité par eux. Leur influence, quoique affaiblie, survécut au triomphe des Romains quelques siècles plus tard, nous voyons les superstitions séculaires de la Gaule trouver dans le pays de Chartres leurs derniers défenseurs contre les envahissements du christianisme. La ténacité aux vieilles croyances, la fidélité au culte du passé, tel est donc le caractère du pays dans cette première période de son histoire nous verrons le sol se transformer, les temples du Christ remplacer enfin les sanglants et grossiers autels de Teutatès mais nous retrouverons dans les mœurs et dans les annales de la contrée la foi plus pure, mais aussi obstinée, le même fanatisme des traditions se transmettre de génération en génération jusqu'à nos jours.
Le territoire des Carnutes faisait partie de la quatrième Lyonnaise, lorsque les Francs succédèrent à la domination romaine. Les terres furent partagées entre les chefs vainqueurs et les ministres de la religion qui avaient si puissamment concouru aux succès de Clovis l'érection des comtés, l'établissement des évêchés, la fondation des prieurés et des abbayes, sont les faits qui caractérisent le règne des deux premières dynasties. Comme le reste de l'ancienne Neustrie, les pays dont s'est formé ce département furent ravagés par les Normands.
La formation des grands fiefs féodaux divisa la contrée en quatre grands comtés du Perche, de Dreux, de Chartres et de Dunois, dont les histoires spéciales constituent l'histoire du département.. Le premier seigneur héréditaire du Perche fut Yves de Bellesme, comte d'Alençon, qui mourut en 926. Il était issu de la maison de Bellesme qui possédait viagèrement depuis longtemps la petite province du Perche avant de l'obtenir de Charles le Simple à titre héréditaire; la réunion dans la même famille des comtés du Perche et d'Alençon met une certaine confusion dans les annales de la contrée.

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Veüe de l'esglise Parochialle DE St ANDRE dans la ville de Chartres en Beauce bastie en l'an 1525

Saint Louis, en donnant en apanage à son frère Pierre le comté d'Alençon, y joignit le comté du Perche, d'où il résulta que les-puinés de cette branche royale portèrent souvent le titre de comtes du Perche, comme on peut le remarquer dans le célèbre procès intenté au duc d'Alençon, sous les règnes de Charles VII et de Louis, XI. L'ancienne coutume du Perche, qui a régi le pays jusqu'en 1789, avait été rédigée pour la première fois en 1505, par autorité du roi, sous René, duc d'Alençon, comte du Perche, et modifiée en 1558, sous Henri II.
La province se subdivisait en trois cantons; Nogent-le-Rotrou en était la ville la plus importante. Le Dunois, qui sépare le pays Chartrain de l'Orléanais proprement dit, fut, dès l'origine des temps féodaux, possédé par des seigneurs dont se rendirent indépendants leurs lieutenants, les vicomtes de Châteaudun, capitale de la contrée; le Dunois fut réuni par les comtes de Blois à leurs domaines, qui passèrent au XIIIème siècle à la maison de Châtillon. Gui II, le dernier héritier de cette famille, vendit ses deux comtés, vers la fin du XIVème siècle, à Louis de France, duc d'Orléans, frère de Charles VI. Ce prince venait alors de recevoir du roi la vicomté de Châteaudun, confisquée sur Pierre de Craon, assassin du connétable de Clisson. Louis, devient ainsi possesseur de tout le Dunois, eut pour héritier Charles d'Orléans, son fils ; celui-ci, fait prisonnier par les Anglais, reçut pendant sa captivité, de son frère naturel, Jean, des services qu'il récompensa par la cession du comté de Dunois et de la vicomté de Châteaudun. Ce nouveau comte Jean est le fameux bâtard de Dunois, qui s'acquit une si glorieuse réputation dans les guerres de Charles VII contre les Anglais. Il devint la tige de la maison d'Orléans-Longueville, dont onze descendants possédèrent successivement la province de Dunois.
La famille s'étant éteinte au commencement du XVIIIème siècle, dans la personne de la duchesse douairière de Nemours, l'héritage échut à un fils naturel du comte de Soissons, oncle de la duchesse; et la fille unique de l'héritier porta le comté en dot dans la maison de Luynes où il est resté jusqu'à la Révolution. Un des barons les plus habiles à exploiter l'agonie de la race carlovingienne fut Thibaut le Tricheur ce surnom indique assez de quel esprit rusé, cupide et envahisseur il était animé. Vers l'an 920, ce seigneur, déjà comte de Tours et de Valois, s'empara du comté de Chartres, qui avait été cédé au duc de Normandie par le traité de Saint-Clair-sur-Epte. La famille resta en possession de ce fief jusqu'en 1286 il échut alors à la veuve d'un comte d'Alençon qui le vendit à Philippe le Bel. Ce prince le donna en apanage à Charles, son frère, comte de Valois, dont le fils, Philippe, étant devenu roi de France, le réunit une seconde fois à la couronne. En 1528, le comté.de Chartres fut érigé en duché par François Ier, puis engagé par Louis XII pour 250,000 écus d'or, à l'époque du mariage de sa fille Renée avec Hercule d'Este, duc de Ferrare.

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Veüe de l'esglise Parochialle DE St ANDRE dans la ville de Chartres en Beauce bastie en l'an 1525

En 1623, le duché de Chartres fit encore retour à la couronne, et fut compris dans l'apanage de Gaston, duc d'Orléans, frère de Louis XII ; il fit ensuite partie de celui d'un autre duc d'Orléans, Philippe, frère de Louis XIV, dont la postérité l'a possédé jusqu'à la Révolution. Quoique dépouillé de ses privilèges les plus essentiels, le titre de duc de Chartres a été religieusement conservé dans la famille d'Orléans ; Louis-Philippe, depuis roi de France, après l'avoir porté jusqu'à la mort de son père, le transmit à son fils aîné qui ne le quitta, à l'avènement du roi son père au trône, que pour le titre de duc d'Orléans, attaché au chef de la famille. Enfin, quoique le titre de duc d'Orléans ait été échangé depuis contre celui de comte de Paris pour l'héritier présomptif de la couronne, le second fils dit prince royal reçut et porte le titre de duc de Chartres.
Le comté de Dreux, formé de l'ancien pays des Durocasses, couvert autrefois de forêts comme le pays Chartrain, a une histoire commune avec cette contrée jusqu'à la séparation des grands fiefs. C'est en 1031 que nous rencontrons les premiers documents constatant l'existence d'un comté de Dreux. Ses premiers possesseurs furent les comtes du Perche. En 1378, une dame de cette maison le vendit au roi Charles V. Engagé plusieurs fois, dans les temps difficiles, ravagé ou occupé par les Anglais, il ne rentra dans le domaine royal qu'en 1551. Henri III le donna en apanage à son frère, le duc d'Alençon ; à la mort de celui-ci, il passa à Charles de Bourbon, comte de Soissons, qui le transmit à son fils Louis, tué à la bataille de La Marfée, près de Sedan, en 1641. Enfin, sauf quelques droits particuliers sur la ville de Dreux, le comté fut définitivement et complètement réuni à la couronne vers la fin du XVIIème siècle.
La longue lutte contre les Anglais, les guerres de religion, quoique se rapportant à l'histoire générale du département, trouveront leur place dans la notice consacrée à chaque ville pr in- -cipale, à propos des épisodes dont elles furent le -théâtre. Nous n'aurions rien à ajouter à cette courte notice si les événements douloureux qui signalèrent la fin du second Empire ne nous imposaient la tâche de rappeler brièvement les derniers faits de l'histoire contemporaine.

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Cathédrale de Chartres. Vue du portail latéral nord

En effet, durant la guerre franco-allemande de 1870-1871, le département d'Eure-et-Loir fut un des plus éprouvés par le fléau de l'invasion. La plupart de ses villes et bourgades eurent à subir la présence de l'ennemi, et des combats sanglants furent livrés sur divers points de son territoire, notamment à Châteaudun, aux environs d'Orgères, à Nogent-le-Rotrou et à La Fourche. L'armée envahissante était commandée par le prince royal Frédéric-Guillaume. Le 18 octobre, la 22ème division d'infanterie allemande, la 4ème de cavalerie, sous les ordres du général de Wittich, ayant reçu pour mission de rallier l'armée au blocus de Paris, en passant par Chartres et Dreux et en rejetant les troupes que l'on pourrait trouver, arrivaient devant Châteaudun, ville défendue par les francs-tireurs de Lipowski et par les habitants. Un violent combat s'engagea et la ville fut en partie réduite en cendres. Le 20 octobre, les troupes allemandes, qui s'étaient emparées de Châteaudun, bombardaient et traversaient Illiers, continuant leur marche sur Chartres, qu'elles occupèrent le 22. Parmi les localités où l'ennemi s'établit, nous nous contenterons de citer : Maintenon, Dreux, Nonancourt, Voves, Brou (25 novembre), Janville, Orgères le 29 novembre, Bonneval et Courville. Les pertes éprouvées par le département d'Eure et- Loir, pendant cette triste période de notre histoire, se sont élevées à la somme énorme de 35,99,427 fr.
Quoi qu'il en soit, la paix dont a joui la contrée pendant près de deux siècles a transformé son aspect une grande partie de ses bois a été rasée le voisinage de l'Ile-de-France et de Paris, ces grands centres de population, offrant aux céréales un débouché assuré et avantageux, le sol défriché s'est couvert de riches moissons et c'est à juste titre que la Beauce est appelée le grenier de Paris. Plaines immenses livrées à la grande culture, riantes vallées où chaque paysan a son verger, son marais et sa vigne ; petites villes où se concentré le commerce des campagnes environnantes, telle est la physionomie générale d'Eure-et-Loir.
Quant au caractère des habitants, il participe, comme partout, de la différence des localités. Les mœurs patriarcales se sont conservées plus pures, plus austères chez les laboureurs, vivant souvent encore d'une vie commune, maîtres et serviteurs dans leurs grandes fermes isolées. L'habitant des vallées, le Percheron surtout, est bien plus accessible aux influences de la civilisation moderne son vieil esprit gaulois se prête merveilleusement à l'intelligence des affaires il est spirituel, fin et quelque peu rusé ; il y a un proverbe qui dit : il entend à demi-mot, il est de Châteaudun. Mais le signe original qui se retrouve encore dans la population des villes comme des campagnes, et des plaines comme des vallées, c'est la dévotion et le patriotisme, précieux héritage des Carnutes, leurs premiers ancêtres.

L’actuel département d'Eure-et-Loir correspond à la partie centrale du territoire des Carnutes dont Chartres était la capitale, sous le nom d’Autricum. Les Carnutes sont célèbres surtout pour leur lien, réel ou présumé, à la religion gauloise. C'est en un locus consecratus, dans la mythique « forêt des Carnutes », que les druides auraient tenu leur réunion annuelle. Au nord du département, le peuple gaulois des Durocasses avait pour capitale Dreux. Au Moyen Âge, le territoire actuel du département est dominé par la ville de Chartres. Elle se développe grâce à la culture des riches terres de Beauce (marché au blé) et à sa vocation religieuse due notamment à la présence de la relique du Voile de la Vierge (don de Charles-le-Chauve en 876). Sur l'impulsion de Fulbert de Chartres, elle sera le berceau d'une renaissance intellectuelle avec la fondation de l'École de Chartres. Au nord, Dreux, la vallée de l'Avre et le Thimerais, de même que le Comté du Perche à l'ouest, constituent des postes avancés des rois de France face aux ducs de Normandie. Les terres d'Eure-et-Loir, par leur intérêt stratégique, sont donc très tôt ancrées dans la mouvance capétienne et progressivement rattachées aux anciennes provinces de l'Orléanais et de l'Ile-de-France. Durant la guerre de Cent Ans, le territoire du département est au centre de plusieurs conflits.
(dont la Journée des Harengs à Rouvray-Saint-Denis), en raison de sa proximité avec Paris et Orléans. Le traité de Brétigny, qui met fin provisoirement à la guerre, y sera signé près de Chartres. À partir de la Renaissance, l'Eure-et-Loir devient également une région prisée par les rois de France pour y installer leurs favorites : Diane de Poitiers (Anet), puis Madame de Maintenon ou encore la marquise de Pompadour (Crécy-Couvé). Le département est également marqué par la présence de Maximilien de Béthune, duc de Sully, décédé en son château de Villebon et inhumé à Nogent-le-Rotrou.


Chartres


Note

La commune de Lèves

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Lèves

Lèves, petite commune du département, a été définie comme le centre de la France par les différentes tribues celtes et ensuite gauloises qui peuplaient notre territoire. C’est à proximité de cette localité qu’avait le lieu l’assemblée annuelle des Eduens, des Volsques Tectosages, des Bituriges, des Arvernes, des Carnutes, des Sénons, des Séquanes et autres peuples de la Gaule Celtique. Ce rassemblement se situait à proximité de la capitale des Carnutes, la cité d’Autricum.
Est-ce un hasard si Autricum est aujourd’hui la ville de Chartes, qui est un des hauts lieux de la chrétienté de notre pays et dont la cathédrale garde encore tous ses mystères.

La devise en latin de Chartres est « servanti civem querna corona datur » qui signifie « À celui qui sauve un citoyen est donné une couronne de chêne ». Il s’agit là d’une tradition de la Rome antique : la couronne de chêne était décernée à tout citoyen ayant, sur le champ de bataille, sauvegardé l’existence d’un de ses concitoyens. Cette devise, figurant sur le blason de la ville dès le XVIème siècle, se retrouve à la fin du XVIIIème siècle sur des médailles frappées aux armes de la ville. En 1790, pour avoir sauvé une chartraine, le maçon Halgrain et le menuisier Brossier, conformément à la tradition antique, reçurent du maire Asselin une médaille en argent frappée aux armes de la ville, attachée à un ruban aux trois couleurs de la nation et portant la fameuse devise.
On connait mal l’évolution urbaine de Chartres entre le IIIème et le Xème siècle : la cité antique semble s’être effacée au profit de petits villages autonomes. Les premières installations de bâtiments chrétiens, attestés par quelques textes, laissent supposer qu’à la fin du VIème siècle nombreux étaient les établissements religieux à Chartres, alors dirigés par l’évêque.

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Plan de Chartres

Au IXème siècle, les Normands ravagent les terres environnantes à plusieurs reprises et, en juin 858, détruisent la ville et probablement la cathédrale. Celle-ci est reconstruite, tandis que les Chartrains érigent les premiers remparts.
En 876, un don de Charles le Chauve, le Voile de la Vierge, est à l’origine d’un important pèlerinage qui fera la richesse de la cité et la puissance des institutions religieuses locales.
Le 16 février 886, les Danois de Siegfried attaquent sans succès la ville et perdent 1 500 hommes.


Note

La Maison du Pique Assiette

La Savoie sous la neige
Isidore Raymond dans sa maison

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Issue de l'imaginaire et à découvrir pour ceux qui aime l'étrange et le beau, voici la Maison du Pique Assiette. Elle se situe dans le quartier du Cimetière de Saint-Chéron à Chartres. C'est la maison de Raymond Isidore, surnommé «Pique Assiette», lieu de résidence insolite d'un fossoyeur qui avec beaucoup de talent, et pendant plus de trente ans à décorer sa demeure réalisant ainsi son propre palais des Milles et Une Nuits. Pour réaliser son rêve Pique assiette a assemblé, dans du ciment, des morceaux d'assiettes de faïence récupérées ici et là, et dans des décharges pour en faire le décors de sa demeure. Assemblé avec beaucoup de gout, il a crée des figures, des mosaïques et tout un univers fait de milliers de morceaux d'assiette. Comme quoi, bien avant que l'on parle de recyclages et de récupération des déchets, certains artistes ramassent ce que d'autres jettent pour en fait des décors des plus surprenant.

Lors d’une autre attaque, en 911, le chef normand Rollon se heurte à la résistance qu’organise l’évêque Gantelme. À l’approche des renforts, l’évêque n’hésite pas à faire diversion. D’après un récit du XIIème siècle, il fait fuir l’ennemi en brandissant la chemise de Marie, le Voile de la Vierge, relique majeure de la cathédrale. Cette victoire, attribuée à l’intercession de la Vierge elle-même, ne fait qu’accroitre dans les siècles suivant le rayonnement du pèlerinage, qui à la faveur des dons, facilite le financement de la cathédrale actuelle.
Une autre source de cette puissance réside dans la richesse de la Beauce où le chapitre de la cathédrale possède de grands domaines. C’est de cette richesse et de cette puissance que découleront les cathédrales successives.
Cet éclat matériel se double alors d’une grande renommée intellectuelle. L’évêque Fulbert de Chartres se trouve à l’origine du développement de l’École de Chartres qui s’épanouit pendant près de deux siècles. À côté de maitres célèbres comme Thierry de Chartres ou encore Bernard de Chartres, il faut également noter la place de l’évêque Yves de Chartres qui fut l’un des grands canonistes de l’Église. Au Xe siècle, la présence de Thibaud le Tricheur dans son château modifie la répartition des pouvoirs au sein de la ville. Le renouveau économique autour des métiers de la rivière, soutenus par le comte et l’évêque, jette les bases du développement urbain à venir.

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La cathédrale Notre Dame de Chartres

Dans le domaine politique et militaire, le roi de France Louis VI le Gros réduit à merci, au prix d’une longue lutte, le sire du Puiset, dont la puissance était un défi à la monarchie. Durant la Renaissance du XIIème siècle, à Chartres s'épanouit une pensée novatrice, nourrie par la redécouverte du platonisme, qui fait la richesse de l'« esprit chartrain » selon l'expression de Jacques Le Goff. Un esprit qui découle directement de la rigueur grammaticale et de la curiosité scientifique de l'enseignement de Bernard de Chartres, basé sur les anciens, et dont les propos à ce sujet, rapportés par Jean de Salisbury, sont devenus parmi les plus fameux de l'histoire intellectuelle :
« Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants, ainsi pouvons-nous voir mieux et plus loin qu'eux, non que notre vue soit plus perçante ou notre taille plus élevée, mais parce que nous sommes soulevés en l'air et portés par leur hauteur gigantesque.»
Cette région, au centre de la France et au cœur des domaines royaux, endure les conséquences de la guerre de Cent Ans. C'est à Brétigny, petit hameau au sud de Chartres, qu'est signé le 8 mai 1360 un traité marquant une trêve entre les Anglais et le roi de France Jean le Bon.
Plus tard, c'est au sud du département que se joue l'épisode mémorable de la bataille des Harengs. Un convoi de vivres venu de Paris et destiné aux assiégeants d'Orléans fait l'objet d'une tentative de destruction, par les assiégés de cette ville qui avaient fait une sortie hors de leurs murs.


Châteaudun


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Une maison de Nogent-le Roi

Aux confins de la Beauce et du Perche, la ville de Châteaudun est établie en grande partie sur le sommet d'un coteau aux puissantes assises calcaires dominant la rivière, ce qui lui confère un rôle défensif avant la conquête romaine jusqu'à la Fronde. De ce fait, son appellation dérive de l'association du mot cette « Dun » désignant un lieu en hauteur, et du mot latin « castrum », signifiant un camp fortifié.
Evêque de Chartres, Saint-Aventin aurait opéré un miracle en sauvant son frère de la lèpre. Par cet acte, il permet la christianisation du territoire voué au culte druidique et fait naître les trois premières églises qui se multiplient par la suite.
Au lendemain des invasions normandes, Châteaudun est administrée par des comtes amovibles dont Thibaud V, Comte de Blois, Chartres et Tours En 1197, une charte de communes est octroyée à Châteaudun. Au début du XIIème siècle, une abbaye est installée près du château comtal. Châteaudun est la capitale du Dunois à cette époque.
Louis d'Orléans acquiert au XIVème siècle les comtés de Blois et de Dunois et ce jusqu'au XVIIIème siècle. A sa mort, son fils aîné Charles, le poète d'Orléans hérite de son patrimoine. Détenu par les anglais lors de la Guerre de Cent Ans, il cède à son demi-frère, Jehan de Dunois, le comté et la vicomté de Dunois.
Il entreprendra alors la construction d'une partie du château. Ses descendants les Longueville y ajouteront l'aile du XVIème siècle. Jusqu'au XVIIème siècle, le développement économique repose sur quelques industries comme celles du textile : draps, serges, couvertures. Des moulins sont installés près des grottes. Les tanneries prospèrent.
En 1723, un violent incendie lui ôte une partie de son tracé médiéval (le quartier Saint-Lubin et le château ont pu être préservés).
Un nouveau modèle urbanistique sobre et raffiné est alors dessiné par Jules Michel Hardouin Mansart,. La ville nouvelle s’ordonne autour de la place du 18 Octobre 1870, du centre-ville actuel. Châteaudun n’échappe pas à la Révolution qui occasionne la mutilation et la destruction d’édifices religieux.


Dreux

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Le beffroit de Dreux

Ville frontière du domaine royal face au duché de Normandie, Dreux a longtemps commandé l'accès au royaume de France. Cela lui vaut d'avoir été convoitée par les ducs de Normandie et les comtes d'Anjou à de multiples reprises au fil de l'histoire. Elle fut assiégée vers l'an 1000 par Richard II duc de Normandie La ville fut le chef-lieu d’un comté célèbre : elle fut érigée en commune vers 1108, par Louis le Gros, ou même, selon quelques-uns, dès 1092. Elle est confirmée par Robert de Dreux en 1180, les bourgeois s’engageant alors à défendre la place contre les ennemis du roi.
Cette place forte soutint divers sièges remarquables. Elle fut assiégée en 1188 par Henri II d'Angleterre puis en 1412 par les Bourguignons pendant la guerre civile, en 1421 par Henri V d'Angleterre et enfin 2 fois par Henri IV, en 1590, sans succès puis en en 1594 ou il la démantela.
Au cours des guerres de religion, en décembre 1562, Dreux fut le siège d’une bataille entre l’armée catholique et royale de Catherine de Médicis, régente et comtesse de Dreux, et les troupes protestantes du prince Louis de Condé et de l’amiral de Coligny. Les catholiques remportèrent la victoire, mais au prix de 8 000 morts laissés sur le champ de bataille.
En 1816, la duchesse d'Orléans, fille unique du duc de Penthièvre, et mère de Louis-Philippe Ier, fait ériger la chapelle Saint-Louis sur la colline qui domine la ville suite au saccage de la collégiale Saint-Étienne dont son père avait fait sa nécropole familiale.
Le 30 septembre 1870, le ballon-poste Céleste piloté par Gaston Tissandier s'envole de l'usine à gaz de Vaugirard à Paris alors assiégé et termine sa course près de Dreux après avoir parcouru 81 kilomètres.

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La chapelle royale de Dreux
Note

La chapelle royale de Dreux


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Le tombeau de Louis Philippe

Sépulture de la famille d’Orléans. À l’origine, Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, contraint de laisser Rambouillet à Louis XVI, son cousin, qui lui a cédé le comté de Dreux en 1775, fait transférer de l’église de Rambouillet le 25 novembre 1783 les neuf cercueils renfermant les corps de ses parents, le comte et la comtesse de Toulouse, de sa femme Marie-Félicité d’Este, princesse de Modène, de leur fils le prince de Lamballe, et de leurs cinq autres enfants morts en bas âge. Il choisit comme sépulture pour sa famille la collégiale Saint-Étienne du château de Dreux .
Dans la nuit du 6 au 7 mars 1793 le corps du duc, mort à Bizy le 4 mars, est transporté et inhumé clandestinement à Dreux entre le comte de Toulouse et sa femme. Le 21 novembre 1793, afin de récupérer les plombs des sépultures, le caveau est violé, les corps en sont extraits et « jetés dans une fosse profonde de six pieds » dans le cimetière des chanoines, dont l’emplacement sera plus tard reconnu par Lefebvre et Cholet, anciens serviteurs des Bourbon-Penthièvre.
En septembre 1797, quatre ans après avoir été incarcérée à la prison du Luxembourg, Louise Marie Adélaïde de Bourbon, duchesse d’Orléans, fille unique du duc, est expulsée de France; le château et la collégiale, biens séquestrés depuis la mort de son père, sont confisqués au profit de la Nation et vendus le 2 avril 1798 à un marchand de bois chartrain qui démolit le toit de l’église pour en récupérer les matériaux et revend en 1801 le domaine à François Belois, maçon à Dreux, qui y demeura jusqu’en 1816. Le 14 février 1816, la duchesse lui rachète le terrain, fait construire une chapelle par Charles-Philippe Cramail, architecte parisien, chargé dès octobre 1814 de ce projet.
Il ouvre le chantier début mai 1816 à l’emplacement de la fosse commune et la première pierre est posée le 19 septembre. Certains matériaux proviennent de la démolition de l’ancienne abbaye bénédictine de Coulombs, près de Nogent-le-Roi, et des ruines du château de la Ferté-Vidame. À partir du printemps 1839, cette chapelle de style néo-gothique fut agrandie par son fils, le roi Louis-Philippe, qui en fit la nécropole de sa famille et de ses descendants, d’où le nom de « Saint-Denis des Orléans ». Le Nôtre et Victor Hugo ont narré la translation des restes de ses ancêtres le 23 avril 1844, à laquelle le roi lui-même contribua.

Jusqu'au XVIème siècle, une immense forêt couvrait l'essentiel de ce que l'on a plus tard appelé le Perche (Pays de bois) et rendait la région de Nogent difficilement accessible. C'est seulement au VIe siècle que Saint Avit, Saint-Bomer, Saint Lomer et Saint Ulphace évangélisèrent Nogent et sa région Durant le Haut Moyen Âge, la forêt du Perche servit plusieurs fois de refuge aux armées.
Au Xème siècle, le Perche était partagé entre les seigneurs de Chartres, de Châteaudun, de Châteauneuf, du Corbonnais et de Vendôme . Pendant ce temps, la ville, appelée Nogentum (« nouveau peuple »), se développait lentement. Elle était protégée par un castel, plusieurs fois détruit et à chaque fois reconstruit. En 955, Thibaut le Tricheur, comte de Chartres, confia Nogent à son fidèle vassal Rotrou, premier du nom. La seigneurie de Nogent fut érigée en comté du Perche à la fin du XIème siècle.
Nogent connut une croissance urbaine forte à cette époque, grâce à l'établissement de plusieurs bourgs autour du château, à la construction d'un donjon au début du XIème siècle et à la fondation par Geoffroy III en 1029 de l'abbaye bénédictine de Saint-Denis, qui devint en 1080 un prieuré clunisien.
Rotrou III le Grand (1100-1144) étendit son autorité sur plus de 500 fiefs grâce à une administration efficace et au prestige que lui procurèrent ses performances militaires, face à son rival Robert de Bellême ou lors de la première croisade. C'est grâce à sa renommée que la ville fut ensuite appelée Nogent-le-Rotrou
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Le château de Maintenon garde dans ses murs le souvenir de Françoise d'Aubigné et de son mariage avec Louis XIV qui y fut célébré en 1683. Elle y reçu le titre de marquise de Maintenon. Le château fut construit à la Renaissance par Jean Cottereau, sur les reste d'un château fort du XIIIème dont une tour, dite le donjon a été conservée. Madame de Maintenon y fit des adlonctions importantes,notamment la galerie en pierre et brique qui relie le château à la chapelle.

En 1134 et 1135, Nogent-le-Rotrou fut successivement détruite par des inondations puis par un incendie. Les Rotrou étaient très pieux : Rotrou III et son fils Rotrou IV, beau-frère du roi de France Louis VII, enrichirent le prieuré de Saint-Denis et lui octroyèrent des privilèges sans cesse plus étendus, Rotrou IV fonda la maison-Dieu (ou hôtel-Dieu) en 1182, et son fils Geoffroy V établit la collégiale Saint-Jean en 1194. Le château fut complété d'une enceinte au XIIème siècle, tandis que l'on commençait à fixer par écrit les coutumes du Perche.
La mort du dernier comte du Perche de la famille des Rotrou, Guillaume, en 1226, entraina le rattachement au domaine royal du Perche, qui fut gouverné pendant 200 ans par une branche cadette de la famille royale. Un bailli fut alors établi dans le Perche, dont la capitale se déplaça progressivement vers Mortagne et Bellême.
Nogent-le-Rotrou fut fortement affectée par les désordres qui touchèrent le Royaume de France au XIVème et au début du XVème siècle. Le monastère de Saint-Denis fut dévasté vers 1302 par les habitants de Nogent, pour une raison inconnue. Les Anglais s'emparèrent de la ville en 1359 après un violent combat sur le pont Saint-Hilaire, avant de rendre la ville l'année suivante à la paix de Brétigny.
En 1427, Salisbury reprit la ville et incendia le château, qui ne fut réparé qu'à la fin du siècle. Le XVIème siècle vit le développement rapide de la production et du commerce des serges et étamines de Nogent-le-Rotrou, exportées dans toute l'Europe et vers le Nouveau Monde. On produisait également du vin et du cidre dans les campagnes entourant la ville.
Nogent-le-Rotrou connut un essor intellectuel et artistique important à la Renaissance, et vit la naissance du poète de la Pléiade Rémy Belleau L'hôtel de ville et les halles furent bâtis en 1533, et le pavement des rues de Nogent commença en 1556. La Coutume du Perche fut révisée en 1558, dans la grande salle du chapitre de Saint-Denis.
Mais les guerres de religion frappèrent Nogent, après que Louis de Bourbon, seigneur de Nogent, a pris la tête du parti protestant.
La collégiale fut incendiée en 1568, et un chef catholique normand fit pendre la garnison protestante du château quelques mois plus tard. Plusieurs couvents et un collège furent fondés au cours du XVIIème siècle à Nogent, tandis que la prospérité du Perche était assurée par une proto-industrie textile et métallurgique en plein essor.
Louis XIII et sa mère la régente Marie de Médicis firent une halte dans la ville le 10 septembre 1614. Maximilien de Sully, ministre protestant d'Henri IV, acquit en 1624 la seigneurie de Nogent, mais n'y résida pas en raison de l'opposition des moines de Saint-Denis; il y fut néanmoins enterré à sa mort en 1641.
La révocation de l'édit de Nantes entraina l'émigration de nombreux fabricants de tissus et le début du déclin de cette industrie.
À partir de 1723, la monarchie publia plusieurs arrêts visant à combattre la fraude qui aggravait encore les difficultés de ce secteur. De 25 000 pièces en 1693, la production des étamines chuta à 7 000 pièces en 1787 et 3 500 en 1802. Cette crise fut néanmoins compensée par l'essor de l'élevage des chevaux percherons, recherchés pour leur vigueur et leur endurance.
On commença au milieu du XVIIIème siècle à assécher les marais du centre de la ville.
La ville, durement affectée par les difficultés économiques, fut le théâtre d'évènements précurseurs de la Révolution : la population se révolta contre les corvées en 1780, et les capucins se plaignirent en 1784 qu'ils étaient insultés par les « gens du peuple »


La bataille de Châteaudun

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La bataille de Chateaudun -

La bataille de Châteaudun

La bataille de Châteaudun fut un fait marquant de la guerre franco-prussienne de 1870, et opposa une armée allemande à une armée française le 18 octobre 1870. Récit de J.B. Bernot, ancien principal du Collège de Châteaudun, officier de l’Instruction publique, qui a vécu ces événements : "Le matin du 18 octobre à cinq heures du matin, un messager, venant d’Orgères, rapporta que les Prussiens lui avaient dit qu’ils viendraient ce jour même bombarder Châteaudun à six cents ; cette information fut transmise au Commandant Lipowski. Il déclara : « Nous restons ». Mais au lieu de six cents, les prussiens arrivèrent douze mille, avec vingt quatre pièces de canon et des mitrailleuses, plus de six mille hommes en réserve en cas de besoin.
Vers midi, sans sommation, sans déclaration préalable, comme des voleurs de grand chemin…leur présence fut signalée sur la route de Beaugency sous le commandement du Général Witisch. À cette nouvelle « Les prussiens sont à la gare », toute la ville est en tumulte…Le Lieutenant Cabrillat cria à ses hommes : « Mes amis, aux Canons ! Aux canons ! » A une heure, l’ennemi tira son premier coup de canon. Mais on voyait chez lui malgré sa force numérique une hésitation…il avançait lentement, dissimulant sa marche dans les plis du terrain. Les Francs-Tireurs avec leur chassepots ajustaient les artilleurs ennemis, mais les gardes nationaux n’avaient que des fusils à piston et n’avaient à opposer, que leurs barricades ; A deux heures, le feu commence à prendre dans le quartier de St Valérien où les Francs-Tireurs tiraient du clocher.
L’incendie se propage poussé par un vent du sud-est et le manque d’eau n’a pas permis de l’éteindre au début. Vers sept heures, les défenseurs de la rue de Chartres, croyant qu’ils étaient tournés, se replièrent et donnèrent passage à l’ennemi qui se précipita dans la ville en poussant d’horribles hourras.
Les Francs-Tireurs de Nantes au nombre de cent vingt réunis depuis quelques jours à ceux de Paris s’étaient signalés dans le combat par des prodiges de valeur… Une femme cantinière, Mme Jarrethout, qui s’était déjà signalée dans l’affaire d’Ablis, fit des prodiges de valeur en portant des munitions aux barricades et en portant les blessés sur son dos quand ils ne pouvaient pas marcher…
La durée du combat avait fatigué nos hommes. Pendant neuf heures de résistance héroïque et sans trêve, ils n’avaient pris ni nourriture, ni repos, tandis que l’ennemi se renouvelait sans cesse et réparait ses pertes.
L’horreur
. C’est ici que l’horreur se présente. Pour retrouver un spectacle semblable, il faut retourner aux Huns, où Attila et les hordes de Genseric pour donner une idée de ce que vécut Châteaudun quand l’invasion prussienne y fut installée….
Des officiers d’un grade élevé entrent à l’Hôtel du Grand Monarque demandent à boire et à manger et quand ils sont ivres ils incendient la maison, malgré les pleurs et les supplications à genoux de Mr et Mme Sénéchal. Des propriétaires, le pistolet sous la gorge, ont été contraints de mettre le feu à leurs propre maison et d’être ainsi, sous peine de mort, les instruments de leur propre ruine. Un vieillard, qui n’a pu fuir, est impitoyablement brûlé dans son lit, malgré ses cris et ses prières.
Dix personnes sont asphyxiées dans leurs caves, d’autres égorgées en voulant s’échapper. Une femme impotente et couchée n’échappe à la mort que par le dévouement et l’énergie de sa fille, qui l’arrache aux flammes et aux mains des soldats d’un roi qui se dit l’Elu de Dieu…
Au milieu de cette désolation, de ces toits qui s’effondrent, de ces flammes qui tourbillonnent, et dont la vue porte l’épouvante à quarante kilomètres, s’élèvent les hourras des vainqueurs qui continuent jusqu’au matin, avec l’acharnement du tigre sur sa proie, son œuvre de destruction, et deux princes étaient là qui y présidaient, le prince Albert et le prince de Saxe contemplant avec une satisfaction marquée le spectacle que l’incendie dévore. Jamais la force brutale ne se joua avec plus de cruauté et d’insolence des droits de l’humanité. La lutte était terminée ; mais elle a coûté cher à l’ennemi dont les pertes sont évaluées à plus de deux mille cinq cents hommes.... Dans la matinée du 19 octobre, la route de Logron à Brou était couverte d’une foule qui avait marché toute la nuit et qui gémissait…La plupart s’imaginaient encore poursuivis par les uhlans… Nogent le Rotrou reçut un grand nombre de réfugiés, ainsi qu’Arrou, Droué, La Bazoche et Mondoubleau. On se dissémina dans le Perche croyant être ainsi à l’abri de l’ennemi, mais quelques semaines plus tard, le Perche comme la Beauce fut aussi saccagé. A Châteaudun, tout n’était pas fini ; des gardes nationaux qui se rendirent furent fusillés sans miséricorde… Les quatre vingt dix sept prisonniers furent emmenés hors de la ville dans un terrain boueux et sans vivres et seraient mort de faim sans l’intervention de Mg Dupanloup(2)... Cinquante chevaux furent parqués dans les classes du collège transformées en écurie… D’autres officiers pénétrèrent dans le cabinet de physique, brisèrent les piles. Pour justifier leur brigandage, les Prussiens disent : « C’est la guerre !» Les Vandales disaient aussi ; « C’est la guerre ! »… Lors d’une réunion du Conseil Municipal sous la présidence du M.Lumière, maire et sur réquisition du sous-Préfet, devait être livré à l’occupant : -1500 couvertures -100 kg de sel -100 kg de café -400 litres d’eau de vie -20 000 litres d’avoines et de mettre à la disposition de l’armée prussienne les fonds se trouvant dans les caisses de l’Etat : la même réquisition fut faite au receveur des Postes et aux percepteurs de Marboué et Châteaudun ainsi qu’au receveur de l’enregistrement et des domaines. Mais une faible partie de tout cela fut, en fait donné à l’ennemi. Deux cent soixante trois maisons devinrent la proie de flammes et ont été atteints aussi des édifices publics : L’Hôtel de Ville, la Sous-Préfecture et l’Hôtel Dieu sur lequel flottait le drapeau blanc et qui fut traversé par un obus qui éclata dans la salle des malades, l’église de la Madeleine, le collège, la gendarmerie, la fontaine monumentale de la place, le clocher de St Valérien et la gare du chemin de fer. Les prussiens partent le 19 octobre 1870. Le 20 octobre, le quartier le plus riche et le plus commerçant de cette petite ville, naguère si propre et si coquette est presque anéanti. La mort a remplacé la vie. Mais les journaux d’Europe notamment le « Times » la célébrèrent comme le plus beau fait d’armes de la campagne." La ville de Châteaudun a été décorée de la Légion d’Honneur, qui figure dans ses armes..




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