Le département du Gard est formé des anciens diocèses de Nîmes, d'Alais et d'Uzès, qui appartenaient à la. ci-devant province du Languedoc. Il est borné, au nord, parles départements de la Lozère et de l’Ardèche ; à l'est, par le Rhône, qui le sépare des départements de Vaucluse et des Bouches- |du-Rhône ; au sud, par la Méditerranée et le département de l'Hérault ; à l'ouest, par celui de l’Aveyron; Ce département tire son nom de la rivière du Gard, qui le traverse du nord ouest à l'est. La partie septentrionale du département du Gard est hérissée de hautes montagnes qui se rattachent à la chaîne Jes Cévennes. A l'extrémité la plus occidentale se trouve un vaste plateau calcaire de plus de 120 kilomètres. carrés appelé le Larzac, qui s'unit dans cette partie avec les Cévennes, et au sud-ouest avec les montagnes de la Garnie. Un peu plus au nord. se trouve la chaîne de Levezou : cette contrée est affreuse ; resserrée entre les immenses chaînes de rochers qui s'étendent le long de la Jonte, de la Dourbie et de l'Hérault, sa surface est coupée par des précipices dont les revêtements formés d'énormes rochers de forme cubique ou pyramidale, offrent de loin au voyageur le spectacle lugubre des tours antiques de châteaux tombant en ruine.
La partie méridionale du département offre une vaste et fertile plaine, qui s'étend jusqu'au bord de la Méditerranée, où se trouvent des marais très-étendus, d'où s'exhalent, pendant-trois mois de l'année, des vapeurs méphitiques, qui exercent une influence funeste sur la santé des habitants de cette contrée. Près de la côte existent des marais salants, alimentés par les eaux de la mer qui refluent dans les étangs situés aux environs de Peccais, et forment des salines célèbres par la quantité et la qualité des sels qu'elles fournissent à une grande partie des départements de l'intérieur et à plusieurs cantons de la Suisse.
Les bords des rivières du Gardon, de la Cèze, du Vidourle et de tous les ruisseaux qui les alimentent, offrent de belles prairies naturelles, qui produisent une grande quantité de foin ; mais dans le midi. du département les prairies sont peu abondantes, parce qu'on en a converti successivement une grande partie en terres à blé, et que d'ailleurs la rareté des eaux les rend peu productives. Au défaut de prairies naturelles dans toute cette contrée, les agriculteurs y suppléent par la culture des prairies artificielles. On remarque un bon système d'irrigation aux environs de Nîmes.
Les coteaux sont très-favorables à la culture de la vigne et à celle de l'olivier. Les jardins et les campagnes sont couverts d'arbres fruitiers de toute espèce. Les mûriers, dont la feuille sert à la nourriture des vers à soie, qu'on élève partout avec succès, sont cultivés dans tous les cantons, principalement dans les montagnes des Cévennes. Cette production étant presque l'unique récolte de ces cantons, l'industrie des habitants est poussée à cet égard à l'excès : des creux de rochers sont rendus fertiles avec des terres transportées à dos d'homme pour la plantation d'un mûrier, et les travaux des agriculteurs croissent en proportion de l'ingratitude du sol. Les châtaigniers couvrent toutes les montagnes septentrionales ; l'industrieux habitant de ces cantons en plante partout où la terre fournit assez de substance à sa végétation ; le fruit de cet arbre supplée au blé, que la rapidité des pentes et le peu de consistance du terrain ne permettent pas de cultiver. Le Gard a aussi sa Camargue. Il existe, entre le canal d'Aigues-Mortes, un bras du Rhône et la mer, une île de 40 à 50 kilomètres de circuit, a laquelle ou donne improprement le nom de Grau-d'Orgon. Cette île est déserte et sans autres habitations que celles avoisinant les salines de Pêccais. Le pays est couvert de lagunes, d'herbes salées, de roseaux, de broussailles et.de pins. La main de l'homme n'y a pas touché : il est en quelque sorte abandonné aux animaux, et surtout à ceux qui se plaisent dans les terres basses et humides..Une immense forêt de pins s’étend au bord de la mer ; elle est habitée par une multitude d'animaux; des milliers d'oiseaux de proie en occupent la cime ; de monstrueux serpents rampent dans ses profondeurs ; des blaireaux ; des renards, des lièvres s'y multiplient et s'y font la guerre. Des vaches, aussi noires que l'ébène, réunies par troupeaux de quatre à cinq cents, se retirent sous ses ombrages pour y passer les heures les plus chaudes du jour. Elles en sortent le matin et le soir pour aller sur la plage respirer l'air frais de la mer : immobiles, placées les unes à coté des autres, et présentent un front immense, on dirait alors une armée rangée en bataille. Un pâtre à cheval les garde de loin, afin d'empêcher que, dans leurs courses vagabondes, elles ne tentent de passer le canal ou le fleuve à la nage.Ce département possède une ouverture sur la Méditerranée à Aigues Mortes et la station balnéaire du Grau du Roi. Point le plus haut : l'Aigoual à 1567 m. C'est en ce lieu que la dernière station de Météo France toujours en activitée est occupée en permanence par des météorologue. Un musée relatif aux conditions climatiques y est ouvert au public.
Le point le plus bas est à zéro mètre au niveau de la Méditerranée. Les habitans en sont les Gardois. La petite Camargue est située dans La petite Camargue avec la réserve ornithologique du ........... fait partie de Grands sites de France et Le Pont du Gard est inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne, commune par commune, toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine et présent dans le département.
Superficie : 585 290 hectares ha
Population: totale 701 883 hab.(2009)
Densité :47 hab./km²
Le département du Gard se trouve entre l’Hérault à l'Ouest, les Bouches du Rhône au sud et la Drôme au nord, sa pointe sud ayant un débouché Méditerranée au Grau du Roi. Dominant la Méditerranée du haut de ses 1567 mètres l’Aigoual, est le sommet de France qui à la particularité de recevoir la plus importante quantité d'eau de pluie de notre pays. Une station météorologique est implanté sur son sommet depuis 1887.
Le pays situé entre le Rhône, les Cévennes et la Méditerranée, où se trouve aujourd'hui le département du Gard, fut, dit-on, occupé primitivement par les Ibères. Ceux-ci furent chassés par le peuple celte des Volces qui prirent, en s'établissant dans cette contrée, le surnom d'Arécomiques, c'est-à-dire Volces du pays plat, pour se distinguer des Volces Tectosages, qui occupaient les montagnes du côté de Toulouse.
La civilisation orientale fut apportée sur ces rivages par les Phéniciens, qui du XIIIème au XIème siècle avant Jésus-Christ, y fondèrent de nombreux comptoirs par les Rhodiens, qui, vers 900, fondèrent Rhoda à l'embouchure du Rhône ; enfin, par les Phocéens, fondateurs de Marseille.
Entraînés sens doute par les Massaliotes dans le parti de Rome, les Arécomiques s'opposèrent au passage d'Annibal et tentèrent de l'arrêter sur les bords du Rhône. Il les vainquit et passa (218). Vers 154, les Arvernes soumirent tout le pays des Arécomiques ; mais leur séjour fut de peu de durée, et déjà ils avaient disparu quand les Romains se montrèrent. L'influence de Marseille décida les Arécomiques à se soumettre volontairement en 121 au proconsul En. Domitius en récompense, le sénat permit à Nîmes et aux vingt-quatre bourgs placés dans sa dépendance de conserver leurs lois, leur religion et leurs usages. Rome trouva depuis dans les Arécomiques des sujets toujours fidèles et toujours étrangers aux mouvements qui agitèrent la Gaule. Quelques années après, les Cimbres et les Teutons traversèrent, avec l'impétuosité et les ravages d'une tempête, tout le pays entre le Rhône, les Cévennes et les Pyrénées, et fondirent sur l'Espagne pour revenir ensuite se faire battre par Marius. L'attachement que les Arécomiques vouèrent dès lors au vainqueur des barbares du Nord et à son héritier Sertorius leur valut la haine de Sylla et de Pompée, qui donna une partie de leurs terres aux Marseillais.
Le petit village de Campestre et Luc, petit village situé presqu’à la limite de la Lozère et du Gard, conserve dans ses murs un douloureux souvenir. Celui du bagne pour enfants créé en 1865 par Monsieur Marques de Luc, conseiller régional du Gard. Possédant une grande propriété sur le Causse du Larzac ; membre du jury de surveillance de la ferme école de Mas le Conte et magistrat, il est au courant des travaux de Demetz à Mettray dont la devise était : « Sauver le colon par la terre et sauver la terre par le colon ». Dans un but « philanthropique », il décide de faire fructifier ce domaine de terres rocailleuses en créant une colonie qui éduquerait les enfants pervertis. S’il ne fait aucun doute concernant la volonté philanthropique de Mr. Marques de Luc, il semblerait que la gestion ait fait preuve d’une certaine naïveté. Le recrutement des surveillants s’effectuait parmi les agriculteurs locaux. Leur manque de qualification et la perversité de quelques-uns engendrèrent beaucoup de désordres principalement entre 1865 et 1870 qui menacèrent la sérénité de l’établissement. Mr. Marques de Luc, malade, passera la main à son fils Hippolyte en 1871. Pour rendre les terres exploitables, il a fallu épierrer de grandes surfaces, les débroussailler. Toutes les pâtures environnantes sont encore ceintes de murets impressionnants, vestiges du travail de ces pauvres petites mains chargées d’épierrer une propriété couvrant 1500 hectares.
Pour la même raison, ils furent favorablement traités par Jules César et par Auguste. Leur pays fut compris dans la Narbonnaise, plus tard, dans la Narbonnaise première, et se couvrit de monuments romains qui font du Gard le département le plus riche en antiquités de cette époque.
Les invasions barbares, arrêtées depuis Marius par la puissance romaine, recommencèrent en 407. Crocus, roi des Vandales, dévasta la Narbonnaise et renversa plusieurs monuments romains. Il fut vaincu par le second Marius. Aux Vandales succédèrent les Wisigoths. Le pays de Nîmes fut soumis à ces derniers et fit partie de la Septimanie. Clovis le leur enleva un instant. Mais la victoire d'Ibbas, général ostrogoth, le leur rendit, et leur domination n'y fut plus troublée que par la révolte du duc Paul sous Wamba en 672.
En 720, les Sarrasins, sous l'émir Zama, se répandent jusqu'au Rhône ils sont vaincus deux ans après par Eudes. Iousouf prend le même chemin en 737 ; Charles Martel le bat à son tour. Pour la troisième fois le pays de Nîmes est envahi par les Sarrasins en 752 ; mais il se révolte, forme une ligue et chasse les étrangers. Le chef qui avait été porté à la tête de cette sorte de république, Ansemond, ne se sentant pas assez de forces pour résister longtemps aux Maures, se mit sous la protection de Pépin le Bref et lui livra Nîmes en 752. Pépin donna le gouvernement de Nîmes et d'Uzès à Radulfe, qui fut le premier comte en 753.
Les comtes de Nîmes devinrent héréditaires après Charlemagne, dans ces temps de trouble où les Normands se rendirent si redoutables. Ces pirates débarquèrent en 858 dans la contrée qui nous occupe, les Hongrois y parurent à leur tour en 924 et y commirent d'affreux ravages. Mais bientôt le Nemosez eut des seigneurs capables de le défendre ce fut en 956, lorsque l'héritière Cécilé épousa Bernard II, vicomte d'Albi, dont les descendants, devenus maîtres de Béziers et de Carcassonne, furent si puissants et si célèbres sous le nom de Trencavel.
La vicomté de Nîmes fut pourtant détachée des domaines des Trencavel, en 1130, pour devenir l'apanage de Bernard, fils cadet de Bernard- Athon IV.
Elle fut vendue dans le même siècle, en 1185 par Bernard-Athon VI à Raymond V, comte de Toulouse, déjà maître de cette partie de la contrée que l'on appelait le comté de Saint-Gilles.
Au commencement du siècle suivant, Simon de Montfort se la fit adjuger, et son successeur la remit à saint Louis, qui la réunit enfin à la couronne de France.
Depuis ce temps, le Nemosez, directement soumis aux officiers royaux, n'a plus changé de maîtres. Le fief d'Alais appartenait, au moyen âge, à la maison de Pelet, descendante des anciens comtes de Melgueil, qui avaient eux-mêmes pour auteurs les premiers vicomtes de Narbonne. Les Pelet, qui ont toujours réclamé en vain le comté de Melgueil et la vicomté de Narbonne, furent même obligés de se contenter de la moitié d'Alais lorsque Simon de Montfort se fut emparé de l'autre. Ils gardèrent cette moitié, sous le titre de baronnie, jusqu'au milieu du XVIIème siècle.
L'autre moitié, devenue partie du domaine de la couronne par la cession d'Amaury de Montfort, fut érigée en comté et passa successivement par mariage ou par vente aux Beaufort, aux Montmorency et aux Conti.
La vicomté d'Uzès, au commencement du XVIème siècle, fut acquise par un mariage au baron de Crussol le petit-fils de ce seigneur la fit ériger en duché en 1556, puis en pairie, et, au XVIIIème siècle, le duc d'Uzès était déjà le plus ancien pair du royaume, toutes les autres pairies s'étant éteintes auparavant.
Au XVIème et au XVIIème siècle, les diocèses de Nîmes, d'Alais et d'Uzès furent agités par les guerres religieuses. Bien que sans cesse persécutés, les protestants y étaient nombreux, quand la révocation de l'édit de Nantes vint les frapper d'une proscription générale. Alors, en effet, on leur envoya des missionnaires et des soldats, qui en convertirent quelques-uns ; mais le plus grand nombre aima mieux s'expatrier ou souffrir pour ses croyances.
Pour la même raison, ilsCe n'était que temples renversés, pasteurs mis à mort ou envoyés aux galères, vieillards, femmes, enfants jetés en prison. Beaucoup se réfugièrent dans les Cévennes ; mais, là encore, l'inquisition les poursuivit, et plus d'un y périt sur le bûcher ou sur la roue. Désespérés, quelques montagnards cévenols s'armèrent, les uns de faux, les autres de fourches, d'autres d'épées ou de fusils ; et, des montagnes de la Lozère, la révolte se propagea dans le pays d'Alais. Comme tous les hommes de parti, les camisards ont été mal jugés les uns en ont fait des brigands, d'autres des héros, ceux-ci des saints et des prophètes, ceux-là des sacrilèges et des impies. C'étaient de pauvres paysans qui, las d'être rançonnés par le fisc et vexés par les gens de guerre, se battaient pour la défense de leurs biens, de leurs libertés et de leurs vies. Ils en voulaient surtout aux gens d'Église, dont l'intolérance et le fanatisme sollicitaient sans cesse contre eux de nouvelles persécutions. Aussi malheur à ceux qui tombaient entre leurs mains ! De leur côté, les catholiques mirent tout à feu et à sang dans ce pays, n'épargnant ni l'âge ni le sexe. On cite un village où plusieurs femmes enceintes furent égorgées et dont les enfants, arrachés de leur sein, furent portés en procession à la pointe d'un pieu. On sait que cette guerre d'extermination dura trois ans. Les camisards marchaient jour et nuit, et par bandes ; ils appelaient frères leurs chefs. Jean Cavalier, qui commandait les bandes de la plaine ou du pays d'Alais, était un garçon boucher à peine âgé de vingt ans. Ardent et courageux, il passait pour un prophète et avait sur ses compagnons un pouvoir absolu. II eut à combattre le maréchal de Montrevel, ce qu'il fit avec succès ; mais il se rendit à Villars. On dit que le grand roi s'étant fait présenter le jeune héros, à la vue de son air chétif et de sa petite taille, il haussa les épaules et lui tourna le dos. Après ces sanglantes guerres, le pays de Nîmes, d'Alais et d'Uzès jouit d'un long repos ; mais la Révolution y vint réveiller les anciennes passions religieuses.
L'histoire du département compte à cette époque de tristes pages, que nous nous faisons un devoir de laisser dans l'oubli.
L'origine de la véritable création de Nîmes remonte au VIème siècle av. J.-C.. Un peuple celte, les Volques Arécomiques, s'installe autour d'une source généreuse, au pied du mont Cavalier, au centre de la ville actuelle. À la même période, plusieurs peuples s’installent sur des oppidas non loin de là. Les sites ne manquent pas autour de Nîmes.
La romanisation de Nîmes commence véritablement au cours du premier siècle avant J.-C.. Nîmes devient colonie de droit latin et se couvre de somptueux monuments. L'empereur Auguste (Octave) et ses successeurs en font une ville de promotion de la romanité en Gaule. Nîmes s'agrandit. La monnaie, frappée à Nîmes, célébrait une victoire en Égypte de légionnaires ayant obtenu des terres de la colonie nîmoise : en 31 avant J.-C., Octave défait à Actium la flotte d’Antoine et Cléopâtre et s’assure la mainmise sur l’empire, César Auguste est né. Cette monnaie (As de Nîmes), une des plus célèbres de l'Empire romain) est à l’origine des armoiries de la ville : un crocodile enchainé à un palmier couronné de lauriers, symbole de l'Égypte d'Antoine et de Cléopâtre vaincue à la bataille navale d'Actium, en 31 avant JC, par Octave, le futur empereur romain Auguste. Ce dernier, pour récompenser ses capitaines fidèles de l'avoir aidé à prendre le pouvoir, leur aurait distribué les terres nîmoises (COLonia NEMausensis).
Nemosus :Strabon qui est le plus ancien auteur à avoir citer cette ville, en parle comme de la capitale des Volques Arécomiques. Il ajoute que, cédant à Narbonne pour l'affluence dés étrangers et des commerçants, Nemausus prévaut par les avantages de son gouvernement, qui n'est point assujetti à des préfets envoyés de Rome, et qui domine sur 24 villes ou bourgades, lesquelles jouissent du droit de villes latines. Pline confirme l'étendue de la juridiction de Nîmes On fait remonter l'établissement d'une colonie romaine à Nemausus jusqu'au temps d'Auguste : ce qu'il y a de certain par les médailles et par les inscriptions, c'est qu'elle a porté le nom d’Augusta. On trouve dans Mêla (lib. m, cap. 5), entre les villes de la Narbonoise qui se distinguent par leur opulence, Arecomicorum Nemausus, dans Ptolémée Nemausus colonia. Aucune ville de la Gaule ne conserve des restes aussi considérables de son ancienne magnificence ; et son amphithéâtre, appelé dans les écrits du moyen âge Castrum ou, Claustra Arenarum, est un des plus entiers qui subsistent. Un intendant des finances résidait à Nimes; prefectus thesaurorum Nemosensium, selon la Notice de l'empire. On peut rassembler différents témoignages, qui donnent une idée de l'étendue qu'occupait le territoire de Nîmes. Quoique la position de l'ancien Ugernum, ou de Beaucaire, soit aujourd'hui du diocèse d'Arles, on voit par le numéro des colonnes militaires qui subsistent sur la voie romaine qui y conduisait qu'elles se comptaient jusque-là en parlant de Nîmes, ce que les capitales avaient droit de faire jusqu'au terme de leurs dépendances. Pline (lib. rx, cap. 8) renferme in Nemausensi agro le slagnum Latera, qui est l'étang de Maguelone, d'où il suit que l'ancien diocèse de la ville de Maguelone, dont on n'a aucune connaissance certaine avant la fin du VIème siècle, était compris dans le district de Nîmes.
Au IIIème siècle, Nîmes est évangélisée par Saint Baudile et subit des invasions barbares successives qui ralentissent l'essor de la cité antique. Au Vème siècle, l'arrivée et l'installation des Wisigoths met fin à la prospérité de la cité antique.
Nîmes est incendié et tombe en 754. Radulf, un comte franc s’installe dans le château des arènes de Nîmes qui ne possèdent plus l’opulence de l’époque romaine. La porte d’Auguste devient une forteresse, le site de la Fontaine est tout à fait abandonné. La ville connaît un important déclin. À la suite de la dislocation de l’Empire de Charlemagne en 833, le Languedoc voit la création de nombreuses abbayes. Tandis que le pouvoir religieux assied son autorité, les seigneurs laïcs deviennent de plus en plus puissants. Nîmes passe sous l’autorité des Comtes de Toulouse en 892. Les invasions sont toujours menaçantes, les Hongrois prennent Nîmes en 924.
En 1096, le pape demande non pas au roi mais au comte de Toulouse de conduire la première croisade en Terre Sainte. À Nîmes, après de nombreuses luttes de pouvoir, les chevaliers des arènes prêtent serment au croisé. En 1194, la ville se dote d’une nouvelle enceinte défensive. En 1198, le pouvoir est exercé par les quatre Consuls qui siègent alors dans la Maison Carrée. Grâce à la vigne, à l'olivier et à l'élevage du mouton, les échanges commerciaux redémarrent.
Et là encore, la source intervient. Ses eaux qui courent à travers la ville vont au cours des prochains siècles amener la prospérité aux tanneurs, teinturiers et marchands d'étoffes.
Après la conquête capétienne qui suivit la croisade des Albigeois de 1209, Nîmes fut incorporée à la France et incluse dans la sénéchaussée de Beaucaire, qui se composait des vigueries suivantes : Aigues-Mortes, Alais, Anduze, Bagnols-sur-Cèze, Beaucaire, Lunel, Nîmes, Roquemaure, Saint-André (Villeneuve-lès-Avignon), Saint-Saturnin-du-Port, (Pont-Saint-Esprit), Sommières, Uzès, Le Vigan et Meyrueis, Montpellier, et les bailliages du Gévaudan, du Velay et du Vivarais. En 1215, Simon de Montfort, chef d’une alliance de seigneurs du nord de la France, se rend maitre de Nîmes.
C’est finalement Saint Louis qui parviendra à affirmer le pouvoir royal dans la région devenant ainsi le Languedoc.
La fin du XIIème siècle voit les persécutions des juifs qui sont finalement largement expulsés de Nîmes en 1306.
Durant la Réforme, les conflits religieux font de Nîmes l’une des plus importantes communautés protestantes de France. Au début du XVIème siècle, les idées de la Réforme se sont ici répandues très rapidement : dans cette région de droit romain écrit, l’accès direct en français à la Bible, le livre référent, prôné par la Réforme est immédiat. En 1537, deux réformés nîmois sont suppliciés. François Ier ordonne « d’extirper cette malheureuse secte luthérienne », mais sa sœur, Marguerite de Navarre, amie de Calvin, intercède pour donner à Nîmes une université dirigée par des érudits protestants. Sous le règne du nouveau roi, Henri II, Nîmes s’affirme comme la « petite Genève ». Les guerres de Religion sont très violentes dans cette Nîmes devenue en majorité huguenote.
Le protestantisme a en effet eu ici un succès et une influence considérables sur la ville. Au cours des guerres de religion, de nombreux protestants périrent, ils sont le plus souvent brulés sur la place de la Salamandre, ou soit condamnés aux galères, ou encore emprisonnés notamment dans la fameuse « tour de Constance » à Aigues-Mortes. En représailles, en 1567, les huguenots détruisent la tour de droite de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor lors du drame de la « Michelade » et qui fit 90 morts parmis les catholiques, et ce malgré l'intervention de quatre pasteurs pour s'y opposer. À leur tour, en 1568, les catholiques incendient le grand Temple de la Calade construit seulement deux ans auparavant avec l'autorisation du roi Charles IX (il fut reconstruit en 1595 et à nouveau détruit en 1686), et le clergé soutenu par le roi redouble de violence envers les huguenots. Dès 1572, le « parti protestant » devient pratiquement maitre de la ville. Le massacre de la Saint-Barthélemy de l'année 1572 n'eut à Nîmes, aucune répercussion, malgré les ordres reçus. Les deux communautés firent le serment de « vivre en amis et frères ». Cependant, les réformés restent écartés de la vie publique et se tournent donc vers le commerce et la production manufacturière, domaines dans lesquels ils connaissent souvent le succès, notamment grâce à leurs réseaux européens constitués au fur et à mesure des exiles forcés. À partir de 1598, l’édit de Nantes assure la coexistence religieuse alors que les marchands les plus aisés sont principalement des huguenots. À cette époque, certains évêques cherchent à développer une forte activité catholique pour s'opposer à cette coexistence dominée en nombre par le parti réformé. En effet, en 1665, Nîmes compte 20 000 habitants dont une large majorité de protestants : 8 000 catholiques et 12 000 huguenots. Malgré cette large majorité dont les Consuls de la ville font partie (jusqu'en 1631, date à laquelle le premier Consul ne peut plus être protestant), la vie reste très difficile pour les réformés : ils doivent financer la rénovation de la cathédrale en 1636, leurs inhumations sont interdites dans les cimetières, leurs cultes sont encadrés et limités, le collège protestant est supprimé en 1664, le Temple de la Calade est démoli en 1686.
La révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685 et la démolition de tous les temples de l'Église Réformée replonge pour plus d'un siècle les huguenots dans une véritable clandestinité. Les assemblées de prières se tiennent dans la plus grande discrétion hors de la ville désormais « contrôlée » par une place forte royale (le fort Vauban) ; c'est la période dite du « Désert ». D'autres protestants français prennent le chemin de l’exil, les persécutions redoublent. En 1702, la guerre des Camisards éclate. Pendant deux à trois ans, environ 2 000 paysans cévenols tiennent tête aux régiments de Dragons. Cette « guérilla » est soutenue par la majorité des protestants de Nîmes (d'une façon moins franche chez les classes les plus aisées, qui parfois même s'en démarquent), surtout à la suite du « Massacre du moulin de l'Agau » en 1703, où sous l'ordre du maréchal de Montravel, de nombreux vieillards, femmes et enfants protestants sont enfermés dans le moulin en bois auquel est mis le feu et dont les sorties sont bloquées par les armes : 300 personnes périssent carbonisées ; une femme survit mais est exécutée le lendemain. Finalement, à la suite de la résistance acharnée des Camisards, le roi négocie la reddition des insurgés en 1704. Cependant, les prétentions des réformés ne plaisent pas au roi, et la répression reprend jusqu'à l'extinction des foyers d'agitation. En avril 1705 après le « complot des Enfants de Dieu », les derniers insurgés Ravanel et Catinat sont brulés vifs sur le parvis des arènes. Cette guerre laisse les protestants plus misérables qu'avant. Le pasteur Paul Rabaut parvient cependant à réorganiser l'église réformée à Nîmes et redonne confiance à ses fidèles.
À la fin du XIXème siècle, l’empereur Napoléon III, amateur d’antiquité entreprend une vaste campagne de rénovation dont profiteront les monuments de Nîmes et de la région gardoise (architecte Henri Antoine Revoil). La ville a toujours été inspirée et influencée par de multiples cultures, ceci étant notamment dû à sa situation géographique exceptionnelle permettant également la rencontre de nombreuses populations d'origines variées : les cultures latines romaines et italiennes, languedociennes, provençales, protestantes, cévenoles, camarguaise, tauromachique et bien évidemment l'influence espagnole
En 1629, Louis XIII assiège Alès, alors haut lieu de la résistance protestante, qui capitule au bout de neuf jours. Le 17 juin 1629 au matin, la ville se rend, les quelque 2 300 hommes présents en ses murs ne pouvant rien devant l’armée du roi. Louis XIII fait son entrée à la tête de ses troupes par la porte de la Roque, accompagné par Richelieu en habit militaire. Les huguenots sont alors autorisés par le roi à partir pour Anduze contre la promesse expresse de ne plus porter les armes contre le roi. Le 27 juin 1629, Richelieu accorde aux protestants la paix d’Alès. Cet édit a été signé par le roi le 28 juin au camp de Lédignan, près d’Alès. Un tableau peint par Damien Cabanes, exposé dans le bâtiment des archives municipales, représente la scène comme se passant en ville, en présence du duc de Rohan, chef du parti protestant. Cela ne correspond sans doute pas à la réalité historique. L'édit d'Alès fut enregistré par le Parlement de Toulouse le 18 août 1629
La ville d’Alès s’écrivait avant 1926 Alais et c’est sous l'impulsion du professeur Artigues, que le nom d’Alais devient Alès, la seconde ville du département du Gard.
Alès n'était qu'un pauvre bourg au commencement du XIIème siècle, Elle reçut pourtant, dans ce siècle, la visite de deux papes, Gélase II et Alexandre III. Son histoire particulière n’offre pendant longtemps que peu d'intérêt ; ce sont des querelles continuelles entre ses seigneurs dont nous avons parlé dans l'histoire du département. Au XIVème siècle, elle avait acquis de l’importance, elle était industrieuse et peuplée. Le duc de Berry y tint, en 1382, les états de la sénéchaussée de Bancaire. Les calvinistes dominèrent dans Alès au commencement des guerres de religion. Ils en furent chassés en 1542 et n'y rentrèrent qu'en 1575. Le moment le plus important de l'histoire politique d'Alès, c'est en 1620, lorsque cette ville s'associa à la révolte des protestants. Les églises y furent pillées et réduites en cendres, le drapeau de l'insurrection ouvertement levé. Louis XIII, accompagné du cardinal de Richelieu, vint assiéger la place et s'en rendit maître.
Ce dernier accorda aux Réformés un édit de Grâce qui leur retirait leurs places fortes, mais leur laissait la liberté de conscience accordée par l'édit de Nantes.
La baronnie d'Alès passa à la maison de Montboissier en 1575, puis aux Montmorency, enfin aux Bourbon-Conti. Son possesseur avait la première place de la noblesse aux États du Languedoc. Alors fut signée la paix, dite d'Alès, qui rendit au royaume un calme momentané, mais les murs de la ville furent détruits. En 1632, le baron d'Alès, neveu de Montmorency, s'étant laissé entraîner dans la révolte de son oncle, le château, à son tour, fut démoli. Un évêché fut érigé à Alès en 1692.
La ville jouissait dès lors d'une prospérité industrielle qui n'a pas diminué. Elle excellait dans la fabrication des soies. Sur son territoire il existait des mines de fer et de houille grâce auxquelles Alès pris une grande importance.
"Premier duché de France", dresse ses tours altières au cœur de la garrigue. Sur le territoire du peuple gaulois des Volques Arecomiques se trouvait le castrum d'Ucetia, qui protégeait Nîmes vers le nord et l'alimentait en eau par le Pont du Gard. Bermond Ier donna son nom à une tour, son petit-fils Raymond Rascas remania le château seigneurial, appelé aujourd'hui le Duché. Simone d'Uzès apporta la seigneurie à son époux Jacques de Crussol en 1486. Charles IX éleva Antoine de Crussol à la dignité de duc en 1565, puis de pair en 1572. Après la révolte de Montmorency en 1632, la pairie d'Uzès devint la première de France. Le jeune Racine séjourna un an à Uzès, il y fut sensible à la beauté des filles de l'endroit et à la qualité du vin, "le meilleur du royaume". Évêché jusqu'en 1790, sous-préfecture jusqu'en 1926, Uzès connait aujourd'hui un renouveau avec la restauration de son patrimoine culturel grâce à la loi Malraux.
Le véritable créateur d'Aigues Mortes et de son port est saint Louis. Lorsque le pieux roi voulut partir pour l'Égypte en 1248 il s'aperçut qu'aucun des ports de la Méditerranée ne lui appartenait directement. Saint Gilles et Agde étaient à Raymond VII, Narbonne à son vicomte, Marseille à Charles d'Anjou, Montpellier relevait du roi d'Aragon. Saint Louis voulut avoir un port dont il fût absolument maître et parfaitement sûr pour le départ et pour le retour. Il jeta les yeux sur Aigues-Mortes, et décida l'abbé de Psalmody à lui céder cette ville et son territoire, lui donnant en échange une terre considérable près de Sommières. L'acte de cession est de 1248. Mais dès 1246, il accorda par lettres patentes aux habitants d'Aigues-Mortes de nombreux privilèges, et fit commencer la construction de la tour de Constance et les travaux destinés à rendre le port plus vaste et plus commode.
Au milieu de l'année 1248 ce port fut en état de servir à l'embarquement de la croisade. Un millier de vaisseaux de toutes grandeurs montés par 36,000 combattants le remplissaient ainsi que la rade.
Le 25 août, le roi, après s'être rendu solennellement dans l'humble église de la ville, Notre-Dame-des-Sablons, s'embarqua sur la nef marseillaise «La Monnaie», au milieu des fanfares et des chants des prêtres. Ce n'est point à Aigues-Mortes qu'il aborda à son retour, malgré son-vif désir la tempête l'obligea 'de débarquer à Hyères. Mais c'est encore d'Aigues-Mortes qu'il partit, le 3 juillet 1270, pour sa dernière expédition.
On a longtemps cru, mais à tort, que la mer baignait autrefois les murs d'Aigues-Mortes, mais qu'elle s'était retirée depuis. De nombreuses preuves ont fait abandonner cette opinion.
Les tombes anciennes qu'on a retrouvées dans le voisinage du canal Vieil et de l'étang de la Marète, le navire découvert tout auprès en 1835, les ruines appelées Peyrade qui existent également dans le voisinage, les mentions qu'on trouve, dès le XIVème siècle, de la plage de Boucanet, et d'étangs et marais situés entre la ville et la mer, concourent dans le même sens.
Des documents positifs nous indiquent que les navires entraient alors par le Grau Louis dans le canal Vieil, débouchaient dans le canal de la Robine au point d'intersection et pénétraient enfin dans l'étang de la Ville. Aujourd'hui le grau Louis et le canal Vieil sont ensablés, il n'en reste plus que le nom c'est le canal de la Robine qui met Aigues-Mortes en communication avec la mer à travers l'étang du Repausset. Ainsi la mer ne baignait point Aigues-Mortes au temps de saint Louis ; mais qu'elle ait à des temps très reculés, couvert toute cette plage, c'est ce que les marais et les étangs qui l'entrecoupent ne permettent pas de contester.
La ville d'Aigues-Mortes doit son origine à une abbaye de bénédictins, du nom de Psalmodi, détruite par les Sarrasins vers l'année 725, et rebâtie par Charlemagne en 788. Près de là était la tour de Métafère, forteresse autour de laquelle se groupèrent quelques maisons, dont la réunion forma dans la suite une bourgade qui ne tarda pas à recevoir son nom des eaux mortes environnantes Aigues-Mortes obtint une charte de commun en 1246.
En 1248, saint Louis acquit des moines de Psalmodi cette ville naissante, en fit restaurer le port, y rassembla une flotte nombreuse et s'y embarqua le 25 août pour la Palestine Des écrivains célèbres ont avancé que la mer baignait alors les murs d'Aigues-Mortes; mais il est aujourd'hui démontré qu'au siècle de saint Louis la mer était déjà resserrée dans ses limites actuelles et que alors, comme aujourd'hui, à 4 kilomètres environ du rivage. Ce qui a pu produire l'erreur dans laquelle sont tombés la plupart des auteurs qui ont décrit la position d'Aigues Mortes c,'est qu'il existe en face du Grau Louis une vaste rade susceptible de recevoir une flotte nombreuse, où mouillèrent sans doute la plus grande partie des vaisseaux de l'expédition de saint Louis, et où les pilotes viennent encore de nos jours chercher un abri contre la fureur des flots; mais ce n'était point là ce qu'on appelait le port d'Aigues-Mortes.
Ce port existait sous les murs de la ville.
Lorsque les navires voulaient y remonter ils entraient par le Grau-Louis dans le Canal-Vieil, qu'ils suivaient jusqu'à la Grande-Roubine et, de là, par une ouverture qui subsiste encore, mais qui s'est beaucoup rétrécie, pénétraient dans l'Etang-de-la-Ville, qui baigne la partie méridionale d'Aigues-Mortes et, qui était alors très large, très profond, et formait et véritable port.
Le 1er juillet 1270, saint Louis s'embarqua une seconde fois à Aigues-Mortes pour une nouvelle croisade le 25 août suivant il expira au milieu des ruines de Carthage, exprimant le désir que son successeur fît entourer de remparts la ville d'Aigues-Mortes ce, qui fut exécuté sous le règne de Philippe le Hardi. Pendant près d'un siècle après la mort de saint Louis, le port d'Aigues-Mortes fut dans l'état le plus florissant chaque jour voyait entrer dans son enceinte les navires de toutes les nations commerçantes mais, vers le milieu du XIVe siècle les sables en encombrèrent tellement l'entrée, qu'il devint impossible aux vaisseaux d'y aborder. Le roi Jean y fit faire, en 1363 de grandes réparations, qui furent bientôt détruites par les sédiments qu'apportaient la mer et le Rhône. En peu de temps, toutes les communications furent encore fermées; la navigation intérieure cessa, et les navires étrangers, contraints de s'arrêter sur la plage, où ils restaient exposés aux déprédations des pirates, allèrent chercher ailleurs un port plus assuré. De nouveaux travaux furent entrepris sous le règne de Charles VI, mais ils ne purent ramener la vie et l'activité dans cette ville, qui, entourée d'eaux croupissantes dont les miasmes délétères occasionnaient les plus funestes maladies se dépeupla peu à peu et devint presque déserte. De nouvelles réparations furent exécutées sous les règnes de François Ier, de Henri IV et de Louis XIII ; c'est à ce dernier monarque que l'on est redevable de l'ouverture du Grau-du-Roi, regardé actuellement comme le port d'Aigues-Mortes. Sous le règne de Napoléon, si remarquable par 1’exécution de grands travaux d'utilité publique, on entreprit de restaurer le port d'Aigues-Mortes on se proposait d'abord de recreuser le Grau du-Roi, ainsi que le canal de la Grande-Roubine, et de construire en suite, à la jonction de ce canal et de ceux de la Radelle, de Beaucaire et du Bourgidou un vaste bassin bordé de quais, dans lequel se seraient réunis les bâtiments de mer et où ils auraient pu commodément déposer leur cargaison et recevoir leur chargement. Ces travaux, dont la dépense était évaluée à 695 140 francs, furent mis en adjudication en 1816, et les entrepreneurs s'engageaient à les terminer de 1816 à 1817; mais on s'est borné jusqu'ici à l'entretien du Grau et du canal.
Toute fois une nouvelle source de prospérité pour Aigues-Mortes fut créée en1811, par l'achèvement du canal de Beaucaire.
Aigues-Mortes n'a maintenant un port qu'à l'aide du canal appelé la Grande-Robine; il aboutit à un chenal qui s'avance de quelques mètres dans la Méditerranée, et qui porte le nom de Grau d'Aigues-Mortes La. Robine a de 40 à 45 mètres de largeur et environ 3 mètres de profondeur dans le milieu de son lit.
Des chaussées en terre, revêtues solidement le bordent des deux côtés. La profondeur de l'eau à l'entrée du chenal est d'environ 4 mètres. Vers la fin du malheureux règne de Charles VI, les Bourguignons auquel il ne restait plus dans le Languedoc que les places de Sommières et d'Aigues-Mortes entreprirent de résister dans cette dernière ville au sénéchal de Beaucaire, qui avait reçu l'ordre d'en faire le siège. La place, pourvue d'abondantes provisions et défendue par des remparts qui redoutaient peu les assauts, tenait depuis plus de cinq mois, lorsque, dans une nuit de la fin de janvier 1421, la garnison fut surprise par les assiégeants auxquels s'étaient joint les habitants et passée au fil de l'épée. Les cadavres étaient si nombreux qu'on prit le parti, pour éviter le pernicieux effet de leur putréfaction de les entasser sous des monceaux de sel, dans une des tours de la ville, qui porte encore aujourd'hui le nom de tour des Bourguignons C'est de là qu'est venue l’épithète de Bourguignon salé.
Après la trêve de Nice, François Ier et Charles-Quint eurent une entrevue à Aigues-Mortes, en 1538. Dans les guerres de religion, cette ville passa plus d'une fois de la domination des réformés à celle des catholiques ces derniers y furent presque tous égorgés, et leurs maisons livrées au pillage par leurs adversaires le 12 janvier 1575. Après la paix de 1576, les calvinistes obtinrent Aigues-Mortes et Beaucaire pour places de sûreté.
Avant la révolution, cette ville était exempte de tous péages et impôts de ville et de province, de la taille, logements de gens de guerre, étapes, réparations de rivières, chaussées chemins digues, etc.; elle avait en outre le droit de prendre tous les ans aux salines de Peccais, francs et quittes de tous droits de gabelle, trente gros muids de sel, ou 4 320 minots. Lors de la terrible inondation du mois d'octobre 1840, La ville d'Aigues-Mortes servit de refuge aux habitants des faubourgs et des campagnes environnantes on parvint à se garantir entièrement de l'invasion des eaux en fermant les portes et en les terrassant, et la solidité des murs résista aux efforts de l'eau, qui baignait les remparts jusqu'à la hauteur de 3 mètres.
La ville d'Aigues-Mortes est située dans une contrée marécageuse non loin des importantes salines de Peccais, à la jonction des canaux de Beaucaire de la Radelle, du Bourgidou et de la Grande-Roubine par lequel elle communique à la Méditerranée Elle est entourée de remparts d'une belle conservation construits sur le plan de ceux de la ville de Damiette Leur figure est celle d'un parallélogramme rectangle, émoussé sur l'un de ses angles, et dont la longueur est de 545,74 mètres et la largeur de 454 mètres Bâtis en larges pierres taillées en bossage, les murs s'élèvent à la hauteur d'environ 11 mètres. Percés de meurtrières, garnis de mâchicoulis, couronnés de créneaux, ils sont flanqués de quinze tours, dont les unes sont carrées et servent seulement de passage et dont les autres, double est cylindriques renferment des chambres propres à recevoir des combattants Au dessous de celles-ci s'ouvrent de grandes portes en ogives, qui donnent entrée à la ville, où l'on a pratiqué des coulisses intérieures pour les fermer solidement au besoin. Pour compléter ce système antique de défense, on avait creusé au pied des remparts un large fossé, actuellement comblé, et remplacé, sous le mur méridional, par un terrassement qui recule l'Etang-de-la-Ville et sert de promenade pendant l'hiver.
Vers l'angle émoussé des remparts, dans la partie intérieure, est assis le château, vaste bâtiment militaire, et à l'extérieur, au milieu d'un mur circulaire, s'élève la tour de Constance, dont la hauteur est de 29 mètres, le diamètre de 66 mètres, et dont les murs ont 2,65 mères d'épaisseur. On pénètre dans l'intérieur par deux portes doublées de fer, et roulant avec peine sur leurs gonds. Là se présentent deux vastes chambres voûtées et placées l'une au dessus de l'autre.
La première était sans doute occupée par la garnison, comme l'indique un four creusé dans le mur ; dans la seconde on renfermait pêle-mêle les prisonniers L'une et l'autre ne sont éclairées que par l'étroite fente des meurtrières, et par une ouverture circulaire percée au milieu de leurs voûtes. Un escalier obscur et tortueux, ménagé dans l'épaisseur du mur, et muni de mâchicoulis qui plongent sur la porte d'entrée, conduit à la chambre supérieure, et puis à la plate-forme de la tour. Cette plate-forme, entourée de créneaux, était à la fois un lien de défense et d'observation elle servait en outre à retenir les eaux pluviales qui de là s'écoulent dans une citerne pratiquée dans le mur. Sur ses bords s'élève une tourelle de 11 mètres de hauteur, dont l'unique destination était de soutenir le phare qui la couronne. Ce phare, se trouvant ainsi à 40 mètres au-dessus du sol, pouvait facilement, malgré son éloignement de la mer, être aperçu par les navires, comme il le serait encore aujourd'hui si on le tenait allumé. Au commencement du XVIIIème siècle à, l'époque désastreuse où les Cévennes étaient ravagées, dévastées comme un pays conquis par les barbares, la tour de Constance fut convertie en prison où l'on enfermait les femmes et les enfants des camisards dont on était parvenu à s'emparer, et où plusieurs furent oubliées pendant près d'un demi-siècle.
Monsieur de Boufflers décrit de la manière suivante la visite qu'il fit à la tour de Constance en 1768. «Je suivais Monsieur de Beauveau dans une reconnaissance qu'il faisait sur les côtes du Languedoc . Nous arrivons à Aigues-Mortes au pied de la tour de Constance nous trouvons à l'entrée un concierge empressé qui, après nous avoir conduits par des escaliers obscurs et tortueux, Nous ouvre à grand bruit une effroyable porte, sur laquelle on croyait lire l'inscription de Dante « Lasciate ogni speranza, ô voi ch'intrate. » Les couleurs me manquent pour peindre l'horreur d'un aspect auquel nos regards étaient si peu accoutumés tableau affreux et touchant à la fois, où le dégoût ajoutait encore à l'intérêt! Nous voyons une grande salle ronde privée d'air et de jour ; quatorze femmes y languissaient dans la misère et dans les larmes. Le commandant eut peine à contenir son émotion et, pour la première fois sans doute, ces infortunées aperçurent la compassion sur un visage humain. Je les vois encore, à cette apparition subite, tomber toutes à la fois à ses pieds, les inonder de pleurs essayer des paroles ne trouver que des sanglots puis, enhardies par nos consolations raconter toutes ensemble leurs communes douleurs. Hélas tout leur crime était d'avoir été élevé dans la même religion que Henri IV. La plus jeune de ces martyres était âgée de cinquante ans : elle en avait huit lorsqu'on l'avait arrêtée allant au prêche avec sa mère, et la punition durait encore.
Aux fortifications d'Aigues-Mortes est attaché une tour, nommée tour Carbonnière située à mi-chemin de la chaussée qui conduit à Psalmodi. Cette tour, bâtie dans le même style que les remparts, et ayant la même origine, défendait l'approche de la ville ; elle est ouverte en arceau pour le passage de la grande route , et fermée d'une double porte.
Le climat de la ville d’Aigues-Mortes est loin d'être aussi meurtrier qu'on le croit généralement et, depuis bien des années, il est rare que l'on y compte un plus grand nombre de malades, toute proportion gardée, que dans les localités situées comme elle au milieu d'un pays marécageux. Toutefois elle est exposée au vent du sud-est appelé le marin, dont l'influence maligne engendre des fièvres intermittentes qui exercent leurs ravages depuis le milieu de l'été jusqu'à la fin de l'automne, mais qui nuisent plus à la longévité qu'elles ne causent de mortalité. Si l'on considère l'espace compris dans les remparts on peut conjecturer qu'à l'époque de leur construction la ville renfermait près de 10 000 habitants en 1774, on n'y en comptait plus que 1 600 depuis cette époque, la population s'est un peu augmentée et s'élève aujourd'hui à 3 393 habitants. Il s'en faut beaucoup que cette population occupe toute l'enceinte des remparts. En divers lieux les maisons ont fait place à des jardins, à des champs labourés.
Le reste de la ville se compose de rues larges, tirées au cordeau, et bordées de maisons qui n'ont toutes qu'un seul étage au-dessus du rez-de-chaussée. Dans chacune de ces maisons se trouve un puits, dont l'eau saumâtre ne peut servir qu'aux usages les plus communs; ce qui oblige les habitants à se procurer, pour boisson, des eaux pluviales ou celles du Rhône.
La Petite Camargue correspond, à l'ouest du actuel, à une zone anciennement occupée par des bras disparus du Rhône, qui arrosaient la côte languedocienne, entre Beaucaire et la mer. L'histoire a gardé quelques traces de cette configuration, dont les étangs de Scamandre, du Charnier et de l'Or sont les reliquats modernes. De nos jours, le Petit-Rhône en voie d'atterrissement peut également être considéré comme un reliquat de ces bras historiques, du moins dans son tracé supérieur, d'Arles à Saint-Gilles. La Petite Camargue est aujourd'hui un espace protégé. Pays de très nombreux étangs où s’ébattent des colonies importants de Flamands Roses. Elle abrite aussi de nombreuses manades où l’on pratique l’élevage de taureaux de Camargue reconnaissant à leur luisante robe noire.
Sur le Mont Andaon, une nécropole chrétienne se développe autour de la tombe de Casarie, dans une grotte. A son décès le 8 décembre 586, son époux Valens appose un épitaphe sur sa tombe. Ce texte gravé sur une plaque de marbre (conservé dans la collégiale de Villeneuve) est à l'origine de la tradition selon laquelle Casarie est l'épouse d'un évêque d'Avignon, qui s'est retirée en ermite au sommet du Mont Andaon, suivant le modèle de sainte Marie-Madeleine. Face à la vénération dont est l'objet la tombe, l'évêque d'Avignon appele une communauté bénédictine afin d'encadrer le culte naissant. Avant 980, l’abbaye saint-André est fondée sur le mont Andaon, avant d’être approuvée par bulle papale en janvier 999. À l’époque, la colline et ses environs ne sont occupés que par quelques maisons et fermes isolées. Un village se développe autour de l’abbaye au XIème siècle, sous le nom de bourg Saint-André.
Après 1181 et avant 1200, une muraille est construite autour du village, qui devient un castrum, probablement en liaison avec la construction du pont sur le Rhône, achevé en 1185, les habitants de Saint-André voulant se protéger des Avignonnais. C’est probablement également à cette date que l’abbé donne son autonomie au village et affranchit une partie au moins des serfs. Cependant, le bourg Saint-André est annexé par la commune d’Avignon au début du XIIIème siècle, et en 1210, le comte de Provence Raymond V confirme cette annexion. Malgré une révolte des habitants de Saint-André en 1213, cette domination des Avignonnais est à nouveau confirmée en 1222. En 1226, l’armée du roi de France assiège Avignon, dans le cadre de la croisade des Albigeois.
En 1226, le roi de France Louis VIII en lutte contre le comte de Toulouse, arrive avec son armée devant Avignon. Avignon demeure fidèle au comte et refuse le passage de l'armée royale. Pendant les trois mois que dure le siège, le roi est l'hôte de l'abbé de Saint-André, qui va lui proposer de signer un traité de paréage. Ce traité place la seigneurie de Saint-André sous la protection du roi de France. Les termes de ce traité ne seront en fait jamais appliqués : la fin de la croisade des Albigeois en 1229 a dépecé le comté de Toulouse au profit des vainqueurs : Avignon est partagée entre deux frères du roi de France, les prétentions de la ville sur Saint-André sont réduites à néant. A la fin du XIIIème siècle, des changements géopolitiques vont avoir des conséquences sur la rive droite du Rhône. Le roi de France Philippe IV le Bel, qui a hérité de son oncle la moitié de la seigneurie d'Avignon, l'échange avec un cousin, roi de Naples, autre co-seigneur de la ville. Le roi de France perd le contrôle de la rive gauche du fleuve, il doit alors prendre le contrôle de la rive droite.
Le 11 juillet 1292, après deux ans de négociations, un nouveau traité de paréage remplace le premier. Le traité prévoit : la construction de deux forteresses royales ; le partage entre l’abbé et le roi de tous les revenus de la seigneurie de Saint-André (très riche) et de la terre royale de Tavel ; la haute-justice revient entièrement au roi ; le sceau est désormais commun (d’où les armes actuelles de la ville).
La construction d'une forteresse à l'entrée du pont débute aussitôt. Le contrôle de l'accès du pont est le véritable enjeu, économique et stratégique, de ce traité. En construisant la Grosse Tour du Bout du Pont (aujourd'hui Tour Philippe le Bel), le roi annexe la totalité du pont et s'en attribue d'autorité les revenus. Malgrè les protestations des Avignonnais, l'état de fait et la loi du plus fort l'emportent.
Afin de favoriser le développement économique de la co-seigneurie, une bastide royale est fondée en mars 1293 sur les rives du Rhône portant le nom de Ville Neuve-Saint-André-près-d'Avignon. Dotée de nombreux privilèges afin d'en favoriser le peuplement, la ville neuve devait sans doute, dans l'esprit du roi de France, concurrencer et surclasser Avignon sa rivale. Un évènement tout à fait imprévu aller bouleverser ses plans et réorienter le destin de la ville. L'installation en 1316 à Avignon de la papauté a d'énormes conséquences sur la ville naissante qui va recevoir les villégiatures des cardinaux et des souverains pontifes. Quatorze palais gigantesques sont construits à Villeneuve, dont l'emprise des domaines marque aujourd'hui encore la physionomie de la cité. Certains sont des manoirs de campagne (palais de Montaut, de Montolivet) construits dans les collines, d'autres sont des palais urbains (palais de Via, du Pouget, de Canilhac, de Thurry) élevés à la lisière de la ville neuve, étouffant le développement naturel de son plan initial en damier.
Suivra plus tard la construction de la seconde forteresse royale prévue par le traité de 1292, le fort Saint-André, sur le mont Andaon, pour protéger l'abbaye et le Bourg Saint-André des bandes de brigands lors de la Guerre de Cent Ans et pour fortifier la frontière du royaume.
En 1356, fondation par le pape Innocent VI de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, qui deviendra l'une des plus vastes et riches d'Europe. En 1649, un projet de portail monumental envisagé quatre ans plus tôt pour la Chartreuse, est finalement réalisé, par l’architecte François de Royers de la Valfenière. En 1660, Louis XIV le franchira en grand cérémonial lorsqu'il viendra en visite à la Chartreuse accompagné d'une nombreuse suite.
Au XIVème siècle, le pouvoir de l’abbé continue de décroître, jusqu’à la révolte en 1388 des habitants de Villeneuve, qui refusent de prêter serment de fidélité à leur abbé toujours absent.
En novembre 1461, par ses lettres patentes, Louis XI confirma les privilèges de Saint-André-lèz-Avignon.
Beaucaire est l'ancienne Ugernum, ville des Volces Arécomiques, qui acquit de l'importance sous la domination des Romains. Les voies qui conduisaient de Nîmes en Italie y passaient, et l'on y a trouvé des chapiteaux corinthiens, des statues, des mosaïques, qui attestent qu'elle fut habitée par de riches Romains. Prise par les Wisigoths, les Francs, les Sarrasins, enlevée enfin à ces derniers par Charles Martel, Ugernum fut érigée en un fief héréditaire appelé terre d'Argence (Argentia, Argenteus ayer). Le comte d'Arles, qui en était maître, en fit la cession à l'archevêque, et c'est sous la suzeraineté de ce prélat que les comtes de Toulouse la possédèrent plus tard. Ceux-ci l'inféodèrent à leur tour aux vicomtes de Narbonne. C'est seulement au XIème siècle que Ugernum, qu'on appelait alors Ugerno, changea de nom. La forme carrée de son château ou peut-être de la plaine où la ville s'élève avait donné naissance au surnom de Bel-Quadro, Bellum-Quadrum, Bellicadrum,Beaucaire, qui bientôt prévalut dans l'usage. Au siècle suivant, Beaucaire était déjà considérable, Benjamin de Tudèle, qui la visita en 1165, l'appelle une « grande place forte, » Castrum magnum et c'est dans sa vaste plaine qu'en 1174 Henri II, roi d'Angleterre, réunit cette fameuse cour plénière dont l'objet était la réconciliation du comte de Toulouse et du roi d'Aragon, et que signalèrent les extravagantes prodigalités des chevaliers méridionaux, l'un brûla publiquement ses plus beaux chevaux, un autre fit labourer la plaine voisine du château et y fit semer 30,000 sols en deniers, etc. En 1215, après la décision du concile de Montpellier qui dépouilla Raymond VI au profit de Simon de Montfort, l'archevêque d'Arles, Michel de Morèse, s'empressa de remettre Beaucaire au chef des croisés. Mais Raymond y rentra par force l'année suivante. Lambert de Limoux, lieutenant de Montfort, se défendit longtemps dans le château, mais fut enfin obligé de l'évacuer après avoir vu repousser ses murs par Simon lui-même, accouru pour le délivrer. Les Beaucairois, qui s'étaient distingués par leur fidélité au comte de Toulouse et qui s'étaient laissé excommunier plutôt que de l'abandonner, furent récompensés par la confirmation et l'accroissement de leurs privilèges (1217).Ils se soumirent pourtant à Louis VIII, et leur ville devint alors le siège d'une sénéchaussée dont la circonscription, réglée par saint Louis, embrassa les diocèses de Maguelonne, Niâmes, Uzès, Viviers, Mende, Le Puy et la partie de ceux d'Arles et d'Avignon située sur la rive droite du Rhône. L'usage du droit écrit leur fut laissé avec leurs privilèges confirmés au siècle suivant par Philippe de Valois. Or on voit en 1298 vingt-six bourgeois de Beaucaire attester que, « d'après un usage immémorial, les bourgeois peuvent recevoir la ceinture des mains des nobles ou prélats et jouir ensuite des avantages des chevaliers. » Cela donne une idée de l'étendue des privilèges de la bourgeoisie de cette ville. Comme la plupart des villes du Midi, elle avait des consuls, qui furent remplacés en 1335 par des syndics, mais que Louis XI rétablit plus tard au nombre de quatre. D'un autre côté, les rois ne respectèrent pas moins les droits féodaux de l'archevêque d'Arles, qui furent seulement convertis en une redevance de 100 livres à prendre sur le péage de Beaucaire.
Au XVIème, siècle, Beaucaire n'embrassa point la Réforme. Dès 1543, un luthérien, Antoine Sabathier, y fut brûlé vif. Quand la guerre éclata, les catholiques prirent de grandes précautions pour empêcher les huguenots de pénétrer dans la ville. Ceux-ci y entrèrent néanmoins en 1562, pillèrent les églises et forcèrent les principales familles catholiques à se réfugier en Provence. Une tentative des exilés pour rentrer dans leurs foyers échoua la même année et ne fit qu'amener un combat où périrent douze cents catholiques, soit tués, soit noyés dans le Rhône. Les protestants ne pouvaient cependant garder la supériorité dans une ville où la majorité n'était pas pour eux. Ils eurent le tort de soutenir le sieur de Parabère, qui, bien que gouverneur de la ville, se mit à rançonner les manants et les commerçants qui passaient sur le Rhône. Montmorency-Damville, gouverneur de Languedoc, fut obligé d'ordonner au peuple de Beaucaire de courir sus à ce bandit et à ses partisans et, le dimanche 7 septembre 1578, trois gentils hommes conjurés égorgèrent Parabère et sa maîtresse dans l'église même. Les protestants furent discrédités par la conduite qu'ils avaient tenue en cette circonstance, et Beaucaire, sans intolérance pourtant, demeura la ville catholique en face de Nîmes, la ville protestante. Elle se montra également fidèle à la cause royale en 1532 en refusant d'imiter le gouverneur du château qui avait pris les armes pour le duc de Montmorency. Richelieu s'y rendit la même année et fit démolir le château, dont il ne reste aujourd'hui qu'une ruine impuissante située sur un rocher qui domine le Champ de foire, au bord du Rhône et vis-à-vis du château de Tarascon. Beaucaire résista également aux camisards, qui, en 1704, massacrèrent dans le voisinage trente-neuf catholiques.
Couvrant le Rhône long, une enfilade de barques et navires |H| tout genre, pavoisée des ors, pavoisées des flammes de toutes les nations, confusément vers le bord sablonneux déjà se presse. Car, avec cette brise qui depuis quelques jours a soufflé ans les voiles, du bas fleuve sont montés les lahuts. De notre mer, des côtes barbaresques ou levantine et de la Mer majeure, ils ont gagné Beaucaire pour la Foire. Et il y en a ! Les uns portant la voile aiguë, latine la plupart, d'autres quadrangulaire : allèges d'Arles et trois mats de Marseille, les tartanes de Gênes ou de Livourne, les brigantins d'Alep, les balancelles de Malaga, de Naples et de Majorque, les goélettes anglaises ou du Havre-de-Grâce, les groins-de-porc d'Agde et Celte et les trabacs noirs Adriatique. C’est un vacillement sur le Rhône, une danse dans le soleil, la houle et la rumeur de tous les jargons des gens de la marine.
Poëme le Rhone de Frédéric Mistral
La foire de Beaucaire se tient tant dans l'intérieur de la ville que sous des tente construites dans une vaste prairie bordée d'ormes et de platanes qui s'étendent le long du Rhône. Cette foire, rivale de celles de Francfort, de Leipzig, de Novi, de Taganrok, etc., s'ouvre le 1er juillet et ferme le 28,mais elle ne commence guère à s'animer que vers le 15.
A cette époque, Beaucaire quitte son immobilité silencieuse, son triste vêtement de ville de province; tous les bateaux chargés qui viennent du Nord, du Midi et de l'Ouest, jettent leurs amarres le long des quais.
Les marchandises roulent sur le port circulent dans les rues et s'empilent dans les magasins. Vers le 20, acheteurs et vendeurs sont en présence. Bientôt, dans cet espace où dix mille personnes sont à l'étroit en temps ordinaire, se groupe et se foule une population de deux et quelque fois de trois cent mille négociants français, grecs arméniens turcs, égyptiens, arabes, italiens, espagnols et autres, qui viennent pour y vendre ou pour y acheter les produits de l'industrie de toutes les nations.
Il n'y a point de marchandise, quelque rare qu'elle soit, qu'on ne puisse y trouver. Aussi, malgré le peu de temps que dure la foire, s'y fait-il un commerce immense dont le chiffre s'élève à plusieurs millions. La foire se termine le 28 juillet à minuit; les effets payables en foire sont exigibles le 27, un tribunal de conservation, composé de douze membres, juge tous les différends que les affaires occasionnent pendant sa durée.
Le dimanche qui précède la clôture de la foire, le préfet du Gard vient à Beaucaire et y donne un grand bal.
C'est ainsi que finissent les affaires avec le plaisir. En suite on emballe les marchandises ou, bien on les cède à bas prix ; on part, et Beaucaire reprend soudain ses habitudes de farniente ; mais en un mois la ville a gagné de quoi dormir toute l’année.
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