Ce département du sud de la France, adossé aux
Pyrénées au sud et frontalié avec l'Espagne d'où on pénetre au Val d'Arant
par le col de Peyresourde. mètres
Le département de la Haute-Garonne
est formé de l'ancienne généralité de Toulouse, qui faisait partie du
ci-devant haut Languedoc. Il tire son nom du cours supérieur de la Garonne
qui, à partir du point où elle entre sur le territoire français, traverse
ce département dans toute sa longueur, du sud-ouest au nord-est.br>Ses
limitessont : au nord, le département de Tarn et-Garonne ; à l'est,
celui de l'Aude ; au sud est; celui de l'Ariège ; au sud, les monts
Pyrénées qui le séparent de l'Espagne; et à l'ouest, les départements
du Gers et des Hautes-Pyrénées. Le sol du département est entrecoupé
presque partout, sur les neuf dixièmes de son étendue, de coteaux d'une
longueur inégale et d'une médiocre élévation, qui le coupent en divers
sens, et cependant à d'assez grandes distances, pour que les parties
unies qui les séparent présentent au voyageur des plaines spacieuses,
fertilisées par de belles rivières et par un grand nombre de ruisseaux
: presque tous ces coteaux sont couverts de vignes qui donnent des vins
de médiocre qualité. A l'extrémité orientale du département, le sol
s'exhausse et commence à former la base de la montagne Noire située
dans le département de l'Aude.. Au sud, il est hérissé de hautes montagnes
qui appartiennent à la chaîne des Pyrénées, entre lesquelles s'ouvrent
des ports ou cols plus ou moins accessibles : la Maladetta (montagne
Maudite) dont le sommet est en Espagne, et qui a sa base au pied du
revers méridional du port ou passage de la Pleade ;le pic Quairotl (pic
Equarri), le mont Crabère, semblent des bornes placées sur les confins
du département pour marquer la séparation de la France et de l'Espagne.
La partie supérieure de ces montagnes offre les scènes les plus pittoresques
et les plus magnifiques : là, sont suspendues, au-dessus des forêts
qui couvrent les premières zones, des lacs glacés d'une profondeur inconnue.
Plusieurs lacs profonds se trouvent enfermés entre ces montagnes ; d'affreux
précipices et d'énormes rochers nus se voient assez souvent près de
beaux pâturages, d'épaisses forêts et de riantes vallées ; des sommets
des montagnes d'Oo, de Venasque et de Crabèré, jaillissent des cascades
et tombent des torrents qui vont former des rivières, dont le bruit
étonne au milieu de retraites profondes et solitaires. La grandeur et
la variété infinie des aspects et des points de vue, le mélange de paysages
charmants et d’une nature sauvage, produisent les sites les plus pittoresques:
que l'on puisse imaginer, et jettent le spectateur dans une espèce d'enchantement.
La pente des montagnes est, pour la plupart, de 30 à 40 degrés; en quelques
endroits, elles sont à pic et droites comme un mur; quelques-unes sont
en surplomb, c'ést-à-dire que leurs flancs se creusent de manière que
la partie supérieure s'avance dans la ligue horizontale, et déborde
la partie inférieure : on fait principalement cette remarque dans les
montagnes de granit et de calcaire primitif, et à l'aspect du sud ;
leurs sommets paraissent généralement accessibles , excepté ceux des
montagnes d'Oô, de Quairot et de Glarabide, couverts de glaces et de
neiges éternelles. La direction des pentes et des vallées est en général
du nord au sud ; les vallées les plus prolongées:, les plus directes
et qui offrent les passages les plus faciles ou les plus fréquentés,
sont celles de Luchon, dans laquelle on entre par le port de Venasquei,
celle d'Oo, et celle qui ouvre un passage à la Garonne par l'endroit
appelé le Pont-du-Roi.
Le pic le plus oriental de la Maladetta (le plus
haut des Pyrénées)est élevé au-dessus du niveau de la mer de. 3 580
mètres.
Le Pic de Nethou, dans la Maladetta 3 482 mètres
Pic
de la Brioule, glacier au fond de là vallée du Lys de 3 176 mètres
Tuque de Maupas, glacier au fond de la même vallée. 3 147 mètres
Pic Queyrat, glacier entre le Lys et le port d'Oo 3 089 mètres
Port d'Oo, au fond de la vallée-de l'Arboust 3 001 mètres
Lac
glacé du port d'Oo 2 655 mètres
Port de la Picade, au fond de la
vallée de Luchon 2 422 mètres
Port de Venasque 2 412 mètres
Port de la Glisse, au fond de là vallée de Luchon 2 323 mètres
Départ
de la cascade de Séculégo, dans la vallée de l'Arbouts 1 711 mètres
Super-Bagnères 1 707 mètres
Lac Séculégo 1 399 mètres
Hospice
de Bagnères, au pied du port de Venasque 1 336 mètres
Bagnères-de-Luchon
612 mètres
La surface du lac de Séculégc est de 240 000 mètres carrés,
sa profondeur de 94 mètres ; sa forme est circulaire.
Le département de la Haute-Garonne est justement
renommé par sa grande fertilité ; avantage qu'il doit autant à l'industrie
de ses cultivateurs qu'à la bonté de son sol. Les récoltes en grains
y sont ordinairement prodigieuses, surtout dans la partie au sud de
Toulouse ; celle qui est arrosée par la petite rivière du Petit-Ger,
est continuellement ensemencée, et donne des récoltes de la plus grande
beauté. Les environs de Toulouse forment une des plus belles et des
plus fertiles plaines qu'on puisse voir ; les terres des environs de
Rieux sont si fertiles, qu'il y a des cantons où l'on fait deux récoltes
par an. Cappens sur la Garonne, et le vallon de Montesquieu de Vblvestre,
sont aussi remarquables par leur fertilité.— Les vignes sont un objet
de grande culture, et c'est même le plus considérable après les grains.
Quoique sillonné par une multitude de rivières et de ruisseaux, ce département
possède peu de prairies naturelles, les bords des cours d'eau étant
presque toujours affectés à la culture des grains ; les prairies artificielles
n'y sont pas non plus très multipliées, mais étendue des terrains qu'on
y affecte devient d'année en annéé plus considérable, et-tend à s'accroître
encore.
Les habitations rurales sent généralement éparses sur tout
le territoire de chaque commune et cette dissémination de la population
sur une vaste étendue donne aux campagnes un aspect fort animé. Ce départemeent
est également traversé d'Est et Ouest par le Canal du Midi, de Port
Lauragais jusqu'à Toulouse, et par le Canal Latéral à La Garonne de
Toulouse jusqu'à Saint Rustice; d'où il continue pour rejoindre la Garonne
à Castel en Dorthe (33)
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie
:6 309 km²
Population: 1 230 820 (2009)
Dénsité : 195 hab./km²
Nb de communes : 589
Comme le département de la Haute-Garonne
a pour chef-lieu Toulouse, l'ancienne capitale du Languedoc,
c'est à son histoire que nous allons rattacher celle
de la province tout entière. Les deux versants des Cévennes
méridionales (car on peut désigner ainsi d'une manière
générale l'ancienne province de Languedoc) étaient occupés
à l'époque gauloise par les Volces. Selon M. Amédée
Thierry, les Volces s'y étaient établis seulement entre
250 et 281 avant J.-C., et, selon d'autres autorités,
bien antérieurement. Ces Volces, toujours selon M. Amédée
Thierry, étaient un peuple belge, qui se serait transporté,
on ne sait à quelle époque, des rives de l'Escaut aux
rives de la Garonne. Il se fonde principalement sur
l'orthographe donnée à leur nom par quelques auteurs
anciens, qui ont écrit Bolcæ ou même Bogæ. On a répondu
avec assez de raison que cette substitution du b au
v ne prouvait que fort peu, attendu que, dans la bouche
des hommes du midi de la France, ces deux lettres sont
deux sœurs qui se ressemblent beaucoup, et que l'on
a toujours prises l'une pour l'autre.
D'ailleurs,
les auteurs anciens, lorsqu'ils ont représenté la Gaule
comme divisée en trois grandes nations Belges, Celtes
et Aquitains, ont toujours attribué aux Celtes tout
le pays compris entre la Seine et la Marne au nord,
la Garonne au sud, sans jamais dire que les Belges,
situés au nord, aient eu une enclave au midi, entre
les Celtes et les Aquitains. Admettons donc que les
Volces étaient des Celtes. Ils se divisaient en Volces
Tectosages et Volces Arécomiques. Les Tectosages occupaient
la partie occidentale et de beaucoup la plus considérable
du territoire commun, c'est-à-dire à peu près le pays
compris entre la Garonne, le Tarn, les Pyrénées et l'Hérault
; les Arécomiques étaient renfermés entre l'Hérault
et le Rhône. C'est dans le pays des Tectosages qu'était
située Tolosa : c'était même leur capitale. Ils étaient
très remuants. Dès 333 avant J.-C., nous voyons des
Tectosages en Illyrie. En 281, ils forment l'avant-garde,
sous leur chef Cambaulus, de la fameuse expédition des
Gaulois en Grèce et au temple de Delphes. Quatre ou
cinq ans après, ils s'en vont, en compagnie des Trocmes
et des Tolistoboïes ou Tolostoboüs (de Tolosa ?), s'installer
au beau milieu de l'Asie Mineure, après avoir traversé
l'Hellespont, et ce sont eux qui tiennent le premier
rang dans cette colonie, qui valut au pays occupé le
nom de Galatie. Comme, dès ce temps-là, les écrivains
grecs les appellent Tectosages, il est évident que ce
nom ne vient pas, ainsi qu'on l'a prétendu, des deux
mots latins, tecti et sagum (couverts de la saie gauloise).
Lorsque les aventuriers Tectosages, au lieu de se fixer dans les pays lointains, préféraient revenir chez eux chargés de butin, sans doute ils rapportaient peu de germes de civilisation des riches contrées qu'ils avaient pillées. Mais ces Grecs, dont ils avaient visité le pays en barbares, les visitèrent à leur tour en hommes civilisés. « Si l'on veut étudier la topographie de cette contrée, dit un savant toulousain, M. du Mège, en se dirigeant de l'embouchure de l'Hérault, près d'Agde, en passant par Toulouse, vers l'embouchure de l'Adour, les noms des localités, les monuments qu'on y a découverts ou que l'on y retrouve encore, montreront comme échelonnés une immense ligne de comptoirs ou d'établissements grecs, qui touchaient aux deux mers en traversant dans toute sa longueur l'isthme qui les sépare. » On sait que le langage parlé aujourd'hui dans la Gascogne, l'ancienne Novempopulanie, offre avec la langue grecque d'étonnantes analogies que Scipion Dupleix a relevées dans un dictionnaire, et l'on connait ces noms de Samos, Sestos, d'Abydos, de Scyros, etc., portés encore de nos jours par quelques bourgades de la même contrée. C'étaient, suivant une antique, mais peu recommandable tradition, des Doriens, partis à la suite d'Hercule, qui étaient venus s'y établir.
On peut dire de certains mots qu'ils ont une patrie, et plus audacieusement, un goût de terroir. Tel celui de Pibrac, le village où naquit la Sainte. Pibrac ! ce nom évoque immédiatement le Midi et la splendeur de ses soleils, le chant des cigales stridentes... et Il a toute la sonorité, toute la vie de là-bas. A quelque dix ou douze kilomètres de Toulouse, Pibrac éparpille ses modestes maisons sur les flancs d'une colline en pente douce, dans les bouquets d'arbres, partout disséminés ; au sommet du plateau, l'église paroissiale, avec son chœur hexagonal et ses deux modestes chapelles, dresse son vieux clocher en éventail. L'antique manoir des comtes de Pibrac s'élève un peu plus bas, dernier vestige des âges de foi, témoignant que jadis la première place appartenait à la Croix, à l'Église, à Dieu. Le plus célèbre de ces seigneurs, Gui du Faur de Pibrac, passait pour grand magistrat, grand diplomate, grand orateur, même excellent poète moral, car il avait mis la morale en quatrains ! Catherine de Médicis et Henri IV le vinrent visiter. Bref, ce fut quelqu'un, même en ce temps où les belles intelligences et les grands caractères ne manquaient pas. La paix sur messire Gui du Faur de Pibrac!
C'est dans un cabinet orné
de boiseries sculptées qu'il composa ses fameux
quatrains ; il a conservé le nom de Cabinet des
quatrains. Dans ses vers, il fait preuve d'une certaine
indépendance, chose rare chez les poètes de son
temps.
Nul ne lit plus ses « quatrains moraux
» ; personne ou à peu près ne sait qu'il exista.
Vanitas vanitatum
Avec pour unique objectif
de vous le faire découvrir en voici un petit extrait
:
La calomnie en l'air n'a résidence,
Ny sous les eaux, ny au profond des Bois ; ,
Sa maison est aux oreilles des Roys,
D'où elle
brave et flestrit l'innocence.
Haïr le vray,
se feindre en toutes choses;
Sonder le simple
à fin de l'attraper ;
Braver le foible et sur
l'absent draper,
Sont de la cour les œillets
et les Roses.
Le succès de ses 126 quatrains
contenant préceptes et enseignements utiles pour
la vie de l'homme, ainsi disait-il, fut prodigieux
on les traduisit dans toutes les langues. Les Turcs,
les Arabes, les Persans se les sont même appropriés.
Une malheureuse petite bergère infirme a fait
plus pour la célébrité de ce village que ses puissants
maîtres ! Serpentant autour de la colline, deux
ruisseaux, au midi, confondent leur cours : le Courbet
et l'Aussonnelle. Vers le nord, au-delà du Courbet,
la plaine s'étend jusqu'à la verte forêt de Bouconne,
qui ferme l'horizon de son front perpétuellement
houleux. C'est de ce côté et par-delà le ruisseau,
dans la paix et la solitude de la campagne commençante,
que se trouve la maison de sainte Germaine, une
humble maisonnette aux toits surbaissés, sous l'ombre
rare de quelques arbres poussés au hasard.
Les Tectosages livrèrent complaisamment passage à Annibal. Leurs frères, les Arécomiques, entrainés par les intrigues de Rome, essayèrent en vain de l'arrêter ; il passa en ravageant leur territoire. Un siècle après (120 ans avant J.-C.), Domitius Ahenobarbus apparaissait à son tour à la tête des légions romaines. Déjà les Salyens et les Allobroges étaient soumis, les Volces suivirent cet exemple. Leur pays fut d'abord réuni à la province romaine, mais il en fut détaché en 117 et forma dès lors une province particulière, appelée Gaule Narbonnaise, du nom de Narbonne, récemment fondée. Il fut divisé en trois cantons, dont les chefs-lieux étaient Toulouse, Narbonne et Nîmes. Le préteur y venait présider les assemblées annuelles ou conventus. A côté des lois romaines, qui leur étaient imposées, les Volces avaient conservé leurs lois celtiques. Malgré la modération avec laquelle ils étaient traités, l'invasion des Cimbres, la révolte de Sertorius amenèrent chez eux des mouvements qui furent, au reste, sévèrement réprimés. Pompée leur enleva une partie de leurs terres, qu'il donna aux Marseillais. Loin de les dompter, le châtiment les irrita. La révolte devint violente ; les Tectosages allèrent assiéger Narbonne, que le proconsul Marcus Fonteius ne délivra qu'avec peine (75 ans avant J.-C.). Accablés de contributions et de levées d'hommes qui les épuisèrent, ils accusèrent devant le sénat romain cet impitoyable proconsul, Cicéron le défendit et basa sa défense sur la nécessité de dompter un peuple toujours prêt à secouer le joug de Rome. Il leur impute le siège du Capitole, et s'écrie « Aujourd'hui même, leurs députés, la tête altière, l'air arrogant, semblent menacer Rome d'une nouvelle guerre si on ne leur accorde pas la destitution de Fonteitis, leur proconsul. » Il ne néglige pas non plus, pour les rendre plus odieux, de signaler la barbarie de leurs sacrifices humains « coutume effroyable, dit-il, qu'ils ont conservée jusqu'à nos jours. » Soit quel illustre avocat ait exagéré l'esprit indépendant des Tectosages, soit que les mesures terribles du proconsul les eussent, en effet, réduits à l'impuissance, les Volces ne prirent aucune part à la résistance nationale lors de l'invasion de César, et se rangèrent tout de suite sous les aigles de Crassus. César, en reconnaissance, leur rendit les terres que Pompée avait transportées aux Marseillais, du même coup dépouillant ses ennemis, enrichissant ses alliés et détruisant l'œuvre de son rival. Enfin, il envoya chez eux des colonies pour réparer les pertes que leur population avait faites, et admit plusieurs d'entre eux dans le sénat, qu'il recomposa alors. Dans la guerre civile d'Octave et d'Antoine, les Volces se déclarèrent plutôt pour l'ancien lieutenant de César que pour son jeune et ambitieux héritier, peut-être par un effet de leur opposition continuelle au parti sénatorial, dont Octave venait de se rapprocher. Ils se soumirent pourtant au traité de partage qui les fit passer dans le lot de ce dernier. Mais, quand il fut empereur, ils se révoltèrent deux fois (39 et 30 ans avant J.-C.), et le proconsul Valerius Messala Corvinus fut obligé de les battre, sur les bords de l'Aude et sur ceux de la Garonne. Pour se les attacher, Auguste vint en personne présider à Narbonne l'assemblée des députés de toute la Gaule. Il exempta de l'impôt personnel les habitants de la Narbonnaise et mit cette province au nombre de celles qui relevaient du sénat. En récompense, il reçût d'eux des autels et des honneurs divins.
Au témoignage de Strabon, la Narbonnaise bénit le règne de Tibère, grâce à la prospérité dont elle jouit sous le gouvernement d'Antistius Labeo. Elle ne remua ni sous ce prince ni sous Claude mais, sous Néron, elle s'associa à la révolte de Vindex et de Galba. Elle résista à Vitellius, mais fut obligée de se soumettre. Ces évènements ne nuisirent point à sa prospérité, qui fut au comble sous les Antonins. Au IIIème siècle, elle reçut le christianisme, puis les doctrines manichéennes, que l'arianisme suivit de près. Ainsi, de bonne heure, ce pays fut envahi par les hérésies orientales, qui devaient s'imprimer plus fortement encore dans l'esprit de ses populations par le séjour des Goths, et, plus tard, donner naissance en se transformant, à l'hérésie albigeoise. Cependant, la circonscription et la dénomination de la Narbonnaise avaient un peu changé.
En 278, Probus en avait détaché
la Viennoise. Valentinien Ier, ayant donné
à la Provence le nom de Narbonnaise seconde, l'ancienne
Narbonnaise eut le titre de Narbonnaise première. A
l'intérieur, ses cités étaient au nombre de six des
Narboniens, Narbonne ; des Tolosates, Toulouse ; des
Béterriens, Béziers ; des Némausiens, Nîmes ; des Latéviens,
Lodève ; des Uzétiens, Uzès.
L'invasion des barbares
visita de bonne heure la Narbonnaise. Dès 405, les Vandales
de Crocus viennent y tourbillonner et se faire écraser
près d'Arles, par le second Marius. Le gros de leur
nation arrive l'année suivante, passe sur le pays comme
un ouragan, et s'en va disparaitre en Espagne, avec
les Suèves et les Alains. C'est ensuite le tour des
Goths. Ceux-ci se font céder la Narbonnaise par Honorius
; mais Ataulf n'ose y demeurer et l'abandonne à son
rival, le comte Constance. C'est son successeur, Wallia,
qui, repassant au nord des Pyrénées, y installa véritablement
les Wisigoths, et fit de Toulouse sa capitale.
Le
littoral fut toutefois maintenu par les armes d'Aétius,
sous la domination d'Honorius, et ce n'est qu'en 459
que la Narbonnaise tout entière fut perdue pour l'empire.
Les Wisigoths l'appelèrent Septimanie ou Gothie.
Trop de conquêtes perdit les Wisigoths. Euric, roi
belliqueux, en étendant son empire jusqu'à la Loire
en 473, en se faisant céder l'Auvergne par l'empereur
Nepos en 475, allait au-devant des Francs. Malgré la
modération que son ministre Léon imprima à son gouvernement,
les évêques catholiques, ceux surtout des pays qu'il
venait d'acquérir, Sidoine Apollinaire par exemple qu'il
retint plusieurs années en prison, n'en étaient pas
moins pleins d'horreur pour ce monarque arien, de sympathie
pour le roi catholique des Francs. Son fils, Alaric
II, fut vaincu à Vouillé et ne conserva en Gaule que
la Septimanie proprement dite, le pays entre les Cévennes
et la Méditerranée, les Pyrénées et le Rhône. La plus
utile conquête qu'eût faite Euric était encore celle
d'une partie de l'Espagne, qui servit de refuge à sa
nation chassée.
Les fils de Clovis, voulant venger
leur sœur Clotilde, vinrent battre Amalaric sous les
murs de Narbonne, mais sans lui rien enlever. Au contraire,
Théôdebert, en 533, s'empara sur les Wisigoths de Lodève,
d'Uzès et dit Vivarais. Ils furent donc réduits à une
portion de la Septimanie, de Nîmes à Carcassonne inclusivement.
Hécarède reprit Lodève dans ses guerres avec Gontran.
Quant à cette partie de l'ancienne Narbonnaise qui était
située au nord des Cévennes, elle fut possédée par les
descendants de Clovis, qui se la partagèrent. Le Toulousain
passa successivement à Charibert, à Chilpéric, à l'usurpateur
Gondovald en 584, à Gontran, à Childebert, à Thierry,
à Clotaire II, à Dagobert.
Sous Dagobert se passa
un fait fort important pour l'Aquitaine et la Septimanie
franque. Ce monarque les détacha de son royaume et en
fit don à son frère Charibert, qui prit le titre de
roi de Toulouse en 630. A la vérité, il les lui reprit
bientôt, mais il les rendit sous le nom de duché d'Aquitaine,
relevant du royaume des Francs, aux enfants de son frère,
Boggis et Bertrand. Ces deux princes devinrent les souverains
nationaux du Midi, et les partages que les descendants
de Dagobert se firent encore de l'Aquitaine et de la
Septimanie furent plutôt nominaux que réels. En 688,
Eudes, fils de Boggis, succéda à son père et à son oncle
comme duc d'Aquitaine ou de Toulouse.
C'est sous Eudes que parurent
les Sarrasins (719). Ils envahirent d'abord la Septimanie
des Wisigoths sous l'émir Zama, puis se portèrent sur
Toulouse. Eudes les battit (721). Leur seconde invasion
fut conduite par Ambiza, elle passa par la Septimanie
et se dirigea vers la Bourgogne en 725. La troisième
fut celle d'Abdérame en 732, dont l'immense armée, dans
sa déroute, ravagea le pays de Toulouse.
La Septimanie
ou Gothie Narbonnaise resta aux Arabes, malgré les efforts
de Charles-Martel.
Ils en furent chassés seulement
par Pépin le Bref. C'est alors que s'engagea la lutte
mémorable d'Hunold, fils d'Eudes, et de Waïfre, fils
d'Hunold, contre les Francs ; lutte terminée en 768
par la soumission de toute la Septimanie. Pépin y établit
des comtes chargés de représenter son autorité, mais
laissa aux habitants leurs privilèges et l'usage du
code théodosien. Charlemagne confia le gouvernement
du Toulousain à un certain duc Chorson, puis à Guillaume
au court nez, si célèbre dans les romans, et bientôt
après en780, incorpora la Septimanie dans le royaume
dont il apanagea son fils Louis.
Le partage de 817
divisa la Septimanie en deux portions : l'une, comprenant
Toulouse et Carcassonne, demeura annexée à l'Aquitaine,
et ce fut le royaume de Pépin II ; l'autre, comprenant
le reste, fut attribuée à Lothaire. Cette séparation,
que le partage de 839 effaça au profit de Charles le
Chauve, reparut dans le régime féodal. Charles le Chauve
s'était fait représenter dans le marquisat de Toulouse
par Warin mais celui-ci avait un rival dans son gouvernement,
c'était ce fameux comte Bernard, autrefois l'amant de
l'impératrice Judith, et qui actuellement soutenait
les droits du fils de Pépin. Charles vint en personne
assiéger Bernard dans Toulouse et le fit prisonnier
il se le fit amener dans le monastère de Saint- Sernin,
l'accueillit à bras ouverts, et pendant l'embrassade
lui enfonça un poignard dans le cœur, disant « Malheur
à toi, qui as souillé le lit de mon seigneur et de mon
père » Son père était peut-être justement l'homme qu'il
égorgeait. Pépin n'était pas abattu cependant. Guillaume,
fils de Bernard, qu'il avait investi à la place de son
père, défendit Toulouse et contre le roi de France et
contre les Normands, qui avaient remonté la Garonne
jusque-là.
Malheureusement Pépin fut livré à Charles
le Chauve, qui reparut devant Toulouse. Ce n'était plus
Guillaume qui défendait la place, mais Frédelon. Vainqueur,
Charles, au lieu de dépouiller ce vaillant comte, le
maintint dans son gouvernement en 849. Frédelon est
le père de l'illustre maison des comtes de Toulouse.
Son successeur Raymond 1er, perdit un instant
sa capitale, que lui enleva le marquis de Gothie. Car
la séparation dont nous parlions tout à l'heure s'était
renouvelée. Bernard, fils de Raymond, pour ne le céder
en rien aux marquis de Gothie, ces rivaux redoutables,
se lit appeler à la fois duc et marquis de Toulouse.
Dès lors, cette maison va toujours s'agrandissant, Eudes,
quatrième comte, acquiert l'Albigeois par un mariage.
Raymond II, qui vient ensuite, se rait investir du marquisat
de Gothie par Charles le Simple, à la mort de Guillaume
le Pieux, duc d'Aquitaine.
Raymond-Pons s'empare du
pays d'Uzès et du Vivarais, puis se fait céder L’Auvergne
et le Gévaudan par Raoul, qui vint en personne le visiter
et qui acheta à ce prix élevé son hommage. Ainsi une
étendue considérable et toujours croissante de territoire
formait aux comtes de Toulouse une domination compacte,
qui s'étendait jusqu'au Rhône et à la Méditerranée.
A la vérité, cette unité souffrit une interruption.
Une branche cadette, à laquelle le Rouergue avait été
cédé précédemment, obtint en outre par un traité de
partage le marquisat de Gothie, moins cette portion
du pays de Nîmes qui confine au Rhône et à la mer, et
que les comtes de Toulouse conservèrent sous le nom
de comté de Saint-Gilles. Guillaume Taillefer, qui fit
cette concession, s'en dédommagea bien en épousant Emma,
fille du comte de Provence, laquelle à la mort de son
père en 1024 lui valut l'acquisition d'une partie de
ce comté. Enfin, les affaires des descendants de Frédelon
étaient en si bonne voie que, dès le XIème
siècle, Guillaume IV, neuvième comte, s'intitulait duc
et comte du Toulousain, de l'Albigeois, du Quercy, du
Lodévois, du Périgord, du Carcassès, de l'Agénois et
de l’Astarac; c'était donc, comme on peut le voir, un
puissant et redouté seigneur.
La légende de la fontaine de Saint-Vidian, située dans les environs de Martres. L'émir d'Huesca assiégeait Angonia, tel était le nom que portait alors Martres ; Charlemagne chargea Vidian, l'un de ses plus braves compagnons, de le chasser de l'Aquitaine. Celui-ci accourt, repousse, en effet, les Sarrasins et les poursuit. Son cheval l'emporte, et il reçoit de cruelles blessures mais l'ennemi est défait, et le preux revient vers Angonia. A une médiocre distance de la ville, une fontaine épanche dans le fleuve son eau fraîche et pure. Vidian s'arrête sur ses bords et lave les plaies profondes qu'il a reçues dans le combat. Sa redoutable épée est appendue à un arbre ainsi que son casque. Une nombreuse troupe d'Arabes avait trouvé un asile dans l'épaisse forêt qui couvrait la plaine. Sortis de cette retraite, les barbares se jettent sur lui à l'improviste ; privé de ses armes, il ne peut d'abord se défendre, mais bientôt il arrache un cimeterre à l'un des Sarrasins qui l'environnent et il jonche la terre des cadavres du plus grand nombre d'entre eux; le reste épouvanté prend la fuite; mais le héros a reçu de nouvelles et plus dangereuses blessures, son sang ruisselle sur le sol qu'il a défendu avec tant de valeur, et il expire. On montre dans les rochers voisins la place où il se reposa ; la pierre s'est, dit-on, amollie sous son corps et en moulé les formes athlétiques ; telle est la légende de saint Vidian, et pendant longtemps on célébra dans le pays, par des jeux guerriers, le héros de Martres.
Les comtes de Toulouse sont de
vrais types des seigneurs méridionaux, toujours éveillés,
remuants, en quête de quelque province, de quelque femme
ou de quelque aventure, légers, amis du plaisir, peu
scrupuleux, plus habiles, ce semble, en politique et
en galanterie qu'en guerre., Raymond- Pons II épousait
Almodis, femme d'Hugues de Lusignan encore vivant. Almodis,
il est vrai, le quitta peu de temps après pour un troisième
époux. Guillaume IV s'en allait quereller Guillaume
d'Aquitaine jusque dans Bordeaux, se faisait battre
et prendre ainsi que sa capitale, qu'on lui rendait
pourtant à condition d'être sage désormais. Ne sachant
que faire, il part, et c'est vers Rome que son inquiète
activité le conduit ; il visite le pape. A son retour,
il trouve une femme chemin faisant et l'épouse c'est
Emma, fille du comte de Mortain. Revenu à Toulouse,
il faut qu'il se mêle du débat de l'évêque Isarn et
des moines de Saint-Sernin, ce qui le fait excommunier
par Grégoire VII. Mais il cède aussitôt et abandonne
l'évêque dont il soutenait la cause, comme pour montrer
que ce qu'il en fait c'est uniquement pour passer le
temps. Dernière boutade il va en pèlerinage en terre
sainte, selon l'usage, et il y meurt en 1093.
Nous
ne voulons pas dire cependant que la piété n'ait pas
eu de part aux pèlerinages et aux expéditions fréquentes
des comtes de Toulouse en Orient. Las de leur propre
mobilité, ces hommes du Midi devaient éprouver le besoin
de tourner leur ardeur vers les graves et consolantes
pensées de la religion. Guillaume mourait sans enfants.
Il avait cédé ses États à son frère Raymond comte de
Saint- Gilles. Raymond de Saint-Gilles avait fidèlement
suivi les traditions de famille. Excommunié d'abord
par le pape pour avoir épousé sa cousine, il s'était
séparé d'elle, puis était allé querir une autre épouse
en Sicile. Il en avait ramené Mathilde, fille du comte
Roger, avec de magnifiques présents. Un peu plus tard,
il célébra ses troisièmes noces avec une fille naturelle
d'Alphonse VI, roi de Castille. Il n'en eut pas moins
la visite du pape Urbain II en 1095, et deux ans après,
ayant réglé ses affaires, fait aux églises de nombreuses
donations et laissé ses États à son fils Bertrand, il
se croisa et partit pour la terre sainte à la tête da
ses nombreux vassaux et de cent mille hommes. Il se
montra un des chefs les plus sages et les plus braves
de la première croisade. Il avait fait vœu de mourir
en Palestine et tint parole il mourut, en effet, au
siège de Tripoli, après avoir refusé deux fois le trône
de Jérusalem en 1105. A l'occasion de la croisade, la
maison de Toulouse, comme toutes les autres, se choisit
des armoiries. C'était une croix clichée, vidée, pommetée
et alésée d'or sur un champ de gueules.
L'imagination
tout enflammée du prestige de la terre sainte, les comtes
de Toulouse négligeaient un peu leurs États. Ils avaient
cependant de dangereux voisins dans les ducs d'Aquitaine.
Le jeune Bertrand fut, pendant deux ans, chassé de Toulouse
de 1098 à 1100. Bientôt il part à son tour pour la Palestine
et laisse le comté à son très jeune frère Alphonse en
1109. Alphonse était né en Orient pendant la première
croisade, ce qui l'avait fait surnommer Jourdain. Guillaume
d'Aquitaine, soutenu par le vicomte de Béziers, dépouilla
sans peine ce pauvre enfant. Alphonse s'en alla en Provence.
Quatorze ans après, en 1123, comme il était en guerre
avec le comte de Barcelone, qui le tenait assiégé dans
Orange, il vit arriver à son secours les Toulousains,
qui le délivrèrent après s'être délivrés eux-mêmes.
Il revint à Toulouse, mais n'y demeura pas constamment.
En 1131, il assiste au nombre des douze pairs au sacre
de Louis VII ; en 1140, il se rend en pèlerinage à Saint-Jacques-de
Compostelle à son retour, il félicite ses sujets d'avoir
résisté au roi de France, qui avait voulu s'emparer
de Toulouse au nom d'Éléonore de Guyenne. Enfin, après
avoir eu à tenir tête à plusieurs de ses vassaux ligués
contre lui avec le comte de Barcelone, il s'en alla,
en 1148, comme son père et son frère, mourir en terre
sainte, empoisonné, dit-on, par la reine de Jérusalem.
Il s'y était rendu en compagnie d'un fils et d'une fille
naturels, qui furent faits prisonniers pas les musulmans,
et la fille fut épousée par le sultan Noureddin. Ce
fut un des comtes les plus chers aux Toulousains, qui
lui devaient leurs principaux privilèges.
Raymond V eut un règne fort
agité. Raymond-Trencavel, vicomte de Béziers, et Guilhem
VI, seigneur de Montpellier, lui retirèrent leur hommage
pour le transporter au comte de Barcelone. II les battit,
les fit prisonniers et ne les relâcha qu’après les avoir
obligé à le reconnaître de nouveau pour leur suzerain
en 1153. Mais plus tard ils violèrent leur serment et
renouèrent la ligue, soutenue cette fois par Henri II,
roi d'Angleterre. Henri se présenta devant Toulouse
et essaya de s'en emparer au nom d'Éléonore de Guyenne
devenue sa femme. L'intervention de Louis VII l'obligea
de se retirer. Mais Raymond n'en avait pas moins fort
à faire avec Alphonse, roi d'Aragon et comte de Barcelone.
Il avait épousé Constance, sœur de Louis VII, épouse
en premières noces d'Eustache de Blois. Mais bientôt
il l'avait répudiée pour prendre la veuve et l'héritière
de Raymond-Bérenger, comte d'Arles. Alphonse, qui avait
des droits sur cet héritage, le lui enleva, et Richard
Cœur de Lion s'étant joint à tous ses ennemis en 1189,
il eût succombé à cette coalition formidable si Philippe-
Auguste n'était pas devenu son allié contre le roi d'Angleterre.
On l'appelait le bon Raymond. Il aimait et protégeait
les troubadours. La paix lui eût bien mieux convenu
que ces guerres continuelles ; et cependant il mourut
fort à propos pour n'en pas voir de plus terribles en1194.
Raymond VI était déjà marié quand il devint comte de
Toulouse. Mais, comme Richard Cœur de Lion lui offrit
la main de sa sœur Jeanne, veuve du roi de Sicile, avec
l'Agénois pour dot et un traité fort avantageux, il
n'hésita pas à congédier sa première femme. Par ce traité,
Richard renonçait à tous ses droits sur Toulouse et
rendait le Quercy. Un peu plus tard Jeanne étant morte,
Raymond épousa Éléonore, sœur du nouveau roi d'Aragon,
Pierre II, dont l'alliance lui fut désormais acquise.
On peut remarquer combien les comtes de Toulouse étaient
considérés ; ils épousaient des sœurs et des veuves de
rois.
Malheureusement une tempête effroyable s'amoncelait
déjà sur cette brillante puissance dont personne alors
n'eût soupçonné la chute prochaine. Nous parlons de
la croisade contre les albigeois. Dès 1165, le concile
de Lombers avait anathématisé les albigeois. Raymond
VI, au gré du pape Innocent III, ne les traita pas avec
assez de sévérité. Pierre de Castelnau lui fut envoyé
et périt assassiné. Ce fut le signal. Cent mille croisés
descendent sur les bords de la Méditerranée ; Béziers,
Carcassonne succombent. Raymond court auprès de Philippe-Auguste,
qui n'ose écouter ses plaintes, auprès du pape, qui
l'amuse, de vaines promesses. Pendant ce temps, Simon
de Montfort lui enlève toutes ses places, et enfin la
bataille de Muret ruine la dernière espérance du comte
de Toulouse (1213). Pour épuiser toutes les ressources,
il va trouver en Angleterre le roi Jean et n'en obtient
rien. Alors il abdique dans les mains du légat, espérant
que le pape lui rendra ses États à titre de fief du
Saint-Siège. Au contraire, le concile de Montpellier
les adjuge à Simon de Montfort (1215). Reste en dernier
recours la pitié d'Innocent III ; Raymond retourne à
Rome avec son fils. Innocent montre pour eux des dispositions
bienveillantes, mais lui-même était entraîné il décida
pourtant que les terres à l'est du Rhône seraient mises
en séquestre pour être plus tard rendues au jeune comte,
« s'il en était digne. » Innocent meurt, les deux Raymond
reviennent et sont accueillis triomphalement. Par une
guerre vive, ils disputent leurs États à Simon de Montfort,
qui, enfin, est tué sous les murs de Toulouse le 25
juin 1218). Son fils, Amaury, trop faible pour lutter
tout seul, appela à son secours Louis de France, qui,
devenu roi en 1223, accepta le legs qu'il lui fit des
domaines enlevés à la maison de Saint-Gilles. Dans cet
intervalle, Raymond VI mourut (1222), et, quoiqu'il
eût toujours protesté de son orthodoxie, quoiqu'on n'eût
pas en réalité à lui reprocher autre chose que sa douceur
envers les hérétiques, les longs efforts de son fils
ne purent obtenir pour ses restes la sépulture consacrée;
son corps, enfermé dans un cercueil de bois, demeura
exposé à la porte du cimetière Saint-Jean, où on le
voyait encore au XIVème siècle. Raymond VII
eut quelque répit. Louis VIII, à peine maître d'Avignon,
mourut en chemin en 1226, de sorte que la couronne tomba
sur la tête d'un mineur. Mais la régente, Blanche de
Castille, ne voulut rien abandonner des droits que son
époux avait acquis par la cession d'Amaury. Dès 1227
la guerre recommençait contre Raymond. Il fut vainqueur
à Castelsarrasin, mais la cruauté avec laquelle il traita
les vaincus ranima le feu de la croisade.
Accablé par
des forces supérieures, il consentit l'année suivante
à accepter la médiation de l'abbé de Grandselve et du
comte de Champagne, et se rendit à Meaux. Là fut conclu
le désastreux traité, ratifié Paris le jeudi saint,
12 avril 1229, au parvis Notre-Dame; Raymond promit
au roi, au légat, et aux prélats assemblés de poursuivre
à outrance les hérétiques, et pour ce qui concernait
ses États, on l'obligea de parler ainsi « Le roi,
me voulant prendre à merci, donnera en mariage ma fille
que je lui remettrai à l'un de ses frères; il me laissera
tout le diocèse de Toulouse; mais, après ma mort, Toulouse
et son diocèse appartiendront au frère du roi qui aura
épousé ma fille et à leurs enfants, à l'exclusion de
mes autres héritiers et si ma fille meurt sans postérité,
lesdites possessions appartiendront au roi et à ses
successeurs. Le roi me laissera l'Agénois, le Rouergue,
la partie de l'Albigeois qui est au nord du Tarn, et
le Quercy, sauf la ville de Cahors. Si je meurs sans
autres enfants nés d'un légitime mariage, tous ces pays
appartiendront à ma fille, qui épousera un des frères
du roi, et à leurs héritiers. Je cède au roi et à ses
hoirs à perpétuité tous mes autres pays et domaines
situés en deçà du Rhône dans le royaume de France ;
quant aux pays et domaines que j'ai au-delà du Rhône
dans le marquisat de Provence Venaissin, je les cède
à perpétuité à l'Église romaine entre les mains du légat.
Je détruirai à ras terre les murs de la ville de Toulouse
et comblerai ses fossés il en sera fait de même de trente
autres villes et châteaux. Pour l'exécution de ces articles
je remettrai aux mains du roi le Château-Narbonnais
et neuf autres forteresses, qu'il gardera dix ans durant.
» Quand il eut fait cette triste déclaration, accompagnée
d'une promesse de 10 000 marcs d'argent aux églises,
de 10 000 marcs d'argent au roi, Raymond fut admis dans
la cathédrale pour y recevoir l'absolution. « Ce
fut pitié, dit Puylaurens, que de voir un si grand homme,
lequel si longtemps avait résisté à tant et de si grandes
nations, conduit jusqu'à l'autel, nu en chemise, bras
découverts et pieds déchaux. » Avec Raymond VII
succomba la nationalité distincte des peuples du midi
de la France, cette nationalité qui se marquait par
une civilisation, une langue particulières différence
si bien sentie alors qu'elle fit désigner ces contrées
sous le nom de Languedoc. Nous n'avons point employé
jusqu'ici, pour ne point faire d'anachronismes, cette
dénomination, qui n'apparaît en effet, qu'au XIIIème
siècle. Quoique certains auteurs prétendent la faire
dériver de l'allemand land, Goth (pays des Goths), il
est incontestable que la véritable étymologie est langue
d'oc, c'est-à-dire langue où oui se dit oc, par opposition
aux pays de la langue d'oil, pays du nord de la France,
où oui s'écrivait alors oil.
Joinville a écrit,
on ne sait par quel caprice, langue torte. Cette nationalité
dissidente fut donc enveloppée dans la vaste unité catholique,
dont elle se séparait par des doctrines hétérodoxes,
et l'inquisition, introduite dans le pays, fut chargée
de l'y retenir ; puis, du même coup, dans l'unité française,
dont elle dut accepter les mœurs et le génie plus sévères.
La commune de bessières située
dans le Sud-Ouest de la France, dans le nord-est
du département de la Haute-Garonne, en région Occitanie.
Elle est située dans le nord-est de la Haute-Garonne
et de Toulouse, à la limite du département du Tarn.
Elle est d'ailleurs traversée par le Tarn. La ville
fait partie du pays traditionnel du Languedoc et
de la région historique de l'Occitanie. Sur le plan
historique et culturel, la commune fait partie du
Frontonnais, un pays entre Garonne et Tarn constitué
d'une succession de terrasses caillouteuses qui
ont donné naissance à de riches terroirs, réputés
pour leurs vins et leurs fruits.
Une des particularités
de cette localité, est d’avoir dans ses murs la
Confrérie Mondiale des Chevaliers de l’Omelette
Géante. Chaque Année, le lundi de Pâque, la Confrérie
prépare une omelette nécessitant environs plus de
6400 œufs dans un plat de 4 mètres de diamètre,
ce qui en fait la plus grande omelette du monde
! Celle-ci est ensuite distribuée gratuitement au
public présent sur place. Pour vous donnez une idée
des festivités prévues en 2013, voici le lien vers
le site Internet de cette confrérie.
Rien n'est plus triste que la
fin de la vie de Raymond VIl. Puissance déchue, humiliée,
étroitement surveillé, obligé de persécuter ses sujets
malgré ses secrètes sympathies, s'épuisant en efforts
inutiles pour faire réhabiliter la mémoire de son père,
réussissant à se réconcilier lui-même avec l'Église,
mais ne pouvant parvenir à son but caché, qui était
de prolonger au-delà de lui-même la ligne mâle de la
maison de Saint-Gilles, dans l'espoir qu'elle se relèverait
quelque jour, il voulait à tout prix avoir des fils,
et se rendit au concile dû Lyon pour faire casser son
mariage avec Marguerite de La Marche, il comptait épouser
Béatrix, héritière du comte de Provence; un plus puissant
la lui enleva. Son dessein était deviné et traversé
par des intrigues que la force appuyait. Sous le prétexte
d'un pèlerinage à Saint-Jacques de- Compostelle, il
se rendit en Espagne pour négocier une autre alliance
et ne réussit pas. Enfin, pour mieux paralyser ses efforts,
saint Louis lui envoya l'impérieuse invitation de le
suivre à la croisade de 1248, dorant du reste cette
dernière rigueur d'offres brillantes, lui promettant
le duché de Narbonne, 20 000 francs pour le voyage,
et le pape lui promettait aussi 2 000 marcs sterling.
Il mourut avant de partir pour cet exil, dont l'idée
seule, sans doute, lui donna le coup de la mort. Du
moins, avant de descendre au tombeau, le dernier des
Saint-Gilles voulut donner à ses sujets une preuve suprême
de sa tendresse, et protéger autant qu'il était en lui
leur avenir livré à des mains étrangères. Il fit un
testament où il confirmait les privilèges et coutumes
dont jouissaient les barons, chevaliers et autres vassaux,
les églises, les villes, les châteaux et les villages
de ses domaines, avec défense de leur causer aucun préjudice
touchant les tailles et autres impositions qu'ils lui
avaient accordées, non par devoir, mais de leur propre
volonté. La noblesse d'Aquitaine, qui devait dominer
pendant plusieurs siècles sur une grande partie du midi
de la France, relevait au XIème siècle de
deux suzerainetés principales, le duché d'Aquitaine
et le comté de Toulouse ; elle se divisait en deux groupes
très distincts, composés, le premier et le plus nombreux,
d'hommes de sang romain et de sang goth le second et
le moins fort, d'hommes de race tudesque. Les nobles
romains, héritiers des villas de leurs pères, transformées
depuis longtemps en châteaux, avaient réussi à conserver,
à travers les invasions, l'influence attachée au prestige
de la naissance et aux richesses c'étaient eux qui possédaient
la majeure partie du sol et des populations rurales.
Les nobles germains, au contraire, représentant ces
Francs violemment jetés dans le pays par les irruptions
de Pépin et de Charlemagne, n'avaient point relativement
des possessions territoriales aussi étendues, mais ils
occupaient les hauteurs du pouvoir. Les ducs, les comtes,
les vicomtes, les marquis, dernière expression de l'occupation
la plus récente et la plus tenace, étaient de race franque
partout, excepté en Gascogne ; La race romaine et la
race gothique, produit de la vieille conquête, fournissaient
les barons inférieurs et la plupart des évêques. Toutefois,
ces deux éléments hétérogènes, réunis sous la forte
pression de la féodalité, constituaient un seul corps,
mais qui n'avait de vie et de mouvement que ce que lui
en prêtaient les traditions de Rome. Celles-ci imprimaient
encore leur couleur néo-latine sur tous les faits sociaux.
Chaque seigneur, visant l'indépendance, pressurait ses
vassaux pour y parvenir, et leur arrachait incessamment
leur sang et leur argent. Outre les impôts transmis
avec fidélité par la tradition du fisc romain et que
les barons avaient hérités du roi et maintenus comme
la décime ou taille réelle, la scriptura ou droit de
pacage, les redevances de la douane ou tonlieu (teloneum),
une foule d'autres droits particuliers s'étaient établis,
selon les caprices et les besoins individuels des barons.
Les ducs et les comtes jouissaient premièrement du droit
des trésors qui leur attribuait l’entière propriété
de toute matière métallique trouvée dans leurs domaines.
Ils avaient ensuite le droit de naufrage ou de varech
Le droit d'établissement des foires et marchés
Le
droit de marque ou de représailles, dont les puissants
abusaient, quoiqu'il ne dût s'exercer, selon les jurisconsultes,
qu'après le jugement et contre la contumace.
Le droit
de chasse.
le droit de ressort ou d'évocation des
causes à leur tribunal.
Le droit de sauf-conduit
ou de guidage
Le droit des noces établi par Caligula.
Le droit de couronne consistant dans un cercle d'or
surmonté de roses d'or ou d'argent, qu'on offrait au
duc le jour de son sacre
Le droit de sceau pour les
chartes données.
Et enfin le droit de justice.
A ces droits purement féodaux se joignaient ceux que
les seigneurs imposaient aux marchands. Longtemps le
commerce avait été anéanti par les invasions des musulmans
et des Scandinaves ; lorsque nos côtes furent délivrées
de ces barbares visiteurs, une certaine activité commerciale
se réveilla, des navires furent construits dans nos
ports où se nouèrent des relations internationales;
mais cette sécurité relative n'existait point à l'intérieur.
Aussitôt que les marchands voulurent remonter les rivières,
s'ils n'eurent point à solder, comme jadis, le droit
d'entrée, le droit de salut, le droit de pont, le droit
de rive, le droit d'ancrage, le droit de déchargement
et le cespilaticum pour la place où l'on posait
les marchandises débarquées, il fallut qu'ils payassent
l'aubaine en passant sous les tours des seigneurs riverains,
le péage en s'arrêtant dans leurs ports, et tant d'oboles
par ballot en exposant leurs marchandises en vente dans
les foires qui appartenaient aux barons ou aux monastères.
Ceux qui voyageaient sur les routes n'étaient guère
plus heureux. A chaque pas, leurs lourds chariots étaient
forcés de s'arrêter devant des châteaux, des bastilles,
des haies qui devenaient comme autant de douanes, où
ils avaient à se libérer de quelques redevances, sans
quoi ils couraient risque d'être pillés. L'agriculture,
qui avait souffert plus encore que le commerce pendant
les invasions, n'était pas moins enchaînée dans son
développement; à peine si l'avidité féodale laissait
aux serfs ruraux le temps de défricher un sol où la
charrue à chaque sillon se heurtait à des ruines, à
des ossements, à des tronçons d'armes. Dès que le serf
avait semé, le seigneur était impatient de recueillir,
et il se faisait sa part avec tant d'injustice et d'inhumanité,
que le malheureux qui avait arrosé cette moisson de
ses sueurs périssait souvent de faim dans sa chaumière
vide, après avoir porté les gerbes dans les greniers
du donjon. Voici, sur ces déplorables abus, un témoignage
qui n'est pas suspect; c'est le fragment d'une lettre
écrite par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, à saint
Bernard de Clairvaux
« Personne n'ignore combien
les seigneurs séculiers oppriment la classe rurale et
les serfs; ces maîtres injustes ne se contentent pas
de la servitude ordinaire et acquise, mais ils s'arrogent
sans cesse les propriétés avec les personnes, et les
personnes avec les propriétés outre les redevances accoutumées,
ils leur enlèvent leurs biens trois ou quatre fois dans
l'année, et, aussi souvent que la fantaisie leur en
prend, ils les grèvent d'innombrables services, leur
imposent des charges cruelles et insupportables, et
ainsi les forcent presque toujours à abandonner leur
propre sol et à fuir dans les pays étrangers. »
Si l'on en croit les moines, le sort de leurs, serfs
était beaucoup plus doux. Hormis la liberté, ils possédaient
tout ce qui suffit à l'existence animale, la paix et
d'assez bons maîtres ; ceux-ci ne les vendaient jamais,
fidèles à la maxime chrétienne qu'un vil métal ne pouvait
payer l'être racheté par le sang du Messie. Ils ne leur
imposaient pas non plus de fardeau au-dessus de leurs
forces. Mais, bien que tempéré par l'influence des idées
évangéliques, cet esclavage n'était pas moins la consécration
du fait odieux de la propriété humaine, que la loi nouvelle
semblait avoir voulu détruire.
En 1298, Philippe
le Bel avait aboli la servitude de corps et de vasselage
dans la sénéchaussée de Toulouse ; mais cette ordonnance
n'avait jamais été reconnue, tant les vieux usages étaient
difficiles à déraciner. Les conditions sociales n'avaient
pas changé. Les hommes étaient toujours divisés en quatre
classes séparées complètement, et placés dans la vie
avec une inégalité monstrueuse. Aux derniers degrés
de la société, on trouvait toujours ce bétail servile
abruti par quinze siècles d'esclavage et qui ne concevait
pas d'autre existence que de naître, travailler et mourir
pour le seigneur. Ces malheureux formaient deux groupes,
on pourrait presque dire deux espèces, où la servitude
allait se graduant ainsi les serfs de corps appartenaient
au seigneur, qui pouvait les vendre, les donner, les
échanger contre tout objet mercantile, comme bon lui
semblait ; ils n'avaient de volonté et d'initiative
que la sienne.
Les serfs de corps et de glèbe étaient
les anciens mancipia de Rome, encore attachés au domaine
du seigneur et l'arrosant, de père en fils, de leurs
sueurs héréditaires.
Ils ne pouvaient faire un mouvement
ni les uns ni les autres sans se heurter au joug féodal.
S'ils tuaient une vache, le bailli venait chercher le
foie pour le seigneur ; s'ils voulaient couper leurs
raisins, il fallait apporter la première charge et la
plus belle au seigneur ; si le seigneur contractait
un emprunt, ils devenaient forcément ses cautions s'il
faisait la guerre, ils se battaient pour lui et à leurs
dépens ; s'il était pris, ils le rachetaient. Toutes
les fois qu'il l'exigeait, ils étaient tenus de le suivre
en armes. Toutes les fois que le désœuvrement le poussait
hors de son château, il avait le droit, lui et sa suite,
de disposer de leur logis, de leur pain, de leur vin,
de leurs volailles. Ce qui échappait à la rapacité du
seigneur, quand il n'était ni évêque, ni abbé, ni clerc,
l'Église venait le chercher sous forme de dîme. Les
serfs ne vivaient donc dans le labeur et l'angoisse
que pour que le clergé et la noblesse pussent vivre
dans le loisir et l'abondance; or les nobles et les
clercs leur enlevant tout, il ne leur restait que leur
dégradation morale et une affreuse pauvreté. Les masures
où croupissaient misérablement ces populations étiques
étaient chaque jour visitées par la fièvre, la famine
et la peste, tandis que, derrière les murs opulents
du château ou de l'abbaye, la santé animait de ses fraîches
couleurs les joues de la châtelaine et fleurissait l'embonpoint
vermeil de l'abbé.
Un philanthrope, couronné en 1771
par l'Académie d'Amiens, le docteur Maret, donnait,
dans un Mémoire d'une véracité non contestée, le résultat
de ses consciencieuses recherches sur l'état sanitaire
de ces temps néfastes : il y eut dix famines dans le
Xème siècle, vingt-six dans le XIème
deux dans le XIIIème. On déterrait les morts,
et l'on mit en vente de la chair humaine. Quant aux
épidémies, on compte treize pestes dans le Xème
siècle, vingt-quatre dans le XIème et deux
dans le XIIème
En face d'une pareille
existence, on comprend que la pensée de l'affranchissement
était le rêve passionné et incessant de toute intelligence
que la servitude et la misère n'avaient pas éteinte.
Ces affranchissements devinrent moins rares à l'époque
des croisades, alors que les nobles faisaient argent
de tout pour s'équiper et satisfaire au sentiment belliqueux
qui s'était emparé du monde chrétien. Le taux variait
selon le temps et le pays ; plusieurs documents du XIIème
siècle mentionnent le prix de 250 sols. Mais que de
restrictions à la liberté ainsi obtenue ! On en pourra
juger par quelques extraits des lois somptuaires établissant
la ligne de démarcation non pas entre les serfs et leurs
anciens seigneurs, mais entre les bourgeois enrichis
des municipes et les barons.
« Que nulle femme
en ses robes, ni en ses vêtements de laine, ni sur son
chaperon, disaient vers 1274 les consuls de Montauban,
ne porte orfroi, ni argent broché, ni aucune parure
d'or, d'argent, de perles, de soie, ni d'autres pierres
précieuses d'hermine, de loutre, de gris, ni aucun autre
ornement cousu ou brodé sur le drap, mais seulement
drap et bordures de peaux ou de sandal. Qu'elle ne porte
chaînes d'argent, ni fermoirs, ni agrafes et ne fasse
faire robe de sandal, de pourpre, de samit, de drap
d'or ou de soie. On autorise toutefois lesdites femmes
à porter sur leurs mantelets une tresse de soie fine
du prix de 5 sols tournois et des cordons également
de soie, mais sans or ni argent sur leurs robes. »
Tous les détails de la vie étaient réglés avec une tyrannie
aussi minutieuse « Que nulle dame ni autre femme
de la ville ou de son territoire ne fréquente sa voisine,
à moins qu'elle ne soit sa parente au second degré,
sa cousine germaine, celle de son mari, ou plus proche
encore, ou bien sa commère; et que ces fréquentations
ne puissent avoir lieu que le dimanche, et non un autre
jour de la semaine. Sont exceptées toutefois les baladines
et femmes de mauvaise vie. Une amende de 5 sols frappera
celles qui iraient à l'encontre. »
«Que nulle
dame ou autre femme ne s'avise d'inviter à des noces
ou à quelque sorte de festin que ce soit plus de quatre
personnes. Sont exceptées les baladines ou femmes de
mauvaise vie.»
« Que nul homme ni aucune femme
ne fasse ni ne présume faire invitation et repas, sous
prétexte de fiançailles et de noces, avant d'aller à
l'église. »
« Que nul homme ou aucune femme
n'aille courir les rues avec une fiancée. »
Les
consuls et magistrats municipaux avaient profité des
leçons de la féodalité; les amendes remplaçaient les
droits seigneuriaux.
Tout homme ou femme qui entrait
de jour dans le jardin, vigne ou pré d'un autre sans
sa permission, était puni d'une amende de 12 deniers.
Le même délit était taxé à 1 denier tournois pour une
bête grosse, et à une obole pour brebis, chèvres ou
chevreaux.
Les maraudeurs surpris la nuit dans les
vignes et jardins encouraient la peine de 20 sols d'amende,
et les marchands qui vendaient à faux poids celle de
60.
Les bouchers ne pouvaient mettre en vente que
de la viande bonne et saine au jugement des consuls.
Il ne leur était permis de gagner qu'un denier par sol,
sous peine de 60 sols d'amende et de punition corporelle
si la viande semblait mauvaise. Il était expressément
défendu de vendre un objet avant qu'il eût paru sur
la place publique.
Les testaments écrits ou faits
verbalement devant des témoins dignes de foi étaient
valables, pourvu que les enfants ne fussent pas fraudés,
bien qu'on n'eût pas suivi d'ailleurs les formes du
droit.
Si quelqu'un épousait une femme apportant
1 000 sols pour dot, le mari lui en assurait 500 à titre
de donation nuptiale. Si la femme mourait avant lui,
il conservait la jouissance de cette dot sa vie durant,
et la dot, après son décès, revenait aux héritiers de
la femme. Que si, au contraire, celle-ci survivait à
son mari, elle recouvrait sa dot. Cette législation,
équitable en apparence, entrainait malheureusement des
contestations fréquentes et coûteuses. Les paroles
grosses ou contumélieuses coûtaient à
ceux qui les avaient proférées 24 deniers : 12 pour
le délit, et 12 pour la criée de la peine.
On payait
pour avoir tiré malicieusement l'épée contre quelqu'un,
même sans le frapper, 20 sols d'amende, 30 sols s'il
était blessé et que le sang coulât, 60 s'il perdait
un membre, plus les dommages-intérêts.
L'homicide,
outre la peine capitale, entraînait la confiscation
de tous les biens du coupable.
Les adultères surpris
en flagrant délit et nus, par un ou deux consuls ou
par deux habitants dignes de foi, devaient courir nus
par la ville, ou payer 100 sols d'amende. Ne sommes-nous
pas tentés de voir aujourd'hui une cruelle ironie dans
la formule qui accompagnait ces réglementations :
« Tous ceux qui viennent demeurer dans la ville libre
sont libres »
Le nouveau comte de Toulouse, Alphonse,
ne se montra que rarement avec Jeanne, son épouse, dans
ses nouveaux États, qu'il gouverna la plupart du temps
du château de Vincennes. Tous deux moururent en 1271,
au retour de la croisade de Tunis. Philippe le Hardi,
leur héritier, réunit le Languedoc à la couronne de
France. Aux deux sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne
créées par saint Louis Philippe en ajouta quatre pour
le Toulousain, la Provence, le Rouergue et le Quercy.
L'administration royale, en prenant possession du Languedoc,
trouva encore ce pays dans une situation prospère. Les
juifs y' avaient toujours joui d'une protection souvent
condamnée par l'Église, mais très favorable au commerce.
La bourgeoisie y était riche, puissante et presque l'égale
de la noblesse. Elle se réunissait souvent en assemblées
qui furent le germe des états de Languedoc, plus tard
si utiles à la province.
On en fait remonter la première
origine au Xème siècle. On cite une assemblée
des principaux Toulousains (optimatès Tolosæ),
convoquée en 1114 par Louis le Gros, puis celle que
Simon de Montfort réunit à Pamiers en 1212.
Louis
IX régla le mode des assemblées pour la sénéchaussée
de Beaucaire en 1269 et 1271, on en voit à Carcassonne
et à Béziers, où la noblesse et le clergé se réunissent
avec les bourgeois représentés par deux consuls de chacune
des principales villes.
Enfin, en 1303 ; Philippe
le Bel vient à Toulouse réunir toutes ces assemblées
particulières en véritables états généraux de la province.
Le tiers état envoyait deux députés élus par chaque
ville de trois cents feux et au-dessus. L'archevêque
d'Auch présida la première assemblée plus tard en 1630,
l'archevêque de Narbonne fut président de droit comme
primat du Languedoc.
Ces états, qui d'abord n'eurent
pas de lieu de réunion déterminé, adoptèrent par la
suite Montpellier. Leur principal objet était le vote
des impôts, dont la répartition se faisait ensuite par
les assemblées de diocèse appelées pour cette raison
assiettes.
Quoiqu'il eût fort à souffrir de l'invasion
du prince de Galles en 1366, des ravages des grandes
compagnies et de l'administration désastreuse des ducs
d'Anjou et de Berry, frères de Charles V, le Languedoc
fut cependant moins malheureux au XIVème
siècle que le nord de la France. Il jouit ensuite du
repos jusqu'à l'époque des guerres de religion. Il eut
alors pour gouverneur Henri de Montmorency Damville,
qui jusqu'après la Saint-Barthélemy se montra l'adversaire
acharné et implacable des protestants.
Trahi alors
par la cour qu'il servait si bien, il transigea avec
les calvinistes, se fit le chef du tiers parti, et acquit
dans la province une influence considérable. En 1579,
il se rapprocha de la cour, qui le nomma maréchal, et
combattit pour son prédécesseur Joyeuse, devenu le chef
de la Ligue dans le Midi. Vingt ans après, il se rallia
à Henri IV, qui le nomma connétable, et Joyeuse ayant
fait aussi sa soumission, la province jouit en paix
des résultats de l'édit de Nantes. Cette paix fut troublée
sous Louis XIII par les tentatives du duc de Rohan en
1621, puis, en 1632, par celle de Henri Il de Montmorency,
qui, profitant de l'ascendant dont il jouissait par
sa famille et par son titre de gouverneur dans le Languedoc,
prétendit le faire soulever, et fut lui-même vaincu
à Castelnaudary et mis à mort.
Richelieu supprima
dans cette province les gouverneurs militaires trop
dangereux, et mit à la place des intendants. Deux généralités
furent établies celle du haut Languedoc à Toulouse,
celle du bas Languedoc à Montpellier. Louis XIV rétablit
ce gouvernement, mais le divisa en trois lieutenances
générales. Sauf la révolte des camisards et les terribles
exécutions ordonnées par Louis XIV, et qui troublèrent
moins le Languedoc tout entier que les Cévennes et le
pays de Nîmes.
le Languedoc n'éprouva plus, d'autres
secousses au XVIIème siècle, et le magnifique
canal creusé par Riquet dota la province de nouveaux
débouchés en faisant communiquer les deux mers étonnées,
pour employer le langage de Boileau.
Les grottes de Gargas, ainsi appelées du nom d'un seigneur féodal qui les avait transformées en prison, où il faisait mourir ses ennemis. Des crimes plus affreux encore ont donné, au siècle dernier, une nouvelle célébrité à ces grottes. Un maçon, Blaise Ferrage, homme d'une petite taille, mais d'une force herculéenne, s'était choisi, à la manière des bêtes fauves, un repaire dans ces grottes. Il enlevait les femmes et les filles des environs, et souvent tuait à coups de fusil celles qui fuyaient. La mort même ne les mettait pas à l'abri de sa brutalité et de sa fureur. Ce monstre les coupait ensuite par morceaux et les dévorait. Il marchait toujours armé d'une ceinture de pistolets, d'un fusil à deux coups et d'un poignard. Déjà plus de trente malheureuses femmes avaient été victimes de ce cannibale lorsqu'on parvint à l'arrêter. Il fut condamné à mort par le parlement de Toulouse et exécuté le 13 décembre 1782.
Néanmoins les guerres interminables
et les impôts accablants l'avaient réduite à la misère
quand mourut Louis XIV.
Ce fut particulièrement par
les soins intelligents des états de Languedoc que cette
belle province se releva au XVIIIème siècle.
On vit peu d'états provinciaux dans ce siècle, comme
dans le précédent, aussi éclairés, aussi habiles à stimuler
l'industrie et le commerce par des encouragements sagement
distribués. Ils ne faisaient que se rendre justice lorsque,
en 1780, dans un mémoire présenté au roi, répondant
aux reproches faits à leur administration, ils disaient
que, si les provinces voisines de la capitale profitaient
des progrès qui s'y faisaient et des connaissances qui
s'y développaient, il n'en était pas de même des provinces
éloignées, auxquelles Paris « ne rend pas ce qu'il
en reçoit » que ces provinces étaient obligées,
par conséquent, « de trouver en elles-mêmes leur
force et leur appui » et qu'enfin c'était aux encouragements
des états que le Languedoc devait son beau commerce
des draps du Levant, « enlevé à l'industrie anglaise,
et qui ne connaît plus d'ennemis que les gênes intérieures
qu'on lui oppose, » ses nombreuses, plantations
de mûriers « dans un pays où il a fallu leur former
un terrain et porter à bras d'hommes sur des pics escarpés
le sol sur lequel ils devaient naître; » ses filatures
de laine, de soie, de coton, ses belles teintures rouges,
l'exploitation de ses mines de charbon de terre,«
que la rareté du bois rend si précieux, » l'emploi
de ce minéral aux verreries, aux eaux-de-vie, aux huiles
« et bientôt à la fabrication du fer, si les succès
répondent aux espérances, » etc. « Aussi oseront-ils
dire à Sa Majesté que le moment de leur assemblée offre
un spectacle intéressant par l'empressement avec lequel
chaque citoyen vient leur faire part de ses découvertes
et de ses projets. Il n'y a presque point d'année où
quelque chose d'utile ne soit proposé. »
II
faut ajouter toutefois qu'à la fin de leur existence
à l'époque de la Révolution, les états de Languedoc,
dominés par le clergé, changèrent de caractère, et on
les accusa de dégénérer en théocratie. Au reste, ils
disparurent alors avec toutes les anciennes institutions.
Le Languedoc fut alors partagé en huit départements
Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Aude, Hérault,
Gard, Lozère, Ardèche. Pendant la Révolution, le département
de la Haute-Garonne n'eut heureusement que peu de désordres
à déplorer ; Toulouse, comme toutes les grandes villes
de France, paya néanmoins sa dette de sang à la Terreur
; plus tard vinrent les campagnes d'Espagne, qui donnèrent
une certaine animation aux diverses industries d'approvisionnement
du pays. En 1814, l'armée anglaise vint sous les murs
de Toulouse se heurter contre les légions aguerries
du maréchal Soult, duc de Dalmatie. Après la désastreuse
journée de Waterloo, le général Hamel qui, pendant les
Cent jours, chargé du commandement militaire avait rempli
ses fonctions avec une grande sagesse, ne put trouver
grâce devant le fanatisme politique de quelques Toulousains.
Les verdets, tel était le nom que prirent les plus exaltés
royalistes, excitèrent cette populace que l'on rencontre
dans toutes les grandes villes, et dont les mauvaises
passions sont toujours si faciles à émouvoir ; elle
se porta menaçante et exaltée, en traînée par une furieuse
farandole jusque sous les fenêtres de l'hôtel habité
par l'infortuné général, qui fut impitoyablement massacré.
Cependant la Restauration et la monarchie de Juillet
furent des époques de calme et de prospérité pour les
habitants de la Haute-Garonne, que vint seulement émouvoir
un instant la révolution de 1848.
Depuis, ces jours
d'une heureuse activité que l'on consacre entièrement
aux travaux de l'agriculture et de l'industrie sont
revenus, et ces derniers ont reçu une nouvelle impulsion
de la ligne du chemin de fer qui, rivalisant avec le
canal du Midi, contribue aujourd'hui à l'échange des
produits commerciaux des deux mers contre ceux des Pyrénées.
Dès la moitié du IIIème
siècle av. J.-C., bien avant l'installation romaine,
le Languedoc occidental est occupé par une confédération
de peuples gaulois, les Volsques Tectosages, parmi lesquels
un peuple, celui des Tolosates, occupe les environs
de Toulouse. Au IIème siècle av. J.-C., une
vaste agglomération, Tolosa, est constituée et devient
le siège de la capitale des Volques Tectosages. Les
Tolosates entretiennent des liens commerciaux avec l'Espagne
et l'Italie et le reste de la Gaule par l'échange de
vin, de blé et de métaux.
D'abord alliés de Rome,
les Volsques Tectosages se révoltent et sont défaits
par les Romains en 107 av. J.-C., et Toulouse (Tolosa
en latin) devient romaine. La ville protohistorique
est alors un important centre administratif et militaire
de la province Narbonnaise. Sous Auguste, vers la fin
du Ier siècle av. J.-C., une ville nouvelle
est établie à l'emplacement du centre historique actuel
de Toulouse. Les Gallo-Romains, comme en d'autres grandes
villes, édifient des aqueducs ainsi que de nombreux
bâtiments maintenant détruits pour un grand nombre d'entre
eux : un théâtre, un amphithéâtre de 14 000 places encore
visible dans le quartier Purpan-Ancely, des thermes
et plusieurs temples. Dès l'an 30, ils entourent la
ville d'un grand mur d'enceinte fait de briques dont
des pans sont encore debout de nos jours. En 250, Toulouse
est marquée par le supplice de Saturnin de Toulouse
qui deviendra saint-Sernin.
Cet épisode marque l'apparition
d'un culte minoritaire dans le Haut-Empire. Le IIIème
siècle et IVème siècle est prospère et la
ville grandit. La première basilique Saint-Sernin est
construite en 403 avec l'essor du christianisme dans
la région. La brique est largement utilisée comme matériau
de construction. En 413, les Wisigoths envahissent la
ville et choisissent Toulouse comme capitale de leur
royaume. Ayant une culture et une religion différente,
les Gallo-romains et les Wisigoths se côtoient à Toulouse
sans se mélanger jusqu'en 508 lorsque Clovis prend la
ville, après avoir vaincu les Wisigoths à la bataille
de Vouillé. Les Francs ne restent cependant pas à Toulouse
et la ville, maintenant coupée de la Méditerranée, perd
de son influence. Elle sert surtout de place-forte face
à la Septimanie à l'est et la péninsule ibérique au
sud, détenus par les Wisigoths. Elle reprend néanmoins
son indépendance pour former en 629 l'éphémère Royaume
de Toulouse puis devient aux VIIème et VIIIème
siècles la capitale d'un grand duché dont les frontières
vont des Pyrénées à la Loire, et de Rodez à l'Océan.
En 721, la ville est assiégée par l'armée arabe, qui
est finalement défaite lors de la bataille de Toulouse
le 9 juin 721, signant la fin de sa progression vers
le nord. Au Moyen Âge, la ville reste longtemps indépendante.
Les comtes de Toulouse étendent leur domaine sur la
plus grande partie du Midi de la France.
Le christianisme
s'impose à Toulouse et de nombreuses églises sont construites.
En 1096, le pape Urbain II se
rend à Toulouse pour consacrer la basilique Saint-Sernin.
La cathédrale Saint-Étienne est édifiée au XIIIème
siècle. En 1152, un conseil commun de la Cité et des
Faubourgs est mis en place par le comte. C'est le «
capitoulat » formé de douze capitouls qui assurent dans
un premier temps un rôle judiciaire. Puis ils acquièrent
du pouvoir en rendant des ordonnances, percevant des
taxes, levant une milice et assurant l'ordre et la justice
dans la ville. En 1190, ils acquièrent une maison commune
contre les remparts à proximité de la porte nord, qui
deviendra le Capitole, aujourd'hui symbole de la ville.
Cette période permet l'instauration de nombreuses libertés
municipales. À la suite de la révolte du 6 janvier 1189,
le Comte ne conserve plus que le pouvoir de battre la
monnaie, et de lever des troupes en cas de menace extérieure.
À la même époque, le catharisme se développe et provoque
en 1209, le lancement de la croisade des Albigeois.
Malgré une victoire occitane, qui se dessina après bien
des vicissitudes, celle-ci ruine le comté de Toulouse
et provoque sa chute avec la signature du traité de
Paris le 12 avril 1229. L'université de Toulouse est
fondée la même année. En 1271, le comté est intégré
au domaine royal français et devient le Languedoc. C'est
précisément pour contrer l'influence de "l'hérésie cathare",
particulièrement vive dans la région, que Dominique
de Guzmán fonde à Toulouse, en 1215, l'Ordre des frères
prêcheurs (aussi appelés Dominicains). En 1365, le pape
Urbain V attribue aux dominicains de Toulouse les reliques
du philosophe et théologien saint Thomas d'Aquin, dominicain
célèbre, vraisemblablement pour dédommager la ville
qui fut le berceau de l'ordre de n'avoir pu obtenir
celles de saint Dominique lui-même.
Au XIVème siècle,
la ville prospère grâce au commerce et devient la quatrième
ville du royaume de France. Mais, en 1348, la ville
est touchée par la peste noire qui reviendra en 1361
puis au XVème siècle. Elle doit aussi assurer
l'effort de la guerre de Cent Ans et subir le brigandage.
Les faubourgs sont détruits et la ville se replie derrière
ses fortifications.
Durant la Renaissance, de la
fin du XVème siècle au XVIème
siècle, Toulouse connait une période de grande prospérité,
grâce à l'industrie du pastel. C'est l'époque de construction
de grands hôtels particuliers comme l'hôtel de Bernuy
ou l'hôtel d'Assézat. La ville prospère et s'agrandit
malgré le Grand incendie de Toulouse du 7 mai 1463 qui
détruit les trois quarts de la cité et ruine plusieurs
églises, couvents et autres édifices publics. Le 23
décembre 1468, par ses lettres patentes, le roi Louis
XI ordonne le rétablissement du Parlement et de la Cour
des aides à Toulouse, transférés auparavant à Montpellier.
Toulouse est la quatrième ville de France à accueillir
l'imprimerie, en 1476. En 1560, les protestants et les
catholiques s'affrontent dans de sanglants combats.
Au XVIIème siècle, le catholicisme triomphe.
Les églises sont très fréquentées et de nombreux couvents
s'installent en ville. Le parti pro catholique s'oppose
au pouvoir central, en particulier lors de la révolte
du gouverneur du Languedoc Henri II de Montmorency exécuté
en 1632 place du Capitole. Deux symboles de la ville,
le Pont-Neuf et le canal du Midi, sont réalisés respectivement
en 1632 et en 1682.
Lucilio Vanini, dit Giulio
Cesare Vanini, né en 1585 à Taurisano dans la Terre
d'Otrante, et exécuté à Toulouse le 9 février 1619,
est un philosophe et naturaliste italien, proche
du courant libertin.
Au mois de Novembre
de l'an passé, fût arrêté en la ville de Toulouse,
un italien philosophe et grandement docte qui allait
montrer par les logis aux enfants de maison qui
désiraient savoir parfaitement philosophie. Il soutenait
et enseignait que nos corps étaient sans âme, et
que mourants, tout était mort pour nous, ainsi que
les bêtes, que la Vierge (O blasphème exécrable
!) avait eu connaissance charnelle comme les autres
femmes et autres mots bien plus scandaleux, du tout
indignes d'écrire ni de réciter. Par son éloquence,
il glissait tellement sa pernicieuse opinion dans
l'entendement de ses auditeurs, qu'ils commencèrent
à balancer en la croyance de cette fausse doctrine;
ce qu'est advenu à la connaissance du Parlement,
il décréta contre ce nouveau Ministre; et étant
pris et interrogé, il soutint ses instructions véritables.
Sur quoi son procès lui fut fait, et l'arrêt
donné, portant condamnation de faire amende honorable,
nu en chemise, la torche au poing, et traîné sur
une claye, la langue coupée et brûlé vif, ce qui
fut exécuté au commencement de février, au lieu
appelé Place du Salin. Il mourut avec autant de
constance, de patience et de volonté qu'aucun autre
homme que l'on ait vu; car sortant de la Conciergerie
comme joyeux et allègre, il prononça ces mots en
italien : allons, allons allégrement, mourir en
philosophe, mais bien plus pour montrer sa constance
en la mort qu'un désespoir en l'âme, lorsqu'on lui
dit qu'il criât Merci à Dieu, il dit ces mots en
la présence de mille personnes :
« Il n'y
a ni Dieu, ni Diable, car s'il y avait un Dieu,
je le prierai de lancer un Foudre sur le Parlement
comme du tout injuste et inique, et s'il y avait
un Diable, je le prierai aussi de l'engloutir aux
lieux souterrains, mais parce qu'il n'y a ni l'un
ni l'autre, je ne ferai rien. »
Un article du Mercure Français de 1619
Le Capitole est reconstruit, quant à lui, au XVIIIème siècle. Toulouse entre dans la Révolution sans grand heurt. Seuls quelques pillages et quelques attaques de châteaux se produisent, le pouvoir du Parlement est respecté car il fait vivre la ville. Des conflits éclatent lorsque la suppression des provinces et des Parlements et la réforme ecclésiastique sont déclarées en 1790 et 1791. La ville est privée de son rang de capitale régionale et devient le chef-lieu de la Haute-Garonne. Les jacobins parviennent à la maintenir hors de la révolte fédéraliste (ce qui est déterminant pour éviter la jonction entre l'Ouest et le Sud Est). De même, en 1799, les républicains parviennent à faire échouer une révolte populaire dont le motif principal est le refus du service militaire obligatoire et le rejet de la politique répressive du Directoire vis-à-vis des prêtres.
Cette ville, la clef des
Pyrénées, d'abord appelée Le Maas ou Le Maas-Saint-Pierre,
n'a reçu que plus tard le nom qu'elle porte aujourd'hui,
si toutefois on s'en rapporte à une légende dont
voici la substance.
Gaudentius ou Gaudens, enfant
de douze ans, gardait les oies sur le bord de la
Garonne ; les Sarrasins arrivèrent et lui dirent
« Veux-tu être des nôtres et embrasser notre religion
? » L'enfant répondit qu'il voulait auparavant consulter
sa mère. On le laissa aller. « Garde-toi, lui dit
sa mère, d'écouter les paroles de ces mécréants,
et surtout d'abandonner la religion de ton père.
» L'enfant revient naïvement auprès des Sarrasins
et leur déclare qu'il ne changera point de religion.
Là-dessus le général ennemi tire son cimeterre et
lui fait voler la tête. Mais lui, sans s'embarrasser
de si peu, la ramasse, et, la tenant dans ses mains,
court au plus vite vers l'église ; il y alla avec
une telle promptitude qu'Abd-el-Rahman, qui le poursuivait
à cheval n'arriva juste qu'après qu'il en eut fermé
la porte, et le fer du cheval heurtant le bois y
demeura enfoncé. On montre encore aujourd'hui une
pierre qui en porte, dit-on, l'empreinte, et l'on
conserve en commémoration un fer à cheval sur le
grand portail de l'église. La réputation du martyr
fit celle de la ville aussi les premiers évêques
de Comminges y fixèrent-ils leur résidence.
Dans l'antiquité, une voie romaine reliant Toulouse à Dax passe à proximité du site actuel de la ville, où se trouve un domaine rural appelé Mansus. Le nom change lors de la christianisation, et devient Mas-Saint-Pierre. En 475 le lieu accueille la sépulture d'un martyr : Gaudens, jeune garçon décapité par les Wisigoths. Une communauté religieuse se crée alors en son nom. Une église et un monastère sont construits vers le VIIIème siècle, les religieux suivant les règles de vie de saint Chrodegang. Le bourg prend son nom actuel au IXème siècle, en raison du culte qui s'est développé autour du martyr, et au moment où ses reliques sont déposées en l'église du Mas-Saint-Pierre. Au XIème siècle, la communauté religieuse se donne le statut de chapitre collégial. L'église est reconstruite à cette époque, en s'inspirant de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse et elle devient une collégiale. En 1160, l'hôpital des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem est créé. Une charte de coutumes est accordée par Bernard IV, comte de Comminges aux habitants en 1202 (elle sera confirmée en 1345). En 1212 puis en 1216, la ville accueille les croisés de Simon IV de Montfort. Le XIIIème siècle est une période où la cité devient une place marchande. L'absence de fortifications se fait sentir et des défenses sont érigées (sous la forme de murailles et de fossés, avec deux portes). Le pape Clément V, ancien évêque du Comminges, rend visite à la ville le 13 janvier 1309 et reconnaît dans une bulle du 20 janvier le caractère authentique des reliques, tout en accordant de nombreuses indulgences pour encourager les pèlerinages au sanctuaire. Le XIVème et le XVème siècle sont marqués par une crise économique assez profonde en raison de guerres (guerre civile, guerre étrangère). La ville subit ensuite les outrages dus aux guerres de religion, malgré les travaux entrepris pour compléter ses défenses au XVIème siècle (une seconde enceinte munie de cinq portes est construite suite à la croissance des faubourgs hors les murs) : le 2 aout 1569, la ville est prise par les huguenots menés par le comte de Montgommery. Les archives de la ville sont incendiées, l'église et le marché sont saccagés et pillés. Une partie des reliques est cependant sauvée en étant mise à l'abri dans une église voisine. L'arrivée du maréchal de Matignon permet aux catholiques de reprendre la ville peu après. Saint-Gaudens est annexée à la France en 1607 par Henri IV. Le 30 août 1661, les reliques du saint reprennent leur place initiale à la collégiale.
C'est à Muret, le 12 septembre 1213, qu'eu une bataille où Pierre II d'Aragon mourut. Cette défaite des troupes occitano-aragonaises annonça l'annexion du Languedoc à la couronne de France et la fin du catharisme.
C'est sur le territoire de cette
commune de la Haute Garonne, dans le Comminges qu'est
située l'une des plus vaste villa Romaine de la Gaule
Aquitaine. Construite au environs du IIème
siècle, elle occupe une surface de 18 ha et comporte
plus de 200 pièces. Composé d'une cour d'honneur en
hémicycle bordée d'un portique, avec un sanctuaire de
tradition gauloise et une grande cour intérieur de 600
m² entourée d'un péristyle, sur laquelle s'ouvrent les
pièces de réception. Une troisième cour donne accès
aux appartements privés. Des termes complète l'ensemble.
Le domaine qui contrôlait plusieurs milliers d'hectares
employait plus de 500 ouvriers et esclaves. Cette ensemble
exceptionnel a été construit pendant la Pax Romana
et a été occupé jusqu'au VIème siècle.
Ses dimensions et son luxe illustrent la prospérité
économique exceptionnelle que connut le Sud-Ouest de
la Gaule entre le IVème et le VIème
siècle.
La fille de Marcellus, cinquième roi de Toulouse, nommée Austris était pleine de douceur, de modestie et de bonté. « Dieu ne voulut pas qu'une créature aussi vertueuse embrassât le culte païen, aussi lui envoya-t-il une lèpre hideuse ». Cachant sa maladie, Austris se tourna vers l'enseignement des saints Saturnin, Martial et Antonin d'Apamée. Baptisée, elle guérit, mais cacha aussi sa guérison. Son père lui fit construire au quartier dit la Peyralade, un magnifique palais dont une salle, dite bains de la reine, était directement approvisionnée en eau par un aqueduc. Le roi Marcellus capta une source dans l'actuel quartier Saint-Cyprien, puis fit bâtir un aqueduc pour amener ses eaux jusqu'à son palais. Une légende raconte qu'Astie possédait une quenouille merveilleuse qui ne s'épuisait jamais et qui lui permettait de filer sans cesse. Pour terminer citons cette phrase de Rabelais qui décrivant des adversaires aux pieds large écrit : « et estoient largement pattez, comme sont des Oyes, et comme jadis à Tholose les portoit la royne Pedaucque »
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