Ce département est formé d'une partie de la ci-devant
Franche-Comté, et tire son nom d'une longue chaîné de montagnes calcaires
parallèles aux Alpes, qui a conservé le nom de Jura depuis les Gaulois,
et qui s'étend depuis l'extrémité méridionale du département de l'Ain
jusque beaucoup au delà du département du Haut-Rhin. Ses limites sont:
au nord, le département de la Haute-Saône; au nord-est, celui du Doubs;
à l'est, la Suisse et le mont Jura ; au sud, le département de l'Ain
; et à l'ouest, ceux-de Saône-et-Loire et de la Côte-d'Or.
Le territoire
du département du Jura est entrecoupé de montagnes, de plaines et de
marais; aussi les productions y sont-elles différentes en raison de
là nature du sol. Les deux tiers de sou étendue se trouvent dans la
partie des Alpes qui porte le nom de Jura, dont les plus hautes sommités
sont le Reculet, là Dôle et le mont Poupet. Le sol semble être naturellement
divisé dans toute sa longueur en trois zones très-distinctes : la première
commence à l'ouest et se nomme la basse plaine; elle aenviron12 kilomètres
de largeur et aboutit à la seconde zone, celle du premier degré des
montagnes, qui s'élève subitement comme un mur, et forme un plateau
d'à peu près 16 kilomètres de large ; enfin la haute montagne, qui n'est
qu'une série sans fin de cimes très-élevées et de vallées très creuses,
forme à l'est la troisième zone, à peu près aussi large que les deux
premières. En général le sol du Jura est argileux, composé de lits alternatifs
de terre et de galets en plaine, de poudingues très nombreux sur la
côte, et d'un rocher solide et plein de fossiles dans toutes les montagnes.
Sa surface, calcaire et marneuse, est facile à labourer et assez productif
; les récoltes, quoique abondantes dans les plaines, suffisent à peine
à la consommation des habitants du département : les montagnes ne produisent
que des menus grains ; mais elles sont riches en pâturages, el l'on
y nourrit, en été, beaucoup de gros bétail et des chevaux excellents.
Pendant cette saison, des chalets, construits sur les hauteurs, servent
d'habitations aux bergers, et d'étables aux bêles à cornes ; on y fait
du beurre et des fromages, que l'on exporte dans plusieurs départements.
Au commencement d'octobre, les bergers redescendent avec leurs troupeaux
dans les régions inférieures ; car les vents impétueux qui règnent dans
les contrées élevées y rendent l'hiver rigoureux. C'est sur les plus
hautes cimes de ces montagnes qu'on trouve les plantes qui s'emploient
en vulnéraire ou thé suisse dont il se fait une assez grande consommation.
Les habitations du premier degré des montagnes sont solidement bâties,
mais peu élevées: écurie , grange , habitation des hommes et fenil,
tout se communique, tout est sous le même toit, dans la même enceinte
; c'est une sorte de pavillon carré fort aplati ; les murs sont en pierres
et chaux; le toit, couvert en gros tavaillons, et semé de pierres éparses
nécessaires pour leur donner la résistance aux vents, n'offre pas plus
d'élégance, et peut-être n'a-t-il pas plus de solidité qu'un toit couvert
en chaume.
Tous les animaux logent dans la même étable : elle est,
comme dans toutes les montagnes, planchéiée en dessus et en dessous.
Cette précaution est nécessaire pour deux motifs, l'excès du froid l'hiver;
et là nécessité de tenir propres les animaux, auxquels on ne fait aucune
litière; le plancher est assez déjoint pour que l'urine puisse: s'écouler.
Cette étable traverse le bâtiment d'un mur à l'autre ; c'est une espèce
de halle, où les animaux sont rangés sur la longueur, placés sur deux
rangs, le derrière vers là muraille et la tête vers le milieu; ils sont
liés à des crèches qui règnent aussi dans toute la longueur, parallèlement
aux-murs.
Les habitants du Jura sont, en général, froids et posés, sans être pour cela nonchalants. Leurs passions sont peu impétueuses, ou plutôt ils trouvent en eux-mêmes la force de les modérer. Ils montrent de l'esprit, de la prudence et une grande perspicacité ils sont bons et hospitaliers, religieux sans fanatisme et tolérants sans ostentation. Ils ont un goût prononcé pour les agréments de la société, la vie douce et les plaisirs tranquilles. Les femmes, plus occupées des soins du ménage que du désir de briller, sont pour la plupart douces, aimantes et spirituelles ; les hommes ont une haute opinion de la dignité humaine et croient surtout à la supériorité du sexe masculin. Sans avoir la passion des armes, ils font d'excellents soldats ; leur caractère réfléchi n'exclut pas les actes de la plus audacieuse bravoure; leur taille est généralement au-dessus de la moyenne et leur constitution vigoureuse et saine.
Cette description de l'étable, laisse assez entrevoir quel; doit être, à peu près; le logement des hommes : c'est pour ainsi, dire, une espèce de cheminée carrée de 3à 4 mètres sur chaque face ; un grand nombre de personnes se rangent aisément autour des brasiers, et la fumée s'élève perpendiculairement par le large tuyau-qui est au-dessus ; le plafond n'est élevé au dessus du sol que de 2,40 mètres 38. C'est au milieu de ce plafond qu'est pratiqué le tuyau de cheminée, qui toute l'année sert de fenêtre, et qui dans les hivers excessivement neigeux sert de porte. Ce tuyau, traverse le grenier et s'élève à 0,70 mètre. seulement au-dessus du toit ; le haut se termine en forme de triangle sur deux faces, et se trouve à moitié couvert d'une espèce de trappe qui est portée par un axe traversant la cheminée dans sa largeur, et reposant sur le sommet des deux triangles opposés. Cette trappe est un carré long que sou axe partage dans le milieu, et chacune de ses parties peut couvrir un des côtés de la cheminée ; elle conserve sur son axe le mouvement de bascule, et sa destination est de fermer la cheminée au vent, à la neige, à la grêle, qui s'introduiraient si aisément par sa large ouverture. Au moyen d'une perche accrochée à la trappe, et qui descend dans l'appartement, on donne à la bascule le mouvement que l'on veut, et toujours on ferme le côté de la cheminée par où le vent souffle; l'autre côté, qui se trouve ouvert donne entrée à la lumière.
Dans les hivers très abondants en neige, l'habitation en est quelquefois enveloppée jusqu'au-dessus du toit ; c'est alors par la cheminée qu'à l'aide d'une petite échelle on pénètre à l'extérieur. A côté de l'appartement où est la cheminée se trouve une mauvaise chambre où sont deux grabats, l'un pour les père et mère, et l'autre pour les filles ; quant aux garçons, ils n'ont d'autre lit que le grenier à fourrage. Les chalets sont des habitations bâties fort solidement, qui ont la forme des maisons décrites ci-dessus, mais beaucoup moins de hauteur; elles ont, dans l'intérieur, une division pour les hommes, et c'est là que sont préparés les fromages ; une autre division pour y placer les fromages faits ; le reste n'est qu'une étable. Cette maison est à peu près au centre d'une étendue de trois ou quatre cents arpents, qui est cernée d'un petit mur en pierres sèches, où les vaches paissent et dorment en liberté. Les femmes n'habitent jamais à l'extrême hauteur où sont construites ces habitations ; les hommes eux-mêmes n'y sauraient habiter l'hiver : ils n’y passent pas quatre mois, depuis le; 1er juin jusqu'au 9 octobre. Il y a ordinairement un berger pour quinze ou vingt vaches et un faiseur de fromages pour, quatre-vingts' vaches. Les bergers n'ont que le soin: de garder et de traire les vaches; les fruitiers cuisent et salent les fromages. Les vaches ne couchent jamais dans l’étable ; elles y entrent d'elles mêmes pour se faire traire, attendant leur tour, et en suite elles retournent vaquer dans la vaste enceinte soumise nuit et jour à leur domination. Le jour de la St-Denis est l'époque très fixe du retour des vaches dans le pays bas,' et c'est un spectacle intéressant de là localité et chaque berger ploie sa garde-robe, qui n'est pas volumineuse, et l'attaché entre les cornés des vaches les plus distinguées. Mais, comme toutes les vaches ne sont pas du même village le berger ne suit que celles du sien, les autres descendent; seules, une conductrice générale en: tête, se dirigent vers leur propre village, et chacune va d'elle-même se rendre à la maison du maître auquel elle appartient.
Note : ce site
officiel du ministère de la culture vous
donne toutes les informations relatives
à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine
de chaque commune d'un département
Superficie : 4 999 km²
Population:
261 534 (2009)
Densité : 52 hab./km²
Nb de communes : 544
Le mot Jura vient du bas-latin
(ou latin tardif) juria et signifie « forêt » ou
« forêt sauvage » ou « forêt de montagne » (du celtique
joris).
Le département du Jura est un des trois
départements formés en 1790 avec la Franche-Comté,
il occupe la partie sud-ouest du territoire de cette
ancienne province. Les Romains le trouvèrent habité
par les Séquanais. Nous avons déjà raconté la lutte
et les rivalités de ce peuple avec les Éduens, l'intervention
et la conquête romaine, l'invasion et l'établissement
des Burgundes nous ne recommencerons donc pas ici
l'histoire détaillée de cette première période.
Nous renvoyons nos lecteurs à nos notices du Doubs
et de la Côte-d'Or, que nous allons seulement essayer
de compléter en nous attachant plus particulièrement
aux épisodes ressortant des annales du Jura ou intéressant
la nationalité franc-comtoise.
Les deux capitales
des Séquanais étaient deux villes de la Franche-Comté
Dôle d'abord, puis Vesuntio (Besançon) fondée par
les Romains. L'invasion et le triomphe des Burgondes
réunirent sous une même dénomination et en un seul
royaume la Bourgogne et la Franche-Comté. C'est
pendant le règne des monarques de la seconde dynastie
bourguignonne que furent constitués des comtes amovibles
d'abord pour l'administration du territoire correspondant
à la province qui nous occupe.
Le premier seigneur
revêtu de cette dignité fut, dit-on, Léotalde, auquel
succéda Albéric, son fils, dans la première partie
du Xème siècle mais le domaine de ces
premiers comtes n'était pas encore ce qui devait
être plus tard la Franche-Comté C'est seulement
lors du démembrement du vaste royaume de Bourgogne,
héritage que se disputaient tour à tour Rodolphe
d'Allemagne, Robert de France et Othe-Guillaume,
que fut concédé à ce dernier, en compensation de
ses autres prétentions repoussées et vaincues, un
comté de Bourgogne, indépendant du duché et du royaume
de ce nom, dont la délimitation n'était point alors
celle qu'eut plus tard notre province, mais auquel
cependant remontent toutes les traditions franc-comtoises.
Les descendants de Guillaume conservèrent l'héritage
paternel pendant plus d'un siècle, jusqu'à la mort
de Renaud III, en 1148. C'est une des plus glorieuses
périodes de la Comté ses frontières s'étendent au-delà
des monts, l'influence de ses princes est respectée
en Allemagne comme en France, et, à la mort de l'empereur
Lothaire, Renaud III, brisant les liens de vassalité
qui le rattachaient à la couronne impériale, mérite
le surnom de franc-comte dont héritera plus tard.
C'est vers le même
temps que saint Simon de Crépy dirige les premiers
efforts des moines de Saint-Claude vers le défrichement
des hautes pentes du Jura. Vient ensuite une phase
allemande dans l'histoire de la Comté, et c'est
un épisode romanesque qui lui sert d'introduction.
Renaud III n'avait laissé après lui qu'une fille,
Béatrice. Son oncle, Guillaume de Mâcon, l'avait
fait enfermer dans un château fort et s'était emparé
de ses États. Quelques années après, Frédéric Barberousse
était appelé au trône impérial par les barons de
Germanie et de Lorraine. Les malheurs de l'orpheline
touchèrent le cœur du jeune et chevaleresque Hohenstauffen,
peut-être aussi la perspective d'une dot si riche
et si bien placée éveillât-elle son ambition ; il
attaqua et vainquit le tuteur dénaturé, délivra
la prisonnière et l'épousa. La Comté devint donc
un fief possédé par des princes allemands Othon
1er, le quatrième fils de Béatrice et
de Frédéric, ayant eu cette province en partage,
ajouta le titre de palatin à celui de comte de Bourgogne
; Ce prince et ses successeurs vécurent presque
constamment en Allemagne, abandonnant le gouvernement
de leurs domaines aux comtes de Champagne ou aux
ducs de Bourgogne. Leur dynastie s'éteignit en 1248
dans la personne d'Othon III, et, à défaut de descendance
directe, l'héritage fut recueilli par la maison
de Châlon, branche cadette de celle des ducs de
Bourgogne.
Le fondateur de cette nouvelle dynastie,
Jean de Châlon, surnommé l'Antique ou le Sage, et
un des hommes les plus remarquables de son siècle,
contribua plus qu'aucun de ses prédécesseurs à constituer
la Franche-Comté sur les bases qui lui ont donné
une vitalité si durable.
Au moyen d'échanges
de territoires avec le duc de Bourgogne, il arrondit
les frontières de cette province et en forma un
corps plus compact et plus homogène. Il donna aux
villes une existence nouvelle en leur concédant
des chartes d'affranchissement qui y attiraient
les populations et y encourageaient le commerce
et l'industrie ; il y créa en quelque sorte cette
vigoureuse et patriotique bourgeoisie qui pendant
près de quatre siècles, sut défendre les privilèges
et l'indépendance du pays contre ses souverains
les plus puissants, contre ses voisins les plus
redoutables.
Dans ces temps de convoitises princières
et de luttes continuelles, plus une province était
riche et prospère, plus elle était menacée par ceux
qui en enviaient la possession ; c'est ainsi que
la Franche-Comté voyait ses destinées remises en
question chaque fois qu'un bras fort manquait à
son gouvernement, chaque fois que les droits de
ses comtes n'étaient pas incontestables. Après une
rude et longue guerre contre l'empereur d'Allemagne,
la Comté passa quelques instants aux mains d'un
prince français, Philippe le Long, qui avait épousé
Jeanne, héritière d'Othon IV et de Mahaut d'Artois;
mais la princesse ayant survécu à son époux recouvra
comme douaire le comté de Bourgogne, qu'elle laissa
par testament à sa fille ainée, Jeanne III, mariée
dès 1318 au duc de Bourgogne, Eudes IV, et c'est
ainsi que furent réunies sous une même domination
les deux Bourgognes, séparées depuis cinq cents
ans.
Cette réunion, quoique de courte durée,
fut féconde en évènements dramatiques. La noblesse
voyait avec peine la concentration d'une si grande
puissance entre les mains de son suzerain immédiat.
Eudes, de son côté, autant par politique que par
esprit libéral, cherchait un appui dans la bourgeoisie
des villes, dont il fortifiait l'indépendance. Il
avait divisé la province en deux ressorts principaux,
Amont-et Aval, et les avait soumis l'un et l'autre
à un bailli particulier. Dans les premiers mois
de l'année 1333, il était venu en personne installer
à Dôle un parlement. Peu de temps après, l'orage
éclata. Le premier cri de guerre fut poussé par
Jean de Chalon-Arlay II, qu'il ne faut pas confondre
avec le sage et bienfaisant comte du même nom ;
les principaux seigneurs de la province y répondirent
et sellèrent entre eux par les serments les plus
solennels un poète du temps dit à propos de cette
révolte
Les principaux de cette guerre
Sont deux grands barons de la terre
Qui sont
Jean, dit de Chaalon,
Et le sire de Montfaucon.
Plusieurs barons de la Comté,
Ou de fait
ou de volonté,
A ces deux barons joints estoient;
Mais aucuns bien dissimuloient
Dieu sait
si c'estoit par amour
Ou par la force du seiguour.
Pendant plus de dix ans, le pays demeura
en proie à toutes les calamités d'une lutte acharnée,
qui prit le nom de son instigateur et qu'on a appelée
la Petite guerre de Chalon. Eudes y usa son énergie
et ses forces, il fut emporté par la terrible épidémie
de 1348, la peste noire, laissant ses États déchirés
par les dissensions qu'il n'avait pu comprimer,
et pour héritier un enfant, son petit-fils, Philippe
de Rouvre, dont la mère, Jeanne de Boulogne, prit
la tutelle.
On sait que ce jeune prince mourut
au moment où il atteignait sa majorité, en 1361.
En lui finit la première race des ducs de Bourgogne,
descendants de Hugues Capet, et, ce qui intéresse
plus spécialement notre notice, sa mort détermina
une nouvelle séparation du comté et du duché de
Bourgogne.
Le roi Jean réunit à sa couronne le
duché, qui était la première pairie du royaume ;
mais, pour la Comté, il reconnut et respecta les
droits de Marguerite de France, fille de Philippe
le Long et héritière naturelle par sa mère Jeanne.
Deux autres princesses, du nom de Marguerite
comme leur aïeule, possédèrent la Comté pendant
cette période de sa séparation avec le duché. La
première, Marguerite de Brabant, avait épousé Louis
de Mâle, fils de Marguerite de France et du comte
de Flandre. L'autre, fille unique de Louis de Mâle
et de Marguerite de Brabant, épousa le troisième
fils du roi Jean, Philippe le Hardi, auquel Charles
V, son frère, donna en apanage le duché de Bourgogne,
et qui réunit une fois encore sous la même domination
les deux provinces. Cette période est une des plus
tristes de notre histoire. Aux anciens éléments
de discorde vient se joindre l'intervention étrangère
; l'Anglais, maitre d'une si grande partie de la
France, se montre aussi dans la Comté ; l'empereur
d'Allemagne suscite des compétiteurs aux souverains
de sang français ; la noblesse accepte comme instruments
de ses vengeances ou comme auxiliaires de ses convoitises
ces hordes de brigands indisciplinés, les routiers,
les grandes compagnies, qui parcourent le pays,
rançonnant les villes, pillant et dévastant les
campagnes.
L'avènement de la dynastie des quatre
grands ducs de Bourgogne fut donc un bonheur pour
la Comté. Son histoire, depuis Philippe le Hardi
jusqu'à Charles le Téméraire, est trop étroitement
unie à celle de Bourgogne pour que nous ne devions
pas la supprimer dans ce rapide aperçu ; nous constaterons
seulement que, malgré leur puissance, les ducs respectèrent
avec un soin scrupuleux les privilèges et l'indépendance
de la Comté, qu'ils regardaient comme un des plus
précieux fleurons de leur couronne.
Les souvenirs
que laissa leur administration n'ont pas peu contribué
à entretenir la fidélité héroïque que gardèrent
les Francs-Comtois à la maison de Bourgogne.
Lorsqu'on sut que Marie, héritière du dernier duc,
n'épousait pas le fils du roi de France, Dôle, Salins
et les autres villes de la Comté chassèrent les
garnisons que Louis XI avait pu y placer comme tuteur
de la jeune princesse. Son mariage avec Maximilien
d'Autriche livra cette province à l'étranger. Charles-Quint,
qui recueillit cette riche succession, la donna
en douaire à sa tante Marguerite de Savoie, déjà
en possession de la Bresse. Les vertus, la bonté
de cette princesse ne firent que rendre plus vif
et plus profond l'éloignement des Comtois pour la
domination française.
Cette conquête était pourtant
d'une indispensable nécessité pour la constitution
territoriale du royaume. Dès que la monarchie, forte
au dedans, cessa d'être menacée par les ennemis
du dehors, les regards des gouvernants se fixèrent
sur cette province faisant pointe dans notre territoire
en deçà des hautes montagnes que la nature semblait
lui assigner pour frontières. Richelieu entama des
négociations, fit des tentatives qui échouèrent
Louis XIV reprit son œuvre. Nous voudrions pouvoir
oublier à quel prix il a réussi. Son triomphe était
de nature à retarder pour de longues années la fusion
des races l'union des cœurs ; sous Louis XV encore
on pouvait dire qu'il n'y avait en Comté que la
noblesse de France.
La Révolution de 1789 vint
enfin, et les Comtois purent entrevoir ce que l'avenir
de la France avait à leur offrir en échange des
souvenirs si chers de leur passé. De ce jour la
conquête de la Franche-Comté fut accomplie. Le département
du Jura fournit un contingent dévoué de volontaires
qui concoururent à la défense de la patrie, et depuis
lors, à travers les grands évènements qui ont agité
ce siècle, la France n'a trouvé nulle part une population
plus sympathique, plus intelligente, plus étroitement
attachée à ses destinées. Elle l'a bien prouvé au
cours des terribles évènements de la guerre franco-allemande
de 1870-1871. Le département du Jura, en effet,
eut ainsi que tant d'autres à subir les douleurs
de l'invasion. La IIème armée prussienne,
commandée par le prince Frédéric-Charles, après
s'être emparée de Gray et de Pesme, dans la Haute-
Saône, atteignit le Jura, occupa Montmirey-le- Château
et Dôle et s'avança jusqu'à Poligny et Champagnole.
Pendant ce temps, la Ième armée, sous
les ordres du général de Manteuffel, venant de Châtillon-sur-Seine,
dans la Côte-d'Or, et se dirigeant vers Pontarlier
(Doubs) à la poursuite de l'armée de Bourbaki en
retraite vers la Suisse, ne faisait qu'effleurer
le territoire du Jura ou elle occupait seulement
Dampierre, dans l'arrondissement de Dôle.
Connu dès la préhistoire, les fondations remontent au moins à l'horizon 100 av. J.-C. Les sequanes dominaient alors la région jusqu'à la conquête romaine. À l'époque gallo-romaine, la ville s'appelait Ledo salinarius (en latin : la ville du sel). Les ressources en sel étaient déjà exploitées. La ville tirant son nom de la source Lédonia, autour de laquelle s'est constituée la ville dès le Moyen Âge. Les curistes bénéficient de ses bienfaits depuis 1892 au centre thermal Ledonia, situé dans le parc des bains. Lons-le-Saunier est la préfecture du département du Jura, d'après la loi du 2 pluviôse an VIII (29 mars 1800).
Les origines de la ville
sont méconnues mais le site est habité de longue
date. D'ailleurs, plusieurs évènements se déroulent
dans la région doloise, lors de la domination romaine.
En effet, en 293, l'empereur romain Constance Chlore,
y fait installer une colonie de Chamaves, peuple
germain issu de l'actuel Overijssel (Pays-Bas),
et en 355, des hordes de Germains envahissent et
pillent les environs de Dole. Dans le même temps,
un premier temple chrétien, sous le vocable de Saint-Étienne,
est érigé sur le site du Plumont. Au Ve siècle,
les Burgondes, d'origine germanique, s'installent
dans la région. À la même époque, les chapelles
chrétiennes de Saint-Ylie (alors Sayens), sous le
patronage de Saint-Martin, et d'Azans, sous celui
de Saint-Germain, sont édifiées. Cette dernière
sert d'église paroissiale à Dole, jusqu'au début
du XIIe siècle, où est érigée la chapelle Saint-Georges.
En 501, le roi burgonde Gondebaud procède à la division
de la région en pagi (cantons), restructurés en
556, pour donner naissance à cinq pagi dont celui
d'Amaous. Il désignerait le canton des Chamaves,
mentionnés plus haut. Gondebaud fait de Dole la
capitale de ce pagus, qui devient un comté jusqu'au
Xe siècle. Le comte d'Amaous, chargé de l'administration,
de la justice et de l'armée, ont pour lieutenants
les seigneurs de Neublans, qui prennent dès lors
le nom de Dole. Le comté, se divise en trois prévôtés,
à la tête desquels sont placés des barons assesseurs.
Dole devient le siège d'un archiprêtré au VIIe siècle,
puis d'un archidiaconé au siècle suivant. Au VIIIe
siècle, les bénédictins fondent un monastère, à
Jouhe, et un oratoire, sous le vocable de Notre-Dame,
sur le Mont-Roland. Au IXe siècle, une église, placée
sous le patronage de Saint-Hilaire, est édifiée
à Saint-Ylie, à l'endroit où avaient été posées
un peu plus tôt, les reliques dudit saint; ainsi
qu'un prieuré à Saint-Vivant. Dans le même temps,
une horde de normands, menée par Hasting, ravage
la région22. Dole, sous les premiers comtes de Bourgogne[modifier]
Portrait supposé du comte Renaud III de Bourgogne
(v.1095-1148) En 986, le comté de Bourgogne est
fondé.
Il faut attendre le XIe siècle et Conrad II le Salique, pour que les comtes, circulant entre Gray, à Poligny et Quingey, se fixent, développent et érigent Dole en capitale . En 1092, la chapelle de Saint-Ylie est reconstruite. Dans la première moitié du XIIe siècle, le comte Renaud III, fait prendre un véritable essor à la ville : il y construit une solide muraille et un grand pont de pierre, encourage le commerce et l'artisanat, instaure une foire, établit des moulins sur le Doubs, fonde un monastère cistercien, un prieuré de bernardines, une commanderie du Temple, l'hospice Saint-Jacques et donne ses redevances de Dole et Salins à l'abbaye Saint-Étienne de Dijon. Lorsqu'il meurt, en 1148, le comté passe aux mains de sa fille, Béatrice, et de son gendre, l'empereur Frédéric Barberousse, qui en fait une province du Saint-Empire et agrandit le château des comtes d'Amaous. La dernière descendante de l'empereur, Alix de Méranie, épouse du comte français Hugues de Châlon octroie une charte d’affranchissement à Dole, en 127425. Désormais, la ville, qui était jusqu'alors une seigneurie (Dole) et le siège d'une châtellenie (englobant les villages voisins), se gouverne administrativement et financièrement par elle-même, par l'intermédiaire d'échevins, dirigé par un vicomte-mayeur (maire). En 1286, cette même princesse fait édifier, à Dole, en complément de la chapelle Saint-Georges, une autre chapelle, sous le vocable de Notre-Dame. Cette dernière devient le siège d'une nouvelle paroisse. Son fils, Othon IV, écrasé de dettes, vend le comté au roi de France Philippe le Bel, en 1294. Ce dernier installe, à Dole, un atelier de monnaie. En 1304, la femme d'Othon IV, Mahaut d'Artois, obtient du pape Benoît XI, un chapitre de chanoines pour la chapelle Notre-Dame. En 1314, Philippe le Bel meurt avant que toutes les formes du rattachement soient terminées, par conséquent, la fille d'Othon IV, la reine Jeanne, épouse du roi Philippe le Long, récupère le comté de Bourgogne. En 1323, elle y fonde un parlement itinérant, en s’inspirant de celui de Paris. À sa mort, en 1330, sa fille, Jeanne de France, hérite le comté, qui est aussitôt uni au duché de Bourgogne de son époux, Eudes IV, qui confirme les franchises des Dolois.
Dole, sous les ducs de Bourgogne[modifier] Photographie d'une tapisserie de Bruges (1506), représentant l'issue du siège de Dole de 1479. Lorsque le duc Eudes IV meurt, en 1350, son petit-fils, Philippe de Rouvres hérite les deux Bourgognes. Cependant, ce dernier étant mineur, le roi Jean le Bon assure la régence, et fait protéger les murailles de Dole, en faisant édifier vingt-et-une tours et quatre portes. En 1355, Philippe de Rouvres prend possession de ses terres. Il fonde un couvent de franciscains, à Dole, en 1372. Il meurt sans hoirs en 1361; c'est la fin de la dynastie capétienne des ducs de Bourgogne. Sa grande tante, la comtesse de Flandre Marguerite, hérite le comté de Bourgogne, puis son fils, Louis, en 1382. Ils réunissent le parlement, jusqu'alors itinérant, à Dole. À la mort de Louis de Mâle, en 1384, le comté échoit, à sa fille, Marguerite, veuve de Philippe de Rouvres, remariée au duc valois de Bourgogne Philippe le Hardi. Dole devient alors officiellement la capitale du comté. À la mort de Marguerite de Flandre, en 1405, le comté revient à son fils Jean Sans Peur. En 1408, ce dernier tente de faire transférer le parlement de Dole à Besançon, mais se heurte à une violente opposition des dolois, avortant de fait le projet. En 1413, il donne autorité au doyen de l'église Notre-Dame sur les chanoines et les desservants.
Le puissant et richissime
seigneur Jean Ier de Chalon choisit un site
de hauteur, défendable à proximité de la route
du sel, qui de Salins à Jougne permet les échanges
commerciaux et culturels entre le duché de Bourgogne
et la Suisse et au delà entre la Flandre et
l'Italie. Jean de Chalon crée alors en 1262
au centre de son domaine jurassien, une forteresse
d'où est conduite sa politique et sont administrés
ses biens : son château de Nozeroy et la ville
fortifiée de Nozeroy.
Perché à l'extrémité
d'un éperon étroit qui offrait à la fois des
facilités de mise en défense et des possibilités
d'extension, le château de Nozeroy fut conçu
par la famille de Chalon sans doute en même
temps que le bourg castral. Attesté en 1261,
il remontait probablement au début du XIIIe
siècle.
Entièrement reconstruit dans la
première moitié du XVe siècle, ce quadrilatère
fermé, villégiature et luxueux rendez-vous de
chasse, plutôt que site stratégique, nous est
connu par les textes de Gilbert Cousin, mais
également par divers documents graphiques.
Il était l'une des résidences privilégiées
des Chalon, Princes d'Orange. Magnifiant sa
ville natale, l'illustre secrétaire d'Érasme
Gilbert Cousin écrivait : « Il n'y a rien pour
moi de plus charmant et de plus illustre que
ma patrie. Vous n'avez guère vu de situation
plus remarquable et plus agréable que celle
de cette ville. Posée sur une colline élevée
et aérienne ..., elle n'est pas bien grande
... Mais ... elle l'emporte sur les plus grandes
villes de Bourgogne ».
Ce château de magnifique
structure, bâti en pierres de taille bien alignées
et parfaitement jointes, était défendu par 4
tours très élevées comportant des escaliers
à vis de cent marches. L'aile sud-est du château
renfermait, au rez-de-chaussée, la salle qui
mesurait près de 35 mètres de longueur sur 14
mètres de largeur. Le luxe et l'art y avaient
accumulé d'innombrables richesses : tapisseries,
orfèvreries, vaisselle d'or et d'argent ...
Louis II de Chalon organisa de nombreuses fêtes
et reçut d'illustres hôtes comme les Ducs de
Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire,
les Princes de Savoie et surtout le dauphin
de France Louis XI en 1456. Jardins et vergers
d'agrément revêtaient un intérêt majeur si l'on
en croit les gravures de Gilbert Cousin. C'est
pourquoi leur accès fut particulièrement soigné.
Selon Cousin, un escalier à vis, plongeant dans
les sous-sols, y conduisait qui fut complété
par un autre escalier monumental, rampe sur
rampe, élevé dans une cage flanquant l'angle
formé par la tour sud et l'aile sud-ouest. Il
desservait, depuis le rez-de-chaussée, les étages
et les jardins.
Le mur de cage est percé
au sud d'une porte et d'une petite fenêtre.
Les volées, séparées par un mur-noyau dans lequel
s'inscrit une main-courante, sont couvertes
d'une voûte en berceau. Le premier palier était
couvert d'une voûte d'ogives. En avant du mur-noyau,
au premier et second niveau conservés, s'engage
une colonne dont le chapiteau recevait le voûtement.
Le premier doubleau est décoré de pampres
très proches des motifs visibles dans la chapelle
des Chalon édifiée vers 1460 dans l'église Saint-Germain
de Mièges. Les ogives du premier repos retombaient
sur un culot orné de trois visages grimaçants
à quatre oeils, présents également sur la façade
ouest de l'église de Mièges. Au départ de la
main courante, dans le mur-noyau, est sculptée
la fameuse « scène des bateliers » : deux personnages
debout sur des barques. Les mains courantes
sont ornées de petits animaux.
Cet escalier
est traditionnellement attribué à Philibert
de Chalon et serait donc antérieur à 1530. Un
des premiers escaliers rampe-sur-rampe qui serait
bien antérieur à celui du palais Grandvelle
de Besançon édifié vers 1639 et considéré comme
le premier témoin de l'art de la renaissance
en Franche-Comté.
Hélas ! Ce merveilleux
château fut définitivement abandonné et vidé
de son contenu entre 1780 et 1785. La Comtesse
de Lauraguais héritière du château aurait utilisé
les pierres du château de Nozeroy afin de privilégier
son domaine d'Arlay. Pour échapper à l'impôt,
elle fait raser le château de Nozeroy au niveau
du premier étage et permet aux habitants d'en
utiliser les matériaux.
Les superstructures
ont été arasées, ensevelissant dans les gravats
une bonne partie des sous-sols. Seules subsistèrent
en élévation les ruines d'une tour, qu'une lithographie
de 1820 montre, émergeant des décombres, mais
qui finit par s'effondrer en 1868.
L'incendie
terrible du 15 juillet 1815 avait incité les
habitants de Nozeroy à venir puiser les pierres
pour permettre la reconstruction de leurs maisons.
À la fin du XIXe siècle, le Prince Pierre
d'Alcantara-Charles-Marie d'Arenberg, alors
propriétaire, fit dégager l'extérieur des ruines
et aplanir le pourtour pour en faire une promenade
publique.
L'église devient une collégiale. En 1419, son fils, Philippe le Bon, hérite le comté. Dole connait alors un véritable âge d’or. En effet, en 1422, le duc y fixe définitivement le parlement, et devient donc la capitale judiciaire du comté; en 1423, il y installe l'université des deux Bourgognes, qui en fait une des villes les plus rayonnantes d'Europe. Philippe le Bon meurt en 1467, laissant son fils Charles le Téméraire, maître des deux Bourgognes. Lorsque ce dernier trépasse, en 1477, sa fille Marie se heurte aux ambitions territoriales du roi Louis XI, qui après un refus de sa « protection », par Dole, assiège aussitôt la ville, qui met rapidement ses troupes en déroute. En 1479, Louis XI établit un contrat contraignant Marie de Bourgogne a fiancer sa fille Marguerite au dauphin, et donc à lui céder le comté de Bourgogne. Aussitôt l'accord signé, les troupes du roi parviennent à entrer dans Dole, par la ruse. Elles massacrent alors la population, à l'exception des quelques habitants retranchés dans la cave des cordonniers prénommée « cave d’enfer », et rasent la ville. Le roi interdit alors que celle-ci soit rétablie et ordonne la translation de l'université à Besançon, en 1481, avant de revenir à Dole, trois ans plus tard27. Les habitants s’abritent alors dans les caves jusqu'à ce que sa fille, Anne, régente de Charles VIII autorise les reconstructions26. En 1491, le comté est officiellement restitué aux Habsbourg par le traité de Senlis de 1493. La ville est alors reconstruite avec leur soutien, dans un style gothique. En 1494, une chambre des comptes est établie à Dole, avant d'être transférée à Lille, cinq ans plus tard. En 1506, le roi Philippe Ier de Castille, comte de Bourgogne, fils de l'empereur Maximilien, meurt. Le comté échoit à sa sœur Marguerite, qui négocie la Paix des Dames protégeant la région jusqu’en 1636. En 1508, l'édification de la nouvelle collégiale débute. À la mort de Marguerite d'Autriche, en 1530, Charles Quint devient comte de Bourgogne. Il fait refaire les fortifications de Dole, par François de Precipiano, puis par le fils de celui-ci, Ambroise. Héritant le comté en 1556, le roi Philippe II d'Espagne fait terminer les travaux de défense et fait dériver les eaux du Doubs, dans le fossé qui entoure la ville. L'année suivante, le culte est ouvert à la nouvelle collégiale.
En 1562, la chambre des comptes
est rétablie à Dole. En 1571, la collégiale est
consacrée, et les travaux achevés en 1586. Lorsque
Philippe II d'Espagne meurt, en 1598, sa fille Isabelle
d'Espagne devient comtesse de Bourgogne, et fait
prospérer Dole : l’université connait un second
essor, les halles sont remplies d’épices, les établissements
d’enseignement se multiplient ainsi le collège de
Citeaux et le collège de l’Arc, confié aux jésuites,
et l’Hôtel-Dieu est édifié.
En France, Richelieu
veut reprendre le comté de Bourgogne aux Habsbourg
d'Espagne, affaibli par les luttes religieuses et
la guerre de Trente Ans. Le 27 mai 1636, prétextant
l'asile offert auparavant, par les comtois, au frère
du roi, Gaston d'Orléans, et au duc Charles IV de
Lorraine, les troupes françaises, sous le commandement
du prince de Condé, mettent le siège devant Dole.
Celui-ci dure quatre-vingts jours mais les murailles
sont solides et les défenseurs courageux, malgré
la peste qui commence à sévir, et qu'il ne reste
plus que 662 dolois vivants sur les 4500 du départ.
Leur ardeur décourage les Français qui lèvent le
camp, le 15 août de la même année. Richelieu déclare
d'ailleurs à cette occasion : « Plût à Dieu, que
les sujets du Roi fussent aussi affectionnés que
ceux-là le sont à l'Espagne ». Il reste 662 habitants
sur les 4 500 avant le siège. En 1668, le roi de
France Louis XIV profite à nouveau de la faiblesse
du roi Charles II d'Espagne pour reprendre la conquête
de la Comté. Le 10 février, le roi est devant Dole
face à une armée de 20 000 hommes, tandis que les
dolois ne sont qu’un millier. Le siège ne dure que
trois jours. Louis XIV fait alors son entrée à cheval
par la porte d’Arans. Tout semble dit pour Dole,
mais c'est sans compter sur les vicissitudes de
la politique. Louis XIV ayant pris les Flandres
et l’Europe préparant une alliance contre lui, il
décide de garder une des provinces : il choisit
le Comté de Flandreé. Six ans plus tard, il décide
de refaire le siège de Dole, il arrive le 6 juin
1674 avec le brillant marquis et Maréchal de France
Vauban pour mener le siège. Les portes s’ouvrent
le 9 juin. Les Dolois ont d’abord ressenti le rattachement
à la France comme une humiliation car la conquête
française rangeait Dole au rang de petite ville.
Les États généraux sont supprimés, Dole perd son
statut de capitale, le parlement est transféré à
Besançon, en 1676, l’université, en 1691, l’atelier
de monnaie est fermé et les fortifications sont
détruites sous la direction de Vauban. Les grandes
familles partent vivre à Besançon. Malgré la régression
économique qui a suivi, dans un premier temps, Dole
connaît au xviiie siècle un essor économique important
En 1562, la chambre des comptes est rétablie à Dole. En 1571, la collégiale est consacrée, et les travaux achevés en 1586. Lorsque Philippe II d'Espagne meurt, en 1598, sa fille Isabelle d'Espagne devient comtesse de Bourgogne, et fait prospérer Dole : l’université connait un second essor, les halles sont remplies d’épices, les établissements d’enseignement se multiplient ainsi le collège de Citeaux et le collège de l’Arc, confié aux jésuites, et l’Hôtel-Dieu est édifié. En France, Richelieu veut reprendre le comté de Bourgogne aux Habsbourg d'Espagne, affaibli par les luttes religieuses et la guerre de Trente Ans. Le 27 mai 1636, prétextant l'asile offert auparavant, par les comtois, au frère du roi, Gaston d'Orléans, et au duc Charles IV de Lorraine, les troupes françaises, sous le commandement du prince de Condé, mettent le siège devant Dole. Celui-ci dure quatre-vingts jours mais les murailles sont solides et les défenseurs courageux, malgré la peste qui commence à sévir, et qu'il ne reste plus que 662 dolois vivants sur les 4500 du départé. Leur ardeur décourage les Français qui lèvent le camp, le 15 août de la même année. Richelieu déclare d'ailleurs à cette occasion : « Plût à Dieu, que les sujets du Roi fussent aussi affectionnés que ceux-là le sont à l'Espagne ». Il reste 662 habitants sur les 4 500 avant le siège. En 1668, le roi de France Louis XIV profite à nouveau de la faiblesse du roi Charles II d'Espagne pour reprendre la conquête de la Comté. Le 10 février, le roi est devant Dole face à une armée de 20 000 hommes, tandis que les dolois ne sont qu’un millier. Le siège ne dure que trois jours. Louis XIV fait alors son entrée à cheval par la porte d’Arans. Tout semble dit pour Dole, mais c'est sans compter sur les vicissitudes de la politique. Louis XIV ayant pris les Flandres et l’Europe préparant une alliance contre lui, il décide de garder une des provinces : il choisit le Comté de Flandreé. Six ans plus tard, il décide de refaire le siège de Dole, il arrive le 6 juin 1674 avec le brillant marquis et Maréchal de France Vauban pour mener le siège. Les portes s’ouvrent le 9 juin. Les Dolois ont d’abord ressenti le rattachement à la France comme une humiliation car la conquête française rangeait Dole au rang de petite ville. Les États généraux sont supprimés, Dole perd son statut de capitale, le parlement est transféré à Besançon, en 1676, l’université, en 1691, l’atelier de monnaie est fermé et les fortifications sont détruites sous la direction de Vauban. Les grandes familles partent vivre à Besançon. Malgré la régression économique qui a suivi, dans un premier temps, Dole connaît au XVIIIe siècle un essor économique importanté.
La cité se développe initialement autour d'un monastère fondé au début du Ve siècle par deux frères moines et abbés, Romain et Lupicin. Elle est tout d'abord appelée Condat (du cette Condate « confluent »), puis Saint-Oyend-de-Jouxnote, du nom de l'abbé Oyand (ou Eugendus) qui accroît le rayonnement du monastère à partir de la fin du Ve siècle2. En 639, saint Claude devint moine dans l'abbaye qui portait alors le nom de Saint-Oyand. Saint Claude est mort le 6 juin 699. Lieu de pèlerinage, la ville profite vers la fin du XIIème siècle (1160), de la découverte du corps intact de l'abbé Claude (décédé quatre cent soixante ans auparavant), pour augmenter sa renommée. La ville prend alors le nom de Saint-Oyand-Saint-Claude. Au XVème siècle, saint Claude étant vénéré par le roi Louis XI, la ville garde le seul nom de Saint-Claude. Louis y étant venu avec son père Charles VII, en tant que dauphin, y passe de nouveau en 1456, au moment où il s'enfuit vers la Bourgogne afin d'éviter l'armée de son père. À la fin de sa vie, le roi Louis XI vieilli effectue toutefois un autre pèlerinage vers Saint-Claude le 21 avril 14826, quoique son objectif soit réparti par une manifestation politique. Il y emmène en effet un grand nombre de soldats suisses. En 1499, après son deuxième mariage, avec le roi Louis XII, la reine Anne de Bretagne a décidé de visiter ce lieu de pèlerinage, en souhaitant un héritier viable du royaume de France. Elle avait en effet perdu tous ses enfants avec Charles VIII. Il s'agit de la princesse Claude de France à laquelle la reine donne la naissance, future épouse de François Ier. En 1742, l'abbaye est rattachée à l'évêché de Saint-Claude. Voltaire avait fait une campagne contre les moines de l'abbaye de Saint-Claude qui refusaient d'affranchir leurs serfs en argüant de leurs droits. Ce n'est qu'à la Révolution que les tenanciers purent devenir libres. Sous la Révolution, pour suivre le décret de la Convention du 25 vendémiaire an II invitant les communes ayant des noms pouvant rappeler les souvenirs de la royauté, de la féodalité ou des superstitions, à les remplacer par d'autres dénominations, la commune change de nom pour Condat-Montagne, nom construit à partir de son nom initial de Condat, auquel on ajouta « Montagne », double sens entre sa situation géographique et la Montagne, le courant politique révolutionnaire. La commune était desservie au début du XXème siècle par les Chemins de fer vicinaux du Jura.
Le Moulin-Rouge
est une forge à deux lieues de Dole,
bâtie à l'extrémité d'une gorge resserrée,
au-dessous des restes d'un camp dit
de Jules César, près de la rive droite
du Doubs. C'était jadis une méchante
auberge où l'on assassinait les voyageurs.
Le 29 décembre 1604, le sieur Gaspard
Vurry, lieutenant au régiment de Roi,
revenait de Besançon dans un charriot
couvert, avec sa femme et une fille
de chambre nommée Pierrine de Laire.
Il avait neigé tout le jour, et Vurry,
qui voyait la nuit s'approcher, eut
envie de s'arrêter à Orchamps; mais
sa femme pressée de revoir sa mère alors
malade, le décida enfin à poursuivre
sa route. Lorsque l'on fut près du camp
de César, il se trouva que la neige,
chassé par la bise, s'était amocelée
de telle sorte qu'on ne distinguait
plus le chemin, et que tous les objets
paraissaient confus. La route, bordée
d'un précipice, n'était pas si large
qu'aujourd'hui, et le moindre faux-pas
pouvait précipiter le chariot dans un
marais.
Gaspard descend de voiture,
sonde comme il peut le terrain, et,
au risque de se perdre mille fois sous
la neige, il arrive au Cabaret Rouge
et crie: A l'aide! L'hôte, vieillard
encore vert, et ses deux fils âgés de
vingt et quelques années, prennent une
lanterne et des pelles, se frayent un
sentier à travers la neige, et viennent
à bout de conduire le chariot et les
deux femmes au cabaret. On les logea
au-dessus de la cuisine, dans un galetas
où il n'y avait qu'un méchant grabat.
Outre le père et les deux fils, dont
la figure était rébarbative, la famille
se composait de la mère toute grise,
et d'une fille qui avait une trentaine
d'années, et d'une servante qui louchait.
Ces gens firent peur à la dame de Vurry
et sa chambrière. Le Cabaret Rouge était
d'ailleurs très mal famé! Pierrine se
mit aux écoutes, et quel fut effroi
quand elle entendit la vieille promettre
à sa servante le devantier bleu que
la chambrière portait. Elle revint toute
éperdue, dire à son maitre et sa maitresse
ce qu'elle avait entendue. Gaspard avait
cru remarquer entre la mère et les fils
des signes de mauvais augure. La vieille
damnée avait passé sa main sous son
cou, comme un sabre, en regardant les
voyageurs. Ils commencèrent donc à chercher
et à fureter partout; ils aperçurent
du sang dans la ruelle du lit, et trouvèrent
à la fin, dans un cabinet contigu à
leur chambre, le cadavre d'un homme
fraîchement égorgé, caché derrière un
tas de fascines, sur un peu de paille.
On peut juger de la terreur qui les
saisit. Ils étaient seuls dans une maison
isolée, à la merci de brigands qui pouvaient
avoir des complices.
Ils n'avaient
de ressources que dans la bonté du ciel.
On ne leur avait donné qu'une lampe
qui brûlait à peine. La fumée de l'âtre
les étouffait. La bise sifflait au travers
des vitres cassés; ce noir galetas,
cette lampe de sépulcre, ce cadavre
qui gisait dans le cabinet voisin, tout
redoublait la terreur de cette malheureuse
famille; mais Vurry était brave. Il
avait, par bonheur, une paire de pistolets
chargés. Il prit son couteau de chasse
qu'il cacha dans sa cape, et descendit
d'un air tranquille à la cuisine. Sa
femme et la chambrière se mirent à genoux
pour prier. Les brigands qui soupaient,
parurent surpris de le voir. Il leur
dit que la fumée l'incommodait, et qu'il
venait causer avec eux. La conversation
fut d'abord assez triste, car l'hôte
et ses enfants ne répondaient que par
oui ou non, et semblaient bouder. Mais
Gaspard, qui avait de l'esprit, s'adressa
à la fille de la maison, lui dit qu'elle
était jolie, et, pour mieux la muguetter,
se plaça vis-à-vis d'elle, derrière
le père, assis lui-même entre ses deux
fils qui riaient d'un sot rire des compliments
qu'on faisait à leur soeur. Vurry alors
tire doucement ses pistolets, et, toujours
devisant, applique, de chaque main,
le bout des deux canons contre la tête
des deux fils, et leur brûle la cervelle;
puis il enfonce, jusqu'à la garde, son
couteau de chasse dans la poitrine du
père qui se retournait tout effaré.
Il lui fut facile ensuite de se rendre
maitre des trois femmes, qui restaient
immobiles et sans voix. Il appela Pierrine,
qui l'aida à leur lier les mains derrière
le dos. Cette besogne achevée, il alla
barricader toutes les portes et les
fenêtres, éteignit le feu et la lampe,
rechargea ses pistolets et se mit en
sentinelle à la lucarne. L'évènement
prouva la justesse de ses prévisions.
Quatre autres brigands arrivèrent à
minuit, appelant l'hôte et demandant
de la cervoise. Ils restèrent longtemps
à crier et à frapper à la porte; mais
quand ils virent qu'on ne leur répondait
pas, il s'en furent courroucés et blasphémant
le saint nom de Dieu.
Vurry, dès
que le jour parut, attela les chavaux
des brigands et le sien, à sa voiture,
gagna Dole en toute hâte, après avoir
resserré les liens des trois femmes
et fermé soigneusement toutes les portes.
On accourut au Cabaret Rouge, et l'on
saisit ces malheureuses, dont deux furent
pendues tout de suite. Quand à la servante
qui se déclara enceinte, elle obtint
un sursis, et eut plus tard sa grâce
entière.
Plan du site - Moteur
de recherche |
Index Général |
Page Aide |
Contact © C. LOUP 2016
.