Histoire des Landes


Le territoire. qui forme aujourd'hui
le département des Landes était occupé, avant la conquête romaine,
par plusieurs peuplades d'origine ibérienne au sud et à l'est,
dans les bassins de l'Adour et de la Midouze, les Tarbelli,
pays de Dax ; les Tarusates, pays de Tartas une partie des Élusates
et des Sotiates, dont les principaux établissements se trouvaient
sur le territoire des départements du Gers et de Lot-et-Garonne
; à l'ouest et le long de la mer, dans la région qu'on appelle
aujourd'hui les grandes Landes, les Aquitani proprement dits.
Tous ces peuples étaient compris dans la Gaule aquitanique.
On serait fort embarrassé de donner sur l'existence de ces peuples
des détails spéciaux. Sans doute, leurs mœurs étaient celles
des peuples environnants modifiées par l'influence de leur malheureux
pays, de ces sables accumulés il y a des milliers d'années par
la mer, et par lesquels elle semble avoir voulu resserrer elle-même
son empire. Dès cette époque, de vastes forêts couvraient le
pays et servaient d'asile à des hommes presque aussi sauvages
que les bêtes qui leur en disputaient la possession. Pourtant
quelques éléments de civilisation y pénétrèrent. Les Celtes
y portèrent leur culte, et l'on voit sur la route d'Hagetmau
à Saint-Sever un peulven qui atteste leur passage en ces lieux.
Il est probable aussi que, lorsque les Grecs établirent leur ligne de comptoirs le long de la Garonne et de l'Adour, les habitants des Landes ressentirent l'influence de ce commerce voisin. Y avait-il déjà quelque port sur la côte entre ceux de Bayonne (Lapurdum) et de La Teste-de-Buch (Boïos), qui appartiennent aux deux départements voisins ? On sait que les Boïens, qui occupaient le dernier de ces deux ports, avaient, dans les mêmes régions, une autre ville appelée Lasseaba. Était-elle située dans la partie septentrionale du département des Landes ou en dehors de ses limites ? On l'ignore. Mais si les habitants des côtes et des landes proprement dites avaient peu d'établissements, on ne peut douter que ceux qui occupaient les rives de l'Adour et de la Midouze n'en aient eu de plus ou moins considérables. Dax, Tartas existaient déjà chez les Tarbelliens et les Tarusates. Ces peuples subirent la domination romaine sans avoir pris une grande part à la résistance ; à cause de leur position excentrique. Nous avons parlé ailleurs de l'énergie déployée par les Sotiates contre Crassus dans leur forteresse située sur le territoire du département de Lot-et-Garonne. Quand Rome eut pris possession de cette extrémité sud-ouest de la Gaule, elle y marqua sa présence par ces voies de communication qu'elle ouvrait partout, et qui assuraient le maintien de sa puissance en même temps qu'elles sauvaient la civilisation. Les voies romaines étaient comme la trace des légions ; partout où celles-ci pénétraient, elles apparaissaient. Les sables et les forêts n'y mettaient pas plus d'obstacle que les montagnes et les fleuves.

Une voie romaine longea la côte depuis Boïos jusqu'à Lapurdum. Les Landais l'appellent Cantin Roumiou. Une autre, partant de Bordeaux, aboutit également à Lapurdum en passant par Dax. On en voit encore aujourd'hui des restes. On remarque aussi des vestiges de camps romains, entre autres celui qui se trouve entre Gamarde et Saint-Geours d'Auribat. On verra plus loin que Saint-Sever prétend aussi prendre pour son point de départ un camp de César. à l'ouest de Soustons, arrondissement de Dax, auprès de la côte, s'élève un mamelon artificiel qu’on suppose avoir formé l'extrémité d'un vaste camp retranché opposé aux pirates. Quant aux monuments ils sont rares. Outre le temple de Mars, dont Mont-de-Marsan tire son nom, on a découvert en 1736, dans la paroisse de Saint Michel-de-Jouarare, les restes d'un édifice qui fut, dit-on un temple de Jupiter (Jovis ara) on y a trouvé un grand nombre d'urnes cinéraires, de lacrymatoires, de vases, de lampes, de tronçons d'armes, de pièces de monnaie et de médailles ; ailleurs, des tombeaux, des autels votifs. Néanmoins, on peut dire que les monuments romains sont rares dans le département.

Les Landes, d'abord comprises par les Romains dans l'Aquitaine, firent partie de l'Aquitaine troisième ou Novempopulanie, lorsque la Gaule fut partagée en dix-sept provinces, et le christianisme y pénétra au IIIème siècle. Les barbares, qui, à partir de l'an 406, traversèrent la Gaule et s'enfoncèrent dans l'Espagne, effleurèrent dans leur invasion le pays qui nous occupe. Les Wisigoths y établirent leur domination, que celle des Francs remplaça après la bataille de Vouillé. Celle-ci, assez mal établie dans une contrée si lointaine, fut à son tour ébranlée, à la fin du VIème siècle, par l'invasion des Vascons ou Gascons. Ces montagnards, remontant la vallée de l'Adour, s'y établirent et de là se répandirent dans toute l'Aquitaine. Depuis ce temps, les Landes appartinrent aux ducs de Gascogne, et sous ces ducs à un certain nombre de seigneurs leurs vassaux. Après la terrible invasion des Arabes, dont ce pays eut à souffrir et que Charles-Martel dispersa en 732, l'empire carlovingien enveloppa cette partie de la Gaule, comme toutes les autres, dans son unité. Quand de ses ruines sortit le régime féodal, le principal fief qui s'éleva dans les Landes fut la vicomté d'Albret. Plus loin nous parlerons de la modeste bourgade d'où sortit cette brillante et glorieuse famille. Le premier vicomte d'Albret dont le nom soit connu est un certain Amaujeu, qui vivait au XIème siècle. Ce nom, au reste, fut porté par un grand nombre de ses descendants et successeurs. Parmi lesquels on rencontre aussi plusieurs Bernard. Après le mariage d'Éléonore de Guyenne avec Henri II, roi d'Angleterre, le pays des Landes passa à la maison de Plantagenet. Pendant longtemps, les rois anglais y dominèrent, grâce à leur habile politique mais tous les seigneurs ne s'accommodèrent pas de cette domination, notamment les d'Albret, qui, après avoir porté le titre de vicomte, l'échangèrent contre celui de sire, plus modeste, mais qui ne servait qu'à déguiser leur ambition toujours croissante. Ils agissaient en cela comme les sires de Coucy, qui, n'osant prendre le titre de prince et dédaignant tous ceux qui venaient ensuite, se mettaient en quelque sorte hors de la hiérarchie féodale par une orgueilleuse humilité. L'Albret ne tarda pas à envelopper la plus grande partie du département actuel des Landes en même temps qu'il s'étendait sur les pays circonvoisins. En 1401, Charles Ier , fils d'une princesse de la maison de Bourbon, s'attacha à la cour de France, imitant les Armagnacs et reconnaissant comme eux que la royauté était désormais l'astre d'où émanait tout éclat et toute puissance. Il obtint l'honneur d'écarteler les armes de France avec celles de sa maison, qui étaient d'or plein, et devint connétable de France. Mais il ne fit pas un usage heureux de, l'épée fleurdelisée qui lui avait été confiée car c'est lui qui perdit la bataille d'Azincourt. Au reste, il y fut tué et, par sa mort, expia sa défaite. Charles II, son fils, proche parent des Armagnacs, suivit leur parti dans les guerres du XV ème siècle. Il eut trois fils, l'aîné lui succéda ; le deuxième fut décapité ; le troisième forma la branche des seigneurs de Miossens et de Pons qui s'éteignit en 1676 et dont les biens passèrent dans une branche de la Lorraine-Armagnac. Jean son arrière-petit fils par son fils aîné, épousa Catherine de Foix, sœur et héritière de Gaston-Phoebus, et devint roi de Navarre (1494). Il fut dépouillé d'une partie de ses nouveaux États. Mais sa famille se releva, d'abord par l'érection de l'Albret en duché-pairie sous François Ier, beau-frère de Henri d'Albret, puis par le mariage de Jeanne, fille de Henri, avec Antoine de Bourbon. De ce mariage naquit Henri IV, qui réunit ses domaines à la couronne de France. Plus tard (1652), Louis XIV rétablit la pairie d'Albret en faveur de la maison de Bouillon. À peine sorti de la guerre de Cent ans, le pays des Landes fut agité par les luttes religieuses du XVI ème siècle ; les protestants, grâce à la protection de Jeanne d'Albret, la mère de Henri IV, s'y organisèrent militairement, mais les catholiques leur opposèrent Montluc, et, de part et d'autre, il se commit les plus grands excès, jusqu'à la pacification générale, amenée par l'édit de Nantes. Depuis ce temps, à part un moment d'agitation sous la Fronde, l'histoire de ce pays se confond avec celle de la France. Sous la domination anglaise, les Landes dépendaient judiciairement du grand sénéchal qui présidait à Bordeaux la cour du roi.

Du reste, les villes, comme autant de petites républiques, administraient elles-mêmes leurs finances, leur police intérieure, leur milice particulière et, dans plusieurs cas, la justice civile et criminelle. Les rois de France respectèrent d'abord ces privilèges, mais ensuite ils les supprimèrent peu à peu et transportèrent à leurs officiers la plupart des droits dont les villes avaient joui auparavant. Ces officiers étaient, dans l'origine, des commissaires aussi nombreux qu'il y avait de parties dans l'administration. Henri II, en 1551, réunit ces diverses attributions dans les mains des commissaires départis, qui prirent, sous Louis XIII, le nom d'intendants du ministère, de la justice et de la police. L'intendant veillait à l'égale répartition de l'impôt, à la culture des terres, à la prospérité du commerce, à l'entretien des chemins, à la réparation des édifices publics, à l'emploi des revenus des villes et des communautés, à la distribution des troupes dans la province, à l'approvisionnement des magasins du roi, à la levée des milices. C'est de lui que le ministère recevait tous les renseignements sur l'état de la province, ses ressources, ses charges, ses pertes, ses débouchés, etc. Comprises, avant la Révolution, dans le gouvernement de la Guyenne, comme toute la Gascogne, les Landes formèrent, en 1790, un département dont la circonscription embrassa les pays désignés alors et encore aujourd'hui sous les noms de haute et basse Chalosse (Saint-Sever), de Marsan (Mont-de-Marsan), de Tursan (Aire), de Gabardan (Gabarret), du Maransin (Saint-Michel), d'Albret ou des petites Landes (Albret), enfin des grandes Landes, dans la partie occidentale, le long de la mer.

Triste est l'aspect des Landes encore aujourd'hui, au moins dans la plus grande partie du département. La Chalosse, les vallées de l'Adour et de la Midouze, enfin toute la zone qui borde les Pyrénées sont, à la vérité, très fertiles et réjouissent l’œil par d'agréables et verts coteaux; mais, quand on s'avance vers la mer et la Garonne, ce ne sont plus que des dunes onduleuses, stériles, envahissantes quand le vent les roule de l'ouest à l'est, dangereuses pour le voyageur quand, oubliant de suivre les sommités du terrain et descendant imprudemment dans les lètes ou vallons, il se laisse glisser dans les blouses, ces lacs perfides dont les eaux se cachent sous le sable. Que n'at-on accepté, au XVIème siècle, l'offre des Maures chassés d'Espagne, lorsqu'ils demandèrent la permission de s'établir dans nos Landes ! Cette industrieuse nation eût peut-être fait de ce désert une fertile province. Ce n'est que de nos jours que l'homme s'est trouvé de force à lutter contre la nature. Un inspecteur général des ponts et chaussées, M. Brémontier, a trouvé le secret d'arrêter les envahissements des sables. Le littoral s'est partout couvert de belles plantations dont l'humidité favorise le développement. Mais il faudra bien du temps avant que la lande rase ait cessé d'offrir au regard attristé, pendant l'été, la nudité des déserts d'Afrique, pendant l'hiver l'humide et froide surface des marais de la Sibérie ; avant que l’industrie ait réuni et multiplié par ses travaux, par la canalisation, par l'appropriation des cours d'eau, les cultures isolées que le voyageur rencontre à de longues distances comme autant de fécondes oasis. Il faudra bien du temps avant que le Landais ait changé son genre de vie grossier et ce caractère mélancolique et triste, reflet de son triste pays. Nous ne parlons ici ni du propriétaire qui vit de ses revenus dans l'aisance, ni du colon propriétaire, sorte de classe intermédiaire, mais du simple colon, qui forme la masse de la population, de cet être malingre qui couche sur la paille ou dans sa charrette, qui se nourrit d'un pain noir de seigle ou de maïs assaisonné de quelques sardines de Galice, et que cette vie malheureuse, aidée quelquefois par l'abus des spiritueux, condamne à ne point vieillir. Obligés d'aller eux-mêmes chercher au loin les objets de consommation qui leur manquent et se défaire de leurs produits, on dirait une peuplade tartare égarée sur les bords de l'Atlantique.

On les voit errer dans leurs chariots traînés par des bœufs, portant avec eux leur nourriture et celle de leur attelage. Quand ils se sont arrêté quelque part pour prendre trois heures d'un pauvre sommeil au fond de leur charrette ou sur le sol humide, quand ils font avaler de force à leurs bœufs les tiges sèches de pins mêlées de son et de sel, dont ils les nourrissent, ils poussent un cri rauque, signal du départ, et la caravane reprend sa marche. Ailleurs, on les aperçoit juchés sur leurs xcanques(1), échasses hautes de cinq ou six pieds, la tête couverte du béret, le corps revêtu de la longue dalmatique de grosse étoffe rousse et du gilet de peau de mouton dont la laine est tournée en dehors. Si d'est en hiver, ils y ajoutent un manteau blanc très -¡grossier, accompagné d'un capuchon pointu comme un bonnet chinois. Habitués dès l'enfance à l'usage des xcanques, ils s'en servent avec la plus grande dextérité et traversent sans dévier de la ligne droite des mares profondes. Une longue tige de bois leur sert de balancier quand ils marchent et de point d'appui par derrière lorsqu'ils veulent se reposer. Dans cette situation, ils surveillent au loin leurs troupeaux tout en se tricotant des bas. Comment ces hommes, pour qui le travail est si peu productif, ne seraient-ils pas avares et intéressés ? ils soignent avec amour leur bœuf ou leur cochon malades, bien mieux que leurs femmes ou leurs enfants. Ils sont bons cependant, honnêtes et hospitaliers. Apathiques comme des gens à qui la nature même donne l'exemple de la paresse, s'ils font des lieues entières pour aller le dimanche à l'église, c'est malheureusement quelquefois moins la messe qui les attire que le cabaret, où ils trouvent dans l'ivresse l'oubli de leur misère. Ils tiennent peu à la vie et cependant ils accompagnent les funérailles par des cris et des démonstrations exagérés. Usage singulier les parents vont à l'église, non au cimetière, et jadis hommes et femmes allaient se coucher pendant la sépulture, sans doute pour témoigner un excessif abattement. L'anniversaire de la mort ou cap de l'an est célébré par un repas funèbre. Superstitieux comme les pâtres et les peuples primitifs, ils se signent quand le vent gémit dans la bruyère ; car c'est le soupir d'une âme en peine. Ils croient aux fantômes qui courent la nuit dans les bois, au cri de l'orfraie passant sur leur tête, présage de mort pour un membre de la famille ; aux fées qui remplissent d'or le vase qu'on dépose au pied du chêne sous lequel elles vont danser la nuit, et quand l'orage se prépare, ils disent « Voici le roi Arthur qui passe avec sa meute. » Tel est encore, au XIXèmesiècle, l'état des Landes et du peuple qui les habite.

Le département a été créé à la Révolution française le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir d'une partie de la province de Guyenne et Gascogne. Plus précisément, diverses entités territoriales héritées de l'Ancien Régime ont alors été réunies, ce qui confère à ce territoire administratif une certaine hétérogénéité entre la Chalosse agricole, plutôt tournée vers le Béarn, et la forêt plus proche de la Gironde. À l'orée de l'époque contemporaine (1789-1850), le département était en partie couvert de landes mal drainées (sur environ 60 % à 70 % de l'espace), landes qui lui ont paradoxalement donné son nom, alors que la frange sud était constituée de coteaux aux sols riches, cultivés et boisés. Cette lande était entretenue par écobuage afin de pourvoir en nourriture les grands troupeaux de moutons (entre 900 000 et 1 million de bêtes en 1850), surveillés par des bergers montés sur des échasses ; l'usage de ces dernières permettait d'accomplir plus facilement de grandes distances (15 à 20 kilomètres par jour), tout en surveillant le troupeau sur de grandes distances, du fait d'une quasi absence de relief. Avant la loi du 19 juin 1857 dite Loi d'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne, le régime agropastoral est généralisé : il puise sa force dans le libre usage des communaux majoritaires. Puis la systématisation des plantations de pins (exploités pour leur résine et leur bois), accompagnée de la vente des communaux durant la deuxième moitié du XIXème siècle, a complètement modifié le paysage et l'économie des deux tiers du département, tout en contribuant à son enrichissement rapide. En juin 2006, le conseil général des Landes a exprimé sa volonté de modifier le nom du département en « Landes de Gascogne », dénomination liée au parc régional qui aurait l'avantage d'être plus « parlante » pour les touristes anglo-saxons.
Mont-de-Marsan

La fondation de Mont-de-Marsan est due
à Pierre de Marsan, vicomte du Marsan, du Tursan et du Gabardan.
Il décide entre 1136 et 1140 d'établir une nouvelle ville sur
des terres issues des paroisses de Saint Pierre-du-Mont et de
Saint-Genès-des-Vallées. Il fait d'abord construire une forteresse,
qui prendra plus tard le nom de Château Vieux, à l'emplacement
actuel du Théâtre pour pouvoir contrôler le confluent de la
Midouze et lever les taxes sur les marchandises qui circulent
sur la rivière. Il s'assure ainsi de substantiels revenus. Jusque-là,
les vicomtes étaient basés à Roquefort, plus à l'Est, qui est
également un confluent de moindre importance, entre deux cours
d'eau, la Doulouze et l'Estampon. La nouvelle capitale du vicomté
prend part à un échange commercial important : céréales et résine
descendent de Mont-de-Marsan pour aller vers Bayonne d'où remontent
du sel ou des métaux. Pierre de Lobaner va ensuite faire appel
aux habitants de Saint-Pierre et de Saint-Genès pour qu'ils
s'établissent autour du nouveau château. Ce sont pour la plupart
des serfs à qui il promet la liberté en contrepartie de leur
concours à sa défense.
À cette époque, Saint-Pierre-du-Mont
se vide de sa substance, tout comme les environs. Ces terres
dépendent alors, tant spirituellement que temporellement, de
la puissante abbaye de Saint-Sever. Aussi, Pierre de Lobaner
accorde-t-il à l'abbaye le droit d'ériger une église et un prieuré
bénédictin dans sa nouvelle ville. La première église montoise
est ainsi bâtie à l'emplacement de l'actuelle église de la Madeleine.
Mont-de-Marsan se développe très rapidement, notamment vers
le nord-est. Au XIIIème siècle, des murailles en
pierres coquillères entourent une ville déjà bien peuplée. L'aménagement
d'un débarcadère et d'un pont sur le Midou, au pied même du
château, entraîne l'apparition d'un bourg sur la rive opposée.
On distingue alors le bourg vieux entre Douze et Midou, de type
castelnau, et le bourg de la fontaine plus au sud, du côté de
l'actuelle mairie. Le port de Mont-de-Marsan s'établit plus
loin, sur la rive gauche de la Midouze. Il connaît un développement
rapide grâce à la position stratégique de la ville à la limite
de la Haute Lande, de la Chalosse et de l'Armagnac, entre Bayonne
et Toulouse, Pau et Bordeaux. Ainsi, Mont-de-Marsan constitue
une sorte de verrou entre toutes ces villes. Un nouveau quartier
se développe autour du nouveau port. S'y installe notamment
le couvent des Cordeliers vers 1260. Cce quartier est lui aussi
entouré de murailles percées de portes donnant accès aux routes
d'Aire-sur-l'Adour, Saint-Sever et Tartas. Le couvent de sainte
Claire ou des Clarisses, installé à Beyries en 1256, est transféré
à Mont-de-Marsan en 1275 non loin du Château Vieux. En un peu
plus d'un siècle, une véritable ville est née, le long de trois
axes. Elle prend par conséquent un caractère triple : défensif,
portuaire et religieux.
Aliénor d'Aquitaine apporte le duché
d'Aquitaine en dot en 1152 à son mari Henri Plantagenêt, qui
devient Henri II d'Angleterre en 1154. Mont-de-Marsan passe
ainsi sous domination anglaise pendant près de trois siècles,
jusqu'en 1441. La population trouve refuge derrière les murailles
de la cité durant les troubles liés à la guerre de Cent Ans,
pendant que s'élevent des bastides dans les environs.
Durant
cette période, la ville s'érige en forteresse. Elle passe sous
domination de la maison de Foix-Béarn au XIIIème
siècle.

En 1344, Gaston Phœbus, vicomte de Marsan, fait restaurer le château Nolibos et renforce les fortifications et défenses de la ville. La cité connaît ensuite peu de transformations du XIVème au XVIIème siècle. La domination anglaise entraîne une singulière tradition, qui veut que chaque nouveau maire aille prêter serment en l'église de Saint-Pierre-du-Mont avant de prendre ses fonctions. Cette pratique perdure cinq siècles, pour prendre fin à la Révolution française. Centre commercial important de Guyenne, la ville écoule vers le port de Bayonne les produits de l'arrière-pays (céréales et vins d'Armagnac notamment) durant tout le Moyen Âge et l'Ancien Régime. Le développement du trafic fluvial assure la prospérité des bateliers, organisés en confréries. La navigation se fait sur des gabares, barques à fond plat localement appelées « galupes ». La ville est en rivalité quasi constante avec les autres cités commerciales, notamment Dax.
Dax

Dax entre dans l'histoire en 297 en étant
mentionnée dans la Liste de Vérone et plus tard en 400 dans
la Notice des Provinces et Cités des Gaules. Dans la Novempopulanie,
Province des Neuf Peuples (XII cités dont Dax), la ville est
nommée Civitas Aquensium et les habitants Cives Aquenses, formulations
en usage durant toute l'Antiquité. Dax ne figure pas parmi les
villes augustéennes d'Aquitaine que sont Bordeaux, Périgueux
et Saintes. On peut fixer avec une assez grande vraisemblance
la construction des remparts vers le milieu du IVème
siècle, travail gigantesque pour l'époque, de 1 465 m de longueur,
clôturant environ 12 à 13 hectares, avec pour monument principal
un temple qui daterait de la première moitié du IIème
siècle.
La fondation du siège épiscopal de Dax, l'un des
plus anciens de France, daterait du milieu du IIIème
siècle : saint Vincent de Xaintes en fut le premier évêque et
martyr.
À partir de la fin du Xème siècle, la
ville est administrée par les vicomtes de Dax3 (d'Acqs4) qui
se succèdent jusqu'en 1177, époque où la vicomté passe à la
maison voisine des vicomtes de Tartas par le mariage en 1190
de Navarrine, fille unique de Pierre II, dernier vicomte de
Dax (d’Acqs) avec Raymond-Arnaud III, fils de Raymond-Robert,
vicomte de Tartas. Les vicomtes de Tartas ont tenu la vicomté
de Dax (d'Acqs) tout comme celle de Tartas jusqu'au début du
XIVème siècle (1312). Par le mariage de la fille
unique du dernier vicomte de Tartas et de Dax (d'Acqs), Assalide,
avec Amanieu V, sire d'Albret, de la Maison d'Albret, le titre
en passa dans cette Maison, rois de Navarre au XVème
siècle, et ultérieurement au Roi de France et de Navarre, par
le roi Henri IV issu par sa mère, Jeanne d'Albret, de la Maison
d'Albret. Les vicomtes de Dax (d'Acqs) étaient du sang des ducs
de Gascogne et leurs vassaux directs, tout comme les vicomtes
de Tartas.Le mariage de Louis VII de France et Aliénor d'Aquitaine
est annulé en 1152 ; celle-ci épouse la même année Henri II
Plantagenêt, plus tard roi d'Angleterre, à qui elle apporte
en dot les provinces du Sud-Ouest de la France (Gascogne et
Guyenne). La domination des rois d’Angleterre, appelés rois-ducs
— parce qu'ils demeuraient (en principe seulement) vassaux des
rois de France pour leurs possessions en France — devait durer
jusqu'en 1453, à la fin de la guerre de Cent Ans. Dax fut prise
une première fois aux Anglais par Charles VII et le Dauphin,
futur Louis XI, en 1442. Révoltée et s'étant redonnée aux Anglais
presque aussitôt après le départ des Français, elle fut reconquise
définitivement par les Français lors d'un second siège, le 8
juillet 1451, date à laquelle le comte de Foix en prend possession
au nom de Charles VII. Par ses lettres patentes, Louis XI confirme
les privilèges de la ville d'«Acqs», après son sacre en 1461,
ainsi qu'à la suite de la mort du duc de Guyenne, son frère
le 14 octobre 1472.
Siège épiscopal situé sur le chemin de
Saint-Jacques, Dax attire les pèlerins qui y passent toujours
sur leur route pour Compostelle. Par ailleurs, la ville, située
sur l'Adour, à proximité de Bayonne, et sur l'ancienne voie
commerciale Dax-Pampelune, devient assez prospère, et s'affirme
comme l'une des plus importantes cités gasconnes d'alors, aux
côtés d'Auch et de Bayonne. Le clergé joua un rôle non négligeable
dans ce développement favorisé, en celà par les franchises accordées
par les Plantagenêts, comme en témoignent les nombreuses constructions
réalisées dans les trois derniers siècles médiévaux qui toutes
ou presque ont disparu.
La mairie de Dax est l'une des plus
anciennes de France, elle date de 1189. Le premier maire (ou
Capdel) de Dax s'appelait Pierre de Saint-Paul et, après lui,
148 maires se sont succédé, sans aucune interruption.
Après
les Anglais, ce sont les Espagnols qui sont attirés par Dax.
En effet, par suite de la menace imminente d'une armée espagnole,
Dax mise en état de siège en 1521-1522, résiste à l'incursion.
Les guerres de religion, des épidémies et une grande pauvreté
marquent le XVIème siècle. Vincent de Paul fait ses
études chez les Cordeliers de Dax, ensuite au collège municipal.A
partir du XVIIème siècle, la ville est prospère,
comme le prouvent un certain nombre de maisons du centre ville.
Le cardinal Mazarin séjourne à Dax en 1659. Cette même année,
plusieurs princes et princesses se déplacent dans la cité des
Eaux-Chaudes. Louis XIV s'arrêta ainsi à Dax en allant au-devant
de sa fiancée, l’Infante Marie-Thérèse, qu'il allait épouser
à Saint-Jean-de-Luz.
L'Etang Noir de Seignosse

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