Histoire du Lot


Le département du Lot et celui de Tarn-el-
Garonne ont été formés de la province qui portait, avant 1789,
le nom de Quercy. Ce nom, que l'on a voulu faire dériver des
chênes (quercucs) dont le pays était autrefois couvert,
vient des Cadurci, le peuple gaulois qui occupait cette contrée
avant l'invasion romaine. Les Cadurci étaient de race celtique.
Établis dans les bassins dit Tarn, du Lot et de la Dordogne,
presque au pied des montagnes d'Auvergne, dont les ramifications
donnaient à leur pays cet aspect aride et escarpé qui rappelle
l'Afrique au voyageur, ils étaient sur la zone même où se rencontraient
les peuples celtiques et les peuples ibères.
A leur droite
et à leur gauche, les Petrocorii ( Périgord) et les Rutheni
(Rouergue) étaient Celtes comme eux ; plus au sud et plus à
l'ouest, l'origine ibérienne des habitants se reconnaissait
et se reconnaît encore à leurs caractères physiologiques.
Si les monuments celtiques ne sont pas aussi nombreux dans
ce département que dans certains autres, ils n'y manquent point
cependant. On y trouve particulièrement des monuments funèbres,
des tombelles, dont quelques-unes renferment plusieurs cercueils
de pierre superposés, par exemple celle qu'on nomme Pacy-les-Martres
(Puy des-Martyrs) des dolmens, qui sont également des monuments
funèbres, comme l'attestent les squelettes mis à découvert par
les fouilles, et dont le principal est celui qu'on appelle la
Pierre Martine, près de Livernon il a plus de 7 mètres de longueur
et plus de 3 de largeur ; sa table supérieure oscille sur ses
supports pendant une minute à la moindre pression de la main
; auprès des squelettes, on a trouvé des flèches et des hachés
en silex, des fragments de poterie, des ornements en os ou en
pierre, des épées et des poignards en cuivre.

Près de Prayssac, sur la montagne de
Roquebert, on voit un cromlech assez considérable. Les Cadurci
formaient une cité qui dépendait de la grande confédération
des Arvernes. Ils prirent part avec ce peuple puissant à l'énergique
résistance qu'il opposa aux généraux de Rome. Ils combattirent
avec Britich sur les bords du Rhune contre Fabius.
Plus
tard, dans la grande lutte contre César, ils fournirent leurs
contingents au camp d'Alésia, où Vercingétorix avait convoqué
la Gaule entière, et enfin leur pays eut l'honneur de servir
de théâtre aux derniers efforts de l'indépendance gauloise.

On se demande à présent où était située la ville d'Uxellodunum. Cahors, Luzech, Puech d'Usselou, Capdenac se sont disputé ce nom. Le Puech-d'Usselou ou Puy-d'Issolu, selon d'Anville, est l'ancienne Uxellodonum. D'après les recherches plus récentes et les fouilles pratiquées sous la direction du commandant Stoffel, cette opinion semble devoir l'emporter, malgré les assertions de Champollion-Figeac et de la commission de topographie des Gaules, qui penchent, celle-ci pour Luzech, et celui-là pour Capdenac. Uxellodunum était une place fortement située sur un rocher à pic, au pied duquel serpentait une rivière. Le lieutenant de César, Caninius, qui venait de vaincre Dumnacus, s'avança à la poursuite de Drapès et de Lucterius jusqu'à la place dont nous parlons et où les fugitifs se jetèrent. Lucterius était du pays ; c'était un Cadurque à qui ses richesses et son esprit ambitieux avaient donné dès longtemps une grande influence et qui venait de l'accroître encore par des services rendus à la cause de la Gaule tout entière. Arrêté devant cette place inexpugnable, Caninius eut le bonheur de s'emparer de Drapès et de mettre en fuite Lucterius, à la suite d'une sortie qu'ils venaient de faire pour aller chercher des vivres, dont la disette se faisait sentir dans la ville.

Avoir privé la ville de ses deux meilleurs défenseurs, ce n'était pourtant point l'avoir prise, et l'arrivée de César ne fut pas inutile à son lieutenant. Il commença par empêcher les habitants de venir puiser de l'eau à la rivière, et, comme ils étaient obligés pour cela de descendre le flanc escarpé de la montagne, il y réussit facilement en disposant en face des archers et des machines à projectiles. Privés de l'eau de la rivière, les assiégés recoururent à celle d'une fontaine qui coulait au pied de leurs murs. César voulut également les en écarter et fit construire près de ces murs une tour de bois à dix étages d'où les traits pleuvaient sur eux ; ils s'en débarrassèrent en faisant rouler contre elle des tonneaux de suif et de bitume enflammé. César trouva alors un moyen fort efficace : une tranchée creusée dans le roc détourna les eaux de la source qui tarit subitement à la vue des assiégés ; ce qui les jeta dans un tel désespoir qu'ils virent dans cet événement moins l'habileté humaine qu'un arrêt du ciel. Ils se rendirent. César leur laissa la vie et leur fit couper les mains, « afin de rendre plus visible à tous le châtiment des méchants, » comme dit singulièrement son compagnon de guerre et le continuateur de ses Commentaire, Hirtius. Drapès se laissa mourir de faim. Lucterius fut livré par la trahison d'un Arverne nommé Epasnact, « grand ami du peuple romain, » et mourut par la main du bourreau.

La Gaule, saisie de terreur, n'osait
plus-remuer ; elle tremblait au seul nom de César ; et les voisins
des Cadurques, redoutant leur sort, chantaient entre eux à voix
basse ce refrain demeuré traditionnel :
« Prends garde,
fier Pétrocorien,
Réfléchis avant de prendre les armes,
Car, si tu es battu, César te fera couper les mains !
Le pays des Cadurques fut compris, sous Auguste, dans la
Gaule Aquitaine, et, sous Honorius, dans la Première Aquitaine.
Il reçut, comme toutes les provinces gauloises, en dédommagement
de la liberté perdue, les bienfaits de la civilisation romaine,
des routes, des aqueducs, des édifices, dont nous parlerons
à propos de Cahors. On ne cite guère néanmoins que trois localités
du département qui datent de l'époque romaine Cahors, Duravel
(Diolidunum), et Mercuès (Mercurii Castrum).
Au Vème,
siècle, le Quercy eut sa part des malheurs de la Gaule et fut
ravagé successivement par les Vandales, les Alains, les Suèves,
enfin les Wisigoths qui s'y établirent, et en furent chassés
par Clovis. Il suivit le sort de l'Aquitaine sous les rois francs
de la première et de la deuxième race. Celle-ci toute belliqueuse
et résolue à dompter enfin le midi de la Gaule, toujours rebelle
au nord, entreprit ces guerres terribles que signala la résistance
des princes vascons Hunald et Waïfre.
Associé par sa situation
géographique à la lutte des Méridionaux, le Quercy fut un des
principaux théâtres de cette guerre défensive que favorisaient
ses montagnes et ses nombreux défilés. Après le triomphe des
Carlovingiens, il forma, avec le Rouergue, l'un des neuf comtés
établis par l'empereur d'Occident dans le oyaume d'Aquitaine,
échu à son fils, Quoique éloigné de la mer, le Quercy n'en fut
pas moins exposé, pendant les trois siècles qui suivirent la
mort de Charlemagne, aux ravages des Normands. Avoir des fleuves
et des rivières navigables, c'est une richesse pour un pays
; mais, à cette époque désastreuse, c'était une calamité. Les
Normands remontèrent la Dordogne jusqu'à Souillac, le Lot et
le Célé jusqu'à Figeac, répandant partout la désolation.
Le régime féodal rendit au pays la sécurité. On regarde comme
le premier comte héréditaire du Quercy un certain Rodolphe,
qui vivait en l'an 900. Mais sa postérité ne posséda ce comté
que pendant soixante ans. Robert, arrière-petit-fils de Rodolphe,
ayant fait la guerre à Pons, comte de Toulouse, en fut complètement
dépouillé. Depuis cette époque, le Quercy fut possédé, conjointement
avec le Rouergue, par une branche de la maison des comtes de
Toulouse que l'on croit avoir été la branche aînée. Enfin, en
1065, Berthe, comtesse de Quercy et de Rouergue, étant morte
sans postérité, ces deux pays furent réunis au domaine des comtes
de Toulouse et suivirent les destinées de la maison de Saint-Gilles.
Le divorce d'Éléonore et de Louis VII, suivi du mariage de cette
princesse avec le roi d'Angleterre, Henri II, livra la Guyenne
aux Anglais et leur donna des prétentions sur le comté de Toulouse.
Henri II entreprit aussitôt la guerre contre Raymond V et marcha
sur Toulouse n'ayant pu s'en emparer, il prit du moins Cahors
en 1159 ; mais la paix qui se fit bientôt après lui enleva sa
conquête. En 1188, la guerre recommença. Raymond V, offensé
par l'un des fils du roi d'Angleterre, le fameux Richard Cœur
de Lion, fit arrêter deux chevaliers anglais qui revenaient
d'un pèlerinage à Saint-Jacques en Galice. Outré de colère,
Richard se jeta sur le Quercy, y prit dix-sept châteaux et demeura
en possession de cette province jusqu'en 1196. Devenu alors
roi d'Angleterre, il fit la paix avec Raymond VI, qui avait
succédé à Raymond V, et, renonçant à ses prétentions sur le
comté de Toulouse, lui rendit le Quercy.

La guerre des Albigeois répandit la désolation
dans tout le Midi. Le Quercy fut envahi par Simon de Montfort
et la possession lui en fut confirmée par le légat du pape.
Un peu plus tard, Raymond VI ayant recouvré ses États, les transmit
à son fils Raymond VII ; mais celui-ci trouva un adversaire
plus redoutable encore dans le roi de France. Le comté de Toulouse
et ses dépendances furent presque entièrement annexés au domaine
de la couronne.
Le Quercy appartenait en effet au roi de
France sous le règne de saint Louis ; mais il fut au nombre
des provinces que ce monarque abandonna à l'Angleterre par le
traité de 1259, sous condition d'hommage lige.
Plus tard,
conquis par Du Guesclin sous Charles V, puis repris par les
Anglais, il resta en leur pouvoir jusqu'à l'époque où ils furent
chassés de France, c'est-à-dire jusqu'en 1453.
Louis XI incorpora
le Quercy à la Guyenne, qu'il donna à son frère Charles de Berry.
A la mort de ce dernier (1472), la province fut pou rtoujours
réunie au domaine royal.
Avant cette réunion, le Quercy avait
ses états provinciaux. Ces états votaient les subsides que le
pays accordait au comte ; ils continuèrent d'exister et de voter
les subsides pour le roi. Ils se composaient des trois ordres.
Le tiers se formait des députés de 24 communes, villes et bourgs,
dont les principales étaient Cahors, Montauban, Figeac et Moissac.
Ils se réunissaient dans une de ces quatre villes. L'évêque
de Cahors en avait la présidence. En 1552, Henri II institua
à Cahors un présidial.
Les guerres de religion mirent en
évidence un contraste, une rivalité même qui a toujours existe
entre le haut et le bas Quercy. Le haut Quercy, où se trouvait
Cahors, resta fidèle au catholicisme ; le bas Quercy, plus méridional,
se déclara pour les calvinistes qui y trouvèrent une de leurs
plus fortes places, Montauban. Malgré cette hostilité si marquée,
l’unité administrative du Quercy subsista jusqu'à la fin de
la monarchie, si ce n'est qu'une faible partie de la province
,celle qui était située au nord de la Dordogne, relevait du
parlement de Bordeaux, tandis que tout le reste relevait de
celui de Toulouse.
. L'organisation nouvelle de 1779, qui
réunit, sous le nom d'administration de la haute Guyenne, le
Quercy et le Rouergue, n'amena point encore de séparation, et
il en fut de même, en -1790, de l'organisation départementale,
qui enveloppa tout le Quercy dans l'unique circonscription du
département du Lot. Sans doute les circonstances étaient trop
graves et les préoccupations trop considérables pour que les
législateurs de la France eussent le temps de songer aux petites
jalousies de Montauban contre Cahors ; mais, en 1808, comme
Napoléon 1er revenait de Bayonne où il avait disposé
de la couronne d'Espagne, les Montalbanais profitèrent de son
passage pour lui exposer les griefs de leur vanité et solliciter
le rang de chef-lieu de département. Il leur accorda ce qu'ils
demandaient, et un sénatus-consulte, en détachant le bas Quercy
pour en former le département de Tarn-et-Garonne, resserra celui
du Lot dans les limites du Haut Quercy.

Le département du Lot correspond en grande
partie à l'ancienne province du Quercy.
Le Quercy correspond
au territoire autrefois occupé par le peuple gaulois des Cadurques
ou Cadurci qui forma après la conquête romaine la civitas gallo-romaine
du même nom. Les limites de la cité se retrouvent dans l'ancien
diocèse de Cahors dont le nom vient d'ailleurs aussi de Cadurci.
Le territoire de la cité est ensuite intégré dans la Guyenne,
partie septentrionale de l'Aquitaine détachée pour la soustraire
aux interventions carolingiennes contre les révoltes vasconnes.
Mais il réapparaît presque aussitôt en Cadurcensis pagus car
il est en effet érigé en comté vers 780. Il est englobé en 849
dans le comté de Toulouse. À partir de 950, le nombre et la
turbulence des seigneurs féodaux, retranchés dans leurs places-fortes
et érigeant leur donjon, dominium de prestige, entravent le
droit suzerain de Toulouse. L'ouverture féodale est indéniablement
tournée vers le nord alors que la souveraineté des comtes de
Toulouse l'a arraché à l'Aquitania. La cohésion du Quercy se
maintient par la puissance retrouvée et incontestée de l'évêché
de Cahors. Il commande le pays et encourage de nombreuses fondations
d'abbayes et de prieurés, évoluant en autant de seigneuries
religieuses. Prolongeant l'ouverture aux multiples influences
du nord, Moissac est ainsi à l'origine du style roman languedocien.
Montauban est une bastide fondée en 1144 par Alphonse Ier Jourdain,
comte de Toulouse. L'essor de la ville est rapide et sa richesse
et son organisation devient modèle, au point qu'elle initie
un mouvement d'émancipation municipale, imitée ensuite par Toulouse
et son consulat. Roc Amadour, filiale de l'abbaye de Tulle,
est le grand lieu de pèlerinage quercynois. À son apogée médiévale,
sa population dépasse 20 000 habitants. L'extirpation de l'hérésie
cathare suscite la croisade contre les Albigeois. Dans une répression
d'une violence disproportionnée, elle frappe le Quercy arrimé
au comté de Toulouse et justifie l'intervention royale, protectrice.
Louis IX le confisque en 1228. À la mort de Jeanne de Toulouse,
en 1271, le Quercy se retrouve au cœur des querelles et guerres
franco-anglaises. C'est pour les belligérants un morceau de
la Guyenne, au point que Quercy et Haute-Guyenne soient synonymes.
Supposé acquis par le royaume de France, le Quercy est rendu
à la couronne anglaise par le traité d'Abbeville en 1259. Mais
il est repris par Philippe le Bel. Entre 1290 et 1360, les royaumes
de France et d'Angleterre se disputent les confins de l'Aquitaine.
En 1360, le Quercy subissant les affres de la peste noire depuis
onze années est rendu à l'Angleterre par le traité de Bretigny-Calais.
Mais la reconquête française ne tarde pas, orchestrée par Bertrand
du Guesclin pour le roi Charles V de 1373 à 1380. Pourtant,
une fois oubliées les brutalités de la guerre, les ravages de
la peste noire plus dévastateurs encore, et avec un serein apaisement
chrétien, les Occitans du comté de Toulouse soutiennent Charles
VII réfugié en Touraine et Berry, alors que Parisiens, Normands
et les seigneurts influents du nord de la Seine suivent l'alliance
d'intérêt anglaise et bourguignonne. Mieux l'Occitanie fait
pencher la balance du côté du pouvoir régalien français qui
entreprend timidement mais inexorablement la reconquête du nord.
En 1472, le Quercy ou Haute-Guyenne est réuni définitivement
au domaine royal. Le Bas-Quercy est marqué par la Réforme, se
signalant comme ces Pays-Bas du Sud-Ouest. Le Haut-Quercy reste
hésitant sur la Réforme puis finit par demeurer dans le catholicisme.
Les fureurs paysannes quercynoises seront dévastatrices, aussi
soudaines que violentes, ainsi les Croquants en 1594 et en 1624.
Cahors

La ville de Cahors a longtemps été disputée,
et assiégée plus souvent qu'à son tour : du Romain Jules César
ou du Franc Théodebert Ier au roi de Navarre Henri
IV en passant par les prétentions anglaises de Richard Cœur
de Lion, plus tard du Prince Noir. Ainsi, la cité, qui s'étendait
sur l'ensemble du cingle du Lot, est incendiée en 571 par Théodebert
Ier, roi d'Austrasie et petit-fils de Clovis. Dès
cette époque de nombreux monuments gallo-romains, basiliques,
temples, thermes, théâtres sont pillés et détruits. Elle est
relevée de ses ruines par l'évêque Saint Didier, dit aussi Saint
Géry, qui y fit édifier la première cathédrale en 650 ainsi
qu'une muraille dont le tracé correspond à l'actuel boulevard
Gambetta. Les pierres des anciens vestiges sont alors réutilisées.
Mais la ville est à nouveau pillée par les Sarrasins en 732,
puis par les Vikings et les Hongrois. De tout ce qui faisait
sa splendeur dans l'Antiquité, il ne reste que des ruines.
N'empêche, Cahors, forte de son emplacement géographique et
de la puissance et de la volonté des évêques qui y règnent,
se reconstruit et reprend de l'importance. Reste qu'au sein
même de la cité le conflit s'éternise entre évêques, consuls
puis sénéchaux pour s'arroger le pouvoir. Le 2 septembre 1272,
l'évêque de Cahors, Barthélémy, et les consuls de la ville s'entendent
pour nommer des « arbitres et amiables compositeurs » chargés
de régler les différends survenus entre eux au sujet des anciennes
coutumes et des coutumes nouvelles. Le 23 juillet 1304, dans
une déclaration faite publiquement dans l'église cathédrale
de Cahors, Raymond, évêque de la ville, reconnaît qu'il tient
les consuls et habitants de cette ville pour bons et vrais catholiques,
aumôniers (généreux dans leurs aumônes), prieurs et dévots.
Au XIVème siècle Cahors bénéficie des largesses du
pape Jean XXII, né Jacques Duèze (ou d'Euze ?), en 1244, à Cahors
dans une famille bien établie dans la ville et liée aux notables.
Il est élu pape en 1316. Mort à Avignon en 1334, Jean XXII s'était
beaucoup soucié de sa ville natale, de sa famille et de ses
concitoyens. Il construisit un palais, dont il reste encore
quelques éléments et une tour, encore nommée « du pape Jean
XXII ». C'est lui qui fonde en 1331 l’université de Cahors,
qui fut l'une des premières créées en France. Cette université
était composée des quatre facultés de théologie, droit, médecine,
arts ou belles-lettres. Elle attira de grands professeurs de
droit notamment Roaldes et Cujas et rivalisa autour de 1450
avec les universités les plus célèbres France. Ses étudiants
jouissaient des mêmes privilèges que ceux des universités de
Paris et de Toulouse. En 1751, lorsqu'elle est fusionnée avec
celle de Toulouse sur décision du chancelier du roi La Moignon,
elle comptait 1600 étudiants.

À l'époque médiévale, Cahors est une
place financière de première importance dans l'Europe d'alors,
où affluent les banquiers lombards. Pendant la guerre de Cent
Ans, la ville passe pour un temps sous domination anglaise.
Le 8 janvier 1362, elle doit se rendre au lieutenant du roi
d'Angleterre, Chandos, en présence du maréchal français Boucicaut.
Le 5 février 1369, les consuls de Cahors jurent de porter secours
au roi de France Charles V déclarant que, « même sous la domination
anglaise, ils n'avaient jamais cessé d'avoir le cœur français
». Par ailleurs, la ville ainsi que l'université conservaient
ses privilèges, par les lettres patentes de Louis XI en 1472,
à la suite de la mort du duc de Guyenne, frère du roi
À
la Renaissance, Cahors demeure une ville artisanale et industrielle
active. Ses vins, connus depuis les Romains et appréciés dans
le monde de l'époque, qui lui assurent des revenus, subissent
la concurrence féroce de ceux de Bordeaux, soutenus par les
Anglais. En 1562, les catholiques tuent huit protestants, dans
un affrontement de rue. En mai 1580, durant la septième guerre
de religion, Henri de Navarre en fait le siège. Le capitaine
Jean de Vezins refuse la reddition. Les assaillants font sauter
la porte, puis prennent la ville après trois jours et trois
nuits de combats de rue, barricade par barricade. Cette prise
contribue énormément au prestige du futur Henri IV : il est
toujours au cœur des combats, entraîne ses compagnons d’armes,
les rallie sans cesse, veille à éviter le pillage, empêche le
massacre.
La ville est traversée par un des chemins du pèlerinage
de Saint-Jacques-de-Compostelle La Via Podiensis. Les jacquets
arrivaient de Saint-Cirq-Lapopie pour ceux qui avaient emprunté
la vallée du Célé, ou de Varaire pour ceux qui avaient emprunté
la vallée du Lot. La sortie de la ville et la traversée du Lot
qui se faisait aux premiers siècles de l'ère chrétienne comme
de nos jours en face du quartier Saint-Georges, il se fit aussi
à partir du XIVème siècle par le pont Valentré. Les
pèlerins remontaient alors par un chemin assez raide jusqu'à
la Croix de Magne et de là, après un dernier regard sur le panorama
de l'ancienne cité des Cadourques, reprenaient leur chemin dans
la direction que leur indiquait toujours la Voie lactée. Sur
ce parcours, la prochaine commune est Labastide-Marnhac. Cahors
eut plusieurs hôpitaux dont celui de Saint-Jacques qui fut d'abord
près de l'actuelle place Galdémar. En 1683, il fut transféré
au lieu-dit la Croix des Capucins. Une chapelle dédiée à l'apôtre
de l’Espagne fut appelée au XVIème siècle Saint-Jacques
des Pénitents à partir du moment où elle fut le siège d'une
confrérie de Pénitents Bleus, un très intéressant retable y
était conservé.
Figeac

Une voie romaine franchissait le Célé
à gué et l'on a trouvé des restes de murailles et des sarcophages
gallo-romains. Selon la légende, un vol de colombes, dessinant
une croix dans le ciel, sous les yeux de Pépin le Bref, décida
de la fondation, en ces lieux, d'un monastère, en 753. Le roi
aurait dit Fiat là ! (qu'il [le monastère] soit fait là ! ),
cette expression aurait donné le nom Figeac. Un miracle en appelant
un autre, en 755, le pape Étienne II, venu bénir l'église, vit
Jésus lui-même escorté par des anges, venir consacrer le monastère.
Quoi qu'il en soit, le lieu était déjà habité dans l'Antiquité.
une abbaye aurait été fondée dans la première moitié du VIIIème
siècle. En 861, les normands y auraient tué soixante moines
après avoir massacré les habitants réfugiés dans l'église. Une
abbaye, fut fondée en 838, après le pillage du monastère par
les Vikings. Bien située sur les chemins de Compostelle et de
Rocamadour, elle prospéra et entraina rapidement le développement
d'une agglomération. À la suite de tensions croissantes, à partir
de 1244, entre les consuls, représentants des principales familles
marchandes, et l'abbé, Figeac, à l'issue d'une négociation menée
par Guillaume de Nogaret et moyennant rachat par la couronne
des droits abbatiaux, passa sous la dépendance directe de Philippe
le Bel en 1302. Le roi lui accorda le rare privilège de battre
la monnaie. Grâce à un artisanat prospère, la ville s'enrichit.
En 1318, Philippe le Long, satisfait des habitants de Figeac
qui l'auraient promptement reconnu roi de France, confirma les
prérogatives, libertés, franchises déjà obtenues. Il accorda
une charte particulièrement favorable : sceaux, drapeaux, consuls
choisis parmi les habitants. Ils possédaient les murs, tours,
remparts et fossés. Ces privilèges furent confirmés par Philippe
de Valois (1334) et Louis XI, à l'occasion de sa visite en 1463.
Au service des Anglais, Bernardon de la Salle s'empara de
la ville de Figeac le 14 octobre 13717, mais l'abandonna l'année
suivante contre versement d'une indemnité. Les guerres de Religion
trouvèrent la ville divisée. Jeanne de Genouillac, fille de
Galiot, seigneur d'Assier, travailla à gagner la population
à la foi nouvelle. Les protestants tentèrent, à partir de Capdenac,
devenue protestante en 1563, de s'emparer de Figeac à deux reprises
en 1564, puis le 28 décembre 1568, avant d'y parvenir finalement
en 1576 lorsque les calvinistes à l'intérieur de la ville ouvrirent
les portes à ceux de dehors. Les armées protestantes s'emparèrent
de la ville, se livrèrent à un massacre et brûlèrent une partie
de la ville. La colline du Puy fut transformée en place forte.
Le 10ème synode national protestant se tint à Figeac
le 2 août 1579. L'édit de Nantes laissa la ville aux protestants
et ce n'est qu'après la chute de Montauban, en 1622, que Louis
XIII fit démanteler la citadelle. Le 8 juin 1624, un des chefs
de la jacquerie des Croquants de 1624, Doüat est écartelé à
Figeac, après l'échec de la révolte paysanne qui a suivi l'annulation
de l'exemption de gabelle dont bénéficiait le Quercy.
Gourdon
Le site de Gourdon devint au Moyen Âge un castrum, bâti sur un éperon, avec château fort et remparts circulaires. Les seigneurs de Gourdon sont mentionnés pour la première fois au IXème siècle dans une charte de 839. Un certain Odolric, d’origine wisigothe, en aurait été le seigneur et serait à l'origine de la puissante famille de Gourdon. Géraud III de Gourdon fut seigneur de Gourdon vers le Xème siècle. Un membre de cette famille, Bertrand de Gourdon, aurait tué Richard Cœur de Lion lors du siège de Châlus. En 1243, ses habitants s'émancipent en partie de la tutelle seigneuriale par l'octroi d'une charte de coutume. En 1244 la ville reçut une charte de coutumes et fut gouvernée par quatre consuls, confirmée par l'évêque de Cahors et le sénéchal du Quercy. La seigneurie de Gourdon échoit au XIVème siècle aux Cardaillac, puis à Jean d'Armagnac. La ville bourgeoise de Gourdon, prospère et bien administrée par ses consuls, ressent une antipathie croissante contre les seigneurs appauvris de Gourdon, qui s'attachent à quelques privilèges humiliant ou parfois d'exorbitantes brimades. Lou consoulat est fidèle à la lignée des rois de France, en particulier Charles VII et Louis XI, qui les protègent face à de plus en plus improbables retours en force seigneuriaux. En 1316, Jean d'Armagnac, comte de Rodez, devint le seigneur de la ville.Gourdon s'illustra durant la guerre de Cent Ans en étant un important centre de résistance aux Anglais. La ville fut occupée par les Anglais. Elle avait alors un château protégé d'épaisses murailles. Sous le règne de Charles VII, ce château fut démoli par les Anglais au moment de leur départ. Au sortir des temps féodaux, les seigneurs de Gourdon, même s'ils contrôlent les passages du Lot en amont de Cahors, sont tenus en respect par les évêques de Cahors qui contrôlent la navigation fluviale sur le Lot. Les seigneurs de Turenne dominent la vallée de la Dordogne et les maisons de Saint-Sulpice et de Cardaillac accaparent l'Ouest du Quercy. Fortanier de Gourdon fonde également un relais à mi-distance entre leur domaine de Gourdon et les châteaux de Cénevières et Montbrun : la bastide fortanière ou bastida fortanieta de Gordonio qui devient aussitôt un abri pour les pèlerins de Rocamadour. Lors des Guerres de religion, en 1562, la ville est prise par les calvinistes. En mai 1619, Pons de Lauzières-Thémines, maréchal de France et seigneur de Gourdon, prend parti pour Marie de Médicis contre le jeune roi Louis XIII. Aussitôt, montrant une fidélité, à la fois exemplaire et intéressée au roi, sous la direction du duc de Mayenne, les habitants assiègent le château, le rasent et instaurent l'hégémonie définitive des consuls de la ville. Elle connut son apogée au XVIème siècle grâce à la prospérité des tisserands et des drapiers. Sa population atteignait déjà les 5000 habitants. Le constant déclin du Haut-Quercy depuis les Temps modernes ne permet pas d'apercevoir facilement le rayonnement et la vigueur de l'économie gourdonnaise médiévale ou de la Renaissance.
Promenade dans le Lot
Le Lot a un patrimoine naturel impressionnant avec des lieux incontournables comme le Goufre de Padirac ou Rocamadour. N'oublions pas les nombreuses demeures féodales comme les châteaux de Bonaguil, Larroque-Toirac, Château de Montal, sans oublier les très nombreux villages classés. Un département à découvrir pour ceux qui aime la nature et les vieilles pierres dont ce département regorge.