Histoire de de la Marne
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Lorsque les Romains pénétrèrent dans
les Gaules, ils trouvèrent la partie sud-est du territoire,
qu'ils désignèrent après leur conquête sous le nom de Belgica
secunda, occupée par deux peuplades, les Remi et les Catalauni,
dont tous leurs auteurs s'accordent à vanter le courage et la
puissance. Ces contrées qui devinrent, sous la monarchie franque,
les domaines indépendants des évêques de Reims et de Châlons,
quoique enclavées dans la Champagne et rattachées par certains
liens de vassalité aux comtes de cette province, ont formé presque
en entier le département actuel de la Marne. Tout ce qui précède
la période romaine est resté dans l'obscurité la plus profonde
; mais il est permis de supposer, pour ces populations, de glorieux
antécédents, sur la foi de César lui-même, leur ennemi et leur
vainqueur, écrivant dans ses immortels Commentaires: Gallorum
omnium fortissimi Belgii ; ce à quoi Strabon ajoute inter
istas gentes Remi sunt nobilissimi (De tous les Gaulois,
les Belges sont les plus braves, et parmi eux les Rémois sont
les premiers à citer). De pareils titres de noblesse peuvent
consoler de quelques lacunes dans l'histoire ; il est à regretter
cependant qu'aucun document, qu'aucun débris de monuments religieux
ou civils ne vienne jeter la moindre clarté sur un passé qui
avait valu à nos ancêtres une si glorieuse renommée et une position
si importante.
César et ses successeurs, qui se connaissaient
en valeur et savaient l'honorer, firent tous leurs efforts pour
s'attacher les Remi et les Cataloni. ; ils y parvinrent et s'en
firent des alliés aussi fidèles que les Éduens l'étaient dans
la partie celtique de leur nouvelle conquête ; aussi n'avons-nous
à citer aucune révolte contre la domination des vainqueurs.
Depuis quelques années, de nombreuses fouilles archéologiques
ont été pratiquées dans le département et ont amené d'importantes
découvertes en objets gallo-romains, notamment dans la contrée
sise entre Reims et Sainte-Menehould, et aux environs de Sézanne.
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On a découvert à Coizard, arrondissement
d'Épernay, une station extrêmement importante de l'âge de la
pierre polie, connue de tout le monde savant.
Ce qui, partout
ailleurs, est une occasion de déchirements et de persécutions
s'accomplit dans cette contrée sans que l'harmonie en paraisse
troublée, les temples s'y élèvent en l'honneur de Jupiter, de
Mars et d'Apollon, sans protestation ; des cultes abolis le
christianisme y apparait à son tour dès le IIIème
siècle, sans que des mesures bien rigoureuses signalent les
vengeances du paganisme menacé enfin les barbares eux-mêmes
semblent respecter ce territoire comme un terrain neutre et
consacré à la paix, et lorsque Attila en menace la capitale,
on voit combattre, pour sa défense, sous le même drapeau, les
Francs de Mérovée, les Wisigoths de Théodoric et les légions
d'Antius.
La substitution de la monarchie de Clovis à la
domination romaine s'y opéra aussi sans secousses sous les premiers
successeurs de ce prince, le pays fit partie du royaume d'Austrasie,
dont Reims fut même quelque temps la capitale. Des lieutenants
royaux, avec le titre de comtes, administraient la province.
Elle suivit le sort de l'État auquel elle s’était incorporée
pendant les règnes si agités des rois de la première race, sans
qu'aucun épisode notable signale son histoire particulière.
Sous Charlemagne, l'extension des limites de l'empire la fit
passer dans la Neustrie ; mais, au milieu de tous ces bouleversements,
deux pouvoirs s'étaient maintenus et avaient grandi c'étaient
ceux des évêques de Reims et de Châlons.
Dès le temps de
Clovis, ils étaient en possession de privilèges considérables
que chaque siècle avait vus augmenter ; depuis longtemps, l'autorité
royale sur les villes épiscopales n'était plus que nominale.
Les prélats, à leur dignité religieuse, avaient ajouté le titre
et les pouvoirs de comtes l'évêque de ChâIons battait monnaie
; tous les deux étaient pairs de France et pouvaient réunir
une armée de soixante mille vassaux dans la querelle des investitures,
quand Louis le Gros se fit le défenseur des prétentions de la
papauté.
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Il ne faut donc pas s'étonner de voir,
à l'époque du morcèlement de la France féodale, l'influence
des sièges épiscopaux de ChâIons et de Reims prévaloir contre
le menaçant voisinage des comtes de Vermandois et de Champagne.
Pendant la crise qu'amena l'affaissement du pouvoir central
sous les derniers carlovingiens, il y eut des luttes, des alternatives
de succès et de revers ; les prélats, aussi guerriers que pasteurs,
subirent les chances des batailles auxquelles les entrainaient
les nécessités de leur puissance territoriale mais, encouragés
par les sympathies et l'influence des rois de France, qui redoutaient
moins leur pouvoir que l'agrandissement des vassaux laïques
de la couronne, ils maintinrent leur autorité sur leurs deux
capitales et sur un rayon qui répond à peu près exactement à
la circonscription actuelle du département ; tout ce que put
obtenir contre elle la dynastie héréditaire des comtes de Champagne,
fondée par le fameux Thibaut, fut la reconnaissance d'un fait
pour ainsi dire géographique, l'incorporation des deux évêchés
dans le territoire de la Champagne, l'hommage, à ce titre seulement,
aux comtes de la province ; mais sans aucune atteinte aux privilèges
séculaires, sans aucun empiètement sur les droits et sur l'indépendance
des prélats. Grâce à cet état de choses, il y eut, au milieu
de la Champagne proprement dite ; une Champagne rémoise et une
Champagne châlonnaise, qui, le plus souvent, restèrent en dehors
des discordes et des guerres dont fut agitée la France, et purent
même garder la neutralité dans les nombreuses et sanglantes
querelles que vidaient sur leurs frontières nos rois et les
comtes de Champagne.
Quoique ce fussent surtout les villes
qui profitassent des bienfaits de la paix, et quoique la prospérité
s'y révélât à des signes plus apparents, les campagnes avaient
trouvé aussi, sous ce régime, leur part de sécurité et de bienêtre,
lorsque l'invasion anglaise, au XIIIème siècle, vint
réclamer de leur patriotisme sa part de dévouement et de sacrifices.
Les commencements de cette longue et terrible guerre coïncident
avec la réunion de la Champagne à la couronne de France, Jeanne,
unique héritière de Henri III, quatorzième comte de Champagne,
ayant épousé Philippe le Bel en 1284.
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Cette cession, qui ne fut solennellement
enregistrée qu'en 1361, sous le roi Jean, souleva des difficultés
dont le détail appartient à l'histoire du comté de Champagne
; nous avons à constater seulement qu'à dater de cette époque
furent rompus les derniers liens de vassalité qui rattachaient
les domaines des évêques à la maison de Champagne. La première
attaque sérieuse fut dirigée par Robert Knolles et Eustache
d'Auberticourt, que repoussa Henri de Poitiers, évêque de Troyes.
A ces assaillants succéda bientôt Édouard d'Angleterre, qui,
profitant de la captivité du roi Jean, fondit sur la Champagne,
où il rencontra toutefois une vigoureuse résistance. Le traité
de Brétigny exposa le pays à de nouvelles calamités ; il fallut
que Du Guesclin vînt le délivrer des bandes indisciplinées des
tard venus, qui pillaient les villes et ravageaient les campagnes,
De 1368 à 1380, eurent lieu de nouvelles expéditions des Anglais,
sous les ordres des ducs de Lancastre et de Buckingham, et,
cinquante ans plus tard, la victoire de Cravant, remportée par
Salisbury, qui put croire un instant avoir arraché la province
entière à la France. Qu'on se représente, en effet, ce malheureux
pays isolé au milieu de territoires hostiles Bourgogne, Flandre,
Alsace et Lorraine. Le découragement et le désespoir se seraient
emparés de caractères moins solidement trempés que celui des
Champenois. Une désolation si profonde, un danger si immense
ne fit que réveiller leur courage en leur inspirant pour la
mère patrie une pitié héroïque et sublime. Notre grand historien
Alicholet, en parlant de Jeanne d’Arc, a magnifiquement décrit
ce qui dut se passer dans ces cœurs champenois, que César avait
si bien devinés. Il ne nous appartient pas de toucher à cette
grande épopée nationale dont l'expulsion de l'Anglais fut le
dénouement ; constatons seulement que, dans cette crise suprême,
le tribut de sang payé par la brave contrée qui nous occupe
fut tel, qu'on dut recourir à des mesures extraordinaires pour
repeupler les campagnes et les villes. Une paix sérieuse et
durable eût été le meilleur moyen d'arriver à ce but ; mais
cette heure réparatrice n'était point encore venue.
La lutte
de Louis XI et de Charles le Téméraire, les guerres de François
1er et de Charles- Quint, la peste, qui ajouta ses
ravages à tant d'autres fléaux, mirent obstacle pendant longtemps
à la cicatrisation des plaies anciennes.
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Quoique l'influence des évêques de Reims
et de Châlons et le royalisme de la population eussent atténué
les effets de la Réforme et de la Ligue, la solidarité entre
les diverses provinces de la monarchie était dès lors assez
étroite pour qu'on ne pût espérer la prospérité des unes au
milieu de la désolation des autres ; le mal n'était donc pas
réparé lorsque, pendant la minorité de Louis XIV, le pays eut
à subir, en 1650, une invasion des Espagnols. Ce dernier assaut
précéda une paix de plus d'un siècle, le théâtre de la guerre
ayant été éloigné sous les règnes qui suivirent ; mais les conditions
de cette paix intérieure ne permettaient pas encore d'en espérer
de bien heureux résultats aggravation des impôts, exigences
du recrutement, suppression des vieilles franchises, grâce à
la centralisation administrative et au despotisme, aux exactions
des agents royaux, tel est le prix auquel les malheureuses provinces
payaient les somptueuses prodigalités de Versailles.
Aussi
se ferait-on difficilement une idée des espérances enthousiastes
qui saluèrent les premières promesses de la Révolution de 1789.
Lorsque la France fut envahie et que les Prussiens eurent pénétré
en Lorraine, on peut dire que la Champagne se leva comme un
seul homme. Dumouriez, pour ses opérations de l'Argonne, trouva
un précieux concours dans cette héroïque population. La journée
de Valmy inaugura toute une série de victoires auxquelles prirent
une large part les volontaires champenois, et, dans cette grande
lutte de la France contre l'étranger, le département de la Marne
est du nombre de ceux qui ne désespérèrent point de la sainte
cause qu'ils avaient embrassée et qui restèrent fidèles jusqu'au
dernier moment au gouvernement que la France s'était alors donné.
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Les vastes plaines qui se déploient au
nord et à l'est de Châlons ont toujours fait de ce territoire
une route ouverte aux invasions.
Après nos revers de 1813,
lorsque les puissances coalisées reprirent l'offensive, la Champagne
était désignée d'avance comme le point le plus exposé à leurs
attaques ; c'est aussi ce point que choisit Napoléon pour y
concentrer les efforts de la résistance. On a trop souvent célébré
les merveilles de cette campagne de 1814 pour que nous essayions
d'en dire autre chose que ce qui se rattache spécialement aux
différentes localités dans les noms se présenteront dans cette
notice ; nous n'avons à constater ici que l'attitude générale
du département dans ces graves circonstances. La population
fut t digne d'elle-même et de tout son passé, Napoléon n'avait
pas trop présumé du dévouement des braves Champenois. Si le
département a vu dans ces dernières cinquante années améliorer
sa culture, accroître ses richesses et augmenter le bien-être
de ses habitants, il n'avait rien à ajouter à la gloire de ses
antécédents patriotiques en 1870, après la dispersion de nos
armées, ses plaines ouvertes ne pouvaient offrir aucun point
de sérieuse résistance aux masses envahissantes de l'ennemi
; l'occupation allemande y fut longue et coûteuse les réquisitions,
les emprunts forcés, les dévastations et les charges de toute
nature s'y traduisirent par une dépense de 26,237,675 francs
; mais, si l'avenir nous réservait d'autres épreuves, la délimitation
de nos frontières actuelles pourrait offrir aux braves Champenois
l'occasion de nouveaux héroïsmes et de nouveaux dévouements.
Châlons-en-Champagne
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Chalons en Champagne est une ancienne cité dont la position est prouvée par trois routes qui parlent de Durocorlorum, Reims, Augll StabonTllIJ'oyes, et Andomulunum, Langres. Les plus célèbres historiens entre autres Vopiscus Europe et Animieu Maciellin en font mention. Ce dernier, qui suivait à la guerre des Gaules l'empereur Julien, nomme Chàlons Catalaum la place entre les belles villes de la seconde Belgique, même avant Reims, sa métropole. Antonin la nomme dans son Itinéraire ; les anciennes Notices des cités et provinces des Gaules lui donnent le troisième rang parmi celles de la Gaule Belgique. Les Romains embellirent cette ville et la fortifièrent. Saint Memmie y prêcha le christianisme vers 250, et en fut le premier évêque. En 273, une bataille sanglante eu lieu près de Châlons entre Aurélien et Tétricus. En 450, saint Alpin arrêta sous ses murs Attila qui allait s'en rendre maître. L'évêque se présente devant le farouche conquérant, le supplie d'épargner les habitants qui ne peuvent s'opposer à sa marche, et parvient à décider Attila à s'éloigner. En 963, Herbert et Robert de Vermandois l'assiégèrent et la brulèrent avec la tour qui en faisait la principale défense. Au Xème siècle, Châlons, qui avait depuis longtemps titre de comté, forma une espèce d'Etat libre et absolu sous le gouvernement de ses évêques, investis du titre de grands vassaux de la couronne, gouvernement qui dura jusqu'en 1360, époque où le roi Jean réunit le comté de Châlons à la couronne.

En 1147, le pape Eugène III, Louis VII
et saint Bernard se réunissent à Châlons avec une foule innombrable
de croisés ; saint Bernard monte au milieu du Jard, dans une
chaire de pierre de taille qui a subsisté en ce lieu jusqu'en
1681, époque où l'intendant de Champagne la fit abattre à l'insu
du conseil de ville, et du haut de cette tribune il promet aux
croisés, de la part du ciel, la réussite de cette entreprise
qui fut si malheureuse. C'est à Châlons que Charles VII, accompagné
de Jeanne d'Arc, reçut les députés de Reims.
Les Anglais
tentèrent sans succès de s'emparer de cette ville en 1430 et
en 1434.
Sous la Ligue, Châlons resta fidèle à Henri III,
et garda la même fidélité à Henri IV ; le 15 juin 1591, le parlement
de cette ville eut le courage de faire brûler publiquement,
par la main du bourreau, la bulle d'excommunication du roi de
France, lancée par Clément VIII.
Les rois de France y avaient
un palais au XVIème siècle
Cette ville est située
entre deux belles prairies, entourée de fossés et traversée
par deux bras de la Marne, qui la baigne à l'ouest, et que l'on
passe sur un beau pont de pierre formé de trois arches très
hardies de 26 mètres d'ouverture. Elle était autrefois entourée
de remparts, aujourd’hui presque entièrement détruits, et fermée
de murs peu élevés, percés de six portes auxquelles aboutissent
six grandes routes : l'une de ces portes, celle de Sainte-Croix
sur la route de Vitry a la forme d'un arc de triomphe. Châlons
est une ville en général assez mal bâtie, où l'on voit cependant
d'assez belles constructions, et dont l'ensemble est agréable.
Reims
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
Reims existait longtemps avant l'invasion
romaine ; c'était la ville principale de là Gaule Belgique,
et le chef-lieu d'une république que les Romains jugèrent digne
d'une haute considération et de leur alliance. Cette ville se
nommait alors Durocortorum ; plus tard elle prit le nom des
Rémi ou Remigi, qui l'avaient fondée. César nomme la capitale
des Rémi, Durocortorum, Ptolémée et Strabon en font également
mention sous ce nom ; ce dernier mentionne cette ville comme
une des plus considérables des Gaules , et lors d'une nouvelle
division en provinces, elle fut élevée au rang de métropole
de là seconde Belgique ; Strabon nous apprend aussi que les
gouverneurs romains y faisaient leur résidence. Le grand nombre
de routes qui y aboutissaient, et dont la Table de Peutinger
et les Itinéraires romains donnent le détail, prouvent l'importance
et la célébrité de cette ville sous les Romains. Ammien Marcellin,
la Notice de l'empire et même quelques ordonnances du Code tbéodosien,
désignent cette ville sous le nom de Rémi, et nous avons des
médailles antiques frappées avec ce nom.
Sous les successeurs
d'Auguste et jusqu'au -règne de Vespasien, Reims conserva son
importance et sa prépondérance. Les Romains l'avaient ornée
de beaux édifices. Reims embrassa le christianisme en 360 ;
six ans après, Jovinus; son consul, se fit chrétien. Vers l'an
400, la cathédrale fut fondée par l'évêque saint-Nicaise, massacré
en 406 par les Vandales, qui s'étaient emparés de la ville.
Un de ses successeurs, saint Rémi, convertit au christianisme
et baptisa à Reims, en 496, après la bataille de Tolbiac, Clovis
et presque tous les chefs francs.
En 1059, il se tint à Reims
une assemblée nombreuse des seigneurs du royaume. Henri I" les
pria de reconnaître Philippe, son fils aîné, pour son successeur
et de lui prêter serment, ce qu'ils firent tous d'un consentement
unanime.

C'est le premier sacre sous la troisième
race dont ou trouve quelques détails. Philippe Auguste se fit
sacrer à Reims en 1179, et depuis, ses successeurs jusqu'à Louis
XVI (Henri IV excepté) y ont été sacrés. De nos jours, Charles
X y a renouvelé cette cérémonie.
L'église épiscopale de
Reims devint archiépiscopale en 774. Cette église comptait alors
vingt-huit évêques ; elle a eu depuis soixante-dix archevêques.
Dès le VI siècle et pendant longtemps ces prélats ont eu la
domination temporelle el la seigneurie de la ville.
Reims,
où les rois de France avaient un palais au Vème siècle,
a eu fréquemment à souffrir des ravages des guerres civiles
et étrangères. En 719, elle s'arma contre Charles Martel, qui
la prit d'assaut et la, dévasta. En 990, Charles de Lorraine,
rival de Hugues Capet, que Reims avait reconnu, s'en empara
aussi et y commit de grandes dévastations. Dans le siècle suivant,
Reims fut assiégée quatre fois. Elle le fut de nouveau en 1359,
par Édouard III, roi-d'Angleterre. Les habitants, livrés à eux-mêmes,
combattirent avec tant d'héroïsme qu’ils forcèrent le fier Édouard
à lever le siège, et taillèrent eu pièces son arrière-garde.
En 1421, Reims s'était soumise aux Anglais, mais la Pucelle
les en chassa et y fit sacrer Charles VII.
Notre-Dame de l'Épine
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Basilique Notre-Dame de l'Épine Le petit village de l'Epine, qui compte moins de 700 habitant possède l'une des plus belle basilique du nord de la France. Cette bâtisse aux dimensions d'une véritable cathédrale fut construite entre 1405 et 1527 à la suite d'une légende. Une statue de la Vierge à l'Enfant fut découverte au moyen-âge dans un buisson ardent et est à l'origine d'un célèbre pèlerinage. Cette basilique est inscrite au Patrimoine Mondiale de l'UNESCO
Epernay
Épernay est une ville ancienne, dont
il est toutefois difficile de fixer l'époque de la fondation.
Euloge, riche et puissant Gaulois, la vendit à Remi, évêque
de Reims, et à l'église de Reims, moyennant 5,000 livres pesant
d'argent.
En 445, c'était déjà un endroit considérable où
les seigneurs du lieu avaient un château.
Sous le règne de
Clovis, Épernay fut cédée aux archevêques de Reims, qui y firent
bâtir une forteresse. Childebert s'empara de cette ville en
533, et en fit massacrer les habitants. Frédégonde la prit et
la pilla vers 593. Dans le IXème siècle, lors de l'invasion
des Normands, Hincmar s'y réfugia avec les trésors de l'archevêché
de Reims et le corps de saint Remi.
François Ier
y fit mettre le feu en 1545, pour empêcher Charles-Quint de
s'emparer des approvisionnements qui y étaient rassemblés; la
paix ayant été faite quelque temps après, François Ier
fit rebâtir la ville, et accorda aux habitants divers privilèges.
Les calvinistes s'en emparèrent après une vigoureuse défense
en 1586. Peu de temps après, le duc de Guise la reprit, et y
mit une garnison qui fut chassée par les habitants en 1588.
Rosy, lieutenant général de la Ligue, tenta d'abord sans succès
de la reprendre, et finit par s'en emparer en 1592. Dans la
même année, Henri IV l'assiégea en personne, et la prit par
capitulation le 9 août, après une défense désespérée où fut
tué le maréchal de Biron. Le prince de Condé y entra le 1er
octobre 1615, et son parti la conserva jusqu'en 1619.
Sous
le ministère de Richelieu, le comte de Soissons s'empara en
1634 d'Épernay, que Louis XIII reprit l'année suivante. En 1642,
cette ville fut donnée au duc de Bouillon en échange du comté
de Sedan, et, jointe à Château-Thierry reçut le titre de duché.
Cette ville est dans une situation agréable au débouché d'une
riante vallée et au centre des plus riches vignobles de la Champagne
près de la Marne, que l'on passe sur un pont de sept arches
surbaissées, d'une exécution hardie. C'est une ville généralement
bien bâtie en pierres, en bois et en briques, propre et bien
pavée.
Sainte-Menehould
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Cette ville doit sou origine à un château
construit sur un rocher isolé que surmontait jadis un temple
d'Isis, sur l'emplacement duquel on éleva dans la suite une
forteresse désignée dans les anciens titres sous le nom de Castellum
super Axonam, Autour de cette forteresse se forma une bourgade
et ensuite une ville qui, plus tard fortifiée elle-même, devint,
sous le nom de Ste-Ménehould, la capitale de l'Argonne. Cette
ville possédait un hôtel des monnaies, un gouvernement de place,
etc. Goselon, duc de la basse Lorraine, l'assiégea sans succès
en 1038.
Théodoric, évêque de Verdun, la prit, ainsi que
le château, en 1089. Arnould, autre évêque de Verdun, en fit
le siège et fut tué sous ses murs en 1172. Les Anglais s'en
étant emparés en furent chassés en 1406 par le connétable de
Richemont. Le prince Portien, général des réformés, en fit vainement
le siège en 1561. Pendant les guerres de la Ligue cette ville,
qui tenait pour le parti du roi, eut beaucoup à souffrir dès
incursions des ligueurs et des Espagnols. En 1590 son gouverneur
la vendit au duc de Lorraine, Charles II, qui ne put en prendre
possession, et fut obligé d'en lever le siège, les habitants
ayant opposé une héroïque défense à cette trahison. Cette place
sut encore résister à différentes attaques qui lui furent livrées,
et plusieurs succès remportés sur les ennemis méritèrent aux
habitants, de la part de Henri IV, un témoignage public de reconnaissance.
Les fortifications de la ville et du château furent démolies
en 1634, mais les remparts furent réédifies l'année suivante.
Le marquis de Praslin la prit en 1606. Une armée espagnole l'attaqua
en 1652, et s'en empara après quatre assauts que soutinrent
avec courage les habitants, qui obtinrent une capitulation honorable
que les Espagnols n'observèrent point. Louis XIV la reprit le
27 novembre 1653 : ce fut le premier siège ou ce jeune monarque
se trouva en personne; il fit son entrée dans la ville par la
brèche. En 1719 un incendie y détruisit sept cents maisons;
l'État vint au secours des habitants et les aida à rebâtir leur
ville.
Pendant la révolution, Ste-Ménehould a porté le nom
de Montagne sur Aisne,
Ste-Ménehonld est aujourd'hui une
ville ouverte, située sur un terrain marécageux, entré deux
rochers ; dont le plus haut porte encore les ruines de l'antique
forteresse. La ville s'étend principalement sur la routée de
Verdun à Chalons, et la borde d'une longue rue assez bien bâtie,
ainsi que le reste de la ville, reconstruite presque entièrement
à neuf depuis l'incendie de 1719. Là plupart des maisons sont
en brique et en pierre, et de hauteur uniforme. Aux deux entrées
principales de la ville sont deux grandes et belles places,
dont l'une, la place d'Austerlitz, est plantée de beaux arbres
qui forment une jolie promenade; sur la deuxième se déploie
là façade noble et régulière de l'hôtel de ville. Les alentours
sont bien boisés et offrent de jolis points de vue. La ville
est entourée par l'Aisne, qui se divisé en plusieurs canaux
sur lesquels sont jetés deux beaux ponts.
Vitry-le-François
Vitry-le-François est une ville moderne
que François Ier fit construire sur la Marne et fortifier
en 1545, à 4 kilomètres. de Vitry-en-Perthois, brûlé par les
troupes de Charles-Quint en 1544. — François Ier
y transporta toutes les juridictions qui étaient à Vitry-le-Brûlé,
et le nouveau Vitry prit non seulement le nom de son fondateur,
mais encore sa devise.
Là ville est entourée de remparts
destinés à former l'enceinte d'une ville de guerre de quelque,
importance. Elle est régulièrement bâtie ; les rues en sont
larges, propres, spacieuses, avec des trottoirs, bordées de
maisons entièrement construites en bois, mais d'une élégante
simplicité ; dans toutes ces rues coule une eau courante que
distribuent vingt-sept bornes fontaines. La place centrale,
plantée d'un double rang de tilleuls et ornée d'une jolie fontaine,
est vaste et régulière ; sur l'un des côtés est la cathédrale,
bel et spacieux édifice de style corinthien et composite, et
le premier monument important exécuté en France depuis la renaissance;
malheureusement il n'a jamais été achevé ; le portail, surmonté
de deux tours, offre un aspect imposant. Les promenades sont
très-agréables.
Vitry le Brulé
Cette ville, qui occupe une place distinguée
dans l'histoire, passe pour être, d'origine romaine ; on y a
trouvé à diverses époques des tombeaux, des armes, des médailles
et des inscriptions antiques. — Après la défaite de Syagrius,
qui tint longtemps Vitry en son pouvoir, elle passa sous la
domination des Francs. En 531, Thierry, roi d'Austrasie, la
prit après, plusieurs assauts et y fil égorger Mundéric, fils
naturel de Clovis, qui s'était retiré dans cette forteresse.
En 1144, Louis le Jeune, le plus colérique et le plus opiniâtre
des rois, pour se venger du comte Thibaut de Champagne, fondit
sur cette malheureuse ville, et en égorgea tous-les habitants
; treize cents personnes qui s'étaient réfugiées dans l'église
y furent brûlées par son ordre.
Vitry fut brûlé de nouveau
par Charles-Quint en 1544.