Le département de Meurthe-et-Moselle fut créé le 7 septembre 1871, à partir des territoires des départements de la Meurthe et de la Moselle que le traité de Francfort avait laissés à la France. Les arrondissements de la Meurthe (Lunéville, Nancy et Toul), restés français comme celui de Briey en Moselle furent associés pour constituer le nouveau département de la Meurthe-et-Moselle. Les autres arrondissements de la Meurthe, ceux de Château-Salins et de Sarrebourg, de même que le reste de la Moselle, furent quant à eux rattachés à l'Empire allemand jusqu'en 1918. La limite actuelle entre les départements de Meurthe-et-Moselle et de la Moselle correspond précisément à la frontière franco-allemande entre 1871 et 1919. Cette limite servit à nouveau de frontière de fait après l'annexion illégale des départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin par les nazis entre 1940 et 1944. La seule modification intervenue dans les limites du département fut le rattachement en 1997, pour des raisons de gestion administrative, de la petite commune de Han-devant-Pierrepont, qui appartenait auparavant à la Meuse
Le territoire de ce département est remarquable
par la beauté de ses sites et par la variété de ses productions. Le
sol présente un terrain inégal et varié, où l'on ne trouve ni plaine
bien étendue, ni montagnes proprement dites; mais 'il est entrecoupé
de collines .qui donnent naissance à des valions presque tous arrosés
par des eaux vives.
Les plaines se composent de quatre bassins principaux
: celui de la Meurthe,: formé de belles prairies que des inondations
fréquentés couvrent d'un sablé terreux qui les fertilise ; celui dé
la. Moselle , qui compte cinq espèces de terres d'une fertilité plus
ou moins grande ; celui de la Seille, le plus fertile de tous ; celui
de la Sarre, qui ne produit qu’à force d'engrais, qu’on néglige, trop
souvent de lui fournir.
Les montagnes les plus élevées n'ont communément
que de 120 à 200 mètres d'élévation au-dessus du fond qui les séparé,
excepté sur le revers occidental des Vosges, où on leur donné de ,300
à 350 mètres au dessus de la plaine. Parmi ces montagne on distingue
dans l'arrondissement de Sarrebourg le Hengst et le Spitzberg, en face
et au nord dé la fourche du grand et du petit Donon, points; culminants
de la chaîné des Vosges. Dans les autres arrondissements, on remarque
les côtes d'Essey, frontières des Vosges ; de Léomont, près de Lunéville;
du Patis de la Croix, près de Jolivet; de St-Germain, d'Angomon, de
Sion, d'Amance, de Sainte-Geneviève, de Mousson; du mont Saint- Jean,
de Toulon, de Delme, de St-Michel et de Barine. — Les forêts couvrent
une grande étendue de territoire, et sont réparties tant dans les plaines
que sur la croupe des coteaux.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :000
000 ha
Population: 000 000 hab.(2009)
Dénsité :00 hab./km²
Nb de communes : 000
Le département de Meurthe-et-Moselle
fut créé le 7 septembre 1871, à partir des territoires
des départements de la Meurthe et de la Moselle que
le traité de Francfort avait laissés à la France. Les
arrondissements de la Meurthe (Lunéville, Nancy et Toul),
restés français comme celui de Briey en Moselle furent
associés pour constituer le nouveau département de la
Meurthe-et-Moselle. Les autres arrondissements de la
Meurthe, ceux de Château-Salins et de Sarrebourg, de
même que le reste de la Moselle, furent quant à eux
rattachés à l'Empire allemand jusqu'en 19181.
La
limite actuelle entre les départements de Meurthe-et-Moselle
et de la Moselle correspond précisément à la frontière
franco-allemande entre 1871 et 1919. Cette limite servit
à nouveau de frontière de fait après l'annexion illégale
des départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin
par les nazis entre 1940 et 1944.
Histoire du département de la
Meurthe-et-Moselle. Adolphe JOANNE 1881
Les peuples
qui habitèrent primitivement le territoire actuel du
département de Meurthe-et-Moselle furent les Leuci ou
Leukes, de la confédération des Belges, qui s’étendaient
le long du cours de la Meuse, de la Moselle et de la
Seule. Leur capitale était Toul, appelée Tullum, qui
avait une importance assez grande à l’époque de l’invasion
de César. Ses habitants, habiles à lancer les dards,
prirent parti pour le conquérant. Cette région fit ensuite
partie de la cité de Toul, qui était divisée en pagi
ou cantons :
1° celui du Chaumontois, vaste territoire
compris entre les sources de la Moselle, de la Meurthe
et de la Sarre, jusqu’au confluent des deux premières
rivières au-dessus de Custines;
2° le Saintois, contrée
qui comprenait le pays de Vaudémont et était situé entre
le Chaumontois et le Toulois. Elle ne comptait alors
aucune ville importante, mais seulement quelques stations
militaires et des établissements agricoles sur le bord
des rivières, comme Pompey, Champigneulles, etc.
Les Romains la colonisèrent promptement. Toul, Scarponne
virent s’élever dans leurs murs de beaux monuments;
des routes sillonnèrent les campagnes: les voies les
plus importantes étaient celle venant de Reims par Toul,
Scarponne et Metz, et trois autres qui passaient aussi
à Scarponne. Mais le sommet des montagnes resta couvert
de forêts.
Sous Constantin, le pays des Leuci, avec
ceux des Mediomatrici et des Treviri, forma la province
de la première Belgique. On éleva alors un grand nombre
de camps fortifiés sur la crête des montagnes et sur
le bord de la Moselle, de Bayon à Metz, pour arrêter
les invasions des Germains. C’est dans une de ces invasions,
en 366, que Jovinus, général romain, les défit non loin
de Pont-à-Mousson.
Il existait alors des établissements
romains à Dieulouard, à Sion, hameau de Saxon, qui était
une ville, à Tantonville, à Lunéville, à Dommartin-lès-Toul,
à Villers et à Gondreville. A Blénod, était un fort
en ligne avec ceux de Saint-Mihiel et de Bagneux; à
Chavigny, dans la forêt, à la source du ruisseau de
Bonne-Fontaine, s’élevait un petit temple dédié à Hercule
Bibax, auquel les Leukes paraissent avoir voué un culte.
Le christianisme fut prêché chez les Leukes au troisième
siècle par saint Mansuy, qui fut le premier évêque de
Toul. Saint Euchaire fut martyrisé près de Pompey, par
ordre de Julien.
Tout était au quatrième siècle
une place importante, commerçante et bien fortifiée.
Mais, au commencement du cinquième siècle, cette ville
fut saccagée par les Barbares comme Metz. Trêves et
Scarponne, détruite par Attila. Vers 450, elle tomba
au pouvoir des Francs, et, en 496, Clovis y passa. A
cette époque, le pays de Meurthe-et-Moselle dépendait
du royaume d’Austrasie, dont Metz était la capitale.
Sous les Mérovingiens, la ville de Toul, qui avait
été un municipe romain, passa avec le pays sous le gouvernement
des comtes, assistés de sept juges ou échevins élus.
Pendant les guerres entre Dagobert Il, roi d’Austrasie,
et Théodoric III, roi de Neustrie, le pays eut beaucoup
à souffrir (vers 680) ; Toul fut prise et brûlée plusieurs
fois.
Les rois francs avaient des palais à Savonnières
et à Vendières, où ils venaient tenir des plaids et
recevoir leurs leudes.
Par le traité de Verdun (845),
la Meuse devint frontière de la France, et les terres
de la rive droite furent attribuées à l’empereur Lothaire;
son fils, Lothaire II, premier roi de Lorraine (855-869),
donna son nom au pays. Il se tint alors au palais royal
de Savonnières, à deux kilomètres de Toul, une grande
assemblée politique et religieuse.
Les souverains
carlovingiens de France et d’Allemagne se disputèrent
longtemps la possession de la Lorraine, qui perdit le
titre de royaume. Toul fut prise et pillée, en 954,
par les Hongrois, et, en 957, par les soldats de Lothaire;
Scarponne, un instant relevée, eut le même sort.
Les évêques de Toul, qui avaient acquis une grande puissance
depuis le septième siècle, reçurent, en 928, d’Henri
l’Oiseleur, empereur d’Allemagne, le comté de Toul en
fief. Leur diocèse avait une grande étendue. En 984,
l’évêché de Toul, distrait. de la Haute-Lorraine, formait
une souveraineté indépendante qui ne relevait que de
l’empereur.
La Lorraine mosellane, distraite de
la Basse-Lorraine par le duc Brunon, archevêque de Cologne,
continua à avoir des ducs bénéficiaires jusqu’en 1048
: Briey en faisait partie.
A cette époque, la Haute-Lorraine
fut constituée en duché et gouvernée par Gérard d’Alsace
et ses descendants jusqu’en 1451. Ces seigneurs furent
des amis fidèles de la France et moururent à son service.
En 1072, l’empereur Henri VI créa le comté de Vaudémont
en faveur de Gérard 1er. Gérard II augmenta la ville
et y construisit une tour près du château. Le fief relevait
directement de l’empereur ; sa capitale était Vézelise,
et le comté comprenait 57 villes ou villages. Au douzième
siècle, les bourgeois de Toul perdirent une bataille
assez considérable contre le comte de Vaudémont; le
château de Dieulouard fut pris deux fois par les Messins,
qui le rasèrent.
En 1112, Renaud, comte de Bar,
ruina de nouveau Scarponne, déjà détruite lors de l’invasion
d’Attila. Mathieu, duc de Lorraine, qui se distingua
par sa charité envers les pauvres, établit la capitale
de son duché à Nancy (1153), qui jusqu’alors n’était
qu’un village et qui lui fut cédé par Drogo, fils du
sénéchal de Lorraine, en échange de la châtellenie de
Rosières et d’autres terres. La résidence des premiers
ducs avait été jusque-là à Saint-Dié. Mathieu fonda
l’abbaye de Clairlieu (1159). Liverdun fut affranchi
en 1178 par l’évêque de Toul, seigneur de ce lieu. C’est
à la fin du douzième siècle que commence à être connue
en Lorraine la loi ou coutume de Beaumont-en-Argonne
cette fameuse loi de Beaumont, donnée en 1182 par Guillaume
de Champagne, archevêque de Reims, réglait les droits
des seigneurs, l’organisation municipale, la justice,
la police, etc.
Au treizième siècle, l’affranchissement
des communes s’étend dans la Lorraine, et la loi de
Beaumont est accordée à un grand nombre de villes et
de villages. En 1200, Pont-Saint-Vincent la reçoit d’Hugues,
comte de Vaudémont, qui y avait bâti une ville neuve.
D’autres villes et villages la reçurent alors de leurs
seigneurs, comme Frouard (1255), Haumeville (1261),
Saint-Nicolas-du-Port, Nancy, Lunéville, Gerbéviller,
du duc Ferry III (1265) ; Saxon (1260). Essey et Maizerais
furent affranchis et mis sous la loi de Stenai par Thibaut,
comte de Bar, en 1289.
Eu 1250, eut lieu, dans les plaines
de Frouard et de Champigneulles, une bataille sanglante
entre Henri II, comte de Bar, et Mathieu II, duc de
Lorraine ; celui-ci la perdit.
Le treizième siècle
vit encore d’autres guerres locales en 1250, entre les
bourgeois de Toul et leur évêque; entre Thibaud, comte
de Bar, et les troupes de l’évêque de Metz, qui brûlèrent
Thiaucourt (1258). En 1288, Ferry III, duc de Lorraine,
qui, pendant son long règne, avait développé dans ses
états l’affranchissement des serfs, fut enlevé par des
barons de son duché dans les bois de Heys et emmené
dans le château de Maxéville, où il resta longtemps
prisonnier.
Fn 1298, le comte de Vaudémont, faisant
la guerre au duc de Lorraine, envahit la Lorraine avec
600 hommes et brûla Maxéville.Après la ruine du château
de Velaine, au treizième siècle, une nouvelle ville
s’éleva, celle de Vézelise, qui devint plus tard le
chef-lieu du comté de Vaudémont.
Au commencement
du quatorzième siècle, des guerres locales causent de
grands dommages aux villages de la Lorraine. Vers 1306,
Laxou est brûlé par le comte de Vaudémont, qui guerroyait
contre le duc Thibaud II. En 1508, le même duc bat devant
Frouard Renaud de Bar, évêque de Metz, ligué avec les
comtes de Bar et de Salm ; ces derniers sont faits prisonniers
et l’évêque demande la paix. Les Toulois étaient alors
fort belliqueux; réunis aux Messins, ils mirent en déroute
à Dieulouard et à Gondreville cinquante gentilshommes
du pays, qui leur avaient déclaré la guerre à cause
de leur esprit d’indépendance.
Toul était au quatorzième
siècle sous la protection du roi de France cependant,
l’empereur Charles IV, qui était venu dans cette ville
en 1556, accorda, dix ans après, aux habitants une charte
confirmative de leurs privilèges, appelée la Bulle d’Or
à cause du sceau en or qui y était suspendu.
Les
ducs de Lorraine du quatorzième siècle combattent avec
dévouement dans les rangs de l’armée française. Ferry
IV fut tué à la bataille de Cassel (1328). Raoul, dit
le Vaillant, après avoir bataillé contre les Maures
en Espagne et le comte de Montfort en Bretagne, fut
tué à la journée de Crécy (1346). Jean Ier chassa de
ses états les Grandes compagnies.
De nouvelles guerres locales
troublèrent encore la Lorraine au milieu du quatorzième
siècle. Les Messins l’envahirent (1350), en représailles
des courses faites par la duchesse Marie de mois sur
leurs terres, ils prirent et pillèrent le château de
Frouard, et Rosières, qu’ils reprirent encore vingt
ans après.
La même année 1350, la duchesse de Lorraine
s’empara de Liverdun pour se venger des ravages que
les troupes de l’évêque de Toul avaient exercés en Lorraine.
Cette ville appartenait aux évêques de Toul, qui avaient
le droit de battre monnaie.
Les bourgeois de Toul
se montrèrent plusieurs fois très-belliqueux contre
le duc Chartes Il. Ce prince ayant exigé la somme de
cent livres qui lui était due comme gardien de Toul,
les bourgeois la refusèrent. Le duc assiégea la ville,
et les bourgeois capitulèrent après deux mois de siège.
En 1421, une nouvelle querelle entre les Toulois et
le duc ramena celui-ci encore devant la ville, et les
habitants se soumirent.
Les ducs de Lorraine furent,
au quinzième siècle, plus intimement mêlés aux affaires
de la France, et Chartes le Hardi donna sa fille unique
en mariage à René d’Anjou, prince français, déjà assuré
du duché de Bar et de la terre de Briey par son oncle
le cardinal, duc de ce pays. Mais les Bourguignons avaient
en Lorraine un allié, le comte de Vaudémont, neveu de
Chartes le Hardi, qui prétendit qu’en vertu de la loi
salique le duché de Lorraine lui appartenait. Vaincu
à Bulgnéville (1431) par Antoine de Vaudémont et les
Bourguignons, René d’Anjou fut emmené captif à Dijon,
où il demeura longtemps prisonnier dans une tour du
palais des ducs qui existe encore. Les pays de Meurthe-et-Moselle
furent fort maltraités par les troupes des deux partis.
Vézelise fut pris et pillé (1425 et 1439). Enfin, la
guerre se termina par la médiation du roi de France
qui engagea René à donner sa fille à Ferry, fils de
son adversaire, le comte Antoine de Vaudémont (1441).
René II, fils de Ferry, hérita du duché de Lorraine
en 1475. Il fut le chef de la branche de Lorraine-Vaudémont,
qui gouverna le duché jusqu’en 1737.
La Lorraine
eut alors à subir la terrible invasion de Chartes le
Téméraire, duc de Bourgogne, qui rêvait la fondation
d’un nouveau royaume par la réunion de tous ses états
disséminés sur la frontière de la France, depuis le
Rhône jusqu’à la mer du Nord. Dans ce but, il voulait
s’emparer de la Lorraine et faire de Nancy sa capitale.
Après s’être fait céder quelques places fortes et le
libre passage dans le duché de Lorraine, il témoigna
de nouvelles prétentions, auxquelles René, soutenu en
secret par Louis XI, répondit par une déclaration de
guerre. Charles le Téméraire envahit bientôt la Lorraine.
Il entra à Toul, qui n’opposa pas de résistance, prit
Lunéville, Briey et Pont-à-Mousson. Nancy, assiégé,
capitula après une longue défense. Lorsqu’il eut terminé
sa campagne contre les Suisses, le duc de Bourgogne
se tourna de nouveau contre René; mais il fut mis en
déroute à la bataille de Nancy, où il fut tué (1476).
Le théâtre principal de l’action fut sur le territoire
de Jarville, à 3 kilomètres de Nancy. « Le lendemain
soir de la bataille, dit Guizot, le comte de Campo-Basso
amena au duc René un jeune page romain qui, disait-il,
avait vu de loin tomber son maître et saurait bien retrouver
la place. A sa suite, on se dirigea vers un étang voisin
de la ville; là, à demi enfoncés dans la vase de l’étang,
étaient quelques cadavres dépouillés. Une pauvre blanchisseuse
s’était, comme les autres, mise à cette recherche; elle
aperçut briller la pierre d’un anneau au doigt d’un
cadavre dmt on ne voyait pas la face; elle avança et
retourna le corps:
« Ah! mon prince ! » s’écria-t-elle;
on accourut; en dégageant la tête de la glace où elle
était prise, la peau s’enleva ; une large blessure se
découvrit. En examinant le corps avec son médecin, son
chapelain, Olivier de la Marche, son chambellan, et
plusieurs valets de chambre reconnurent sans hésiter
le duc Charles ; des signes certains, entre autres la
cicatrice de la blessure qu’il avait reçue à Montlhéry
et deux dents qui lui manquaient, mirent leur affirmation
hors de doute. » Une croix commémorative s’élève encore
sur le lieu où se passa l’événement.
C’est au duc
René II que Nancy doit sa première administration municipale;
jusque-là la ville avait peu d’importance; sous ce prince,
elle prit un certain accroissement. Le duc René II ayant
doté son fils Claude de grandes possessions en Champagne,
en Picardie et dans d’autres provinces, celui-ci se
fixa à la cour de Fiance, devint un serviteur actif
du roi, et ses descendants se mêlèrent, au seizième
siècle, à tous les troubles de ce pays.
En 1522,
la peste sévit cruellement à Toul ; plus de 350 personnes
périrent en deux mois. Cette ville comptait alors 5000
habitants. Deux fois encore, quelques années après,
cette épidémie éprouva la malheureuse ville. Charles-Quint
y lit une entrée solennelle en 1544, et les habitants
lui prêtèrent serment de fidélité. Mais, l’année suivante,
les Toulois, encouragés par le cardinal de Lorraine,
passèrent un traité portant reconnaissance perpétuelle
du roi de France pour leur protecteur. Eu 1552, le roi
Henri II prit possession de Toul ; cependant l’union
officielle de cette ville et de son territoire à la
France n’eut lieu qu’en 1648.
Chartes III, duc de
Lorraine, qui régna de longues années (1545-1608), s’appliqua
à maintenir, autant qu’il put, la paix dans ses états,
malgré les dangers qu’il courait dans les guerres répétées
entre François Ier et Charles-Quint, et les troubles
suscités pal les guerres de religion. Il embellit Nancy,
la fortifia y fonda la ville neuve et mérita des Lorrains
le surnom de Grand.
En 1552, le roi Henri II, allié
avec les princes protestants d’Allemagne contre Charles-Quint,
arrive devant Metz et s’en empare par surprise : Toul
et Verdun tombent aussi en son pouvoir, et le roi déclare
qu’il veut réunir à la monarchie ces trois villes, qui
couvraient la Champagne. La Lorraine, malgré sa neutralité,
est occupée par son armée. Mais bientôt après, la même
année, l’empereur d’Allemagne recommence la guerre et
marche contre Metz avec 60,000 hommes. Le duc François
de Guise la défend avec héroïsme, et Charles-Quint est
obligé d’en lever le siège. C’est pendant ce siège que
fut livré un combat au faubourg Saint-Nicolas de Nancy
entre Charles, duc d’Aumale, et René de Rohan, avec
200 gentilshommes français et lorrains, contre Albert,
marquis de Brandebourg, à la tête d’une bande d’aventuriers.
René de Rohan y fut tué. Toul fut aussi menacé par les
Impériaux, mais sans succès.
La ville de Pont-à-Mousson dut
au duc Charles III la création d’une grande institution,
l’Université, qui date de 1572. Cette Université devint
célèbre et florissante: en 1608, elle était fréquentée
par plus de 1600 élèves des familles les plus illustres,
sans compter 400 étudiants en droit et en médecine Les
Jésuites y dirigeaient l’enseignement littéraire.
Les troubles de la Ligue se firent sentir en Lorraine.
Toul fut assiégée et prise par les Ligueurs, qui la
perdirent peu après (1587). Pendant les guerres de ce
temps, les princes protestants d’Allemagne envahirent
la Lorraine avec 30,000 hommes, prirent Sarrebourg,
incendièrent les faubourgs de Blâmont, qu'ils ne purent
prendre, et vinrent près de Pont-Saint-Vincent offrir
la bataille aux ducs de Lorraine et de Guise, dont l’armée
était bien inférieure en nombre à la leur. Ces princes
par leur bonne contenance et leurs manœuvres, purent
éviter une déroute assurée. Maizières fut alors brûlé
par le duc de Bouillon.
C’est à Nancy que les princes
lorrains, assemblés avec d’autres seigneurs ligueurs,
dressèrent une remontrance au roi Henri III, pour le
déterminer à se déclarer chef de la Ligue (1589).
En 1590, les seigneurs, conduits par le duc Charles
III, s’emparent de Toul, après six jours de siège. Cette
ville, qui avait beaucoup souffert pendant les guerres
civiles, se soumit à Henri IV, qui la restaura et qui,
en 1603, y fut reçu avec magnificence.
Le duc Charles
III apporta encore de grandes réformes daims l’organisation
judiciaire. Il ordonna qu’il y eût des plaids annuels
dans la quinzaine après la Saint-Remy, dans chaque ville
et village de ses domaines et de ses vassaux. Son ordonnance
entre dans les plus grands détails sur les différents
services judiciaires, les fonctions des maires et autres
gouverneurs des villages, la police, etc. (1598).
Pendant le dix-septième siècle, les pays du département
de Meurthe-et-Moselle furent victimes de guerres incessantes,
provoquées par l’imprudence du duc Chartes IV de Lorraine,
esprit remuant et aventureux. Ce prince, par ses intrigues
avec les seigneurs contre Richelieu, causa l’invasion
de son territoire par les armées françaises. Louis XIII
envahit la Lorraine en 1631; ses armées ravagèrent la
contrée et s’emparèrent de Nancy, qui fut démantelée
et appauvrie par la famine et la peste. Le roi, qui
occupa longtemps la Lorraine, fit démanteler presque
tous les châteaux forts du pays, tels que Frouard, Pompey,
Vézelise, Deneuvre et autres (1633-1636). D’autres châteaux
furent encore détruits par l’invasion des Suédois, alliés
de la France, en 1635. Saint-Nicolas-du-Port fut pillé
et incendié par eux.
En 1641, Louis XIII créa à
Toul un bailliage royal, et cette ville fut, réunie
définitivement à la France par le traité de Munster
(1648). Le même bailliage fut érigé en siége présidial
pour le jugement en appel des causes majeures (1685).
Le ressort de ce siège était très-étendu ; il fut restreint
au seul Toulois par le traité de Riswyck.
Louis
XIV, qui, comme Richelieu et Mazarin, convoitait la
Lorraine et cherchait une occasion pour la réunir à
la couronne, obtint du duc Charles IV, qui n’avait pas
d’enfants, que ses états seraient après sa mort réunis
à la France. Son neveu le prince Charles s’opposa à
ce projet; le duc refusa d’y donner suite et se jeta
dans les bras des ennemis de la France. Mais bientôt
Louis XIV s’empara du duché (1670), qui fut pendant
les guerres de ce prince à l’abri des invasions allemandes,
mais pressuré sans pitié par les soldats français, qui
démantelèrent Lunéville.
Il ne lut rendu à ses vieux souverains
que par le traité de Riswyck, passé entre la France
et l’Empire, en 1697. Il faut en excepter des parties
importantes de la Lorraine allemande, abandonnées par
le duc Charles, pour être après lui irrévocablement
et à toujours unies et incorporées à la couronne de
France.
A partir de cette époque, la contrée se
releva de ses ruines grâce à la bonne administration
du duc Léopold (1690-1729), qui fit une paix définitive
avec le roi de France. La paix, qui dura pendant tout
son long règne, lui facilita l’exécution de ses projets.
En 1702, il établit le siége de son gouvernement à Lunéville,
qu’il releva de ses ruines. Le palais que l’on y admire
encore fut construit sur les dessins du célèbre Boffrand,
son architecte. Les faubourgs, l’hôpital, les ponts
sur la Vezouse furent restaurés. Le duc créa à Lunéville
un bailliage d’un ressort étendu. Il ne négligea pas
non plus la ville de Nancy, qu’il embellit et où il
autorisa l’établissement de la maison des Orphelines.
D’autre part, les fortifications de Longwy (1682)
et de Toul (1700) furent reconstruites par Vauban, sur
l’ordre de Louis XIV.
En vertu du traité de Vienne
(1736), le duc François II céda la Lorraine à Stanislas,
roi détrôné de Pologne, beau-père de Louis XV, et il
reçut en échange le duché de Toscane. Il fut stipulé
dans cet acte, avec le consentement de l’empereur d’Allemagne,
que, après la mort du vieux roi, la Lorraine reviendrait
à la France.
L’installation du roi Stanislas (1737)
fut le commencement d’une ère de prospérité sans égale
pour la Lorraine, et qui valut au roi l’affection de
ses nouveaux sujets, d’abord peu favorables à ce nouveau
régime, qui s’annonçait en effet comme une transition
à leur réunion à la France.
Stanislas combla la
Lorraine de nombreux bienfaits. Les sciences et les
arts, déjà florissants sous Charles III et encouragés
par le duc Léopold, reçurent de lui une plus vive impulsion.
Une bibliothèque publique fondée dans l’ancien château
de Nancy avec un caractère littéraire, amena la création
de la Société royale des sciences et belles-lettres
(1751). Stanislas établit le collège royal des médecins
de Nancy et celui des chirurgiens. Il donna 220,000
livres pour en employer le revenu à des achats de grains
destinés à secourir ses pauvres sujets de Lorraine et
de Bar, et à l’hospice Saint-Julien une pareille somme
pour la fondation de vingt-quatre places destinées à
de pauvres orphelins. Il embellit Lunéville, dont il
fit son séjour de prédilection. Il décora aussi Nancy
de monuments avec le concours des architectes Boffrand,
Héré et Mique.
Le roi Stanislas mourut à Lunéville
des suites d’un accident, en 1766, généralement regretté
de ses sujets.
Il s’accomplit encore en Lorraine,
dans les pays soumis à l’administration française, des
faits intéressants que nous devons signaler.
Les
usages locaux de Toul et du pays toulois furent rédigés
en 1762. La ville de Baccarat vit s’établir dans son
sein, en 1764, une usine appelée les verreries de Sainte-Anne,
qui fut le début des grandes manufactures de verreries
et de glaces actuelles si renommées dans le monde entier.
En 1768, le château de Lunéville fut converti en casernes
où l’on put loger 6,000 chevaux. En 1770, l’ingénieur
Meschini construisit à Toul le nouveau pont sur la Moselle.
La suppression de l’ordre des Jésuites en France amena,
en 1768, la translation de l’Université de Pont-à-Mousson
à Nancy. Le roi établit à Pont-à-Mousson une école militaire
annexée au collège, pour compenser la perte qu’éprouvait
cette ville (1776).
A la mort de Stanislas, la Lorraine
fut donc défînitivement réunie à la France. Elle avait
la même étendue qu’à la fin du seizième siècle, et comprenait
le bailliage d’Allemagne, aujourd’hui la Lorraine allemande,
comme la Lorraine française. Le département de Meurthe-et-Moselle
était compris dans le bailliage présidial de Nancy.
Nancy était, vers la fin du dix-huitième siècle, le
siège d’une intendance de la généralité de Lorraine
et la résidence du commandant général des duchés de
Lorraine et de Bar.
Il y avait une cour souveraine
de justice, des chambres des comptes et des aides; un
hôtel des monnaies et une maîtrise générale des eaux
et forêts.
En 1775, eut lieu le démembrement du
diocèse de Toul, qui était l’un des plus vastes de l’Europe.
Louis XV, voulant donner à Nancy un plus grand éclat,
obtint du pape qu’il y serait érigé un évêché, en même
temps qu’un second évêché à Saint-Dié. Le diocèse de
Toul fut considérablement réduit pour former ces nouveaux
diocèses.
La Lorraine ne perdit pas sans regrets
son autonomie; mais elle fut bientôt appelée à jouer
un noble rôle dans les destinées de la patrie française
pendant et depuis la révolution de 1789, quoique ces
premières années d’une ère nouvelle aient été un peu
troublées par de malheureux événements comme la révolte,
on 1790, du régiment suisse de Châteauvieux et de deux
autres régiments à Nancy, contre lesquels le général
de Bouillé exerça une répression terrible. C’est dans
cette émeute que le jeune Desilles, officier du régiment
du roi, mourut percé de balles dans le moment où, se
jetant sur les canons, il voulait arrêter l’effusion
du sang.
Le département de Meurthe-et-Moselle vit,
en 1801; signer à Lunéville la paix de ce nom, entre
la France et l’Allemagne. Par ce traité, la rive gauche
du Rhin fut cédée à la France. Ses volontaires prirent
une part glorieuse aux grandes guerres de l’Empire,
et plusieurs généraux distingués, tels que Drouot, Pouget,
Gouvion Saint-Cyr, sont originaires du pays.
En
1814, les Alliés envahirent le département. Toul résista
bravement et obtint une capitulation honorable. En 1815,
cette ville échappa à l’humiliation d’être envahie.
Mais Lunéville et Nancy durent recevoir l’ennemi. Napoléon,
rentrant en France, au retour de l’île d’Elbe, rappela
dans une proclamation célèbre la résistance patriotique
des paysans Lorrains contre les envahisseurs.
La
Restauration créa à Nancy une école forestière, la seule
de ce genre qui existe en France. Chartes X, en visitant
l’Est, séjourna à Lunéville, où il inspecta le vaste
champ de manœuvres. L’école normale du département fut
transférée de Toul à Nancy en1831.
Depuis cinquante ans, le département
a vu son industrie se développer et son agriculture
prospérer. L’ouverture du canal de la Marne au Rhin
en 1855 et l’établissement des chemins de fer créèrent
de nombreuses voies pour l’écoulement des produits agricoles
et manufacturés. C’est dans cet état de prospérité que
la funeste guerre de 1870 surprit le pays.
Après
les combats de Wœrth et de Forbach, l’armée allemande,
commandée par le prince royal de Prusse, fut dirigée
sur Nancy par le chemin de fer de Strasbourg. Le 12
août, des détachements de cavalerie occupèrent Nancy
sans résistance. Bientôt après, le prince avait son
quartier général à Lunéville, le 15 août, et le 16 à
Nancy. Le gros de l’armée du prince Frédéric-Charles
était alors à Pont-à-Mousson, qui devint un centre de
réunion de troupes allemandes cantonnées dans la contrée,
à Thiaucourt, à Dieulouard, etc., avant la bataille
de Rezonville. Tout le pays était couvert de troupes
prussiennes, qui le sillonnèrent en tous sens pendant
les trois premières batailles devant Metz, du 14 au
18 août. Mars-la-Tour fut le théâtre d’une de ces grandes
luttes où notre armée fut arrêtée par des forces décuples.
On y a érigé un monument en l’honneur des dix mille
braves qui sont tombés pour la patrie à Mars-la-Tour,
Rezonville, Vionville, Gravelotte et Saint-Privat. Toul,
ville forte, fut assiégée par le grand-duc de Mecklembourg,
qui couvrait les derrières de l’armée d’invasion sur
Paris. Il y avait deux mille hommes dans la place et
192 bouches à feu. La ville fut bombardée à plusieurs
reprises du haut du mont Saint-Michel et du mont Barine.
Après une courageuse résistance et 12 jours de siège,
le feu prenant de tous côtés, le commandant capitula
(23 septembre). L’Assemblée nationale décréta que Toul
avait bien mérité de la patrie pour sa belle défense.
Longwy résista aussi vaillamment aux Allemands ; mais,
après un long investissement et un bombardement de plusieurs
jours, qui mit le feu à la moitié de la ville, il capitula
pour éviter une destruction complète..
Le département
fut lourdement chargé de réquisitions de toute nature,
et foulé par des passages innombrables de troupes ennemies.
C’est à la suite de cette cruelle guerre qu’il perdit
les deux arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg.
Les écrivains allemands qui ont poussé à l’annexion
ont prétendu que les pays réclamés par eux avaient été
enlevés autrefois à l’Allemagne injustement, tandis
qu’ils avaient été réunis à la France en vertu de traités
publics, réguliers. D’ailleurs, l’adhésion spontanée
des Lorrains aux grandes institutions françaises de
1789, et leur patriotisme pendant toutes les guerres
de la République et de l’Empire prouvent bien que l’union
avait été ratifiée par le peuple lui-même et n’était
pas le résultat de la contrainte.
A la suite de
la perte de la plus grande partie du département de
la Moselle, l’arrondissement de Briey fut réuni au département
mutilé de la Meurthe.
Refuge. Nancy est une ville ancienne, dont les titres historiques ne remontent pas cependant au delà du XIème siècle. En 1060 Albéric qualifie Gertrude, duchesse de Lorraine, du titre de duchesse de Nancy; mais il est présumable que celle ville existait longtemps auparavant. Dès le XIIIème siècle Nancy était la capitale du duché de Lorraine ; ce n'était toutefois encore qu'une forteresse, au centre de laquelle, se trouvait un palais assez vaste. Le duc Ferry III l'agrandit et y fit construire un magnifique palais ou château, où il faisait sa résidence. Vers 1373 le duc Jean en étendit l'enceinte, et Charles II continua les constructions commencées. Lorsque Charles le Téméraire envahit la Lorraine, Nancy était précédé de faubourgs qui furent rasés à rapproche des Bourguignons; sur leurs ruines, on, éleva des remparts, où s'immortalisa la noblesse lorraine. Ces fortifications furent considérablement augmentées de 1585 à 1621. La ville neuve fut commencée sous Charles III, mort en 1608, mais presque toutes, les constructions de cette époque ont disparu pour faire place aux beaux quartiers et aux magnifiques édifices élevés sous la bienfaisante domination de Stanislas, auquel la ville actuelle doit ses plus beaux monuments ; toutefois les habitants n'oublient pas les avantages et les bienfaits qu'ils doivent aux ducs de Lorraine. Nancy a souvent, été le théâtre de la guerre. Charles le Téméraire s'en empara eu 1475 ; la noblesse de Lorraine l’ayant repris l’année suivante, les habitants eurent à subir un nouveau siège, qui les réduisit à la dernière extrémité. Le duc René II vint à leur secours avec des forces imposantes, au moment où la famine la plus affreuse allait les forcer de se rendre, et prévint les assiégés de son arrivée par un fanal allumé sur les tours du village de St-Nicolas.
Les bourgeois reçurent René avec des marques de joie inexprimables. Ils avaient dressé sur son passage un tas d'ossements des animaux qu'ils avaient dévorés pendant le siège. Un croix fut planté près de l’étang où fut découvert le corps de Charles le Téméraire. Les Français s'emparèrent de Nancy et l'occupèrent pendant vingt-huit ans, depuis 1633 jusqu'au traité de Vincennes de 1661, qui stipulait la destruction des fortifications, ce qui fut en partie .exécuté. Louis XIV, ayant fait reprendre cette ville par Tourville en 1670 , fit relever les murailles de Nancy, qui furent de nouveau détruites en vertu du traité de Riswick, à l'exception de la citadelle et des portes de la ville neuve.
Nancy est dans une situation charmante, sur la rive gauche de la Meurthe, à l'extrémité d'un bassin fermé à l'ouest, au nord et au sud, par des coteaux très-élevés , et totalement découvert du côté du levant; des vignes tapissent les collines ; un grand nombre de belles maisons de campagne sont disséminées aux alentours et embellissent ce bassin, où l'œil s'arrête avec complaisance. De quelque côté qu'on y arrive, l'œil est agréablement surpris du paysage qu'il embrasse : par la route de Metz, on traverse une suite de jardins bien cultivés, on suit la riante vallée de la Meurthe, on aperçoit sur les collines des habitations charmantes, et l'on découvre Nancy avec ses édifices, avec ses longs faubourgs qui décorent d'une manière pittoresque les collines qui entourent une partie de la ville. Si on vient par la route de Lunéville, à peine a-t-on quitté St-Nicolas, qu'on aperçoit la chartreuse de Bosserville ; à gauche sont les magnifiques charmilles de Montaigu ; en face est le faubourg St-Pierre, long vestibule qui donne une belle idée de l'ensemble des habitations, dont il n'est que le prolongement. Les routes des Vosges, de la Bourgogne, et. de Paris par Toul, ne sont pas moins agréables dès qu'on arrive à 2 kilomètres de Nancy
Briey doit son origine à un camp
romain auquel aboutissaient trois voies militaires.
Dans le VIIIème siècle, cette ville dépendait
du duché de Mosellane et passa sous la domination des
comtes de Metz, qui la cédèrent aux évêques de la même
ville, lesquels rengagèrent dans la suite aux comtes
de Bar. Agrandie et fortifiée par ses différents possesseurs
elle était défendue par une citadelle, par deux châteaux,
et par une forte enceinte de murailles, dont il reste
encore de vastes souterrains et quelques vestiges que
le temps efface tous lesjours. Les Messins l'assiégèrent
en 1363 et en 1370; le duc de Berg la saccagea en 1421;
Charles le Téméraire s'en empara en 1475.
La ville
de Briey est bâtie en amphithéâtre au pied et sur le
revers d'une montagne, et se divise en haute et basse
ville. Ses jardins sont élevés en terrasse sur la pente
de la colline, dont le pied est arrosé par le Rupt-de-Mance,
qui serpente dans une agreste vallée que de superbes
forêts entourent de toutes parts.
L'église paroissiale
de cette ville a conservé dans toutes ses parties quelques
ornements d'architecture gothique ; on remarque au-dessus
de l'ossuaire un fort beau bas-relief du XVème
siècle, représentant une danse des morts qui mérite
de fixer l'attention.
L'origine de Lunéville , ainsi
que celle de beaucoup d'autres villes, est enveloppée
des plus épaisses ténèbres. On sait seulement que des
fouilles faites aux environs firent découvrir autour
d'une fontaine des médailles romaines représentant Diane
ou la Lune. La tradition rapporte qu'il y avait en cet
endroit un temple de Diane , et que Lunéville tire son
nom du culte que l'on rendait à cette déesse. L'histoire
ne parle de ce lieu avant le Xème siècle
que comme d'un hameau ou d'une maison de chasse ; c'était
à cette époque le chef-lieu d'un comté considérable,
que le duc Mathieu II réunit à ses États. Ses successeurs
fortifièrent cette place, dont Charles le Téméraire
s'empara en 1476 , mais qui fut reprise la même année
par le prince de Vaudémont. Le duc de Lorraine, Charles
III, augmenta les fortifications de Lunéville, en 15S7,
pour mettre cette place en état de résister à l'armée
des protestants d'Allemagne , qui allaient en France
secourir les calvinistes. Sous Louis XIII, Lunéville
fut pris et repris plusieurs fois par les Français et
les Lorrains ; les Français finirent, par l'emporter
d'assaut en 1638, après quinze jours de siège, et en
firent démolir les fortifications.
En 1801 il se
tint à Lunéville un congrès, et le 9 février fut signé
en cette ville le traité de paix qui terminait la guerre
de la deuxième coalition. D'après ce traité, le thalweeg
du; Rhin, depuis sa sortie du territoire helvétique
jusqu'à son entrée sur le territoire batave , formait
la limite de là France et de l'Allemagne.
Lunéville
possède un très-beau palais, construit par Léopold,
et considérablement embelli par Stanislas : il ne reste
des charmants bosquets qui l'environnaient que celui
qui sert de promenade publique. La marquise du Châtelet,
célébrée par Voltaire , a son tombeau dans l'église
paroissiale, dont l'architecture moderne mérite d'être
remarquée. Lunéville possède aussi un immense quartier
de cavalerie ; un vaste manège couvert, dont le toit
est soutenu par une charpente en bois de châtaignier
hardie et bien ajustée ; un champ de Mars de deux cents
hectares de superficie. C'est une des plus belles garnisons
de cavalerie qu'il y ait en France : on y réunit assez
fréquemment en automne un camp de cavalerie pour exercer
lès troupes aux grandes manœuvres.
La position de Tullum à Toul
est démontrée par les mesures des routes romaines décrites
dans l'Itinéraire d'Antonin et dans la Table de Peutinger,
routes qui s'y réunissent, et qui partent de Lingones,
Langres, Augusta Trevirorum, Trêves, et Divodurum, Metz.
L'histoire nous donne le même résultat par une suite
non interrompue de monuments historiques. — La Notice
des provinces de la Gaule désigne cette ville sous le
nom de Tullo, ce qui prouve qu'elle n'avait pas changé
de nom pour prendre celui du peuple ; elle ne prit le
nom de Tullum que sous les premiers rois francs.
Sous Dagobert, elle portait le nom de Leuci, et de Leuca
dans le XIème siècle.
La ville et le
diocèse de Toul dépendaient de la France sous les rois
de la première race, sous Charlemagne et Louis le Débonnaire.
Après la mort de ce dernier, ils firent partie des États
légués à Lothaire, son troisième fils, et devinrent
une province du royaume de Lorraine, dont Metz était
la capitale. En 1552, la ville de Toul fut définitivement
réunie à la France. C’était autrefois le siège d'un
évêché considérable. — Au Xème siècle, la
ville de Toul n'était point entièrement fermée de murailles
; elle n'avait d'autre enceinte que celle dite de l'ancien
château. En 1238, cette enceinte fut renversée par ordre
de Roger, évêque de cette ville, qui en fit construire
de nouvelles, garnies de tours, aux frais des bourgeois;
et dans lesquelles il enferma toute la ville, à l'exception
de ses deux faubourgs. Eu 1700, ces derniers ouvrages
furent de nouveau abattus, et remplacés sur un plus
grand développement par un rempart flanqué de neuf bastions.
Ce sont les fortifications qui existent aujourd'hui
; elles ont été élevées, aux frais de l'État, sur les
plans du célèbre Vauban.
Cette ville est située
au pied de coteaux couverts de vignes, dans une plaine
fertile, sur la Moselle, qu'on y traverse sur un beau
pont en pierre de sept arches. Les rues sont peu régulières
et pavées en cailloux. La place d'Orléans, plantée de
beaux arbres, est la seule remarquable.
Les principaux
édifices sont: la cathédrale, superbe basilique d'architecture
gothique, commencée par saint Gérard en 965, et achevée
en 1496 par l'architecte Jacquemin de Commercy ; elle
est surtout estimée par sa légèreté ; la voûte plate
qui supporte l'orgue passe pour un chef-d’œuvre. — La
cathédrale de Toul s'est enrichie récemment d'une belle
statue provenant du remarquable mausolée de M. H. dé"
Thiard de-Bissy, jadis évêque et comte de Toul, plus
tard évêque de Meaux (successeur de Bossuet) et cardinal.
Le 4 janvier 1477, Charles le Téméraire donna un premier assaut, qui fut repoussé. Le lendemain, 5 janvier, il s'arma de grand matin et s'élança sur son cheval noir, pour ranger son armée en bataille. Sa position était forte. Son artillerie dominait la route par laquelle arrivaient les Lorrains ; son front était couvert par le ruisseau d'Hénillecourt, coulant entre deux haies ; sa gauche était appuyée à la rivière, sa droite à une pente couverte de bois ; la neige tombait par flocons. L'avant-garde seule de René, forte de neuf mille hommes, était supérieure à toute l'armée de Bourgogne. Pendant qu'elle attaquait de front et qu'elle s'efforçait, quoique sans succès, de pénétrer entre la droite de Charles et la colline, au haut de cette même colline on entendit tout à coup retentir les cors terribles d'Ury et d'Underwald. Les Suisses la franchirent, et, se précipitant sur les Bourguignons, ils les accablèrent bientôt par leur impétuosité. La bataille ne fut ni longue ni meurtrière ; ce fut la poursuite qui fut terrible ; elle se continua deux heures encore après la chute du jour. De retour de cette poursuite, le duc René rentra dans sa capitale, qu'il venait de délivrer ; il demandait à chacun des nouvelles de son cousin le duc de Bourgogne; personne ne savait ce qu'il était devenu. Le lendemain on le chercha sur le champ de bataille ; on y trouva les corps du sire de Rubempré, de Contay, de Jacques Galeotto, le fidèle commandant des Italiens, de Frédéric de Florsheim, de Vaux Marcus. On interrogea les prisonniers, le grand bâtard de Bourgogne, son fils aîné, les comtes de Nassau, de Rothelin, de Chimay, Hugues de Château-Guyon, Olivier de la Marche, le fils du sire de Contay, Josse de Lalaing, aucun ne pouvait dire ce qu'était devenu leur maître. Ce ne fut que le mardi 7 janvier qu'on découvrit enfin le corps de Charles, à moitié enfoncé dans la vase d'un ruisseau, avec plusieurs autres cadavres dépouillés. Sa tête était fendue de l'oreille, à la bouche, et il était percé de deux coups de pique, l'un dans les cuisses, l'autre au bas des reins.
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