Histoire de la Meuse
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Au temps de César, deux populations gauloises
occupaient le territoire qui forme aujourd'hui le département
de la Meuse, les Leuci au sud, et les Verodunenses au nord.
Après la conquête romaine, cette contrée fut comprise dans la
Belgique première et eut pour villes principales Verdun ( Civitas
l'erodunensium) et Naix dans la vallée de l'Ornain (Nasium).
A la domination des Romains succéda celle des Francs, et, après
la mort de Clovis, les pays baignés par la Meuse firent partie
du royaume d'Austrasie.
Dans l'organisation de l'empire carlovingien,
cette contrée fut partagée en plusieurs comtés ainsi désignés
: comitatus Clesensis (cantons de Void et de Gondrecourt); comitatus
Wavriensis (le Woivre, aujourd'hui la partie nord-est du département);
comitatus Barrensis (le centre du Barrois) ; et plus au sud
comitatus Odornensis (l'Ornois en Barrois). Le traité de Verdun
détacha ce pays du royaume de France et l'adjugea à l'empereur
Lothaire Ier, lorsque celui-ci alla ensevelir au
fond d'un cloître une ambition si fatale à son père et à lui-même
; le second de ses fils, Lothaire II, eut le nord de ses États.
Le pays qui forme le département de la Meuse fit partie de ce
nouveau royaume, qui reçut le nom de Lotharingie ou Lorraine.
Les efforts des rois de France pour reconquérir
de ce côté ce que le traité de Verdun avait enlevé à Charles
le Chauve n'eurent aucun succès durable ; à partir du Xème
siècle, la vallée de la Meuse fit définitivement partie de la
Lorraine mosellane. Il faudra que la dynastie nouvelle qui succédait
alors à la race dégénérée de Charlemagne se soit consolidée
en France par une existence de plusieurs siècles pour pouvoir
tenter de reculer la frontière française au-delà de la ligne
de démarcation tracée par le traité de Verdun. Cependant ces
pays, qui avaient été et qui devaient être encore un objet de
litige entre la France et l'Empire, étaient livrés à toute l'anarchie
féodale. Il leur manquait une royauté, c'est-à-dire ce qui fut
pour les peuples du moyen âge un signe d'indépendance et de
nationalité. Ne pas appartenir à la France et ne reconnaître
la suzeraineté de l'Empire qu'à la condition qu'elle ne fût
qu'un vain nom, c'était une situation favorable seulement aux
petites puissances féodales.
Ainsi s'établirent dans ces
contrées la puissance des évêques de Verdun et celle des comtes
de Bar. Ces principautés ne pouvaient conserver leur indépendance
qu'à l'une ou l'autre de ces conditions : ou que la France et
l'Empire restassent faibles et incapables de les conquérir ;
ou que leur rivalité, même pour la possession de ces contrées,
les protégeât, et c'est ce qui arriva. Les empereurs accordèrent
aux évêques de Verdun des privilèges qui consacraient leur indépendance,
afin de les encourager à mieux résister à l'ambition des rois
de France. Ils sacrifièrent les droits de l'Empire et, à ce
prix, ils obtinrent, pendant plusieurs siècles, que Verdun ne
fût pas annexé à la France. Il n'en fut pas tout à fait de même
de la plus considérable de ces principautés temporelles, le
comté de Bar.
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Un comte de Bar, Henri III, gendre du
roi d'Angleterre Edouard Ier, prit parti contre Philippe
le Bel dans une de ces guerres qui furent comme le prélude de
la terrible lutte qui devait armer pendant plus d'un siècle
l'une contre l'autre la France et l'Angleterre. Philippe le
Bel lui fit expier chèrement son alliance avec les Anglais.
Fait prisonnier à Bruges, Henri III fut obligé de signer, en
1304, le fameux traité par lequel il se reconnaissait homme-lige
du roi de France pour la partie de ses États de Barrois situés
au couchant de la Meuse, vers le royaume de France ; telle est
l'origine du Barrois mouvant et du Barrois non mouvant. Depuis
cette époque, tout ce que les comtes et ducs de Bar ont possédé
sur la rive gauche de la Meuse a été regardé comme relevant
de la couronne de France.
A différentes époques les rois
de France essayèrent de convertir en souveraineté réelle la
suzeraineté reconnue par le traité de 1304. Les légistes de
la couronne déployaient une rare habileté dans les entreprises
de ce genre. Mais, lorsque le duché de Bar eut passé à la maison
de Lorraine et que, au XVIème siècle, des relations
d'amitié s'établirent pour quelque temps entre cette maison
et les rois de France, ceux-ci crurent devoir ménager des princes
qu'ils considéraient comme d'utiles alliés. En 1552, dit dom
Calmet, le bailli de Sens, ayant imposé les habitants de Bar-le-Duc,
de Gondrecourt, de Chatillon, de la Marche et de Conflans, pour
contribuer au payement d'une somme de dix-neuf mille deux cents
livres , et le prince Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont,
régent de Lorraine sous la minorité du duc Charles III, ayant
fait sur cela ses remontrances que la ville de Bar et les lieux
ci-devant nommés étaient fiefs libres de la couronne de France
et n'avaient jamais été soumis à de pareilles impositions, le
roi Henri Il déclara n'avoir jamais entendu que les sujets du
duc de Lorraine fussent cotés et sujets à de pareilles impositions.
Et, en 1553, il les déclara aussi exempts des ban et arrière-ban,
et autres impositions faites en France. Enfin, en 1573, le roi
Charles IX, en confirmant le traité fait entre lui et le duc
de Lorraine, donna sa déclaration par laquelle il termina toutes
les difficultés formées au sujet de la mouvance et de la souveraineté
du Barrois, et ordonna que le duc Charles III, son beau-frère,
jouirait de tous les droits régaliens et de souveraineté sans
rien excepter, hors la foi et hommage lige. » Mais, à la même
époque, la France faisait un grand pas vers la conquête de ces
contrées par l'occupation de Verdun, faite par Henri Il de concert
avec le cardinal de Lorraine. Toutefois, le roi de France ne
prenait encore à l'égard de Verdun que le titre modeste de protecteur
et de vicaire de l'Empire. Le traité de Cateau-Cambrésis laissa
a la France l'évêché de Verdun ; on trouvera dans la notice
consacrée à cette ville les mesures prises successivement par
les rois de France pour annuler, au profit de la couronne, l'autorité
temporelle des évêques de Verdun.
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Le traité de Westphalie confirma
la souveraineté de la France sur cet évêché. Quant au duché
de Bar, il fut, comme la Lorraine, envahi par les troupes françaises
en 1632, et il suivit toutes les vicissitudes par lesquelles
passa la Lorraine pendant le règne orageux de Charles IV. On
trouvera, dans la notice consacrée au département de la Meurthe,
le récit des guerres de ce prince avec Richelieu et Louis XIV.
A sa mort la Lorraine et le Barrois étaient au pouvoir de la
France. Ces deux principautés furent restituées par la paix
de Ryswick au duc Léopold. Enfin le traité de Vienne (4 738),
qui donnait la Lorraine et le Barrois à Stanislas Leczinski,
en assurait la réversion à la France, à la mort de ce prince.
C'est ainsi qu'en 1766 le Barrois devint définitivement province
française. Le décret de 1790 créa le département de la Meuse,
qui fut composé de l'ancien duché de Bar, d'une partie de la
Lorraine, d'une portion des Trois-Évêchés et d'une faible partie
de la Champagne. Les habitants de la Meuse ont prouvé, dans
les grandes luttes soutenues par la France depuis 1790, qu'ils
étaient dignement placés aux frontières de la patrie.
En
1814, les habitants de plusieurs villages voisins de Bar-le-Duc
dispersèrent tout un régiment russe et tuèrent le général auquel
il servait d'escorte. Le département de la Meuse est un de ceux
qui donnent à la France ses meilleurs soldats ; il a produit
un grand nombre d'officier distingués par leur bravoure et leurs
talents militaires.
Bar-le-Duc
L'origine de cette ville est peu connue.
Quelques auteurs prétendent qu'elle existait déjà lorsque les
Francs s'établirent dans les Gaules; mais on ne connaît aucun
titre sur lequel on puisse appuyer cette présomption. Bar était
la capitale du Barrois, pays connu sous ce nom dès le temps
de Vulfoade, maire du palais d'Austrasie au commencement du
VIIIème siècle, dont les possesseurs se qualifièrent
de ducs de Bar jusqu'en1032, qu'ils prirent le titre de comtes
ils reprirent le titre de ducs en1354. Suivant Grégoire de Tours,
Bar était entouré d'un pays fertile et de riants coteaux de
vignes.
Les ducs attirèrent par des franchises quelques cultivateurs
qui groupèrent leurs habitations autour du château bâti sur
la hauteur. Le Barrois était un démembrement du territoire des
Leuquois, et ne forma dans l'origine qu’un État d'une étendue
de160 kilomètres de long sur 40 kilomètres de large. La maison
des Ardennes le posséda d'abord ,ensuite il passa à celle de
Montbéliard, puis à celle d'Anjou, et fut définitivement réuni
à la Lorraine.
En 951, Ferry Ier fit réparer
et fortifier le château de Bar. En 1092, du temps de Sophie
de Bar, qui avait épousé Louis de Montbéliard, la ville, qui
n'occupait que les environs de l'église Notre- Dame, à droite
de l'Ornain, fut continuée sur l'autre rive. Les chartres de
Bar font mention de vingt ducs ou comtes particuliers, qui possédèrent
cette ville et son territoire depuis l'an 954 jusqu'en 1419,
époque de sa réunion au duché de Lorraine par la cession qu'en
fit le cardinal Louis, frère du duc Robert de Bar, à René d'Anjou,
qui épousa Isabelle fille aînée du duc Charles II, héritière
de ce beau duché. Ce nouveau possesseur était fils de Louis
II, roi de Naples et d'Yolande d’Aragon.
Les seigneurs de
Bar ne furent jamais assez puissants pour être indépendants.
Ils contractèrent de grandes alliances, même avec les rois d'Angleterre
et se mirent toujours sous la protection des plus forts.
Quelque fois ils guerroyèrent pour leur propre compte; mais
souvent ils prêtèrent foi et hommage de leur comté ou de leur
duché, tantôt aux empereurs d'Allemagne aux ducs de Bourgogne
etc. La ville de Bara été autrefois fortifiée. Son château tombait
en ruine, après avoir longtemps servi de résidence à ses anciens
comtes ou ducs, lorsqu'au commencement du XVIIème
siècle Charles III, duc de Lorraine, le fit réparer mais en1649,
un violent incendie le rendit inhabitable ; en 1670, Louis XIV
en fit démolir les tours et une partie des murailles, ne laissant
subsister que l'enceinte fortifiée de la ville, enceinte qui
elle-même a depuis en grande partie disparu.
La ville de Bar est dans une situation
agréable, sur le penchant d'un coteau et dans un beau vallon
arrosé par l'Ornain. Ile se divise en haute et basse ville.
La première s’élève en amphithéâtre, et occupe le sommet de
la colline: les maisons sont bien bâties, et plusieurs même
peuvent passer pour des hôtels mais elle n'est point commerçante.
Il ne reste plus du château que les vestiges de l'ancienne chancellerie
des ducs, et une terrasse d'où l'on jouit d'une vue magnifique
sur la riante vallée de l'Ornain.
La ville basse s'étend
dans le vallon traversé par l'Ornain, que l'on y passe sur trois
ponts en pierre. Elle est vivifiée par une multitude de fabriques,
d'ateliers, de boutiques, de magasins, d'hôtelleries; les rues
sont larges et bien percées celles de la Rochelle et des Capucins,
que borde une double rangée de tilleuls, sont particulièrement.
Commercy
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Commercy n'est connu que depuis le IXème
siècle, époque où les rois de France y avaient une maison de
campagne mais il est probable qu'il existait antérieurement.
Dans le principe, c'était une simple seigneurie, qui fut érigée
plus tard en principauté, et obtint le titre de commune en 1324.
Charles-Quint assiégea Commercy en 1554. Cette ville formait
alors deux seigneuries distinctes, le château haut et le château
bas: la première fut possédée par Philippe-Emmanuel de Gondy,
lequel la transmit à son fils, le cardinal de Retz , qui en
aimait le séjour, parce qu'il se trouvait à proximité de son
abbaye de St- Mihiel, et de la campagne qu'il possédait sur
la Meuse à Ville-Issey; on sait que c'est dans cette solitude
que le héros de la Fronde rédigea ses mémoires Lé cardinal de
Retz répara l'ancien château de Commercy, qu'il vendit avec
la ville à Charles IV.
Le prince de Vaudemont, qui la posséda
depuis, fit reconstruire, en 1708, le château, dont Stanislas
fit une demeure magnifique, transformée aujourd'hui en un quartier
de cavalerie. est Commercy est une ville fort agréablement située,
sur la rive gauche de la Meuse: elle est assez bien bâtie et
ornée de fontaines publiques; une longue rue tirée au cordeau,
aboutit à une belle avenue plantée de tilleuls, qui s'élève
en amphithéâtre jusqu'aux confins d'une forêt située à 5kilomètres
de la ville. On y remarque les casernes, le grand manège converti
en hôtel de ville, l'hôpital, les halles, etc. La Meuse, après
avoir arrosé une belle et riche vallée, se divise en deux bras
près de la ville; sur le bord du second bras, près de Vignot,
était établi un château d'eau, qui devait être magnifique à
en juger par les descriptions du temps. De ce point, où aboutit
la route de Pont-à-Mousson, on découvre un riant paysage, dont
Commercy et son château forment le principal point de vue; à
droite et à gauche s'étend une vaste prairie ; des villages,
des moulins, des coteaux plantés de vignes, terminent cette
perspective; à l'est s'étend une belle forêt percée d'avenues,
et rafraîchie par de belles fontaines.
Verdun
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La position de Verodunum à Verdun est
prouvée par une suite non interrompue de monuments historiques.
L'Itinéraire d'Antonin donne les mesures d'une route entre Divodurum,
Metz, et Durocoriorum, Reims, qui passe par Virodunum ; les
mesures sont exactes entre Virodunum et Divodurum, mais entre
Durocoriorum et Virodunum il y a omission ou erreur. On connaît
des médailles anciennes de Virodunum. Verdun était déjà considérable
à l'époque où les Romains firent la conquête de la Gaule Belgique.
D'anciens auteurs latins la considèrent comme la cité des Sclaviens
et la nomment Urbs Sclavorum.
Restée sous la domination
romaine jusqu'au IVème siècle, Verdun passa sous
celle des rois de France et d'Austrasie. Cette -ville fut ensuite
comprise dans le royaume de Lothaire. Plus tard elle fut conquise
par l'empereur Othon, et jouit des privilèges de ville libre
et impériale jusqu'en 1552, époque où les habitants réclamèrent
la protection de Henri II, roi de France. La ville et le comté
de Verdun furent réunis à la France par le traité de Munster,
en 1648.
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En 1792, aucun obstacle n'ayant arrêté
les Prussiens lorsqu'ils envahirent les frontières de la Champagne,
bientôt ils furent aux portes de Verdun, dont les fortifications
étaient délabrées et les approvisionnements très minces. Celle
place obéissait au colonel Beaurepaire, et les troupes étaient
disposées à une vive résistance sous ses ordres ; mais il n'en
était pas de même des habitants. A cette époque, c'était un
conseil civil et militaire qui décidait si une place était en
état de se défendre ou non ; la majorité des suffrages dictait
les capitulations, et l'expérience enchaînait là bravoure. A
la première sommation du roi de Prusse, ce conseil fit une réponse
insolente; quinze heures de bombardement fixèrent ses irrésolutions.
Le 5 septembre il décida que la place serait rendue. Marceau,
dans un discours éloquent, démontra la nécessité d'une défense,
et jura qu'elle aurait du succès ; ce fut en vain ; la frayeur
des habitants fut plus forte que toutes les considérations,
Beaurepaire, pour ne pas souscrire à son déshonneur, se brûla
la cervelle en plein conseil, et le chef de bataillon Lemoine,
résolu de se défendre, alla s'enfermer dans la citadelle; mais
il manquait d'approvisionnements et fut obligé de capituler.
Il sortit à condition qu'on lui laisserait emporter ses armes;
ses bagages, deux pièces de quatre avec leurs caissons et un
fourgon pour servir à transporter le corps du brave Beaurepaire.
La retraite des Prussiens après l'affaire de Valmy fit rentrer
Verdun sous la domination française. Verdun est une ville fort
agréablement située, dans un vallon évasé, sur la Meuse qui
commence en cet endroit à être navigable. Celle rivière sépare
la ville en deux parties et s'y divise en cinq bras, qui se
réunissent à la sortie des fortifications. La ville est généralement
bien bâtie, mais les rues, dont quelques-unes ont une pente
rapide vers la rivière, sont pavées en silex, ce qui en rend
le parcours fatigant pour les piétons et assez dangereux pour
les chevaux. Une esplanade ombragée la sépare de la citadelle.
Les fortifications de Verdun consistent en une enceinte de dix
fronts bastionnés. La citadelle a été commencée en 1624, suivant
le plan arrêté sous Henri II. Louis XIII avait confié la direction
des travaux au maréchal de Marillac, lieutenant général dans
les Trois-Evêchés. Cette circonstance causa la perte du malheureux
maréchal : on lui reprocha diverses concussions relatives à
ces travaux, concussions non prouvées, mais dont la haine de
Richelieu s'arma pour obtenir une condamnation. La place renferme
plusieurs établissements militaires : elle a des écluses au
moyen desquelles il est possible d'inonder les faubourgs et
une partie des environs.
Stenay
Stenay, Astenidum, Satanacum, Stanacum,
ville ancienne située à 16 kilomètres a l'est de Montmédy, sur
les bords de la Meuse, qui y forme plusieurs îles, dépendait
jadis du diocèse de Trêves et du département de Paris. Il est
question de Stenay dans les chroniques de l'époque mérovingienne,
qui mentionnent le prieuré de Saint-Dagobert de Stenay. Au XIème
siècle, cette ville appartenait aux ducs de Bouillon. Elle tomba
ensuite au pouvoir des évêques de Verdun et de la maison de
Luxembourg.
Stenay passa sous l'autorité des ducs de Lorraine
lors de la réunion du Barrois à la Lorraine. En 1541, François
Ier obligea le duc Antoine de lui abandonner Stenay
moyennant un équivalent; mais l'empereur Charles- Quint s'opposa
à cet échange, prétendant que le duc n'avait pu, sans son consentement,
céder un fief qui relevait de son duché de Luxembourg;et il
fut arrêté par le traité de Crespy, conclu entre l'empereur
et le roi de France en 1544, que Stenay serait rendu au duc
de Lorraine pour être tenu de l'empereur comme duc de Luxembourg.
Quelques années plus tard, Stenay fut conquis par les Français,
et restitué au duc Charles III par le traité de Cateau-Cambrésis.
En 1592, Henri IV avait fait épouser au vicomte de Turenne la
duchesse de Bouillon pour le récompenser de sa fidélité, et
en même temps pour donner au duc de Lorraine un voisin capable
de lui tenir tête. Le roi ne se trompa point dans ses vues,
car le jour même de ses noces Turenne prit d'assaut la ville
et le château de Stenay. Mais le duc Charles III les lui reprit
peu après. Lorsque Louis XIII envahit la Lorraine sous Charles
IV, Stenay fut occupé par les Français ; le traité de 1641 céda
cette ville à la France. C'était alors une place de grande importance,
avec une citadelle bien fortifiée. Louis XIV la céda au prince
de Condé, en se réservant l'hommage et le ressort de la justice.
Mais Condé s'étant jeté dans la Fronde et ayant fait alliance
avec l'Espagne, ennemie de la France, Stenay fut assiégé et
pris par l'armée du roi, qui fit raser ses fortifications. En
1792, après la prise de Longwy, l'armée autrichienne se présenta
devant Stenay, alors sans défense. Les bourgeois de la ville
allèrent bravement attaquer les avant-postes de l'ennemi, et
le tinrent pendant plusieurs heures en échec. Les troupes qui
devaient les soutenir s'étant repliées, il fallut céder à la
force. Le général Clairfayt, irrité de la résistance de cette
brave population, exigeait qu'on lui livrât douze bourgeois.
Le maire Collin s'offrit pour victime, et cet acte de dévouement
apaisa Clairfayt. Mais il fit fusiller aux portes de la ville
un bourgeois nommé Vadebois, qui avait été fait prisonnier après
avoir effleuré d'un coup de feu le prince de Ligne, un des généraux
ennemis.
Montmédy
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Montmédy, Maledictus, Mons Médius, Petite
ville forte sur le penchant et au pied d'une colline dont la
base est arrosée par le Chiers, à 110 kilomètres au nord de
Bar-le- Duc; autrefois prévôté du diocèse de Trèves, du parlement
et de l'intendance de Metz.
On dit que ce fut Arnoul, comte
de Chiny, qui fonda, au XIIIème siècle, la ville
et la forteresse de Montmédy. Les privilèges qu'il accorda à
la nouvelle ville y attirèrent bientôt une assez nombreuse population.
Regardée comme le chef-lieu du comté de Chiny, elle passa plus
tard à la maison de Luxembourg et enfin sous la domination de
l'Espagne.
En 4657, Louis XIV en personne fit, avec le maréchal
de la Ferté, le siègè de la place. Elle avait pour gouverneur
Jean d'Allamont, seigneur de Malendes, qui se signala par sa
vigoureuse défense ; il n'avait pas huit cents hommes de garnison,
et il résista pendant deux mois entiers. Il fallut qu'il fût
blessé mortellement pour que la place se rendît. Louis XIV ne
voulut pas y entrer, disant que celui qu'il désirait voir n'y
était plus et qu'il voudrait racheter sà vie par la mort de
deux mille de ses soldats. La place fut cédée à la France par
le traité des Pyrénées. En 1815, après la bataille de Waterloo,
les environs de Montmédy ne tardèrent pas à être occupés par
les alliés, et la place eut à craindre un siège prochain. Les
forces consistaient en cent quarante-cinq douaniers, cent quatre-vingt-seize
gardes nationaux, soixante-sept soldats du 56ème
régiment, trente-neuf canonniers, quelques militaires retraités
et près de deux cents habitants ; environ six cents hommes en
tout. Les 4 et 5 septembre, vers deux heures du matin, la ville
basse fut surprise par une troupe d'environ quinze cents hommes.
La garde de cette partie de la place était composée de soixante-trois
douaniers, commandés par leur capitaine, et des habitants qui
se réunirent à eux. Ils tuèrent beaucoup de monde à l'ennemi,
et quoiqu'ils ne pussent l'empêcher de pénétrer dans la ville
basse, leur résistance courageuse assura le salut d'un grand
nombre de femmes et d'enfants, à qui elle donna le temps de
se retirer à la ville haute.
Alors le canon de la place et
un feu bien nourri firent perdre environ cinq cents hommes aux
assiégeants. Le feu prit en divers quartiers de la ville basse
et réduisit en cendres un assez grand nombre de maisons. Cet
incendie et le feu soutenu de la place ne laissaient plus de
moyen de salut à l'ennemi, lorsque le gouverneur admit comme
parlementaire un officier prussien. Il obtint que sa troupe
se retirât avec armes et bagages. Le 22 octobre suivant, le
gouverneur crut pouvoir consentir à la remise de la place d'après
les conventions qui existaient entre le gouvernement français
et les puissances alliées. Les fortifications de la place, refaites
en partie par Vauban, ont été récemment réparées et sont aujourd'hui
en très-bon état.
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