Le département du Nord est généralement un pays de plaine. Dans l'arrondissement de Dunkerque, depuis la ville de ce nom jusqu'au pied de Cassel, le sol est très-bas, très-humide, et dans quelques endroits au-dessous du niveau des eaux de la mer, qui sont contenues par les dunes, éminences de sable où l'on découvre à peine quelques plantations éparses , et dont l'aspect sauvage et triste inspire des sensations mélancoliques. Il n'existe dans cet arrondissement d'autre éminence que celle de Watten, coteau peu élevé, composé de sable et de gravier mêlés de terres glaiseuses. Si l'on en excepte les points qui touchent aux dunes, et les parties connues sous le nom de Moëres qui ne sont pas . entièrement desséchées, le terroir est fertile, et offre partout des terres labourables, des prairies et de bons pâturages ; mais il a fallu toute l'industrie et l'activité des habitants pour soumettre à la culture des terrains qui, par leur situation, semblaient condamnés à une submersion continuelle.
Des digues et des canaux de dessèchement, multipliés
à l'infini, resserrent les eaux dans des bornes étroites et en procurent
l'écoulement dans les marées basses. Deux grands systèmes de dessèchement
sont établis dans cet arrondissement et y sont régis par des administrations
particulières : l'un a pour objet les terres dites de Wateringues, qui
se composent de toute la lisière maritime sur une surface de 38,881
hectares. ; l'autre s'applique aux Moëres, vaste et profond marais de
la contenance de 2,118 hectares, autrefois toujours en eau et aujourd'hui
mis en état de culture. Le froment, le seigle, l’orge, l’'avoine, les
graines oléagineuses, le tabac, le houblon, les prairies artificielles
et les légumes s'y cultivent avec succès; il y a peu de forêts, mais
presque toutes les propriétés sont entourées d'arbres de la plus belle
venue, et les routes et les chemins en sont bordés. On extrait de la
tourbe sur plusieurs points ; il existe beaucoup de terres à poterie
et propres à faire de la brique, mais on ne trouve ni mines, ni carrières
de marbre, de pierre, etc.
Le climat de cet arrondissement est plus
rude que dans l'intérieur du département à cause du voisinage de la
mer el des vents boréaux qui y règnent une grande partie de l'année;
L’air n'y est pas parfaitement sain, et le nombre des décès y est presque
constamment égal ou supérieur à celui des naissances. La surface dé
l'arrondissement d'Hazebrouck est généralement plane ; cependant le
sol s'y élève d'une manière assez remarquable, el dans la partie septentrionale
il est parsemé de diverses éminences, dont la plus élevée est le Mont-
Cassel, cité pour la vue magnifique dont on jouit de sa sommité; les
autres points élevés sont le mont des Récollets, le mont de Boeschêpe,
le Mont-des-Chats, le Mont-Noir et le Mont-de- Lille. Le sol est généralement
plat, humide et ' fertile; les terres y sont sablonneuses, marneuses
et argilo-glaiseuses : ces dernières sont d'une humidité telle, que
la où elles forment la nature du sol, les chemins sont en hiver absolument
impraticables aux voitures, et le seraient même aux piétons si l'on
n'avait eu la précaution de placer des blocs de grès espacés sur les
côtés des routes, sur lesquels les gens du pays voyagent en sautant
de pas en pas. On récolte dans cet arrondissement toute sorte de céréales,
des graines oléagineuses, du tabac, du lin, du houblon, et quantité
de légumes ; on y trouve beaucoup de bons pâturages el de prairies naturelles
où l'on élève un grand nombre de chevaux. La belle forêt de la Nieppe
fait partie de cet arrondissement, où des plantations particulières
bordent toutes les propriétés, les roules, les chemins, et donnent au
pays l'aspect le plus agréable. Les seuls produits minéralogiques consistent
en sables et terres à poterie et à briques.
Le climat participe
de l'âpreté de celui de l'arrondissement de Dunkerque ; l’air, à cause
sans doute du voisinage de la mer, n'y est pas aussi sain que dans les
parties plus méridionales du département. L'arrondissement de Lille
offre une surface plane, sur laquelle il n'existe que quelques petites
éminences, dont les principales sont le Mons en Pévèle et le Mont-de
Werwick ; la partie située vers le nord et l'ouest comprend, principalement
aux environs de la Lys el de la Deule, de très-belles et très-vastes
prairies; le terrain y est gras et de la plus grande fertilité. Le sol
de la partie située au sud et à l'est n'est pas de la même nature ;
il est généralement sec et marneux , et marécageux sur quelques points,
ce qui n'empêche pas que les récoltes y soient également belles et abondantes.
Cet arrondissement est incontestablement le plus riche et l'un des plus
fertiles du royaume, et l'agriculture y a atteint une grande perfection
: on y récolte toutes les céréales, tous les légumes, toutes les plantes
à fourrages, textiles;, oléagineuses et tinctoriales, et du tabac de
la meilleure qualité; mais ce qui distingue surtout cet arrondissement,
c'est la qualité et l'abondance des récoltes, dues autant à la bonté
du sol qu'aux engrais qu'emploient les cultivateurs et à l'excellence
de leurs méthodes. Il y a quelques forêts, mais peu considérables ;
elles sont remplacées par les plantations particulières, qui sans être
aussi multipliées que dans les arrondissements de Dunkerque et d'Hazebrouck,
sont assez importantes et très soignées. On extrait de la tourbe sur
plusieurs points, et il existe des carrières de pierres à bâtir et propres
à faire de la chaux, des terres à briques et à poterie, et du sable.
Le climat est généralement sain, et moins froid que celui des deux
arrondissements décrits précédemment.
Les habitants du département, dit l'auteur
de là Statistique du Nord, sont d'une stature communément au-dessus
de l'ordinaire. Ils ont de la santé et de l'embonpoint ; cet embonpoint
augmente , ainsi que la hauteur de la taille, à mesure que l'on
avance vers le nord et la Belgique. Les hommes sont généralement
bien faits ; leur physionomie est plus régulière qu'expressive.
Les anciens auteurs vantent beaucoup la beauté des femmes de ces
pays, et nous voudrions faire comme eux, mais nous sommes forcés,
de reconnaître qu'on remarque aujourd'hui, et particulièrement dans
les villes, que les hommes ont la figure plus belle, plus animée
et plus agréable que la plupart des femmes. On trouve chez celles-ci,
dans les traits même de celles qui paraissent le mieux, plus de
régularité encore que de finesse.
Quoique amis de l'ordre et
de l'économie, surtout dans l'intérieur de leurs ménages, depuis
une trentaine d'aimées les habitants du département du Nord se sont
fait remarquer par un goût croissant pour le luxe des habillements
; les femmes ont acquis plus de coquetterie, plus de grâce et d'agrément.
Les Flamands réfléchissent avant de comprendre. Ils ont l'imagination
lente, mais le jugement sain, l'esprit solide et une sorte de sagacité
remarquable. Ils sont bons, hospitaliers, charitables, fermes et
dévoués dans leurs affections , quoique peu persévérants dans les
sentiments haineux. Dans toutes les guerres ils ont fait preuve
d'une bravoure naturelle et toujours égale. Leur courage, s'il ne
se fait pas remarquer par une fougue impétueuse, est de tous les
instants et ne faiblit jamais. Le département du Nord a fourni à
nos armées un grand nombre de braves généraux, .d'hommes de guerre
habiles et de courageux soldats. Les Flamands sont peut-être, de
toute la France, le peuple qui attache le plus de prix à la propreté.
Leurs maisons sont toujours nettes et bien tenues. Elles ont un
aspect qui fait plaisir. Leurs jardins, à allées sablées, à compartiments
entourés d'arbustes taillés, à tonnelles de charmilles ou de treillage,
indiquent encore leur goût pour la régularité.
La nourriture
des paysans flamands est-généralement plus substantielle que celle
des habitants des autres parties de la France. La viande, le beurre
et le pain en sont les principaux éléments. Ils boivent de la bière.
On les accuse même d'être enclins à faire un usage peu modéré de
toutes les boissons fortes. C'est un penchant qui, dans les arrondissements
de Dunkerque et d'Hazebrouck, paraît même être commun aux femmes
et aux jeunes filles : le dimanche et les jours de fête elles ont
l'habitude de passer une partie de la journée au cabaret. On a cité
il y a longtemps les ducasses, les kermesses des Flamands ; il n'est
pas de commune dans le département du Nord qui n'ait la sienne.
La plupart en ont deux, désignées sous le nom de grande et de petite
ducasse. Leur époque est ordinairement depuis le retour de la belle
saison jusqu'à la fin de l'automne. On se porte à ces fêtes dans
ce pays avec un empressement dont on ne trouve nulle part d'exemple
aussi frappant. Elles durent trois, quatre, cinq jours, et quelquefois
neuf et dix, mais jamais moins de trois ; elles coïncident presque
toujours avec l'anniversaire de la dédicace de l'église du lieu,
et la petite est le jour de la fête du patron. Dans quelques communes
la ducasse se rencontre avec la célébration d'une neuvaine à la
Vierge ; ce sont celles qui durent le plus longtemps. Dans les villes
les ducasses sont ordinairement l'époque de la tenue de la foire
principale, et l'ouverture s'en faisait à la révolution par une
procession solennelle où le culte déployait toute sa pompe : d'où
vient qu'on leur donne indifféremment le nom de ducasse ou de procession.
Ce jour-là chaque particulier tâche de réunir ses parents, ses
amis épars, pour se réjouir avec eux en famille. L'habitant le moins
à l'aise fait un effort pour se bien nourrir. Le pot au feu de viande
de boucherie, les pâtisseries plus ou moines fines, désignées sous
le nom de tartes, gâteaux, pâtés et le jambon, sont la nourriture
extraordinaire que l'on s'y donne. Le jambon est surtout le mets
privilégié de cette fête ; il est en permanence sur la table presque
toute la journée. On boit la bière à discrétion, même chez ceux
qui, n'en ayant pas en cave, sont obligés d'aller la chercher au
cabaret. La danse est le divertissement le plus suivi pendant les
trois, quatre et cinq jours que dure la fête. Une chose digne de
remarque, c'est que, au grand scandale de la galanterie française
, ce sont, dans beaucoup d'endroits , les danseuses qui payent les
violons. Les jeunes gens s'y livrent aussi aux jeux et au tir de
l'oiseau ou au blanc. Dans les grandes communes et dans les villes
des prix sont ordinairement faits par les municipalités, et l'annonce
pompeuse de la fête, des jeux et des prix qui doivent couronner
les vainqueurs, a lieu plusieurs semaines à l'avance par des placards
imprimés et envoyés dans les communes et dans les villes voisines.
Ces jeux ne sont pas, au reste, les seuls attraits qu'y trouve la
foule. Nous avons dit que l'ouverture s'en faisait ordinairement
par une procession solennelle ; tous les auteurs qui ont parlé de
ces processions ont dit que l'on ne manquait presque jamais d'y
voir, à la suite du saint sacrement, des représentations de géants,
de grands poissons, de saints, de diables, du paradis , de l'enfer
Ce fait est vrai à la lettre : à l'époque
de la révolution les villes de Dunkerque , Lille, Douai, Cambrai,
Valenciennes , avaient encore de pareilles processions, que quelques-unes
ont conservées. A Dunkerque on promenait un géant, sa femme et ses
enfants. A Cambrai c'étaient cinq chars de triomphe, sur l'un desquels
était une image de la Vierge qui pouvait s'élever alternativement
de plusieurs pieds en l’air par le moyen d'un ressort. Cette image
était environnée de jeunes filles parées en blanc, qui chantaient
des cantiques eu l'honneur de la Vierge. A Valenciennes c'étaient
aussi des chars de triomphe, escortés d'une cavalerie bourgeoise
composée des northiers de la ville ( petits cultivateurs dont la
principale industrie est d'entretenir des vaches laitières pour
la consommation de la ville). Ces nortbiers étaient tous en uniforme
écarlate, parements de velours noir, boutons et boutonnières brodés
en or. La fête avait lieu en commémoration d’un miracle de la Vierge,
qui, en 1008, délivra la ville de la peste en la ceignant d'un filet
ou cordon qui fut conservé. L'honneur de figurer à cette fête avait
été mérité par les northiers à cause de la bravoure avec laquelle
ils avaient atteint et saisi un fameux chef de brigands nommé Anéen,
par qui venait d'être volée la boîte qui contenait le cordon miraculeux.
En mémoire de cet événement, le lendemain de la procession, chaque
année le mannequin empaillé représentant le brigand empalé était
placé sur l'esplanade, tenant d'une main un écusson d'où sortaient
des bagues , et de l'autre un fouet ; ce mannequin tournait facilement
sur son pal qui lui servait d'axe : toutes les fois qu'un maladroit,
courant la bague , donnait dans l'écusson, le mannequin, par l'effet
du mouvement imprimé, se tournait brusquement vers le coureur et
lui donnait un coup de fouet ; ce qui faisait beaucoup rire les
spectateurs. A Douai, c'était et c'est encore le géant Gayant et
toute sa famille.
Les jeux les plus usités à la campagne parmi
les jeunes gens et les hommes faits sont ceux de balle, de quilles
et de ballon ; le tir au blanc avec l'arc, l'arbalète et l'arme
à feu; le tir à l'oiseau : les deux premiers sont les plus ordinaires
au sud du département ; l'arc el l'arbalète au nord. Dans beaucoup
de communes ces jeux reçoivent un grand appareil et une grande importance.
Des concours et des luttes s'ouvrent de commune à commune durant
la belle saison ; divers objets en argent, des mouchoirs, quelques
hectolitres de bière sont proposés pour prix ; les jeunes gens des
communes voisines viennent les disputer, et reçoivent à leur tour
leurs rivaux un autre dimanche. Le roi de l'oiseau ( c'est ainsi
qu'on désigne celui qui a jeté à bas l'oiseau) est décoré par ses
concurrents d'un oiseau d'argent suspendu à un ruban ; un plumet
est attaché à son chapeau ; il est conduit au cabaret au son du
tambour et du fifre. Là d'abondantes libations et des danses célèbrent
son triomphe. Lorsqu'il est de l'endroit le tambour et le fifre
vont chercher sa femme et ses parents ; le reste de la journée se
passe dans la joie. Souvent les champions reprennent l’arc pour
aller tirer non plus à la perche, mais au but, et décider qui d'entre
eux sera le roi du plaisir, seconde dignité créée pour ajouter à
la fête, et les mêmes cérémonies le conduisent au cabaret. Avant
la révolution le prix du jeu de balle était, dans beaucoup de lieux,
une balle d'argent. Souvent le vainqueur était conduit en triomphe
au temple, où il suspendait le prix de son adresse comme un monument
de sa piété. II s'est trouvé beaucoup de balles parmi les argenteries
des églises avant la révolution..
Il est un jeu commun aux deux
sexes dans les villes ; et vers lequel toutes les classes des citoyens
paraissent portées avec une sorte |le passion : c'est le jeu de
volant. Dès que les premiers froids ont cessé et que les jours commencent
à grandir, on reprend la raquette. Pendant deux ou trois mois, aux
jours de repos, ce divertissement est général ; pas une seule rue
dans les villes qui ne soit remplie de joueurs qui y déploient une
grande adresse.
Le sol de l'arrondissement de Douai est uni et
plat, à l'exception de quelques coteaux qui s'élèvent au-dessus de la
plaine entre Douai et Valenciennes ; mais l'élévation de ces coteaux
est peu considérable : quelques-unes de ses parties, notamment celles
qui avoisinent la rivière de la Scarpe, sont très-humides. La partie
de cet arrondissement qui avoisine celui de Lille est d'une grande fertilité
; le terrain y est souvent mêlé de saille et de marne ; mais au sud
et au sud-est, vers Cambrai et Valenciennes, la qualité du sol- diminue
sensiblement : l'on y récolte toutefois beaucoup de céréales, des graines
oléagineuses, des légumes, etc. La culture du lin y est considérable
et d'une qualité supérieure, surtout dans la vallée de la Scarpe, dont
le terrain est regardé comme le meilleur du département pour ce genre
de production.
De grandes forêts s'étendent depuis Marchiennes jusqu'à
Condé, mais les plantations y sont bien moins importantes que dans l'arrondissement
de Lille ; on regrette de les avoir trop négligées, surtout dans les
plaines immenses où la vue cherche une diversion à la monotonie des
sites. Cet arrondissement renferme plusieurs belles carrières de grès,
de la pierre propre à faire de la chaux, du sable à bâtir et à paver,
de la tourbe el d'importantes mines de charbon de terre. Le sol de l'arrondissement
de Valenciennes est moins favorable à la végétation' que celui des arrondissements
de Lille et de Douai, surtout dans les parties situées à l'est el au
sud. On y recueille cependant, quoique en moindre quantité, les mêmes
productions que dans ceux-ci, telles que céréales, graines oléagineuses,
lins, légumes, etc.
C'est dans cet arrondissement que se trouvent
les importantes exploitations de houille d'Anziu, Fresnes et Vieux-Coude,
ainsi que les eaux et boues minérales de St-Amand. Dans le nord, à droite
de là Scarpe, sont plusieurs forêts ; les plus importantes sont celles
de St-Amand et-de Raismes. L'arrondissement de Cambrai est entrecoupé
de coteaux peu 'élevés au-dessus de leur base, formés par- les cours
d'eau qui ont sillonné la plaine et creusé des vallées étroites : l'un
d'eux, la hauteur de Bonavis, situé à 145 mètres au-dessus du-niveau
de la mer, est le point le plus élevé du département. La pente de ces
coteaux est peu sensible, et ils sont cultivés dans toutes leurs parties
avec autant de facilité que dans la plaine. Le territoire, de nature
argileuse, marneuse ou sablonneuse, est moins fertile que celui des
cinq" arrondissements précédemment décrits. On y récolte cependant beaucoup
de céréales , des plantes fourragères et quelques graines oléagineuses
; les prairies naturelles sont assez rares, mais on supplée à leur insuffisance
par les prairies artificielles ; les forêts sont peu étendues ; il n'existe
point de plantations le long des routes et des chemins, el rarement
autour des propriétés particulières. Cet arrondissement a des exploitations
considérables de tourbe, de pierres à bâtir, de sable et de terre à
poterie.
L'air y est généralement sain, excepté dans quelques communes
dont le sol, bas et marécageux, produit des émanations délétères ; les
transitions atmosphériques y sont subites, et le nombre de jours de
pluie y est communément plus considérable que le nombre de jours de
sécheresse et de beau temps. Le sol de l’arrondissement d'Avesnes est
entrecoupé de coteaux peu élevés, et très inférieur aux autres arrondissements
sous le rapport de la fertilité; quelques parties même sont tout à fait
stériles, notamment au sud-est de la Sambre, el à mesure que l'on s'éloigne
de cette rivière; toutefois on y récolte du froment, du seigle, de l'orge,
de l'avoine, du sarrasin, des graines oléagineuses, et du houblon dans
quelques cantons. Les prairies naturelles et artificielles sont assez
multipliées dans cet arrondissement, qui est en grande partie couvert
par de vastes forêts. On y trouve aussi des traces de mines de fer,
de nombreuses carrières de beaux marbres de diverses couleurs, de la
pierre à bâtir et à chaux, des sables pour poterie et tuilerie, et des
cendres fossiles propres à l'engrais des terres.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie : 564
300 ha
Population: 2 571 940 hab.(2009)
Densité :448 hab./km²
Nb de communes : 650
Le département du Nord, formé,
en 1790, de la Flandre française, du Cambrésis et de
la partie occidentale du Hainaut français, fut peuplé,
à une époque dont la date est incertaine, par les Celtes,
habitants primitifs du sol gaulois. Deux siècles environ
avant notre ère, quatre grandes tribus d'origine germanique
envahirent ce territoire, refoulèrent les anciens habitants
et s'établirent les Ménapiéns au nord-est, les Morins
au nord-ouest, les Atrébates au sud-ouest (il sera particulièrement
question de ceux-ci au département du Pas-de- Calais)
et les Nerviens au sud-est. Aucun des principaux établissements
fondés par ces peuples n'appartient au département du
Nord, et la contrée continua à rester couverte de vastes
forêts, de marécages, à présenter un aspect de désolation
sous un ciel brumeux, attristé par les plaintes continuelles
d'un vent glacé, et au milieu des empiétements et des
inondations des eaux de la mer. Les peuplades conquérantes
conservèrent sous cet âpre climat, et par le contact
avec les autres Germains, le caractère guerrier de leurs
ancêtres; aussi, lorsque César envahit les Gaules, n'éprouvât-il
nulle part plus de résistance que chez les Belges indomptables,
à la taille gigantesque, à l'œil bleu et farouche, à
la chevelure blonde, dont il a vanté le courage dans
ses Commentaires.
Par ses ordres, de grands abatis
furent pratiqués dans les forêts et quelques villes,
entre lesquelles on distingue Cambrai (Cameracum),commencèrent
à s'élever; mais, rebelles à toute tentative civilisatrice,
les Morins et les Nerviens conservèrent leurs mœurs
sauvages et indépendantes, pendant les cinq siècles
de la domination romaine, et ne cédèrent qu'à d'autres
barbares, Germains comme eux, les Francs, qui, dans
la grande dissolution de l'empire, quittèrent les rives
occidentales du Rhin pour s'avancer vers l'Escaut et
envahir la Gaule. Il n'est rien resté dans le pays de
la période celtique ; mais les légions romaines ont
laissé quelques traces de leur passage ce sont des routes
stratégiques, improprement appelées de nos jours Chaussées
de Brunehaut, et dont il ne subsiste que des tronçons
à peine reconnaissables.
Lorsque, en 445, le chef
franc Clodion passa le Rhin et la Meuse et pénétra chez
les populations belges, le christianisme, apporté pour
la première fois dans ces pays sauvages par trois martyrs,
Piat, Chrysole et Eucher, commençait à s'y établir et
à se régulariser. Le chef franc s'empara de Cambrai
et de Tournai, et fit massacrer tous ceux qui pratiquaient
la religion nouvelle, Gallo-Romains pour la plupart.
Après Clodion, Mérovée, l'allié d'Aétius contre les
Huns, Childéric, puis son fils Clovis dominèrent sur
une partie du territoire, conjointement avec d'autres
chefs de tribu, leurs parents, Cararic et Ragnacaire,
roi de Cambrai, que Clovis mit à mort pour s'emparer
de leurs États, dans les dernières années de son règne
(507-511).
Ces nouvelles acquisitions du
royaume franc firent naturellement partie de l'Austrasie
et entrèrent dans le partage de Théodoric à la mort
de Clovis, puis dans celui de Sigebert, après Clotaire
1er, en 561.
Dans les premières années du VIIème
siècle, sous Clotaire II, vivait au fort de Buc, situé
sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui la ville de
Lille, un homme riche et considéré dans tout le pays,
on le nommait Lyderic; il sut gagner la confiance du
roi franc devenu tout-puissant par la mort de Brunehaut,
et obtint le titre de comte forestier. Cette dignité,
qui indique que le pays était encore à cet époque couvert
de bois, fut, dans l'origine, simplement bénéficiaire,
c'est-à-dire à vie.
Après ce premier gouverneur,
l'histoire en mentionne encore deux autres, Lyderic
Il d’Harlebeke, sous Pépin, et Ingelram sous Charles
le Chauve ; mais il tant aller jusqu'à la seconde partie
du règne de ce prince, à l'année 863, pour trouver une
suite de comtes certains et héréditaires, dans cette
partie de la Flandre. Balduin ou Baudouin, nom qui en
langue teutonique signifie audacieux, succéda à Ingelram,
son père, qui d'abord simple « missus dominicus »
dans le pays, c'est-à-dire envoyé par le roi pour surveiller
l'administration et la justice, avait fini par s'y établir
mais son pouvoir était précaire et subordonné au caprice
du roi Charles le Flamand, dans un séjour à la cour
de son maître, séduisit sa fille Judith, l'enleva et
obtint avec sa main le titre de marquis, qu'il légua,
vers l'an 879, à son fils Baudouin Il le Chauve.
Le premier Baudouin, fondateur de la dynastie des comtes
flamands, avait été un guerrier et un chrétien irréprochable
on l'avait surnommé Bras de fer, et une légende populaire,
consacrée par le récit de la chronique, racontait qu'il
avait dû ce surnom à une lutte et à une victoire sur
le diable. Un jour, assailli par l'esprit malin, qui
avait voulu le précipiter dans l'Escaut, il l'avait
repoussé par la seule force de son bras.
Les Normands commencèrent, sous
Baudouin II, à envahir toute la Gaule, et ses États
ne furent pas épargnés les incursions de ces pirates
redoublèrent sous son successeur ; ils remontaient l'Escaut
et ses affluents à une telle hauteur, que les villes
les plus éloignées de l'embouchure du fleuve n'étaient
pas toujours à l'abri de leurs ravages. Baudouin défendit
énergiquement la Flandre et la partie de ce pays qui
nous occupe eut peu à souffrir des pirates.
Parmi
les autres faits de la vie de Baudouin, on signale sa
lutte avec Héribert de Vermandois et l'archevêque de
Reims, qu'il fit assassiner tous deux. Comme lui, son
fils Arnoul le Vieux (919) fut cruel et se débarrassa
de ses ennemis par le meurtre sous son gouvernement,
en 953, une grande invasion hongroise traversa le Hainaut
et la ville de Cambrai, les barbares s'emparèrent de
l'église de Saint-Géri, située hors de la ville et défendue
par un grand nombre d'habitants, qui furent tous massacrés.
Arnoul, pour expier les fautes de sa vie, consacra ses
dernières années au Seigneur et entra dans un monastère,
laissant le comté de Flandre à son fils Baudouin III.
Quand, peu de temps après cet acte de pénitence,
il mourut (964), il y avait un siècle que la dynastie
flamande régnait sur le pays. Baudouin III était mort
avant son père; il avait eu pour successeur son fils
nommé Arnoul, comme son aïeul, et que, pour distinguer
de lui, on a surnommé le Jeune.
Ce comte se trouva
mêlé aux derniers événements de la dynastie carlovingienne.
Lothaire, fils et successeur de Louis d'Outre-mer, pour
le punir de ce qu'il lui refusait hommage, envahit ses
États, s'empara de Douai et ne se retira qu'avec un
butin considérable.
Plus tard, Hugues Capet, après
avoir pris le titre de roi des Francs, voulut faire
acte de suzeraineté sur la Flandre le refus d'Arnoul
entraîna une nouvelle guerre, le comté fut envahi et
ravagé, et Hugues ne se retira qu'après que le Flamand
se fût reconnu son vassal.
Arnoul le Jeune, dont le gouvernement
n'avait cessé d'être malheureux, laissa à un fils en
bas âge, Baudouin Belle-Barbe, des États dépeuplés et
appauvris par les invasions successives des Normands,
des Madgyars, de Lothaire et de Hugues.
Le règne
de ce Baudouin ne fut pas plus heureux que celui de
son père; des troubles agitèrent sa minorité, puis une
guerre avec Godefroi, duc de Lorraine, entraina des
hostilités avec l'empire enfin la peste, les inondations,
la terreur qu'inspira l'apparition d'une comète, la
rébellion de son fils Baudouin le Jeune vinrent l'attrister.
La dynastie flamande, malheureuse sous ses deux derniers
chefs, se releva avec Baudoin V de Lille, fils et successeur
de Baudouin Belle-Barbe (1036). Fils rebelle et turbulent
dans sa jeunesse, il devint un prince sage et résolu
; sa fille Mathilde épousa Guillaume le Bâtard, bientôt
le Conquérant, duc de Normandie, et son fils consolida
sa domination dans le pays par un mariage avec Richilde,
comtesse de Hainaut. Ce fut à sa sagesse et à son habilité
reconnu que Baudouin dut d'être nommé par Henri 1er,
à sa mort, tuteur du jeune roi de France, Philippe (1060).
Il profita de l'influence que lui donnait ce choix pour
favoriser l'expédition de son gendre en Angleterre,
par des secours d'hommes et d'argent. Il mourut quatre
ans après, en 1070 ses dernières années furent employées
en œuvres pieuses ; il institua dans le bourg de Lille,
alors de fondation récente, et encore peu considérable,
mais dont il avait fait son séjour de prédilection,
un chapitre de chanoines, devenu célèbre sous le nom
de chapitre de Saint-Pierre. Il fut enterré à Lille,
dans l'église qu'il avait fondée.
Baudouin VI, fils
et successeur de Baudouin V, fut surnommé Baudouin de
Mons, parce qu'il habitait cette ville de préférence,
comme son père avait reçu le nom de Baudouin de Lille
pour s'être fixé dans cette ville naissante. Son règne
fut de courte durée mais les trois années qu'il porta
la couronne comtale furent pour la Flandre, si nous
en croyons un chroniqueur contemporain, une époque de
complète prospérité. La paix, la concorde, la sécurité
étaient universelles il n'y avait plus ni voleurs ni
assassins, les portes des villes et même des maisons
particulières restaient ouvertes, et partout, disent
les historiens du temps, se vérifiait cette prophétie
« Ils transformeront leurs épées en socs de charrue
et leurs lances en faux. »
Mais les dissensions et la guerre
intestine commencèrent aussitôt après sa mort; il avait
partagé la Flandre entre ses deux fils en bas âge, Arnoul
et Baudouin, sous la tutelle de son frère, Robert le
Frison leur mère, Richilde, s'empara de l'autorité au
nom de son fils Arnoul et se rendit odieuse aux Flamands
par ses exactions et ses violences une partie de la
Flandre se déclara pour Robert une bataille eut lieu
à Cassel. Philippe, roi de France, avait conduit une
armée au secours de Richilde et d'Arnoul ; les Flamands
insurgés considéraient Robert le Frison comme leur chef
national ; les hommes du roi de France et les partisans
de la comtesse furent entièrement défaits, le jeune
Arnoul fut assassiné sur le champ de bataille par un
traître de son camp. Richilde, sans se décourager de
ce revers, donna son second fils Baudouin pour successeur
à son fils ainé, et, bien qu'abandonnée de son allié
Philippe, bien que faiblement secourue par Théoduin,
évêque de Liège, dont elle avait consenti à se reconnaitre
vassale, en échange d'un secours d'argent et de soldats,
elle reprit les armes une seconde bataille eut lieu
à Broqueroie le combat fut acharné, et le souvenir s'en
est perpétué jusqu'à nous par les noms que porte encore
le lieu où il fut livré on l'appelle les Haies de la
Mort ou les Bouniers sanglants. Robert ravagea tout
le pays entre Bouchain et Valenciennes, mit garnison
dans le fort de Wavrechin, qui commandait les frontières
du Hainaut, et rentra en Flandre où il fut universellement
reconnu comte.
Pour faire oublier son usurpation,
il chercha à s'attacher le clergé et dota de grands
biens la plupart des églises flamandes, fonda un monastère
à Watten, bâtit une église collégiale à Cassel; néanmoins,
l'évêque de Cambrai, Liébert, se prononça contre lui
et le traita ouvertement de rebelle et d'usurpateur.
Robert, pour le punir, vint exercer des ravages dans
le Cambrésis et mettre le siège devant la ville, mais
il en fut chassé par l'autorité et les anathèmes du
saint Prélat. Le pouvoir de Robert, bien qu'appuyé sur
deux victoires et sur l'affection des barons flamands,
sembla longtemps illégitime aux populations, et on se
redisait par toute la Flandre des récits merveilleux,
qui promettaient malheur à la postérité du comte. Il
avait envoyé une ambassade à l'empereur pour se le rendre
favorable; ses messagers approchaient de la ville de
Cologne, quand une femme, d'apparence surhumaine, s'approcha
d'eux et leur demanda qui ils étaient; ils gardèrent
le silence à cette question mais, les regardant fixement«
Je sais bien, dit-elle, que vous êtes les envoyés du
duc des Flamands, et que vous vous en allez prier l'empereur
de garder votre comte en paix; le but de votre voyage
sera rempli, l'empereur lui accordera son pardon, mais
l'usurpateur sera châtié dans sa race pour avoir violé
le serment qu'il avait prêté à son frère Baudouin, et
pris le comté de son neveu Arnoul qui a été assassiné;
son petit-fils mourra sans enfant mâle, alors deux compétiteurs
se disputeront le comté, et il y aura meurtre et sang
et carnage de génération en génération jusqu'à l'Antéchrist.
» Puis, l'apparition s'évanouit et jamais depuis
on n'entendit plus parler de cette femme qu'on voyait
pour la première fois dans le pays.
Robert, inquiet de l'avenir, fit la paix avec son neveu pour fléchir le courroux du ciel, et lui abandonna en toute propriété le Hainaut Mais ce prince perdit encore Douai ; il s'était engagé à épouser une fille de Robert, élevée en Hollande, et avait donné cette ville, l'une des plus considérables du comté qui lui restât, en garantie de sa parole quand il vit sa cousine, il la trouva tellement difforme que, plutôt que de l'épouser, il préféra abandonner sa ville. Sur la fin de ses jours, Robert le Frison associa son fils, nommé comme lui Robert, et fit un pèlerinage en Palestine pour expier ses fautes. Là encore, selon le récit des chroniqueurs, la colère céleste se manifesta contre lui en vain voulut-il pénétrer dans la sainte cité de Jérusalem, les portes se fermèrent d'elles-mêmes à son approche, et il ne put s'agenouiller au tombeau du Sauveur, qu'après avoir confessé ses fautes et promis de rendre la Flandre à son légitime héritier. A son retour du saint tombeau, Robert le Frison, accueilli par l'empereur de Constantinople, lui promit des secours, et fourni 500 cavaliers pour la défense de Nicomédie contre les entreprises du sultan de Nicée. Le comte, de retour dans ses États, mourut en 1098, à l'âge de quatre-vingts ans, et fut inhumé dans l'église de Cassel, qu'il avait jadis fondée, après sa première victoire. Son fils Robert II lui succéda compagnon de Godefroy de Bouillon, il prit une part active à la première croisade et fut le dernier des souverains de Flandre qui se qualifia de marquis ses successeurs ne prirent plus que le titre de comte. Baudouin, fils de Robert II et son successeur, dut à sa justice sévère le surnom de à La Hache.
Baudouin à la Hache offrit un asile à Guillaume Cliton,
fils de Robert le Hiérosolymitain, que son frère Henri
1er d'Angleterre avait dépouillé de son duché de Normandie
ayant déclaré la guerre au prince anglais, il fut blessé
à la tête au siège de la ville d'Eu et mourut en 1119,
tant des suites de sa blessure que de celles de son
incontinence. Ainsi que l'avait prédit la femme mystérieuse
qui avait jadis apparu aux messagers de son aïeul, la
ligne masculine des comtes de Flandre s'interrompit
avec lui. Il avait fait reconnaître comme son successeur
au comté Charles de Danemark, fils d'une sœur de Robert
le Frison. Celui-ci éprouva au début de son règne une
grande opposition mais il sut par ses qualités, qui
lui valurent le nom de Charles le Bon, pacifier la Flandre
et rétablir l'ordre.
Sa modestie lui fit refuser
la couronne impériale d'Occident et celle de Jérusalem
mais une conspiration, à la tête de laquelle était le
prévôt Bertulphe, s'organisa contre lui et, en 1127,
il fut assassiné dans l'église Saint-Donat de Bruges.
Le roi de France, Louis VI le Gros, intervint alors
dans les affaires du comté et imposa aux Flamands Guillaume
Cliton, fils de Robert de Normandie mais ce malheureux
prince ne put se maintenir en Flandre au-delà d'une
année.
A sa mort, en 1128, il fut remplacé par Thierry
d'Alsace qui conserva le comté jusqu'en 1168 et, après
lui, le laissa à Philippe d'Alsace, qui régna sur les
Flamands jusqu'en 1191, époque à laquelle il mourut
au siège de Saint-Jean-d'Acre. Ce prince ne laissait
pas d'héritier. Le comté de Flandre fut alors dévolu
à Baudouin de Hainaut, surnommé le Courageux, descendant
direct de Baudouin, comte de Flandre. Ce dernier étant
mort en 1195, il laissa la couronne comtale à son fils,
Baudouin IX. Ce fut lui qui fut élevé au trône de Constantinople
en 1204, à la suite de la quatrième croisade, et qui
périt, en 1205, dans une bataille sanglante contre les
Bulgares. Sa fille Jeanne avait épousé Ferrand, fils
du roi de Portugal qui, pris à la bataille de Bouvines
(1214), fut enfermé par Philippe-Auguste dans la tour
du Louvre.
Impérieuse et absolue, Jeanne gouverna
le comté après avoir vainement essayé de racheter son
mari. Jeanne passait dans le pays pour une mauvaise
fille, et beaucoup la disaient parricide un vieillard
aveugle s'était présenté en Flandre prétendant être
le comte Baudouin, échappé aux Bulgares elle le fit
mettre en croix, et la rumeur populaire disait que c'était
son père lui-même que Jeanne avait fait périr de ce
supplice infâme.
A la mort de la comtesse qui
ne laissait d'enfants ni de Ferrand, ni d'un second
mari, Thomas de Savoie, son héritage passa à sa sœur
Marguerite, puis au fils de celle-ci, Gui de Dampierre
(1280). La guerre, commencée par Jeanne et Ferrand contre
la France, s'était continuée sous leurs descendants
avec les successeurs de Philippe-Auguste; les soulèvements
intérieurs compliquèrent les difficultés de ce règne;
une partie de la Flandre, Gand, Bruges, Ypres, plus
industrieuses que Lille, plus heureuses que Cambrai
qui s'était soulevée, mais en vain, pour obtenir les
franchises communales, se révoltent. Philippe le Bel
envahit le comté avec une armée puissante et s'empare
de tous les domaines de Gui qu'il retient lui-même prisonnier.
Le tisserand Keninck et le boucher Breydel soulèvent
les Flamands, si jaloux de leur indépendance. Ceux-ci
anéantissent à Courtrai une armée française, commandée
par Robert d'Artois, cousin du roi de France (1302).
Mais ils furent battus deux ans plus tard à Mons-én-Puelle
(Mons-en-Pévèle) et laissèrent cette fois 14 000 des
leurs sur le champ de bataille.
Gui de Dampierre
mourut au château de Compiègne. Pour obtenir la liberté,
son fils Robert de Béthune s'engagea, par le traité
de Paris signé en 1320, à abandonner à la France Lille,
Douai et Orchies. Les communes industrieuses et amies
de la liberté se soulevèrent contre le petit-fils de
ce comte, Louis de Nevers ou de Crécy, qui appela à
son secours Philippe de Valois Philippe fut vainqueur
à Cassel, mais cette victoire lui coûta cher.
De
ce moment commença la haine irréconciliable de la Flandre
contre la France, les insurrections sans fin contre
les seigneurs que cette dernière prétendait maintenir
et l'alliance avec l'Angleterre qui fut d'un si grand
poids dans la première moitié de la guerre de Cent ans.
Mais nous n'avons pas à nous arrêter sur cette histoire,
qui concerne non la Flandre française et notre département
du Nord, mais les Flandres de Belgique, si fières de
leurs libertés et de leurs privilèges, et les deux Artevelde
et Pierre du Bois et tant d'autres, dont les noms, illustrés
par le courage et la persévérance, se perdent dans le
grand nombre de noms glorieux des valeureux enfants
des Flandres.
La partie de son comté que retint Louis
de Crécy fut transmise par lui à son fils, Louis de
Male, qui donna sa fille en mariage à Philippe le Hardi,
dernier fils de Jean le Bon, et le comté de Flandre
passa de la sorte dans la maison de Bourgogne, en 1383.
Ainsi, en donnant, si malheureusement, le beau duché
de Bourgogne à l'un de ses fils, Jean, roi de France,
nuisait deux fois à la couronne : il aliénait l'un des
plus riches duchés et empêchait la réunion de la Flandre.
Louis XI, bien qu'habile politique, perdit aussi l'occasion
de réunir la Flandre, en faisant épouser la princesse
Marie, fille de Charles le Téméraire, au dauphin Charles
VIII.
La fille du duc de Bourgogne épousa Maximilien,
archiduc d'Autriche. Leur fils, Philippe le Beau, marié
à Jeanne, infante d'Espagne et héritière de Ferdinand
le Catholique et de la reine Isabelle, laissa la Flandre
et les Pays-Bas à son fils Charles- Quint, qui porta
longtemps le nom de Charles de Luxembourg.
La monarchie
espagnole, unie à la maison d'Autriche et longtemps
ennemie irréconciliable de la France, entourait ainsi
sa rivale au nord comme au midi, et la province de Flandre
facilitait une invasion sur le territoire français.
François 1er, battu à Pavie, fut contraint par le traité
de Madrid (1525) de renoncer à la souveraineté du comté
de Flandre. Les Espagnols conservèrent cette province
pendant plus d'un siècle, et c'est durant cette longue
domination que s'y forma ce mélange singulier, dont
on retrouve encore des traces aujourd'hui, des usages
espagnols, du caractère et de la physionomie de cette
contrée, avec les mœurs des Flamands, et par suite duquel
il arrive souvent que, parmi ces blonds enfants du Nord,
on rencontre des visages dont le type et la couleur
accusent une origine méridionale.
Richelieu comprit
l'importance de la possession de la Flandre pour les
frontières françaises lorsqu'en 1629, une invasion des
Espagnols menaça Paris et fit lever l'armée dite des
Portes cochères, six ans après, il conclut avec les
Hollandais un traité de partage des Pays-Bas et envoya
au secours des protestants une armée de 15 à 20,000
hommes.
Cette armée n'eut aucun succès ; mal conduite,
elle échoua devant Louvain et périt en partie, dans
ses quartiers, de maladie et de misère. Plus heureux,
Mazarin s'empara d'une partie du Hainaut. Celle province,
le Limbourg et le Brabant donnèrent naissance à la guerre
dite de Dévolution, par laquelle Louis XIV réclamait,
à la mort de Philippe IV, roi d'Espagne, ces contrées
du chef de sa femme Marie-Thérèse. Le traité d'Aix-La-Chapelle
(1668) lui en assura une partie. Dans la guerre qui
suivit, et que termina le traité de Nimègue, le roi
conquit une partie des Pays-Bas et établit un conseil
souverain à Tournai.
Désirant s'attacher les populations
par des privilèges, il érigea ce conseil souverain en
parlement, par édit du mois de février 1686 mais Tournai
ayant été prise par les puissances coalisées contre
la France, dans la guerre de la succession d'Espagne,
le parlement fut transféré à Cambrai. Au traité d'Utrecht
(1713), le siège de ce parlement fut transporté à Douai,
et il y resta jusqu'à la Révolution.
Vers la fin
de la guerre de la succession d'Espagne, la Flandre
était redevenue le théâtre de la guerre. Le 11 juillet
1708, l'armée française avait été mise en déroute Oudenarde,
au passage de l'Escaut. Ce fut, à vrai dire, plutôt
une affaire d'avant-garde qu'une bataille elle nous
avait coûté à peine 1,500 hommes. Toutefois, malgré
l'avis de Vendôme, le duc de Bourgogne, que Louis XIV
avait mis à la tête des troupes, ordonna la retraite;
celle-ci commença et fut désastreuse. « Les régiments
allaient à l'aventure, dit M. Victor Duruy, sans ordre,
sans chefs; l'ennemi survint, qui tua ou prit plus de
10,000 hommes. Gand, Bruges se rendirent. Lille même
capitula, malgré l'héroïque défense de Bouftlers, »
qui tint 72 jours dans la ville et qui se défendit encore
47 jours dans la citadelle. Aussi, le prince Eugène,
plein d'admiration, lui laissa-t-il rédiger les articles
de la capitulation tels qu'il les voulut. La France
était ouverte aux alliés ; un parti de Hollandais osa
même s'aventurer jusqu'à Versailles et enleva sur le
pont de Sèvres le premier écuyer du roi, qu'on prit
pour le dauphin. Le terrible hiver de 1709 accrut nos
malheurs. Louis XIV demanda la paix et ne put l'obtenir,
il fit alors un touchant appel au patriotisme de la
nation. Cet appel fut entendu, et, à la bataille de
Malplaquet, Villars put opposer aux ennemis, qui comptaient
120,000hommes, 90,000 combattants et 80 pièces d'artillerie.
Toutefois, notre armée dut reculer entre Le Quesnoy
et Valenciennes, et on compta pour une victoire l'honneur
de n'avoir perdu que le champ de bataille (1709). La
victoire de Villaviciosa, remportée par Vendôme en Espagne,
amena le congrès d'Utrecht, auquel l'empereur d'Allemagne
refusa de prendre part, ainsi que les délégués de l'Empire.
La guerre continua donc de ce côté ; mais la coalition
était désagrégée. Le prince Eugène, à la tête de 100,000
hommes, s'était emparé du Quesnoy ; il occupait Bouchain
et assiégeait Landrecies. « Il appelait très justement
ses lignes, dit un historien, le chemin de Paris; car,
Landrecies tombé, il ne voyait plus de place forte entre
Paris et son armée. » L'alarme se répandit dans
le pays. En ce péril extrême, le roi dit à Villars
« La confiance que j'ai en vous est bien marquée,
puisque je vous remets les forces et le salut de l'État.
Je connais votre zèle et la force de mes troupes ; mais
enfin la fortune peut leur être contraire. Si ce malheur
arrivait, je compte aller à Péronne et à Saint-Quentin
y ramasser tout C3 que j'aurai de troupes, faire un
dernier effort avec vous et périr ensemble ou sauver
l'État. » Une imprudence du prince Eugène et l'heureuse
audace de Villars sauvent la France les Impériaux sont
battus à Denain ; Landrecies est délivré ; Douai, Marchiennes,
Bouchan, Le Quesnoy sont repris; nos frontières sont
dégagées. Cette mémorable victoire de Denain amena la
conclusion du traité d'Utrecht(1713) entre la France,
l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande, la Savoie et le
Portugal ; celui de Rastadt (1714), entre la France
et l'empereur; celui de Bade (1714), entre la France
et l'Empire. Le traité de Rastadt, en restituant les
Pays-Bas à la Hollande, laissa à la France d'une manière
définitive l'Artois, la Flandre wallonne et le Hainaut.
Au mois d'avril 1792, lorsque Louis XVI, ou plutôt l'Assemblée
législative, eut déclaré la guerre à l'Autriche, les
armées françaises se réunirent en Flandre, afin d'exécuter
le plan de Dumouriez et de La Fayette, qui consistait,
en se portant sur Namur et la Meuse jusqu'à Liège, à
se rendre maîtres des Pays-Bas, à révolutionner la Belgique,
envoyant ainsi aux souverains la liberté puisqu'ils
avaient envoyé la guerre. Mais les premières opérations,
qui eurent en partie pour théâtre la Flandre Française,
ne furent pas heureuses le lieutenant général Biron
était parti de Valenciennes pour Mons à la tête de 10,000
hommes ; ses troupes, saisies à Quiévrain d'une terreur
panique, s'enfuirent et laissèrent prendre par les ennemis
le camp et les effets militaires. En même temps, le
général Dillon était massacré à Lille avec quelques-uns
de ses officiers par les habitants, qui les accusaient
de trahison.
Après les événements politiques
du 10 août et le départ de La Fayette, les trois corps
d'armée formant 30,000 hommes, qui se trouvaient réunis
à Maulde, Maubeuge et Lille, eussent été insuffisants
pour défendre la frontière septentrionale, si Dumouriez
n'eût pris lui-même le commandement de l'armée, abandonné
par La Fayette, et n'eût, par la victoire de Valmy,
sauvé la France d'une première invasion.
Bientôt,
le duc de Saxe-Teschen vint mettre le siège devant la
ville de Lille (octobre 1792) mais il fut obligé de
se retirer honteusement, après les cruautés d'un bombardement
inutile. L'héroïsme que les Lillois avaient déployé
en cette occasion fut publié par toute la France, et
redoubla l'enthousiasme qu'inspiraient alors les luttes
gigantesques d'une seule nation contre toutes pour sa
liberté.
Les opérations qui précédèrent la bataille
de Jemmapes (6 novembre 1792) se passèrent en Flandre,
et cette province ne fut pas en danger d'être envahie,
tant que Dumouriez conduisit la guerre. Mais, après
la défection de ce général, les Français perdirent Landrecies,
Le Quesnoy, Condé et Valenciennes, qui furent incorporés
à la Belgique. Cependant, les Anglais et les Hollandais
investirent Dunkerque les victoires d'Ypres et d'Hondschoote
sauvèrent cette place et rendirent à la France celles
qu'elle avait perdues.
Pichegru occupa les Flandres
et le Brabant, et termina cette glorieuse campagne par
l'occupation complète des provinces bataves.
Sous
le premier Empire, la Flandre cessa d'être le théâtre
de la guerre. Elle avait accueilli avec peu d'empressement
les idées révolutionnaires, sans toutefois y opposer
une résistance ouverte comme Lyon ou la Vendée ; mais
elle avait fourni d'excellents soldats et continua à
apporter aux armées de Napoléon un de ses meilleurs
contingents en hommes et en officiers. En 1814, ses
places ouvertes furent occupées sans coup férir, et
les villes fortes furent assiégées. Aux Cent-Jours,
la Flandre vit une partie des préparatifs de la courte
guerre dont Waterloo fut le triste dénouement ; pendant
que Napoléon Ier concentrait ses troupes dans la Flandre,
les Prussiens et les Anglais formaient des camps dans
le Brabant et le Hainaut. La France perdit, au second
traité de Paris, quelques districts et forteresses,
qui furent réunis au nouveau royaume des Pays-Bas. De
1815 à 1818, le département du Nord subit l'occupation
des armées étrangères. Après une ère de prospérité due
à l'active industrie de ses habitants et à ses inépuisables
richesses, ses campagnes retentirent de nouveau, en
1870, du clairon des armées allemandes ; le général
Bourbaki et après lui le général Faidherbe furent chargés
d'organiser la défense dans le Nord. Le général Faidherbe,
enfant du département (il est né à Lille), eut bientôt
levé, armé, exercé une armée de 20,000 hommes qui, appuyée
sur les places fortes de Lille, de Douai, de Valenciennes,
etc., put enfin prendre l'offensive. A la bataille de
Pont-Noyelles, cette jeune armée garda victorieusement
toutes ses positions ; à la bataille de Bapaume (2 janvier
1871 !), elle enleva les positions de l'ennemi ; mais,
affaiblie par ses succès eux-mêmes, elle dut pour se
refaire aller chercher ses cantonnements à 6 kilomètres
en arrière. Pendant ce temps l'ennemi recevait de nombreux
renforts quoique privé de cavalerie, le général Faidherbe
voulut reprendre l'offensive; cette fois, la fortune
des armes trahit sous les murs de Saint-Quentin le courage
et le patriotisme de l'armée du Nord et de son général
(19 janvier 1871) l'armée du général Faidherbe s'était
mise en retraite vers Cambrai, Valenciennes, Douai,
Arras et Lille elle chantait encore dans ses étapes
forcées Mourir pour la Patrie! tandis que d'autres soldats,
montrant leurs rangs clairsemés, disaient avec un juste
orgueil « Voilà ce qui reste des chasseurs à pied!
» Quelques jours après, le département du Nord était
envahi, occupé, réquisitionné par les armées allemandes,
et cette occupation se soldait pour lui par 1,918,885
francs de pertes.
L'armée du Nord et le général
Faidherbe avaient bien mérité de la patrie ; leurs efforts
avaient réussi à retarder l'occupation du département
du Nord et aussi à empêcher l'ennemi de se rendre maître
du Havre et d'une partie de la haute Normandie. Aujourd'hui,
cette province si belliqueuse dès la domination reculée
des Romains, et que le hasard de sa situation géographique
a souvent exposée aux calamités de la guerre, doit à
l'esprit laborieux de ses habitants une grande prospérité,
et le département du Nord est l'un des plus riches en
même temps que l'un des plus industrieux.
Avesnes Située à un important carrefour, ce fut la foire la plus importante du Hainaut.Avesnes est la patrie de Jesse de Forest, qui participa à la fondation de La Nouvelle Amsterdam, aujourd'hui New York, et qui a donné son nom à un quartier de Long Island. La ville et son terroir produisent des fromages réputés : la boulette d'Avesnes et le dauphin.
Landrecies n'était au XIème
siècle qu'un simple village ; Nicolas, seigneur d'Avesnes,
y construisit un château en 1150, et une ville ne tarda
point à s'y former. Devenue placé forte, Landrecies
subit plusieurs fois les conséquences de la guerre :
elle fut prise en 1477 par les Français, qui l'incendièrent,
en se retirant; elle n'éprouva pas un meilleur sort
lorsque le duc de Vendôme s'en empara en 1521. François
Ier s'en rendit maître en 1543, et Charles-Quint
l'assiégea inutilement la même année, toutefois, après
la conclusion de la paix, l'empereur obtint cette place
du duc d'Arschot, en échange d'une autre seigneurie,
et elle passa ainsi sous la domination de ce souverain
en 1545.
La ville de Landrecies fut prise en 1637
par les Français, qui la conservèrent pendant dix ans;
l'archiduc Léopold, frère de l'empereur, s'en empara
en 1647 ; les maréchaux de Turenne et de la Ferté s'en
rendirent maîtres en 1655 ; elle a été cédée à la France,
par le traité des Pyrénées, eu 1659. Cette ville fut
encore assiégée en 1712 par le prince Eugène de Savoie,
qui fut obligé de se retirer après la victoire du maréchal
de Villars à Denain. Sa possession fut définitivement
assurée à la France en 1713, par le traité d'Utrecht.
Les Autrichiens la bloquèrent en 1794: une compagnie
de canonniers, formée dans ses murs, postée au Bas-Moulin,
qu'elle était chargée de défendre, fut en grande partie
engloutie par l’explosion d'un moulin à poudre. Les
ennemis repoussés dans une sortie de la garnison commencèrent
le bombardement, qui fut terrible : presque tous les
édifices publics et particuliers furent renversés. Les
habitants, secondés par leurs femmes, déployèrent dans
ce siège le plus grand courage; mais la place, n'ayant
pas été secourue à temps, se rendit le 30 avril. Huit
jours après la bataille de Fleurus, Quinze mille républicains
entreprirent le siège de cette ville, que les Autrichiens
rendirent à discrétion le 17 juillet 1794. Les Russes
l'occupèrent de 1815 à 1818.
Cette ville est située
au milieu de belles prairie sur la Sambre, qui y est
navigable. Ses fortifications ont été construites par
le chevalier Deville, et augmentées par Vauban; elles
sont entourées d'un fossé que l'on peut remplir d'eau
pour la défense de la place
Cameracum, d'où Cambrai, devint la capitale des Nerviens après la destruction de Bavay au IVème siècle, puis le siège d'un évêché organisé par Saint Géry. Des conflits surgirent entre l'évêque, auquel l'empereur Henri II donna le titre de comte en 1007, et les bourgeois. Ces luttes prirent fin en 1227 avec l'octroi de franchises à la ville. En 1529 y fut signée la paix des Dames, ainsi nommée parce qu'elle fut négociée par Louise de Savoie, mère de François Ier, et Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint. Les archevêques de Cambrai, métropolitains de tous les Pays Bas, ducs de Cambrai, princes du Saint Empire, présidaient les États du Cambrésis. Le plus illustre d'entre eux fut Fénelon, "le cygne de Cambrai", opposé à Bossuet, "l'aigle de Meaux", dans la querelle du quiétisme. Cambrai est réputé pour faire des bêtise. Un certain jour de 1850 un jeune gamin du nom d'Emile Afchain se fit copieusement "remonter les bretelles" pour avoir louper les confiseries qu'il devait élaborer, sa mère mais aussi sa patronne très en colère lui dit : « Tu n'es qu'un bon à rien ! Tu ne fais que des bêtises ! » Il faut croire que ces bonbons eurent la faveur des clients car le nom est resté à ce berlingot parfumé à la menthe et qui porte le nom de Bêtise.
Duacum, d'où Douai, fut possession
du comte de Flandre. Le traité de Pontoise, le 11 juillet
1312, réalisa le "Transport de Flandre" : Douai, Lille
et Béthune furent cédées au roi de France Philippe le
Bel par le comte de Flandre Louis de Nevers. En 1369
ces villes firent retour à la Flandre. Douai soutint
trois sièges célèbres : en 1479 par Louis XI, en 1667
par Louis XIV, en 1710 où elle fut occupée par les Hollandais.
Une université y fut fondée en 1562, laquelle fut transférée
à Lille en 1887. Réunie à la France en 1668 par le traité
d'Aix la Chapelle, Douai fut le siège du parlement de
Flandre créé en 1686. Douai peu également s'enorgueillir
de posséder le plus important carillon d'Europe avec
ses soixante dex cloches.
La fête des Gayant, que
l'on célèbre chaque année à Douai, tire ses origines
de l'histoire de la ville qui, au XVème appartenait
à la Flandre. Une première procession commémorait, chaque
16 juin, la victoire du comté sur la France en 1479,
après le traité du 6 aout 1529, signé entre la France
et le Roi François Ier, la célébration devint plus solennelle,
et l'on vit apparaître successivement dans le défilé
des corporations Monsieur Gayant, ce qui signifie Géant
en picard, puis son épouse; Marie Cagenon. Après le
rattachement de la Flandre à la France, on déplaça la
fête, marquant ainsi officiellement l'entrée des troupes
royales dans Douai, en 1667.
Le couple Gayant ,jugé
profane par l'évêque d'Arras disparu des défilés pendant
une centaines d'années, mais réapparut à la Révolution.
Lors de la fête des Gayant les douaisins se déplacent
en hurlant :" Turlututu, Gayant trompette, Turlututu,
Gayant pointu.". Ces personnages et la traditions oral
et immatériel ont été enregistrés au patrimoine mondiale
de l'humanité par l'UNESCO.
La ville de Lille, autrefois
capitale de la Flandre française, a pris son nom d'un
village entouré d'eau, qui devait lui-même son origine
à un château bâti dans les derniers siècles de l’empire
des Romains dans la Belgique, et autour duquel quelques
habitants, attirés par la sûreté qu'il procurait, vinrent
s'établir. Les chroniques du temps ne font pas mention
de Lille jusqu'à Baudouin Ier, dit Bras de
fer, qui, en 863, fit pendre plusieurs de ses ennemis
aux murailles du château de Lille.
Les courses des
Normands pendant le IXème siècle et pendant
une partie du Xème durent nécessairement
nuire au progrès de Lille, et il faut arriver à Baudouin
IV, qui fit bâtir en 1007 un grand nombre de maisons
et donna une forme positive à la ville. Il l'entoura
de murs et de fossés en 1030, et sa population s'accrut
si promptement que Baudouin V se vît obligé de l'agrandir.
Ses fortifications nouvellement construites ne l'empêchèrent
pas de tomber, en 1054, au pouvoir de l'empereur Henri
III qui venait de ravager la Flandre; mais elle fut
bientôt reprise, et réparée par les bienfaits de Baudouin,
qui la rétablit et releva ses murs abattus. L'année
suivante, ce prince érigea l'église collégiale de St-Pierre,
qu'il dota richement en 1066. A cette époque, Lille
était divisée en deux parties : la plus ancienne comprenait
l'église St-Etienne ; la seconde, qui seule était entourée
de murailles, ne comprenait que la paroisse St-Pierre.
En 1147, la ville avait une enceinte que déterminent
encore actuellement les canaux de Poissonceaux, des
Ponts-de-Comines et des Sœurs-Noires. La ville de Lille
fut prise trois fois dans l'année 1213, d'abord par
Philippe Auguste, après un siège de trois jours, puis
par le comte de Flandre Ferrand, en faveur duquel elle
se, révolta, et ensuite par le même Philippe, qui, irrité
de sa rébellion, la réduisit totalement en cendres.
Lorsque après ce désastre on la reconstruisit, elle
fut augmentée presque du double de sa grandeur, et l'on
y entrait par six portes. Philippe le Bel l'attaqua,
et la prit par capitulation après onze semaines de siège,
au commencement de septembre 1297; mais les habitants
ouvrirent leurs portes, en 1302, à Jean de Namur, comte
de Flandre, qui venait de gagner sur les Français la
bataille de Coutrai.
En 1303, après la bataille de
Mons-en-Pévèle, Philippe le Bel attaqua Lille, qui soutint
un siégé de onze semaines, après lesquelles les bourgeois,
manquant de vivres, demandèrent à capituler.
Le siège le plus mémorable
que cette ville ait eu à soutenir, celui dans lequel
les habitants montrèrent un courage égal à celui
de nos guerriers les plus intrépides est sans contredit
celui de 1792. Tandis que les Autrichiens et les
Prussiens occupaient la Champagne, le duc de Saxe-Teschen
semblait se préparer à quelque grande tentative
sur la Flandre française : les ingénieurs autrichiens
qui se trouvaient répandus dans différentes places
avaient reçu ordre de se réunir à Farinée l’armée
active. Des canons, des munitions de guerre et des
mortiers les mirent en mesure, sur divers points,
d'attaquer une ou plusieurs places françaises, et
découvrirent leur intention de faire une diversion
avantageuse, au moment où la France portait toutes
ses forces dans la Champagne, sur Chalons et Sainte-Menehould.
Aussitôt les Autrichiens partagèrent en trois colonnes
les divisions qu'ils avaient cantonnées aux environs
de Mons, et les firent marcher, la première, commandée
par le général Beaulieu, sur Bosne, par les routes
de Quiévrain et de Valenciennes ; la seconde, aux
ordres du général Lisien, sur Maubeuge; et la troisième,
dirigée par le général Starray, sur Philippeville.
Le général Latour paraissait également menacer par
sa position Lille et Douai.
Dès le 10 septembre,
le général Buault, commandant à Lille, se prépara
à repousser les efforts dés Autrichiens, qui semblaient
devoir se porter principalement sur cette ville.
Il distribua les dix mille hommes qui formaient
sa garnison sur les diverses positions de la Haute-Deûle,
telles que lé Haut-Bourdin et l'abbaye de Loos;
et de la Basse-Deûle, telles que Wambrechies et
le Quesnoy. Mais là discipline était en ce moment
très-relâchée parmi les troupes et les généraux
françai 'avaient de la peine à s'en faire obéir.
— Le 17 septembre, le duc de Saxe-Teschen transporta
son quartier général à Tournai; ou se replièrent
aussi les colonnes qui menaçaient auparavant Valenciennes,
Maubeuge et Philippeville. Les Autrichiens, au nombre
de 24 à 25,000 hommes, vinrent établir leur camp
le 24; à Hélemmes, à la vue de Lille, qui fut bloqué
de lendemain, depuis la Madeleine, sur là basse
Deûle, jusqu'à la hauteur du Haut-Bourdin, sur la
haute Deûle, N'ayant pas assez de monde pour compléter
le blocus, ils furent forcés de laisser libre le
côté de la porte d'Armentières, qui ménageait à
la place une communication avec Dunkerque. Le duc
fit répandre le même jour une proclamation. Il s'était
flatté qu'en faisant éclater sur la ville une forte
pluie de boulets rouges et de bombes il en serait
bientôt le maître. Mais les Français commencèrent
par brûler les faubourgs de Fives et de St-Maurice,
qui pouvaient favoriser les Autrichiens pour s'approcher
de la place.
Le général Labourdonnaye eut ordre
du ministre de la guerre de ramasser des troupes
dans les plaines de Lens, afin de tourmenter les
Autrichiens sur leurs communications. Les ennemis
avaient reçu d'Ath une nombreuse artillerie et un
amas prodigieux de poudre, de bombes et de boulets
; ils commencèrent donc leurs travaux dans la nuit
du 25 au 26, du côté des portes de Fives et des
Malades ; mais ils en furent délogés par les assiégés,
qui firent une sortie dès l'après-midi, se jetèrent
sur la tète de leurs ouvrages, et les obligèrent
de les abandonner. Les deux jours suivants, les
Autrichiens s'étendirent sur la gauche et sur la
droite, à l'abri des masures du faubourg de Fives,
et y placèrent de formidables batteries avec des
grils pour rougir les boulets. Après avoir achevé
leurs travaux et reculé à Aspes leur quartier général,
ils envoyèrent au commandant et à la municipalité
le major autrichien d'Aspes, précédé d'un trompette,
avec deux sommations ; on y flattait les habitants
d'être traités avec la plus grande modération s'ils
voulaient oublier la cause qu'ils avaient servie
jusqu'à ce jour, et se livrer à leur souverain;
et on les menaçait en même temps de tous les fléaux
de la guerre s'ils opposaient quelque résistance.
Le parlementaire est renvoyé sans avoir rien obtenu.
Les Lillois avaient juré de s'ensevelir sous leurs
murailles plutôt que d'ouvrir leurs portes à l'ennemi,
et les premières bombés lancées sur la ville ne
font que ranimer ce noble dévouaient. Vingt-quatre
pièces de canon de gros calibre, chargées, à boulets
rouges, tirent sur la ville avec une extrême violence.
Les Lillois oublient leurs propres intérêts pour
ne songer qu'à se défendre et à veiller à l'intérêt
général : ils agissent dans le plus grand ordre.
Des veilleurs étaient postés dans tous les quartiers
pour arrêter les ravages des bombes, aux lieux où
elles tombaient; des vases pleins d'eau étaient
prêts à toutes les portes. Un canonnier bourgeois
servait une pièce sur les remparts; on accourt l'avertir
qu'un boulet rouge a incendié sa maison ; il se
retourne, voit les flammes qui la dévoraient, et
continue sa charge en disant: Je suis ici à mon
poste; rendons-leur feu pour feu. Quand une maison
ne pouvait plus être habitée, on s'empressait d'offrir
un asile aux malheureux qui en avaient été possesseurs;
et dès lors tout leur était commun.
Buvez, mangez,
leur disait-on, tant que ma provision durera; la
Providence pourvoira à l'avenir. La fureur de ce
siège était encore excitée par l'archiduchesse Christine,
gouvernante des Pays-Bas, qui. le dirigeait elle-même,
en plaisantant sur les calamités des malheureux
Lillois. Ceux-ci-répondaient vivement de leurs remparts
au feu terrible de l'ennemi ; mais ce n'était qu'un
faible secours pour la ville. L'incendie avait consumé
l'église St-Etienne et plusieurs maisons voisines
; le quartier de la paroisse Si-Sauveur était encore
plus endommagé. Le 1er octobre, l'ennemi continua
un feu très vif, des incendies partiels se manifestèrent
à l'hôpital militaire et à l'hôtel de ville. Le
même jour, le général Lamorlière entra dans la place
avec huit bataillons. Le feu, qui avait paru se
ralentir dans la journée du 2, reprit le lendemain
avec, une telle violence, que les pompes de la ville
ne furent pas suffisantes, et que ce fut avec la
plus grande reconnaissance qu'on vit arriver celles
de Béthune, d'Aire, de St- Omer et de Dunkerque.
Le bombardement et la canonnade duraient depuis
cent quarante quatre heures sans interruption, et
les ennemis semblaient moins acharnés contre les
remparts et les troupes que sur les demeures des
malheureux habitants. Six mille bombes et trente
mille boulets étaient déjà tombés dans la ville,
dont la garnison se vit augmentée de deux nouveaux
bataillons de volontaires et d'un bataillon de troupes
de ligne. Le feu des Autrichiens diminua dès lors
sensiblement jusqu'au 6 octobre, où il cessa tout
à fait dans l'après-midi
Des traits d'une rare
fermeté se multiplièrent durant ce mémorable siège.
Un boulet, tombé dans le lieu des séances du conseil
de guerre, y fut déclaré en permanence comme l'assemblée;
d'un autre côté, un barbier ramasse un éclat de
bombe, et, avec cette gaieté naturelle aux Français,
même au fort des plus grands dangers, il s'en sert
de bassin pour raser quatorze citoyens.
Fatigué
de la résistance des Lillois, averti d'ailleurs
des avantages des Français en Champagne, et de l'obligation
où ils avaient mis les alliés de battre en retraite,
lé duc de Saxe- Teschen songea lui-même à se retirer.
L'armée du camp de Lens augmentait de jour en jour
: Dumouriez était près de s'y réunir. Le duc courait
donc les risques, eu demeurant quelques jours de
plus devant Lille, de se trouver entre deux armées,
l'une sortie des murs delà place, l'autre venant
de Champagne vers Valenciennes, et se portant entre
Tournaiet ses derrières pour le couper, avant qu'il
eût le temps d'être secouru par le général Clerfail.
Il fut forcé en conséquence d'abandonner une place
dont il avait tenté vainement de faire la conquête,
et qu'il avait cruellement incendiée par un bombardement
inutile, puisque, loin de pouvoir entreprendre un
siège en règle, il n'avait pas même assez de troupes
pour la cerner.
On apprit pendant la nuit la
retraite des Autrichiens à la droite de la rivière
de Marque, à Pont-à-Tressuu On se mit sur-le-champ
à détruire les travaux de l'ennemi, qui perdit dans
cette tentative un grand nombre d'affûts et d'attirails
d'artillerie, et environ deux mille hommes, tués
ou blessés. Les Français eurent à regretter à peu
près- autant de leurs camarades, outre le dommage
immense qu'éprouva cette ville célèbre.
Malgré leur longue résistance, ils obtinrent la conservation de leurs privilèges. En 1304, Lille devint alors ville française. Peu de temps après, la ville fut entourée de murailles et de fossés par le comte Guy de Dampierre. Robert de Béthune, comte de Flandre, tenta sans succès de s'en rendre maître en 1314. Un incendie la consuma presque entièrement en 1382. La ville de Lille fut rendue à la Flandre par Philippe le Hardi. En 1476, elle passa à la maison d'Autriche, Vingt ans après, les Pays-Bas ayant été réunis à la couronne d'Espagne, Lille fut soumise à la domination de cette puissance, qui la conserva en son pouvoir pendant deux siècles. Eu 1667, Louis XIV l'assiégea à la tête d'une puissante armée, et la prit le 27 août, après neuf jours de tranchés ouvertes. Ce monarque agrandit son enceinte, et y fit construire par Vauban de nouvelles fortifications, et une citadelle qui passe pour l'une des plus belles de l'Europe. Lors de la guerre de la succession d'Espagne; la ville, fut reprise par lés alliés, le 23 octobre 1708, après un siégé de quatre mois. Elle fut enfin cédée à la France par lé traité d'Utrecht, en 1713. Lille s'est agrandie en 1786 de tout le beau quartier qui s'étend depuis la porte de la Barre jusqu'à celle de la Madeleine.
Il y a plus d'un millénaire,
le Blootland est sous les eaux, l'histoire de Dunkerque
commence lorsque l'amoncellement du sable dû aux courants
marins forme des dunes qui gagnent sur la mer. Malgré
l'instabilité des dunes menacées par le vent et la mer,
des pêcheurs choisissent de s'installera, formant alors
un bourg sans nom. La rivière Vlietnoteen s'écoulant
vers la mer du Nord forme une crique : la Gerstab :
les pêcheurs y installent naturellement leurs bateaux
afin de les protégera. À la fin du premier millénaire,
un hameau s'est formé sur une dune de l'estuaire de
la Vlieta. Afin d'évangéliser la zone, on construit
une chapelle pour les pêcheurs et leurs familles, le
bourg a un nom : Dunkerquea. Au fil des années, les
Dunkerquois apprennent à maitriser les dunes et les
eaux intérieures afin d'éviter les inondations de l'arrière
pays.
Au cours du Xème siècle, la Flandre
connaît l'invasion des peuplades du Nord. En 960, Baudoin
III dit Baudouin le jeune, quatrième comte de Flandre,
auquel appartient la bourgade, fait édifier une première
muraille autour de la ville. Les moines de Bergues-Saint-Winoc
construisent de grands fossés appelés watergangs afin
d'assécher les terres et les rendre cultivables. Au
cours de XIIème siècle, Philippe d'Alsace,
comte de Flandre, continue les travaux d'assèchement
du Blootland, on lui doit notamment le construction
de l'ancêtre du canal de Bergues : le Havendycka. Le
comte octroie à Dunkerque le statut de « ville nouvelle
» et exonère les Dunkerquois de tonlieux, en remerciement
de la délivrance par les Dunkerquois de sa fiancée Élisabeth
de Vermandois aux mains des Vikings.
La fin du XIIème siècle
voit un conflit entre le comte de Flandre, Gui de Dampierre
et le roi de France, Philippe IV de France dit Philippe
le Bel. Tandis que le roi a l'appui des riches bourgeois
de Flandres, les leliaerts, les « partisans des fleurs
de lys » en flamand, le comte a le soutien du peuple
— les clauwaerts, les griffes du lion de Flandres. Finalement,
les armées flamandes sont vaincues le 20 août 1297,
lors de la Bataille de Furnes, Dunkerque devient alors
française pour éviter d'être pillée. Cela ne dure pas
puisque cinq années plus tard, le 11 juillet 1302, la
ville redevient flamande suite à la bataille de Courtrai
dite « bataille des Éperons d'or » dont les Flamands
sortent vainqueurs. Dunkerque dispose à cette époque
d'un « corps échevinal », ni plus ni moins que l'ancêtre
du conseil municipal, composé d'un mayeur assisté de
neuf échevins.Le corps se réunit à la maison commune
ou Stadhuys attenante au clocher ou klokhuys dont la
cloche informe les Dunkerquois des évènements importants.
Quant à la justice et au commerce, ils sont réglementés
par le bailli du seigneur de Cassel. En 1311, Robert
III de Flandre dit « Robert de Béthune » et fils de
Gui de Dampierre accorde aux Dunkerquois plus d'autonomie,
notamment commerciale1. En 1322, Robert de Cassel alors
seigneur de Flandre fait construire un château à Dunkerque.
Trois ans plus tard, en 1325, les flamands refusant
l'autorité du roi de France, détruisent le château.
Robert de Cassel en représailles impose à Dunkerque
un impôt très élevé pour les rebelles. En 1328, les
révoltes n'étant toujours pas éradiquées, Louis de Nevers,
comte de Flandre, demande l'aide du roi de France, le
premier des Valois Philippe VI de France, lequel écrase
la rébellion à la bataille de Cassel. Dunkerque subit
une nouvelle fois les représailles.
Le Princess Elizabeth fut
construit en 1926-1927 par la société Day Summers
établie à Northam, pour le compte de la Southampton
Isle of Wight and South of England Royal Mail Steam
Packet Company Ltd. Le navire est baptisé Princess
Elizabeth en l'honneur de la naissance de la petite
fille du roi Georges V d'Angleterre, la future reine
d'Angleterre Élisabeth II1. Il est d'abord utilisé
de manière très polyvalente, notamment pour transporter
des passagers le long de la côte sud de l'Angleterre,
par exemple l'été pour des excursions entre Southampton,
Cowes ou l'île de Wight. Il servira aussi de ferry
grâce à son pont renforcé.
Lors de la seconde
guerre mondiale, en septembre 1939, il est réquisitionné
comme dragueur de mines par la Royal Navy en raison
de son faible tirant d’eau. Son pont avant est alors
équipé d’un canon de 105 mm. Basé à Southampton
sous l'immatriculation J 111, il intègre la 10ème
flottille de dragueurs de mines de la patrouille
de Douvres. En juin 1940, il s'illustre en participant
à l'opération Dynamo lors de l'évacuation de la
poche de Dunkerque, faisant partie de la noria des
little chips. Il effectue ainsi quatre voyages,
les trois premiers vers les plages de Bray-Dunes,
le dernier vers la jetée est du port de Dunkerque.
Il évacuera 1 673 soldats dont 500 français vers
Douvres. Il sera décoré à cet effet de la croix
militaire « Dunkirk 1940 ». Entre 1942 et 1944 ses
superstructures sont bâchées et il est employé comme
navire anti-aérien.
En 1946, il reprend ses
activités de cabotage à partir de Southampton mais,
profitant du retour à son aspect initial, il subit
quelques transformations préalables. Il est alors
doté d'une motorisation diesel et son salon est
agrandi sur toute la largeur du navire. À partir
de 1959, il est transformé en navire de croisière,
naviguant à partir des ports de Torquay et Bornemouth.
Il parait en 1962 dans un film produit par Walt
Disney, Les Enfants du capitaine Grant (titre original
: In Search of the Castaways), tiré du roman de
Jules Verne. En 1966 on le voit également dans le
film britannique Khartoum où il joue le rôle d’un
bateau à vapeur transmanche.
Sa reconversion
en 1966 en casino flottant est un échec et il est
à nouveau menacé de démolition. On lui enlève d'ailleurs
son moteur qui prend le chemin du musée naval de
Southampton. Il est cependant racheté en 1970 pour
servir de restaurant de charme et de pub, amarré
le long d'un des quais de la Tamise à Londres. En
1987, la Chambre syndicale typographique de Paris
en fait l'acquisition, le bateau étant dans un piteux
état. Après sa restauration, il est amarré sur la
Seine, quai André-Citroën, aux pieds du pont Mirabeau,
tout près de l'Imprimerie nationale. Il abrite l'association
pour la défense de l’art typographique et sert
notamment de galerie d’art et pour des opérations
de prestige, avant d'être mis à nouveau en vente
en 1998. Il est enfin racheté par la ville de Dunkerque
en 1999
Lorsque Yolande de Dampierre, fille de Robert de Cassel, hérite de la seigneurie de Cassel dans laquelle figure Dunkerque, elle fait reconstruire le château de son père. Le 13 juillet 1338 éclate la guerre de Cent Ans, Louis de Nevers reste fidèle au trône de France, et décrète donc l'arrêt du commerce avec l'Angleterre. Les villes flamandes, y compris Dunkerque, vivant du commerce avec l'île, se soulèvent alors contre le comte de Flandre, Louis II de Flandre dit « Louis de Mâle », fils de Louis de Nevers, mort lors de la victoire anglaise à la Bataille de Crécy en 1346, signe alors la trêve entre la Flandre et l'Angleterre. Durant la guerre accostent à Dunkerque des bateaux transportant des vivres pour les troupes, l'importance du port croit jour après jour. Faisant fi des discordes entre leur bailli et les échevins, les Dunkerquois acclament Yolande de Dampierre de retour de la prison du Temple à son entrée dans la ville. Satisfaite, elle entreprend l'exécution de travaux portuaires afin d'agrandir le port. En 1378, commence le Grand Schisme d'Occident, deux papes se disputent le trône de Saint-Pierre, Louis de Mâle soutient Urbain VI et Yolande de Dampierre appuie Clément VII. Les Anglais, urbanistes, débarquent sur la côte pour une croisade religieuse. S'oppose alors à eux Jean Sporkin, gouverneur des terres de Yolande à la tête d'une armée. Les Anglais pillent Dunkerque, Yolande est contrainte à la fuite, ils attaquent les digues afin d'inonder le Blootland. Charles VI arrive à la rescousse, repousse les Anglais. Cependant l'arrière pays est noyé, les récoltes sont perdues et les bêtes sont mortes, Dunkerque a souffert plus que toutes les autres villes de la côte. En 1384, Louis de Mâle meurt, le comté de Flandre passe à la Maison de Bourgogne de Philippe le Hardi. La Princesse de Dunkerque, Yolande de Dampierre, meurt en 1395, lui succède alors son fils Robert de Bar, il octroie à Dunkerque le droit de percevoir la taille afin de construire une muraille autour de Dunkerque pour prévenir des prochaines attaques.
Tous les historiens assurent
que Cassel était la capitale de la Morinie quand
Jules César conquit ce pays. Cette ville devint
bientôt célèbre parle nombre d'habitants qui vinrent
s'y établir. En 1071, elle était entourée d'épaisses
murailles, de bastions, et cinq portes enfermaient
l'enceinte, lorsque Philippe Ier, roi de France
se présenta avec son armée devant cette ville pour
combattre Robert le Frison, qui prit poste au pied
du mont Cassel, et suppléant au nombre par l'avantage
du lieu, remporta une victoire signalée sur Philippe,
qui fut forcé de battre en retraite.
La ville
de Cassel fut consumée par les flammes en 1311.
Philippe Auguste la prit en 1213. Philippe le Bel
l'assiégea en 1328, et courut le danger de perdre
la vie sous ses murs, ayant été surpris dans son
camp par 16,000 hommes sortis de la place ; trois
corps d'armée avaient pénétré dans le camp français;
trois monceaux de morts marquèrent leur place; les
gentilshommes n’accordèrent de quartier à personne
et treize milles morts furent comptés sur le champ
de bataille. Après leur victoire, les Français entrèrent
à Cassel, qu'ils pillèrent, et où ils exercèrent
d'horribles cruautés. Sous le règne de Charles VI,
les Anglais se rendirent maîtres de cette ville,
d'où ils furent chassés par Clisson qui l'abandonna
au pillage des Français.
En 1477, Louis XI, irrité
contre les Flamands de ce qu'ils avaient fait pendre
ses espions à Bruges, se jeta sur Cassel, pilla
cette ville, et fit mettre le feu à tous les édifices:
les habitants qui n'eurent pas la force de fuir
furent passés au fil de l'épée.
Cassel fut encore
pris par les Français en 1658.
Le 13 avril 1677,
le due d'Orléans défit sous ses murs une armée de
30000 Espagnols et Hollandais commandés par le
prince d'Orange. Sa possession fut assurée à la
France en 1678, par le traité de Nimègue.
La
ville de Cassel est bâtie au sommet d'une montagne
conique isolée, au milieu d'une vaste et riche plaine.
De nos jours ouverte et démantelée, cette ville
est bâtie en longueur du sud-est au nord-ouest,
et protégée contre les vents du nord par la terrasse
de son ancien château. La place ou grand marché
est au centre; les rues sont peu nombreuses, propres,
assez bien entretenues, et pourvues chacune d'une
fontaine abondante. Les maisons sont solidement
bâties en briques, la plupart à un seul étage, surmontées
de greniers spacieux, tenues avec une propreté remarquable
et pourvues chacune d'un jardin bien soigné ; on
en voit encore quelques unes de construction espagnole.
Parmi ces fortifications, il
construit deux « tours à feux » indiquant l'entrée du
port. L'une d'elle existe encore aujourd'hui : le Leughenaer
ou « tour du menteur ». Lors de la construction de ces
fortifications, les terrassiers découvrent une source
d'eau douce, creusent plus pour découvrir d'où elle
vient, ils découvrent une statuette de la Vierge. Les
Dunkerquois crient au miracle, et bâtissent aussitôt
une chapelle qui prend le nom de Notre-Dame-de-la-Fontaine
qui deviendra Notre-Dame-de-la-Mer En 1426, s'installe
dans la cité, une communauté de religieuse : les « Sœurs
Blanches » Au milieu du XVème siècle, les
Dunkerquois construisent un amer, c'est la naissance
de l'actuel Beffroi. Dix ans après, l'église Saint-Éloi
l'utilise comme clocher La ville de Dunkerque est, à
cette époque, entièrement tournée vers la mer et le
commerce, la ville hérite des traditions festives des
gens de la mer et des Flamands, c'est d'ailleurs à cette
époque que nait l'ancêtre du carnaval de Dunkerque.
En 1435, Jeanne de Bar épouse Louis de Luxembourg, Dunkerque
passe alors à la Maison de Luxembourg. En 1477, à la
mort de son père Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne
épouse Maximilien Ier du Saint-Empire, Louis
XI envahit aussitôt la Flandre. Dunkerque revient au
Royaume de France. Une nouvelle fois flamande, Dunkerque
devient espagnole suite au mariage de Philippe le Beau
et de Jeanne de Castille, mariage d'où naîtra l'empereur
Charles Quint, héritier de nombreuses Maisons d'Europe.
En 1520 il est reçu triomphalement dans la ville en
tant que trente-et-unième comte de Flandre. Dunkerque
est impliquée dans la guerre que mène Charles Quint
contre le roi de France, François Ier. En
représailles, les pêcheurs dunkerquois sont attaqués
par les corsaires français. Le magistrat de Dunkerque
prend la décision d'armer des bateaux en course afin
de protéger ses bateaux de pêche. Sous le règne de Philippe
II, la course prend de plus en plus d'importance, ce
sont les prémices des corsaires dunkerquois, parmi eux
Cornil Petersen se distingue particulièrement. Le port
a acquis une telle importance qu'en 1557 il sert d'abri
à la flotte espagnole. L'année suivante, suite à la
prise par les Français de Calais, ville anglaise, Dunkerque
se prépare à la guerre. En juillet, en dépit de la défense
héroïque de Dunkerque par ses habitants, le Maréchal
de Thermes conquiert Dunkerque et y met le feu. Par
le traité de Cateau-Cambrésis les Français la cèdent
à l'Espagne en 1559.
L'Inquisition nourrit un lot
d’iconoclastes : « les gueux » qui s'opposent à la religion
et contestent le pouvoir de Philippe II. Dunkerque,
fidèle à son roi, s'y oppose et subit donc les attaques
des gueux. Les marins épuisés par la pêche qui n'est
pas rentable, se tournent vers la course, les corsaires
dunkerquois sont réellement nés. L'un des premiers d'entre
eux est Michel Jacobsen, le « renard des mers », corsaire
pour le compte de l'Espagne, il ramena les restes de
l'Invincible Armada de Philippe II.
En 1662, Godefroi d'Estrades négocie difficilement l'achat de Dunkerque aux Anglais, mais finit par réussir. Le 27 octobre 1662, Dunkerque devient définitivement française. Le 2 décembre, le Roi Soleil fait une entrée triomphale dans Dunkerque. Avec l'acquisition de la ville, le Royaume de France a un pied dans les Pays-Bas historiques, Dunkerque supplante Calais comme place avancée. Pour les mêmes raisons d'avancées vers le nord-est, Lille dépasse Douai en terme d'importance. Dès lors l'axe Dunkerque-Lille devient un axe majeur de la région. Dunkerque compte alors 5 000 habitants. Vauban, Louvois et Colbert entreprennent alors de fortifier la ville et développe son port, qui devient le plus grand port de guerre du royaume. Le canal de Bourbourg est percé en 1670 pour faciliter l'acheminement de bois, le Vliet est aménagé pour former les bassins de commerce et de l'arrière-port, le bassin de la Marine est également creusé. En 1678, des jetées sont construites afin de fixer un chenal et d'empêcher son ensablement par le banc Schurcken situé à la place de l'actuel phare. La citadelle est également érigée. Vauban entreprend la réalisation d'un arsenal à la place de l'actuel parc de la Marine. Dès 1670, Louis XIV encourage la course à Dunkerque. C'est à cette époque que Dunkerque va connaitre le plus célèbre de ses corsaires : Jean Bart. Naviguant sur de petits navires, il n'hésite pas à attaquer de gros vaisseaux grâce à ses remarquables talents de manœuvrier. Il est rapidement incorporé dans la Royale par Colbert puis anobli au vu de ses faits d'armes et de ses prises, notamment celui de la bataille du Texel, le 29 juin 1694, où le corsaire dunkerquois reprend aux Hollandais 120 navires de blé et sauve ainsi la France de la famine. En 1700 apparait à Dunkerque la chambre de commerce qui fait prospérer les commerçants, la ville est alors une puissante place commerciale.
À ce moment de l'Histoire, Dunkerque est imprenable sur la mer du Nord derrière les défenses de Vauban et grâce à ses redoutables corsaires. Cependant ce n'est pas le cas de toute la France. En 1713, elle est affaiblie par la guerre et est contrainte de signer le traité d'Utrecht qui lui impose de combler le port et de raser les fortifications, ce qui toutefois ne fut exécuté qu'en partie, et Louis XV la fortifia de nouveau. Comme de nombreuses villes du Royaume de France, Dunkerque s'imprègne de l'idéologie des Lumières : l'urbanisme de la ville est repensé on crée alors des places et des rues plus larges pour faire « circuler l'air », on construit des bains publics, on déplace les cimetières en périphérie de la ville, de plus des groupes de réflexion se forment. Une partie de ceux-ci furent à l'origine de la loge maçonnique « Amitié et Fraternité » connue pour avoir parrainé la plus ancienne loge maçonnique de Nouvelle-France : la loge « Francs-maçons régénérés ». En 1714, la ville compte 14 274 habitants, les habitations débordent des murailles. Il est décidé de construire un nouveau quartier, ce sera le quartier de la Basse-Ville qui correspond globalement au quartier actuel de Dunkerque-Sud. Dunkerque, au XVIIe siècle, est une ville sale et sans accès à l'eau potable que pourrait fournir un puits ou une source d'eau douce. Les échevins installent ainsi des citernes publiques pour récupérer l'eau de pluie et recrutent une entreprise qui récupère les déchets des Dunkerquois. La Basse-Ville, à cette époque est le quartier le plus pauvre de Dunkerque, y vivent les journaliers et les dockers. Les matelots dunkerquois vivent en marge du reste de la population de la ville, pour assurer aux bateaux de commerce l'entrée ou la sortie du port sans s'échouer, ils créent un corps de pilotes destinés à guider ces navires à travers les nombreux bancs de sable (Braecknote 3, Schurken…), c'est l'ancêtre des bateaux pilote surnommés « pilotines ». À l'hiver 1788-1789, il fait tellement froid que les bateaux sont pris dans les glaces.
Vers la fin du VIIeème,
Vinoc, prince Breton, proche parent de Saint Josse,
dédaignant la couronne qu’il devait ceindre, abandonna
les côtes Britanniques avec trois de ses amis, qui
partageaient ses même convictions et, après quelques
voyages, attiré par la réputation, déjà européenne
de l’abbaye de Saint Bertin, vint se soumettre à
la discipline et aux statuts de ce fameux monastère.
Le mérite de ces Anglais les signala bientôt parmi
les plus parfaits disciples du collège de Saint
Omer ; et Vinoc brilla comme une une étoile parmi
les cent cinquante religieux de la communauté.
La Légende de Saint Vinoc
La fille unique d’un
bourgeois opulent était tombée dans la Colme. Ses
parents désolés avaient tenté des moyens inouïs
pour la sauver ou pour retrouver son corps. Tout
avait été infructueux. Une voix inconnue s’écrie
tout à coup : « Adressez vous à Saint Vinoc ! »
On excite le père, à se rendre immédiatement à l’abbaye
; il supplie l’abbé de faire placer aussitôt sur
les eaux fatales les restes du fondateur ; il répète
qu’il est certain de retrouver son enfant chéri
en vertu de leurs mérites. Émus de tant de foi,
les moines consentent au transport sollicité. Bientôt
il s’opère avec le plus grand respect et la plus
humble dévotion au milieu de toute la population
de la ville. A peine les saintes reliques sont elles
plongées dans la Colme, et voilà que la jeune vierge
reparait pleine de vie devant la tombe merveilleuse,
chantant les louange de son mystérieux protecteur.
Telle est la cause donnée à l’immersion annuelle
de Saint Vinoc qui a procuré si longtemps à son
monastère d’immenses bénéfices.
Cette ville doit son origine
au château de Berg, où se retira saint Winoc en 902.
Baudouin II, comte de Flandre, la fit entourer de murailles,
de fossés et de fortifications. Baudouin IV y fit construire
un magnifique monastère en l'honneur de saint Winoc.
En 1083, un terrible incendie consuma la ville de Bergues
et l'abbaye de St-Winoc. En 1206, Bergues, qui était
une ville florissante par ses manufactures de toiles
et de draps, fut assiégée sans succès par des brigands
nommés Bleumontins.
Robert II, comte d'Artois, s'empara
de cette place en 1297.Les Flamands la prirent au commencement
du XIVème siècle. Le 7 septembre1383, l'armée
française arriva devant Bergues, et commença l’attaque
de cette place. Caverley, qui y commandait, ayant reconnu
l'impossibilité de s'y défendre, l'évacua pendant la
nuit, et emmena avec lui les habitants des environs
qui s'y étaient réfugiés. Les autres habitants de Bergues
envoyèrent, le 8 septembre, l'abbé de St-Winoc à Charles
VI, pour lui annoncer qu'ils l'attendaient comme un
libérateur. L'abbé fut repoussé. Au milieu de la nuit,
l'assaut fut livré par l'armée française à des murailles
que personne ne défendait: tous les crimes les plus
effroyables furent commis dans cette ville malheureuse;
puis, le matin suivant, tous les habitants furent massacrés
à, la réserve de quelques religieuses qui furent envoyées
à St-Omer.
L'abbaye de St-Winoc, entourée
de Murailles et éloignée du centre de la cité, l'église
de St-Pierre et le couvent des dominicains furent les
seuls monuments qui restèrent debout après cet horrible
embrasement.
Philippe le Hardi releva cette ville
de ses ruines, et vers la fin du XIVe siècle elle était
devenue plus forte qu'avant son désastre. Un incendie
la détruisit en partie en 1494. Le maréchal de Termes
l'assiéra et la prit d'assaut en 1558; la population
fut massacrée sans distinction d'âge ni de sexe ; la
ville et abbaye de St Winoc furent réduits en cendres.
Philippe II, roi d'Espagne releva les fortifications
de cette place, qui bientôt, par le zèle que les habitants
mirent à reconstruire leurs maisons, devint une des
plus belles villes de la Flandre. Les Espagnols la prirent
en 1650, après une vigoureuse résistance. L.es Français
la reprirent en 1658, et la rendirent au roi d'Espagne
en 1660 par le traité des Pyrénées. Louis XIV la prit
par capitulation, après un assaut général, livré le
6 juin 1667, et la fit fortifier par Vauban, qui l'a
rendue une place susceptible d'une longue défense. Elle
est demeurée à la France par le traité d'Aix-la-Chapelle.
Note : Alphonse de Lamartine fut député du Nord
Canton de Bergues du 7 janvier 1833 au 25 mai 1834 et
du 21 juin 1834 au 3 octobre 1837
Cette ville est dans une situation très-agréable, sur une éminence qui domine une vaste plaine et fertile, bornée par la forêt de Mormal. Elle est assez bien bâtie en briques, et possède un bel hôtel de ville, un arsenal el une église paroissiale remarquable. Sa fondation remonte au delà du xi" siècle. En 1150, Baudouin V, comte du Hainaut, la fit entourer de murailles; Louis XI la prit en 1447 ; Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III, la reprit en 1477-;Henri II, roi de France, s'en empara en 1552; les Espagnols la reprirent en 1568; Turenne l'enleva en 1654 ; le prince Eugène la prit en1712, mais le maréchal de Villars la reprit deux mois après." Depuis ce temps, elle a continué d'appartenir à la France. — Vers le commencement du mois d'août 1793, les Autrichiens, maîtres de Condé et de Valenciennes après avoir bloqué le Quesnoy , assiégèrent cette place en forme, et y entrèrent le 9 septembre suivant.
Ce village tire son nom d'un
temple élevé dans ce lieu au dieu Mars par les Romains,,
au temps où la ville de Bavai était dans sa splendeur
Lorsque cette ville fut détruite, le temple de Mars
devint une forteresse où les, Romains entretenaient
une garnison, où résidait le préfet des Lètes Nerviens
de la seconde Belgique, qui en fut chassé par Clodion
en 445. Famars fut brûlé par les Français en 1340. En1793,
les républicains avaient formé à Famars un camp qui
fut levé avec précipitions dans la nuit du 23 au 24
mai. Le général Dampierre, tué dans une affaire contre
les Autrichiens, le 7 du même mois, y fut enterré ;
les habitants montrent encore aujourd'hui, au milieu
d'un champ cultivé, l'endroit où les restes du général
ont été déposés. Il est à regretter qu'aucun monument
n'indique l'endroit où repose cet illustre guerrier.
Famars est une petite commune qui ne contient que trente
où trente-cinq habitations, y compris l'ancien château,
consistant en un bâtiment de construction moderne, élevé
sur l'emplacement de l'ancienne forteresse. Il est prouvé
aujourd'hui qu'il existait dans cette forteresse un
palais élevé avec magnificence. Dans les fouillés pratiquées
dans son intérieur en 1823, 1824 et 1825, sous la direction
d eM. Aubert Parent, on découvrit beaucoup de fragments
de sa riche décoration. Parmi les fragments mis à découvert,
M. Aubert Parent a levé les plans de plusieurs salles
spacieuses dont les pavés en marbre étaient établis
sur un hypocauste qui les soutenait et y entretenait
une chaleur uniforme; une salle de bains souterraine,
les foyers, les aqueducs, etc.
Il est plus que certain
aussi qu'il y existait un temple consacré au dieu Mars
: on a trouvé plusieurs statuettes de cette divinité,
et Déguise rapporte qu'en l'an 56 de notre ère, après
la révolte des villes de Tournai, Arras, Térouane, ces
trois cités furent punies, et que l'on épargna Famars,
par respect pour le temple de Mars, qui y était très
fréquenté. On trouve ailleurs que, sous le règne d'Octave
Auguste, la statue de Mars, qui avait été transportée
à Reims, fut rapportée à Famars, elle était d'or, mais
on en ignore le poids. A cette époque, les voies romaines,
connues sous le nom de chaussées Brunehaut, qui se réunissaient
à Bavai traversaient Famars, se rendant à Arras et Amiens
: En 385, Bavai et Famars furent dévastes par les Huns
; les Vandales la pillèrent en 407. Clodion, roi de
France, détruisit les restes de la forteresse en 445.
Attila la détruisit entièrement en 450, et depuis cette
époque il ne fut plus question de Famars.
Dunkerque suscite de plus en plus les convoitises. Pour protéger son port, on construit, en 1622, le fort de Mardyck. Les Hollandais, qui font plusieurs fois le blocus du port, sont vaincus par les corsaires ou par les éléments. En 1638 est construit le Canal de Furnes qui facilite le commerce entre Dunkerque et le reste de la Flandre. En 1640, les risques d'invasion de la ville étant importants, les Espagnols décident la construction d'une nouvelle muraille. Elle contient la majeure partie de la citadelle à l'ouest. En 1646, la ville après 17 jours de siège devient française, grâce à Condé. Le 16 septembre 1652, Dunkerque est à nouveau espagnole. Le 25 mai 1658, le maréchal Turenne fait le siège de la ville. Dix-neuf jours plus tard, le 14 juin 1658, une coalition franco-anglaise menée par Turenne et Lockhart attaque la ville, c'est la bataille des Dunes. Le 25 juin 1658 la ville se rend aux Français. Le soir même, Louis XIV la remet à Olivier Cromwel. La « folle journée » venait de se dérouler : en l'espace de 24 heures, la ville a été espagnole, française et enfin anglaise
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