Logo Claude
titre

Les Départements de la France

  • Données géographiques

L'Oise

dep60

Ce département, un des plus beaux, des plus riches et des plus industrieux du royaume, est formé d'une partie de la Picardie, d'une partie de l'Île-de-France, du Nyonsais, d'une partie du Soissonnais, d'une partie du Valois, du Beauvaisis, du pays de Biay, et d'une partie du Vexin français. Il tire son nom de la rivière d'Oise, qui le traverse dans la direction du nord-est au sud-ouest.
Sa figure se rapproche de celle d'un parallélogramme rectangle dont les côtes font face aux quatre points cardinaux. — Sa moyenne longueur, du nord au , sud , est de 48 kilomètres et sa moyenne largeur, de l'est à l’ouest, de 84 kilomètres.
Ses limites sont : au nord le département de la Somme, à l’est celui de l'Aisne , au sud les départements de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, et à l'ouest ceux de l'Eure et de la Seine-Inférieure. Le département de l'Oise semble partagé en trois plateaux principaux, dont le plus vaste comprend le bassin de l'Oise et de ses affluents sur la rive droite. Ce plateau occupe tout le nord du département, et se trouve limité, du nord-est au sud-est, par la vallée du Thérain et ses dépendances. Un second plateau occupe la portion ouest et sud-ouest, du département; ses pentes sont dirigées vers la rivière d'Epte. Une troisième région se trouve comprise entre la rive gauche de l'Oise et la rive droite de l'Aisne, dans la portion est du département. Enfin on peut remarquer un quatrième plateau beaucoup moins étendu, dans le sud-est du département : c'est celui dont les eaux s'écoulent vers l'Ourcq. Un terrain d'une constitution particulière, d'un aspect semi-montagneux, sépare vers l'ouest le bassin de l'Epte et la vallée du Thérain : c'est le pays connu sous la dénomination de Bray. Les limites de ces différents plateaux sont tracés par des vallées et des mouvements de terrain très variés, très irréguliers, et qui ne peuvent guère être appréciés que sur la carte. La surface du département est généralement plane, bien qu'il offre, dans plusieurs cantons, à l'œil du voyageur, de nombreux coteaux séparés par des vallées et des cours d'eau. La chaîne la plus étendue et la plus constante dans sa direction, est celle qui sépare la vallée de Bray, et ensuite celle du Thérain, du bassin de l'Epte ; elle est même culminante de ce bassin. On peut suivre sa direction depuis Ste- Geneviève, vers le sud-est, jusqu'à St-Pierre-ès-Champs, et de là dans la Normandie, vers le nord-ouest. Cette chaîne constitue aussi la portion du département la plus élevée au-dessus du niveau de la mer.

#
Carte de l'Oise

Note

Les habitants de l'Oise


#
La cathédrale de Beauvais

Les habitants n'ont point, dans leur manière d'être, de traits généraux qui puissent constituer une sorte de physionomie morale de tout le département. Le patois picard aurait pu servir de ligne de démarcation avec les populations voisines ; mais il n'est usité que dans les cantons septentrionaux , et l'on sait d'ailleurs que ce patois se parle plus généralement dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais. On retrouve cependant, dans la population rurale surtout, des traces sensibles du caractère attribué aux habitants de l'ancienne Picardie. Les Picards se distinguent en général par une vivacité à eux particulière, qui se manifeste subitement et comme par explosion lorsqu'ils se croient violemment froissés dans leurs intérêts ou dans leurs affections. A cette exception près, leur existence paraît uniforme, froide et concentrée. Ils possèdent les qualités qui résultent de celle absence ordinaire d'émotions promptes. Ils sont persévérants, circonspects, laborieux, constants dans leurs idées, et inaccessibles à ce genre d'engouement que les nouveautés excitent souvent avec tant d'irréflexion en d'autres pays. Mais à côté de ces qualités, on remarque chez eux une grande disposition à l'opiniâtreté, à l'entêtement, et une force incroyable d'inertie pour résister à ce qui sort de leurs habitudes. La conservation des usages anciens et l’éloignement de toute innovation, semblent être des points de doctrine tacitement convenus qui n'admettent ni examen des choses actuelles, ni discussion des nouvelles idées. La tendance des individus est plutôt vers l'isolement que vers l'association. Une ignorance profonde domine dans les campagnes. Il est des points , en assez grand nombre, où l'on ne peut convenablement composer une administration municipale , faute d'individus qui possèdent les premiers éléments des connaissances humaines. Des recherches suivies avec exactitude ont fait connaître que les quatre cinquièmes de la population rurale ne savent ni lire ni écrire. On peut présumer par là combien de croyances absurdes et superstitieuses, combien de préjugés et de pratiques ridicules règnent dans l'esprit de cette population si retardée. On ferait un livre curieux de la narration de leurs pratiques, que d'ailleurs ils tiennent presque secrètes, pour le soin des malades, la culture de certaines plantes, l'éducation de quelques animaux, etc. Le sort des cultivateurs, dans les cantons peu favorisés de la nature, est à plaindre; à peine, par des travaux constants, peuvent-ils payer leurs impositions et soutenir une faible existence : l'artisan, le manouvrier sont infiniment plus heureux. Le régime des habitants des communes rurales est généralement sobre et frugal : leur pain est mêlé de seigle et de froment ; les légumes forment la partie principale de leur repas ; ils y joignent presque partout un peu de lard, et ne mangent d'autres viandes que les jours fériés. Le poisson de rivière, le laitage et les pommes de terre entre aussi en notable quantité dans la nourriture des paysans. Le cidre est la boisson la plus répandue. Ou boit du vin dans le petit nombre de cantons où la vigne est cultivée : il est ordinairement si mal fait, que c'est rarement une boisson saine. Les habitations rurales sont généralement construites en torchis et couvertes en chaume. Un peu d'argile mêlée avec du sable et de la paille hachée forme les murs qui soutiennent un toit couvert d'un chaume épais. La plupart de ces constructions n'ont qu'un rez-de chaussée; les pièces de l'intérieur sont basses, étroites, et ne reçoivent le jour que par une ou deux petites croisées dont la fixité trop fréquente ne permet pas toujours de renouveler l’air ; le sol lui-même, recouvert de décombres entassés et foulés, tient lieu de plancher : aussi une humidité pernicieuse règne-t-elle constamment dans ces chétives habitations ; l'air, qui pourrait seul les dessécher, n'y pénètre que peu ou point ,par les jours latéraux, et il y peut à peine arriver à travers l'épaisseur de la couverture eu chaume. On doit ajouter que les bâtiments sont assez ordinairement placés dans une situation malsaine : la cour se trouvant souvent au-dessus du niveau du sol de la maison du cultivateur, dont la porte d'entrée est obstruée par du fumier; les étables, les bergeries et les poulaillers ne sont séparés que par une mince cloison de l'appartement principal, et quelquefois chez les plus pauvres habitants une seule et même pièce abrite le propriétaire, sa famille et les animaux nécessaires à son exploitation. On conçoit aisément que de pareils logements soient des causes continuelles de maladies, qui ne tardent pas, lorsqu'elles se développent, à prendre un caractère pernicieux el épidémique. Les maisons de l'arrondissement de Sentis sont en général mieux et plus sainement bâties ; le chaume y cède peu à peu la place à la tuile, et même à l'ardoise. Les constructions des villages placés sur la traverse des grandes routes s'améliorent sensiblement aussi. Les jours de fêtes et les dimanches sont des jours consacrés au repos dans toutes les communes du département ; mais dans certains cantons les fêtes patronales de chaque village se célèbrent avec une pompe, avec une recherche, avec une dépense extraordinaires ; ou s'en occupe trois mois d'avance; les mères, les filles, la servante, le vitrier, le menuisier, soignent, préparent les meubles, l'intérieur, l'extérieur de la maison ; il n'est plus d'épargnes, de modération même dans les achats, dans les préparatifs que ces fêtes déterminent : les mets les plus recherchés sont prodigués aux parents, aux amis, aux étrangers qui s'y réunissent. Dans le tableau que fait Cambry de ces assemblées brillantes, on croit lire la description des noces de Gamache : les mariages s'y décident, les haines y disparaissent ; l'amour, et la gaieté, les transports, la danse, les bons mots, quelques chansons grivoises, une parure recherchée, des fleurs, tout embellit ces journées du bonheur; on n'est consolé de leur chute dans un village que dans l'espoir de les voir bientôt renaître dans un autre.
On appelle les mouillettes à Beauvais une espèce de repas qui se fait après la célébration du mariage à l'église ; on présente aux nouveaux époux un vase de vin ; le marié y trempe un morceau de pain, et prend la première bouchée; sa femme mange la seconde; ils boivent alternativement dans la même coupe en signe de communauté de bien et de mal ; les parents répètent la même scène, s'occupant gaiement de l'alliance qu'ils contractent. On sait quelle est l'antiquité de cet usage dans les Gaules. On célèbre encore dans les faubourgs de Beauvais ce qu'on appelle le repas des obsèques. Après avoir rendu les derniers devoirs à celui qui n'est plus, on se réunit chez lui ; les parents ont fait servir une collation frugale, au milieu de laquelle ou rappelle toutes les vertus et les bonnes qualités de celui qu'on regrette; ses défauts sont palliés. Que de haines s'éteignent, que de refroidissements cessent dans ces religieuses assemblées. ! On-célébrait encore il y a quelques années dans la commune de Chambly une fête nommée le Boisourdy ou la Folie. Le premier dimanche de. carême des jeunes gens, montés sur des chevaux chamarrés de rubans, se rendaient dans un bois de soixante perches, donné il y a cent ans pour cet usage par un des partisans de cette fête ; on y coupait des bois qu'on portait sur la place de Chambly, on y mettait le feu, on buvait, on dansait, el on s'égayait jusqu'à la foire du lendemain. Dans le canton de Grandvilliers, à Hétomesnil, et dans presque toute la Picardie, un usage assez singulier se pratique le jour du mariage : l'époux ne se met point à table ; il sert tous les plats, et ne peut manger que debout ; pendant cette première journée il porte le nom de Cher : l'épousée, placée au milieu de la table, est environnée des anciens du village, sans mé- - lange de jeunes gens ; le plus proche parent de l^poux se charge de la mariée, il ne peut la laisser seule sous peine d'amende : si quelqu'un est assez adroit pour prendre le soulier de la belle sans que le gardien s'en aperçoive, l'époux est obligé de le racheter, et le prix qu'il en donne sert à payer de l'eau - de - vie. On reconnaît dans cet usage, déguisé par la civilisation et le catholicisme, l'usage ancien de quelques parties de la Gaule, des vieux Samnites, etc., qui tentaient le jour du mariage d'enlever la mariée elle-même à son époux, et qui s'en faisaient payer cher la rançon. A Plailly les mariages se font assez lestement; le garçon apporte au ménage le pétrin, la table et la couchette 4 la fille fournit le lit de plumes, le ciel de lit, la couverture, et deux ou trois paires de' draps; les mariés prennent en commun un logement de 20 à 30 francs, et tout leur ménage est formé. L'ancienne coutume de la Gaule entière de placer au commencement de mai des fleurs et des couronnes à la porte de sa maîtresse subsiste encore dans la plupart des communes. Le premier jour de mai les jeunes gens vont aussi planter des bouleaux à la porte de leurs maîtresses ; s'ils veulent rompre avec elles, ils substituent un sureau, signe de mépris, au bouleau, emblème de leur amour. Un usage très singulier se pratiquait avant la révolution à Feuquières et dans presque toute la Picardie : une fille. le jour de ses noces, était obligée de faire preuve de sa virginité en mettant sur la tête un ruban ou une petite relique, que les prêtres ne permettaient pas de porter à celle dont ils connaissaient les désordres ; celle-ci était réduite à se marier la nuit.

La rive gauche de l'Oise présente une suite de coteaux dont quelques- uns sont célèbres par la vue immense qu'on découvre de leur sommet. Ce vaste horizon est cependant moins le résultat de leur élévation absolue, que de leur prédominance au-dessus de terrains d'alluvion naturellement plais. La montagne de Verberie, souvent citée parce qu'elle se trouve sur la route de Paris à Compiègne, ne dépasse pas 160 mètres d'élévation, et la forêt de Hallate, en face de Pont-Ste- Maxence, n'est élevée-que de 146 mètres La profondeur des vallées séparées par les différentes chaînes de collines qu'on vient d'énumérer, varie entre 60 et 90 mètres .L'arrondissement de Beauvais présente, au nord, une grande plaine cultivée en céréales ; à l'ouest, entre la vallée de Bray et celle du Thérain, un pays tourmenté, consacré principalement à l'éducation des bestiaux. Le midi de l'arrondissement offre des plateaux inclinés, consacrés aussi à la culture des céréales ; les parties sablonneuses sont boisées. L'arrondissement de Clermont présente, comme celui de Beauvais, au nord, une grande plaine fromenteuse ; au sud, des coteaux sablonneux boisés et des plateaux d'excellente terre végétale. Le sable et l'argile dominent dans une grande partie de l'arrondissement de Compiègne, et surtout aux environs de Noyon, dont tous les environs sont partagés en vallées et en collines. Cet arrondissement est très-boisé. L'arrondissement de Senlis offre, au nord, de vastes plaines consacrées exclusivement à la culture des grains ; au nord et à l'ouest, un sol sablonneux couvert de forêts ; au sud , des plaines de sables arides ou occupées par des bois médiocres.
Le département de l'Oise renferme de belles el vastes forêts qui occupent environ la sixième partie du sol, parmi lesquelles on distingue celle de Compiègne, contenant environ 14,000 hectares ; celle d'Ermenonville, de 5,152 hectares. ; celle d'Hallate, de 4,267 hectares.; celle de Chantilly, de 3,500 hectares.; celle de la Neuville-en- Hez, de 2,500 hectares.; celle de l'Aiguë, de 3,000 hectare.; el celle du Lys, ayant environ 1,295 hectares.
La plupart de ces forêts sont sur le sable; le chêne, le hêtre, le charme, le tremble et le bouleau en forment les principales essences. Tout le reste du département, de nature calcaire, est consacré à la culture des céréales et de quelques parties de vignes, dont la .quantité diminue chaque année. Le territoire est cultivé avec soin, et cependant avec une grande diversité dans le mode de culture et dans la quantité des produits : ceux-ci dépassent d'un cinquième, terme moyen, les besoins de la population totale du département.
L'Oise; principal affluent de la Seine prend sa source en Belgique, à 309 mètres d'altitude dans le massif forestier dit Bois de Bourlers. L'Oise se jette dans la Seine à 20 mètres d'altitude, précisément rive droite à Conflans, en aval du centre de la commune de Conflans-Sainte-Honorine dans le département des Yvelines. L'Oise a donné son nom aux départements de Oise et de l'ancienne Seine-et-Oise créés en 1790 ainsi qu'au département du Val-d'Oise créé en 1968.
L'Oise, rivière navigable, fait la jonction avec le nord du bassin parisien jusqu'au contrefort des Ardennes. Une antique et intense activité de transport est renforcée dès l'époque classique par l'aménagement de canaux et de routes parallèles. L'essor de la navigation sur l'Oise est un modèle européen de développement au XIXème siècle. Les apports pondéreux des pays miniers du Nord valorisent sa vallée et entrainent le prodigieux essor de la ville de Creil, à l'instar de la basse vallée. La rivière Oise est indissociable d'une riche histoire de la batellerie. Le musée de Conflans-Saint-Honorine en témoigne.


Histoire de l'Oise


#
Carte de l'Oise
Note

Carte d'identité

#
Chateau de Compiègne


Oise (60)
Région Picardie

Préfecture : Beauvais
Sous préfectures :
Clermont
Compiègne
Senlis

Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Adresse des offices du Tourisme de L'Oise
Le patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.

Gentilé : Oisiens, Isariens
Population : 828 838 hab. (2021)
Densité : 141 hab./km²
Superficie 5 860 km2 Subdivisions :
Arrondissements : 4
Circonscriptions législatives : 7
Cantons : 21
Intercommunalités : 21
Communes : 679

Le territoire du département de l'Oise fut primitivement habité par les Bellovakes, les ,Silvanectes et les Veromandues. Ces peuples prirent deux fois part au soulèvement de la Gaule contre César, qui, dans ses Commentaires, vante leur courage et "leur habileté. Vaincus sur le territoire des Rèmes, en 57, ils perdirent leur capitale, Bratuspandium (Beauvais ou Breteuil). Cinq ans plus tard, ils se donnèrent pour chef le Bellovake Corrée, dont la mort héroïque rendit les Romains maîtres du pays, qui, subjugué, mais non soumis, pendant longtemps encore résista à leur domination, en l'an 29, avec les Trévires, et plus tard avec les Belges. Après ces vaines tentatives Rome introduisit dans le pays définitivement conquis son administration, et, si les sauvages habitants de cette partie de la Gaule-Belgique perdirent quelque chose du courage farouche de leurs ancêtres, ils reçurent en échange les bienfaits de la civilisation.

Vue de Beauvais

De vastes terrains furent défrichés, les forêts s'éclaircirent, les villes s'élevèrent. Il reste aujourd'hui des traces des immenses travaux entrepris par les Romains dans cette contrée c'est une voie qui traverse le département et qui porte le nom de chaussée Brunehaut, parce que, dans la suite, elle fut réparée par cette reine d'Austrasie. Dioclétien comprit le territoire des Bellovakes dans la IIème Belgique. Leur principale ville, qui longtemps avait porté le nom de Cœsaromagus et qui était une des plus importantes stations de la voie romaine qui unissait Rothomagus (Rouen), Ambiani (Amiens) et Parisii (Paris), eut le nom de Civitas Bellovacorum, avec le droit de cité. Dans la suite, on la désigna sous le nom de Bellovacum (Beauvais). Le christianisme y fut porté dans le 1ersiècle de l'ère chrétienne par saint Lucien, fils, disait-on, d'un sénateur romain du nom de Lucius, que saint Pierre avait converti. Ce premier apôtre du Beauvaisis avait deux compagnons, saint Maxien et saint Julien, qui souffrirent avec lui le martyre. Il paraît que la foi chrétienne s'établit difficilement dans cette contrée ; car, pendant les trois premiers siècles un grand nombre de ceux qui s'étaient convertis y subirent de fréquentes persécutions.

#
Carte touristique de de l'Aube

À cette même époque, le pays des Bellovakes eut beaucoup à souffrir des premières invasions des barbares en Gaule ; Dioclétien avait donné à cette partie de l'empire, pour la gouverner, Constance-Chlore avec le titre de César. Les Francs et les Alamans firent des invasions si fréquentes que toute l'ancienne Belgique fut en grande partie dépeuplée (292-305) ; il fallut que ce César, pour repeupler la contrée, autorisât, à l'exemple de l'empereur Probus, des colons germains à s'y établir. Lorsque survinrent en Gaule les grandes invasions des Francs, cette partie septentrionale fut la première conquise, elle vit, vers 430, le chef de la tribu Salienne, Clodion le Chevelu franchir la Somme et promener ses bandes dévastatrices au midi de cette rivière ; mais Clodion fut chassé par le patrice Aétius, et c'était à Clovis qu'il était réservé de s'établir définitivement entre le Rhin et la Seine. Le patrice Syagrius, faible représentant des empereurs en Gaule, fut vaincu à Soissons en 486. Sa défaite entraîna la soumission du pays d'entre Rhin et Seine, et par conséquent de la contrée du Beauvaisis. Cette partie des États de Clovis passa en héritage à son fils Clotaire, qui fut roi de Soissons en 511 ; celui-ci la laissa à Chilpéric 1er, époux de Frédégonde (561 à 584). Au temps de Clotaire II, la fille de l’un des principaux seigneurs du royaume fonda aux environs de Beauvais, à Oroër (Oratorium),une abbaye qui est devenue célèbre Angadresme, fille de Robert, chancelier du roi, était recherchée en mariage par un seigneur du Vexin, Ansbert; mais elle préféra, à une position brillante, la retraite obscure et pieuse d'Oroër. Ansbert, de son côté, touché de la grâce divine, se consacra au service du Seigneur et devint par la suite archevêque de Rouen. Angadresme, mise au nombre des saintes, pour sa vie pieuse, est devenue la patronne de Beauvais. Le Beauvaisis se trouvait sur les frontières de la Neustrie et de l'Austrasie ; il fut donc souvent le théâtre de la lutte des Austrasiens et des Neustriens, sous les maires Ebroïn et Pépin d'Héristal. Sous les règnes de Pépin le Bref et de Charlemagne, plusieurs années de paix et de prospérité vinrent réparer les maux occasionnés par les guerres désastreuses qui avaient, sans interruption, désolé le pays pendant le cours de la première race; des gouverneurs, placés sous la surveillance des legati et des missi dominici furent donnés aux diverses parties de l'empire, et le territoire du département de l'Oise fut partagé en différents pagi, qui portèrent les noms de leurs principales villes, et qui étaient administrés par des comtes et des barons. Ils n'étaient d'abord que simples gouverneurs et représentants de l'autorité impériale ; mais ils se rendirent indépendants sous les faibles successeurs de Charlemagne et reçurent de l'un d'entre eux, Charles le Chauve, en 877, la confirmation de leur usurpation et possédèrent alors ces fiefs à titre héréditaire. En même temps que la féodalité commencent les ravages exercés par les pirates normands dans toute la Gaule et en particulier dans le pays des anciens Bellovakes; au milieu du IXème siècle, Hastings, qui, bien que né en Gaule, s'était joint aux Normans et était devenu un de leurs chefs les plus célèbres, pénétra dans le Beauvaisis après avoir brûlé, près de Paris, l'abbaye de Saint-Denis, et détruisit les monastères de Saint-Oroër et de Saint-Germer. À cette période du moyen âge, l'histoire du département se divisé forcément en trois parties ; la première, qui concerne le Beauvaisis, sera suffisamment traitée à l'article consacré spécialement à la ville évêché comté de Beauvais; des deux autres, l'une comprend le Valois, dont les villes principales étaient Senlis et Crépy, et l'autre la ville de Clermont, qui eut des comtes particuliers. Le Valois, pagus Vadensis, s'étendit, sous les deux premières races, aux territoires de Senlis, Soissons, Crépy, Meaux et Reims sa capitale était Crépy, et il en prit souvent le nom de Comitatus Crispeius, Crispeiensis, Crispeicus; une partie de ce pays appartient aux départements qui avoisinent l'Oise. Cependant nous donnerons ici le nom de ses principaux comtes, dans l'impossibilité où nous sommes de scinder son histoire et en considération de Crépy, sa capitale. Un comte du nom de Pépin, frère du puissant comte de Vermandois, Herbert, en reçut l'investiture sous le règne du roi Eudes, successeur du faible Charles le Gros, qui avait été déposé en 887, à la diète de Tribur. Après lui le Valois passa à une famille étrangère. Le comte Raoul Il partagea, vers 1040, ses États entre ses deux fils, Raoul III le Grand et Thibaut III, qui fut comte de Blois. Le vaste château de Crépy fut séparé en deux parties ; Raoul reçut l'habitation avec ses dépendances, et Thibaut le donjon. Après la mort du roi Henri Ier, Anne de Russie, veuve de ce prince, se retira dans le monastère de Senlis ; Raoul l'y vit et résolut de l'épouser ; Anne y consentit. Raoul était marié et il fit accuser d'infidélité sa femme Éléonore, divorça et célébra publiquement son nouveau mariage en 1052. Mais l'épouse répudiée recourut au pape, qui fit faire, par les archevêques de Reims et de Rouen, une enquête dont le résultat fut favorable-à Éléonore. Sommé de répudier Anne, le comte Raoul s'y refusa il fut excommunié et n'en persista pas moins dans sa faute. Une version généralement accréditée fait retourner Anne de Russie auprès de son père, après la mort du roi, son mari. Celle que nous reproduisons a été adoptée par les savants bénédictins de Saint-Mauret le P. Ménétrier. Le fils de Raoul, Simon (1074), fut assez puissant pour combattre le roi de France et lui reprendre quelques places que celui-ci lui avait enlevées. Deux années après avoir succédé à son père, le comte Simon fit transporter la dépouille du grand Raoul de la ville de Montdidier au monastère de Saint-Arnould de Crépy. Présent à l'exhumation du cadavre, il fut si vivement frappé de ce spectacle, qu'il résolut de quitter toutes les pompes de la vie et de se consacrer à Dieu. Vainement ses amis, pour lui faire oublier cette résolution et resserrer les liens qui l'attachaient au monde, lui firent prendre une femme ; il consentit à épouser Judith, fille d'un comte d'Auvergne. Mais la nuit même de leurs noces les deux époux convinrent de se séparer et d'aller vivre tous deux dans la retraite. Simon partit avec trois compagnons, les plus vaillants chevaliers de sa cour, qu'il avait convertis, et se rendit au monastère de Sainte Claude puis dans les gorges du Jura, défrichant et fertilisant des terres jusque-là incultes. Simon fit passer le Valois dans la maison de Vermandois ; ce comté y demeura jusqu'à l'époque de sa réunion à la couronne, par Philippe-Auguste, en 1214. Le roi saint Louis accorda, en 1224, le Valois à la reine Blanche, sa mère. Cette grande princesse étant morte en 1252, à l'abbaye de Mlaubuisson, près de Pontoise, le Valois fut réuni de nouveau à la couronne. Mais, deux ans avant sa mort, saint Louis l'aliéna encore en faveur de son quatrième fils, Jean Tristan, comte de Nevers, qui, né à Damiette pendant la première croisade du saint roi son père, mourut, ainsi que celui-ci, en 1270, pendant la seconde. Le Valois rentra donc de nouveau dans le domaine royal à l'avènement de Philippe le Hardi. Celui-ci le donna en 1285 à Charles, son deuxième fils, qui fut la tige des rois de France de la branche des Valois. Cependant le Valois ne fut pas réuni à la couronne en 1328, à l'avènement de Philippe VI. Ce prince le donna en apanage à son cinquième fils Philippe, qui s'était distingué à la bataille de Poitiers, et qui fut l'un des otages envoyés en Angleterre pour la délivrance du roi Jean. À sa mort, en 1375, le Valois rentra au domaine royal ; mais la roi Charles VI l'en détacha pour le donner, en 1392, à son jeune frère Louis d'Orléans, en faveur duquel il l'érigea, en 1406, en duché-pairie. Les contrées qui composent le département de l'Oise eurent grandement à souffrir des désordres du malheureux règne de Charles VI. Déjà, sous les rois Philippe VI et Jean le Bon, elles avaient été ravagées par les bandes de paysans soulevés qui prenaient le nom de Jacques. La jacquerie était sortie, selon une tradition locale, du village de Frocourt-en-Beauvaisis. Les Jacques avaient pillé un grand nombre de villages et la ville de Senlis, lorsqu'ils furent atteints et défaits par le dauphin Charles, depuis Charles V, alors régent pour son père, prisonnier en Angleterre. Le soulèvement se porta plus loin vers le Midi mais les misères de toute sorte et les dévastations de la guerre étrangère jointes à la guerre civile dépeuplèrent ce malheureux pays, comme au temps des premières invasions des barbares. Le duc de Bourgogne entra dans les campagnes de l'Oise et les dévasta, pendant la sanglante rivalité des Armagnacs et des Bourguignons ; puis, après la victoire d'Azincourt (1415) les Anglais s'emparèrent du Beauvaisis et du Valois. Cette partie de la France fut reconquise par Charles VII vers 1430. Jeanne d’Arc, après avoir fait le siège d'Orléans et remporté la victoire de Patay, poursuivit les Anglais jusqu'au-delà de l'Oise, les atteignit à Gerberoy et les battit de nouveau en 1430 Les Anglais ne renoncèrent cependant pas à leurs tentatives sur le Beauvaisis. Vers 1436, ils se saisirent, dans Beauvais même, par un coup de main habile, du fameux capitaine La Hire, pendant que celui-ci jouait à la paume, et Charles VII fut obligé de leur donner Clermont pour la rançon de son général. Nous retrouverons leurs diverses entreprises à l'histoire particulière des villes. Il est bon, avant de passer à l'histoire des temps modernes, de dire quelques mots des comtes de Clermont. Le premier qui soit connu portait le nom de Renaud ; il fut un des chefs de l'armée conduite en 1054 par Eudes, frère du roi Henri 1err, contre Guillaume le Bâtard, duc de Normandie. Les Français furent battus, et le comte Renaud ne trouva son salut, dit Orderic Vital, que dans la vitesse de ses pieds. Hugues Ier et Renaud II lui succédèrent. Le fils de ce dernier Raoul Ier, reçut du roi Louis VII la dignité de connétable de France. Il eut plusieurs démêlés avec le chapitre de Beauvais et fut excommunié deux fois ; mais il racheta ses fautes en accompagnant en terre sainte, à la troisième croisade, en 1189, les rois Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion. Son petit-fils Thibaut le Jeune mourut sans enfants, et Philippe-Auguste, toujours prêt à mettre à profit les occasions d'agrandissement, réunit le comté de Clermont à la couronne. Le roi de France disposa de cette acquisition, vers 1218, en faveur d'un fils, Philippe Hurepel, qu'il avait eu d'Agnès de Méranie. Ce dernier, qui fut aussi comte de Boulogne, le laissa à une fille, à la mort de laquelle saint Louis réunit de nouveau Clermont au domaine royal (1258). Mais, en 1269, il s'en défit en faveur de son sixième fils Robert, après lequel le comté de Clermont passa à la maison de Bourbon (1318). Robert de France eut pour bailli dans son comté le célèbre Beaumanoir, qui, en 1283, recueillit et rédigea les Coutumes de Beauvaisis, « le premier, dit Loysel, le plus grand et plus hardie œuvre qui ait été composé sur les coutumes de France. » Pendant les guerres de Louis XI avec les derniers grands vassaux, le Valois et le Beauvaisis furent envahis par le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Il sera question plus loin de l'héroïsme des femmes de Beauvais (1472). Les rois Louis XI et Charles VIII témoignèrent leur reconnaissance aux fidèles sujets du Beauvaisis en leur accordant, à plusieurs reprises, d'importants privilèges. En 1474, Louis XI donna à Beauvais une somme de 972 livres pour faire construire une chapelle à Notre-Dame. L'année suivante, le chapitre de cette ville reçut 3 000 livres pour acheter la seigneurie de Rotangis ; puis, en 1477, en récompense d'un prêt de 600 écus d'or, les habitants furent investis du droit, qui leur avait été enlevé depuis peu de nommer leur maire. La peste sévit dans la contrée qui nous occupe vers cette époque ; mais les ravage, qu'elle causa furent peu de chose, en comparaison des misères que les querelles de religion entraînèrent dans le siècle suivant.

Le Château de Chambord
Hotel de Ville de Copmpiègne

En 1586, l'état des campagnes était des plus misérables ; une disette cruelle s'était jointe aux oppressions du pouvoir et aux brigandages des gens de guerre ; la population, sans ressources et affamée, se formait par bandes, qui s'en allaient la nuit dans les villages et s'emparaient du peu de blé que possédaient les malheureux paysans. Après les guerres de religion vinrent celles de la Ligue, à laquelle prirent part les villes, puis vinrent les troubles de la minorité de Louis XIII; la peste exerça de cruels ravages, en 1629 et 1635, dans toute la contrée qui s'étend d'Amiens à Beauvais. La Fronde causa de nouvelles agitations. Le XVIIIème siècle ne fut pas exempt de misères épidémies, disettes, troubles intérieurs. La Révolution survint, et ses premières réformes furent accueillies sans scènes de violence. La classe bourgeoise se montra dévouée à la Constituante, et ce parti modéré exerça dans les villes une grande influence. La condamnation de Louis XVI jeta la consternation dans Beauvais ; deux commissaires de la Convention, Mauduit et Isoré, furent envoyés dans cette ville et, au moment de l'insurrection de la Vendée, levèrent, dans l'Oise, un bataillon de 800 hommes, qu'ils firent marcher contre le département royaliste. Collot d'Herbois vint à son tour à Beauvais ; de cette ville il se rendit à Senlis, où il promulgua un arrêté contre les parents de nobles et d'émigrés. Cependant la Terreur révolutionnaire ne fit pas, dans le département, beaucoup de victimes. Pendant l'invasion de 1814, les habitants, animés d'un noble sentiment de patriotisme, prirent les armes et se portèrent à la rencontre de l'ennemi. L'époque impériale, la Restauration et les dix-huit années du gouvernement du roi Louis-Philippe rendirent à l'Oise le calme et la prospérité qui semblaient avoir fui ses laborieux habitants. Mais, pendant la guerre de 1870-1871,le département fut un des premiers envahis; il eut beaucoup à souffrir de la présence d'un ennemi implacable.



Beauvais


Une rue de Lannion
La porte d'entrée du Palais de Justice

L'église Saint-Étienne, située près de la Grand-Place, est achevée aux alentours de 1220, et peu après, s'ouvre le chantier de la cathédrale gothique.
En 1225, l'évêque-comte Milon de Nanteuil lance le projet de ce qui deviendra le monument emblématique de Beauvais : la cathédrale Saint-Pierre. Cette œuvre gigantesque doit surpasser en hauteur les cathédrales de toutes les villes voisines. Splendeur gothique, elle surpasse de ses 48 mètres tout ce qui avait été fait auparavant. Le chœur et le bas-côté oriental du transept sont achevés en 1272. En 1284, les parties hautes des travées droites du chœur s'effondrent. La reconstruction dure jusqu'au milieu du XIVème siècle, mais les travaux s'arrêtent pendant la guerre de Cent Ans. Le transept, chef d'œuvre de l'architecture flamboyante, est réalisé au XVIème siècle par l'architecte Martin Chambiges sous l'impulsion du comte-évêque Louis de Villiers de L'Isle-Adam. Une immense flèche de plus de 150 m de hauteur est érigée par la suite à la croisée du transept, au lieu de construire une nef qui permettrait de consolider le monument. Mais, à peine terminée, la flèche s'écroule en 1573. La nef ne s'est jamais réalisée, faute de fonds. L'église mesure 72,50 m de longueur pour une hauteur de voûte extraordinaire de près de 48,50 m, les plus hautes de l'architecture gothique en Europe. Même inachevé, l'édifice reste un des hauts lieux du patrimoine religieux.
En 1472, Charles le Téméraire, fait, sans succès, le siège de Beauvais. La conduite de Jeanne Hachette pendant ce siège est restée célèbre. Le roi Louis XI accorde, par ses lettres patentes, les privilèges de la ville, notamment ceux des femmes et des filles.


Clermont


Le château de Pierrefond
Le château de Pierrefond

La première mention historique date de 1023 : Beaudoin "de Claromonte" est cité comme témoin parmi les grands du royaume, réunis à Compiègne, dans un acte portant association de prières et reconnaissance de biens passés entre Garin, évêque de Beauvais, et Leudin, abbé de Saint-Vaast d'Arras. Guibert, abbé de Nogent-sous-Coucy, dans sa curieuse autobiographie, "De Vita Sua", raconte que toute l'université de Clermont résidait dans la chambre de son pédagogue : il cite son jeune frère, comme "eques et municeps Clarimontis castri", (chevalier et citoyen du château de Clermont), et nous apprend qu'il faut lui-même doté d'une prébende de la Collégiale, qu'il ne paraît pas avoir occupée d'ailleurs. Jusqu'au milieu du XVIIème siècle, l'histoire de la ville ne fut qu'une suite ininterrompue de guerres et de pillages.
Clermont joua un rôle important pendant la Jacquerie (1358); la dernière rencontre entre les Jacques et les Seigneurs eut lieu entre Nointel et Catenoy, au lieu-dit le Champ de Bataille; d'après Froissart, Guillaume Cale aurait eu la tête tranchée sur la Grand-Place de Clermont; trois bourgeois, Pierre le Cirier, Jean Alliaume et Henri du Breuil reçurent des lettres de rémission pour avoir pillé pendant cette période le château d'Ermenonville. En 1359, le captal de Buch s'empara de Clermont, qui, d'après Froissart, était "une grosse ville nient fermée" avec un bon château; il la garda trois ans. Les Anglais, en 1420, "boutèrent le feu et ardèrent le faubourg Saint-André, où il y avait moult maisons et de notables édificess.
Le maréchal de Boussac tenta vainement en 1430 de prendre le château, défendu par Jean de Crèvecoeur; Thomas Kyriel s'y installa l'année suivante; le château fut ensuite pris et repris par d'Offémont et la Hire.
Pendant les guerres de religion, Clermont se déclara pour la Ligue. En aout 1589, Henri IV s'empara du château, qui fut ensuite repris par Charles de Mayenne; après un nouveau siège, le capitaine la Grace, signait le 26 septembre 1590, devant Henri IV, une capitulation dont le texte a été conservé. La ville fut pillée ensuite pendant dix-sept jours.


Compiègne


Compiègne vue des berges de l'Oise

Vieux terroir fréquenté depuis la plus haute antiquité, seule la présence d'une villa royale mérovingienne et la volonté de l'empereur Charles le Chauve de créer une Carlopolis, rivale d'Aix-la-Chapelle, expliquent la naissance de Compiègne à la fin du IXème siècle.
L'amour de la chasse conduira pratiquement tous les souverains, jusqu'à Napoléon III, à séjourner dans ses murs. Elle conservera toujours ce double rôle de lieu de détente en même temps que de siège du pouvoir.
Fondée de l'empereur Charles, l'abbaye Saint-Corneille reste au cœur de l'histoire de Compiègne jusqu'à la Révolution. La richesse de ses reliques, saint Suaire, Voile de la Vierge, dépouilles des martyrs saint Corneille et saint Cyprien, incite les pèlerins à visiter l'abbaye.

Une rue de Lannion
L'Hôtel de Ville de Compiègne
Hôtel de ville de Compiègne
L'Hôtel de ville de Compiègne est d'après Violet le Duc le plus beau monument d'architecture civile du Nord de la France. Construit dans le style gothique finissant sous le règne de Louis XII au XVème siècle, sa partie supérieur est surmonté d'une beffroi haut de 47,30 mètres. Il contient la cloche communale, la «Bancloque» datant de 1303; les «picadins» ou «Jaquemarts» au nombre de trois l'Anglais, l'Allemand et le Bourguignon, en uniforme de l'époque de Francois Ier «piquent le temps» de leur maillet, réglant depuis quatre siècles la vie de la cité.

La foire du Mi-Carême, fait le renom et la richesse de la ville. Située sur la rive gauche de l'Oise, au débouché du confluent de l'Aisne, Compiègne occupe une position géographique enviable qui l'a amenée à jouer un rôle stratégique et militaire important. Dès l'origine, elle est une place forte ceinte de remparts et de fossés, compiègne est le point de passage vers le Nord et les Flandres durant tout le Moyen Age. Les guerres qui déchirent le royaume de France font d'elle un enjeu, parfois essentiel.
Durant la Grande Guerre, Compiègne, à l'arrière immédiat du front, devient le grand hôpital des troupes alliées et accueille le Grand Quartier général d'avril 1917 à mars 1918.
Le 11 novembre 1918, l'Armistice est signée dans un wagon de la Compagnie Internationale des Wagons Lits dans la clarière de Rethonde sur le territoire de Compiègne. Après l'armistice du 22 juin 1940, signé dans ce même wagon, il est dynamité sur ordre d'Adolph Hitler.




Senlis


Cathédrale Notre-Dame de Senlis #

La première mention d'un comté de Senlis date de 823. Plusieurs indices montrent que le château royal existe au plus tard vers le milieu du IXème siècle : en 854, le trésor royal se trouve à Senlis, et Charles le Chauve a daté de nombreuses chartes de Senlis32. Le comte Bernard de Senlis n'ayant pas d'héritier, la ville entre dans les possessions d'Hugues Capet au plus tard en 981, où il aurait été élu roi par ses barons en 987 avant d'être sacré à Noyon. La construction de la première cathèdrale de Senlis commence à la fin du Xe siècle 33. Sous les Capétiens, Senlis est une ville royale, demeure des rois de France, d’Hugues Capet à Charles X. Au XIème siècle, Senlis semble être une ville d'une certaine importance, avec son château royal, le siège d'un diocèse, une cathédrale, au moins trois autres églises paroissiales, trois abbayes, dont Saint-Vincent refondée en 1065 par Anne de Kiev. La cathédrale Notre-Dame de Senlis nait à partir de 1154 sous l'impulsion du roi Louis VII. En 1170, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem établit une commanderie, un hôpital et une église à Senlis. Cet ordre était un gros propriétaire immobilier dans la ville, avec jusqu'à cent-trente maisons dans son actif, qui en partie existent toujours. Une charte communale est accordée à la ville en 1173 par le roi Louis VII, affranchissant les habitants de la ville et les soumettant à la justice de cette dernière, qui n'a plus de comptes à rendre qu'au roi directement. L'inconvénient sont les redevances envers les différents seigneurs locaux dont la municipalité doit désormais s'acquitter afin qu'ils renoncent à leurs droits et respectent la charte. Le statut avantageux des habitants fait que des personnes venues d'ailleurs viennent s'y installer. Les affaires de la ville sont réglées par le maire et les magistrats municipaux ; la confirmation du roi n'est requise que dans des rares cas.

Une rue de Lannion

Le Château de Chantilly.
Le château se compose du Petit château, construit vers 1550 par Jean Balland pour le connétable Anne de Montmorency et du Grand Château, élevé de 1876 à 1882, sur les plans de Daumet. Les jardins ont été dessinés, pour le Grand Condé, par Le Notre, qui, à grand frais, y amena les eaux. Chantilly doit un autre célébrité à ses courses de chevaux : c'est le Newmarket français, le grand centre de dressage et d'entrainement des chevaux de course français.

Sous Philippe-Auguste, la construction d'une nouvelle enceinte est entamée, entourant les principaux quartiers de la ville à son achèvement en 1287. En 1232, la chapelle Saint-Étienne est érigée en paroisse, et la ville en compte désormais huit. Comme symbole de sa liberté, Senlis dispose d'un beffroi, construction mince et élancée, haute de vingt-six mètres, implantée à l'angle de la place de la Halle avec la rue Saint-Jean (démolie en 1802). Senlis connait son apogée aux XIIème et XIIIème siècles. Elle vit du commerce de la laine, du cuir et de la fourrure. Une comparaison des plans de Senlis et de Paris au XIIIème siècle suggère que Senlis est alors plus grande que la capitale. Plusieurs halles spécialisées témoignent d'une intense activité marchande. Les moulins à eau se multiplient sur la Nonette, avec une dizaine de l'abbaye de la Victoire jusqu'à Saint-Nicolas-d'Acy. La viticulture se développe, le sol sablonneux autour de la ville lui étant jugé favorable. Il paraît même que cette culture était la plus importante dans les environs immédiats de Senlis.

Le Château de Chambord
Une ferme du côté de Gerberoy

Vers 1265, le bailliage de Senlis est créé, son territoire très vaste recouvre le Beauvaisis et le Vexin français.
Dès la fin du XIIème siècle, la situation financière de la commune devient préoccupante, avec des charges trop importantes mais aussi des malversations récurrentes, et en 1319, la commune criblée de dettes est supprimée sur la demande de la majorité des habitants.
Des atournés remplacent le maire, officiant sous l'autorité du bailli mais élus annuellement par les habitants en assemblée générale. Dans les faits, fort peu de choses changent, sauf que la ville ne s'autogouverne plus que grâce à la tolérance du bailli qui ne veut pas s'occuper directement des affaires de la ville. Senlis se transforme de plus en plus d'une ville commerçante vers une agglomération d'établissements religieux, le nombre de monastères atteignant les six, sans compter les hôpitaux et les chapitres. Ces établissements occupent beaucoup de place et rachètent des maisons de particuliers pour s'agrandir. La Guerre de Cent Ans commence à se ressentir à Senlis avec la grande Jacquerie, et la ville est attaquée par les nobles le 11 juin 1358, mais les habitants se défendent avec succès.
En septembre 1417, Senlis se fait persuader par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, de rejoindre son camp. Fin 1417, les bourguignons prennent aisément possession de Senlis. L'année suivante, le roi Charles VI confie à Bernard VII d'Armagnac la mission de reconquérir la ville rebelle. Senlis est assiégé fin avril 1418 et accepte une reddition moyennant la livraison de six otages volontaires à l'armée attaquante. Mais le secours arrive à la dernière minute. En colère, d'Armagnac fait décapiter quatre otages, et les Bourguignons font de même avec vingt soldats des Armagnacs. Les armées se retirent. Les capitaines des Bourguignons rejoignent le camp du roi, clamant que s'ils ont combattu les Armagnacs, ils seraient toujours fidèle au roi ; tournant donc le dos à leur ancien chef Jean sans Peur qui de toute façon n'était pas présente lors des combats.
Ainsi, la paix peut s'installer à Senlis, toute relative, car autour de la ville, les troubles continuent. Pour fuir les impôts prélevés afin de financer sa reconstruction, de nombreux citoyens s'installent ailleurs. L'économie est ruinée, et les champs ne sont plus labourés. Début 1425, Senlis est rançonné par les Anglais. Du 14 au 15 août 1429, la bataille de Montépilloy a lieu dans les environs. La trève entre [Entrée du château de Montepilloy près Senlis Charles VII et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, est signé en 1431 lors d'états généraux convoqués à Senlis. En 1493, le roi Charles VIII, fils de Louis XI, signe le traité de Senlis avec le duc de Bourgogne Maximilien d'Autriche. Au XVIème siècle, Senlis assure un rôle judiciaire important, accueillant plusieurs juridictions, bailliage, élection, grenier à sel ou eaux et forêts. Mais en 1582, la création du bailliage et présidial de Beauvais, puis les Guerres de Religion donnent un nouveau coup d'arrêt à son redressement. Les épidémies de peste à répétition - en 1564, 1580, 1582, 1583, 1584 et 1585 - mettent la ville à l'épreuve ; pendant le Moyen Âge, il n'y avait eu qu'une seule épidémie, en 1334 - 3854. Durant les troubles religieux, Senlis fait figure de modèle de concorde malgré la présence de protestants et des voisins qui succombent à la violence (massacres à Paris et à Meaux en 1572).
En 1567, la ville échappe de peu à une attaque par une armée composée de réformistes français et allemands qui campent à Saint-Denis, Creil et Beaumont-sur-Oise. C'est en commençant par Senlis que Henri IV parvient progressivement à rallier la plupart des villes derrière lui, à plus forte raison depuis son abjuration du protestantisme le 25 juillet 1593, et vide la Ligue de sa substance. Durant trois siècles, jusqu'au dernier quart du XIXème siècle, Senlis subit un lent déclin, perdant son rayonnement économique et une part de sa population. Les derniers états généraux avant ceux de 1789 ont lieu à Senlis le 21 juillet 1614. Les épidémies de peste avec leur influence néfaste sur le développement se poursuivent depuis 1564 jusqu'à la fin du XVIIème siècle et éclatent en 1624-26, 1629-30 ainsi qu'en 1694 et 1695. Le mal ne peut être endigué que par des mesures de quarantaine strictes et par des interdictions de se rendre à des villes où la peste sévit. Hormis ces tâches d'ombre, les XVIIème et XVIIIème siècles sont une longue période de tranquillité et de paix, et jusqu'à la Révolution, aucun évènement d'envergure ne se produit. À partir de 1753, c'est le début du démantèlement des fortifications, car les brèches ouvertes dans l'enceinte par la nouvelle route ne sont pas refermées. La porte Saint-Rieul est également démolie, et les esplanades du futur cours Thoré-Montmorency sont aménagées comme promenades pour les habitants. Des XVIIème et XVIIIème siècles, la ville a hérité un certain nombre d'hôtels particuliers, mais avec l'exception de la rue Royale, aucun aménagement urbain d'envergure n'est entrepris. Le nombre d'habitants stagne autour des 4 672 recensés en 1765.

#
Le Tombeau de Jean-Jacques Rousseau dans l'ile des Peupliers à Ermenonville

Le bailliage de Senlis comprend encore les châtellenies royales de Senlis, Compiègne, Creil, Pontoise, Chaumont-en-Vexin et la majeure partie du Vexin français. Même si Senlis n'est plus une ville importante à la fin de l'Ancien Régime, elle est décrite comme très propre, avec des vastes maisons, presque toutes dotées d'un jardin. L'aisance y serait générale, on y mangerait des aliments d'une bonne qualité et l'on y jouirait d'une bonne santé, avec beaucoup de personnes atteignant un âge avancé. Trois mois après la Révolution française, la loi martiale entre en application le 27 octobre 1789. L'évènement marquant de la fin de l'année est l'attentat de l'horloger Billon contre un cortège de la Garde nationale, faisant deux morts et puis davantage de victimes encore avant son arrestation. La période révolutionnaire voit la suppression du diocèse de Senlis et des établissements religieux, à l'exception de l'hôpital de la Charité et de l'Hôtel-Dieu. Grâce à une municipalité libérale dans un premier temps, la cathédrale reste ouverte au culte. Dans un deuxième temps, une nouvelle municipalité empreinte de zèle révolutionnaires s'installe, veillant toutefois au maintien de l'ordre, respectant les propriétés privées et évitant les débordements. Sous la Convention, cette situation change à partir du 1er août 1793 avec le début de la Terreur.
La peur règne sous l'influence des dénonciations calomnieuses, et la crise économique se fait sentir. Des fêtes civiques sont ordonnées à maintes occasions en dépit de la pénurie en denrées de tout genre. La cathédrale est transformée en temple de la Raison en février 1794. Senlis doit nourrir des dizaines de milliers de soldats et leurs chevaux en passage. Au mois de mai, il n'y a plus de provisions que pour dix jours. La fête de l'Être suprême est toutefois pompeusement célébrée du 4 au 8 juin, avec l'inauguration d'un nouveau lieu de culte, la Sainte Montagne.


Jeanne Hachette

  • Move
  • Close

Jeanne Hachette

#
Jeanne Hachette

En 1472, Charles le Téméraire envahit le nord du royaume de France, aidé par Jean II d'Alençon. Par rapport au roi Louis XI, il a plus d'argent, plus de soldats et une meilleure artillerie mais use ses hommes, harcelés par l'armée royale, à prendre de petites places fortes. Il met le siège devant Beauvais. Selon la tradition, Jeanne Laisné, une jeune habitante de la ville, saisit une hache pour repousser un Bourguignon qui sautait de son échelle d'assaut. Enhardies, les femmes de la ville portent poudre et armes aux combattants, jetant elles-mêmes sur les assaillants des pierres ou de l’huile bouillante. Les 80 000 assaillants sont ainsi repoussés, et l'avancée de Charles le Téméraire en France est stoppée nette.
Louis XI institua en son honneur la procession de l'Assaut, et la mémoire de Jeanne Hachette (car elle fut ainsi aussitôt désignée) est aujourd'hui célébrée à Beauvais par des défilés en costumes d'époque le dernier week-end de juin, organisés par l'association Les Amis des Fêtes Jeanne Hachette. À cette occasion, les femmes précèdent les hommes dans le cortège. De plus, toutes les filles de Beauvais étaient autorisées, dès 1473 par lettres patentes du roi, de mettre les ornements permis exclusivement aux femmes nobles, lors de leur mariage. Une statue monumentale de l'héroïne, œuvre de Gabriel-Vital Dubray, trône au centre de la place de la mairie, et son nom a été donné à l'un des lycées de la ville, ancien lycée de jeunes filles.
« De par le roy. Tres chiers et bien amez, nous vous envoyons par ce porteur noz lettres patentes, par lesquelles nous avons decerne et ordonne une procession, messe et sermon selennelz doresenavant par chascun an estre faitz et celebrez perpetuellement et a tousjours en nostre ville de Beauvais le jour et solennite de Madame saincte Agadresme, a la louenge de Dieu, nostre createur, et de ladicte tres glorieuse saincte, en recordacion et memoire de la procession faicte en icelle ville, en laquelle le corps et tres precieux reliquiaire d'icelle saincte fut deffere et exore singulierement par les femmes, lorsque les Bourguignons, en l'annee derniere passee, s'efforcoient par plusieurs assaultz surprendre et mectre en leur obeissance ladicte ville. Donne a Alencon, le neufviesme jour d'aoust. »
« ...l'annee derniere passe, par nostre chiere et bien amee Jeanne Laisne, fille de Mathieu Laisne, demeurant en nostre ville de Beauvais, a l'encontre les Bourguignons, nos rebelles et desobeissans subgects, qui, ladicte annee, s'efforcerent surprendre et gagner sur nous et nostre obeissance par puissance de siege et d'assaux nostredicte ville de Beauvais, tellement que, en donnant lesdicts assaux, elle gagna et retira devers elle ung estendart ou banniere desdicts Bourguignons, ainsi que nous, estant dernierement en nostredicte ville, avons este de ce deuement informes, nous avons, pour ces causes et aussi en faveur du mariage du Colin Pilon et elle,.........Donné à Senlis, le vingt deuxiesme Fevrier, l'an de grace mil CCCC soixante treize, et de nostre regne le treiziesme (1474, 1473 avant Pâques). »

Aussi signé : Par le Roy, en son Conseil, AURILLOT, et scellé.




Plan du site | Moteur de recherche | | | Page Aide | Contact © C. LOUP 2025
.