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Les Départements de la France

  • Données géographiques

Orne

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Le département de l'Orne est formé de la partie méridionale de la ci-devant province de Normandie, du Perche septentrional et de l'ex-duché d'Alençon. Son nom lui vient de la rivière de l'Orne, qui y prend sa source presque au centre, le traverse de l'est au nord-ouest, et va se jeter dans l'Océan dans le département du Calvados. Ses bornes sont : au nord, le département du Calvados ; au nord-ouest, celui de l'Eure ; à l'est, celui d'Eure-et-Loir ; au sud-est, celui de la Sarthe ; au sud-ouest, celui de la Mayenne ; à l'ouest, celui de la Manche. Le département de l'Orne est traversé dans toute sa longueur, de l'est à l'ouest, par une . chaîne de petites montagnes, pour la plupart couronnées de forêts et de bois épais, dont les points culminants n'ont pas plus de 600 mètres au-dessus du niveau de l'Océan. Partout son territoire est entrecoupé par des chaînes de petits coteaux qui donnent naissance à une multitude de vallées verdoyantes que sillonnent de grandes rivières ou leurs affluents.

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Carte de l'Orne
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Jenue fille d'Argentan

En suivant la Touque, on trouve la vallée d'Orville; la Rille forme la vallée de l'Aigle; l'Ure, celles du Merlerault, de Nonant et du Pin ; le Don, celles qui vont de Godisson à Médavy ; la Thouanne, celle de Tauville à Mortrée ; l'Orne enfin, qui reçoit toutes ces rivières, offre les vallées où l'on trouve Aunou , Séez, Médavy, Argentan, la Courbe,-Ménil-Glaise et Putange. Quelques ruisseaux tombant dans la Sarthe passent aussi par de riches vallées ; une des plus remarquables, le long de cette rivière, est la vallée du Blesle-sur-Sarthe. Une autre rivière, l'Hume, offre aussi dans son cours et ses affluents de belles vallées, telles que celles de Mauves et de Regmalard. L'herbe des vallées ] du Merlerault et de Nonant fournit la plus grande partie des nombreux bestiaux qu'on y élève et qu'on, y engraisse sous la désignation de bœufs ou chevaux du Merlerault et de la plaine d'Alençon.


Histoire de l'Orne


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Carte de l'Orne
Note

Carte d'identité


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Usinage du cuivre à Cerdon

Orne (61)
Région Basse-Normandie

Préfecture :
Alençon
Sous préfectures :
Argentan
Mortagne-au-Perche


Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Adresse des Offices du Tourisme
Patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.

Gentilé : Ornais
Population : 276 973 hab. (2021)
Densité : 45 hab./km²
Superficie : 6 103 km2²
Subdivisions :
Arrondissements 3
Circonscriptions législatives : 3
Cantons : 21
Intercommunalités: 15
Communes : 385

Le territoire du département de l'Orne faisait partie de la Gaule celtique.
Les peuples qui l'habitaient portaient le nom générique à Aulerci.
C'est, semble-t-il, à Alençon que se réunissaient les députés des trois tribus dont se composaient leur fédération, et qui étaient les Aulerces Eburons, capitale, Ebroïcum, Evreux ; les Aulerces Cénomans, capitale, Sudinum, Le Mans ; les Aulerces Diablintes ; ceux-ci occupaient la plus grande partie du territoire qui a formé le département de l'Orne.
A l'époque où César vint asservir les Gaules, Crassus, son lieutenant, pénétra dans le pays avec la 1ère légion, et le soumit facilement.
Mais, plus tard, sous la conduite de Viridovix, ces peuples et leurs voisins se soulevèrent et mirent en péril le lieutenant de César, Titurius Sabinus, qui était entré dans leur pays à la première nouvelle de l'insurrection.
César raconte, dans ses Commentaires, que l'armée de Viridovix s'était grossie d'une foule de brigands, venus de tous les points de la Gaule : c'est l'insulte ordinaire des oppresseurs, qui ne se contentent pas d'écraser les opprimés, mais veulent encore les déshonorer.
Sabinus, se trouvant dans une position critique, fut obligé de se retrancher dans un lieu fortifié. Entouré par l'armée de Viridovix, qui lui offrit vainement la bataille, il encouragea à dessein l'audace des assaillants, leur envoya même un des Gaulois qui servaient dans ses troupes pour leur dépeindre le découragement des Romains el les engager à en profiler.
Les confédérés se décident à attaquer Sabinus dans ses retranchements.
« Les Romains, dit César, étaient campés sur une hauteur, d'une pente douce et aisée, d'environ mille pas. Ces barbares la montent en courant de toutes leurs forces, pour ne point leur laisser le temps de se réunir et de s'armer, el arrivent hors d'haleine au pied des retranchements. Sabinus, après avoir par ses discours excité l'ardeur de ses soldats, donne le signal.
Pendant que les ennemis étaient embarrassés des fascines qu'ils portaient pour combler les fossés, il ordonne une double sortie par deux portes du camp. L'avantage de la position, l'inexpérience et l'épuisement des barbares, la bravoure de nos soldats et leur habitude de la guerre, furent cause que l'ennemi ne soutint pas même le premier choc, et prit aussitôt la fuite. »

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Château de Carrouges

Le carnage fut effroyable.
A l'époque de l'insurrection générale des Gaulois excitée par Vercingétorix, nous retrouvons encore dans les Commentaires de César les Aulerces payant bravement leur dette à la patrie commune. Sous la conduite de Camulogène, réunis aux Parisii, ils viennent offrir la bataille à Sabinus, près de Lutèce. L'aile gauche des Gaulois plia ; mais la droite, où se trouvait Camulogène, résista intrépidement et succomba jusqu'au dernier homme.
Les Essui ou Sessui, habitants des environs de Sées, étaient seuls restés tranquilles pendant ces insurrections. César les favorisa aux dépens des populations moins patientes et plus patriotiques des environs. Leur puissance grandit rapidement sous la domination romaine.
Mais, pendant IVème siècle de l'Ère chrétienne, les Saxons, après avoir formé divers établissements sur la côte, remontent l'Orne, ravagent et détruisent tout sur le territoire des Essuins, et bâtissent, à deux lieues d'Essoi, une nouvelle ville, Saxia ou Sées, qui acquit bien- tôt une grande importance.
Les Saxons ne lardèrent pas à se convertir au Christianisme, et, parmi les évoques de Sées, on trouve les noms de Sigisbold, de Saxobod, qui révèlent une origine saxonne.
Pendant l'effroyable désordre auquel les invasions des Barbares livrèrent la Gaule, l'Armorique elles cités voisines de la Manche formèrent, sous le nom de République des cités armoricaines, une vaste confédération qui maintint quelque temps son indépendance.
Ravagé par les Alains et par une nouvelle invasion des Saxons, le pays se soumit à Clovis.
Pendant la période suivante, l'histoire de cette contrée reste fort obscure.
Nous trouvons que la plus grande partie de la région dépend alors d'un archidiaconat nommé Hiesmois ou Oximisum, dont le chef-lieu était Oximum ou Hiesme, maintenant Exmes, bourg voisin d'Argentan.

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Affiche de l'Orne

Pendant cette période, nous voyons grandir la puissance de Sées, à laquelle succédera, vers le Xèmesiècle, celle d'Alençon.
Mais les Normands ont envahi le pays.
Le faible Charles-le-Simple a été obligé de le céder à Rollon, leur duc.
En 943, Richard Ier donne à Yves de Creil ou de Bellême, dont il veut récompenser les services, l'Alençonnais, le Passais normand et les territoires de Sées et d'Argentan.
Yves de Creil possédait déjà le Bellêmois, le Corbonnais, et la puissance de sa famille se fonde définitivement sous son fils Guillaume Ierde Bellême, qui, le premier, prit le nom de Talvas, d'une sorte de bouclier qu'il avait adopté.
C'est Guillaume Ier de Bellême qui éleva les Châteaux de Sées, d'Alençon, de Domfront.
Robert Ier, duc de Normandie, voulant le punir de s'être déclaré contre lui dans la guerre qu'il avait entreprise contre son frère et son prédécesseur, Richard III, vint l'assiéger dans Alençon.
Le vieux Talvas fut obligé de capituler, et, une selle mise sur le dos, de demander grâce au duc irrité.
Le Roman de Bon dit à ce sujet:

Son dos offrit à chevaucher,
Ne se peut plus humilier.

Au prix de celte humiliation, le vieillard garda ses possessions.

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Maison natale de Charlotte Corday

Ses quatre fils jurèrent de le venger, mais furent défaits dans la Forêt de Blavon. Guillaume perdit deux de ses fils dans cette guerre; déjà malade, il mourut en recevant la nouvelle de leur mort. L'aîné des deux fils de Guillaume Ier, Robert, lui succéda; mais, fait prisonnier par le comte du Maine, il fut tué à coups de hache dans sa prison. Son frère, Guillaume II Talvas, le remplaça. Celui-ci reçut le surnom de Talvas-le-Cruel, et le justifia. Il fait étrangler sa femme Hildeburge, se remarie et invite à son banquet de noces Guil- laume Giroie, chevalier loyal, qui avait eu jadis des différends avec la famille de Talvas. Malgré les représentations de son frère Raoul, Giroie se confie à Talvas-le-Cruel et se .rend à ses noces. Au milieu du festin, Talvas le fait saisir et part pour la chasse, pendant que ses bourreaux ont, par son ordre, crevé les yeux, coupé le nez-et les oreilles du malheureux Giroie, qui est jeté en prison. La Tour où il fut renfermé, et qui se voyait encore un peu avant la Révolution de 1789, à l'entrée du Château d'Alençon, avait gardé le nom de Tour de Giroie. Mais la vengeance s'appesantit bientôt sur cette horrible famille des Talvas. Le fils de Guillaume II, Arnould, chasse son père de ses domaines. Il est lui-même étranglé dans son lit. Talvas-le-Cruel meurt à Domfront en 1052.
Quatre années auparavant, profitant de l'horreur qu'inspirait cet homme, le comte d'Anjou s'était emparé d'Alençon.
Guillaume-le-Conquérant, duc de Normandie, vint lui-même pour reprendre la ville. Quand il s'approcha des Murs, les Angevins, qui les défendaient, se mirent à railler le jeune duc, criant à la manière des pelletiers : « A la pel ! à la pel ! » allusion au métier que faisait le grand-père de Guillaume, un pelletier de Falaise dont Robert de Normandie avait séduit la fille. Guillaume le Bâtard jura « par la resplendeur de Dieu » qu'il se vengerait, et il tint parole. Les trentre premiers Angevins qu'il put saisir eurent les mains et tes pieds coupés : la ville, effrayée, se rendit.
Mabille de Bellême, fille de Talvas-le-Cruel et héritière de son duché, avait épousé Robert de Montgomery.
Robert étant parti pour l'Angleterre, sa femme, atroce comme toute sa famille, régna par le fer et le poison. Elle tenta d'empoisonner Ernauld, le chef de la maison rivale de Giroie. Celui-ci ayant refusé le verre de vin qu'on lui présentait, un de ses compagnons, le frère de Montgomery, Gilbert, le prit sans défiance et mourut, trois jours après, du poison qui ne lui était pas destiné. Mabille réussit pourtant à faire empoisonner Ernauld par son chambellan.
Mabille périt au Château de Barre-sur-Dive, propriété de l'un de ses fils. Elle s'était endormie après avoir pris un bain. On la trouva la tête coupée.
On soumit un gentilhomme que l'on soupçonnait, Pantol, à l'épreuve du feu : il la subit victorieusement.
On sut depuis que l'auteur du meurtre était Hugues de Sangey, que Mabille avait dépossédé ; celui-ci s'était introduit furtivement dans le Château de Barre pendant son sommeil, s'était vengé et était parti aussitôt pour l'Italie, refuge ordinaire, à cette époque, de tous les aventuriers et de tous ceux qu'un meurtre éloignait de leur pays.
Les Montgomery, en héritant de la seigneurie des Talvas, semblaient avoir hérité de leur cruauté.
Leur histoire est aussi monotone que sanglante, et ce que nous en avons dit plus haut suffit pour donner une idée des misères et des crimes de cette époque.
Quelques-uns des Montgomery prirent part aux Croisades ; leur absence laissa un peu de répit aux malheureux habitants de leur contrée.
Le dernier des comtes d'Alençon de la maison de Montgomery, Robert III, qui avait accompagné Philippe-Auguste en Palestine, mourut sans, enfants.
- Philippe-Auguste, qui s'était emparé à cette époque de la Normandie, acheta le comté d'Alencon des héritiers de Robert.
Le comté fit alors partie du domaine de la Couronne.
Saint Louis le donna à son fils Pierre avec quelques villes et territoires voisins.

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Alençon

Après la mort de Pierre, le comté revint au roi de France, Philippe-le-Hardi, qui en disposa en faveur de Charles, son troisième fils.
Le fils et le successeur de ce dernier fut ce duc d'Alençon qui, en compromettant l'avant garde française qu'il commandait à la bataille de Crécy, entraîna une défaite complète dans laquelle il se fit tuer.
Son fils Charles III, dégoûté du monde, entra dans l'Ordre des Dominicains.
Jean Ier, sous lequel le comté d'Alençon fut érigé en duché-pairie, périt à la bataille d'Azincourt, expiation bien due par lui à la France dont il avait formenté les troubles et envenimé les blessures. Son fils, Jean II, fut pris au combat de Verneuil par les Anglais, qui s'étaient emparés de son duché et avaient donné à Bedford le titre de duc d'Alençon. Le duc légitime honora sa captivité par sa constance, par son refus de se soumettre aux conquérants de sa patrie, et ne fut rendu à la liberté qu'après avoir payé une rançon considérable, 300,000 écus d'or en 1429.
Il combattit vaillamment pour la délivrance du pays et commanda l'année française à la bataille de Patay. Toutefois, il ne rentra en possession de son duché qu'en 1449.
Ce prince brillant et chevaleresque, ami du faste, de la musique et de la chasse, fut accusé plus tard, par Charles Y1I, de connivence avec les Anglais. Condamné à mort en 1458 par la cour des pairs pour crime de haute trahison, il vit sa peine commuée.
Délivré par le dauphin, devenu roi sous le nom de Louis XI, dont l'amitié avait contribué à éveiller les défiances de Charles Y1I, il se jeta néanmoins dans la Ligue du Bien public et se lia avec les ennemis du royaume.
Condamné à mort une seconde fois, il eut encore sa peine commuée, mais mourut en prison, en 1476.
Son fils René ne reçut du roi, indisposé contre sa race, qu'une partie des domaines de son père; il fut bientôt, à tort ou à raison, soupçonné d'intrigues contre Louis XI, condamné à une prison perpétuelle et enfermé dans une cage de fer d'où il ne sortit qu'à l'avènement de Charles VIII, qui lui rendit les biens de son père.
Son fils Charles devint l'époux de Marguerite de Valois, sœur du roi François Ier, «la Marguerite des Marguerites », comme l'appelait son frère. Il fut une des causes de la défection du connétable de Bourbon, que François Ier; avait privé du commandement de l'avant-garde française pour le donner à son beau-frère.
Plus tard, la lâche conduite du duc d'Alençon à la bataille de Pavie le couvrit de honte, et il vint mourir à Lyon en 1524.
Sa veuve, Marguerite, séjourna souvent dans ses domaines, puis épousa en secondes noces Henri II, roi de Navarre, et c'est sous le nom de Reine de Navarre qu'elle est demeurée célèbre par sa protection aux poètes, aux savants et aux Protestants.
« Ce fut, dit Brantôme, une princesse de très grand esprit et fort habile, tant de son naturel que de son acquisitif : car elle s'adonna fort aux lettres en son jeune âge, et les continua, tant qu'elle vécut, aimant et conversant, du temps de sa grandeur, ordinairement à la cour avec des gens les plus savants du royaume de son frère : aussi tous l'honoroient tellement qu'ils l'appeloient leur Mécénas, et la plupart de leurs livres qui se composoient alors s'adressoient au roi son frère, qui estoit bien savant, ou à elle... On la soupçonnoil de la religion de Luther; mais, pour le respect et l'amour qu'elle portoit au roi son frère, qui l'aimoit uniquement et ll'appeloit toujours sa mignonne, elle n'en fit jamais aucune profession ni semblant, et, si elle la croyoit, elle la lenoit toujours dans son âme fort secrète, d'autant que le roi la haïssoit fort, disant qu'elle et toute autre nouvelle secte tendoient plus à la destruction des royaumes, des monarchies et dominations qu'à l'édification des âmes. »
Marguerite, devenue mère de Jeanne d'Albret, mourut au Château d'Odos, en Bigorre, en 1549.
Après sa mort, le duché d'Alençon retourna à la Couronne.
Charles IX le donna à son frère François, alors âgé de douze ans.
Un des seigneurs du pays, Montgomery, qui avait eu le malheur de tuer dans un tournoi le père de Charles IX, Henri II, fut poursuivi avec une haine aveugle par la veuve du roi, Catherine de Médicis. Protestant et soldat intrépide, Montgomery propagea avec ardeur la religion nouvelle dans le pays et devint la terreur des Catholiques. Il s'empara d'Alençon, qu'il fut plus lard obligé d'abandonner pour aller rejoindre à La Rochelle le prince de Condé.
A l'époque de la Saint-Barthélemy, les Catholiques voulurent prendre leur revanche : mais Matignon, lieutenant du roi en Basse-Normandie, interdit ces représailles et maintint l'ordre dans son gouvernement.
Le duc d'Alençon était mal vu de la cour, à cause de sa modération etde son goût pour les opinions nouvelles; il s'échappa et se réfugia à Alençon, où le roi de Navarre, depuis Henri IV, vint le trouver.
Pendant les guerres de la Ligue, le duché devint le théâtre de la lutte.
A la mort de Henri III, Henri IV s'empara d'Alençon. Mais, pour acquitter les dettes qu'il avait contractées, il vendit le duché au duc de Wurtemberg, en 1605.
Marie de Médicis, devenue régente, le racheta en 1613 ; c'est là qu'elle se réfugia après s'être brouillée avec son fils Louis XIII, en 1620, et qu'elle chercha à rallier ses partisans.
Mais le duc de Créqui, à la tête de dix compagnies des gardes, occupa la ville pour le roi, qui établit une généralité ou intendance à Alençon.
En 1646, Gaston, duc d'Orléans, obtint le duché d'Alençon, qui passa après lui successivement entre les mains de sa femme et de sa fille, Mme de Guise. Celle-ci en fit le centre d'une petite cour, assez brillante, qui contribua à la prospérité de la ville.
Après sa mort, le duché retourna au domaine de la Couronne.
Quand il en fut distrait plus tard, pour entrer dans l'apanage d'un des petits-fils de Louis XIV, le duc de Berry, el enfin dans celui du comte de Provence, depuis Louis XVIII, ces princes n'en tirèrent qu'un simple revenu et un titre honorifique; le duché continua à être administré par les gens du roi.
Pendant la Révolution de 1789, le pays, après avoir incliné vers les idées nouvelles et s'être attaché un moment au parti girondin, auquel il avait donné un de ses plus énergiques représentants, Valazé, fut dévasté à plusieurs reprises par la Chouannerie.
Le chef des Chouans, de Frotté, eut une destinée malheureuse. Après avoir énergiquement soutenu, avec Georges Cadoudal, une cause désespérée, il fut, en janvier 1800, battu par le général Gardanne, près de La Motte-Fouquet. « Enfin le général Chambarlhac enveloppa dans les environs de Saint-Christophe, non loin d'Alençon, quelques compagnies de Chouans, dit Thiers, et les fit passer par les armes.
« Cependant voyant, comme les autres, mais malheureusement trop lard, que toute résistance était impossible devant ces nombreuses colonnes qui avaient assailli le pays, M. de Frotté pensa qu'il était temps de se rendre. Il écrivit, pour demander la paix, au général Hédouville, qui, dans le moment, était à Angers, et, en attendant la réponse, il proposa une suspension d'armes au général Chambarlhac. Celui-ci répondit que, n'ayant pas de pouvoirs pour traiter, il allait s'adresser au gouvernement pour en obtenir, mais que, dans l'intervalle, il ne pouvait prendre sur lui de suspendre les hostilités, à moins que M. de Frotté ne consentît à livrer immédiatement les armes de ses soldats. « C'était justement ce que M. de Frotté redoutait le plus. Il consentait bien à se soumettre et à signer une pacification momentanée, mais à condition de rester armé, afin de saisir plus lard la première occasion favorable de recommencer la guerre. Il écrivit même à ses lieutenants des lettres dans lesquelles, en leur prescrivant de se rendre, il leur recommandait de garder leurs fusils.
« Pendant ce temps, le premier consul, irrité contre l'obstination de M. de Frotté, avait ordonné de ne lui point accorder de quartier, et de faire sur sa personne un exemple.
« M. de Frotté, inquiet de ne pas recevoir de réponse à ses propositions, voulut se mettre en communication avec le général Guidai, commandant le département de l'Orne, et fut arrêté avec six des siens, tandis qu'il cherchait à le voir. Les lettres qu'on trouva sur lui, lesquelles contenaient l'ordre à ses gens de se rendre, mais en gardant leurs armes, passèrent pour une trahison. Il fut conduit à Verneuil et livré à une commission militaire.
« La nouvelle de son arrestation étant venue à Paris, une foule de solliciteurs entourèrent le premier consul et obtinrent une suspension de procédure, qui équivalait à une grâce. Mais le courrier qui apportait l'ordre du gouvernement arriva trop tard.
« La Constitution étant suspendue dans les départements insurgés, M. de Frotté avait été jugé sommairement, et, quand le sursis arriva, ce jeune et vaillant chef avait déjà subi la peine de son obstination.
« La duplicité de sa conduite, bien que démontrée, n'était cependant point assez condamnable pour qu'on ne dût pas regretter beaucoup une telle exécution, la seule, au reste, qui ensanglanta cette heureuse fin de la guerre civile.
« Dès ce jour, les départements de l'Ouest furent entièrement pacifiés. »
Pendant la période qui s'écoula de 1815 à 1870, le département de l'Orne puisa dans la sage tranquillité de la paix les précieux aliments d'une prospérité qui fut consacrée aux progrès de son agriculture, de son industrie et de son commerce.
La désastreuse guerre de 1870-1871 vint l'arrêter dans son essor. S'il n'en supporta pas le poids sanglant, il dut cependant satisfaire à de nombreuses réquisitions.

Alençon


Alençon

Alençon n'est pas une ville ancienne. Au IXème siècle, ce n'était encore qu'un bourg qui fut cédé aux Normands par Charles le Simple. En1026, Guillaume de Belesme y fit construire un château au confluent de la Sarthe et de la Briante, où il fut assiégé l'année suivante par Robert duc de Normandie. Geoffroi Martel, comte d'Anjou, s'empara de cette ville, qui fut reprise en 1048 par Guillaume le Conquérant. Henri II, roi d'Angleterre l’a prit en 1135: c'était une place forte très-importante qui eut depuis lors des comtes particuliers, vassaux, comme le reste de la Normandie d’Angleterre. Un de ces comtes, Robert II de Belesme, s'est rendu fameux par ses cruautés. C'était, dit un contemporain pour ses prisonniers, un Pluton, une Mégère, un Cerbère; il ne se souciait pas de leur rançon, mais préférait les faire mourir dans les tourments, condamnant les uns, hommes ou femmes, à être empalés, infligeant à d'autres différentes tortures, et faisant quelque fois lui-même le métier de bourreau. Le dernier de cette race homicide, Robert IV, étant mort sans postérité, Alix, sa sœur et son héritière, céda à Philippe Auguste Alençon et ses dépendances qui firent partie du domaine de la couronne jusqu'en 1268, que Louis IX le donna pour apanage à Pierre, son cinquième fils. A la mort de ce prince, Alençon revint à la couronne et fut donné, par Philippe le Bel à Charles de Valois, son frère. Le comté d'Alençon fut, à cette époque érigé en comté-pairie.
Dans le XIVèmesiècle, Alençon eut beaucoup à souffrir des ravages des grandes compagnies. On fut obligé de raser les faubourgs, le prieuré de St-Ysiges et l'Hôtel-Dieu de Montsort, afin d'empêcher l'ennemi de s'y fortifier. Le pays, gouverné ensuite par des princes bons et aimés de leurs sujets, jouit pendant un demi-siècle d'une grande prospérité et d'un complet repos. Vers la fin du XIVème siècle, Alençon fut érigé en duché, par Charles VI, roi de France. Henri V, roi d'Angleterre, s'en empara en 1417 et en fit don au duc de Bedfort, son frère. En 1421, les Français reprirent la ville, qui retomba au pouvoir des Anglais en 1428, puis revint à Charles VII en 1440; mais les Anglais y rentrèrent 1444; enfin, en 1450, ils eu furent définitivement chassés.


Note

La tour de Bonvouloir


La tour de Bonvouloir
La tour de Bonvouloir

La commune de Juvigny-sous-Andaine abrite dans ses murs une curieuse tour portant le nom de Bonvouloir et qui ne manque pas d’attiser de nombreux commentaires plus ou moins scabreux. Cette tour faisait partie d’un manoir construit par Hugues, seigneur de Tessé. Elle fut érigé pour symboliser la virilité du seigneur du lieu, qui après avoir été faire trempette dans les sources de Bagnole, aurait retrouvé, malgré son âge, une verdeur dont il gratifia la dame de Bonvouloir qui en remerciement lui donna une nombreuse descendance.

Le duché d'Alençon fut réuni à la couronne en 1525. En 1559, la ville devint le douaire de Catherine de Médicis, mère de Charles IX ; elle renfermait alors un grand nombre de calvinistes et eut beaucoup à souffrir des querelles religieuses. Les protestants, étant en majorité, pillèrent les églises et dévastèrent les couvents ; néanmoins lorsque arriva la St-Barthélemy, le brave Matignon, chef des catholiques vint à bout d'empêcher toute sanglante représailles, et sauva la vie aux protestants. Les ligueurs s'emparèrent de la ville d'Alençon en 1589 ; elle fut reprise en 1590 par Henri IV lui-même, qui fit alors détruire une partie du château. En 1605, il engagea cette ville au duc de Wirtemberg, auquel il devait des sommes considérables; Marie de Médicis, sa veuve, remboursa cet engagement, et fut subrogée aux droits du duc. A sa mort, Alençon échut à Gaston d'Orléans; puis, après avoir formé, en 1660, le douaire de la veuve de ce prince, passa par mariage au duc de Guise. Les guerres religieuses avaient continué à désoler la ville ; pendant le XVIIème siècle, les prédications des pasteurs protestants et les réfutations des prêtres catholiques y furent souvent l’occasion de graves désordres. La révocation de l'édit de Nantes, en 1681, porta aux calvinistes un coup terrible, et fut signalée à Alençon par des atrocités épouvantables.
La ville d'Alençon est située dans une grande et fertile plaine entourée de forêts, au confluent de la Sarthe et de la Briante elle est grande, bien bâtie, et entourée de cinq faubourgs très agréables. Les rues sont généralement larges, bien pavées, propres et assez bien percées. La principale de ses places publiques sur laquelle s'élèvent l'hôtel de ville et le palais de justice, communique à une magnifique promenade plantée de beaux arbres, qui a beaucoup de ressemblance avec le bois et la grande allée du jardin du Luxembourg à Paris.



Argentan


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La Cathédrale d'Argentan


La voie romaine qui part de Bayeux, Augustodurus, et dont les vestiges subsistent encore, aide à retrouver, par la seule distance que donne la Table de Peutinger pour Aregenuce, la position de ce lieu, que la Table désigne comme capitale, et fixe cette position à Argentan. Plus tard, cette ville fit partie du duché d'Alençon, et avait un château fort dont il ne reste plus que de faibles ruines. Ce fut, dit-on, dans ce château que le duc de Normandie, roi d'Angleterre sous le nom de Henri II, reçut, en1168, les légats du pape, venus pour terminer les différends qui existaient entre ce monarque et Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry.
Cette ville est agréablement située sur une hauteur qui domine une vaste et fertile plaine bornée à l'est par la forêt d'Argentan elle est traversée par l'Orne, bien bâtie, propre, bien percée, et entourée de remparts qui offrent une promenade charmante. L'ancien château d’Argentant, transformé entribunal et en prison, est un grand bâtiment ayant trois pavillons sur le devant, avec fenêtres à nervures et un cordon tracé tout à l'entour ; les fossés étaient profonds, et ont été transformés en une petite promenade sombre et enfoncée. Des murs qui enceignaient la ville, il ne reste qu'un pan élevé, que l'on nomme le Donjon, situé un peu au-dessus du château, et la Tour-Couronnée dont le crénelage bien entier et le toit pointu n'ont éprouvé aucun dommage et rappellent bien le XVème siècle.


Mortagne-au-Perche


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Gravure01

Cette ville est bâtie dans, une forte position, au sommet et sur le penchant oriental d'un coteau au pied- duquel sont des sources qui donnent naissance au ruisseau de là Chippe. Dans l'origine, elle était environnée de doubles fossés, et défendue par deux châteaux forts, l'un situé au levant sur une élévation artificielle, l'autre, entouré de hautes murailles, placé au milieu de la ville; les murs qui la ceignirent naguère, et dont on voit des restes, n'ont été construits qu'en 1614. Mortagne a de tout temps prétendu au,titre de capitale du Perche, que lui disputait Bellesme.
C'était autrefois une place importante, qui fut, plusieurs, fois prise et ruinée. Robert, roi de France, s'en empara en 997 ; Charles V la fit démanteler en 1378; elle tomba au pouvoir des Anglais en 1424, mais Jean II, duc d'Alençon, auquel elle appartenait, la leur reprit en 1449 et en fit rétablir les fortifications; les calvinistes la livrèrent aux flammes en 1588.
Cette ville fut le théâtre d'un combat sanglant en 1590, entre les ligueurs et les troupes de Henri IV ; pendant les guerres de la Ligue, elle fut, dans l'espace de trois ans et demi, prise, reprise et pillée vingt-deux fois par les deux partis.
La position de Mortagne, sur le sommet et le penchant d'une colline, donne à cette ville des rues escarpées, d'autres en pente douce, et d'autres parfaitement horizontales; mais la plupart d'entre elles, sont larges, assez régulières, bordées de maisons propres, bien bâties et ornées de beaux magasins. La grande rue que suit la roule de Brest, s'élève par des rampes et des tournants fort bien ménagés jusque sur la partie la plus haute, où elle traverse la place d'armes, la plus grande et la plus belle de Mortagne.

Sées

La tour de Bonvouloir
La cour de l'ancien grand séminaire de Sées

Sées existait déjà à l'époque de la conquête romaine. César fait l'éloge de cette contrée, habitée par les Essuins, comme étant restée « plus calme » et « plus pacifique » que toutes les autres.
Mais l'importance de Sées ne date que des incursions des Saxons.
D'une bourgade, ils firent une ville importante, bientôt conquise au Christianisme.
Saint Latrin, au IVème siècle, fut, croit-on, le premier évêque de Sées.
La place fut prise et brûlée par les Normands au commencement du Vème siècle, et c'est avec les débris de ses remparts que l'on construisit la Cathédrale, deux fois détruite dans le siècle suivant.
Pendant le Moyen-Age, la ville fut plusieurs saccagée, notamment par Henri, roi d'Angleterre, par Louis-le-Jeune, roi de France.
A la fin de la guerre de Cent-Ans, elle fut reprise sur les Anglais par Dunois.
Pendant les guerres de la Réforme, Coligny s'en empara et pilla la Cathédrale.
Cinq ans plus tard, Montgomery, autre chef protestant, lui fit subir un sort plus funeste encore ; la ville fut mise à feu et à sang, et ces fureurs ne contribuèrent pas peu sans doute à déterminer plus tard les habitants à prendre parti pour la Ligue.
Ils se soumirent néanmoins sans combat à l'autorité de Henri IV.
Sées n'a guère conservé de ses monuments antiques que sa Cathédrale, une des plus précieuses constructions du Moyen-Age. Il ne paraît pas que sa construction ail été achevée avant le XIIIème siècle. C'est un édifice élégant, qui marque une période intéressante dans l'histoire de l'art, le passage de l'ogive de son premier à son second âge. Le fronton présente deux rangs d'arcades, construction très rare dans les monuments du temps, ce qui a excité la curiosité savante des archéologues. Deux Flèches à jours s'élèvent de chaque côté à la hauteur de 70 mètres. Le dessus du portail n'offre plus que les traces des sculptures et des riches ornementations que les ravages du temps et des hommes ont fait disparaître. L'inférieur de l'Église, orné de riches vitraux, produit un admirable effet.
Parmi les évêques de Sées, on cite Bertaud, poète célèbre de la fin du XVIème siècle, qui contribua à la conversion de Henri IV, et en reçut cet évêché. Ses vers galants furent fort à la mode de son temps.
Sa prose est singulière. Dans l'oraison funèbre de Henri IV qu'il prononça à Saint-Denis, il commençait ainsi : « Donc la misérable pointe d'un vil et méchant couteau remué par la main d'une charogne enragée, etc. »
Ses vers valent mieux que sa prose, et le couplet suivant, souvent cité depuis par des gens qui en ignorent l'auteur, est de Bertaud :

Félicité passée,
Qui ne peut revenir,
Tourment de ma pensée,
Que n'ai-jc en te perdant perdu le souvenir ?

Le cheval percheron

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Le cheval percheron


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Cheval de race Percheron

Le Perche : berceau du cheval percheron L’histoire du cheval percheron remonte à 732, date de l’arrêt de la progression arabe en France, à Poitiers, par Charles Martel. Par l’apport de sang arabe et grâce à des croisements judicieux, le cheval du Perche acquièrt des caractéristiques propres, à savoir, une grande taille, une robe gris pommelé, une charpente osseuse, forte et musculeuse. Ces critères seront retenus en 1883 pour constituer le « stud-book », livre généalogique qui marque ainsi la naissance de la race percheronne.
Le XIXème siècle verra le développement de cette race avec la multiplication des comices agricoles et concours. La renommée du percheron sera alors internationale. Canada, Argentine, mais surtout les Etats-Unis achètent des chevaux dans le Perche. Ils participent à la conquête de l’Ouest américain et permettent la mise en valeur des Grandes Plaines. L’American Percheron Stud-Book confère aux percherons une grande popularité outre Atlantique.
Lors de la première guerre mondiale, le cheval percheron a tiré le matériel de guerre et amené l’approvisionnement aux soldats, se distinguant ainsi par sa force et son courage.
A partir de la Première Guerre mondiale, avec la motorisation de l’agriculture accentuée après la Seconde Guerre mondiale, l’utilisation du cheval percheron connaît un inexorable déclin.
Aujourd’hui, les congrès mondiaux regroupant tous les éleveurs et amateurs de chevaux percherons, permettent de garder une certaine renommée à cette race.




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