Le Bas-Rhin est caractérisé par la diversité de ses conditions naturelles, la diversité de ses terroirs et la multiplicité de ses productions agricoles. Au cours des siècles, il s'est forgé des traditions agraires qui ont dessiné ses paysages et nourri la réputation de qualité de ses productions agricoles, de son industrie agro-alimentaire et de sa gastronomie. Le département est bordé à l'ouest par le massif vosgien, dont l'altitude s'accroît progressivement du nord au sud. Les collines sous-vosgiennes sont adossées à la montagne. Ce sont des coteaux calcaires propices à la culture de la vigne. Les vins d'Alsace spnt des vins blancs secs très fruité qui sont les vins idéals pour accompagner des plateaux de fruits de mer La plaine d'Alsace s'étend entre les collines sous-vosgiennes et le Rhin. Ce long fossé d'effondrement, d'une largeur moyenne de 25 km, possède une proportion élevée de sols fertiles favorisant la culture du tabac et du maïs.
Le département est formé.de la Basse Alsace et
de quelques parties de la Lorraine allemande. Il tire son nom de sa
situation sur le cours inférieur du Rhin. Ses limites sont : au nord,
le département de la Moselle et la Bavière rhénane ; à l'est, le Rhin,
qui le sépare du grand-duché de Bade ; au sud, le département du Haut-Rhin
; au sud-ouest, celui des Vosges ; à l'ouest et au nord-ouest, ceux
des Vosges et de là Meurthe. On peut diviser le département en trois
régions : les montagnes couvertes de forêts et d'arbres de toute espèce
; les collines plantées de vignes qui donnent des vins de bonne qualité,
et la plaine, fertile en toutes sortes de productions.
Toute la partie occidentale est couverte par la chaîne de montagnes
des Vosges, qui s'étend sur une largeur de 10 à 24 kilomètres et dont
les sommets sont en général moins élevés que dans le Haut-Rhin : les
points culminants ne dépassent guère. 1,365 m. ; leur élévation commune
est de 600 à 800 mètres.
Ces montagnes donnent naissance à plusieurs
vallées charmantes, dont les plus remarquables sont celles de Katzenthal,
où l'on trouve plusieurs mines exploitées : le Jagerthal, vivifié par
des fonderies et des forges ; la vallée de Niederbronn, renommée pour
ses eaux minérales ; le Barenthal, avec plusieurs usines; le Kronthal,
ou l'on voit de vastes carrières ; la riante vallée de la Bruche, arrosée
par la rivière de ce nom ;- le Klingenthal , renommé par la beauté de
ses sites; la vallée de-Barr, où l'on voit une succession presque continuelle
de maisons et d'usines ; la vallée d'Andlau ; le val de Ville, etc.
La plaine, qui s'étend en pente douce depuis
le pied des-Vosges jusqu'au Rhin, occupe environ les trois cinquièmes
de la superficie du département.
Dominée au loin par les montagnes
des Vosges, dont des châteaux ruinés et solitaires occupent les cimes,
bordée ,dans toute son étendue par un fleuve majestueux , cette plaine
offre tour à tour des coteaux agréables, de liants vallons, de riches
moissons el de belles prairies, auxquelles succèdent sans interruption
de vastes plantations de garance, de tabac, de choux et de légumes,
cultivés avec le plus grand soin, disposés avec ordre, presque toujours
alignés et tirés au cordeau.
Partout la nature étale ses riches
produits, et révèle l'aisance des heureux habitants de cette charmante
contrée, où à la beauté des sites, à la diversité du paysage se joignent
la santé robuste des hommes el la fraîcheur ravissante des femmes.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :475
500 ha
Population: 1 095 905 hab.(2009)
Dénsité :230 hab./km²
Nb de communes : 527
Le territoire du département
du Bas-Rhin prit, au Moyen Age les noms de Nordgau et
de basse Alsace, et fut habité primitivement par une
peuplade de la nation celtique. Au temps où César visita
cette limite de la Gaule, une partie de la confédération
des Médiomatrices, dont la capitale Divodurum (Metz)
était située de l’autre côté des Vosges, y avaient formé
quelques établissements dont les principaux étaient
Argentoratum (Strasbourg), Brocomagus (Brumat), Helvetum
(Elle ou Schlestadt), Altitona (Hohenbourg).
Ce n’étaient
encore que des bourgades composées d’habitations chétives
et dispersées au hasard, mais qui servaient de retraite
à des guerriers de haute stature, robustes et infatigables,
à ces Belges que César eut tant de peine à vaincre.
Les Médiomatrices bravèrent deux fois les armes du conquérant,
en 56 et 52 ; mais après la destruction d’Alise et la
ruine des efforts de Vercingétorix pour rendre les Gaulois
à la liberté, leur soumission fut complète.
Quelques
années plus tard, pendant la guerre de César contre
Pompée, les passages du Rhin et des Vosges n’étant plus
suffisamment défendus, les Germains en profitèrent pour
revenir en deçà du fleuve. Les Nemètes et les Triboques,
deux des peuples que César avait chassés de la Séquanaise,
réussirent alors à s’établir vers Spire et vers Strasbourg
dans la basse Alsace qui, séparée jusque-là de la Gaule
médiomatricienne par les montagnes des Vosges, le fut
bien plus encore, depuis cette époque, par les mœurs
et le langage de ses habitants.
Malgré cet établissement
des Germains, les Romains restèrent maîtres de l’Alsace
; mais pour se prémunir contre une nouvelle invasion,
ils élevèrent sur les bords du Rhin et aux défilés des
Vosges des retranchements coupés par des tours élevées
et par des camps environnés d’énormes murailles de pierre
; il reste des vestiges de ces travaux gigantesques,
et ce n’est pas sans admiration qu’on peut examiner
encore le retranchement bâti sur les hauteurs de Hohenbourg
et dont la vaste enceinte bien reconnaissable se développe
sur un contour de près de quatre lieues.
Aussi,
pendant deux siècles, l’Alsace, qui dans la nouvelle
division forma la Première Germanie, jouit-elle d’une
tranquillité qui ne fut troublée que par la révolte
de Civilis (l’an 70 de J. C.). Cette période vit s’élever
des villes nouvelles ; les anciennes cités s’agrandirent
et devinrent vraiment dignes de ce nom, les institutions
romaines apportées en germe avec la conquête se développèrent
et donnèrent à une contrée jusque-là barbare les premiers
éléments de la civilisation.
La basse Alsace fut
comprise par Auguste dans la Germanie supérieure, puis,
par Constantin, dans la première Germanie, et ce fut
vers le règne de cet empereur que le christianisme fut
apporté en Alsace par saint Materne. A cette époque
les fortifications établies sur les rives du Rhin pour
arrêter l’irruption des barbares devinrent insuffisantes
; aucune force humaine ne fut plus capable de contenir
les peuplades envahissantes. Julien retarda par ses
victoires la grande invasion ; il défit en 357 les Lètes
aux environs de Strasbourg ; mais après sa mort, les
Alains, les Suèves, les Vandales, les Huns, les Francs
se jetèrent sur la Gaule.
En 407, lors de la grande
invasion de la Gaule par les Suèves, les Vandales, les
Alains et les Bourguignons, la plupart des villes de
l’Alsace les premières exposées aux hordes envahissantes
furent détruites. Argentoratum fut de ce nombre, et
la province entière fut enlevée sans retour aux Romains.
A partir de ce moment commence pour les deux Alsaces
une série de misères qui se continue presque sans interruption
dans l’espace de plusieurs siècles. Les ravages, les
famines, les épidémies se succèdent et dépeuplent la
contrée.
En 451, Attila détruit tout sur son passage.
Les Francs ne tardent pas à s’emparer de la première
Germanie ; Clovis en mourant laisse à son fils Théodoric
cette partie de ses États sous le nom de royaume de
Metz ; Clotaire réunit en 558 toute la monarchie franque
et lègue à son tour Metz ou l’Austrasie à Sigebert.
Les intrigues de la reine Brunehaut agitèrent l’Alsace
de 600 à 613.
Clotaire et Dagobert s’efforcèrent
d’adoucir par leur présence et leur administration les
malheurs de cet infortuné pays. Dagobert laissa en mourant
l’Austrasie à Sigebert II ; vers la fin du règne de
ce faible roi, l’Alsace fut érigée en duché en faveur
d’Athic ou d’Adalric dont la fille Odile, célèbre pour
sa piété, fonda près de Hohenbourg le monastère qui
porte son nom.
Les victoires de la famille d’Héristal
sur les Saxons préservèrent la basse Alsace d’une nouvelle
invasion. Louis le Débonnaire comprit le territoire
de l’Alsace dans la part de l’empire qu’il assigna à
son fils Lothaire au traité de 817. Le partage de Verdun
(843) qui fut le résultat de la bataille de Fontenay
confirma le fils aîné de Louis le Débonnaire dans cette
possession. Sous Lothaire II l’Alsace fut comprise dans
la Lotharingie (855).
Ce prince constitua de nouveau
cette province en duché et la donna à un de ses bâtards
du nom de Hugues ; mais à sa mort, Charles le Chauve
et Louis le Germanique se partagèrent ses États par
le traité de Mersen (870), et ce fut Louis qui devint
maître de l’Alsace. Cependant Hugues le Bâtard s’efforçait
de maintenir par les armes son titre de duc ; Charles
le Gros s’empara par trahison de sa personne, lui fit
crever les yeux et le jeta dans un monastère.
Cet
empereur, un instant maître de tous les États de Charlemagne,
fut déposé à la diète de Tribur (888), et Arnoul, proclamé
roi d’Allemagne, s’empara de l’Alsace, et la donna avec
la Lorraine à son fils naturel Zwentibold, auquel les
grands et les évêques substituèrent à la mort d’Arnoul,
arrivée en 899, le fils légitime de ce roi le jeune
Louis, âgé seulement de six ans. Louis l’Enfant fut
incapable de lutter contre l’agrandissement du pouvoir
féodal, qui prit en Alsace, sous son règne, une extension
encore plus grande que dans le reste de l’empire carlovingien.
Charles le Simple disputa aux empereurs allemands
la possession de cette province ; elle finit par rester
à ces derniers, et aux misères sans nombre qu’avaient
occasionnées les guerres dont elle fut à cette époque
le théâtre se joignirent les ravages des Hongrois ;
à deux reprises, en 917 et 926, ces barbares dévastèrent
l’Alsace. L’année même de leur deuxième invasion, l’empereur
Henri Ier l’Oiseleur réunit cette contrée à la Souabe
et la donna, avec le titre de duché, à Hermann.
L’un des derniers Carlovingiens, Louis d’Outre-mer,
essaya encore, mais en vain, de reprendre l’Alsace,
cette province demeura définitivement dans la possession
des empereurs allemands. A la mort d’Othon III (1002),
quatre prétendants se disputèrent l’empire ; parmi eux
étaient Hermann, duc de Souabe et d’Alsace ; l’un de
ses adversaires trouva un appui dans les populations
même de l’Alsace et dans la ville de Strasbourg ; Hermann,
pour se venger de ses sujets infidèles, brûla la capitale
de son duché et ravagea tout le territoire.
Quelque
temps après la querelle des investitures partagea l’Allemagne
entre le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV ;
Grégoire déposa son adversaire en vertu de la toute-puissance
qu’il prétendait s’arroger sur les rois, et Rodolphe,
duc de Souabe et d’Alsace, fut élu par les grands de
l’empire ; le nouvel empereur reçut de Grégoire une
couronne d’or sur laquelle était gravé ce vers : Petra
dedit Petro, Petrus diadema Rodolphe.
Mais la bataille
de Mersbourg fut fatale à Rodolphe : ce prince y perdit
la vie. Henri disposa alors de la Souabe et de l’Alsace
en faveur de Frédéric de Hohenstauffen, Lorsque Grégoire
avait fait proclamer un nouvel empereur, Henri, par
représailles, avait créé un antipape ; ce schisme et
les vicissitudes de la guerre détruisirent tellement
la religion en Alsace qu’il fallut un missionnaire pour
la rétablir.
La peste ravageait alors toute cette
partie de l’empire ; les esprits se montrèrent disposés,
sous l’influence de ce fléau, à accueillir les exhortations
du prêtre Manégold envoyé par le pape Urbain II, les
désordres cessèrent et un grand nombre de fondations
pieuses datent de cette époque. Frédéric le Borgne remplaça
Frédéric de Hohenstauffen comme duc d’Alsace ; son administration
fut ferme et prudente. Conrad III, frère de Frédéric,
fut appelé en 1130 au trône impérial, et cette élévation
des Hohenstauffen donna un nouvel éclat à l’Alsace.
Haguenau, construit par Frédéric le Borgne, devint l’une
des principales résidences impériales.
Frédéric
Barberousse, successeur de Conrad (1152), y fit de fréquents
séjours et se plut souvent à chasser dans la forêt voisine
qu’on appelait Forêt Sainte ; il donna à l’Alsace pour
duc immédiat un de ses fils qui portait, comme la plupart
de ses prédécesseurs, le nom de Frédéric.
A cette
époque les deux Alsaces avaient pour gouverneurs chacune
un comte ou landgrave (land pays, graff, comte), chargés
de l’administration de la justice. Ces landgraves ne
jouissaient des droits réguliers que sur leurs propres
terres, et on appelait de leurs décisions au tribunal
de l’empereur. Le règne de l’empereur Frédéric II, fils
de Henri VI (1197 -1250), fut pour l’Alsace une époque
de calme et de prospérité ; après ce prince, les empereurs
conservèrent le titre de ducs de Souabe et d’Alsace
; mais les troubles qui suivirent sa mort portèrent
le désordre dans ce territoire.
L’héritier de l’empereur
Conradin, fait prisonnier par Charles d’Anjou, fut décapité
en 1268. Pendant cette confusion la plupart des grands
se rendirent indépendants et les principales villes
du Rhin, Strasbourg, Schlestadt, Haguenau, Wissembourg
formèrent entre elles une confédération pour les intérêts
de leur commerce ; le nom de villes impériales fut donné
à la plupart d’entre elles, et bientôt quelques-unes,
telles que Strasbourg et Haguenau, acquirent une presque
complète indépendance.
Rodolphe de Hapsbourg, qui
termina le grand interrègne (1273), visita l’Alsace
et lui donna pour landgrave son fils, nommé comme lui
Rodolphe ; les troubles que lui-même y avait allumés
avant d’être empereur n’en continuèrent pas moins. L’Alsace
se souleva plus tard contre Adolphe de Nassau, parvint
à le renverser et lui substitua ce fameux Albert Ier
sous lequel les cantons suisses conquirent leur indépendance.
L’Alsace favorisa l’insurrection de ces montagnards
et une vaste ligue se forma de Porentrui à Seltz. Strasbourg
secoua entièrement le joug de l’aristocratie et établit
dans ses murs une sorte de constitution républicaine
sous la protection de l’empire. Les discordes civiles
n’en continuèrent pas moins dans la contrée sous cette
nouvelle forme de gouvernement, et il ne fallut rien
moins, pour les faire cesser, que l’irruption des bandes
anglaises en Alsace après la bataille de Poitiers.
En 1375 un seigneur français, Enguerrand de Coucy,
petit-fils d’Albert ler, prétendit faire valoir ses
droits à la possession du duché d’Alsace ; il se mit
à la tête des bandes d’aventuriers qui ravageaient le
pays, et mit les deux landgraviats à feu et à sang.
Survinrent ensuite de nouvelles querelles entre l’aristocratie
et les habitants des villes ; les campagnes furent dévastées,
et cent cinquante villages furent de nouveau détruits.
La paix ne se fit guère qu’en 1429, et fut suivie
de la ligue de dix villes, parmi lesquelles Haguenau,
Strasbourg, Schlestadt, Wissembourg, Obernheim se trouvent
dans cette partie de l’Alsace dont nous nous occupons.
Ces cités prirent une part active à la guerre des Suisses
contre Charles le Téméraire ; leurs milices assistèrent
à la défaite de Saint-Jacques en 1444, et aux glorieuses
journées de Granson et de Morat en 1476.
Les guerres
occasionnées par la réforme s’annoncèrent par plusieurs
soulèvements populaires en Alsace. Ce fut d’abord la
ligue du Soulier formée par des paysans qui avaient
pris pour devise contre les grands et le clergé : Rien
que la justice de Dieu, puis le soulèvement des Rustauds
en 1525. Les anabaptistes vinrent ensuite et proclamèrent
l’égalité de tous les hommes. On les persécuta, et six
cents d’entre eux subirent le dernier supplice.
Le protestantisme fit des progrès au milieu des entraves
que l’Église romaine s’efforçait d’apporter à son développement
; Calvin, chassé de Genève, vint en 1 538 à Strasbourg
fonder l’Église française réformée. Les troubles religieux
furent le premier prétexte de cette guerre de Trente
ans, qui devint européenne.
L’Alsace eut sa part
de désordres et de misères pendant cette période ; les
détails qui la concernent trouveront leur place à l’histoire
du Haut-Rhin. Cependant, il faut dire qu’en 1637, le
duc de Saxe-Weimar battit près de Strasbourg l’armée
impériale. Les deux landgraviats furent conquis et cédés
à la France par la paix de Westphalie ; ils se soulevèrent
à plusieurs reprises, et leur possession eut besoin
d’être confirmée par les victoires de Condé et de Turenne.
Strasbourg seul avait conservé sa liberté ; elle
la perdit après le traité de Nimègue, en 1679. Malgré
sa réunion à la France, l’Alsace resta allemande jusqu’en
1789. La révolution, qui assurait à tous les cultes
une égale protection, fut généralement accueillie avec
faveur dans les deux landgraviats ; quelques soulèvements
furent rapidement comprimés, et les départements du
Haut et du Bas-Rhin défendirent généreusement leurs
frontières contre l’armée prussienne.
Le Bas-Rhin
vit passer Moreau, et Kehl et Huningue furent le premier
théâtre des opérations de ce général lorsqu’il lit la
célèbre campagne d’Allemagne. L’Alsace se distingua
en 1814 par sa fidélité à l’empereur ; en 1815, Rapp,
presque sans soldats, fit soutenir aux habitants de
Strasbourg un blocus de trois mois.
L’industrie
s’y développa cependant, et à la fin du XIXème
siècle, le département du Bas-Rhin est l’un des premiers
parmi les départements manufacturiers de France.
C’est aux environs de 1300 av.
J.-C. que date l’installation durable de peuples protoceltes.
Vers la fin du IIIème siècle av. J.-C. le
site est devenu une bourgade cette du nom d’Argentorate,
dotée d’un sanctuaire et d’un marché. Grâce à d’importants
travaux d’assèchement, les maisons sur pilotis cèdent
leur place à des habitations bâties sur la terre ferme.
Les Romains arrivent en Alsace en 58 av. J.-C. et
s’installent sur le site de Strasbourg. En 12 av. J.-C.
Le général romain Nero Claudius Drusus, frère de Tibère,
y fait construire un camp militaire sur l’emplacement
d’une forteresse gauloise. Le nom de la ville est romanisé
en Argentoratum. C'était alors un camp militaire fortifié
positionné sur le limes du Rhin faisant partie des castella
Drusi, les forts de Drusus. Il abrite dans un premier
temps une aile de cavalerie, l'Ala Petriana Treverorum.
Au fil du temps, la ville va prendre de l’importance.
Le camp est agrandi et les fortifications en bois cèdent
leur place à un mur en pierre. La ville abrite la IIème
légion puis, en 88 la VIIIème légion Auguste.
Promue au rang de colonie militaire, Argentorate est
déjà un carrefour commercial important. Aux alentours
de l’an 20 la population est estimée à près de 10 000
habitants, armée romaine incluse. La ville reste néanmoins
essentiellement militaire et donc totalement dépendante
de cette activité. Au cours des IIème et
IIIème siècles, avec l’agrandissement de
l’Empire romain, Argentoratum va servir de base de repli
pour les troupes romaines installées en Germanie. Mais
en 260, les légions quittent la Germanie et Strasbourg
redevient une ville frontière.
En 355, la ville
est saccagée par les Alamans. Le césar Julien reconquiert
la ville en 357 après une victoire décisive sur les
Alamans lors de la bataille de Strasbourg. Mais en 406
les Germains envahissent à nouveau la Gaule puis, en
451, la ville est complètement détruite par Attila
Le Pogrom de Strasbourg est
le massacre par des habitants de Strasbourg de plus
de 900 des 1 884 habitants juifs de la ville le
14 février 1349, jour de la Saint-Valentin. Ils
furent accusés d'avoir empoisonner les puits lors
de la grande épidémie de peste qui ravagea l'Europe
au XIVème siècle Il est connu aussi sous
la désignation de massacre de la Saint-Valentin.
Dès le printemps 1348, de nombreux pogroms se
produisent tout d'abord en France faisant des milliers
de victimes parmi la population juive, puis à partir
de novembre, par la Savoie, ils se propagent à de
nombreuses villes du Saint-Empire, en particulier
de Rhénanie. En janvier 1349 des pogroms ont lieu
à Bâle et à Fribourg-en-Brisgau où les Juifs sont
envoyés par centaines au bûcher, et le 14 février,
c'est au tour de la communauté juive de Strasbourg
d'être anéantie.
A Strasbourg, cet événement
tragique est étroitement lié à la révolte des corporations
de métiers qui se déroule cinq jours auparavant
et qui renverse le pouvoir en place depuis 1332,
composé de riches bourgeois dont le juge Sturm et
Conrad Kuntz von Winterthur, les deux stadtmeister
(équivalents au maire de la ville) et Pierre Schwaber,
l'ammeister (chef des corporations de métiers),
qui garantissaient jusqu'alors une protection aux
Juifs de la ville. Les artisans, aidés par une grande
partie de la population, se sont insurgés plus particulièrement
contre Schwaber, jugeant son pouvoir trop important,
et sa politique envers les Juifs trop favorable
Elle est restaurée sous le nom
de Strateburgum en 496 par les Francs qui favorisent
le développement de la ville, après la conversion de
Clovis au christianisme. En effet, Argentorate est l’une
des rares villes de la région à être le siège d'un évêque,
véritable gouverneur de l’époque. En cette période de
paix, la ville se développe à nouveau. Les évêques successifs
étendent leur pouvoir dans toute l’Alsace. Dès le VIème
siècle, sous l’impulsion de l’évêque Arbogast de Strasbourg,
une première cathédrale et un couvent sont édifiés.
Vers 720, la première abbaye est construite à la demande
du duc d’Alsace Adalbert. La majorité des travaux d’urbanisme
étaient alors effectués par les moines qui, par ailleurs,
soignaient les malades et travaillaient la terre.
Sous l’ère mérovingienne, Strasbourg devient ville
royale mais reste de taille très modeste. Au VIIIème
siècle, la ville compte 1 500 habitants. Les activités
sont essentiellement agricoles mais on exporte déjà
du vin, du blé et du bois de chêne vers l’Allemagne,
les Pays-Bas, l’Angleterre et la Scandinavie. En 842,
la ville accueille Charles le Chauve et Louis le Germanique
qui s’allient contre leur frère Lothaire pour le partage
de l’Empire légué par leur grand-père Charlemagne et
prononcent les serments de Strasbourg, le plus ancien
texte rédigé en langue romane qui est ancêtre du français
et en langue tudesque langue à l'origine de de la langue
l’allemande. À l’issue de ce conflit en 843, le traité
de Verdun attribue Strasbourg à Lothaire. Mais peu après
sa mort, en 870, la ville revient à la Louis le Germanique.
Strasbourg obtient alors le droit de justice et celui
de battre monnaie.
En 962, Otton le Grand fonde
le Saint-Empire romain germanique et s’appuie sur l’Église
en lui octroyant des pouvoirs temporels forts. Strasbourg
va alors connaître une période d’expansion : une nouvelle
enceinte fortifiée est construite vers 1100 et un premier
hôpital voit le jour.
En 1160 on décide de remplacer
la cathédrale Wernher du nom de l’évêque qui demanda
sa construction, qui est pourtant de dimensions imposantes,
par un édifice grandiose. En seulement deux siècles,
la ville passe de 3 000 à 10 000 habitants et devient
l’une des plus grandes villes du Saint-Empire.
À partir de 1228, les quartiers
maraîchers font à leur tour partie intégrante de la
cité. De nombreux couvents sont édifiés et plusieurs
églises reconstruites. Les franciscains arrivent en
1222 et s’installent sur l’actuelle place Kléber. Les
dominicains s’implantent deux ans plus tard sur le site
du temple neuf.
Le Finkwiller, le quai des bateliers,
la rue des bouchers ou la rue d'or témoignent des nombreuses
corporations présentes à l'époque et indispensables
à la vie quotidienne des Strasbourgeois. Ces axes étaient
entourés d’une enceinte fortifiée qui sera agrandie
aux XIIème et XIIIème siècles.
Le système défensif des ponts couverts est édifié. Les
quatre tours actuelles faisaient partie des remparts
qui comptaient 80 tours et étaient reliées par des ponts
couverts d'une toiture en bois, disparue au XVIIIème
siècle. Elles abritaient les corps de garde mais servaient
aussi de prison. En 1201, Philippe de Souabe élève Strasbourg
au rang de ville libre sous l’impulsion de riches seigneurs
alsaciens. Peu après, en 1220, naît le conseil municipal.
Il est alors chargé de fonctions jusque-là attribuées
au clergé, notamment l’administration et la justice.
La bourgeoisie acquiert une autonomie remarquable vis-à-vis
du pouvoir épiscopal. Mais en 1260, Walter de Geroldseck
est élu évêque de Strasbourg et exige qu’on lui restitue
les pleins pouvoirs. Très vite, une guerre éclate entre
les Strasbourgeois et l’armée épiscopale. En 1262, le
prélat est vaincu à la bataille de Hausbergen, par les
troupes strasbourgeoises, bien aidées par Rodolphe Ier
du Saint-Empire.
Strasbourg tombe alors entre
les mains des plus grandes familles nobles de Strasbourg
: les Zorn et les Mullenheim. Les rivalités incessantes
entre ces deux familles, ainsi que le mépris des nobles
à l’égard des bourgeois finissent par agacer, et en
1332 une guerre civile éclate. Le pouvoir revient alors
à la classe marchande.
Au milieu du XIVème
siècle, la peste envahit toute l’Europe et atteint Strasbourg.
Comme dans de nombreuses villes, les juifs sont accusés
d’avoir empoisonné les puits. Pierre Swarber, l’ammeister
de Strasbourg, tente de protéger les juifs de la ville
ordonnant notamment qu’une enquête soit menée. Mais
le 9 février 1349, lui et la plupart de ses alliés sont
bannis de la ville. Le 13 février de cette même année,
près de 2 000 juifs sont brûlés vifs à l’endroit de
l’actuelle rue Brûlée
La ville a été fondée par Frédéric
de Hohenstaufen, dit le Borgne, père de Frédéric Barberousse,
sur une île de la Moder vers 1115. En 1164, son fils
Frédéric Ier, dit Barberousse, empereur du Saint-Empire
romain germanique, rédigea la charte de Haguenau, qui
octroyait à la cité un certain nombre de droits et privilèges,
et fit du château une des résidences impériales de la
dynastie des Hohenstaufen. En 1189, il part de Haguenau
pour la 3e croisade non sans avoir auparavant fondé
un hospice pour les pèlerins, l'église actuelle de Saint-Nicolas.
Il se noie en passant à gué une rivière d'Asie Mineure.
Ses successeurs Henri VI et Frédéric II firent de nombreux
séjours dans le château. C'est là qu'eut lieu une des
auditions de Richard Cœur-de-Lion devant le tribunal
impérial présidé par Henri VI. À la disparition de la
dynastie, la résidence fut délaissée.
Durant le
grand interrègne (1250-1273), les bourgeois de la ville
obtiennent de nombreux droits. Petit à petit, ils se
gouvernent eux-mêmes et obtiennent la moitié de la propriété
de la forêt. C'est l'origine du statut juridique de
la forêt actuelle : l'indivision.
Rodolphe de Habsbourg à partir
de 1273 remet de l'ordre dans les possessions impériales
et fait de Haguenau la capitale du grand bailliage regroupant
45 villages et 10 villes. L'administration se loge dans
un ensemble de bâtiments à côté de l'ancienne résidence
impériale transformée en atelier municipal. Seule subsiste
la chapelle impériale où les Staufen mettaient en sûreté
les insignes impériaux et les grandes reliques lorsqu'ils
résidaient au château. En 1354, son rang de chef-lieu
fait d'elle la capitale d'une ligue urbaine qui réunit
les dix villes impériales d'Alsace. Cette association
avait pour but de défendre les droits des villes face
aux grands seigneurs à qui l'empereur, toujours en manque
d'argent, était obligé de mettre les villes en gage.
Elle perd, selon l'interprétation qui est faite
par les Français du très ambigu Traité de Münster, son
statut de ville impériale en 1648. Or, avec les villes
de la Décapole, Haguenau ne l'entend pas de cette oreille,
dans la mesure où ce traité garantit également aux villes
leur immédiateté d'Empire. Malgré de lourdes pertes,
sa population est réduite des 2/3, Haguenau veut résister
et rester une ville impériale indépendante. Un nouveau
traité en 1676 donne définitivement la souveraineté
au roi de France. En 1677, Louis XIV décide de soumettre
la Décapole par la force. La population réduite à quelques
centaines de personnes est chassée avec interdiction
de revenir. La ville est incendiée en janvier une première
fois et en septembre à l'exception des églises par les
troupes de son général Montclar. La population est autorisée
à revenir dans la ville qu'en juillet 1678. Jusqu'en
1715, Haguenau ne connaît que la guerre.
C’est en 1740, qu’Antoine
Lebel, industriel d’origine Suisse crée dans la
ville de Pechelbronn, en Outre Forêt, région naturel
de l’Alsace, la première société pétrolière du monde
pour exploiter le gisement de pétrole.
Connu
dès le Moyen-Age, le gisement de Pechelbronn exportait
sa « graisse », employée comme lubrifiant pour les
roues des chars, mais également utilisé comme baume
cicatrisant et comme produit antiparasitaire !
L’Institue Française du Pétrole pris possession
des lieux en 1919. En 1926 la raffinerie située
à proximité employait plus de 3 000 personnes. Détruite
le 3 août 1944 par un bombardement, elle fut reconstruite
après la guerre et ferma définitivement ses portes
en 1970.
Aujourd’hui le site abrite un musée
du pétrole.
La première mention de Mollesheim n’apparaît que vers 820, dans un acte de donation de vignes de l’évêque Adeloch, en faveur du Chapitre de Saint-Thomas. Le sarcophage de l'évêque Adeloch se trouve en l'église Saint-Thomas de Strasbourg. En 1219, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen accorde à la ville plusieurs droits et franchises et en 1263 la cité est déjà entourée d'un premier mur d'enceinte qui lui confère quasiment la qualité de ville dans le sens médiéval. Parce que les évêques de Strasbourg y possédaient des biens, il en résulta des conflits entre eux et les empereurs germaniques, querelle qui se termina en 1308, au profit de l’évêque Jean de Dirpheim L'évêque Jean Ier, fit agrandir le premier mur d’enceinte en 1318 et y bâtit un château. Cet évêque mort en 1328, fut inhumé dans la chapelle de l'hôpital qu'il avait fondé, à l'emplacement duquel fut construite l'église des Jésuites, actuelle église paroissiale de Molsheim.
En 1354, l'empereur Charles IV
rendra visite à l'évêque Berthold. Après les victoires
de la ligue helvétique de 1386 à 1388, la féodalité,
pour se dédommager de ses défaites en Suisse, porta
la guerre dans d'autres pays. Le comte palatin Robert
ravagea l'Alsace et Molsheim fut de nouveau incendié
en 1388. En 1415 l'évêque Guillaume de Dietsch y fut
arrêté par le Grand Chapitre, secondé par la ville de
Strasbourg, parce qu'il avait aliéné un grand nombre
de domaines et revenus de l'évêché. En 1573 l'évêque
Jean IV établit une monnaie. Dans la même année (selon
d'autres en 1560), les chanoines catholiques de Strasbourg
quittèrent Molsheim.
La magistrature se composait
autrefois d'un prévôt, de quatre bourgmestres et de
huit conseillers. La famille noble de Kember porta le
nom de Molsheim. Pendant l'empire, Molsheim fut le siège
d'une sénatorerie. Plus tard, l'évêque de Strasbourg,
Lepappe de Trévern, y établit une école des hautes études
ecclésiastiques qui fut ensuite transférée à Marlenheim,
où elle resta jusqu'à la mort de cet évêque.
En
1580 Laurent Gutjahr, abbé d'Altorf, acquiert à Molsheim
une propriété. Ainsi les bénédictins, déjà établis depuis
le XIe siècle à Altorf, village non fortifié, vinrent
se réfugier derrière les remparts de Molsheim. En 1580
les Jésuites fondèrent une école à Molsheim que l'évêque
Léopold d'Autriche transforma en académie en 1618, année
de consécration de l'église des jésuites (actuellement
église paroissiale). La clé de voute de la chapelle
latérale sud représente les armoiries de l'archiduc
Léopold d'Autriche. Cette académie atteignit très vite
une grande renommée comme en témoignent les nombreux
ouvrages qui y furent imprimés. Le chancelier de cette
académie fut Christoph von Heyden en 1619. Adam Contzen
avait le titre de vice-chancelier de l'académie; il
était secondé par Josse Coccius, Étienne Ruid, Henri
Reffay, tous les quatre jésuites. En 1701, Louis XIV
transféra l'Académie à Strasbourg et laissa à Molsheim
un collège. Lors de la suppression de la maison des
Chartreux à Strasbourg en 1591, les religieux de cet
ordre se retirèrent également à Molsheim et y bâtirent
un couvent, dont les magnifiques vitraux furent en partie
détruits pendant la Révolution; les autres furent transférés
à Strasbourg. La chartreuse de Molsheim fait l'objet
d'un important travail de restauration (chantier de
bénévoles). En 1592, à la mort de l'évêque Jean de Manderscheid,
un conflit opposa les chanoines catholiques de Molsheim
aux chanoines protestants de Strasbourg. La lutte entre
le prince Jean Georges de Brandebourg et le cardinal
de Lorraine au siège épiscopal de Strasbourg, eut des
suites funestes pour Molsheim. Cette période est appelée
la Guerre des évêques. En 1605 les magistrats de Strasbourg
chassèrent les chanoines de la cathédrale qui vinrent
trouver refuge derrière les fortifications de Molsheim.
En 1657, après de longues tractations, les Capucins
vinrent aussi s'installer à Molsheim. Ils construisirent
un couvent et une église, mais toutes ces constructions
ont disparu. Les capucins, un ordre mendiant, assuraient
leur subsistance en allant confesser, prêcher, remplacer
les curés. C’est ainsi que la cité épiscopale devint
au début du XVIIe siècle le centre de la Contre-Réforme
en Basse-Alsace. Les religieux de Molsheim s’employèrent
à combattre la « nouvelle doctrine » par la prédication,
l’enseignement et la formation de jeunes prêtres.
Dès l'Antiquité, les hommes ont
su profiter de ce passage rétréci, étranglé, où les
Vosges se réduisent à un saut abrupt. Les romains l'ont
naturellement inclus dans leur système de communications.
Pour surveiller le passage, il faut un fort ; pour assurer
les services, il manque les relais, car la côte de Saverne
est fort rude.
Ainsi naît, au pied de la côte, au
débouché de la Zorn dans la plaine, une petite ville
fortifiée, groupée autour de trois relais, trois auberges
: Très Tabernae, Saverne.
Aux époques carolingiennes,
l'importance de Saverne est capitale ; la ville est
alors propriété de l'évêché de Metz, avant d'échoir
aux nouveaux ducs de Souabe et d'Alsace, les Hohenstaufen.
Au XIIIème siècle, la ville est donnée à
l'évêché de Strasbourg. En 1417, l'évêque Guillaume
de Diest se brouille avec le Magistrat de Strasbourg,
qui a depuis longtemps échappé à sa tutelle, et vient
s'installer avec l'administration épiscopale dans la
ville. Il s'en est fallu peut-être de peu que Strasbourg
perde son rang et que l'évêque d'Alsace soit évêque
de Saverne, d'autant plus qu'un siècle après la cathédrale
elle-même est confisquée par la ville passée à la réforme
et vouée au culte protestant ! Quoi qu'il en soit, Saverne
devint par ce fait capitale du domaine épiscopal, qui
s'étendait jusque vers Thann au sud et en pays de Bade.
La ville s'agrandit alors considérablement. Les évêques
furent de grands bâtisseurs et la dotèrent de beaux
monuments ; notons particulièrement l'agrandissement
des châteaux et de l'église paroissiale, par Guillaume
de Diest (1394-1439), le comte palatin Robert de Bavière
(1440-1478) et son successeur Albert de Bavière (1479-1506).
En 1444, les Armagnac du dauphin Louis épargnent Saverne,
mais en 1525, éclate la guerre des paysans. Ceux-ci
se réfugient à Saverne ; conscients de leur infériorité
en nombre et en équipement et trompés par les promesses
qui leur ont été faites, ils décident de se rendre,
et à peine ont ils quitté la ville que les soldats du
duc Antoine de Lorraine, malgré, dit-on, son ordre de
les laisser aller, les massacrent. 20 000 rustauds périrent
en ce jour. Une effroyable boucherie, qui répond à celles
commises par les paysans révoltés dans toute la région.
La guerre de Trente ans allait gravement toucher la
ville, du fait justement de sa position sur la route
devenue stratégique du col. Les Pandours du baron de
Trenck mirent la ville au pillage et laissèrent un tel
mauvais souvenir dans la région qu'on qualifiait de
pandour toute personne brutale, violente ou sans éducation.
"Wilder pandur"...
En 1634, la ville s'était pourtant
placée sous protection française. Pourtant. les traités
de Westphalie laissèrent à l'empire l'évêché de Strasbourg,
avec Saverne. Le roi de France y laissa néanmoins une
garnison et se réserva le privilège de faire passer
ses troupes sur son territoire. Il fallut attendre encore
trente-deux ans pour que la ville devienne française.
Les princes-cardinaux de Rohan installèrent ici leur
cour, bien que la cathédrale et la ville soient réconciliées
avec le catholicisme. On leur doit la construction d'un
palais impressionnant qui reste le chef-d’œuvre de la
ville.
En 1779, le château construit
par le prince de Furstenberg disparut dans un incendie.
Le dernier représentant de cette "dynastie" de cardinaux-évêques
de Strasbourg, Louis-René de Rohan-Guémené, ceignant
la mitre cette même année décide de le remplacer par
une nouvelle construction. Il y commet l'architecte
Salins de Montfort.
C'est ainsi que naît cette superbe
façade, longue de 104 mètres, célèbre par ses huit colonnes.
Un parc de 400 hectares s'ouvrait devant elle. Une immense
majesté se dégageait de l'ensemble, bien digne de la
fière devise des Rohan : "Roi ne puis, Prince ne daigne,
Rohan suis" Au XIXème siècle, la ville s'industrialise.
Le canal de la Marne au Rhin la traverse (et ampute
malencontreusement le parc du palais des Rohan) avant
d'aborder la vallée de la Zorn ; et la voie ferrée Strasbourg--Paris,
achevée en 1850, y fait étape. Ni l'un ni l'autre ne
peuvent franchir le seuil de la côte de Saverne et devront
remonter la vallée de la Zorn et recourir au tunnel.
Si la voix ferrée monte doucement à flanc du vallon,
le canal ne peut l'imiter qu'au prix d'innombrables
écluses, dont une partie sera supprimée par la mise
en service dans les années 1960 d'un ascenseur à péniches
unique au monde.
A la Révolution, la ville se rendit
propriétaire du palais puis en 1852 l'offrit à Napoléon
III. Celui-ci lui fit ajouter les deux ailes et en réaménagea
l'intérieur. Le fronton donnant place du château date
de cette époque ; il est dû à J. Droz. De 1873 à 1945,
le château servit de caserne, puis il fut rendu à la
ville.
Dominant de sa haute silhouette
la plaine d'Alsace avec à ses pieds le vignoble
Alsacien, le châteaux du Haut-Kœnigsbourg est un
des lieux incontournable lorsque l'on se promène
en Alsace.
Tout d'abord appelé Staufenberg, le
site comprend des fortifications dès 1147 qui permettent
de surveiller la route d'Alsace du Nord au Sud et
l'un des axes principaux d'Est en Ouest, il appartient
alors à Frédéric de Hohenstaufen, futur empereur
du Saint Empire Romain Germanique. Le nom de Koenigsbourg
(château du roi) apparaît en 1192.
Au XIIIème
siècle, le château passe aux famille des Ratsamhausen
et des Hohenstein. Devenu un repère de chevaliers
brigands, le château est conquis et incendié en
1462 par une coalition regroupant Colmar, Strasbourg
et Bâle.
Les restes du château du Haut Koenigsbourg
sont alors confiés à la famille des Thierstein en
1479, qui le reconstruisent et l'adaptent à l'artillerie.
A l'extinction de la famille des Thierstein en 1517,
le château n'est plus entretenu et se délabre petit
à petit
. Les fortifications ne résisteront pas
aux Suédois, qui le capturent et l'incendient en
1633 lors de la guerre de Trente Ans.
Le château
est alors laissé à l'abandon. En 1899, le château
est offert à Guillaume II de Hohenzollern, Empereur
d'Allemagne (la région est alors allemande). L'empereur
veut faire de ce château un symbole de la grandeur
de l'Allemagne et décide la restauration du château
du Haut Koenigsbourg.
La restauration est confiée
à Bodo Ebhardt qui reconstruit le château tel qu'il
était à l'époque des Thierstein (malgré quelques
libertés prises ou erreurs). Le château du Haut
Koenigsbourg est inauguré en mai 1908.
A la fin
de la première Guerre Mondiale, le château devient
bien national français.
La légende raconte que la ville
a été fondée par le géant Sletto, ou Schletto (d'où
le nom allemand de Schlettstadt), qui aurait creusé
de ses propres mains la vallée du Leberthal. La première
trace écrite remonte au VIIIème siècle mais
le site faisait alors partie du village de Kintzheim.
L’expansion de la ville débuta au XIème siècle
lorsque Hildegarde de Buren, mère du premier des Hohenstaufen,
grand-mère de l'empereur Frédéric Barberousse, y fonda
une église occupée à partir de 1094 par des moines de
Conques qui vénéraient Sainte Foy. Ce prieuré dirigea
la ville jusqu’à ce que Frédéric II de Hohenstaufen
accordât le statut de ville libre à Sélestat en 1217.
Le pouvoir passa dès lors mais progressivement aux
bourgeois. Les commerçants et les Sélestadiens firent
construire à quelques mètres de l'église romane Sainte
Foy l'église paroissiale Saint-Georges. Cette église
style gothique flamboyant fut construite entre 1220
et 1500. Sélestat prospérait et devient membre de la
Décapole en 1354 et jusqu'en 1679, agrandit ses fortifications,
reçut des ordres monastiques et faisait du commerce.
En 1521, à Sélestat, il est mentionné pour la première
fois le sapin de Noël ou arbre de Noël ou encore arbre
du Christ. Le document est exposé à la Bibliothèque
Humaniste. Il s'agit d'un livre de comptes datant du
21 décembre 1522 et venant des archives de la ville.
La Renaissance marqua la période glorieuse de la
ville qui devint une capitale de l’humanisme. Son école
devint célèbre dans toute l’Europe. La Réforme, la Guerre
des Paysans, qui agitait alors le Sud du Saint Empire,
et celle de Trente Ans marquèrent le déclin de Sélestat.
La ville fut prise par les Suédois en 1632, occupée
par les Français en 1634 et officiellement annexée par
Louis XIV avec les autres villes de la Décapole à la
Paix de Nimègue en 1678. Elle fut entretemps fortifiée
par Vauban et l'ingénieur Jacques Tarade en 1674. Sélestat
devint ville garnison de l'armée française, vit tous
ses privilèges de ville libre disparaître et son nom
francisé.
La ville subit deux sièges par les Allemands
en 1814 et 1815 et fut à nouveau assiégée en 1870 lors
de la guerre franco-prussienne. Suite à la défaite de
Napoléon III à Sedan, comme toute l'Alsace et une partie
de la Lorraine (le département de la Moselle actuel),
Sélestat fut reprise par les Allemands à partir de 1870.
La bourgade de Hatten, situé à une trentaine de kilomètres de Strasbourg abrite une musée originale dénommé « La Cour de Marie » qui retrace la vie dans les bourgades depuis les années 1920, avec ses collections de tracteurs, de poupées, de vieux objets, en bref, un musée mettant à l’honneur un certain art de vivre du XXème siècle. Vous y trouverez également une épicerie de produits du terroir alsacien. Il y a même la reconstitution d’un salon de coiffure comme il existait dans les années 50.
Wissembourg a été fondée voici
13 siècles par les moines bénédictins qui y bâtirent
une abbaye. Cette abbaye se développa pour devenir au
cours des siècles suivants la plus importante de la
région. Son rayonnement exceptionnel la fit connaître
auprès de tous les souverains.
En 868, un moine franc
de basse Alsace, Otfried, écolâtre à Wissembourg, donne
une version rimée des Evangiles (15.000 vers) en langue
franco-tudesque. Ce poème intitulé "Le Christ" a été
capital pour la formation de la langue allemande. Ce
moine est représenté en bas-relief sur la façade de
la Grange aux Dîmes.
Vers 1070 est réalisé le vitrail
"le Christ de Wissembourg", plus vieux vitrail figuratif
intact du monde, découvert à Wissembourg en 1880, il
est actuellement exposé au Musée de l'Oeuvre Notre Dame
à Strasbourg.
Le village se développe autour de
l'abbaye et grâce à sa prospérité devient bourg et s'entoure
d'enceintes. Les abbés construisent des châteaux aux
quatres points cardinaux.
La ville adhère à la Ligue
des Villes Rhénanes en 1254 et fait partie de la Décapole
en 1354, l'alliance des dix villes libres alsaciennes.
Les Wissembourgeois eurent souvent à pâtir des pillages
et privations dus aux guerres et aux brigands. Le plus
connu d'entre eux, Jean de Drott, comte Palatin, l'est
sous le nom de Hans Trapp, figure légendaire des Noëls
alsaciens.
La ville passe à la Réforme en 1522 lorsque
le curé de la paroisse St. Jean appelle le prédicateur
Martin Bucer à ses côtés. Après le traité de Westphalie,
qui plaça la ville sous la souveraineté française, Wissembourg
eut le privilège d'accueillir le Roi exilé de Pologne,
Stanislas Leszczynski. Sa fille Marie y apprit la demande
en mariage de Louis XV, mariage proclamé à l'église
St.Jean en 1725.
Les Wissembourgeois souffrent beaucoup
des guerres et représailles. Conflits entre l'abbaye
et l'électeur palatin, guerres de religion des XVIème
et XVIIème siècles, la ville est ruinée par
les pillages et les privations. Les troupes françaises,
impériales, suédoises, autrichiennes, wurtembergeoises
se succèdent.
La bataille du 4 août 1870, décisive
pour le sort du Second Empire, fait rage au Geisberg
où la division Abel Douay succombe sous le nombre des
Allemands. Les combats de la libération de 1944-45 n'épargnent
pas non plus Wissembourg qui est libéré une première
fois en décembre 1944, les alliés reperdant le terrain
jusqu'au 18 mars 1945.
La suppression des frontières,
dernière manifestation en date de la construction de
l’Europe, a redonné à Wissembourg un rôle régional important
et propose un nouvel essor prometteur à la capitale
de l’Outre-Forêt.
Quel est l'Alsacien
qui, dans son enfance, n'a pas frissonné
en entendant prononcer ces simples mots:
" Der Hans Trapp Kommt ". Cette phrase,
si laconique, produisait régulièrement le
même effet quand une mère, impatientée et
à bout d'arguments, s'en servait pour faire
rentrer les enfants dans l'ordre et l'obeissance.
Aussitôt les cris, les disputes cessaient,
on baissait la tête en tremblant, on demandait
pardon: la terrible formule avait opéré
mieux que toutes les réprimandes et toutes
les corrections.
Hans Trapp est le véritable
croquemitaine alsacien, création indigène
de la fantaisie, ou plutôt de la justice
populaire. Il ne faut pas le confondre avec
l'ogre gaulois, auquel l'indépendance de
l'esprit français a également attribué le
pouvoir d'éffrayer et de corriger les petits
polissons récalcitrants.
L'Alsace a
fait de Hans Trapp un épouvantail, mais
elle l'a soumis à l'autorité de l'enfant
divin de Noël, Kristkindel, qui distribue
les récompenses, jouets et bonbons, dans
la nuit merveilleuse. Hans Trapp est l'esclave
du Christ-Enfant et n'a de pouvoir que celui
qu'il lui confère ; c'est en un mot un simple
instrument chargé d'exécuter les punitions
infligées.
Quel est le point de départ
de ce mythe étrange ? Voici ce que nous
racontent les chartes originales de la ville
de Wissembourg :
" Vers la fin du
XV ème siècle vivait, à la cour de l'Electeur
palatin Philippe, de Thuringien Jean de
Trapp.Vain, téméraire et débauché, il n'agissait
que par la ruse et la cruauté et passait
pour avoir acquis un ascendant complet sur
son seigneur et maître, au moyen de philtres
et de charmes sataniques.
Non content
de l'emprise qu'il exerçait, il voulut s'enrichir
d'un seul coup. A cet effet, usant de son
influence, il spolia l'abbaye de Wissembourg
de ses forêts, de ses châteaux, de ses villages,
de ses droits, franchises et privilèges.
En présence de tous ces méfaits et de nombreux
autres que je passe sous silence, la cour
de Rome perdit patience. Il fut cité devant
le tribunal apostolique et frappé d'excommunication
comme sacrilège. Repoussé de tous cotés
comme un maudit, il se retira dans le repaire
qu'il s'était fait bâtir au haut du Geisberg
et vécut loin de toute société humaine,
comme une bête fauve que chacun fuit. La
solitude fit naître en lui des goûts hors
nature, contre lesquels il ne chercha pas
à réagir; il était obsédé du désir de manger
de la chair humaine et n'attendait qu'une
occasion propice.
Un jour apercevant
dans la campagne en jeune pâtre de dix ans,
il tombe sur lui à l'improviste, le transperce
de son épée, le traîne dans sa retraite
et là, après l'avoir découpé en morceaux,
il se met à le cuire; mais, tout à coup
il tombe foudroyé à coté du monstrueux repas
qu'il était prêt à dévorer; la justice divine
n'avait pas voulu permettre l'achèvement
d'un pareil forfait."
Depuis ce
temps, Jean de Trapp ou plutôt Hans Trapp
est resté légendaire, et même de nos jours,
il a conservé l'horrible privilège d'effrayer
les enfants pour la tendre chair desquels
il éprouvait tant d'avidité.
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