Le département de la Haute-Saône est formé de
la partie septentrionale de la ci-devant Franche-Comté, et tire son
nom de la disposition physique du cours de la Saône, qui l'arrose du
nord -est au sud-ouest — Ses bornes sont : au nord, le département des
Vosges ; à l'est, celui du Haut-Rhin ; au sud, ceux du Doubs et du Jura
;à l'ouest, ceux de la Côte-d'Or et de la Haute-Marne.
Ce département
est en général montagneux ; cependant on peut le diviser en deux zones
assez distinctes : celle du sud-ouest au nord-ouest, qui comprend les
arrondissements de Vesoul et de Gray, et celle du sud-est au nord-est,
qui renferme l'arrondissement de Lure. Dans la première, où le sol n'est
dominé par aucune haute montagne, ce sont des coteaux couverts de vignes
et de bois, de vastes prairies baignées par les eaux fécondantes de
la Saône et de Ognon, et des champs fertiles, qui laissent à l'art peu
de chose à faire pour seconder la nature. Dans la zone septentrionale,
les aspérités des contrées montueuses, des forêts, des torrents, des
cascades, des vallées agrestes, s'offrent successivement à la vue; c'est
un sol aride où la végétation des céréales est languissante, mais qui
abonde en productions minéralogiques.
Les seules montagnes remarquables sont le Ballon
de Lure, celui de la Servance et le mont de Vannes: les deux premières
ne sont que des branches du Ballon d'Alsace, qui n'est lui-même qu'une
extrémité de la chaîne des Vosges. Le Ballon de Lure, qu'on appelle
aussi la Planche des Belles Filles, a 1 300mètres de hauteur au-dessus
du niveau delà mer ; il est composé de trois mamelons formant une chaîne,
dont celui du milieu est le plus élevé ; on y trouve un pâturage qui
nourrit du bétail pendant la belle saison, et l'on y fabrique des fromages
façon de Gruyères. Le Ballon de Servance a 1 250 mètres de hauteur;
son sommet, qui a 1 200 mètre de circuit, offre aussi un pâturage où
les habitants de Servance envoient leurs bestiaux pendant la belle saison.
Le mont de Vannes tient au Ballon de Servance par une côte étroite qui
sépare la vallée de Fresse de celle de Plancher-les-Mines ; il est élevé
de 690 mètres. Le département de la Haute-Saône comprend une grande
partie d’un vaste bassin qu'embrassent les Vosges, la chaîne de Langres,
la Côte d'Or, et enfin les montagnes du Doubs et du Jura, voisines elles-mêmes
des Alpes.
Son territoire montueux au nord-est, dans le quart environ
de son étendue, comme" nous l'avons dit, est ailleurs assez uni et arrosé
par de nombreuses rivières bordées de grandes prairies ou de coteaux
cultivés. On n'y trouve ni l'aridité des pays montagneux auxquels il
touche, ni l'humidité insalubre que répandent les eaux stagnantes.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :536
000 ha
Population: 239 548 hab.(2009)
Dénsité :45 hab./km²
Nb de communes : 545
Ainsi
que les deux départements du Jura et du Doubs, celui
de la Haute-Saône fut formé, en 1790, d'une partie de
l'ancienne province de Franche-Comté. Le territoire
qu'il occupe formait sa partie septentrionale, et cette
circonscription reçut, à cause de cela, le nom de grand
bailliage d'Amont. Gray en était la capitale. Cette
contrée, avant l'arrivée des Romains, était habitée
par les Séquanais. On sait que les luttes de ce peuple
avec les Éduens amenèrent l'intervention romaine. Les
ruines qu'on rencontre encore à Luxeuil et sur l'emplacement
de l'ancienne Amagetobria attestent le séjour et la
longue domination du peuple roi.
La Séquanie, dans laquelle
était compris le département actuel de la Haute-Saône,
fut incorporée, sous Auguste, dans la Germanie supérieure.
Quand les Burgondes franchirent le Rhin et descendirent
les pentes des Alpes et du Jura, la Séquanie constitua
une importante fraction du premier royaume de Bourgogne.
. Après avoir été conquise par Clovis et possédée quelque
temps par les rois francs ses successeurs, la Séquanie
échut à Lothaire, lors du démembrement de l'empire de
Charlemagne. On sait que cette époque fut le signal
des usurpations féodales. Nulle part le pouvoir des
comtes et des abbés ne fut plus indépendant que dans
le comté de Bourgogne pendant plusieurs siècles l'autorité
centrale est presque entièrement annulée ; la plupart
des fiefs relevaient bien de l'empire d'Allemagne, mais
cette dépendance n'était que nominale. C'est donc dans
les annales des villes, dans les chroniques des puissants
monastères qu'il faut chercher la vie historique de
cette époque ; c'est à peine si son unité peut se rattacher
à celle du duché de Bourgogne dans la grande phase des
quatre derniers ducs. Les populations des trois bailliages
se prononcèrent bien plus énergiquement encore que celles
de Bourgogne en faveur de l'héritière de Charles le
Téméraire, contre les prétentions de Louis XI ; ce prince
fit une rude guerre aux obstinés Comtois qui ne voulaient
pas devenir Français.
Nous suivrons dans les épisodes
locaux, dans le siège des villes, la dévastation des
campagnes, les traces de cette première lutte, qui se
termina par l'incorporation de la Comté aux États d'Autriche.
Presque toutes les cités du bailliage d'Amont eurent
leur part dans les calamités de celle période. Voici
comment cette transformation est caractérisée par M,
Eugènc Rougebief, historien franc-comtois, dans son
patriotique et savant ouvrage « La Franche- Comté se
trouvait pour la troisième fois séparée du duché de
Bourgogne. Rendue à la maison d'Autriche par le traité
de Senlis, on va la voir changer de maître et continuer
son existence isolée. C'est en elle dorénavant que se
personnifiera le génie de la vieille nationalité bourguignonne
c'est elle qui s'en montrera la dernière expression
; et, lorsque viendra le jour où la logique de l'histoire
aura marqué sa place dans le grand cycle de la France,
elle gardera longtemps encore sa physionomie originale,
son vieil esprit traditionnel. Nous venons de la laisser
à la fin d'une lutte courageuse, et qui ne devait pas
être la dernière. Aussi dévouée à ses princes que jalouse
de ses libertés, la Franchè-Comté, plus grande en sa
réputation qu’'en son étendue, comme a dit un historien,
ne reculera devant aucun sacrifice pour rester digne
de son antique renom et de l'estime de ses souverains.
lle va se soutenir pendant deux siècles avant de trouver
son maître encore faudra t’il, pour la dompter, que
la forte épée de la France vienne à trois reprises s'abattre
sur elle, et les hommes qui la tiendront, cette épée,
s'appelleront Henri IV, Richelieu, Louis XIV. » Il n'avait
point été difficile à Maximilien de rattacher à l'Autriche
une province qui ne connaissait la domination française
que par les rigueurs de Louis XI ou l'incapacité administrative
de Charles VIII son fils, Philippe le Beau, devenu possesseur
de la Franche-Comté par l'avènement de son père à l'Empire,
resserra encore les liens d'affection qui attachaient
les Comtois à sa maison. Il visita deux fois leur province,
présida les états et confirma les privilèges de la bourgeoisie.
Il avait épousé Jeanne, infante d'Espagne, et c'est
de cette alliance que découlèrent plus tard les droits
de Charles- Quint sur la Comté.
L'intervalle qui
sépara le règne de Philippe de l'avènement du grand
empereur fut rempli par la régence de Marguerite, deux
fois veuve avant d'avoir été mariée, et qui laissa dans
le pays un souvenir durable de ses qualités aussi aimables
que solides.
C'est à cette époque aussi que se rattache
le grand mouvement suscité par les prédications de Luther
et de Munzer. Leurs paroles trouvèrent de l'écho dans
cette province, si hostile à toutes les oppressions;
mais les effets de la réforme religieuse furent amortis
par la tolérance même qu'elle rencontra chez ses adversaires,
et la révolte des paysans eut dans la Comté un caractère
particulier qui la fait ressembler aux guerres des hussites
plutôt qu'à la Jacquerie de France. Le sol était raffermi
quand Charles-Quin prit en main l'administration du
pays que la comtesse sa tante avait si habilement gouverné.
Il se conforma scrupuleusement aux instructions qu'elle
lui avait tracées dans son testament ; il hérita surtout
des sympathies profondes que Marguerite avait conservées
jusqu'à sa mort pour la Franche-Comté. Rien ne put jamais
distraire le puissant monarque de la bienveillante sollicitude
avec laquelle il veillait sur les destinées de cette
province de prédilection.
Chaque ville reçut quelque
témoignage particulier de sa libéralité et de son affection
; c'est à des Comtois qu'il confia les postes les plus
importants de son gouvernement ; à sa cour, dans son
intimité, il aimait à se sentir entouré de ces fidèles
Bourguignons, et l'histoire en cite un nombre considérable
qui, par l'éclat de leurs services ou l'importance de
leur position, ont participé à la gloire de son règne.
La mort de Charles-Quint mit un terme à cette ère de
splendeur et de prospérité le fanatique Philippe II
compromit au dedans et au dehors les destinées de la
Franche-Comté.
L'inquisition, établie par lui, fit
couler des flots de sang, jeta la perturbation dans
ces populations tolérantes et paisibles, excita les
passions religieuses et entraina le pays dans les luttes
désastreuses du XVIème siècle.
En février
1595, le bailliage d'Amont fut envahi par six mille
soldats lorrains, commandés par deux anciens capitaines
ligueurs, d'Aussonville et Beauvau-Tremblecourt, qui
promenèrent dans toute la contrée le pillage, le meurtre
et l'incendie. Cette expédition livrait les clefs de
la province à Henri IV, qui, quelques mois plus tard,
y remportait la célèbre victoire de Fontaine-Française
et se vengeait sur les habitants inoffensifs des justes
griefs qu'il avait contre le roi d'Espagne.
Ce n'était
là encore que le commencement des épreuves auxquelles
était réservé ce malheureux pays le traité de Vervins
remit les choses dans l'état où elles étaient avant
la guerre, c'est-à-dire dans un provisoire plein de
périls.
Richelieu reprit l’œuvre de Henri IV, et
le prince de Condé pénétra en Franche-Comté. Les haines
séculaires de la France et de l'Espagne semblaient avoir
adopté cette province pour champ clos ; c'est là, en
effet, que se vidaient toutes les querelles mais plus
la constitution de l'unité française rendait indispensable
l'incorporation de ce pays, plus les habitants luttaient
avec énergie et désespoir contre ce qu'ils appelaient
la domination de l'étranger et la perte de leur indépendance.
La résistance aux efforts de Richelieu, guerre de dix
ans, amena successivement dans le pays les plus illustres
capitaines du temps après Condé, ce furent Turenne,
Villeroy, Longueville et ce prince de sanglante mémoire,
Bernard de Saxe-Weimar, le fléau du bailliage d'Amont,
pillant, rançonnant, dévastant tout sur son passage;
il ne s'attaquait qu'aux petites places, il prit Jonvelle,
Jussey, Champlitte, Pierrecourt, et, comme les habitants
de ce village avaient tué quelques hommes de son avant-garde,
il livra les habitations aux flammes et passa la population
au fil de l'épée. Aux attaques incessantes qui s'acharnaient
contre elle, la Franche-Comté opposa victorieusement
l'indomptable énergie de quatre villes, Dôle, Gray,
Salins et Besançon qui repoussèrent tous les assauts
comme elles rejetaient toutes les offres de capitulation
; le génie patriotique de deux capitaines comtois, le
baron d'Arnans et Lacuzon, qui se maintenaient dans
les montagnes et qu'aucun échec ne pouvait ni abattre
ni décourager enfin, l'héroïque et mâle courage d'une
femme, de la jeune et belle comtesse de Saint-Amour,
dont l'exemple entraînait sur les remparts des villes
assiégées les mères, les femmes et les filles des combattants.
Louis XIV n'aurait sans doute pas été plus heureux que
Henri IV et Richelieu, si, comme eux, il n'avait eu
recours qu'à la force de ses armes mais profitant de
la position qu'avait maintenue la paix de Munster, en
1648, laissé en possession de plusieurs places au cœur
du pays, il fit de là le siège des consciences, et toutes
ne furent pas imprenables comme les glorieuses
Éblouis
par les pompes de Versailles, gagnés peut-être aussi
par d'autres séductions, l'abbé de Watteville pratiqua
la noblesse, d’Aubépin fit circonvenir la bourgeoisie
des parlements le peuple, trahi par ses anciens chefs,
abandonné par l'Espagne épuisée n'eut même plus à défendre
ses forteresses, que les gouverneurs livraient à prix
d'argent. Le 4 juillet 1674, dernier effort de la nationalité
comtoise, la ville de Faucogney succombait après trois
jours d'assaut, les habitants étaient passés par les
armes, la conquête était accomplie, et Louis XIV pouvait
se faire représenter sur un arc de triomphe en conquérant
et en dominateur de la Franche-Comté.
Nous avons
ailleurs caractérisé son règne et celui de ses successeurs
; c'est un sujet sur lequel il serait plus pénible encore
qu'inutile de revenir.
Si le bailliage d'Amont ne
fut français réellement et de cœur que depuis 1789,
il a pris dès lors une bonne et glorieuse place dans
la nouvelle famille le bataillon de la Haute-Saône en
1792, les patriotes comtois en 1814 et 1815 ont scellé
de leur sang le pacte d'alliance qui les unit pour toujours
à la France. L'année 1870-1871 réservait à ce département
une nouvelle et douloureuse occasion de montrer son
patriotisme.
A la fin de la notice historique que
nous avons consacrée au département du Doubs, nous avons
raconté les événements de la guerre franco-allemande
qui ont eu pour théâtre le territoire de ce département,
c'est-à-dire de la lamentable retraite de la première
armée de la Loire vers la frontière suisse, après les
combats d'Héricourt et de Montbéliard. Nous nous proposons
de reprendre notre récit un peu plus haut et de faire
connaître les faits militaires concernant la même armée,
qui se sont accomplis à cette époque dans le département
de la Haute-Saône, notamment les batailles de Villersexel
et d'Héricourt. Dès le 3 janvier 1871 la première armée
de la Loire devenue J'armée de l'Est, placée sous les
ordres du général Bourbaki, se mettait en mouvement
: Le général en chef prenait ses dispositions pour se
porter sur Belfort et débloquer celle place, assiégée
par le général allemand de Werder, commandant le XIVème
corps ou corps d'opérations d'Alsace.
À cette date
Vesoul était occupé par les troupes du XIVème
corps, une brigade badoise était à Gray, la division
Schmeling à Villersexel, à l'embranchement des routes
de Dijon, Gray et, Vesoul sur Montbéliard et Belfort.
Héricourt était gardé par divers détachements ennemis.
Le 4 janvier, la division Cremer reçoit l'ordre de marcher
sur Vesoul mais les les avant-postes français rétrogradent
sur Grey et notre armée se dirige directement sur Belfort.
Le général de Werder' manœuvre de façon à couper la
route de l'armée française, qui était, hélas! très mal
équipée et mal nourrie. Le 8 janvier, celle-ci était
signalée à Montbozon, et les deux armées, suivant deux
routes convergentes se trouvaient à 20 kilomètres environ
de villersexel où ces routes se croisaient. Le 9, la
division Schmeling enlevait Villersexel mais l'armée
française arrivait successivement et se présentait devant
la petite ville fortement retranchée par les troupes
allemandes A dix heures du matin, le combat s'engage
et se prolonge jusqu'à dix heures du soir. La ville,
clef de la position et qui a donné son nom à la ville
est prise et reprise et finit par nous rester. Le général
Bourbaki déploya dans celte journée son audace habituelle,
menant lui-même au feu ses colonnes d'attique.
Nous
restons maîtres des positions l'ennemi, abandonnant
le champ de bataille, se retire sur Lure, au nord, et
de il rejoint le corps de blocus devant Belfort, amenant
au général de Werder un renfort. La présence du général
Cromer sur la route de Vesoul à lui eût amené un désastre
pour l'ennemi malheureusement, un froid de 18° au-dessous
de zéro retardé le jeune et vigoureux général, qui le
8 seulement quittait Dijon, et l'empêchait d'arrivé
à temps pour la bataille du lendemain. Les Allemands
perdirent plus de 1,000 hommes à la bataille de Villersexel.
Le 10 janvier, le général français laisse reposer ses
troupes exténuées ; le 11, il reprend sa marche vers
les positions ennemies de la Lisaine, mais avec une
grande lenteur, tant le froid est intense. Le 13, l'armée
française repoussait à d'Arcey, à 20 kilomètres de Villersexel
et à 15 de Montbéliard les avant-postes allemands ;
sa gauche était devant Lure et forçait le colonel Willisen
de se replier, le 14, sur Ronchamp. Pendant la nuit
du 14 au 15, le thermomètre descend a -17° en dessous
de zéro à Réaumur. Dès le matin pourtant, Bourbaki recommence
ses attaques contre les lignes de la Lisaine, et essaye
d'enlever d'abord Chagey, 'a la droite des Allemands.
Repoussé, il tente inutilement jusqu'au soir de percer
la ligne à Lure et à Héricourt. « La canonnade ne discontinue
pas, écrit l'auteur de l'ouvrage intitulé « La guerre
au jour le jour (1870-1871) ». Vers midi, un~ vigoureuse
attaque est dirigée sur le centre de la position de
Werder, à Busserel et à Béthencourt. Les chemins sont
détestables et glissants. La division Cremer, retardée
par la marche sur la gauche du XVIIIème corps,
ne peut entrer en ligne qu'à trois heures.
En résume,
pendant journée, nous tentons vainement d'enfoncer le
centre et nous couchons sur nos positions. » Le 16,
la bataille recommence au point du jour, du côté d'Héricourtt
et de Busserel, puis près de Montbéliard. Le 17, après
avoir combattu de huit heures du matin à quatre heures
du soir, après une lutte héroïque de trois jours, le
général en chef reconnaît l'impossibilité de forcer
le passage et ordonne la retraite. L'ennemi, dont les
troupes sont aussi fatiguées que les nôtres, n'ose nous
poursuivre. Le général Bourbaki apprend alors que le
VIIème corps allemand menace ses lignes de
retraite il donne ses ordres pour hâter la marche de
l'armée sur Besançon, ne se dissimulant pas l'épouvantable
position dans laquelle il va se trouver. On sait le
reste. Notre armée, décimée et en désordre, ne put se
réorganiser et dut se résigner à passer désarmée la
frontière de la Suisse hospitalière
Si Vesoul, du fait de sa
situation eut à subir de nombreux sièges, qui furent
suivit de massacres et dévastation, le siège de
1558 vit la déroute des Allemands, vaincus non pas
par les armes, mais par les éléments déchainés qui
s’unirent aux assiégés pour faire fuirent en toute
hâte les assiégeants.
Voici comment parle de
cet événement un historien contemporain.
«
Les soldats de Polviller étant prêts à marcher avec
quelques pièces d’artillerie menue et des échelles,
pour forcer et emporter la ville et la mettre à
sac, Frais-Puits (gouffre du voisinage) se mit à
vomir subitement tant d’eau, quoiqu’il n’eût plu,
sinon vingt-quatre heures ou environ, qu’en moins
de cinq ou six heures toute la campagne en demeura
couverte, ce qui fit croire aux soldats que les
habitants avoient en leur puissance quelque cataracte
par la levée de laquelle on pouvait baigner la campagne
et noyer tous ceux qui se trouveroient sur icelle.
Et en cette fantaisie se retirèrent à la hâte, quittant
la plaine pour se sauver au-dessus des montagnes,
sans plus vouloir descendre pour demander le gueit,
abandonnant échelles, artillerie, tambours et autres
choses, voire, chose incroyable entre les Allemands,
les bouteilles et les barils ! »
Ancienne et jolie ville, Vesoul
remonte à une époque fort reculée, quoique l'histoire
n'eu fasse mention que depuis le IXe siècle. C'était
déjà, vers la fin du xii" siècle, une ville importante,
qui avait son vicomte, son bailli et son maire. Les
Anglais la pillèrent et y mirent le feu en 1360; rétablie
en 1369 par Jean de Ray, elle fut détruite de fond en
comble, en 1479, par Charles d'Amboise, qui fit passer
les habitants au fil, de l'épée. Tremblecourt la prit
en 1595, et fit; démanteler le château. Turenne s'en
rendit maître eu 1649, et en démolit les fortifications;
le duc de Navailles la prit une seconde fois en; 1674
; sa possession fut assurée à la France en 1678 par
le traité de Nimègue.
La ville de Vesoul est bâtie
au pied d'une montagne de forme conique nommée la Motte,
dans un bassin arrosé par deux rivières tortueuses qui
s'y réunissent, et bordé de collines peu élevées, dont
la pente, comme celle de la Moite, est couverte de vignes.
Au-dessous de ces coteaux sont des terres labourables
terminées par une vaste prairie. Cette situation dans
un pays aussi fertile que riant, et la salubrité de
l'air qu'on y respire rendent son séjour l'un des plus
agréables de la contrée. — La ville est propre et bien
bâtie ; la plupart de ses; rues sont bien percées, larges
et bien pavées., On y remarque trois places publiques,
ornées d'élégantes fontaines; le palais de justice;
les casernes de cavalerie, construites en 1777; l'hospice
civil et militaire ; l'hôtel de là préfecture, construit
en 1822 ; la salle de spectacle ;l'église paroissiale,
dont le maître autel est superbe et qui possède un ancien
sépulcre dont les figures sont fort belles.
Suivant Perreciot, Lure existait
déjà' sous l'empire romain. Sa position sur la voie
rormaine de Luxeuil à Mandeure et là grande quantité
dé tuiles antiques trouvées dans son territoire donnent
quelques présomptions favorables à l'opinion de ce savant.
Il est du moins certain qu'il y avait déjà une église
à Lure en 610, quand saint Déile ou Déieole, disciple
de saint Colomban, vint fonder une abbaye, dans le voisinage
de. cette ville. Eu 870 Lure était une ville assez importante
pour qu'il en fût fait mention dans le partage qui eut
lieu entre Charles le Chauve et Louis le Germanique.
C'était une ville forte au XIV siècle. Elle souffrit
plusieurs fois le pillage et l'incendie durant les guerres
qui précédèrent la conquête de Louis XIV ; ce monarque
s'en empara le 1e1' juillet 1674.
Lure est située
au milieu d'une plaine vaste et marécageuse. Le terrain
sur lequel s'élève la ville est presque entièrement
entouré de marais. Les routes royales de Paris à Bâle
et de Besançon aux Vosges traversent: la principale
rue ; une belle avenue de peupliers sur la route d'Alsace
sert de promenade aux habitants.
On remarque dans
la grande rue plusieurs grandes maisons. La sous-préfecture
occupe les vastes et beaux bâtiments du ci-devant prince
abbé de Lure. Le collège est un bâtiment spacieux et
imposant L'église paroissiale, peu remarquable à l'extérieur,
est intérieurement décorée avec goût.
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