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Les Départements de la France

  • Données géographiques

Savoie

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Le département de la Savoie est le département le plus montagneux de France avec près de 90 % de son territoire situé en zone de montagne. Il s'agit principalement du massif des Alpes, mais aussi dans une moindre mesure du massif du Jura à l'ouest.
En ce qui concerne l’hydrographie, le département est traversé d'est en ouest par l'Isère (286,1 km jusqu'au Rhône) et l'Arc (127,5 km), qui prennent leur source près du Col de l'Iseran. L'Isère descend la vallée de la Tarentaise et l'Arc celle de la Maurienne après laquelle il rejoint l'Isère au niveau de la Combe de Savoie.

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Carte des Savoie - Le duché de Savoie fut rattaché à la France en 1860

Ce sont les deux seuls cours d'eau de plus de 100 kilomètres en Savoie mais la longueur totale des cours d'eau dans le département s'établit à 2 200 km. Ses deux principales étendues d'eau sont autrement le lac du Bourget (de 44,5 km2, le plus grand et le plus profond lac naturel d'origine glaciaire français situé exclusivement en France) et le lac d'Aiguebelette (5,45 km2 et l'un des moins pollués de France en raison d'un arrêté préfectoral de 1976 interdisant l'usage de bateaux à moteur thermique à l'exception des services de secours sur le lac. L'eau représente un total de 12 569 hectares dont 8 000 de lacs. La Savoie est limitrophe des départements de la Haute-Savoie au nord, de l'Ain et de l'Isère à l'ouest et des Hautes-Alpes au sud. L'est de la Savoie est pour sa part limitrophe avec les vallées de Suse et d'Aoste en Italie.


Histoire de la Savoie


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Carte de la Savoie
Note

Carte d'identité


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Un rond point - Méribel Montaret

La Savoie
Région :Auvergne-Rhône-Alpes

Préfecture : Chambéry
Sous préfectures :
Albertville
Saint-Jean-de-Maurienne


Conseil général
Office département du Tourisme
Archives départementales
Patrimoine des communes

Note : ce site officiel du ministère de la culture vous donne toutes les informations relatives à tous les lieux et objets inscrits au patrimoine de chaque commune d'un département.

Fondation Facim Note : Ce site associatif présente un large choix de lieux à visiter sur l’ensemble du territoire de la Savoie, lieux d’histoire, lieux de découvertes et de promenades dans les baux pays de Savoie.

Gentilé : Savoyards
Population : 442 468 hab. (2021)
Densité : 73 hab./km²
Superficie : 6 028 km²
Subdivisions : Arrondissements : 3
Circonscriptions législatives : 4
Cantons : 19
Intercommunalités : 17
Communes : 273

L'union territoriale de la France, la force de cohésion qui relie entre elles toutes ses parties et qui fait l'admiration ou l'envie des autres nations, ce fait à peu près unique en Europe et dont l'histoire n'est pas un accident dû au hasard, c'est, au milieu des évènements humains, le dégagement d'un grand principe, la consécration d'une loi providentielle. Ce fait, comme toute œuvre destinée à durer, est l'œuvre patiente du temps, et il lui a fallu de longs siècles pour s'accomplir.
La Savoie, dont nous allons résumer les annales, nous prouvera une fois de plus que les peuples, pas plus que les individus, ne peuvent échapper à leur destinée et que l'harmonie, ici-bas, consiste tout entière dans l'accomplissement des lois que nous impose la divine Providence

La Savoie sous la neige
La Savoyarde de Montmélian

Quoique la réunion-de la Savoie à la France ne date que d'hier, nos lecteurs verront depuis combien de temps cette fusion était préparée dans les esprits, dans les mœurs, dans les besoins, dans les vœux de tous, et par conséquent à combien de titres elle était légitime ; ils savent que les années sont à peine des jours dans la vie des peuples, et ils se rappelleront que celles de nos provinces les plus profondément, les plus énergiquement françaises, étaient encore séparées de la grande, de la bienaimée famille, au commencement du siècle dernier.
Alors encore, pour rattacher ces membres au tronc, il fallut de violents efforts, des guerres sanglantes le temps a marché depuis ; la Révolution française est enfin venue. Par elle, un nouveau droit public a surgi ; les peuples ont repris possession d'eux-mêmes, et, cette fois, c'est à un suffrage libre que la France doit l'agrandissement de sa famille et l'extension de ses frontières. Ces annexions, conquêtes pacifiques, les seules que devrait désormais accepter l'esprit moderne, sont déterminées par une communauté d'origine, des liens de traditions historiques et une solidarité d'intérêts dont l'évidence ressortira, nous l'espérons, des faits que nous avons à retracer.

La Savoie sous la neige
Le château des Ducs de Savoie à Chambéry

Avant l'invasion romaine, époque pleine d'obscurité et d'incertitude, on sait seulement que la Savoie était habitée par des tribus allobroges, sorties, comme les tribus gauloises, de la race celtique.
L'organisation politique était la même, les mœurs étaient semblables. Aussi, quand Brennus et Bellovèse descendirent en Italie, leurs hordes, en passant les Alpes, se grossirent-elles de nombreux contingents de l'Allobrogie. Polybe donne le nom d'un roi des Allobroges, Bancas, qui aurait servi de guide à Annibal mais aucun monument ne constate d'une manière positive le passage du général carthaginois. MM. Champollion-Figeac et Barentin de Montchal prétendent que le gouvernement des Allobroges était républicain nous ne mentionnons donc le fait que pour constater les controverses auxquelles il a donné lieu. Le premier évènement dont l'authenticité soit incontestable remonte à l'an 118 avant l'ère chrétienne. Les Allobroges avaient donné asile au roi des Liguriens, ennemi de Marseille que Rome protégeait, Domitius Ahenobarbus saisit avec empressement ce prétexte la guerre fut déclarée ; les Savoisiens, unis aux Dauphinois septentrionaux, s'avancèrent au-devant de l'ennemi ; les armées se rencontrèrent près d'Avignon, dans les plaines d'un village nommé Vindalie les Romains furent vainqueurs, et l'Allobrogie fut ajoutée aux provinces déjà conquises. Jusqu'à l'arrivée de César, les montagnards semblent avoir supporté le joug assez difficilement ; ils protestaient contre la lourdeur des impôts, et leur mécontentement était si notoire, que Catilina comptait sur eux dans ses projets contre le sénat. Il fut trahi à Rome par leurs députés, qui entrèrent d'abord dans la conjuration ; mais la nation ne s'en associa pas moins par un soulèvement à sa tentative il fallut que le préteur de la Gaule Narbonnaise marchât contre les révoltés. Un de leurs chefs, Induciomar, de la tribu des Voconces, se mit à leur tête. Toute l'Allobrogie s'arma deux batailles rangées furent gagnées par les montagnards sur les légions romaines ; mais ce triomphe fut de peu de durée. C'est à César qu'il appartenait d'achever de les vaincre. L'indocilité des Allobroges et les nombreuses interventions qu'elle nécessitait valurent au pays la création de deux voies romaines, constatées dans les itinéraires d'Antonin et dont de nombreux vestiges existent encore l'une de Milan à Vienne en Dauphiné, séparant la Tarentaise et la Savoie proprement dite du petit Saint-Bernard et de Saint-Genix-d'Aoste l'autre de la Tarentaise à Genève ; la première longue de 100 kilomètres environ, et la seconde de 110. Depuis César jusqu'à l'invasion des Burgondes en 427, la tradition ne nous a transmis le souvenir d'aucun évènement important.

La Savoie sous la neige
Le Monument des « Quatre sans Culs ! »

Note

Histoire de la Savoie


Pielle
Le chalet du col de Granier

En parcourant les milliers de document numérisés site Gallica, J’ai découvert un livre signé par Monsieur Adolphe Joanne, publié en 1901, qui donne dans son ouvrage une description très complète de l’histoire de la Savoie et je n’ai pas résister au plaisir de la joindre dans cette page et j’espère que vous aurez le même plaisir que moi à la découvrir

Dès qu'on eut reconnu au fond des lacs de la Suisse l'existence de pilotis et de poteries qui trahissaient d'anciens établissements, les archéologues des Sociétés savantes de la Savoie explorèrent les lacs de leur pays et y découvrirent des pilotis et des poteries semblables. A quelle époque peuvent remonter ces cités primitives établies sur les eaux pour rendre leur défense plus facile ? Cette question attend encore une solution. On a déterminé sept emplacements de cités lacustres, sur le lac du Bourget, à Tresserve, à Brison-St-Innocent, à Conjux, à Châtillon.
Cette dernière localité avait même donné son nom au lac désigné par des cartes et des chartes du moyen âge sous le nom de Châtillon (lacus Castillonis). Mais on ignore à quelle nation appartenaient ces habitants des lacs, car, d'une part, en Suisse, les constructions sur pilotis paraissent avoir diminué ou cessé avec l'invasion celtique ; d'autre part, en Savoie, elles semblent avoir subsisté plus longtemps, peut-être jusqu'à l'occupation romaine.
A cette époque, les peuples qui habitaient les vallées de la Maurienne s'appelaient les Médulles et les Graïocelles. Les Ceulrons habitaient les vallées de la Tarentaise, de Beaufort et du Haut-Faucigny. Les Broges étaient divisés en deux grandes fractions : l'une, nommée lsobroges, dans la Bresse, l'autre, Allobroges, dans les vallées de la province de Genevois, dans une partie du Chablais et du Faucigny et dans la province de Savoie Propre. Débordant en Dauphiné jusqu'à l'Isère et jusqu'au Rhône, les Allobroges, chefs de la redoutable ligue des tribus Sapaudes (Sapaudia, Savoie), étaient l'un des plus célèbres peuples de la Gaule. L'historien Polybe nous transmet le premier fait écrit relatif aux peuples qui habitaient la Savoie : le secours donné par les Allobroges aux Gaulois cisalpins attaqués par les armées romaines. Le second est le passage des Alpes par Annibal, passage qui a donné lieu à tant de discussions, continuées de nos jours.
Lorsque Rome, victorieuse de Carthage, maîtresse de l'Orient et de l'Espagne, intervint enfin dans la Gaule, pour protéger Marseille, les Allobroges résistèrent énergiquement aux étrangers et s'unirent aux Arvernes. Défaits une première fois par Domitius Enobarbus, ils le furent une seconde fois par Fabius Maximus, qui obtint l'honneur du triomphe et le surnom d'Allobrogicus. Ce fut par leur pays et peut-être dans leur pays que Jules César arrêta l'invasion des Helvètes : il s'annonçait à la Gaule comme un libérateur, en attendant qu'il pût y parler en conquérant et en maître.
Opiniâtres dans leur résistance contre les Romains, les Allobroges, une fois soumis, adoptèrent promptement les lois, les mœurs, les coutumes, la langue des vainqueurs.

La Savoie sous la neige
Une chapelle savoyarde

Le territoire fut défriché, assaini, sillonné de routes ; des cités populeuses s'élevèrent, qu'embellirent des temples, des théâtres, des palais, des cirques, des écoles, des arcs de triomphe, des aqueducs, des bains. La Savoie est une des contrées de la Gaule qui contiennent le plus de ruines antiques, de vestiges de voies romaines, d'inscriptions latines. On en a trouvé : à Aime (Forum Claudii, Axima au moyen-âge), à Aiguebelette (Aquae Bellonae), à Lémenc (Lemencum ) situé auprès de Chambéry, à Arbin (mosaïques fort remarquables), à Aix-les-Bains (Aquæ Allobrogum ou Aquae Domitianæ ou Aquae Gratianae), à Albens (ancien vicus Albaniensis), à la Biolle, à Novalaise.
L'antique Allobrogie, ayant été détachée de la province Narbonnaise par les empereurs Galba et Vespasien, forma une nouvelle province, appelée Viennoise, laquelle s'étendait jusqu'au cœur du pays des Centrons. Mais un jour, son nom même s'effaça pour faire place au nom primitif de Sabaudia qui reparut. Dans la Notice des princes et des cités de la Gaule, ce nom s'écrit Sabuudia, puis, après l'arrivée des Barbares, Saboja, Saboia, Savogia, Savoye, Savoie.
L'époque de l'introduction du christianisme en Savoie est incertaine : saint Jacques, saint Marcel, saint Maxime, saint Élie et saint Milet furent les premiers qui, au cinquième siècle catéchisèrent les vallées de ce pays. Parmi les peuples barbares qui s'établirent dans la Gaule, les Burgondes se distinguaient par leur caractère pacifique, industrieux. Au lieu de se disperser et de courir les aventures, ils se glissèrent de la vallée du Rhin dans celle de la Saône, de celle de la Saône dans la vallée du Rhône et ne s'arrêtèrent que devant les gorges difficiles, les cimes escarpées de la Savoie. Ils s'étendirent donc jusqu'au cœur de ce pays, qui fut compris dans leur royaume.
A cette époque, Chambéry prit le nom de Camera regis (Chambre du roi), d'où plus tard on fit Cameriacum, Camberiacum.
Quoique Ariens, les Burgondes avaient respecté le clergé catholique ; mais bientôt ils éprouvèrent la puissance des Francs.
Clovis soumit Gondebaud à un tribut, et ses fils conquirent définitivement le royaume des Burgondes sur Sigismond, puis sur Gondemar (524-554). La Savoie se trouva ainsi rattachée de bonne heure au royaume des Francs, dont elle devait plus tard être séparée, mais auquel, selon la loi naturelle, elle tendit toujours à revenir.
Malgré leurs forteresses naturelles, les habitants de la Savoie eurent à souffrir des incursions des Sarrasins, qui dévastaient la vallée du Rhône et les vallées latérales : ils en furent délivrés par Charles-Martel, Pépin le Bref et Charlemagne. Pépin le Bref et Charlemagne traversèrent plusieurs fois la Savoie pour s'acheminer, par les passages alors presque impraticables des Alpes, vers l'Italie où ils allaient combattre les Lombards. Charles le Chauve qui, à peine maître de la Gaule, se vit obligé d'abandonner son pouvoir et ses terres aux ducs et aux comtes, voulut néanmoins se rendre en Italie pour y chercher la couronne impériale. Il mourut en 877, au retour, dans une misérable cabane du village d'Avrieux, près de Modane.

La Savoie sous la neige
Des mules svoyardes - Pauvres bêtes !

Le démembrement de l'empire de Charlemagne avait été funeste à la Savoie, car il l'avait détachée de la Gaule et réunie à la part de Lothaire, la Lotharingie. Les pays distraits, à cette époque, de leur région naturelle et ne pouvant par eux- mêmes constituer un état, furent pendant des siècles disputés par les maîtres de la Gaule et les maîtres de l'Allemagne. Ils se fractionnèrent en plusieurs royaumes oscillant entre des dominations diverses. La Savoie fit partie du royaume de Provence fondé par le duc Bosoh (879), puis du second royaume de Bourgogne (Rodolphe II). Le royaume de Bourgogne ayant passé en 1052 sous la suzeraineté des empereurs allemands, un certain nombre des pays dont il se composait s'affranchirent, se démembrèrent en seigneuries ; il y eut alors presque autant d'états que de vallées en Savoie : évêchés de Tarentaise, de Maurienne, seigneuries de Genève, de Faucigny, etc. Bientôt les comtes de Maurienne grandirent en puissance grâce à l'investiture faite à leur profit par Bérold de Saxe. Le premier comte investi fut Humbert Ier, aux Blanches mains, chef de la Maison de Savoie. Après lui vinrent Amédée Ier, Amédée II qui prit position au-delà des Alpes et inaugura la politique des princes de Savoie, aussi jaloux de s'étendre en Italie que du côté de la Gaule ; Humbert II, Amédée III, Humbert III, enfin Thomas Ier.
Ce prince acquit Chambéry près de la ville de Lémenc, à la rencontre des cinq routes d'Aix, du Mont-du-Chat, de l'Épine, d'Aiguebelette, des Échelles. Maîtresse de ce point central (1232), la Maison de Savoie, qui habitait tantôt Charbonnières, près d'Aiguebelle, tantôt d'autres châteaux de ses états, et qui étouffait dans les vallées des Alpes, put désormais étendre un bras protecteur ou menaçant sur les populations et les seigneurs de la Savoie. Cette maison agrandit encore ses domaines avec Amédée IV, Boniface Ier, Pierre Ier,, dit le Petit Charlemagne, Amédée V, dit le Grand. Amédée acquit la Bresse, le Bugey et plusieurs seigneuries dans le pays de Gex. Ce fut lui qui, en mémoire d'une croisade en Orient, substitua, dans les firmes de Savoie, la croix blanche des Chevaliers de Rhodes à l'aigle de l'empire germanique. Edouard 1er, organisa l'escadron de Savoie, qui fut le noyau d'une armée régulière permanente et nationale. Aymon créa à Chambéry un conseil supérieur de justice et les assises générales de Savoie.

La Savoie sous la neige
Le lac de Méribel Montaret

Sous Amédée VIII, surnommé le Salomon de son siècle, la Savoie fut érigée en duché par l'empereur Sigismond (1416).
Néanmoins les princes de Savoie restèrent pour la plupart dévoués à la France et combattirent avec nos rois contre les Anglais. Ils les suivirent dans leurs expéditions en Italie, et plusieurs fois des mariages avaient scellé leur union avec la Maison de France. Louise de Savoie, on le sait, fut la mère de François 1er. Toutefois les princes de la Maison de Savoie commencent à louvoyer entre la Maison d'Autriche et la Maison de France, ne cherchant qu'à faire payer cher aux deux adversaires, tantôt leur alliance, tantôt leur défection. Charles III s'allie avec Charles-Quint, et François Ier envahit la Savoie (1554-1556). Le fils-de Charles III, Emmanuel-Philibert, ré- duit au simple rôle d'un lieutenant de Charles-Quint, puis de Philippe II, combat alors les Français avec acharnement, et c'est lui qui gagne avec les troupes espagnoles la bataille de Saint-Quentin (1557). La paix du Cateau-Cambrésis (1559) lui rendit ses états, et Henri Il, pour le regagner, lui accorda la main de sa sœur, Marguerite de France. Emmanuel-Philibert transféra à Turin le siège de ses états.
Les princes de Savoie se mêlèrent aux troubles de la Ligue, mais ils furent obligés de céder à Henri IV le pays de Gex, le Valromey et le Bugey (traité de Lyon, 1601). Henri IV, avec Sully et Crillon, avait pris Charbonnières, puis Montmélian, et imposé à presque toute la Savoie sa domination, que Richelieu maintint sous Louis XIII.
La paix de Ratisbonne rendit, en 1650, ses états à Victor- Amédée ICT, mais sous la condition que les princes de Savoie rentreraient dans l'alliance française. Ils ne la rejetèrent que sous Louis XIV, quand la politique violente du grand roi souleva contre lui l'Europe et amena la formation de la Ligue d'Augsbourg. Le duc de Savoie, Victor-Amédée XI, envahit le Dauphiné en 1692, mais il fut repoussé, et les victoires des Français en Italie, à Staffarde et à la Marsaille, le ramenèrent à Louis XIV. Il l'abandonna encore une fois pendant la guerre de la succession d'Espagne et recueillit plus d'avantages qu'il n'avait osé en espérer. Au traité d'Utrecht, la France lui céda les vallées qu'elle avait gardées sur le versant oriental des Alpes. Il obtint le titre de roi avec la Sicile (1715). Qui, trois ans plus tard, fut échangée contre la Sardaigne. Le duc de Savoie devint ainsi roi de Sardaigne.

La Savoie sous la neige
Du sommet de la Sauluire

Pendant le dix-huitième siècle, les ducs de Savoie suivirent la politique ambiguë qui leur avait si bien profité. Alliés de la France pendant la guerre de 1755, ses ennemis pendant la guerre de la succession d'Autriche, ils revinrent à elle après la paix d'Aix-la-Chapelle. Lors de la Révolution de 1789, Victor-Amédée III se joignit à la première coalition. Aussitôt une armée française, commandée par Montesquiou pénètre en Savoie, fait son entrée dans la capitale de l'ancien duché, et bientôt un décret de la Convention incorpore ce pays à la République, sous le nom de département du Mont-Blanc. La Savoie reçut alors les lois, l'administration de notre pays, et déjà elle se considérait comme française lorsque les traités de 1815 lui rendirent, avec son indépendance, son roi, Victor-Emmanuel Ier.
Mais ses princes devenaient de plus en plus italiens. En 1859, avec l'appui de l'armée française, Victor-Emmanuel II conquit la Lombardie, puis s'étendit au centre de l'Italie et abandonna (24 mars 1860) la Savoie à la France. Le descendant des ducs de Savoie, devenu roi d'Italie, se consola sans peine de la perte d'une province, qui bien qu'elle eût été le berceau de sa maison, était de plus en plus étrangère au royaume où la fortune l'avait appelé à régner. Les habitants de la Savoie, séparés de l'Italie par les Alpes, montrèrent par leur vote quasi-unanime (3 avril 1860) en faveur de l'annexion, qu'ils considéraient ce changement, d'ailleurs si favorable à leurs intérêts, comme un retour pur et simple à leur mère- patrie. L'ancien duché de Savoie fut alors divisé en deux départements, et celui qui garda le nom simple de Savoie, comprit la Haute-Savoie, la Savoie Propre, la Maurienne et la Tarentaise avec Chambéry comme chef-lieu.


On peut supposer que, le caractère des Savoisiens ayant été mieux apprécié par les Romains, de meilleurs rapports s'établirent entre les vainqueurs et les vaincus, que les impôts furent diminués et qu'une période de paix et de bonheur relatif fit oublier les tempêtes et les calamités passées. N'est-ce pas l'occasion d'appliquer le mot célèbre Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire ?
C'est par analogie encore que nous sommes réduits à juger les temps qui suivirent. Le contact de la civilisation romaine dut opérer en Allobrogie une transformation semblable à celle que nous avons pu signaler dans la plus grande partie de la Gaule par certains changements caractéristiques et avec des documents précis qui manquent ici. Il fallait que le caractère national eût perdu beaucoup de son ancienne fierté et de son énergie pour accepter sans protestation une invasion des Burgondes vaincus que le patrice romain Aétius parquait dans les vallées de la Savoie (Sapaudia ou Sabaudia (1) en l'an 427.
Il fallait que les éléments de sa nationalité primitive fussent bien altérés pour se laisser aussi facilement absorber par la barbarie des nouveaux hôtes. Pendant près de six siècles, la Sapaudia disparaît dans les royaumes de Bourgogne, plus complètement encore que l'Allobrogie n'avait été effacée sous les successeurs de César ; malheureusement, cette époque, moins éloignée de nous et mieux connue que la précédente, ne nous permet pas d'aussi rassurantes suppositions. La pauvre Savoie eut sa part de tribulations, de misères, d'épreuves de tout genre, dans les crises que traversèrent ces éphémères monarchies burgondes. Nos lecteurs trouveront un aperçu de cette lamentable histoire dans la notice de la Côte-d'Or, où il était mieux à sa place ; nous n'y emprunterons que quelques détails se rattachant plus directement au passé du département de la Savoie. Nous rappellerons seulement le nom de quatre rois de la première dynastie Gondicaire fonde le royaume. Chilpéric est le père de la célèbre Clotilde, épouse de Clovis. Gondebaud promulgue la
(1) A quelle époque parait le mot Sabaudia pour désigner cette région, et d'où vient-il ? On l'ignore complètement. C'est un écrivain du IVème siècle après Jésus-Christ, Ammien- Marcellin, qui l'emploie pour la première fois, et depuis il a été conservé. Des différentes étymologies qu'on lui a données, la seule vraisemblable est la suivante Sap-Wald, deux mots teutons ou germaniques dont la réunion signifie Forêt ou Pays des Pins.

La Savoie sous la neige
Le Col de l'Iseran

La loi Gombette, ce code de la féodalité qui survécut si longtemps à l'invasion des barbares et dont l'empreinte est encore si puissante dans plusieurs constitutions contemporaines enfin le dernier et le meilleur, dit-on, Sigismond, fait étrangler son fils sur un simple soupçon de révolte ; mais il fait de nombreux dons au clergé et de pieuses fondations il est canonisé.
C'est à cette période de son histoire qu'on fait remonter, pour la Savoie, la première organisation de son territoire en pagi, espèce de districts désignés sous la dénomination générique de Pagi Burgonden, organisation que remania de sa main puissante Charlemagne en 763, lorsque, passant d'Allemagne en Italie, il s'arrêta à Genève et à Saint- Jean-de-Maurienne. Dans ce même temps, les plus célèbres apôtres du christianisme en Savoie furent saint Romain, saint Colomban et saint Lupicin. Notons encore, comme preuve de la permanente solidarité qui devait unir la Savoie aux provinces voisines de la Gaule, que le royaume de Bourgogne comprenait, avec la Savoie elle-même et le nord-est de la Suisse, la Bourgogne proprement dite, la Bresse, la Franche-Comté, le Dauphiné, le Lyonnais et toute la Provence.

La Savoie sous la neige
La savoie sous la neige

La capitale était tantôt Lyon ou Vienne, tantôt Chalon-sur-Saône. Les annales de la Savoie sont plus dépourvues encore de tout intérêt spécial et plus vides d'événements importants sous la seconde monarchie bourguignonne.
Lorsque Louis le Débonnaire, en 842, partagea entre ses fils l'héritage de Charlemagne, la Savoie échut à Lothaire avec l'Italie, la Provence et le titre d'empereur. Après Louis, fils de Boson, le royaume de Bourgogne transjurane se scinde, et la Savoie passe sous le sceptre de Rodolphe 1er, premier roi du second royaume de Bourgogne. Ce roi, comme son prédécesseur Boson, n'était d'abord qu'un simple gouverneur de province ; il profita des troubles du royaume, en fomenta de nouveaux et se fit proclamer roi à Saint-Maurice-en-Valais, par les grands feudataires qu'il avait séduits. Rodolphe Il, qui lui succéda, mourut à Payerne, près de Lausanne, en 938 ; il ajouta à ses États les principautés d'Arles et de Provence.
A la mort de ce prince, surnommé le Fainéant, le royaume tomba dans l'anarchie et passa pièces par pièces aux comtes, aux barons qui s'emparèrent de l'autorité souveraine dans leurs districts. Conréard, qui lui succéda, eut lui-même pour successeur Rodolphe III, plus fainéant encore que Rodolphe II. Ce dernier compléta l’œuvre de dissolution en étendant aux titulaires ecclésiastiques les concessions d'autorité temporelle que l'autre avait faites aux seigneurs laïques. Nos lecteurs ont déjà remarqué sans doute l'identité qui existe même dans ce surnom de fainéant entre ces tristes chroniques de Bourgogne et l'histoire de France qui lui correspond ; nous avons à signaler une similitude plus déplorable encore, le fléau des invasions. Citons un historien national, Claude Genoux, une des gloires populaires de la Savoie « Ce fut en 891, dit-il dans son excellente Histoire de Savoie, que les Sarrasins, fanatiques sectaires de Mahomet, abordèrent à Nice, ils désolèrent d'abord le Piémont et passèrent ensuite en Savoie. Les marquis (commandants des marches), les comtes, les évêques de Maurienne, de Tarentaise et de Genève, convoquèrent le ban et l'arrière-ban de leurs guerriers ; ce fut en vain des flots de sang coulèrent, et, malgré la bravoure de ses défenseurs, la ville de Saint-Jean-de-Maurienne fut ruinée de fond en comble, le Faucigny, la Tarentaise et le Valais eurent à peu près le même sort. C'était toujours chargés de butin que les Sarrasins, après leurs expéditions, se réfugiaient dans la haute vallée des Beauges, ou bien encore, dit la tradition, dans le quartier général à La Roche-Cevin.

La Savoie sous la neige
La fontaine de la place »

A Conflans, où ils ne laissèrent pas pierre sur pierre, ils bâtirent eux-mêmes une tour carrée, afin de perpétuer la mémoire de leurs méfaits. Cette tour se voit encore aujourd'hui à l'angle droit de l'esplanade de la ville une autre version, il est vrai, prétend que les barons saxons bâtirent cette tour ainsi que beaucoup d'autres et qu'ils employèrent comme manœuvres les prisonniers qu'ils firent aux Sarrasins. Toujours est-il que ; de toute notre Savoie, le château d'Ugine seul leur résista. C'était vers 940, sous le règne de Conréard, troisième roi du second royaume de Bourgogne. Cette invasion avait duré cinquante ans. » La fin de Rodolphe III nous conduit à fan 1033. La Savoie appartient alors à Conrad le Salique, fils de Rodolphe II. Adopté comme héritier par Charles Constantin, il est, à la mort de celui-ci, couronné empereur d'Allemagne.
Une nouvelle période commence pour l'histoire de notre province.
Ici, toutefois, se présente pour nous une difficulté nouvelle. Pour les époques précédentes, les documents sont rares et confus ; ceux que nous allons rencontrer maintenant ont besoin d'être transformés et dégagés d'éléments qui ne leur sont pas propres. Il n'existe point, pour ainsi dire, d'histoire de Savoie, tant cette histoire se fond et s'absorbe dans celle de la maison qui régnait sur ce pays. Ce peuple tout de dévouement et d'abnégation, semble avoir renoncé à toute existence nationale pour vivre de la vie de ses souverains. Ses prospérités comme ses infortunes, sa gloire comme ses revers sont ceux de ses comtes, de ses ducs, de ses rois ; et les historiens du pays se sont tellement associés à cette espèce d'abdication, que leur grand souci est de rechercher s'il faut faire remonter l'origine d'Humbert aux Blanches mains, le premier comte de Savoie, à Boson, le fondateur du second royaume de Bourgogne, ou à Bérold le Saxon, descendant du fameux Witikind, comme le désiraient les princes de Savoie, dans le but de se donner un titre germanique à l'empire d'Allemagne, auquel aspirèrent plusieurs d'entre eux.
Notre observation n'a rien d'hostile pour l'antique et illustre maison de Savoie ; nous sommes tout disposés à reconnaitre qu'elle a souvent donné des preuves de clémence, de mansuétude et de bonté, bien rares dans ces siècles d'injustice et de violence ; nous sommes prêts à proclamer que beaucoup de ses membres ont été aussi sages, aussi habiles, aussi prudents que courageux et magnanimes nous faisons trop la part du temps, des mœurs, des institutions, pour lui reprocher sa persévérante ambition ; mais il nous sera permis de regretter que tout cet éclat ait laissé dans une ombre trop profonde les mérites oubliés de ceux qui ont tant contribué à cette fortune. 06 En en tirant une excuse pour l'insuffisance de cette notice, nous espérons aussi y trouver un argument à l'appui des opinions que nous avons émises en commençant. Telle est, en effet, la puissance des liens qui rattachent la Savoie à la France, que, malgré son dévouement docile, malgré l'héroïque fidélité avec laquelle elle suit et sert ses princes dans leurs brillantes aventures, rien ne peut détourner ni ses regards, ni ses pensées, toujours tournés vers l’occident aujourd'hui même que sa croix blanche flotte victorieuse des confins du Tyrol aux rivages de la Sicile, aucun regret ne se mêle au bonheur qu'elle éprouvé d'arborer enfin le drapeau de la France.

La Savoie sous la neige
Un village savoyard

Tâchons de répondre à ces précieuses sympathies de nos nouveaux compatriotes, et qu'ils ne s'en prennent qu'à l'humilité et à la modestie de leurs ancêtres, s'il est si difficile de glorifier convenablement leur passé. Voici quelles étaient, en Savoie, vers le milieu du XIème siècle, les grandes familles de hauts barons déjà existantes les vicomtes de Maurienne, de Briançon et de Chambéry, les barons de Seyssel, de Menthon, de La Rochette, de Blonay, de Montbel, de Chevron-Villette, de Beaufort, de Montmayeur, de Miolans et d'Allinges. Au-dessous de ces puissantes maisons existait une noblesse inférieure, ne possédant que de petites baronnies et qui formait l'ordre équestre. Après lui venait, dans l'ordre hiérarchique, une noblesse militaire, composée de capitaines, qui forma, plus tard, l'ordre des chevaliers. Après cette dernière classe de la noblesse venait celle des vavasseurs ou hommes libres, que l'on nommait aussi hommes d'honneur et compagnons de guerre ; puis les propriétaires libres ou de franc-alleu, et ensuite les vilains ou villageois ; ils étaient affranchis et propriétaires, mais attachés à la glèbe. Enfin, les serfs venaient en dernier lieu ; ils terminaient cette longue liste de privilèges, de servitude et de misère. Cette classe, beaucoup plus nombreuse que toutes les autres ensemble, dit M. Costa de Beauregard, était composée d'ilotes voués exclusivement aux travaux des champs, à qui l'usage des armes était interdit, qui ne- devaient jamais quitter le sol natal, qui ne connaissaient point les douceurs de la propriété, et auxquels il n'était permis ni de se marier ni de tester, sans le consentement de leurs seigneurs, lesquels étaient les maitres de lever sur eux des contributions arbitraires ; et comme, suivant la coutume des Francs et des Bourguignons, la longueur de la chevelure indiquait le degré de la noblesse, les serfs, en signe de leur condition, devaient tenir sans cesse leurs cheveux coupés au ras de la tête. De l'an 1033 à 1391, dix-sept comtes de la dynastie de Savoie possèdent successivement tout ou partie du pays. Voici la liste de ces princes, avec la date approximative de leur règne, sans y comprendre la trop problématique :
Bérold de Saxe - 1033
Humbert 1er, dit aux Blanches mains - 1048.
Amédée 1er, ou, par abréviation,
Amé, surnommé la Queue - 1069.
Oddon ou Othon - 1078.
Amédée II, surnommé Adélao - 1094.
Humbert II, dit le Renforcé - 1103.
Amédée III - 1150.
Humbert Ill, surnommé le Saint - 1188.
Thomas 1er - 1230.
Amédée IV - 1253.
Boniface, dit le Roland - 1263.
Pierre, dit le petit Charlemagne - 1268.
Philippe - 1285.
Amédée V, dit le Grand- 1323.
Édouard, surnommé le Libéral - 1329.
Aimon, dit le Pacifique - 1344.
Amédée VI, dit le comte Vert - 1383.
Amédée VII, surnommé le Rouge, le Noir ou le Roux.
Après la réunion des deux Bourgognes sous le sceptre de l'empereur Conrad le Salique Humbert 1er obtint de ce prince le titre de comte souverain de Maurienne. Cette concession, toutefois, ne s'étendait qu'à une partie de la Maurienne et à quelques-unes de ses petites vallées. Le comte habita, ainsi que ses successeurs, jusqu'au milieu du XIIIèmesiècle, le château fort de Charbonnière, résidence ordinaire des marquis, feudataires des rois de Bourgogne et chargés, par eux, de défendre la vallée de Maurienne et la ville d'Aiguebelle.

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Le Village de Tignes avant sa submersion par le Barrage de Chevril

Tels furent l'humble berceau et les premiers domaines de la puissante monarchie de Savoie. Sous Amédée 1er, les progrès étaient déjà sensibles, à en juger d'après la chronique à laquelle ce prince dut son peu poétique surnom. L'empereur d'Allemagne, Henri Ill, allait se faire couronner à Rome ; il était accompagné d'Amédée 1er, que suivaient de nombreux gentilshommes ; quarante, diton.
« Advint un jour, raconte Paradin, que le comte se vint présenter à l'huis de la chambre où se tenoit le conseil, et ayant heurté, lui fut incontinent la porte présentée, pour sa personne seulement, le priant l'huissier du conseil de vouloir faire retirer cette grande troupe qui estoit à sa queue ; à quoi ne voulant acquiescer, ne voulut l'huissier permettre l'entrée dont il persista encore si haultement que l'empereur oyant le bruit demanda que c'estoit, l'huissier répond que c'estoit le comte de Maurienne qui menoit après soi un grand nombre de gentilshommes. Lors, dit l'empereur, qu'on le laisse entrer et qu'il laisse sa queue dehors ce qu'ayant entendu, le comte répondit avec mécontentement si ma queue n'y entre avec moi, je n'y entrerai jà et vous en quitte. Alors l'empereur ordonna que la porte fût ouverte au comte et à sa queue. »
N'est-ce point un curieux tableau des mœurs du temps et un intéressant indice des rapports qui existaient alors entre les divers degrés de la hiérarchie féodale? Le marquisat de Suse, ce premier regard sur l'Italie, échoit à Oddon par son mariage avec Adélaïde, fille de Mailifroy. Sous le règne de son fils, Amédée II, cette Adélaïde sert de médiatrice entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV ; et il est déjà question de l'importance politique que prend la maison de Savoie, dans une relation adressée par l'ambassadeur Foscarini au sénat de Venise. Cependant le titre de comte de Savoie ne semble avoir été pris pour la première fois que par Humbert II.
La Savoie eut, comme la France, les folles terreurs de l’an 1000 qui multiplièrent les fondations religieuses. Le siècle suivant fut celui des croisades ce fut principalement à la troisième que prit part la Savoie. Amédée III accompagna le roi de France Louis VII ; il mourut à Nicosie, dans l'île de Chypre, deux ans après son départ de Charbonnière. Voici le nom des principaux seigneurs dont il fut suivi le baron de Faucigny et son fils, les barons de Seyssel et de La Chambre, ceux de Miolans et de Montbel, les seigneurs de Thoire, de Montmayeur, de Vienne-de-Viry, de La Palude, de Blonay, de Chevron-Villette, de Chignin et de Châtillon. Les premières monnaies qui portent l'empreinte de la croix de Savoie datent de Humbert III, le premier de sa race qui ait été enterré à l'abbaye de Hautecombe.

La Savoie sous la neige
La Grande Motte vue depuis la Sauluire

Nous ne pouvons rien dire des guerres si fréquentes auxquelles les comtes devaient presque toujours un accroissement de leur influence et une extension de leurs frontières n'oublions pas cependant que l'acquisition de Chambéry est due au comte Thomas, qui l'acheta du comte Berlion, le 15 mars 1232, moyennant 32,000 sous forts de Suse, somme équivalente à 100,000 francs de notre monnaie ; le château n'étant pas compris dans ce marché. C'est à cette époque que remontent les premières franchises municipales conquises, obtenues ou achetées par les communes. Inscrivons ces dates glorieuses elles valent bien celles des batailles ou de l'avènement des princes. Yenne s'affranchit la première en 1215, Montmélian en 1221, Flumet en 1228, Chambéry en 1233, Beaugé en 1250, Évian en 1265, Seyssel en 1285, Bonneville en 1289, Rumilly en 1292, Chaumont et Cluses en 1310, Thonon en 1323, La Roche en 1325, Annecy en 1367. Genève, si fière aujourd'hui de sa liberté, n'en fit la première conquête qu'en 1387. Le règne d'Amédée IV fut marqué par une épouvantable catastrophe, l'écroulement de la montagne du Grenier ; les blocs de rochers, dit la légende ne s'arrêtèrent que devant le sanctuaire de Notre- Dame de Myans ; l'image de la Vierge qu'on y vénérait passait pour avoir été peinte par saint Luc ; aussi la dévotion envers cette madone devint-elle une des pratiques les plus répandues et les plus populaires de la Savoie.
Sous Boniface, ce fut la lèpre qui envahit le pays. Ce prince mourut prisonnier de Charles d'Anjou, qui l'avait vaincu à Turin. Pierre vengea son neveu ; il éleva la Savoie au rang des puissances secondaires de son temps. Une tradition, qu'aucun témoignage sérieux ne confirme malheureusement, attribue à Philippe la convocation des premières assemblées nationales. Un titre moins contestable, c'est l'heureux choix qu'il fit d'Amédée V pour son successeur. Ce prince et son fils Édouard constituèrent définitivement la puissance de leur maison. Sans avoir à lutter contre d'aussi grands obstacles, ils réalisèrent dans leur comté l'œuvre que Louis XI poursuivit en France. Leurs successeurs n'eurent plus qu'à suivre la voie qui leur avait été tracée. Sous Amédée VI, les frontières de la Savoie se déterminent d'une manière presque stable du côté du Valais, de la France et du Dauphiné. Ce prince acquiert les baronnies du pays de Vaud, se consolide à Genève et dans le Piémont. Avant lui, Aymon, plus législateur que guerrier, avait créé à Chambéry un conseil suprême de justice qui fonctionna jusqu'en 1559, époque à laquelle il fut remplacé par le sénat de Savoie c'est à ce comte qu'on doit aussi la belle institution de l'avocat des pauvres et l'établissement des assises générales de Savoie, siégeant chaque année pendant le mois de mai.

La Savoie sous la neige
Courchevelle vue depuis la Sauluire

Amédée VII, après de nombreux démêlés avec Galéas Visconti, duc de Milan, avec le marquis de Montferrat et les Angevins de Naples, finit par ajouter aux conquêtes de ses ancêtres les vallées de la Stura, de Vintimille et de Nice. Ce fut le dernier comte de Savoie ; avant d'aborder la période des ducs, nous devons donner un souvenir aux hommes qui ont illustré le pays pendant l'époque que nous venons de parcourir. Citons d'abord les deux saints Anselme le premier, né dans la cité d'Aoste, en 1033, qui de bénédictin devint archevêque de Cantorbéry ; l'autre de la maison des seigneurs de Chignin, qui fut évêque de Belley en 1150 et prieur de la Grande-Chartreuse saint Bernard de Menthon, fondateur des hospices qui portent son nom et perpétuent le souvenir de ses vertus aux sommets des Alpes Pennines ; Gérard Nicolas, de Chevron, sacré pape à Rome, le 28 décembre 1058, sous le nom de Nicolas II ; Guillaume della Chiusa, originaire de Maurienne, moine bénédictin, le plus ancien chroniqueur de Savoie ; Pierre de 'Tarentaise, ami de saint Bernard, archevêque de Moutiers ; Geoffroy de Châtillon, devenu pape sous le nom de Célestin IV, en 1230 ; Pierre de Compagnon, né à Moutiers, archevêque de Lyon, cardinal, puis pontife, sous le nom d'Innocent V, à l'âge de quarante ans ; Guillaume de Gerbaix et Ginifred d'Allinges, tous deux grands maîtres des templiers, l'un en 1250, l'autre en 1285 ; Jean Gersen, né à Cavaglia, en Biellais, bénédictin de Verceil, l'un de ceux à qui on a attribué le célèbre livre de l'Imitation de Jésus Christ; Pierre de La Palud, de Varambon-en-Bresse ,moine dominicain, le plus savant théologien de son temps, nommé patriarche de Jérusalem Étienne de La Baume, de Mont-Revel, premier maréchal de Savoie. Aux dix-sept comtes succède, en 1391, dans la personne d'Amédée VIII, dit le Pacifique ou le Salomon, une série de quatorze ducs, dont voici les noms après Amédée VIII, Louis, en 1440 ;-Amédée IX, dit le Bienheureux, en 1465 ; -Philibert 1er, surnommé le Chasseur, en 1472 ; Charles 1er, surnommé le Guerrier, en 1482 ; Charles-Jean- Amédée ou Charles II, en 1490 ; Philippe, surnommé sans Terre, en 1496 ; Philibert Il, surnommé le Beau, en 1497 ; Charles III, surnommé le Bon ou le Malheureux, en 1504 -Emmanuel-Philibert, surnommé Tête de Fer ou le Prince à cent yeux, en 1553 ; -Charles-Emmanuel, surnommé le Grand, en 1590 ; Victor-Amédée 1er, en 1630 ; François- Hyacinthe, en 1637 ;. Charles-Emmanuel II, en 1638. Peu d'éloges et de panégyriques princiers valent ce que dit Olivier de La lMarche d'Amédée VIII. « En ce temps où l'Europe entière était en armes, le duc, homme de vertus singulières, était enclin à la paix il vécut sans guerre avec Français et Bourguignons et si sagement se gouverna parmi tant de divisions, que son pays de Savoie était le plus riche, le plus sûr, le plus plantureux de tous ses voisins. » Les développements et la prospérité d'Annecy datent de èe règne. Chambéry reçut dans ses murs l'empereur Sigismond, qui, le, jour même de son arrivée en 1416, érigea en duché le comté de Savoie.
L'ordre de Saint-Maurice fut créé par Amédée VIII, en 1434. Quoique le duc Louis fût loin de posséder les qualités de son père, et quoique son règne ait été beaucoup moins glorieux, ses alliances apportèrent aux souverains de Savoie le titre de rois de Chypre et de Jérusalem. Des froids excessifs, des pestes, des famines et des dissensions intestines concoururent à rendre malheureux le règne d'Amédée IX et la régence qui suivit. Sous le règne suivant, quoique le duc Charles ait été surnommé le Guerrier, la Savoie retrouva des jours meilleurs. La cour de ce prince était, disent les chroniqueurs du temps, une parfaite école d'honneur et de vertu. Ce fut à cette école que l'évêque de Grenoble conduisit, en 1488, son neveu Pierre du Terrail, qui devint depuis l'illustre Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche. Jeune alors, ce héros servit le duc Charles Ier, en qualité de page, et continua son service auprès de sa veuve Blanche de Montferrat. Ce règne vit fonder la première imprimerie que posséda la Savoie. Le premier imprimeur établi à Chambéry se nommait Antoine Neyret. Nous avons peu de chose à dire des règnes qui suivent. La lutte continue entre la France et la, maison d'Autriche. Les ducs de Savoie continuent à pratiquer entre les deux puissances l'habile et prudente politique qui leur a toujours si bien réussi. Philibert le Beau épouse la célèbre Marguerite, descendante de Charles le Téméraire, fille de l'empereur Maximilien 1er, celle qui avait été fiancée à l'infant d'Espagne et au dauphin de France, celle qui, se croyant en danger de mort, avait fait elle-même ces deux vers pour lui servir d'épitaphe :

Ci-gît Margot, la gente demoiselle,
Qu'eut deux maris et si mourut pucelle.


Cette alliance dérangeait un peu l'équilibre de neutralité, il en résulta même, en 1535, une invasion du pays par François 1er ; mais ce prince manquait de l'habileté qui consolide les succès, et la protection de Charles-Quint fut plus profitable à la maison de Savoie que ne lui avait été préjudiciable l'hostilité du monarque français.

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Conflans

Une des conditions de la paix de Cateau-Cambrésis, conclue le 3 avril 1559, entre l'Espagne et la France, c'est que le duc Emmanuel-Philibert, le principal négociateur du traité, obtiendra la main de Marguerite de Valois, sœur de Henri II. C'est dans le tournoi donné à la porte des Tournelles, pour célébrer cette union, que le roi Henri II fut accidentellement blessé à mort par le comte de Montgomery. Il est un point, toutefois, sur lequel vient échouer toute la puissance, toute l'habileté des princes de Savoie : Genève, si longtemps enviée, si souvent attaquée, défend et consolide sa liberté. Le long règne de Charles-Emmanuel déroule une suite de tentatives obstinées dont le résultat définitif est de constater l'héroïsme de la cité et d'assurer son indépendance. Avant d'arriver à la période des rois, il ne nous reste plus à, relater que la persécution des barbets, dissidents dont les croyances avaient beaucoup de rapport avec celles des anciens Vaudois. Ils occupaient les vallées de Luzerne, de Saint-Martin, d'Angrogne et de la Pérouse.
On intéressa Charles-Emmanuel dans la question, en lui persuadant que les barbets voulaient créer une république au milieu des Alpes. Il y eut donc chasse aux barbets, poursuites, pendaisons, massacres, de véritables dragonnades. Cromwell et la Suisse intervinrent en 1656, et malgré le pape la paix fut rétablie. La Savoie, pendant l'époque que nous venons de parcourir, a produit de nombreux personnages illustres ; les documents étant plus certains dans ces temps plus rapprochés, nous citerons leurs noms dans notre notice sur le lieu qu'ils ont illustré. Après ses dix-sept comtes, ses quatorze ducs, la maison de Savoie compte jusqu'à ce jour une suite de huit rois Victor-Amédée II, en 1684 ; Charles- Emmanuel III, en 1730, Victor-Amédée Ill, en 1773, Charles-Emmanuel IV, en 1796, Victor-Emmanuel 1er, en 1802 Charles-Félix, en 1821 Charles-Albert, en 1831 ; Victor-Emmanuel II, en 1849.
Avec Louis XIV renaissent les grandes guerres européennes ; elles appartiennent à un domaine historique qui n'est pas le nôtre détachons seulement de ces grandes pages quelques détails qui aient leur place dans notre cadre dans la campagne de 1696, Victor-Amédée résuma de la plus éclatante manière la politique de sa maison en moins d'un mois, dit Voltaire, il fut généralissime de l'empereur et généralissime de Louis XIV. Sous l'influence de ce puissant monarque, il y eut de nouvelles persécutions religieuses dans les montagnes de la Savoie, et cependant quand Victor- Amédée, à bout de patience et de concessions, voulut résister aux exigences de son puissant voisin, il n'eut pas de plus dévoués, de plus vaillants soldats que ces pauvres barbets et Vaudois contre lesquels il s'était fait l'exécuteur d'ordres si iniques et si barbares. La France avait beau se manifester par des actes aussi déplorables, la Savoie était sans force contre l'attraction, qui la poussait de ce côté. Claude Genoux en fait en ces termes la judicieuse remarque « Lorsque les invasions de Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV eurent assimilé l'esprit savoyard à l'esprit français, alors la Savoie fut française elle l'était non seulement par le cœur, par la raison, par la logique des faits, elle l'était encore par tempérament. Lors de ces quatre invasions successives, Annecy et Rumilly furent les seules villes qui firent un simulacre de résistance ; ce simulacre fut le chant du cygne de la nationalité savoyarde cette nationalité appartenait à la France. Notons que ceci était écrit avant l'annexion, et par un enfant de la Savoie.

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Le rond point de Méribel

L'émigration qui depuis le XVIIème, siècle amène chaque année dans les grandes villes de France des milliers de montagnards actifs et industrieux qui rapportent au pays, avec le fruit de leurs économies, le souvenir des lieuxoù ils ont vécu,' l'empreinte des moeurs qu'ils ont traversées, cette émigration, dont l'importance augmente sans cesse, a achevé l'œuvre de fusion d'assimilation qui vient de s'accomplir. Nous pourrions terminer ici notre tâche, car de plus en plus l'histoire des souverains s'isole de celle du pays ; plus la Savoie vient à nous, plus ses princes s'italianisent. C'est à la bataille de Superga, sous les murs de Turin, aux côtés du prince Eugène, que Victor-Amédée gagne son titre de roi. Cependant, c'est dans le château de Chambéry que se retira encore ce prince lorsque, fatigué des affaires, il eut abdiqué en faveur de son fils Charles- Emmanuel III. La Savoie, sous ce prince, qui a néanmoins laissé une mémoire vénérée, paya cruellement les frais de la guerre, qui ne se termina qu'au traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748. 06A diverses reprises, depuis 1733, et surtout de 1742 à 1747, l'armée franco-espagnole prit ses quartiers d'hiver dans ce pays pauvre et déjà épuisé. A tant de maux c'était une triste compensation que les réformes administratives et judiciaires qui ont honoré les dernières années de Charles-Emmanuel. La Révolution française trouva sur le trône de Savoie Victor-Amédée III, qui ne méritait pas ses colères, mais qui n'était pas de taille à lui faire obstacle. En quelques jours, dans le mois de septembre 1792, les redoutes élevées sur le passage des Français étaient enlevées, 11,000 Piémontais étaient culbutés, le drapeau de la République flottait sur le château de Chambéry, et sur les murs de la ville était affichée la proclamation suivante « Liberté, égalité, de la part de la nation française. Guerre aux despotes, paix et liberté aux peuples. Donné à Chambéry le 24 septembre 1792, l'an IV de la liberté et le premier de l'égalité. Signé le général de l'armée française, Montesquiou. » Ce général n'avait avec lui que 12 compagnies de grenadiers, 12 piquets et 100 sapeurs. Une assemblée nationale des Allobroges, composée de 665 députés, se réunit à Chambéry et vota l'annexion de la Savoie à la France. La Convention approuva cette délibération, et la Savoie devint le 84 département de la République et prit le nom de département du Mont-Blanc. Pendant vingt-deux ans, ce pays suivit les destinées de la France. Les armées de la République et de l'Empire comptèrent dans leurs rangs plus de 50,000 de ses enfants, parmi lesquels 800 officiers de tout grade et 20 généraux. En 1814, Victor-Emmanuel 1er recouvra la plus grande partie de la Savoie, que le traité de Vienne du lu' novembre 1815 lui rendit tout entière. Jusqu'en 1847, ce pays resta courbé sous le joug d'un absolutisme impitoyable. A cette époque, le roi Charles-Albert opéra quelques réformes, et le 4 mars 1848, le Statut constitutionnel inaugura le régime parlementaire. La Savoie put renaître à la vie publique grâce aux libertés les plus étendues et à la sagesse prévoyante des princes qui l'ont gouvernée jusqu'en 1860, sa prospérité se développa considérablement. Les Savoisiens prirent une part glorieuse aux guerres de 1848 et 1849, que soutint le Piémont contre l'Autriche. Après l'abdication de Charles-Albert, vaincu à Novare, Victor- Emmanuel II, avec l'assentiment des populations et l'aide du comte de Cavour, son habile ministre, consacra toutes ses forces et ses constants efforts à rendre la liberté à l'Italie. Il était dans les destinées de la Savoie de contribuer à l'accomplissement de ce grand projet et de se séparer de l'Italie juste au moment où le but si longtemps poursuivi venait d'être atteint. Comme compensation des sacrifices faits par la France et pour assurer notre frontière du sud-est, le traité du 24 mars 1860, sanctionné par un plébiscite, nous rendit cette antique province, qui est si incontestablement française.

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La vasque olympique de Val d'Isère

Durant la guerre franco-allemandede 1870-1871, ses habitants payèrent largement leur dette à la mère patrie, en fournissant un nombreux contingent à la ligne, à la mobile, aux mobilisés et aux francs-tireurs.
Au moment de la guerre civile qui déchira la patrie après la conclusion de la paix avec l'Allemagne, plusieurs Savoisiens craignant de voir la France tomber de nouveau de l'anarchie dans le despotisme, tournèrent leurs regards vers l'Italie, à laquelle ils avaient été si longtemps unis ; mais la consolidation d'un régime libéral a fait taire toutes ces velléités de séparatisme. « Il est certain, dit un historien contemporain, que la Savoie est française par sa langue, par ses mœurs, par ses aspirations, par tout ce qui constitue l'existence: d'un peuple ; il est certain aussi que, plus le régime politique et administratif de la France se rapprochera du régime de sage liberté et de bonne administration que la Savoie possédait avant 1860 et qu'elle eut plus d'une fois lieu de regretter depuis, plus ses populations seront attachées à la France.
Dans les mauvais jours comme dans la prospérité, la France trouvera toujours le plus ferme appui et le plus constant dévouement chez les Savoisiens. » Le département actuel de la Savoie est formé de la majeure partie de l'ancien département du Mont-Blanc.
La population de la Savoie a toutes les qualités, mais aussi quelques-uns des défauts qui distinguent les populations des montagnes. Dans un pays où circulent lentement les idées, où mille obstacles naturels s'opposent à l'échange facile et rapide de ces idées et à la promptitude des communications, on vit généralement sur le passé, on conserve intacts, avec les traditions locales, comme un esprit de routine qui tue l'initiative individuelle, et cette fidélité à ce qui existé autrefois qui fait repousser avec dédain le nouveau ou l'inconnu.

Note

Le tunnel des Alpes


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L'entrée du tunnel des Alpes Coté France

Le tunnel des Alpes si improprement appelé Tunnel du Mont Cenis, puisque le mont Cenis en est à 27 kilomètres au nord-est et qu'il conviendrait mieux d'appeler Tunnel de Fréjus, parce qu'il avoisine ce col ou passage, a une longueur de 12 233 mètres 50 centimètres. Commencé au mois d'août 1857, d'abord par le gouvernement piémontais seul, ensuite continué en 1860 avec le concours des deux gouvernements piémontais et français, il fut terminé en treize années et inauguré le 17 septembre 1871 il avait coûté 75 millions de francs. La traversée s'en fait en 45 minutes lorsque l'on se rend de France en Italie mais si l'on vient d’Italie en France, la traversée est moindre et ne dure que 25 minutes. L'entrée du tunnel du côté de la France est à 1 158 mètres 96 d'altitude au-dessus du niveau de la mer, et la sortie, à Bardonnèche, du côté de l'Italie, est à 1,291 mètres 52, ce qui lui donne une pente de 132 mètres 156 dans la direction de France en Italie (du nord-nord-ouest au sud-sud-est). Il règne dans ce tunnel un courant d'air presque continuel, et la température n'y dépasse pas 24 degrés centigrades. C'est à M. Médail, de Bardonnèche, que l'on doit la première idée de ce gigantesque souterrain.
Cet admirable travail, le premier de ce genre qui ait été entrepris, a été exécuté par un enfant de la Savoie, M. l'ingénieur Sommellier, avec le concours de M. Daniel Colladon. C'est au tunnel des Alpes qu'a été fait le premier essai des perforatrices à air comprimé.

D'une part, si l'on se préserve ainsi de ces vices si répandus dans les autres pays ; si l'honnêteté primitive subsiste entière et forme le fond du caractère de chacun d'autre part aussi on est porté à s'isoler toujours, à vivre à l'écart, à voir dans son pays le meilleur, le plus beau de tous les pays ; on se méfie de l'étranger, et cette méfiance, souvent exagérée, subsiste longtemps encore malgré le commerce de chaque jour ; on n'accepte qu'avec une extrême réserve tout ce qui est nouveau ; on reste stationnaire, on attend. De là aussi cette lenteur calculée, souvent paresseuse, à procéder en toutes choses et qui se traduit dans les actes et les paroles des habitants des villes aussi bien que des habitants des campagnes. En outre, la grande place que tient en Savoie l'agriculture, l'amour profond du sol natal et l'attachement à la terre ne font que rendre plus saillant son caractère, en expliquant cette ténacité inébranlable mise à la recherche d'un bien-être plus grand, cet esprit continu qui ne donne rien au hasard et cet amour, parfois exagéré, du lucre, que l'on retrouve, du reste, dans toutes les campagnes, quelles qu'elles soient. En somme, une population foncièrement honnête, tenace et laborieuse, à laquelle on ne peut demander qu'un peu plus d'initiative et d'abandon. Et cependant de toutes les populations françaises, celle de la Savoie tend le plus à émigrer. Déjà on le constatait avant l'annexion ; après 1860, les chiffres ont parlé d'eux-mêmes de 1860 à 1866, sa population a baissé de 3,376 habitants ; de 1866 à 1871, de près de 5,000 ; de 1871 à 1876, de 3,925. L'émigration hivernale ne peut qu'avoir un bon résultat, puisqu'elle pourvoit au bien-être des habitants qui retournent au printemps, reprendre possession des hauteurs mais l'émigration des plaines a de graves conséquences, elle dépeuple pour un certain nombre d'années les vallées les plus fertiles, pour porter les émigrants à courir la France, à s'expatrier même dans l'Amérique méridionale, et une véritable colonie savoisienne est déjà établie à Buenos-Aires. Il y a là un mal à signaler et qu'il importe de prévenir, mal qui provient de l'émigration à l'intérieur de la France, plus que de l'émigration en Amérique.

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Les vestiges des premières civilisations humaines en Savoie remontent à la période du Néolithique, soit entre 9 000 et 3 300 av. J.-C. Les territoires de la Savoie sont occupés dès 500 av. J.-C. par les peuplades celtes, originaires des plaines du Danube. Le plus important d'entre-eux est constitué des tribus Allobroges qui s'établissent dans l'avant-pays plat, entre le Rhône et les Alpes dont le Viennois, le Graisivaudan, la Savoie Propre, le Genevois, le Chablais moderne et le bas-Faucigny. Les Allobroges sont des agriculteurs et ils exploitent les mines de fer de la région. On a trouvé des traces de cette exploitation au Salève ou encore à proximité de Faverges. Ils se distinguent des autres peuples occupant les parties les plus hautes de ce milieu, maîtrisant les différents passages par les cols alpins. On distingue ainsi les Médulles qui occupent la basse-Maurienne ; les Adanates et les Graiocèles dans le haut de la vallée de l'Arc ; dans la vallée voisine, la Tarentaise, ce sont les Ceutrons qui sont aussi présent dans le Beaufortain, le haut-Faucigny. Il semble aussi que les Ligures soient présents dans la haute vallée de Tarentaise et du Beaufortain. La Savoie est ensuite tour à tour peuplée par des tribus celtes, les Romains, les Burgondes, avant de faire partie intégrante du Comté de Savoie durant le Moyen Âge, puis du Duché de Savoie à partir de 1416. Après diverses périodes d'ententes et de rivalités avec le royaume de France voisin, la Savoie est une première fois rattachée à la France post-révolutionnaire en 1792 jusqu'en 1815 à la fin du Ier Empire de Napoléon Ier. La Savoie revient alors à la maison de Savoie, devenue entretemps royaume de Sardaigne. Elle le reste jusqu'au 24 mars 1860, jour de la signature du Traité de Turin entérinant l'annexion définitive de la Savoie à la France. Suite à un referendum d'avril apportant une large majorité en faveur du rattachement, la Savoie est officiellement intégrée à la France, le 14 juin, tandis que le département de la Savoie, de même que celui de la Haute-Savoie voisine, est créé le lendemain, 15 juin 1860. Dès lors la Savoie connait le Second Empire de Napoléon III, ainsi que les troisième, quatrième et cinquième Républiques. Son territoire joue également un rôle important, notamment en raison de sa proximité avec l'Italie, lors de la Seconde Guerre mondiale, et les bombardements alliés qu'elle subit, notamment ceux du 17 septembre 1943 à Modane et ceux du 26 mai 1944 à Chambéry, font plusieurs centaines de victimes et causent d'importants dommages.


Chambéry


La Savoie sous la neige
La Fontaine des éléphants plus connue sous le nom "des quatre sans cul"

Cette carte présentant la Savoie et la Haute Savoie est composé de quatre partie. Cliquez sur le quart que vous souhaitez consulter !

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L'histoire de Chambéry est directement liée à sa situation géographique car la ville se situe à un carrefour naturel sur les grands axes économiques européens. Elle doit également beaucoup à la Maison de Savoie qui en fit la capitale de ses États. L'histoire de Chambéry ne peut-être dissocié de celle de la Savoie, si l'on veut mieux comprendre son évolution et son environnement culturel. Voici ci-dessous les périodes et les faits historiques les plus marquants de la commune de Chambéry. L'Empire romain à son apogée Les hauteurs de Saint-Saturnin, à Saint-Alban-Leysse, sont occupées comme place forte depuis le Néolithique moyen (env. 4000 av. J.-C.) jusqu'à l'époque gauloise. Cet oppidum est l'ancêtre de l'agglomération de Chambéry. À l'époque romaine, les habitants s'installent sur la colline de Lémenc, alors appelée Lemencum. L'ancienne devise de la ville fut, en latin, Custodibus istis ce qui traduit en français donne « Par ces gardiens ». L’établissement gallo-romaine fut installé dans un site peu propice au développement urbain car au milieu de marécages entre les bras de la Leysse et de l'Albanne, et se limita à un poste-relais romain. L'attaque du site devait venir quelques siècles plus tard avec l'importance croissante de la route du Mont-Cenis. Cet axe fut vital pour des villes en plein essor économique telles que Lyon et les cités du nord de l'Italie (Turin). La ville devra son véritable essor à son emplacement stratégique sur les grands axes économiques de son temps et surtout par l'installation des comtes puis ducs de Savoie, en quête, au XIIIème siècle d'un lieu leur permettant d'exercer un rayonnement politique puissant à travers l'Europe.

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Le château des Ducs de Savoie

Le domaine des comtes de Savoie au XIIème et XIIIème siècles. Chambéry n'apparaît vraiment comme une petite cité, Camberiaco, qu'au XIème siècle. Un acte de donation daté de 1057 atteste l'existence d'un burgus et d'un castellum. Le XIIIème siècle représente une période décisive, lorsque le comte Thomas Ier de Savoie l'achète, le 15 mars 1232 moyennant 32 000 sous forts de Suse, au vicomte Berlion et lorsque le comte Amédée V en fait la capitale du comté de Savoie, en 1295. Le développement de la ville est ensuite très lié à l'ascension de la Maison de Savoie. Une nouvelle enceinte est construite à partir de 1352, sous l'impulsion du comte Amédée VI de Savoie, plus communément surnommé le comte Vert. L'avènement d'Amédée VIII, premier duc de Savoie en 1416, fait de Chambéry la capitale d'un État souverain, libéré de la domination du Saint-Empire romain germanique. Une nouvelle noblesse chambérienne apparaît, liée aux institutions prestigieuses que compte la ville, et forme une cour autour de la famille ducale. Cette noblesse fait construire de remarquables hôtels particuliers, érigés autour d'une cour centrale dominée par une haute tourelle d'escaliers. De très nombreuses congrégations religieuses sont installées en ville, et 1452 à 1578, le Saint-Suaire, propriété des ducs, est exposé dans la Sainte-Chapelle. La ville devient un lieu de pèlerinage.
Après l'occupation française de François Ier, le duc Emmanuel-Philibert lui préfère cependant Turin comme capitale à partir de 1563. La ville est prise par Henri IV, lors de la guerre franco-savoyarde de 1600-1601, guerre qui se terminera par le traité de Lyon en 1601. Avec son Sénat et sa Chambre des comptes, la ville conservera néanmoins une vocation administrative maintenant une population importante de familles nobles. La période baroque voit s'édifier d'importants hôtels particuliers marqués par l'architecture turinoise. Jean-Jacques Rousseau habite la ville de 1729 à 1742. La Savoie est envahie en 1792 par les troupes révolutionnaires françaises dirigées par le marquis Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac. C'est la cinquième invasion française, après celles des troupes de François Ier (et de son successeur, Henri II), d'Henri IV,de Louis XIII et de Louis XIV. De 1792 à 1815, pendant le rattachement de la Savoie à la France, Chambéry est le chef-lieu du département du Mont-Blanc. En 1848, les chambériens expulsent manu-militari les Voraces venus de Lyon dans l'intention de provoquer la sécession de Chambéry et de la Savoie. Au XIXème siècle, deux grandes périodes de développement urbain se détachent : la première, entre 1820 et 1830, est liée aux actions bienfaitrices du général de Boigne et se caractérise par une politique d'embellissement de la ville (rue monumentale, théâtre, alignement des façades…) ; la seconde, entre 1860 et 1890, s'ouvre avec le rattachement définitif de la Savoie à la France décidé lors du Traité de Turin, le 24 mars 1860 et confirmé par plébiscite le 22 avril 1860.

La Savoie sous la neige
La retonde du dépôt SNCF de Chambéry

Chambéry devient alors chef-lieu du département de la Savoie. La cité s'équipe de bâtiments utilitaires tels que l'actuel hôtel de ville ou le marché couvert, mais aussi de nombreuses écoles et lycées, ainsi que des musées.
Construite en 1906, la rotonde ferroviaire de Chambéry est la plus grande construite en France avec un diamètre de 110 mètres et 36 voies ! La réhabilitation totale de la Rotonde SNCF, patrimoine ferroviaire exceptionnel, passe sans doute par l'accès permanent des visiteurs. La rotonde fait partie du paysage chambérien, sa majestueuse coupole se voyant de loin. Elle fait aussi partie du patrimoine industriel et culturel. Avec ses 4.000 visiteurs par an (journées du Patrimoine et groupes), la rotonde est déjà le monument le plus visité de Chambéry et de la Savoie.


Allbertville -

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Saint-Jean-de-Maurienne


Le plus grand Opinel du monde
Le col de l'Iseran

Saint-Jean-de-Maurienne est la capitale de la vallée de la Maurienne depuis le VIème siècle. Après que sainte Thècle rapporta d'Alexandrie les reliques de saint Jean le Baptiste qui sont les trois doigts représentés sur les armes de la ville, ainsi que sur les lames des couteaux Opinel, la ville a été élevée au rang d'évêché par Gontran, petit-fils de Clovis. En 753, Griffon se rend en Italie pour rejoindre le roi des Lombards, Aistolf, le plus puissant adversaire de son demi-frère, le roi des Francs, Pépin le Bref, mais il est tué à Saint-Jean-de-Maurienne par les hommes de Pépin.
La ligne de chemin de fer Aix-les-Bains—Saint-Jean-de-Maurienne est ouverte en 1857. Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles en Maurienne, tandis que le tourisme prend son essor.
Saint-Jean-de-Maurienne (Sanctus Joannes ad Mauritanias), autrefois capitale de la province de Maurienne. Dans notre notice générale sur le département, nous avons eu plusieurs fois occasion d'apprécier l'importance historique de cette ville, berceau de la grandeur savoisienne l'espace nous manque pour faire ici l'histoire de ses évêques, qui est celle de la cité il faut nous contenter de noter les restes les plus remarquables de cette grandeur passée. Le monument capital de Saint-Jean-de-Maurienne est sa cathédrale. Elle renferme une statue en plâtre d'Humbert aux Blanches mains, couché sur un mausolée qui n'a jamais été terminé. Un bas-relief des frères Collini représente l'empereur Conrad donnant à ce fondateur de la maison de Savoie l'investiture du comté de Maurienne. Le chœur est revêtu de magnifiques boiseries dues à Mochet de Genève, artiste qui vivait au XVème siècle. Le siège épiscopal est pareillement en bois sculpté, ainsi que vingt-deux stalles surmontées d'une galerie sculptée à jour. A côté de la stalle de l'évêque, on voit une pierre merveilleusement travaillée qu'on nomme le reliquaire de Saint-Jean. La ville possède, en outre, une église du XIIIème siècle, dont le portail est richement sculpté. Une statue en bronze du docteur Fodéré décore une vaste place ombragée de beaux platanes. Le palais épiscopal est un grand bâtiment moderne sans caractère. Il y a un collège dirigé par des ecclésiastiques et un hôpital qui renferme les portraits de tous ses fondateurs et donataires. Un simple citoyen, nommé Bonafous, a doté sa ville natale de deux établissements précieux, une bibliothèque et un jardin d'expérimentation. Le pays est en progrès, le culte du passé n'empêche pas de rendre justice aux améliorations du présent. Un historien savoisien reconnaît que depuis la Révolution française le sort des habitants de Saint-Jean-de-Maurienne est bien amélioré. Plaise à Dieu qu'on ne s'arrête pas en si bonne voie il reste encore beaucoup à faire en faveur de cette population intéressante. Sur les pentes, au sud de la ville, est le vignoble de Princens, qui est réputé pour produire le meilleur vin de la Savoie.


Le Bourget du Lac


Le Bourget est un village de pêcheurs au bord du lac très poissonneux qui porte son nom, et qui a 16 kilomètres de long sur 3 de large. Autrefois, ce fut une des résidences des comtes de Savoie ; sur un rocher à pic, baigné par le lac, on voit encore les ruines du château de Bourdeau ou Bordeau, cité par Montaigne dans son Itinéraire de France en Italie.
Un prisonnier parvint à s'échapper de ce nid d'aigle, en se laissant glisser le long du rocher ; il était soutenu par une corde tressée avec ses draps et ses couvertures.
Non loin du Bourget se trouve l'abbaye fameuse de Haute-Combe, fondée en 1125 par Amédée III et destinée à devenir la sépulture des princes de la maison de Savoie. Le monastère actuel a été construit en 1723 ; sous la République, il fut utilisé et devint une usine ; il a été complètement restauré en 1821, d'après les dessins de l'ingénieur Mellanas. Les montagnes qui dominent Le Bourget renferment des gisements de fer, de cuivre, de zinc et de plomb sulfuré. Ces mines étaient exploitées au commencement du XVIIème siècle.



Beaufort


Beaufort, est petite ville est située dans une position très agréable, au débouché de trois vallées. L'histoire a conservé le souvenir du séjour qu'y fit, à deux époques, le roi Henri IV, pendant ses guerres contre le duc de Savoie. Le prince Vert-Galant y commit, selon la chronique, de grandes folies et donna de bien mauvais exemples aux 8 000 hommes qu'il menait avec lui.

Le plus grand Opinel du monde
la coopérative laitière de Beaufort

Beaufort est également le lieu où on élabore le prince des gruyère, qui porte d’ailleurs le même nom que la cité où il est fabriqué, le Beaufort, dont le lait provient des vaches qui paissent dans les massifs environnant et qui sont de race Tarine. Elle est aussi élevée en Italie dans le Val d'Aoste sous le nom de Savoiarda . La vache tarentaise appartient au rameau brun. Certains considèrent qu'elle est issue de vaches africaines arrivées en Espagne avec les Arabes puis s'est répandue en France ; c'est une cousine de l'Aubrac.

C’est également dans le massif du beaufortain que se situe l’un des plus grands barrages du massif Alpin, qui porte le nom de barrage de Roselend et il situé sur le territoire de la commune de Beaufort-sur-Doron, dans le Beaufortain, en Savoie, entre le col du Pré et le Cormet de Roselend, à proximité de la station de sports d'hiver d'Arêches-Beaufort. Les montagnes aux alentours avoisinent les 2 800 mètres. Il fait partie du complexe hydroélectrique de Roselend La Bâthie ; ce dernier comprend le barrage de Roselend ainsi que deux barrages satellites : La Gittaz et Saint-Guérin.


Abbaye d'Hautecombe

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Abbaye d'Hautecombe
vue de l'Abbaye d'Hautecombe

Abbaye d'Hautecombe

L'abbaye royale d'Hautecombe est une abbaye en activité située dans la commune de Saint-Pierre-de-Curtille sur la rive occidentale du lac du Bourget, en Savoie. Elle a été fondée en 1125 par le comte Amédée III de Savoie et construite durant le XIIème siècle par des moines cisterciens. Elle est particulièrement connue pour être la nécropole des comtes de Savoie, des ducs de Savoie puis de quelques-uns des rois et reines d'Italie. Au tout début du XIIème siècle (en 1101) fut fondé le prieuré d'Hautecombe, situé à Cessens dans le massif de la Chambotte, au lieu-dit « plateau de Paquinôt », au pied du Fornet, dans la « vallée Sessine ». Des moines de l'abbaye d'Aulps, « désirant embrasser la vie érémitique, arrivèrent à un lieu, alors plein d'horreur et de solitude, appelé Hautecombe. Là, ils bâtirent un oratoire et menèrent une vie sainte et solitaire, selon la règle de Saint-Basile. Ce lieu, appelé combe de Vandebert en 1126, combe de Valper au XVIème siècle, est aujourd'hui situé entre les hameaux des Granges et du Topy. Ce terrain fut donné aux moines par Gauthier d'Aix à l'abbé Varrin, vers 1121, mais après qu'ils furent déjà installés : « Au nom du Seigneur, moi, Gauterin, je donne à la bienheureuse Marie des Alpes et au seigneur Varrin, abbé de cette église, pour le repos de mon âme, de celle de tous mes ancêtres et de mon fils Gauterin, une terre autrefois appelée vulgairement le Fornet et aujourd'hui la Combe, située dans le pays d'Albanais, sur la montagne où se trouve le château de Cessens. Rodolphe, du château de Faucigny, sa femme, son père, ses frères et ses fils ont approuvé cette donation », donation qui fut par ailleurs confirmée par Amédée III. De ce prieuré ne restaient à la fin du XVIème siècle qu'« une partie de l'édifice encore debout, plusieurs autres vestiges des bâtiments, tels qu'un puits, un vase vinaire », et, dès le milieu du XIXème siècle, « aucun pan de mur » encore debout.
Le 21 mars 1098, Robert de Molesme et vingt-et-un autres moines clunisiens quittèrent Molesme pour aller fonder l'abbaye de Cîteaux qui aboutit à la création de l'ordre cistercien, d'où sera issu notamment Bernard de Clairvaux. Cette modification de la règle bénédictine, plus exigeante, remporta un franc succès et attira de nombreuses vocations. Pour ce qui concerne Hautecombe, Bernard de Clairvaux traversa la Chambotte pour aller à Rome, appelé par Innocent II. Il se méfiait de la vie d'ermite, plus susceptible de dérives que la vie en communauté, et conseilla en conséquence aux moines une évolution de leur vocation. Sous son influence, saint Guérin et les moines d'Hautecombe décidèrent d'adopter la règle cistercienne, ce qui fut fait le 14 juin 1135. L'emplacement, quoique relativement désert, était considéré par les moines comme trop passant, leur mode de vie étant très retiré. Ils cherchèrent donc un lieu plus isolé. Suivant les conseils de saint Bernard, qui revenait d'une tournée en Allemagne et en Italie, et après avoir eu la vision d'une lumière s'élevant de Cessens pour éclairer les roches de Charaïa, ils choisirent ce dernier emplacement pour leur nouvelle abbaye, qu'ils appelèrent également Hautecombe. Le nom de Hautecombe est donc inadapté à sa situation géographique et ne reflète que le souvenir de son ancienne implantation.




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