Le département des Vosges est formé de la partie méridionale de la ci-devant province de Lorraine , et tire son nom d'une chaîne de montagnes que projettent les Alpes et qui se rattachent au Jura près de Belfort. Ses bornes sont : au nord, les départements de la- Meuse et de la Meurthe ; à l’est, ceux du Haut et du Bas-Rhin ; au sud, celui de la Haute-Saône ; à l'ouest, celui de la Haute-Marne. Le territoire est coupé en tous sens par les montagnes des Vosges, au milieu desquelles se trouvent de riches vallées arrosées par une multitude de rivières et de ruisseaux. Il se divise naturellement en deux parties distinctes, nommées : la Plaine et la Montagne. La première comprend la partie orientale ; elle présente un sol calcaire plus ou moins mélangé d'argile, lequel produit assez abondamment toutes les denrées nécessaires à la vie. La partie occidentale, nommée la Montagne, est couverte d'immenses forêts de sapins ; le sol ingrat et rocailleux de celle dernière partie se compose de terres légères et sablonneuses, qui ne produisent qu'à force de soins, et dont les prairies sont la seule richesse.
Les crêtes qui relient entre elles les cimes
principales des Vosges sont généralement couvertes d'une forêt de hêtres
plus ou moins mêlés de sapins, qui descend de part et d'autre sur leurs
flancs, et qui n'offre que rarement des . éclaircies naturelles. Vues
du Bærenkopf, d'où l'on aperçoit les cimes de toute la partie sud; est
des Vosges , ces montagnes se présentent comme un amas tuberculeux de
proéminences arrondies, groupées en rameaux plus ou moins distincts,
dont les points culminants sont simplement gazonnés, et dont les flancs
sont boisés. Les bois commencent à peu de distance des cimes; par des
buissons de hêtres épais sur la pelouse, et leurs parties inférieures
sont échancrées par les cultures.
De la cime du Bærenkopf on aperçoit
le Rossberg, dont on voit la crête se prolonger à l'ouest jusqu'au dôme
du Cresson, et de là jusqu'à celui du ballon d'Alsace, auquel se rattache
le prolongement du Bærenkopf lui-même. Le ballon d'Alsace ou ballon
de Giromagny se joint par son flanc ouest au ballon de Comté ou de Servance
; plus à gauche, on découvre la montagne à triple cime dite la Planche
des Belles-Filles. A la droite du ballon d'Alsace se montrent le Grand-Ventron
et d'autres montagnes de la crête centrale des Vosges encore plus éloignées,
telles que le Rotaback, le Hohueck, les hautes cimes des Pairis, etc.
Plus à droite, en arrière du Rossberg; on distingue le ballon de Guebwiller,
la plus haute cime des Vosges , et plus à l'est encore, le massif moins
élevé de la forêt de Ruffach, appelé le Mulehren.
Dans toutes les parties élevées des Vosges, et notamment autour du ballon de Guebwiller, les champs cultivés se renferment dans des zones de peu de largeur, qui suivent les cours d'eau principaux. Les parties inférieures des flancs des vallées sont, ici, les endroits où les forêts ont été généralement détruites pour faire place à la culture. Les vallées de la partie centrale offrent ordinairement un fond plat occupé par des prairies ombragées de peupliers. Les vallées de la pente orientale des Vosges, sont très profondes et très-abritées ; elles participent à peu près au climat de la plaine d'Alsace. Les vallées de la pente occidentale des Vosges débouchent dans la plaine de la Lorraine et sont généralement moins favorisées sous le rapport du climat et des productions que celles de la pente orientale. Les montagnes du flanc occidental sont moins élevées, moins profondément découpées, moins fortement accidentées, mais en même temps plus sauvages que celles de la pente alsacienne. La région des lacs du Cumberland, dans le nord de l'Angleterre, jouit comme contrée pittoresque d'une réputation justement méritée ; mais celle des lacs des Vosges mériterait au moins de l'égaler. Cette région aboutit au lac de Retournemer, et comprend les lacs de Longemer et de Géradiuer, ainsi que les vallées environnantes, où les cascades de Teudon, dû Bouchot, du Valentin, bondissent encadrées entre des rochers sourcilleux et des arbres séculaires. Les eaux qui s'écoulent du lac de Retournemer dans celui de Longemer forment elles-mêmes une jolie cascade, et la Valogne, après sa sortie de ce dernier lac, en présente une nouvelle au saut des Cuves. D'autres cascades décorent aussi quelques paysages de la vallée granitique des Vosges. Quoique ces montagnes soient moins bien partagées sous ce rapport que d'autres montagnes d'une hauteur à peu près égale, on cite la cascade de Gehar dans le-Val-d'Ajol, la jolie chute de Storkensohn, qui tombe sur des roches schisteuses près d'Urbay, dans la vallée de St-Amarin; plusieurs cascades .sur les porphyres dans la vallée de la Lauch et de Planchér-les-Mines, et la charmante cascade de Nydeçk, qui se déploie gracieusement dans une niche formée par de longues colonnes de porphyre à l'extrémité septentrionale du Ban-de-la-Roche.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie :587
400 ha
Population: 379 724 hab.(2009)
Dénsité :65 hab./km²
Nb de communes : 514
La contrée qui est bornée, à
l'Est, par le revers occidental des Vosges, au Sud,
par les Monts Faucilles et une partie du Plateau de
Langres, était habitée jadis par une population que
César désigne sous le nom de Leuci. Comme pour la plupart
des peuples de l'ancienne Gaule, l'histoire ne commence
pour les Leuces que du jour où ils se trouvent en contact
avec les Romains. Ces conquérants, qui rencontrèrent
sur le sol gaulois de si redoutables adversaires, n'eurent
avec les Leuces que des rapports pacifiques. Lorsque
César, se disposant à marcher contre Arioviste et les
Suèves, veut rassurer son armée épouvantée, il cite
les Leuces parmi les peuples amis de Rome qui ont promis
de fournir des vivres durant la campagne.
C'est que
les Leuces, des premiers menacés par cette formidable
invasion germanique dont les Suèves étaient l'avant-garde,
ne virent dans César que le sauveur de la Gaule. César,
d'ailleurs, eut soin d'entretenir leurs dispositions
sympathiques. On voit dans ses Commentaires que la conquête
romaine ne pesa pas durement sur leur pays ; dans un
passage où il énumère les populations gauloises traitées
avec le plus de faveur et qui conservèrent de grandes
franchises après la réduction du pays en provinces,
il cite en première ligne les Leuces. Rome, qui témoignait
ainsi sa reconnaissance à un peuple ami, avait su apprécier
aussi ses qualités guerrières, car Lucain vante l'habileté
des Leuces à manier la fronde.
Dans la division
de l'empire en provinces, les Leuces furent compris
dans la Belgique Première.
Le pays des Vosges eut
sa part des misères qui signalèrent la dissolution de
l'empire; au commencement du Vème siècle,
lors de la grande invasion des Barbares, il fut désolé
par les Vandales, qui pénétrèrent jusque dans la Vallée
de la Moselle et ruinèrent un Château et une ville qui
s'élevaient sur l'emplacement d'Épinal.
Un peu plus
tard, la domination des Francs s'étendit sur la Gaule.
Le pays des Vosges fit partie du royaume de Clovis.
Après sa mort, il fut compris dans le royaume d'Austrasie,
dont il forma la limite méridionale. Au-delà des Monts
Faucilles commençait le royaume des Bourguignons. Au
milieu des troubles et des violences dont la période
mérovingienne présente le triste spectacle, l'histoire
du département des Vosges est presque tout entière dans
les légendes pieuses et dans les récits des chroniqueurs
sur la fondation de quelques Monastères, dont les plus
célèbres furent Saint-Dié et Remiremont. Dans ces temps
malheureux, on ne trouvait un peu de calme et de sécurité
que dans la vie monastique. Lorsque Charlemagne, voulant
organiser l'empire, établit la division administrative
en comtés et légations, le pays qui répondait à peu
près au département des Vosges forma trois comtés désignés
sous les noms suivants Comitatus Calvomontensis,
entre la Moselle et la Meurthe ; Comitatus Segentensis,
vers Mirecourt ; Comitatus Vosagus, au Sud du
précédent.
Charlemagne et son fils Louis-le-Débonnaire
avaient une prédilection marquée pour ce pays aux vastes
et sombres Forêts, où ils venaient souvent en automne.
Dans le démembrement de l'empire carlovingien consacré
par le Traité de Verdun, le pays des Vosges fit partie
des États de Lothaire I" II échut ensuite à son fils
Lothaire II. Le royaume de ce prince, qui comprenait
les pays situés entre la Meuse, l'Escaut et le Rhin,
était appelé la France de Lothaire, Lotharingia, d'où
est venu le nom de Lorraine.
Pendant un demi-siècle,
la possession de ces contrées fut un continuel sujet
de guerre entre les tristes successeurs de Charlemagne,
princes dégénérés mais ambitieux.
Lorsque, au commencement
du Xème siècle, la Lorraine fut rattachée
à l'empire germanique et divisée ensuite en duchés,
le pays des Vosges fit partie du duché de Lorraine Mosellane
ou Haute-Lorraine, qui eut pour premier duc Frédéric
de Bar, beau-frère de Hugues Capet, en 959, et qui appartenait
en grande partie à des seigneurs ecclésiastiques ou
laïques, dont l'autorité était presque sans bornes.
On trouvera, dans la Notice du département de Meurthe-et-Moselle,
l'histoire de l'établissement de cette maison ducale
en Lorraine. Nous nous contenterons de faire remarquer
que les longues luttes des petits-fils de Charlemagne,
et plus tard des rois de France et des empereurs d'Allemagne,
pour la possession de la Lorraine, favorisèrent l'indépendance
des seigneurs, qui ne laissèrent aux ducs de Lorraine
qu'une autorité restreinte et des domaines fort limités.
C'est ainsi que le pays des Vosges se couvrit de ces
Forteresses féodales, dont les vestiges subsistent encore
en beaucoup d'endroits.
Ce serait une longue et
fastidieuse histoire que celle des démêlés et des guerres
de tous les petits tyrans féodaux entre eux et de leurs
révoltes contre les ducs de Lorraine. Nous ne ferons
pas davantage l'énumération des Monastères et des Églises,
fondés alors dans le pays des Vosges par la piété parfois
intéressée des seigneurs, qui croyaient racheter ainsi
leurs violences et leurs crimes.
Plusieurs Monastères
donnèrent naissance à des villes; que dans ces temps
de barbarie les terres ecclésiastiques étaient ordinairement
plus respectées que les autres; et qu'ainsi les habitations
se groupèrent autour des Églises et des Monastères.
Telle fut l'origine d'Épinal, de Saint-Dié, de Remiremont.
Mais ces villes, qui relevaient de la féodalité ecclésiastique
ou laïque, grandirent en population et en importance,
et il vint un temps où leurs habitants se trouvèrent
assez forts pour se soustraire à la sujétion féodale.
C'est au XIIIème siècle, du temps du duc
Ferry III, que la liberté bourgeoise s'établit dans
le pays des Vosges, et que les villes y reçurent, comme
dans presque toute la Lorraine, ce que l'on appelait
la « loi de Beaumont », charte d'une petite ville de
Champagne, bâtie par un archevêque de Reims, qui avait
attiré les habitants en leur accordant une constitution
municipale d'après laquelle s'organisèrent un peu plus
tard un grand nombre de villes. Avec la liberté on vit
renaître le commerce et l'industrie. Mais combien la
sécurité manquait encore à ceux qui s'aventuraient hors
de leur ville On voit au XIVème siècle des
marchands de Keufchâteau arrêtés sur la route et saisis,
comme le serait une propriété, par des créanciers de
leur seigneur. Une autre misère de cette époque était
la venue de ces Compagnies de pillards et de brigands
qui se formaient à la faveur de la guerre entre la France
et l'Angleterre, et dont les ravages s'étendirent jusqu'au
pied des Vosges. La ville de Neufchâteau fut horriblement
dévastée par eux en 1371.
Au siècle suivant, le
pays eut à souffrir de la guerre cruelle dans laquelle
les maisons d'Anjou et de Vaudemont se disputèrent le
duché de Lorraine. Le duc Charles-le-Hardi avait marié
Isabelle, sa fille et son héritière, à René d'Anjou,
qui avait hérité déjà du comte de Bar. René trouva un
compétiteur dans Antoine de Vaudemont, d'une branche
cadette de la famille ducale.
Les prétentions de
Vaudemont étaient appuyées par le duc de Bourgogne,
Philippe-le-Bon, et par les Anglais. Mais une grande
partie de la noblesse lorraine tenait pour René, qui
avait reçu, en outre, quelques renforts français sous
le commandement du fameux Barbazan et de Baudricourt,
le capitaine de Vaucouleurs. Antoine de Vaudemont avait
une armée composée surtout d'Anglais et de Bourguignons.
Les deux rivaux se trouvèrent en présence près de Bulgnéville
(2 juillet 1431). L'armée de Vaudemont ayant l'avantage
du terrain, Barbazan conseillait à René de couper les
vivres à l'ennemi pour le forcer à déloger. Mais les
jeunes seigneurs lorrains et allemands qui entouraient
René, comptant sur la supériorité du nombre, demandèrent
le combat à grands cris. Barbazan fut tué dès le commencement
de l'action ; sa mort mit le désordre dans l'armée ;
l'artillerie de Vaudemont et ses archers décidèrent
la victoire. René, tombé aux mains des Bourguignons,
fut emmené captif à Dijon.
A la captivité de René
se rattache un épisode digne d'être mentionné ici. Après
la bataille de Bulgnéville, la femme du prisonnier,
Isabelle, vint implorer le secours de Charles VII ;
la duchesse était accompagnée d'une de ses amies d'enfance,
gracieuse jeune fille, dont la vue fit une vive impression
sur le cœur de Charles VII. C'était Agnès Sorel,
« une des plus belles femmes que je vis oncques, dit
un contemporain, et qui fit en sa qualité beaucoup de
bien au royaulme. »
Les hostilités ne s'arrêtèrent
pas après la bataille de Bulgnéville. Pendant plusieurs
années, Antoine de Vaudemont ravagea le pays avec ses
bandes d'Aventuriers. La ville de Mirecourt fut pillée
en 1438. La même année, Charles VII envoya des troupes
au secours de René, son beau-frère, avec Lahire et Xaintrailles.
Ce fut un surcroît de malheur que l'arrivée de ces prétendus
auxiliaires, qui pillaient également amis et ennemis.
Enfin, la paix fut rétablie entre Vaudemont et René,
qui consentit au mariage de sa fille avec le fils de
son rival. Ce Traité devait plus tard rendre la Lorraine
au descendant de l'ancienne famille ducale. Mais la
guerre avait cruellement pesé sur le pays vosgien.
D'ailleurs la tranquillité ne fut pas de longue
durée pour ses habitants. René II de Vaudemont venait
de succéder à Nicolas d'Anjou. Aussitôt Charles-le-Téméraire
envahit la Lorraine, se rend maitre des Vosges et des
villes voisines, Charmes, Mirecourt, Épinal, Saint-Dié,
Bruyères, Neufchâteau et Remiremont. Mais la « chasse
de Granson », comme dit Comines, et le désastre de Morat
marquèrent le terme des prospérités de la maison de
Bourgogne.
Le pays des Vosges retourna avec le reste
de la Lorraine sous l'autorité de René Il.
C'est
dans les Vosges que le duc Charles IV chercha un asile,
lorsque ses imprudentes provocations fournirent à Richelieu
un motif pour envahir la Lorraine. C'est à Épinal qu'il
signa une première abdication. C'est à Mirecourt qu'il
se retira lorsque la ville de Nancy fut occupée par
une garnison française, et qu'il signa en 1634 une seconde
abdication. C'est encore par les Vosges qu'il rentra
dans son duché, l'année suivante, à la tête d'une armée.
Le pays des Vosges, citadelle de la Lorraine, était
un sol favorable à une guerre de partisans, comme Charles
IV était réduit à la faire. Mais, pendant que ce prince
singulier balançait ainsi la fortune du grand ministre
de Louis XIII, le pays se ressentait douloureusement
de tous les maux de la guerre. Des soldats pillaient
et brûlaient les Églises et les Monastères, maltraitaient
les Religieuses et ouvraient le ventre des prisonniers
pour chercher l'or qu'ils pouvaient avoir avalé. A ces
excès se joignirent la famine et la peste, qui dépeuplèrent
des villages entiers. Il faut arriver jusqu'au règne
de Léopold, que le Traité de Ryswick (1697) remit en
possession de la Lorraine, pour voir la fin des calamités
de ce pays. Quelques années plus tard, les combinaisons
de la politique européenne donnèrent à la Lorraine un
souverain étranger, Stanislas Leczinski. On sait combien
fut brillant le règne de ce prince. Mais n'oublions
pas que les magnificences de Lunéville étaient coûteuses
et que les impôts pesèrent lourdement sur la population
des campagnes. De sages mesures signalèrent aussi le
règne de Stanislas.
Après la famine de 1741, des
Greniers d'abondance furent établis à Épinal, Saint-Dié,
Mirecourt, Neufchâteau. En 1766, à la mort de Stanislas,
le pays des Vosges suivit le sort du reste de la Lorraine,
qui devint province française. Ce pays, compris dans
le grand gouvernement de Lorraine- Barrois, se composait
alors des neuf bailliages d'Épinal, de Saint-Dié, de
Bruyères, de Remiremont, de Darney, de Mirecourt, de
Châtel, de Charmes et de Neufchâteau, qui relevaient
de la cour souveraine de Nancy, érigée en parlement
par Louis XVI. Le décret de 1790, qui divisa la France
en départements, établit le département des Vosges et
lui donna pour chef-lieu Épinal.
Les habitants d'un
pays, qui souffrait depuis des siècles des abus de la
féodalité ecclésiastique, ne pouvaient accueillir qu'avec
sympathie la Révolution de 1789. Si la condition nouvelle
imposée à la Lorraine excita des regrets chez une population
attachée à sa vieille dynastie, ils durent s'effacer
alors devant un sentiment nouveau. Jusqu'alors, les
Vosgiens ne connaissaient la France que par des invasions
militaires et des exactions financières. Ils comprirent
qu'ils n'avaient pas à se plaindre de leur destinée,
qui les ramenait après tant de siècles dans la grande
famille française.
Signalé pour son patriotisme
en 1792, le département des Vosges fut le premier, en
1800, à acquitter la plus forte partie de ses contributions.
Le gouvernement consulaire, pour reconnaître ce patriotique
empressement, décréta que la place Royale à Paris prendrait
le nom de place des Vosges, nom qu'elle conserva jusqu'à
la Restauration, pour le reprendre en 1848, le perdre
sous le second Empire et le recouvrer après 1870.
En 1814, ces braves populations montrèrent combien elles
étaient françaises de cœur. Les armées coalisées marchaient
sur la France; Blücher arrivait par le Nord de la Lorraine
et Schwarzenberg par le Haut-Rhin, avec le projet de
se réunir sur la Haute-Meuse. Une partie du corps de
Schwarzenberg fut arrêtée quelque temps dans les Vosges
par une héroïque résistance.
Plus tard, lorsque,
après la bataille de Montereau, l'armée autrichienne
fit un mouvement de recul, ce fut encore dans les Vosges
qu'elle éprouva le plus de pertes. Peut-être l'étranger
n'eût-il pas franchi la frontière, si Napoléon eût compris
plus tôt que, dans cette lutte suprême, il fallait s'abandonner
à cet énergique patriotisme des masses dont les Vosgiens
donnèrent alors un si bel exemple.
Le département
des Vosges eut beaucoup à souffrir pendant la guerre
de 1870-1871. Un des premiers envahis, il fut le dernier
évacué.
A la signature du Traité de Francfort, il
perdit le canton de Schirmeck, comprenant les communes
de Schirmeck, Barembach, La Broque, Grandfontaine, Natzviller,
Neuviller-la- Roche, Rothau, Russ, Waldersbach, Wildersbach,
Wisches; même sort fut réservé à la partie septentrionale
du canton de Saales, c'est-à-dire communes de Saales,
de Bourg-Bruche, de Colroy-la-Roche, de Plaine, de Saint-Blaise-la-Roche,
de Saulxures et de Ranrupt. La France perdait de ce
côté 18 communes et environ 22,000 bons Français.
Théodoric ou Thierry d'Hamelan,
évêque de Metz, passe pour le fondateur de la ville
d'Espinaulx ou de Spinal qui n'avait encore, en 980,
que quelques maisons isolées sur les rives de la Moselle.
D’après l'opinion commune, cette cité fut pendant longtemps
une petite ville libre, dont les habitants se qualifiaient
de citadins . La protection des évêques la maintenait
contre les entreprises des seigneurs. A leur tour, les
prélats voulurent l'asservir; mais ils furent blâmés
et condamnés aux conciles de Bâle et de Vienne.
Épinal
etait une place forte défendue par un château important.
Elle se donna à la France en 1444.Louis XI céda cette
ville à Thiébaut de Neufchâtel, maréchal de Bourgogne
que les habitants refusèrent de reconnaître, suppliant
le roi, dit Durival dans sa Description de la Lorraine,
s'il voulait les mettre hors sa sainte couronne, de
leur donner ai autre maître. Louis XI les releva du
serment, et c'est alors qu'ils choisirent Jean d'Anjou,
duc de Lorraine, pour les défendre et les protéger.
Le maréchal de Bourgogne vint cependant assiéger la
ville en1466 ; mais il se retira à l'approche du marquis
de Pont.
Le maréchal de la Ferté ne fut pas plus
heureuxen1648. Le maréchal de Créqui la prit en1670,
après une vigoureuse résistance, et Louis XIV la fit
démanteler. Les évêques de Metz possédaient à Epinal
le droit de monnayage.
L.'empereur Otbon l'avait
accordé à Thierry, par une charte datée de l'année 983.
En 1299,un nommé Simon d'Épinal prit à ferme pour sa
vie durant l'exercice de ce droit de monnayage.
Un autre bourgeois du même lieu passa un semblable marché
en1324; mais de temps en temps les évêques rentraient
dans leur prérogative. Ainsi le dernier acte qui nous
signale l'existence d'un hôtel monétaire d'Épinal, et
qui date de 1459, prouve qu'alors c'était l'évêque Conrad
Bayer qui en percevait les profits. Nous possédons en
effet plusieurs deniers marqués aux noms de Thierry
II, d'Adelberon et d'autres évêques. Ces deniers ressemblent
en tout à ceux de Metz.
Placée dans une vallée étroite
mais très pittoresque, au pied des derniers versants
occidentaux des Vosges, cette ville est dominée par
les ruines de son antique château, assis sur un roc
escarpé dont la base est baignée par le ruisseau d'Ambrail.
Ces ruines sont depuis longtemps converties en un magnifique
jardin anglais que la mort de son créateur menace d'un
morcellement déplorable. La Moselle déjà flottable,
partage la ville en trois parties.
La première partie
est la grande ville, située sur la rive droite ; la
seconde partie est la petite ville, unie à la grande
par deux beaux ponts, l'un en pierre construit en 1841;
l'autre suspendu, en fer, occupe une ile formée par
la rivière et un canal de dérivation qui baignait des
remparts dont les derniers vestiges viennent de disparaître.
La troisième partie forme faubourg, qui longe la rive
gauche du canal et ou passe la route royale n°57 de
Metz à Besançon. Épinal est assez bien bâti : ses rues
s'élargissent sans cesse et s'embellissent de nouvelles
constructions faites avec goût quoique mal pavées(en
cailloux), elles sont propres; celles de la grande villes
ont généralement arrosées d'eau courante; presque toutes
sont pourvues de fontaines aussi abondantes que limpides
Les quais et les promenades qui bordent la Moselle offrent
les points de vue les plus riants et les plus variés;
les environs sont très-gracieux.
Cette ville est située sur le
Mouzon, près de son confluent avec la Meuse, et dominée
de tous côtés par des montagnes. Elle est assez bien
bâtie, sur une colline environnée de sites agréables
et variés, qui présentent sur plusieurs points des objets
intéressants. C'est une ville antique, désignée dans
l'Itinéraire d'Antonin sous le nom de Neomagus : on
croit qu'elle doit son nom moderne à un grand et beau
château où Christierne de Danemark, duchesse douairière
de Lorraine, assembla les états de la province en 1545.
Les rois de France y avaient un palais au IX siècle.
Pendant la révolution celle ville a porté le nom
de Mouzon-Meuse.
Le nom primitif du territoire
de cette ville était Vallée-de-Galilée, vallée donnée
par Childéric II à Déodatus, évêque de Nevers, qui y
bâtit un monastère ; un village se forma à l'entour
et prit, de son fondateur, le nom de Dieu-Donné, d'où
s'est formé Saint-Dié. Peu à peu ce village devint une
ville importante.
Dans le XIIIème siècle,
les ducs de Lorraine, Ferry IVet Ferry V, auxquels elle
appartenait, y firent diverses améliorations et l'entourèrent
de murs.
En1756, le feu y prit et détruisit un grand
nombre de maisons. Cette catastrophe, qui d'abord faillit
ruiner Saint-Dié, lui devint avantageuse en ce que la
ville fut reconstruite avec plus de régularité et de
meilleur style qu'auparavant. Déjà, en1554,, un accident
semblable l'avait dévastée, et, en1065, les églises
Notre-Dame et de la collégiale avaient été détruites
par le feu. Lors de son dernier désastre, Saint-Dié
fut rebâti par les soins de Stanislas qui y fonda des
établissements de charité et d'instruction publique,
y creusa des canaux, y éleva des fontaines, etc.
Ces améliorations ont été continuées depuis, et Saint-Dié
est devenu une jolie petite ville, propre, bien bâtie
et bien percée. Sa situation est agréable ; elle s'étend
sur les bords de la Meurthe, au pied de la montagne
d'Ornion.
La ville a été longtemps renommée par
sa collégiale qui remontait au VIIème siècle
et fut sécularisée en 954; elle se nomma d'abord l'abbaye
de Jointure. Cette abbaye jouissait de privilèges considérables,
et n'admettait dans son sein que des nobles de haut
parage. Parmi les chefs, qu'on nommait grands prévôts
et qui exerçaient les fonctions épiscopales, elle a
compté le pape Léon IX, que l'Église reconnaît pour
saint ; neuf princes de la maison de Lorraine, et un
grand nombre de prélats.
En 1780,on a découvert près
de la ville trois sources d'eaux minérales froides,
l'une ferrugineuse l'autre sulfureuse, et la troisième
acidule.
L'imagerie d'Épinal,
où furent imprimées les premières images
d'Épinal en série, a été fondée en 1796
par Jean-Charles Pellerin. Artisanale au
départ, l'imagerie d'Épinal est peu à peu
devenue une véritable industrie. Fondée
en 1796, l'Imagerie utilisait initialement
une image gravée dans une planche de bois
(xylographie). L'impression de la feuille
s'effectuait à l'aide d'une presse à bras,
dite « Gutenberg ». Le coloriste intervenait
alors ; au moyen de pochoirs, il appliquait
à l'aide d'une brosse ronde les différentes
couleurs nécessaires à la finition de l'ouvrage.
Sous le Premier Empire, l'imagerie célébra
l'empereur Napoléon Bonaparte, sa famille,
ses maréchaux, ses armées et ses victoires.
Vers 1860, l'apparition de la lithographie
offrit de plus larges possibilités à l'artiste.
À l'aube du XXème siècle,
la production de l'Imagerie est connue dans
le monde entier. Les pantins, les théâtres
de papier, les constructions puis lors de
la Première Guerre mondiale, les sujets
militaires sont autant de domaines où la
diffusion est importante
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