Les Bouches du Rhône ainsi appelées pour leur
situation dans le delta du Rhône, fleuve qui se sépare en deux branches
en aval de la ville d'Arles. Le petit Rhône limitrophe avec le département
du Gard et le grand Rhône qui tous deux se jettent dans la Méditerrannée.
Cette partie de la France comporte d'important zone humide avec la Camargue,
la Petite Camargue, l'Étang de Berre divisé en trois partie avec l'étang
principal de Berre, l'étang de Vaine à l'est et de l'étang de Bolmon
au sud-est. Cette étendue d'eau saumâtre de 15 700 ha, a pour dimensions
20 Km dans sa partie la plus longue et 16,7 km dans sa plus grande largeur
pour une profondeur maximum de 6 mètres. La Camargue est la seule région
de France à cultivé le riz, dont le célèbre riz noire de Camargue. c'est
également une zone d'élevage pour les taureaux de Camargue qui sont
élevés dans de vastes propriétés agricole portant le nom de Manade.
Les Bouches-du-Rhône font partie de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Département du littoral méditerranéen, le département des Bouches du
Rhône a son point culminant à la Sainte Baume à 1 040 mètres au dessus
du niveau de la mer. Région habité par les Ligures et les Celtes, mais
ce sont les Phéniciens qui fondent la première cité Massalia. Le département
des Bouches-du- Rhône situé à l'extrémité méridionale de la France,
est un des plus intéressants par la variété de ses productions, par
son commerce maritime et par les monuments antiques dont il abonde.
Il est formé de la ci-devant basse Provence, et tire son nom du Rhône
qui y termine son cours et se jette dans la Méditerranée par plusieurs
bouches ou embouchures.
Le langage du pays est un composé de celtique, de grec et de latin, entremêlé d'italien et de catalan. Ce mélangé forme un idiome particulier assez riche, et remarquable par une infinité de termes exprimant seuls des choses qui, dans la langue française, nécessitent plusieurs mots. Ce langage est parlé habituellement, non seulement dans les campagnes, mais encore dans les petites villes, et même dans les chefs-lieux, en tout ce qui concerne les usages communs de la vie. Tout le monde entend pourtant le français mais la masse de la nation tient à ses habitudes. Dans les classes moyennes, on a l'usage singulier d’intercaler des mots provençaux dans le français, et cet usage est si général qu'il a gagné toutes les classes commerçantes et industrielles. Les habitants de la Provence, dit un écrivain moderne, joignent en général à un caractère familier, franc, hospitalier et sobre, une vivacité naturelle, que l'on taxe quelque fois de grossièreté. Ils sont robustes et laborieux mais la modération, la douceur et le désintéressement ne sont point leurs vertus principales. Ils sont gais, vifs, emportés dans leurs plaisirs comme dans la colère ; fiers quelque fois peu obligeants souvent cruels jusque dans leurs plaisanteries. Leur esprit est brillant, leur tête prompte à s'enflammer ; leur sang bouillonne. Ils sont éloquents, mais ordinairement plus propres aux ouvrages d'imagination qu'à ceux qui demandent de la méditation et de la profondeur. Les femmes sont vives et enjouées dans la conversation on n'éprouve ni tiédeur ni ennui dans leur société rien n'est plus aimable lorsqu'elles savent se tempérer mais c'est souvent un effort qui leur coûte. Avant la première révolution 1’autorité paternelle était plus entière en Provence que dans les autres provinces. Le chef de la famille exerçant une véritable charge, rien ne se faisait sans son approbation, et il y a bien peu d'exemples que quelqu'un ait abusé de cette autorité patriarcale.
Ses limites sont au nord, le département du Vaucluse
dont il est séparé par la Durance, à l'est, celui du Var ; à l'ouest,
le Rhône qui le sépare du département du Gard au sud, la mer Méditerranée.
Ce département est, dans la plus grande partie de son étendue, hérissé
de montagne est de collines qui se rattachent à cinq chaînes principales
qui sont la Ste-Baume, la chaîne de l'Etoile la chaîne de Ste-Victoire,
la chaîne de la Trévaresse, et la chaîne des Alpines. Toutes ces chaîne
sont calcaires et ne laissent voir, ni à leurs plus hauts sommets, ni
dans leurs plus grands escarpements, la, roche primitive qu'elles surmontent
et recouvrent de toutes parts. Entre ces montagnes se trouvent des bassins
plus ou moins étendus, de forme à peu près circulaire, et, sur le littoral,
des plaines ou de grands espaces de plusieurs kilomètres d'étendue,
dont le sol uni se penche doucement vers la mer. Entre le Rhône et les
étangs de Martigues, entre la chaîne des Alpines et la mer, est une
vaste plaine d'environ 200 kilomètres carrés de superficie, désignée
sous le nom de Crau d'Arles. Les bords en sont assez bien cultivés et
nourrissent quantité de bestiaux mais le centre n'offre qu'un champ
immense couvert de différentes couches et terre rougeâtre et brune mêlée
avec une quantité innombrable de cailloux de divers calibres. Le Rhône,
en se divisant entre Trinquetaille est Fourques, laisse entre ses deux
branches un vaste delta, baigné au sud par la Méditerranée qui est la
plaine de la Camargue dont la superficie est évaluée à cinquante milles
hectares, et dont environ un cinquième sur les bords est cultivé. Cette
île renferme neuf villages, grand nombre de belles maisons de campagne,
et près de 350 fermes ou mas.
Note : ce site officiel
du ministère de la culture vous donne toutes
les informations relatives à tous les lieux
et objets inscrits au patrimoine de chaque commune
d'un département.
Superficie
508 700 ha
Population: 1 967 299 (2009)
Densité : 387 hab./km²
Nb de communes : 119
Les Bouches-du-Rhône, le Var,
les Basses-Alpes sont les trois départements qui correspondent
à l'ancienne Provence. De ces trois départements, le
plus important est celui des Bouches-du-Rhône qui va
nous occuper, et à l'occasion duquel nous allons tracer
une esquisse de la province entière.
Le pays montagneux
et maritime qui s'étend entre le Rhône, la Durance,
les Alpes, le Var et la Méditerranée était occupé, dès
une haute antiquité, par les Ligures-Saliens, qui se
mêlèrent avec les Celtes à l'est et les Ibères vers
l'ouest. Ils se divisaient en un grand nombre de tribus
les Ségobriges, les Commones, près de Marseille les
Véruciniens, de Grasse les Décéates, d'Antibes ; les
Suétriens, les Quariates, les Aducinates, les Oxybiens,
les Liganiens, etc. C'étaient des hommes à peu près
sauvages, sans villes, sans lois, sans industrie, habitant
sous le chaume ou les roseaux, vivant de la chasse dans
les montagnes, de la pêche au bord de la mer. Déjà cependant
la zone intermédiaire entre les montagnes détachées
des Alpes et la Méditerranée produisait, grâce à la
bonté de son sol, des plantes et des fruits.
Les
Phéniciens, qui avaient établi des comptoirs sur les
côtes de la Méditerranée, paraissent en avoir placé
un chez les Saliens pour leur commerce dans la Gaule.
D'autres étrangers arrivèrent ensuite c'étaient des
Grecs partis du voisinage de l'Ionie, et qui, accueillis
par les Ségobriges, fondèrent Massalie (Marseille),
à la place même du comptoir phénicien. Cette nouvelle
cité s'enrichit bientôt par l'industrie de ses habitants
et excita la jalousie des barbares qui l'entouraient.
Ils firent une tentative pour la détruire et n'y réussirent
pas. Loin de succomber, elle s'agrandit par l'arrivée
des Phocéens, qui fuyaient devant les armes de Cyrus,
et bientôt couvrit de ses colonies tout le littoral
voisin.
Au lieu d'accepter avec joie les bienfaits
de la civilisation, les barbares sentirent croître leur
haine en même temps que la prospérité de Massalie: Ils
se coalisèrent, élurent un roi commun, Caramandus, battirent
les troupes de la cité phocéenne et vinrent l'assiéger.
Elle appela à son secours les Romains, et le sénat,
la déclarant son alliée, chargea Flaminius d'aller donner
l'ordre aux Oxybiens de poser les armes. Ils n'avaient
pas encore appris à redouter la force invincible de
Rome ; se jetant sur la suite de l'ambassadeur romain,
ils pillèrent ses bagages et le forcèrent de s'enfuir
au plus vite vers son vaisseau. Que de peuples ont préparé
leur asservissement par d'imprudents outrages, depuis
Tarente, qui couvrit de boue les députés de Rome, jusqu'au
dey d'Alger ! Le consul Opimius passe les Alpes avec
une armée, prend Ægilna, en fait vendre les habitants
comme esclaves et distribue aux Massaliotes les vallées
des Oxybiens, des Décéates, des Anasiliens, etc. Tandis
qu'il va triompher à Rome, Fulvius, son successeur,
écrase la tribu maritime des Saliens, et C. Sextius
Calvinus, qui vient ensuite, établit la domination romaine
dans le pays par la fondation d'une colonie, Aqueœ Sextiœ
(Aix en Provence).
La Gaule entière commença à s'inquiéter.
Les Arvernes prirent les armes sous leur vaillant roi
Bituit; mais Domitius les vainquit dans de rudes combats,
et plusieurs campagnes victorieuses assurèrent aux Romains
la possession du midi de la Gaule. En 114 avant Jésus-Christ,
tous les petits peuples qui l'occupaient passèrent sous
le joug, et le pays fut réduit en province romaine.
Ce fut la première province des Romains en Gaule, la
Province par excellence aussi le nom est-il resté Provence.
C'était le poste le plus avancé de l'empire romain du
côté des barbares, et c'est là, en effet, que Marius
arrêta la terrible invasion des Cimbres et des Teutons.
Dix ans à peine étaient écoulés depuis la soumission
des peuples de la Gaule méridionale, et nul ne bougea
à l'arrivée de ce formidable secours de barbares, tant
l'action conquérante de Rome était prompte et énergique.
La Province se prêta, du reste, avec une souplesse merveilleuse
à la civilisation de Rome ; elle adopta et cultiva avec
succès ses arts, son industrie, parla sa langue, adora
ses dieux, envoya ses enfants dans ses écoles ; les
habitants de la Province étonnaient les Romains on les
croirait nés à l'ombre du Capitole, disait Tacite ;
Pline appelait leur pays une véritable Italie ; Arles
était surnommée la seconde Rome. Nulle contrée, d'ailleurs,
ne reçut plus profusion les présents de la civilisation
romaine, et aujourd'hui encore, après dix-huit siècles,
la Provence est moins célèbre par la beauté de son climat
et de sa position que par ses innombrables monuments,
aqueducs, thermes, ponts, cirques, temples, statues,
qui lui donnent l'apparence d'un immense musée d'architecture
romaine. Après la conquête de la Gaule par J. César,
on continua d'appeler la Province le pays qui nous occupe.
Seulement, on distinguait cette Gaule méridionale par
le nom de braccata, dérivé d'un certain vêtement, bracca
(braie), en usage chez ses habitants; tandis que l'on
appliquait le nom de chevelue (comata), au reste de
la Gaule où l'on portait de longs cheveux, suivant la
coutume barbare.
Sous Auguste, la Province prit
le nom de Narbonnaise, à l'exception de la partie montagneuse
qui fut rattachée aux Alpes Maritimes. Lorsque de nouvelles
divisions, au IIIèmeet au IVème
siècle, eurent distribué la Gaule en dix-sept provinces,
la Province fut partagée en trois. Une portion entra
dans la Viennoise; les deux autres formèrent la seconde
Narbonnaise et les Alpes Maritimes. Le territoire du
département des Bouches-du-Rhône, en particulier, était
dans la seconde Narbonnaise. Déjà le christianisme avait
pénétré en Provence. Une légende veut qu'il y ait été
apporté, dès le Ierr siècle, par saint Lazare
et les saintes Maries. Quoi qu'il en soit, il y fit
des progrès rapides.
Sous le règne de Constantin,
il s'y tint un concile qui condamna les donatistes.
Parmi les villes soumises, Rome avait l'habitude de
récompenser les plus dociles ou d'attirer les plus hostiles
par des avantages municipaux. C'est ainsi que la plupart
des villes de la seconde Narbonnaise portèrent le titre
de cité et jouirent du droit de se gouverner elles-mêmes
intérieurement. Elles avaient un sénat, des magistrats
municipaux, une curie comprenant tous les propriétaires
de vingt-cinq arpents. Nulle portion de la Gaule ne
posséda des institutions municipales plus complètes,
et nulle part elles n'eurent autant de vitalité, puisqu'on
les a retrouvées ici en plein moyen âge.
Parmi ces
cités, nous nommerons celles des Massiliens ou Massaliotes(
Marseille),des Arlésiens (Arles), des Aquiens (Aix),
des Aptiens (Apt), des Foro-Juliens (Fréjus), des Antipolitains
(Antibes), etc.
On a des notions vagues sur certaines
assemblées du midi de la Gaule, qui devaient se réunir
périodiquement pour s'entendre sur les intérêts communs
de la province ; mais le gouvernement impérial absorbait
tellement toutes les affaires, que ces assemblées, n'ayant
point d'objet sérieux, tombèrent tout à fait en désuétude.
Quand les derniers empereurs sentirent que la vie
se glaçait enfin partout dans l'empire, en présence
des barbares, ils tentèrent de la ranimer en rendant
aux provinces une certaine indépendance. Honorius, par
son édit de 418, ordonna que l'assemblée des sept provinces
se réunirait tous les ans à Arles
Ce galvanisme n'eut point d'effet
durable, et bientôt les barbares couvrirent tout l'empire.
La Narbonnaise eut pourtant l'honneur de les voir deux
fois battus dans ses plaines. Un forgeron, qui portait
le nom de Marius, d'heureux présage en ces lieux et
devant de pareils ennemis, arrêta près d'Arles les Vandales
qui venaient de ravager l'Auvergne et le nord de la
Provence. Vinrent ensuite les Hérules, les Burgondes,
les Alamans, les Francs. Une victoire nouvelle, remportée
près d'Arles par le patrice Constantin, n'empêcha point
les barbares de s'établir enfin dans la seconde Narbonnaise.
Les Wisigoths, qui avaient déjà occupé la Narbonnaise
première et l'Aquitaine avec l'autorisation même d'Honorius,
étendirent leur influence, puis leur domination sur
la rive gauche du Rhône. En 455, leur roi Théodoric
fit élire, à Arles, Avitus empereur, et bientôt son
fils Euric s'empara du pays. Lorsque Clovis eut gagné
sur les Wisigoths la bataille de Vouillé, qui lui livra
l'Aquitaine, il envoya une armée pour s'emparer également
de la Provence.
Mais le grand Théodoric, roi des
Ostrogoths d'Italie, prenant sous sa protection la nation
gothique tout entière, envoya son général lbbas, qui
battit les Francs près d'Arles, et les Wisigoths, en
récompense,l ui abandonnèrent la Provence en 511. Tout
le littoral de la Gaule, c'est-à- dire la Provence et
la Gothie ou Septimanie(Languedoc), demeura quelque
temps encore au pouvoir des Goths, sur lesquels Théodoric
régna seul avec le titre de roi des Ostrogoths et des
Wisigoths. En 534, les Francs, ayant soumis les Burgondes,
devinrent possesseurs de la Provence par la cession
que Vitigès, roi des Ostrogoths, leur fit don ce qu'il
y possédait ; mais ils furent obligés de la partager
avec l'empire grec qui venait de renverser le royaume
des Ostrogoths et de reconquérir presque tout le littoral
du bassin occidental de la Méditerranée. Les empereurs
byzantins établirent, dans la partie qui leur fut soumise,
des gouverneurs qui ne tardèrent pas, enhardis par l'éloignement,
à se rendre indépendants. En 721, on trouve Mauronte,
l'un d'eux ; à peu près seul maître du pays.
L'autorité des rois francs n'y était pas plus puissante
que celle des empereurs. Les Sarrasins, maitres d'Espagne,
commençaient à envahir le midi de la France. Charles-Martel
accourut dans la Provence pour les repousser et commença,
en vrai chef de barbares, par piller horiblement le
pays. Aussi la haine contre les Francs y fut depuis
ce moment si violente que les Provençaux se firent les
alliés fidèles des Sarrasins et que l'émir de Narbonne,
Yousouf, se vit secondé par Mauronte lui-même. Occupée
en plusieurs points par les musulmans, ravagée maintes
fois avec fureur par les Francs, la Provence endura
des maux qui cessèrent sans doute sous Charlemagne,
mais pour redoubler après. Ce n'étaient plus seulement
les Sarrasins, mais les Normands d'Hastings qui remontaient
le Rhône et la Durance, le fer et la flamme à la main.
A la chute de l'empire de Charlemagne, la Provence avait
pour gouverneur Boson, beau-frère de Charles le Chauve,
ambitieux qui se fraya par des crimes le chemin du pouvoir.
Le faible règne de Louis III et de Carloman lui sembla
opportun pour arriver au but qu’il méditait d'atteindre.
Les évêques du pays, réunis au nombre de vingt-trois
dans le concile de Mantaille, près de Vienne, prétendirent
suivre l'inspiration du ciel en déclarant Boson roi
de Provence et de Bourgogne. La noblesse exprima le
même vœu en 879. Cette audace de l'épiscopat de créer
un roi n'a rien de surprenant dans ce siècle où les
évêques dirigèrent les rois, luttèrent contre eux et
secouèrent plus d'une fois l'autorité du pape par réaction
contre ce qui s'était passé sous Charlemagne. Boson
accepta la couronne qu'il s'était fait donner, gagna
le peuple par ses largesses et ses flatteries, la cour
de Home par ses présents et ses promesses, les églises
et les abbayes par sa munificence. Son royaume comprenait
la Provence, le Dauphiné, la Savoie, le Lyonnais, la
Bresse, le comté de Bourgogne ; Arles en était la capitale.
Louis III et Carloman firent la guerre à l'usurpateur,
mais sans succès, et, à sa mort, sa veuve Hermengarde
fit reconnaitre son fils Louis par les prélats et les
grands seigneurs de la Provence, qui le proclamèrent
dans un concile tenu à Valence. L'archevêque de Vienne
dit »Le pape est le seul maître des empires, seul
distributeur des couronnes. Il ne s'est décidé à donner
un chef particulier à la Provence que pour mettre un
terme aux malheurs dont elle est depuis trop longtemps
accablée. » Ces malheurs pourtant s'accrurent encore
sous le faible règne de Louis, les Sarrasins surprirent
sur le rivage le château de Fraxinet, s'y établirent
et en firent un repaire pour leurs brigandages. Ils
n'en sortaient que pour piller et détruire. Louis eût
bien fait de demeurer dans son royaume et de s'occuper
à le défendre, au lieu d'aller chercher ailleurs une
fortune plus brillante et une triste fin. La couronne
d'Italie, longtemps disputée, allait rester à Bérenger,
l’un des concurrents, lorsque ses ennemis appelèrent
le roi de Provence qui avait quelques droits. Le jeune
prince s'empressa d'accourir et s'engagea étourdiment
dans les défilés. Bérenger l'y surprit mais, prenant
pitié de sa jeunesse, il lui rendit la liberté, en lui
faisant seulement jurer qu'il renonçait à tous ses droits
sur l'Italie. A peine de retour en Provence, Louis viola
son serment il descendit de nouveau en Italie, battit
Bérenger, s'empara de ses États. Il se rendit ensuite
à Rome pour recevoir du pape Étienne VII la couronne
impériale, que la mort d'Arnould, roi de Germanie, avait
laissée sans maitre, et celle du royaume d'Italie, qu'il
venait de conquérir. Après quoi il vint se fixer à Vérone,
qu'il avait choisie pour capitale de ses nouveaux États.
Il congédia son armée, ne songea qu'aux plaisirs et
oublia Berenger. Celui-ci épiait le moment favorable.
Une nuit, il s'introduisit secrètement dans Vérone avec
des amis dévoués, força les portes du palais impérial,
y fit Louis prisonnier et lui creva les yeux en 902.
Le triste roi, devenu Louis l'Aveugle, retourna en Provence
et y régna encore vingt-sept ans dans le silence et
l'obscurité.
Les rivages de ces deux contrées
se regardent et se touchent. Leurs mœurs et leur langage
étaient, surtout dans ces temps, à peu près semblables.
Le successeur de Louis fut un seigneur puissant nommé
Hugues, qui lui avait servi de ministre durant le temps
de sa cécité, et qui se couronna roi lui-même, ne laissant
au fils de son ancien maître que le titre de comte de
Vienne. Hugues eut son tour l'ambition de régner sur
la Lombardie. L'impopularité de Rodolphe II, qui avait
détrôné Bérenger, lui en rendit la conquête facile.
Mais, à son tour, son ambition excessive, son mariage
avec Marozie, cette femme célèbre par sa beauté, ses
crimes et le pouvoir odieux qu'elle exerça trop longtemps
dans Rome, tournèrent contre lui ses nouveaux sujets.
Ils allaient rappeler Rodolphe, lorsque Hugues lui offrit
de lui abandonner, en échange de la Lombardie, tout
ce qu'il possédait au-delà des Alpes. Cet échange singulier
eut lieu. Hugues ne conserva en Provence qu'Arles et
une petite partie de son territoire dont il confia le
gouvernement à un de ses parents nommé Boson. Obligé
plus tard de renoncer à l'Italie, il y laissa son fils
Lothaire, que les Lombards acceptèrent comme roi, et
revint terminer sa vie à Arles. II institua Boson comte
héréditaire de la portion qu'il s'était réservée en
Provence par son traité avec Rodolphe. Ce Boson, ou
du moins un autre Boson qui lui succéda, fonda une dynastie
qui bientôt, se divisant en trois branches, partagea
la Provence en trois seigneuries comté de Provence,
vicomté de Forcalquier, vicomté de Marseille. Guillaume,
comte de Provence, chassa les Maures de Fraxinet, releva
les villes de Fréjus, de Toulon, de Saint-Tropez. Sous
ses successeurs, le comté se morcela encore davantage
et finit par devenir la proie de plusieurs maisons rivales.
En 1063, le comte de Toulouse, appelé par les évêques,
s'empara des comtés d'Avignon, de Cavaillon, de Vaison
et de Vénasque.
Des mariages et l'extinction
des mâles mirent sur les rangs deux autres maisons :
celle de Barcelone, qui monta peu après sur le trône
d'Aragon, et celle des Baux, l'une des plus puissantes
maisons féodales de la Provence. Le comte de Barcelone,
d'abord en guerre avec le comte de Toulouse, convint
avec lui, en 1125, de signer un traité de partage. Au
comte de Toulouse fut attribuée la haute Provence, c'est-à-dire
le pays entre l'Isère, la Durance, le Rhône et les Alpes.
C'est ce qu'on a appelé le marquisat de Provence. Le
comte de Barcelone eut la basse Provence, appelée communément
comté d'Arles ou de Provence. Le comte de Barcelone
fut ensuite aux prises avec la maison des Baux, qui
se fit donner l'investiture de la Provence par l'empereur
Conrad III, puis par Frédéric 1er Barberousse,
le royaume d'Arles étant fief de l'empire. Mais le comte
de Barcelone, dont le neveu Raymond-Bérenger II était
alors comte de Provence, fit une guerre terrible à la
famille des Baux, lui enleva trente châteaux et gagna
complètement à sa cause, par une alliance de famille
habilement ménagée, l'empereur Frédéric. Celui-ci révoqua
l'inféodation qu'il avait faite en faveur d'Hugues des
Baux et accorda, en 1162, à Raymond-Bérenger la propriété
de la Provence Ab Alpibus ad Rhodanum avec l'inféodation
du comté de Forcalquier, moyennant une redevance annuelle
de quinze marcs d'or au poids de Cologne envers l'empire,
sans compter des présents en monnaie espagnole à l'empereur,
à l'impératrice et à la cour impériale.
La maison
des Baux tenait encore bon dans son dernier château,
celui de Trinquetaille Raymond-Bérenger l'en chassa
et devint par-là comte de Provence sans contestation.
À peine les Baux étaient-ils abattus, que la guerre
recommença avec les comtes de Toulouse. Après des efforts
continuels, Raymond-Bérenger II était arrivé, à la fin
de sa vie, à posséder seul la Provence. II meurt sans
héritier mâle tout est remis en question. Le comte de
Toulouse, ayant épousé la veuve de Raymond-Bérenger,
voulut s'emparer de la Provence. Alphonse 1er,
roi d'Aragon, s'y opposa. Il y eut une guerre. Le roi
d'Angleterre Henri II intervint entre les deux rivaux,
qui se donnèrent rendez-vous dans l'ile de Gernica,
près de Tarascon en 1176, et conclurent un traité moyennant
trois mille marcs d'argent, le comte de Toulouse abandonna
au roi d'Aragon tous ses droits sur le comté de Provence
et quelques autres fiefs. Ainsi la maison de Barcelone-Aragon
resta définitivement maîtresse du comté de Provence,
et, si elle eut encore quelques luttes à soutenir, elle
en sortit victorieuse.
C'est sous cette brillante maison que fleurirent les troubadours avec leur magique cortège de chants, de combats, d'amours, de fêtes, de folies de tous genres. Alphonse II, Raymond-BérengerIV les attirèrent avec une grande faveur. Ils accouraient, allègres, suivis de jongleurs, musiciens, violards, musards et cornies, chargés de remplir les intermèdes. Le poète lui-même entonnait dans cette langue provençale, fille imparfaite, mais brillante et sonore, du latin transformé, que parlait presque tout le littoral de la Méditerranée, ou la tendre chanson à la louange de la personne aimée, ou le planch,, complainte douloureuse sur une amante, un ami, un bienfaiteur qui n'est plus ou le tenson, dialogue ou couplets d'amour ou de chevalerie; ou le sirvente; aux traits vibrants et acérés, ou les nova, nouvelles, ou le roman aux émouvantes péripéties, ou l'épitre enfin, ou la sixtine, la pastourelle, la ballade, la danse, la ronde, etc.; tous ces esprits méridionaux étaient ingénieux à varier la forme, sinon le fond. Ils célébraient surtout les joies d'un amour pur, les souffrances d'un amour malheureux, les transformations que l'amour produit chez l'homme qui ne cherche à plaire que lorsqu'il commence à aimer. Et comme les questions d'amour étaient délicates à résoudre, il y eut des tribunaux pour ces procès, des docteurs pour cette casuistique. C'étaient des femmes qui siégeaient dans ces cours d'amour, comme ayant plus de finesse sans doute pour apprécier les subtiles délicatesses du cœur. « De gentilles femmes, dit Nostradamus, s'adonnoient à l'étude des bonnes lettres et des sciences humaines, tenant cour d'amour ouverte, où elles définissoient les questions amoureuses à elles envoyées et proposées par divers gentilshommes et damoiselles au moyen de la résolution desquelles et de leurs belles et glorieuses compositions, leur renommée s'espandit et se fit jour en France, en Italie, en Espagne et plusieurs diverses contrées, de telle sorte qu'une foule de chevaliers et personnages de haute qualité et grand renom, s'estant portés de ce temps en Avignon pour visiter le pape Innocent sixième du nom, furent ouïr les définitions et sentences d'amour que ces illustres dames prononçoient, lesquels furent tellement ravis et esmerveillés de leur beauté et de leur divin savoir qu'ils en devinrent épris. »
C'est alors, c'est quand la Provence
était traversée par tout ce qui, des pays du nord et
du centre, allait à Rome, à Rome ce foyer et ce soleil
du moyen âge, c'est alors que se célébraient les brillants
tournois et que le luxe des chevaliers du Midi déployait
ses richesses, répandait ses prodigalités étalait ses
extravagances. A la cour plénière de Beaucaire, convoquée
par le roi d'Angleterre Henri II, en 1174, le comte
de Toulouse fit présent de cent mille sous à Raymond
d'Agout, seigneur provençal, qui les distribua aussitôt
à dix mille chevaliers. Bertrand Raimbaud, plus extravagant,
fit labourer un champ voisin et y fit semer trente mille
sous en deniers. Un autre, Raymond de Venons, fit brûler
devant l'assemblée trente de ses chevaux. Folies pleines
d'ostentation et de frivolité, qui peignent le temps,
le pays et les hommes. Les plus fameux troubadours provençaux
sont Carbonel et Poulet, de Marseille ; Giraud, de Cabrières
Guy, de Cavaillon Jacques Motta, d'Arles, Bertrand,
d'Avignon ; Tomiers Palazis, de Tarascon, Albert, de
Sisteron; Raimbaud, d'Orange, Raimbaud, d'Hyères, la
comtesse de Die et l'empereur Frédéric Il.
Cet âge
glorieux, cet âge original de la Provence finit avec
Raymond-Bérenger IV, qui mourut sans postérité mâle,
et dont l'héritière, Béatrix, épousa en 1245 Charles
d'Anjou, frère de saint Louis.
Le sombre et impassible
Charles arriva avec ses hommes du Nord. La joyeuse Provence,
à son aspect, sentit, pour ainsi dire, le froid de la
mort. « Désormais, s'écrièrent les troubadours, désormais
les Provençaux vivront dans le deuil ; car du vaillant
seigneurs nous tombons en sire. Ah Provence ! Provence
quelle honte ! Quel désespoir ! Tu as perdu bonheur,
joie et repos et gloire en tombant dans les mains de
ceux de France ; mieux valait que nous fussions tous
morts ! Déchirons maintenant nos bannières, démolissons
les murs de nos villes et les tours de nos châteaux
forts ; nous sommes sujets des Français et ne pouvons
plus porter ni écu ni lance. » Charles d'Anjou s'empressa
de justifier la répugnance qu'il inspirait aux Provençaux
par la destruction de leurs républiques florissantes.
Bientôt après, il épuisa le pays pour s'en aller conquérir
le royaume des Deux-Siciles, dont le pape Clément IV
l'avait autorisé à dépouiller Manfred, fils de l’empereur
Frédéric II. Deux victoires l'en rendirent maître. Manfred
fut vaincu et tué à Bénévent en 1266. le jeune Conradin,
vaincu à Tagliacozzo en 1268, monta sur l'échafaud à
Naples. Le cruel Charles d'Anjou rêvait, dans son ambition,
de nouvelles conquêtes, lorsque les Vêpres siciliennes
lui enlevèrent celle qu'il venait de faire. Un de ses
chevaliers outragea une femme de Palerme; le peuple
irrité égorgea l'insolent et tous ses compatriotes,
l'esprit de vengeance, une fois allumé, parcourut toute
la Sicile, et, durant trois jours, Français et Provençaux
furent égorgés au nombre de 8,000. Un seul fut épargné,
un seigneur provençal, dont la vertu et l'intégrité
étaient vénérées des Siciliens eux-mêmes il se nommait
Guilhelm des Porcelets. La douleur emporta Charles d'Anjou
trois ans après, en 1285. Charles le Boiteux, qui lui
succéda, vint en Provence dès qu'il fut sorti de la
captivité où il avait été longtemps retenu par le roi
d'Aragon, son rival. Il y fut reçu avec une grande allégresse
et n'en continua pas moins cette destruction des libertés
municipales commencée par son père, Robert, son fils,
et sa petite-fille, Jeanne, résidèrent à Naples. L'absence
du souverain livra la malheureuse Provence aux dévastations
des seigneurs qui se disputaient le pouvoir.
En 1382, Jeanne, devenue prisonnière de son neveu Charles de Duras, adopta Louis d'Anjou, frère de Charles V. Une nouvelle maison d'Anjou monta sur le trône de Provence et forma la quatrième dynastie comtale de cette province. Louis 1er mourut dans une expédition contre le royaume de Naples en 1384, ses successeurs, Louis II et Louis III, s'épuisèrent également en efforts inutiles pour enlever les Deux-Siciles à la maison d'Aragon. La modération de caractère de René d'Anjou, en 1434, semblait promettre aux Provençaux un prince pacifique. Toute une moitié de sa vie se passa pourtant à courir après des couronnes qui lui échappèrent. Il s'en alla disputer la Lorraine à Antoine de Vaudemont, neveu du dernier duc, pour faire valoir les droits de sa femme, Isabelle de Lorraine, fille de ce même duc. Mais Vaudemont, soutenu par le duc de Bourgogne, le fit prisonnier et le garda dans le château de Blacon, près de Salins. Dans cette captivité, un royaume vint à lui, celui de Naples. Louis III, son frère, roi de ce pays, venait de mourir, et sa veuve, Jeanne II, l'avait suivi de près au tombeau, désignant pour son héritier René d'Anjou. René acheta la liberté à tout prix : deux cent mille florins d'or, des places fortes, etc. Il trouva la Provence pleine des préparatifs que faisait déjà Isabelle pour l'expédition de Naples, car il fallait aller prendre ce royaume malgré les Aragonais. Il parcourut le pays, reçut des états un présent de cent mille florins d'or, emprunta de l'argent aux seigneurs, ses amis, et partit de Marseille le 5 avril 1438. Le pape lui avait donné l'investiture ; les Vénitiens, les Florentins et les Génois étaient dans son alliance. Le début fut heureux mais bientôt l'argent manqua. Le connétable de René lui refusa obéissance et finit par passer au roi d'Aragon avec une partie de son armée. Le bon René dut renoncer à ses prétentions sur le royaume de Naples, malgré la douleur des Napolitains, qui avaient en horreur les Aragonais. René et son fils, Jean de Calabre, d'humeur remuante comme toute cette maison, firent encore des tentatives également malheureuses. Enfin, instruit par les déceptions de l'ambition, René se retira en Provence et y acheva paisiblement sa vie, au milieu d'occupations utiles et agréables. Il protégea l'industrie, l'agriculture, le commerce de ses Provençaux, attira dans le port de Marseille un grand nombre de vaisseaux étrangers par les franchises qu'il leur accorda. Il s'entourait d'hommes instruits et savait à la fois peindre, faire des vers et de la musique. Il aimait à planter des arbres, cultiver des jardins. Il naturalisa sur le sol de la Provence les roses muscadelles, les paons blancs, les perdrix rouges, il améliora l'espèce des raisins muscats et multiplia les œillets. Prodigue envers ses serviteurs, et pourtant ménager de l'argent de ses sujets, doux, affable pour tous, il n'était pour tous aussi que le bon roi René. Son âme n'était pas de celles pour qui l'ambition déçue est un feu qui dévore résigné, il répétait sans cesse « Le vouloir du Seigneur soit fait » un de ces souverains, en un mot, qui donnent l'âge d'or à leurs peuples un de ces types pleins de bonhomie et dignes de la légende si rare dans la réalité. René n'était pas homme à disputer son fief à la griffe de lion de Louis XI, qui flairait partout, depuis la Manche jusqu'à la Méditerranée, s'il ne restait pas quelques seigneurs féodaux à dévorer.
René, qui avait perdu tous ses
enfants, voyait bien que Louis XI prétendrait primer
les collatéraux ; trop sage pour résister, ou même paraître
mécontent, il fit la cour à messire lion et écrivit
de sa main en lettres d'or, enlumina même une donation
testamentaire en faveur de Louis XI. Toutefois un autre
testament, lorsqu'il mourut, fit passer la Provence
à Charles du Maine, son neveu: Louis XI, frustré et
plein de colère, fit chercher quelque défaut dans ce
testament par le parlement de Paris, qui n'en trouva
point. Alors il changea de tactique ; au lieu d'attaquer
Charles, il le flatta, le caressa, le soutint contre
les prétentions de René II, duc de Lorraine, petit-fils
du roi René, et contre celles d'Yolande d'Anjou, duchesse
douairière de Lorraine, qui contestaient la validité
du testament. En même temps, il se faisait des partisans
parmi les seigneurs de Provence, principalement Palamède
de Forbin, qui dicta, pour ainsi dire, à Charles du
Maine, près de mourir sans postérité, un testament de
donation complète à Louis XI et à ses héritiers. Pour
toute condition, il suppliait le roi de France de conserver
les libertés, franchises, droits et usages de ses sujets.
Il mourut en 1481, et la Provence fut définitivement
réunie à la France, réunion sanctionnée solennellement
par une assemblée générale des états en 1486.
Pourtant
Louis XII eut encore à écarter les prétentions du duc
de Lorraine et d'Anne de France, sœur de Charles VIII.
Mais il triompha et consomma la prise de possession,
en 1502, par l'établissement, à Aix, d'un parlement
composé d'un président et de onze conseillers. L'histoire
provinciale finit, ou du moins se restreint considérablement,
pour la Provence comme pour toutes les autres provinces,
au moment de la réunion à la couronne de France. Les
guerres de François Ier et de Charles-Quint l'exposèrent
deux fois aux ravages des impériaux. La première fois,
en 1524, le connétable de Bourbon les conduisit ; la
seconde en 1536, Charles-Quint lui-même. Sous le même
règne, la Provence fut troublée par les affaires des
Vaudois, ces débris des Albigeois, qui vivaient depuis
des siècles au milieu des monts Luberon, au nord de
la Durance (Vaucluse), et principalement dans les villages
de Mérindol et de Cabrières.
On sait avec quelle atroce cruauté
Meynier d'Oppède, président du parlement d'Aix, à l'instigation
du cardinal de Tournon, traita ces innocentes populations
que François 1er sacrifiait à sa politique
et au désir d'attirer le pape dans son alliance. Ces
horreurs, qui méritent une exécration éternelle, eurent
lieu en 1545. Elles eurent une suite dans les guerres
de religion, qui commencèrent quinze ans après. Les
barons de La Suze et des Adrets, surtout le fameux Sommerive,
qui, en 1563, fit pendre, brûler ou précipiter sur des
piques mille quarante protestants, en furent les héros
dans la Provence.
La Ligue s'y établit ensuite et
y domina jusqu'en 1596.
La noblesse et la bourgeoisie
provençale prirent part à la résistance que rencontra
dans presque toutes les provinces de France la politique
de Richelieu. Lorsque le cardinal voulut en finir avec
La Rochelle, il éprouva un grand besoin d'argent et
recourut à des impositions extraordinaires. La Provence,
envahie par les agents fiscaux de la cour, vit augmenter
l'impôt du sel et surcharger de 100,000 livres l'impôt
dit de taillon.
Situées entre Marseille et Cassis, les Calendes de Cassis sont un ensemble de petites criques et de falaises abruptes qui plongent dans les eaux turquoise de Méditerranée. Pour partir à la découverte de ces lieux magiques, la meilleure solution est de s’embarquer, soit depuis le port de la Ciotat soit depuis le Vieux Port de Marseille. Pour ma part, nous avons choisis Marseille pour point de départ dans un de ces nombreux bateaux promenades qui vous font découvrir le charme de ces lieux. Durée du parcours environs deux heures. Après voir appareillé, vous découvrez la Baie de Marseille avec ses fortifications réaménagées par l’Architecte du roi Louis XIV, le grand Vauban. Deux édifices, emblèmes de Marseille se présentent à votre regard, « La Bonne Mère », Notre Dame de la Garde et la Cathédrale de Marseille d’un style très particulier. Après aperçu la majestueuse forteresse du Château d’If, rendue si célèbre par Alexandre Dumas, nous continuons notre vers les Calendes où blotties dans de minuscules criques nous découvrons la calendes de L’Escu et nous continuons notre découverte aux calendes La Mounine et de Sormiou avant reprendre la traversée en direction de Marseille, après un défilé d’images qui resteront gravées à jamais au fond de notre mémoire.
Depuis 1543, les communautés de Provence avaient adopté l'usage de se réunir en une assemblée délibérante. Cette assemblée représenta au gouvernement l'épuisement du pays et demanda la révocation des édits de finances. Richelieu, irrité, redoubla d'exigences et ne supprima les derniers édits que pour demander 1 500 000 livres, sans compter mille mulets pour le transport des bagages de l'armée d'Italie. Et, si la Provence faisait quelque difficulté de se soumettre, il menaçait d'y promulguer le fameux édit des Élus, déjà appliqué dans plusieurs provinces voisines, et dont l'effet eût été de dépouiller les habitants du privilège de répartir la taille entre eux comme ils l'entendaient, pour remettre ce soin aux officiers royaux. Les communautés, réunies à Valensole, formèrent une députation qui se rendit à la cour et y fut aussi mal accueillie que possible. Le mécontentement fut très vif dans toute la Provence. On murmurait, on formait des assemblées tumultueuses, on exagérait même les appréhensions. Bientôt, disait-on, la cour imposerait jusqu'aux salaires des ouvriers, jusqu'aux gages des domestiques. Pourtant, rien ne s'organisait, aucun chef ne se présentait encore. Les Provençaux s'en faisaient eux-mêmes le reproche. Quoi! disaient-ils, n'y aurait-il personne pour attacher le grelot? Le seigneur de Châteauneuf, Paul de Joannis, las d'entendre répéter ce mot, s'écria en colère « Eh bien c'est moi qui l'attacherai. » Et, prenant à la lettre l'expression proverbiale, il attacha à sa boutonnière un grelot suspendu à un ruban blanc qui portait le cachet en cire de la maison de Châteauneuf. Cet emblème, adopté par tous les insurgents, leur fit donner le nom de Cascavéous, qui signifie grelot en provençal. Au reste, le gouvernement sut adroitement- diviser les rebelles, en suscitant le parti des Cascavéous au ruban bleu, qui devinrent les rivaux des Cascavéous au ruban blanc, et bientôt une armée de cinq mille hommes d'infanterie et de six cents chevaux, sous les ordres du prince de Condé, fit rentrer la province sous l'obéissance, sans effusion de sang. Les états de Tarascon votèrent les 1,500,000 livres demandées.
Si l'autorité royale triomphait
en Provence, il lui restait encore à y opérer un changement
qui lui tenait cher au cœur, à transformer ce pays d'états
en pays d'élection. Maintes fois elle en avait menacé
les Provençaux, qui, redoutant, plus que les impôts
mêmes, cette atteinte à leurs libertés, s'étaient toujours
empressés de désarmer la cour par des sacrifices. Mais
enfin le gouvernement du roi résolut d'en venir à bout
et, à l'occasion de quelques délais dans le payement
d'une certaine contribution extraordinaire, rendit un
édit qui établissait en Provence deux présidiaux, à
Aix et à Draguignan chaque présidial composé de deux
présidents, de douze conseillers, d'un avocat et d'un
procureur général. Le parlement d'Aix refusa d'enregistrer
cet édit. Le roi envoya sur les lieux le conseiller
d'État Lauzun, pour en exiger l'exécution. Députation
des Provençaux à la cour, nouvelles offres d'argent
; point de succès.
Le gouvernement, impitoyable,
établit les présidiaux, désorganise les états de Provence
en1639, en ne les convoquant plus qu'à de rares intervalles
et en ne permettant plus aux communautés de s'y réunir
que par des représentants. Quant au parlement, qui n'avait
pas craint de refuser l'enregistrement, on l'atteignit
par des lettres patentes du mois d'octobre 1647, qui
créèrent, sous le nom de sémestre, un autre parlement
destiné à alterner ses travaux avec l'ancien, la session
de chacun durant six mois. Le nouveau parlement était
composé de trois présidents, trente conseillers, tous
hommes dévoués à l'autorité royale. Ces atteintes aux
libertés de la Provence amenèrent des troubles qui durèrent
plusieurs années, et dont le foyer fut à Aix. La guerre
pourtant n'y fut pas renfermée. Elle se fit dans toute
la Provence.
Le comte d'Alais, gouverneur de la
province, fit venir des troupes, le parlement en leva
de son côté; on tint la campagne. Chaque parti dirigea
ses coups de main contre les villes qui tenaient pour
le parti opposé, Mais le comte de Carces, qui commandait
les troupes parlementaires, ayant eu l'imprudence d'engager
une action contre le régiment de Montbrun, entre les
villes de Barjols et de Brignoles, fut vaincu. Le parlement
ne se laissa pas abattre et la guerre ne cessa, en 1650,
que par l'intervention du maréchal de Saint-Aignan,
qui apporta un traité de paix imposé par le roi. Les
troubles de la Fronde, qui arrivèrent alors à leur paroxysme,
rallumèrent encore quelques étincelles. Des querelles
éclatèrent en plusieurs villes entre les sabreurs, ou
partisans du parlement, et les canivets, gens du canif,
gens de robe, partisans de la cour. La paix ne fut rétablie
que lorsque Mazarin eut consenti à retirer au comte
le gouvernement de la Provence pour le donner à Louis
de Vendôme, duc de Mercœur. Le nouveau gouverneur eut
toutefois à son tour une révolte à combattre ; ce fut
celle de Marseille, à propos de ses consuls. Il en sera
parlé sous la rubrique de cette ville, qui perdit enfin,
comme toute la province, ses libertés. Il fallait bien,
c'était le sort de toute la France, subir le pouvoir
niveleur de Louis XIV qui portait partout l'uniformité.
En 1705, la Provence fut encore une fois envahie par
les étrangers. Une armée de Piémontais et d'Autrichiens,
sous Amédée, duc de Savoie, généralissime, et sous le
prince Eugène, vint assiéger Toulon qu'une flotte anglaise
bombardait du côté de la mer. Une énergique résistance
obligea les alliés à se retirer, et Berwick, les poursuivant,
leur fit essuyer un échec près d'Embrun.
Dans le cours du XVIIIe siècle
en 1744, au milieu de la guerre européenne pour la succession
d'Autriche, la Provence eut une autre occasion de signaler
son patriotisme en repoussant une nouvelle invasion
de Piémontais et d'Autrichiens, encore appuyée par une
flotte anglaise. Quant au mouvement des idées de ce
siècle puissant et novateur, elle en prit sa part. Elle
eut occasion, comme toute la France, de faire éclater
son animadversion contre les jésuites ; comme Paris,
elle vit son parlement supprimé par Maupeou; enfin,
lorsque le cours des années amena la Révolution française,
elle fut des plus ardentes à attaquer les vieux abus
et envoya à l'Assemblée nationale le Jupiter tonnant
qui devait les foudroyer, l'éloquent et passionné Mirabeau.
Représentée dans l'Assemblée des notables, sous le ministère
de Calonne, par les archevêques d'Aix et d'Arles et
par le premier président du parlement, elle ne considérait
pas cette représentation comme sérieuse, parce que le
tiers état n'y avait qu'une part illusoire et presque
nulle. Le débat, en effet, n'était plus entre les provinces
et le pouvoir central, mais entre le tiers état et les
deux ordres privilégiés, par toute la France. Aussi
il éclata sur le sol même de la Provence avant d'éclater
plus solennellement à Versailles l'assemblée des états
provinciaux ayant été convoquée (1787-88) à Aix, les
ordres s'y livrèrent aux plus vives, aux plus tumultueuses
discussions et à des interpellations réciproques qui
dégénérèrent presque en injures. Le clergé y était représenté
par les évêques, les abbés et le commandeur de Malte;
la noblesse par cent vingt-huit seigneurs possesseurs
de fiefs; le tiers état par cinquante-six députés des
communautés et vigueries. Les trois ordres ne furent
d'accord que pour voter une subvention gratuite de 700,000
livres, demandée par la cour ; car ce n'était pas encore
la royauté qui était l'objet de la haine et des attaques.
Une seconde session des états de Provence eut lieu au
commencement de l'année 1789 et fit éclater les mêmes
luttes. Mirabeau y apparut pour la première fois, armé
de cette dominante éloquence qui allait s'ouvrir une
plus vaste carrière.
On procéda aux élections pour
les états généraux du royaume, qui devaient s'ouvrir
le 5 mai. Les assemblées primaires se réunirent pour
le clergé, dans les villes épiscopales ; pour la noblesse,
dans les principales villes des sénéchaussées pour le
tiers état, dans les communes. Ces assemblées désignèrent
les électeurs définitifs, qui se réunirent en assemblée
électorale dans six des principales villes de la Provence
Draguignan, Forcalquier, Arles, Aix, Toulon, Marseille.
Mirabeau, élu à Marseille et à Aix, opta pour cette
dernière ville.
Ailleurs, nous parlerons de son
voyage de remerciement à Marseille, de l'ovation qu'il
y reçut et de son utile intervention pour calmer des
désordres qui avaient éclaté. Nous parlerons aussi des
continuelles agitations de Marseille, la ville rajeunie,
la ville démocratique et révolutionnaire de la Provence,
tandis que Aix, la ville des nobles et des parlementaires,
était déchue de cette suprématie et de cette ambitieuse
activité qu'elle avait possédées aux temps où la noblesse
faisait la Fronde et où les parlements faisaient de
l’opposition. Un des actes les plus considérables de
l'Assemblée constituante fut la division de la France
en quatre-vingt-trois départements. La Provence formait
alors un gouvernement militaire, composé d'un gouverneur,
de quatre lieutenants du roi, d'une maréchaussée entretenue
par la province, des gouverneurs de Marseille, du château
d'If, de la ville et tour de Toulon et des îles. La
justice était administrée par un parlement et par les
douze sénéchaux d'Aix, Arles, Draguignan, Digne, Forcalquier,
Marseille, Toulon, Grasse, Brignoles, Sisteron, Castellane
et Hyères. Il y avait de plus une intendance, une généralité
des monnaies et une cour des comptes. Sous le rapport
ecclésiastique, la Provence avait deux sièges métropolitains,
Aix et Arles ; dans le ressort du premier étaient les
quatre évêchés de Fréjus, Riez, Apt, Sisteron ; dans
celui du second, les trois évêchés de Marseille, Toulon
et Orange les cinq autres évêchés de Provence, Digne,
Glandèves, Grasse, Senez et Vence, étaient suffragants
de l'archevêché d'Embrun. Des quatre-vingt-trois départements
établis par la Constituante, la Provence en forma trois
Bouches- du-Rhône, Var, Basses-Alpes. Aix resta toujours
archevêché métropolitain ; mais Arles fut déchue de
ce rang. Si le département des Bouches-du-Rhône se ressentit
vivement du contrecoup des révolutions et des réactions
qui suivirent 1789 ; s'il prit, en 1815, trop de part
à ce que l'on a appelé la Terreur blanche, il jouit,
pendant quinze ans, sous la Restauration, d'un calme
et d'une prospérité que les agitations de 1830, de 1848
et de 1870 ne lui ont pas fait perdre.
Ses habitants,
livrés aux travaux de l'agriculture, aux grandes entreprises
industrielles et surtout aux transactions commerciales,
que la nature leur rend si faciles dans les campagnes,
ou bien, dans les grandes villes, suivant l'impulsion
que leur imprime la grande cité marseillaise, ont su
trouver pour leur active et intelligente mobilité une
existence conforme à leurs goûts et qui est pour eux
exempte de besoins et de privations.
Il y à 600 ans avant J.C. deux navarques grecs, Protis et Simos, partie de la ville de Phocée (Grèce) accostent avec leur bateau dans l'un des nombreux golfes situés à l'est de l'embouchure du Rhône. Ce jour là Nanos, chef de la tribu ligure, désirait marier sa fille Gyptis. Il fit bon accueil aux étrangers et les invita au festin de noce. Suivant la coutume gauloise, c'est la jeune fille qui choisissait son époux parmi les convives. Vers la fin du repas la jeune fille apparut portant dans ses mains une coupe d'eau et, après avoir balayé du regard la gente masculine assemblée autour de la table elle bu une gorgée d'eau et tendit sa coupe a Protis. S'était sa manière à elle de désigner l'élu de son cœur. Le grand chef gaulois cru que les dieux protégeaient les étrangers et il donnât en dot à sa fille la baie où le bateau avait accosté. Les grecs y fondèrent une comptoir. Plus tard une ville naitra en ce lieu : Massalia qui plus tard deviendrait Marseille.
Vouloir parler de Maseille,
et ne pas siter le lieu emblématique de la ville,
ce serait faire une grave insulte à tous les marseillais
qui vénèrent la « Bonne Mère », celle-ci étant la
protectrice de leur cité.
La colline de la Garde
(154 m) a toujours été un poste d'observation.
On dit traditionnellement
que la vigie existe depuis les temps préhistoriques
et plus sûrement depuis l'époque romaine. Au XVème
siècle une ordonnance de Charles II d'Anjou inscrit
la colline de la Garde dans la liste des relais.
Ce système de vigie va s'améliorer au fil des siècles
et la fonction perdurera sur la colline jusqu'en
1978. Pour protéger Marseille des armées de Charles
Quint par le Connétable de Bourbon, François Ier
fait construire un fort en 1524 au sommet de la
colline, qui constitue avec le château d'If à l'entrée
du port, une défense maritime dont la ville était
dépourvue. De nos jours, on peut encore constater
la présence du fort servant d'assise à la basilique
actuelle et deviner au-dessus du porche nord l'emblème
du Roi : une Salamandre.
Mais la colline de
la Garde prend toute sa signification : signal sacré,
signal urbain, dans la construction de la basilique
en 1853.
Désormais la silhouette de
l'édifice devient indissociable de l'image de Marseille.
Cependant plusieurs chapelles ont précédé sa construction.
La première en 1214, quand un ermite, maître Pierre,
reçoit l'autorisation de construire sur ce terrain
appartenant à l 'Abbaye Saint-Victor. A partir du
XVIème siècle la chapelle se transforme
peu à peu en un centre de dévotion des marins. De
cette époque datent les premiers ex-voto qu'ils
viennent y déposer. Ainsi la colline de la Garde
a-t-elle dès lors une triple vocation: un poste
de vigie, un ouvrage militaire, un lieu de culte
et de pèlerinage.
Au milieu du XIXème
siècle, le sanctuaire s'avère trop petit pour les
nombreux pèlerins qui le visitent. Monseigneur de
Mazenod décide d'y construire une grande basilique
Notre-Dame de la Garde. La première pierre est posée
le 11 septembre 1853, les travaux sont confiés à
l'architecte Espérandieu et la consécration a lieu
le 5 juin 1864.
A peine formée, la nouvelle colonie prospéra, et bientôt forma sur cette côte une nouvelle Thessalie, avec ses temples, son culte, ses bois sacrés , sa langue harmonieuse. Peu à peu la ville s'embellit et se fortifia. Cinquante-sept ans après sa formation, la ville de Phocée étant tombée au pouvoir des Perses, la plupart des habitants de cette cité s'embarquèrent avec leurs femmes et leurs enfants, abordèrent à Marseille, où ils furent accueillis par leurs anciens compatriotes. Ces deux peuplades confondues mêlèrent leurs connaissances, et commencèrent à acquérir de la célébrité. En peu de temps la république de Marseille devint puissante, vainquit les peuples voisins qui étaient jaloux de sa prospérité, opposa ses flottes à celles de Carthage, lia ses destinées à celle de Rome, étendit son commerce au delà des colonnes d'Hercule, fonda des colonies dans tout le contour de la Méditerranée, et répandit les bienfaits de la civilisation dans toutes les Gaules. L'agriculture y fut en honneur, ses lois furent vantées des anciens, son sénat devint surtout fameux par les vertus et la probité des sénateurs ; enfin Aristote composa un ouvrage particulier sur la république de Marseille, dont malheureusement il n'est resté que le titre. Les sciences et les beaux-arts, qui y étaient cultivés avec succès, augmentèrent encore sa renommée. Sa situation, son port superbe, le génie de ses habitants, en firent nécessairement une ville maritime. La navigation fut heureusement secondée par deux savants astronomes et géographes ; l'un deux, Pythéas, partit de Marseille 320 ans, avant J.C, passa le; détroit de. Gibraltar, côtoya les côtés du Portugal et de la France, et, remonta au nord jusqu'à l'Islande ; l'autre, Euthymènes, voguant vers le sud parcourut les côtes; de l'Afrique jusqu’au Sénégal, Tant que le gouvernement de la ville de Marseille fut républicain, les sciences et les beaux-arts y fleurirent : Cicéron appelle cette ville l'Athénée des Gaules, et Pline, la Maîtresse des études. Les médailles qui nous restent de cette époque le disputent à tout ce que la Grèce a de plus précieux en ce genre, et prouvent avec quel succès on y cultivait les arts. Quarante neuf ans avant J.-C., Jules César assiégea Marseille, qui avait pris parti pour Pompée, et ce siège, suivant la description consignée dans les Commentaires ; C'est un des plus fameux de l'antiquité. Subjuguée par les Romains, elle fut privée de ses lois, perdit le droit d'élire ses magistrats, et cessa d'être florissante en cessant d'être république. Durant les temps malheureux qui précédèrent; et suivirent la chute de l'empire romain ; les Goths, les Bourguignons et les Francs se disputèrent la possession de cette grande ville ; mais tous respectèrent ses libertés et n'exercèrent leur autorité immédiate que dans la ville haute, qui avait été l'ancienne citadelle, et dans cette seule enceinte dont les Romains avaient pris possession. En 735, les Sarrasins s'emparèrent de Marseille, la bouleversèrent de fond en comble, et détruisirent ce qui restait de monuments antiques.
Vers, le milieu du Xème
siècle, cette ville passa sous là domination des comtes
de Provence ou d'Arles, qui la gouvernèrent jusqu'en
1218, époque où les vicomtes qui exerçaient alors la
puissance vendirent leur droit de souveraineté à la
ville de Marseille ; qui devint république une seconde
fois. Après la mort de Béranger, sa fille Béatrix recueillit
sa succession et fut mariée à Charles Ier,
duc d'Anjou, qui, à son retour de la terre sainte entra
en Provence et tenta d'assujettir les villes qui se
gouvernaient en république. Marseille lui résista courageusement,
et ce ne fuit qu'après huit mois de guerre qu'elle consentit
à faire la paix. Les deux traités qu'elle fit avec ce
prince sont connus sous le nom de Chapitre de paix ;
l'un fut conclu en 1252, et l'autre en 1253. Par ces
traités solennels la ville se soumit volontairement
et à titre de donation aux comtes de Provence, sous
la réserve des articles convenus, qu'on nommait franchises,
libertés, immunités, qui lui conservaient l'image du
régime républicain ; mais dans le fait cette ville par
ce traité cessait une seconde fois d'être république.
D'injustes exactions de Charles
d'Anjou firent recommencer la guerre en 1256 ; les Marseillais
mirent à leur tête le comte Boniface de Castellane,
dont la maison avait depuis longtemps joui d'un grand
crédit chez eux. Charles d'Anjou les assiégea l'année
suivante, et, après avoir cruellement ravagé leur territoire,
il les força à ouvrir leurs portes. Mais la clémence
ne fut jamais la vertu de Charles d'Anjou. « Pour ce
que mauvais exemple ne fût donné, et pris, dit Guillaume
de Nangis, si une si grande présomption fût laissée
sans vengeance, le comte Charles fit, au milieu de la
cité, devant tous, couper le chef à tous ceux qu'il
sut avoir ému le peuple à rébellion ; il prit par force
tous les châteaux du comte Boniface, et le chassa hors
de la province ; par lequel fait: sa louange fut: moult
accrue, et le redoutèrent puis moult ses ennemis. »
En 1422, Alphonse d'Aragon s'empara de Marseille, qu'il
saccagea et brûla en partie. Le bon roi René, qui succéda
à Louis III, en 1437, rendit à cette ville la paix et
la tranquillité, et pendant plus de quarante ans que
dura son règne, elle acquit une grande réputation par
ses manufactures.
Les duumvirs* Casaulx et Louis d'Aix, inquiets, défiants, soupçonneux, avaient imprimé la terreur dans le cœur des habitants, qui ne reconnaissaient d'autre loi que leur volonté : ils se jouaient de la vie, de la fortune des habitants, et soudoyaient la populace pour écraser les notables et les gens aisés. Ces deux despotes ne respiraient que le sang et le carnage. Pierre Libertat, Corse d'origine, forma le projet de s'en défaire, dans l'espoir qu'il y aurait de la gloire et des récompenses attachées à la destruction de la tyrannie. Casaulx, premier consul, ne se proposait rien de moins que de livrer la ville à Philippe II ; Libertat était capitaine de la porte Royale et pouvait tuer le consul entre les deux guichets, lorsqu'il passerait, selon son usage, pour aller faire patrouille hors la ville. Il ne lui restait plus qu'à crier ce mot qui depuis lors a produisant tant de merveilles, le mot de liberté qui devait soulever le peuple et les forçats des galères d'Espagne, et donner entrée au duc de Guise, avec lequel tout avait été concerté. Ce prince, en recevant la ville sous l'obéissance du roi, promettait que Sa Majesté maintiendrait les privilèges de Marseille sans de nouvelles impositions ; que Libertat serait viguier jusqu'au mois de mai suivant 1597, et que pendant qu'il serait en charge il commanderait dans la ville eu l'absence du gouverneur ; qu'on y établirait une chambre souveraine de justice ; qu'on accorderait une amnistie aux partisans de la Ligue, excepté à Louis d'Aix, à Casaulx et à leurs adhérents; que Libertat aurait, en récompense de ses services signalés, la somme de 160,000 écus , dont il ferait part à ceux qu'il jugerait à, propos, le commandement de la porte Royale; celui du fort Notre-Dame-de-la-Garde et de deux, galères, avec augmentation d'appointements; une terre de 2,000 écus de rente,, la jouissance de ce revenu jusqu'à ce qu'il fût pris en possession de cette terre ; une abbaye en commende de 1,500 écus; les droits sur l’épicerie et droguerie apportées par des vaisseaux étrangers, etc., etc. ».
Nous dirons à ce sujet, d'après
l’auteur de l'Histoire générale de Provence, dont
nous avons extrait ce passage, que c'était perdre
tout le mérite de l'action que de la mettre à si
haut prix, et qu'il est bien rare qu'on agisse par
zèle pour la patrie, lorsqu'on calcule ses intérêts
avec autant d'attention. Le roi confirma tous ces
articles, hors celui du droit sur les épiceries,
et les 150,000 écus furent réduits à 50,000. Le
duc de Guise, de son côté, avait désigné ceux qui
devaient occuper les places. Comme l'exécution de
ce grand dessein approchait, ce prince porta ses
forces du côté de Toulon, pour mieux surprendre
la ville de Marseille. Cependant Libertat était
dans la plus grande inquiétude sur l'événement ;
son sort était lié à l'entreprise. Il fallait profiler
du moment, ou il était perdu. Il ferma donc la porte
dont il était le maître, et livra Louis d'Aix à
la merci des ennemis. Casaulx., fatigué ce jour-là,
était resté dans la ville. ; Libertat lui fait dire
de venir parce que les ennemis paraissent, et se
tient près de la porte, l’épée à la main, ayant
auprès de lui ses frères Antoine et Barthélémy.
Casaulx, premier consul, qui le voit dans cette
altitude guerrière, croit qu'il va défendre la porte
contre l'armée française, et s'approche en lui disant
: '« Eh bien, capitaine Pierre, qu'est-ce que tout
ceci ? Vous le saurez, monsieur le consul, répond
Libertat. « Il n'a pas plutôt dit ces mots, qu'il
fond sur lui, le renverse d'un coup d'épée, et son
frère Barthélémy achève de le tuer. Un sergent des
mousquetaires veut le venger, il a le même sort;
le reste des mousquetaires met bas les armes et
demande la vie. Jacques Martin, l'un des conjurés,
placé au corps de garde voisin, y jette l'épouvante
au point que le capitaine qui le commandait n'ose
plus compter sur le courage de ses soldats, et,
apprenant la mort de Casaulx, se rend sur parole
qu'il ne lui sera fait aucun mal, à lui, ni à sa
troupe. Il avait tiré un coup de canon qui était
le signal convenu avec le duc de Guise. Il n'y avait
déjà plus d'ennemis dans la ville quand ce prince
y entra au milieu des acclamations, Libertat l'idole
de Marseille, fut regardé comme le libérateur de
la patrie et porté en triomphe. Dans l'assemblée
générale tenue par les habitants, il fut délibéré
qu'on élèverait dans la stèle de l'hôtel de ville
un monument de bronze ou de marbre, pour transmettre
à la postérité l'action héroïque de Libertat. Le
roi donna de grands éloges à cet officier ; il lui
accorda des titres de noblesse pour lui et ses deux
frères, le fit viguier de Marseille, le gratifia
de 100,000 écus, lui donna le commandement de deux
galères, celui de la porte Royale et de Notre-Dame
de la Garde; et le 17 octobre suivant, il accorda
aux trois frères une exemption d'impôt que les états
tenus en 1797 restreignirent à un feu seulement
en faveur de Pierre et de ses descendants mâles,
et à un quart de feu pour chacun de ses frères Antoine
et Barthélémy, leur vie durant. Libertat ne jouit
pas longtemps de sa gloire : il mourut le 11 avril
1597, et fut enseveli avec beaucoup d'appareil dans
l'église de l'Observance.
* Personnage qui,
chez les Romains, faisait partie d'un collège, d'un
tribunal composé de deux magistrats.
Charles III, successeur de René,
étant mort sans postérité après dix sept mois de règne,
Louis XI, qui devint son héritier, réunit la Provence
à la couronne, et Marseille fil dès lors parte du royaume
de France. Le connétable de Bourbon assiégea cette ville
sans succès en 1524. Charles-Quint tenta inutilement
de s'en emparer en 1527.
En 1257, lorsque les Marseillais
consentirent à passer sous la domination de Charles
d'Anjou, comte de Provence, ils se réservèrent de la
manière la plus expresse le droit de conserver les armes
de leur commune (pavillons des navires et embarcations),
de les porter à leur manière accoutumée, en accordant
toutefois un endroit bien convenable à celles du seigneur
comte.
Le 25 mai 1720, la peste, qui avait fait périr
à Marseille, en 1580, vingt mille personnes, s'y déclara
de nouveau, y exerça les plus affreux ravages, et enleva
en cinq mois de temps quarante mille habitants ; les
personnes qui échappèrent à ce cruel fléau, durent en
partie leur salut au dévouement héroïque de M. de Belzunce
évêque de Marseille, qui signala son zèle et sa charité
envers les pestiférés.
Lorsque l’on emprunte la route qui va de Marseille a Fos-sur Mer, à la hauteur de Port-de-Bouc , on ne peut pas manquer de tomber en arrêt devant ce parc peuplé de très étranges créatures , certaines même d’une grandeur démesurées qui émergent au-dessus du mur de clôture. C’est le Musée de Raymond Morales, peintre, sculpteur et surtout digne représentant de l’Art Brut.
Le comte de Sade, d'ignoble mémoire, qui fit tant de bruit en 1768 pour les horreurs auxquelles il s'est porté contre une fille, sous prétexte d'éprouver des topiques, donna à Marseille, en 1770, une fête dont les suites furent effroyables. Dans un bal où il avait invité beaucoup de monde, il glissa parmi les rafraîchissements des monceaux de pastilles au chocolat si excellentes, que presque toutes les personnes en mangèrent en grande quantité. Dans la confection de ces pastilles il avait fait amalgamer des mouches cantharides, et la vertu de ce médicament s'est trouvée telle, que tous ceux qui en avaient mangé, brûlant d'une ardeur impudique, se livrèrent à tous les excès auxquels porte la fureur la plus amoureuse. Le bal dégénéra alors en une de ces assemblées licencieuses si, renommées parmi les Romains : les femmes les plus sages ne purent résister à la rage utérine qui les travaillait. Le comte de Sade profita de ce délire universel pour jouir de sa belle sœur, avec laquelle il s'enfuit pour se soustraire au supplice qu'il méritait. Plusieurs personnes moururent des excès auxquelles elles s'étaient livrées, et d'autres en furent pour longtemps très incommodées. On sait que ce monstre est mort à Charenton le 2 décembre 1814.
Un Juif nommé Asturge Léon,
aveuglé par le fanatisme de sa race, n'avait pas
craint d'insulter aux croyances d'un peuple entier,
en prononçant publiquement d'horribles blasphèmes
contre la bienheureuse mère du Sauveur. Livré au
tribunal suprême d'Aix par les témoins du crime,
les juges prirent en pitié sa jeunesse, et ne le
condamnèrent qu'à cent livres d'amende. Cette indulgence,
en apparence excessive, souleva la multitude irritée
contre les Juifs. De sombres rumeurs circulèrent
dans la foule. « Ils ne se contentaient plus,
disait-on, d'accaparer le commerce et de ruiner
les chrétiens par leurs infâmes usures; il leur
fallait encore le sang d'enfants nouvellement baptisés
pour le mêler au levain du pain pascal.» Des
cris de mort, préludes d'un massacre général, s'élevèrent
contre ce malheureux peuple. Les familles les plus
opulentes abandonnèrent la ville d'Aix, laissant
leurs richesses et leurs maisons à la merci de la
multitude. Elle les poursuivit jusqu'au Pertuis,
petite ville toute peuplée de Juifs, sur les bords
de la Durance. Leur synagogue fut détruite, et sans
la courageuse intervention des consuls, le sang
eût abondamment coulé. Des émeutes semblables agitèrent
la Provence.
Le roi René n'était point à Aix
quand ces désordres éclatèrent. Il y accourut sur
le champ pour les réprimer et châtier les coupables.
Il transporta à Marseille le tribunal suprême, afin
que, libres de toute influence, les juges rendissent
en son nom une impartiale justice. Des mesures sévères
rétablirent la tranquillité, et furent suivies d'une
amnistie générale, dont il n'excepta que les plus
coupables.
Mais ce, n'était point assez de calmer
cette émotion populaire, il fallait en prévenir
le retour. René, à l'exemple des plus illustres
souverains pontifes, se déclara le protecteur des
Juifs.
De sages règlements leur assurèrent dans
ses états une tranquille existence. Ils purent se
fixer sans crainte en Provence et en Lorraine, y
établir leurs familles et se livrer à leurs habituelles
occupations
Ce ne fut qu'au temps de Charlemagne
que la ville d'Aix, métropole civile de la seconde Narbonnaise,
obtint d'être définitivement considérée comme métropole
ecclésiastique S'il faut en croire les traditions locales,
saint Maximin et saint Célidoine, compagnons de Marthe
et Marie-Madeleine, seraient les premiers apôtres d'Aix.
Un critique qui voulut contester l'authenticité de cette
histoire vit son livre condamné au feu par arrêt du
parlement. Aix fut la première colonie romaine en de
çà des Alpes. Sa fondation est due au consul Caius Sextius
Calvinus, proconsul romain, qui, y ayant découvert des
sources d'eaux thermales, s'y établit 123 ans avant
l'ère chrétienne, après avoir vaincu les Saliens, peuplade
celto-ligurienne, dont le chef-lieu était, dit-on, sur
le plateau couvert de ruines qui domine la ville au
nord: ces ruines, dont le mur d'enceinte conservé en
partie rappelle les constructions cyclopéennes méritent
d'être visitées.
Le consul C. Marius remporta, presque
sous les murs d'Aix la célèbre victoire qui anéantit
les Teutons, victoire dont le nom est resté à la montagne
qui s'élève à 8 kilomètres de distance.
Vers l'est
il embellit la ville de monuments fit dessécher les
marais qui environnaient et y fit construire de beaux
aqueducs. Environ 40 ans avant J.-C., Jules César y
établit une colonie qu'il avait tirée de la vingt cinquième
légion. Devenue métropole de la seconde Narbonnaise,
Aix fut le siège du préteur ou comte romain qui gouvernait
la province, et appelé rex aquensis. Vers l'année
430, les Visigoth est les Bourguignons dévastèrent les
environs mais, grâce à l'intervention de l'archevêque
Basile, ils respectèrent la cité d'Aix. Après la bataille
de Poitiers, Gondebaud roi des Bourguignons, vint mettre
le siège devant Aix, qu'il abandonna pour aller assiéger
Marseille. Les Sarrasins saccagèrent Aix, en massacrèrent
les habitants, détruisirent les monuments et renversèrent
les murailles, qu'on ne releva qu'en 796, sous le règne
de Lothaire. Cette cité ne commença à acquérir une nouvelle
importance que sous le règne d'Alphonse II, roi d'Aragon,
prince protecteur de la poésie et poète lui même, qui,
sur la fin du XIIème siècle, y attira ces
aimables conteurs connus sous le nom de troubadours.
A cette époque, la cour des comtes de Provence devint
le séjour de la galanterie, de l'esprit et de la politesse.
Raymond Béranger IV et Béatrix, son épouse, portèrent
encore plus loin cette galanterie délicate ; les questions
galantes les cours d'amour, les différents tournois,
les spectacles, les fêtes où la folie et la piété étaient
confondues furent journellement célébrés dans la ville
d'Aix sous leur règne, et surtout sous celui du bon
roi René, dont le souvenir est encore cher aux habitants
de la Provence. Ce roi y institua la célèbre procession
de la Fête-Dieu espèce de représentation mêlée de sacré
et de profane, de paganisme et de chevalerie qui attirait
annuellement à Aix un nombre considérable d'étrangers.
L'enfer ancien et moderne, l'Olympe et le paradis, les
personnages de la Bible et du Nouveau Testament y figuraient
au milieu de la pompe des tournois. Cette procession
reparut en 1803 et a été célébrée plusieurs fois depuis,
au grand contentement de la population provençale.
Dans les siècles qui suivent, plusieurs quartiers de la ville sont délaissés. Le théâtre antique est démantelé. Cet état ne signifie pas une décadence d'Aix, mais simplement une nouvelle organisation territoriale des espaces habités. Au IVème siècle, la ville devient la capitale de la Narbonnaise deuxième et se dote d'un diocèse dont Lazarus devient l'évêque. Elle est ensuite occupée par les Wisigoths en 477. Au siècle suivant, elle est envahie tour à tour par les Francs et les Lombards, puis en 731 par les Sarrasins. Alors que la ville d'Aix sort d'une longue période de ralentissement économique et démographique, les comtes de Provence (maisons d’Anjou et d’Aragon) décident d'en faire leur nouvelle résidence en 1189, au détriment des villes d'Arles et d'Avignon, d'où ils régnaient naguère. Cette position de force va non seulement donner à Aix le statut de capitale de Provence, mais surtout permettre un développement sans précédent de la ville. À ce titre, l'installation du bon roi René, duc d'Anjou, comte de Provence, roi titulaire de Sicile, au XVème siècle, marque l'âge d'or de la cité, qui conservera à jamais le titre de « cité du roi René ». Ce monarque, entouré d'une cour raffinée et lettrée, va faire d'Aix, dès 1409, un célèbre centre culturel et universitaire renommé, doter la ville d'une cour de justice et contribuer à son embellissement, après des siècles marqués par une stagnation économique. À partir de 1486 et le rattachement de la Provence à la France, le gouverneur y réside. En 1501, Louis XII y établit le Parlement de Provence qui perdure jusqu’à la Révolution. Le plus souvent, les États de Provence s'y réunissent pour voter l'impôt.
On prête au nom d'Arles une étymologie
latine et une étymologie gauloise ; la première, ara
lata, ferait allusion à un vaste autel consacré par
les Grecs à Diane d'Éphèse, et que les Romains auraient
trouvé en ce lieu ; la seconde, formée de deux mots
celtiques, ar laith, lieu humide, rappellerait que le
pays fut autrefois couvert par les eaux. Ce dernier
fait est constaté par la science ; en 1845, on a trouvé
une dent de requin dans les roches calcaires du voisinage
d'Arles ; les légendes mythologiques parlent dans le
même sens.
Pomponius Méla raconte qu'Hercule, revenant
de l'Ibérie, où il était allé enlever les vaches de
Géryon, fut arrêté dans la plaine d'Arles par deux géants,
fils de Neptune, Albion et Belgion; il épuisa contre
eux ses flèches sans pouvoir les vaincre, et invoqua
le secours de Jupiter, qui les écrasa sous une grêle
de cailloux; telle est l'origine de la plaine de la
Crau (Çampus cravensis), formée presque entièrement
de cailloux roulés, et qui nourrit pourtant plus de
300,000 bêtes à laine, richesse du commerce arlésien.
Les Grecs ont occupé Arles avant les Romains. Ils l'appelaient
la Fertile ; mais ils n'ont laissé de leur occupation
aucune trace, si ce n'est quelques mots dans la langue,
et peut-être les jeux athlétiques et les danses cette
farandole, par exemple, que nous voyons déjà sur les
vases antiques, et qui, inventée par Thésée, selon quelques
érudits, pour imiter les détours du labyrinthe, emporte
encore aujourd'hui, à travers les rues des villes provençales,
des chaînes de 20, de 50, de 100 jeunes gens des deux
sexes, se repliant, se déroulant, formant mille dessins
variés, au son des tambours et des tambourins.
Moins
belle que celle de Marseille, la position d'Arles était
cependant fort avantageuse. Sur le Rhône, à l'endroit
où il se bifurque pour embrasser cette grande île de
la Camargue, la navigation des embouchures du fleuve
était, il est vrai, dangereuse à cause d'une barre.
Ce fut pour éviter cet obstacle que Marius fit creuser
la Fosse Mariane. On veut même retrouver son nom dans
celui de la Camargue, Caii Marii ager quoique
l'étymologie espagnole comerca (frontière) soit plus
vraisemblable.
César fit construire à Arles douze
vaisseaux longs destinés au siège de Marseille. Il établit
dans cette ville les vétérans de la sixième légion et
l'éleva au rang de colonie Julienne Colonia Julia
Paterna Arelatensis. Elle devint toute romaine,
au point qu'on l'appelait la petite Rome des Gaules
Gallula Roma Arelas
. Elle comptait 100,000
habitants. Constantin y résida il y fit construire un
temple, un pont de pierre sur le fleuve et ce fameux
palais de la Trouille, bâti en brique, qui servit de
demeure aux empereurs romains, et plus tard aux comtes.
C'est à Arles que Maximien, beau-père de Constantin,
essaya de le faire périr. On prétend que, lorsque Constantin
résolut d'abandonner Rome et de choisir une capitale
nouvelle, il hésita quelque temps entre Arles et Byzance.
Il convoqua du moins dans la Rome des Gaules un grand
concile en 314, le premier concile d'Occident ; déjà
saint Trophime l'avait convertie au christianisme. C'est
encore à Arles, comme dans la métropole des Gaules,
qu'Honorius réunit, en 418, l'assemblée des sept provinces.
Au temps des invasions, Arles possédait un magnifique
trésor de monuments romains ; un amphithéâtre pour les
combats de gladiateurs, un des plus vastes du monde
; un magnifique théâtre, un cirque, un palais impérial,
des thermes publics, des arcs de triomphe, des temples,
un obélisque égyptien. Ces monuments eurent deux ennemis
dans le fanatisme de quelques apôtres chrétiens, entre
autres d'un certain Cyrille, et dans le génie destructeur
des barbares. Arles passa successivement sous toutes
les dominations germaniques qui se succédèrent en Provence
puis elle vit arriver les Sarrasins, qui la prirent
avec l'intention de s'y établir. Yousouf- ben-Abd-el-Rhaman
l'occupa au temps de Charles-Martel ; mais on ne sarait
dire si les fameuses tours qui surmontent d'une façon
si originale les arceaux du Colisée furent bâties par
lui ou contre lui. Les Sarrasins furent chassés, ne
laissant guère d'autre trace de leur passage que cette
race de chevaux, presque tous blancs, qu'on voit encore
aujourd'hui se mêler aux taureaux noirs dans les pâturages
de la Camargue. Un peu plus tard, l'empire de Charlemagne
se démembra et il se forma un royaume d'Arles, relevant
de l'empire germanique. Les comtes de Provence surgirent
ensuite, et leur autorité, mieux établie et plus conforme
au temps, mina celle des rois d'Arles, dont le vain
titre passa, en 1032, à l'empereur Conrad le Salique
et fut porté en dernier lieu par Frédéric II, quinzième
roi d'Arles en 1214.
Plus d'une fois, les empereurs
vinrent se faire couronner rois d'Arles à Arles. L'empereur
Charles IV y vint encore en 1364, mais ce fut pour abdiquer
immédiatement en faveur de Charles V, roi de France,
« afin de réparer, disait-il, l'injustice que Charles
le Chauve avait faite en démembrant de ces États ce
royaume en faveur de Boson Ier. »
Dans la
lutte des trois maisons de Provence, de Toulouse et
d'Aragon, Arles se prononça généralement pour les Espagnols.
Alphonse d'Aragon y venait souvent avec ses chevaliers
et donnait à ses dames des joutes, des carrousels, des
combats de taureaux, qui sont peut-être l'origine de
ces fameuses ferrades qui font encore aujourd'hui courir
toute la population arlésienne. Au reste, sous la suzeraineté
lointaine de l'empereur et sous celles, plus rapprochées,
du comte de Provence, qui s'appelait aussi comte d'Arles,
et de l'évêque, cette ville garda adroitement une indépendance
réelle. Les formes municipales du temps de l'empire
romain avaient subsisté et en faisaient une république.
En 1150, elle avait déjà des consuls, dont le nombre
s'éleva successivement de quatre à huit et à douze.
Ils étaient annuels, et leur élection était à deux degrés.
Mais les troubles qui éclatèrent à Arles dans la première
moitié du XIII" siècle obligèrent les habitants de nommer
une sorte de dictateur, un podestat, qui devait être
étranger et qui devait choisir un juge étranger pour
exercer sa juridiction. Pourtant la méfiance de la république
arlésienne établit à côté un juge supérieur de la commune,
auquel on en pouvait appeler des décisions du juge du
podestat. Arles était riche et puissante, quoique sa
population, bien inférieure à celle du temps des Romains,
ne dépassât pas 40,000 habitants. Elle avait une marine
qui faisait le commerce dans la Méditerranée. Aussi
ne craignit-elle pas de se liguer avec Marseille et
Aix contre Charles d'Anjou, qui apportait à la Provence
la fin de son indépendance. Elle dut se soumettre comme
ses alliés, et depuis ce moment son rôle n'eut plus
la même importance.
Il est une famille d'Arles qui
s'illustra au temps de Charles d'Anjou c'est celle des
Porcelets. C'était un Porcelet, ce gentilhomme provençal
qui, seul de tous les Français, fut épargné aux Vêpres
siciliennes, en récompense de ses vertus. Lorsque Charles
d'Anjou provoqua Pierre d'Aragon, un Porcelet se trouva
parmi les cent gentilshommes qu'il choisit pour champions.
Au siècle précédent déjà, un Porcelet avait sauvé Richard
Cœur de Lion, en se faisant tuer à sa place. Ce nom
est donc glorieux. ais son origine serait bien bizarre
si on en croyait la légende; parmi les ancêtres de cette
famille se trouvait une dame pleine d'orgueil, qui repoussa
durement une mendiante chargée d'enfants « Les pauvres,
ajoutait-elle, ne devaient pas faire tant d'enfants.
» Or, la pauvresse, qui était une fée, lui répondit
« Vous voyez cette truie qui est pleine autant elle
fera de porcelets autant vous ferez d'enfants à vos
prochaines couches. La truie mit bas neuf porcelets
et la dame autant d'enfants, qu'on appela les Porcelets,
ainsi que leurs descendants.
Sous la domination française,
Arles se montra énergique à défendre l'indépendance
nationale. Lorsque le général de Charles-Quint" don
Alphonse d'Alvaros, se présenta sous ses murs, les Arlésiens
lui firent rebrousser chemin par un seul coup de canon
qui faillit l'emporter. Du reste, à l'égard de la royauté,
ils montrèrent une assez grande docilité. Ils suivirent,
il est vrai, la Ligue pendant la seconde moitié des
guerres de religion, mais ils reconnurent Henri IV dès
qu'il se fut converti. Ils prirent peu de part aux mouvements
qui agitèrent la Provence sous Richelieu et Mazarin.
Quand Louis XIII parut dans leurs murs en 1622,
leurs consuls tombèrent à genoux à ses pieds. Quelques
troubles, relatifs à l'élection des consuls, servirent
d'occasion à Louis XIV pour s'en réserver l'élection
lorsqu'il vint à Arles en 1660. Il fit redemander aux
Arlésiens leurs canons pour être transportés à Marseille,
au fort Saint-Jean. Ils les donnèrent. Ils donnèrent
encore 75,000 livres au roi, tant leur complaisance
était grande.
En 1683, le premier consul envoya
au même monarque la belle Vénus d'Arles, trouvée quelques
années auparavant sous le sol du théâtre antique. Cette
trouvaille donna lieu à un débat assez long ; quelques
personnes ne voulaient pas que cette statue fût celle
de Vénus, mais bien celle de Diane c'était l'avis du
père Laugières, jésuite, et les dames d'Arles, par un
sentiment qui leur fait grand honneur, s'y rangeaient.
Un savant publia les Entretients de Callisthène, plaidant
pour Vénus. Un autre répondit :
Tes sentiments
sont trop profanes
Dans Arles c'est à tort que tu
cherches Vénus ;
On n'y trouve que des Dianes.
Les Alyscamps (Champs Élysées
en provençal, cité des morts vertueux dans la mythologie
grecque) sont une nécropole, située à Arles
les
Alyscamps, les Elysei canapi, l'antique nécropole
d'Arles, dont il reste encore l'église en ruine
et quelques tombeaux. « Telle était, dit M. Élisée
Reclus (Nouvelle Géographie- France), au moyen âge,
la renommée de la terre sainte des Alyscamps, que,
jusqu'au XIIème siècle, les morts des
villes riveraines du Rhône étaient munis d'une pièce
de monnaie, enfermés dans des tonneaux enduits de
résine et livrés au courant du fleuve, comme le
sont de nos jours les cadavres charriés par le Gange.
Les pieux habitants d'Arles recueillaient les corps
flottants confiés à leur foi et les inhumaient suivant
les rites sacrés. » La légende ajoute qu'un jour
des matelots ayant vu passer près de Rochemaure
une de ces sépultures flottantes, l'arrêtèrent,
prirent l'argent qui devait servir aux funérailles
du mort, puis la rendirent au courant du fleuve
mais en vain la repoussaient-ils, toujours elle
revenait à eux, et elle ne reprit sa destination
vers Arles que lorsque les matelots repentants eurent
restitué au mort l'argent de ses funérailles.
Une Académie fut fondée à Arles
sous Louis XIV; mais elle n'eut ni beaucoup de durée,
ni beaucoup de fécondité. Les Arlésiens se livraient
volontiers alors à une indolence que déjà Nostradamus
reprochait à toute la noblesse provençale, qui s'était
« fondue au vin, à la paillardise,. la fainéantise et
à l'ignorance, » en sorte que ses noms les plus fameux
allaient s'engloutir « au lac de l'oubli. » Chasser
la perdrix dans la Crau, le canard sauvage dans la Camargue,
ou bien s'occuper à plaire aux belles Arlésiennes, sont
encore aujourd'hui d'agréables passe-temps pour les
riches oisifs de cette cité.
La Révolution mit en
présence dans Arles les siphoniers, ou les aristocrates,
qui portaient comme emblème un petit siphon à leur boutonnière,
et les monaidiers, ou démocrates, qui s'ornaient d'une
pièce de monnaie percée. Mais on ne vit se produire
aucune des scènes horribles qui ensanglantèrent les
villes voisines.
De même, après l'Empire, qui avait
été accueilli avec moins de joie que le Consulat, la
réaction royaliste ne sortit pas de la modération, qu'elle
foula aux pieds en tant d'autres lieux. Aujourd'hui,
Arles est riche, quoique médiocrement peuplée. Ses habitants
semblent se souvenir de l'ancienne importance de leurs
ancêtres ils en ont conservé la fierté ; les femmes
sont célèbres par la blancheur de leur teint que fait
ressortir leur noire chevelure. Leur beauté proverbiale
et leur grâce naturelle, le goût qu'elles apportent
dans leur costume, rappellent les plus beaux types des
Italiens. Les irrigations ont fait de la Crau, véritable
banlieue verdoyante d'Arles, un lieu fertile en pâturages
et en céréales, sans parler des oliviers, des vignes
et du chêne-vert, où se récolte le vermillon.
Salon de Provence est la ville natale de Nostradamus. Le site d'Istres fut occupé dès la préhistoire. Ce fut un oppidum ligure, qui se développa à l'époque gallo-romaine. Il se trouvait dans le pays des Arelates, sur la route qui, contournant l'étang de Berre par l'ouest, allait des "fosses mariennes" - c'est-à-dire le port de Fos - vers la Durance. Au Moyen âge la ville se développa autour d'un château-fort. Istrum, en provençal Istré, appartenait à la viguerie et au diocèse d'Aix, puis à la puissante maison des Baux. Par la suite Istres passa aux princes de Martigues. Siège d'une importante base aérienne, elle devint sous-préfecture des Bouches du Rhône en 1981. L'île fut le lieu de séjour du célèbre rhinocéros du roi du Portugal. Le Château d'If fut construit entre 1524 et 1531, à la demande de François Ier. Commandant l’entrée du port de Marseille, il devait protéger la rade de toute attaque et garantir la possibilité de ravitaillement de la ville par la mer. L’édifice, de plan carré, était cantonné de trois puissantes tours cylindriques. En 1702, Vauban, commissaire des fortifications, ordonna la construction, à côté du château, du bâtiment des corps de garde appelé « caserne Vauban ». Devenu prison d’Etat les protestants y furent enfermé de 1696 à 1713. Mirabeau y séjourna, bien involontairement, sur une lettre de cachet. Les royalistes de la conjuration Cadoudal 1804 y furent enfermés ainsi que des Communards de 1871. Le site doit cependant sa célébrité aux talents romanesques d’Alexandre Dumas, qui situa une partie de l’action du " Comte de Monte-Cristo", paru en 1844, dans l’îlot d’If.
Dragon amphibie aux yeux rougis et à l'haleine putride, la Tarasque vivait sur le rocher où a été construit le château de Tarascon. Elle guettait les voyageurs passant le Rhône pour s'en repaître, semant la terreur dans tout Tarascon. Dans la légende dorée de Jacques de Voragine la « Tarasque » il est écrit : :« Il y avait, à cette époque, sur les rives du Rhône, dans un marais entre Arles et Avignon, un dragon, moitié animal, moitié poisson, plus épais qu'un bœuf, plus long qu'un cheval, avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes; il se cachait dans le fleuve d'où il ôtait la vie à tous les passants et submergeait les navires. »
Pour mettre fin aux ravages
causés par ce montre, un jour, une jeune fille originaire
de Béthanie, Sainte Marthe, venue évangéliser la
Basse-Provence, décida de braver la bête. Avec toute
la compassion que lui procurait sa foi chrétienne,
elle obtint la soumission de la créature qui se
laissa mener en laisse : Sainte Marthe avait ligoté
à jamais ce symbole du paganisme. Alors seize jeunes
gens auraient défié et tué la Tarasque et seulement
huit en seraient sortis vainqueurs et auraient fondé
les villes de Tarascon et Beaucaire.
Depuis
le 25 novembre 2005, les fêtes de la Tarasque à
Tarascon ont été proclamées, par l'UNESCO, comme
faisant partie du patrimoine oral et immatériel
de l'humanité et inscrites en 2008.
Le Château de Tarascon Construit sur un rocher surplombant le Rhône, la château a été construit entre 1400 et 1435, par les duc d’Anjou. À cet emplacement s'élevait un premier château qui fut occupé au milieu du XIIIe siècle par Charles d’Anjou, comte de Provence et frère de Saint-Louis, roi de France. Ce château est agrandi par son fils Charles II dit « le boiteux ». En 1367 le duc Louis d'Anjou, gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V, veut profiter de l’éloignement du pape Urbain V qui s'était rendu à Rome et de l'absence de la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour substituer son pouvoir à celui de la reine. Cette entreprise était une nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence. Le duc d'Anjou trouve un capitaine en la personne de Bertrand Du Guesclin qui vient d'être libéré en décembre 1367 après sa capture à la bataille de Nájera. Du Guesclin se met en marche le 26 février 1368 avec 2 000 hommes et met le siège devant Tarascon le 4 mars 1368. La ville est bloquée de toute part. Les trébuchets font plusieurs victimes dont le clavaire Martin Champsaur2. La ville de Tarascon capitule le 20 ou 22 mars 1368, mais sera reprise en septembre 1368.
À son retour d'Italie Louis II
d'Anjou, comte de Provence, fait entreprendre le 27
novembre 1400 la reconstruction du château à l'emplacement
qu'il occupait. Les travaux avancent rapidement, mais
sont interrompus quelques années plus tard et sont repris
de 1428 à 1435 par son fils Louis III d'Anjou.
L'architecte
était Jean Robert auquel furent adjoints les sculpteurs
Simon de Beaujeu et Jacques Morel. Les matériaux furent
empruntés à des carrières de Beaucaire. Le roi René
n'y apporta que de petites modifications de 1447 à 1449
sous la conduite de Jean de Serocourt et Regnault de
Serocourt, capitaine et lieutenant de Tarascon, afin
de le rendre plus habitable et fit placer son buste
et celui de la reine Jeanne de Laval dans une niche
de la cour d'honneur. À la fin de son règne le roi René
fit de 1476 à 1479 entreprendre encore quelques travaux
tels que le remplacement du pont-levis par un pont fixe.
Après 1481 le château ne sert qu'occasionnellement
aux agents du roi. Du XVIIIème siècle à 1926,
le château sert de prison, notamment pour des marins
ennemis.
Le château est bâti sur un îlot rocheux en bordure du Rhône qui le longe d'un côté tandis qu'un fossé taillé dans le roc pouvant recevoir les eaux du Rhône le sépare de la ville. Il se compose de deux parties bien distinctes : au nord la basse-cour réservée aux communs et aux hommes d'armes, et au sud le logis proprement dit. On pénètre dans le château par une porte ouverte entre la première tour carrée de la basse-cour et la tour ronde dite de l’Horloge ; on accède ainsi à une cour fermée située entre la basse-cour et le château seigneurial, ce qui constitue une véritable souricière en cas d’attaque.
C'est en 1144 que les moines s'installèrent dans cette forêt. Et c'est un groupe de cisterciens de Morimond, sous la conduite de l'abbé Othon, demi-frère de l'empereur Conrad III, qui remplacèrent les bénédictins en prenant en main l'abbaye de Silvacane dès son affiliation à l'ordre de Cîteaux et effectue les travaux de bonification des terres environnantes. Protégée par les grands seigneurs de Provence, l'abbaye prospère pour fonder à son tour une filiale à Valsainte près d'Apt. Mais le sac de 1358 par le seigneur d'Aubignan et les grandes gelées de 1364 qui anéantissent les récoltes d'olives et de vin entraînent le déclin et, en 1450, l'abbaye est annexée au chapitre de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence.
La gare de Marseille-Saint-Charles
est la principale gare ferroviaire de l'agglomération
de Marseille. Cette gare en cul-de-sac a
été construite par l'ingénieur Gustave Desplaces
sur le rebord d'un plateau proche du centre-ville,
antérieurement occupé par des « campagnes
» (propriétés rurales). Une première inauguration
de bâtiments provisoires eut lieu le 8 janvier
1848 pour la Compagnie du chemin de fer
d'Avignon à Marseille ; la gare « définitive
» ne fut terminée que plusieurs années plus
tard.
Elle communique avec le centre-ville
par un escalier monumental, construit en
1925 et classé monument historique. La gare
Saint-Charles fut longtemps le point de
passage obligé des voyageurs à destination
de l'Afrique et du Moyen-Orient. Avant l'avènement
de l'avion, ces voyageurs, arrivant du nord
de l'Europe, de Paris et de Grande-Bretagne
notamment, faisaient une halte d'une nuit
avant de repartir en bateau. De cette époque,
subsistent de nombreux hôtels sur le boulevard
d'Athènes.
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