Histoire du Pas de Calais
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
L'histoire de ce département est toute
dans son nom Pas-de-Calais, passage de Calais ; c'est de là
qu'on passe le plus aisément du continent dans cette grande
île voisine qui s'allonge, jalouse et fière, en face de nos
côtes, Pas de Calais, c'est le nom de ce canal étroit au-delà
duquel on aperçoit ; de notre territoire, le rivage de l'Angleterre.
Partout ailleurs, nos côtes se retirent devant elle, excepté
pourtant la presqu'ile du Cotentin (département de la Manche),
qui la menace de Cherbourg. Mais Cherbourg est moins hardie
; elle s'arrête à 25 lieues; Calais se pose audacieusement jusqu'à
8 lieues de la grande puissance rivale, audace tantôt glorieuse
pour notre pays et tantôt fatale.
Ce rivage a porté au-devant
de la Grande-Bretagne tous ceux qui ont voulu l'aller chercher
chez elle, depuis le conquérant des Gaules, qui, deux fois,
descendit chez les Bretons d'autrefois, jusqu'à cet autre conquérant
qui avait juré la ruine d'Albion, et qui, moins heureux que
César, ne put donner à ses soldats la conquête qu'il leur avait
montrée du doigt.
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Ce même rivage, en des jours de plus
triste mémoire, a servi de premier marchepied à ces mêmes ennemis
que jamais nous n'avons pu troubler dans le repos de leurs foyers.
Trop rapproché d'eux alors, il leur offrait une prise facile,
et, pour peu qu'ils étendissent le bras, ils saisissaient Calais,
Boulogne et se trouvaient maîtres des poternes de la France.
Aujourd'hui, si la paix peut enfin se maintenir dans le
monde et les vieilles haines nationales s'effacer devant d'autres
sentiments, nous nous féliciterons d'être aussi rapprochés d'un
grand pays libre et industrieux, et d'avoir à traverser, pour
débarquer à Douvres, non pas cet Océan dissociable dont parle
Horace, mais un simple détroit que nos paquebots rapides peuvent
aisément, dans un seul jour, toucher plusieurs fois les deux
bords. La première fois qu'une armée franchit le détroit, ce
fut sous Jules César. Il venait de rejeter au-delà du Rhin les
Germains qui menaçaient de lui disputer la Gaule ; il voulut
de même refouler dans la Bretagne les secours et les inspirations
que les peuples gaulois recevaient de ce foyer de la religion
druidique. Il s'embarqua dans le pays des Morins.

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Les Morins, les Atrebates (d'où Arras), tels étaient les peuples qui occupaient notre département et qui venaient de reconnaître, non sans une glorieuse résistance, l'empire des aigles romaines. Parti de chez eux, César reparut bientôt, vainqueur des Bretons et pourtant forcé de revenir sur ses pas ; mais déjà, par les soins de Labiénus; une flotte mieux équipée se préparait à Itius Portus, qu'on croit être aujourd'hui Wissant, et César, avec ces ressources nouvelles, fut cette fois plus heureux. A Itius Portus fut établie une des grandes stations navales de l'empire romain. Mais les siècles s'écoulent ; Alains, Suèves, Vandales, Burgondes, franchissant le Rhin inférieur, inondent, ravagent la Belgique et ce pays même des Morins, attribué par Honorius à la Belgique Seconde. Ce torrent passe et va, bruyant et dévastateur, se perdre au loin dans les sables de l’Afrique ; cependant notre province respire à peine, que déjà les Francs y pénètrent et en font une de leurs premières conquêtes. Les Mérovingiens y règnent pendant tout le cours de leur existence comprise dans toutes les vicissitudes des partages, elle appartient au royaume de Soissons, quand les fils de Clovis, en 511, font quatre morceaux de la Gaule; plus tard, quand la division, moins arbitraire et plus réelle, en Neustrie et en Austrasie prévaut dans l'empire des Francs, elle se trouve rattachée à la Neustrie, c'est-à-dire au pays qui deviendra français, et que le cours de l'Escaut sépare de l'Austrasie, destinée à être longtemps germanique. Alors que la dynastie carlovingienne en décadence voyait les bénéficiers retenir insolemment et transmettre à leurs héritiers des terres que les rois et les empereurs ne leur avaient point données à ces conditions, le pays des Atrebates fut un des derniers à partager le sort des autres parties de la Gaule et à sortir des mains du souverain pour passer dans celles d'un bénéficier; ce n'est qu'en 863 que Charles le Chauve l'aliéna en autorisant sa fille Judith à le porter en dot au comte de Flandre, qui en fut souverain pendant plusieurs siècles. Un mariage l'avait donc détaché de la couronne ; un mariage l'y ramena. Les mariages jouaient un grand rôle dans le monde féodal. Ils rassemblaient tour à tour et séparaient les provinces, les fiefs. C'étaient bien plutôt les terres qui s'épousaient que les seigneurs et les nobles dames. Philippe-Auguste épousa, en1180, la nièce du comte de Flandre, Isabelle, qui avait en dot le pays d'Artois (Atrebatensis terra).
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Ce pays n'était pas encore un comté.
Il ne reçut ce titre qu'en 1238, et déjà il était séparé de
nouveau de la couronne; il est vrai que c'était à d'autres conditions
qu'auparavant saint Louis venait de le donner en apanage à son
frère cadet, Robert, de sorte que l'Artois fut une des premières
provinces qui servirent à former cette chose toute nouvelle
et pleine de si graves conséquences, les apanages, par lesquels
la maison royale trouvait moyen d'établir partout ses propres
membres et de former une féodalité nouvelle toute dévouée.
Grâce à son titre de frère de saint Louis; le premier comte
d'Artois faillit devenir empereur d'Allemagne. Le pape lui offrait
cette couronne, qu'il voulait arracher à Frédéric II. Mais les
états du royaume de France répondirent « Qu'il suffisoit
a Monsieur le comte Robert d'être frère du roi de France, qui
étoit le plus grand prince de la terre » et refusèrent cette
offre. Ce n'est pas sur le trône impérial, mais bien tristement,
loin de sa patrie, que devait mourir le malheureux Robert. Il
accompagna saint Louis dans la septième croisade. Il était un
des plus vaillants et des plus téméraires parmi toute cette
chevalerie brillante qui fit connaitre sa bravoure aux musulmans
des bords du Nil. Depuis un mois, l'armée chrétienne se consumait
en vains efforts pour franchir le canal d'Aschmoun, au-delà
duquel se riaient d'eux les musulmans, lorsqu'on trouva un gué.
Robert d'Artois le passa le premier avec trois cents chevaliers
seulement, malgré la défense du roi son frère. « Je vous jure
sur les saints Évangiles, avait répondu le jeune imprudent,
de ne rien entreprendre qu'après votre passage. Promesse vite
oubliée ! A peine vit-il les Sarrasins fuir devant lui que,
transporté d'ardeur, il s'attacha à leurs pas et les poursuivit
jusque dans Mansourah. Mais une fois dans cette ville, il fut
cerné, écrasé sous les poutres et les pierres et succomba en
1250 Aussi brillant, aussi téméraire, aussi malheureux fut Robert
II d'Artois. Armé chevalier par saint Louis, il accompagna le
pieux roi, son oncle, dans cette funeste croisade de Tunis,
où il recueillit son dernier soupir. On le vit ensuite, sous
Philippe III et Philippe IV, aller soutenir vaillamment en Navarre,
dans les Deux-Siciles, en Flandre, l'influence française, alors
portée partout par des princes de la famille royale. Quand Boniface
VIII excommunia Philippe le Bel, il osa, lui, déchirer la bulle
pontificale, si menaçante pour l'indépendance de la France.
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C'est lui encore qui commandait l'armée
française dans cette funeste bataille de Coutray qui eut lieu
le 11 juillet 1302, si fatale à la noblesse de notre pays, et
qui fut cause de ce grand désastre. Ce fut une seconde édition
de la Mansurah. Le sage connétable de Nesle, qui voulait le
retenir, se vit accuser de trahison « Je ne suis pas un traitre,
répondit froidement le prudent capitaine suivez-moi seulement
; je vous mènerai si avant que nous n'en reviendrons ni l'un
ni l'autre. » Cette triste prédiction s'accomplit Robert succomba,
percé de trente coups de pique. Avant cette catastrophe, en
récompense des services de Robert, Philippe le Bel, par «
Lettres royaux » du mois de septembre 1297, avait érigé
en pairie le comté d'Artois. Ce titre de pairie semblait assurer
mieux que jamais la succession masculine dans ce comté, quand
même il n'eût pas été généralement admis dans le droit féodal
de l'époque que les femmes ne succédaient pas. Pourtant cette
grave question fut résolue alors différemment. Robert II avait
laissé une fille, Mahaut, et un neveu Robert. Mahaut succéda
; Robert réclama. Il fut débouté de sa demande, en 1309, par
un jugement des pairs, et Mahaut non seulement demeura comtesse,
mais même siégea dès lors, et plusieurs fois, dans le parlement,
comme pairesse (chose toute nouvelle). Robert ne put se résigner.
Il renouvela ses protestations sous les fils de Philippe le
Bel, et plus vivement encore sous Philippe de Valois. Il avait
eu le tort de fabriquer de fausses lettres par lesquelles Robert
II aurait fait cession de son comté à son père Philippe. Le
parlement découvrit la fraude, et, à la suite d'un procès scandaleux,
une certaine Jeanne Divion, complice du coupable, fut brûlée
en 1331. Pour lui, il refusa de comparaitre. Déjà faussaire,
il se fit encore sorcier et envouta le roi, c'est-à-dire qu'il
fabriqua une petite image de cire représentant le roi et la
perça au cœur avec une aiguille; un homme envoûté, selon les
superstitions du moyen âge, était un homme perdu. Pourtant Philippe
de Valois continua de se porter fort bien, et Robert, craignant
les longs bras du parlement, jugea prudent de s'en aller ailleurs.
Il passa donc d'abord en Flandre, puis en Angleterre et mit
le comble à ses crimes en appelant dans son pays le roi d'Angleterre,
Édouard III. Ainsi cette famille d'Artois mérite le reproche
d'avoir contribué à allumer ce triste incendie de la guerre
de Cent ans qui devait dévorer la France.
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
En 1382, le comté d'Artois fut réuni
à celui de Flandre, sous le fameux Louis de Male, et deux ans
après, en mourant, il le laissa à Marguerite, sa fille, qui
avait épousé le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. Quand elle
mourut à son tour (1405), elle le transmit à Jean, son fils,
qui avait hérité de Philippe le duché de Bourgogne, et depuis
lors le comté et le duché demeurèrent réunis jusqu'à la mort
de Charles le Téméraire. A ce moment (1417), où la grande puissance
des ducs de Bourgogne se trouva démembrée, l'Artois fut porté,
avec la Flandre et la Franche-Comté, dans la maison d'Autriche,
par le mariage de Marie de Bourgogne avec l'archiduc Maximilien,
mais à la charge de l'hommage envers la France. Bien plus, par
le désastreux traité de Cambrai (1529), résultat de la bataille
de Pavie, François ler fut obligé de renoncer à toute
suzeraineté sur l'Artois, comme sur la Flandre, et ce ne fut
que cent vingt ans après que les victoires du grand Condé le
rendirent à la France.
C'est ce que consacra le traité des
Pyrénées signé en 1659, confirmé par celui de Nimègue en 1678.
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Depuis lors, ce comté ne fut plus jamais détaché de la monarchie française, et même, depuis 1757, il fut désigné pour servir d'apanage au second frère du roi; c'est à ce titre que le possédait le roi Charles X avant de monter sur le trône. Pendant les cent cinquante ans environ qu'il fut soumis à la domination espagnole, l'Artois s'était fait maintenir ou accorder par ses souverains étrangers, fort intéressés à user de ménagement envers un pays aussi important par sa richesse et sa position, des privilèges qu'il conserva après son retour à la couronne de France. Aussi demeura-t-il pays d'états, ne connaissant ni douanes, ni aides, ni gabelles, et même ayant le droit d'exercer un contrôle nominal sur la levée des deniers royaux. Relativement à ses divisions ecclésiastiques et administratives, il comptait deux évêchés, Arras et Saint-Omer, et se divisait en huit bailliages et une gouvernance, celle d'Arras il faisait partie du gouvernement militaire de Picardie et relevait de l'intendance de Flandre pour les finances. Sa population était évaluée à 319,200 habitants.

Quant à la langue, l'Artois est remarquable pour avoir été et être encore le théâtre de la lutte du picard et du flamand, en d'autres termes du français et de l'allemand. Le picard a l'avantage à présent et fait des progrès qui refoulent peu à peu son rival. La province d'Artois a formé, pour la plus grande partie, le département du Pas-de-Calais; pourtant leurs limites sont loin de coïncider, et ce serait une grave omission dans l'histoire du département que celle des pays, du reste bien moins importants, du Boulonnais, du Calaisis, de l'Ardrésis, qui dépendaient anciennement de la basse Picardie. Mais ces petits pays trouveront leur histoire, chacun à l'article de la ville qui lui servait de capitale (Boulogne, Calais, etc., etc.). Disons, toutefois, que, comme le Loiret, le Pas de- Calais, pendant la guerre de 1870-1871, a été témoin d'une victoire remportée par l'armée française sur les Prussiens. C'était le 2 janvier 1871 Commandée par le général Faidherbe, l'armée du Nord, qui déjà, le 23 décembre 1870, avait brillamment soutenu l'effort de l'ennemi à Pont-Noyelles, se trouvait alors divisée en deux corps, le 22ème sous les ordres du général Paulze d'Ivoy, et le 23ème, sous les ordres du général Lecointe. « Une division du 2ème corps dirigea une attaque vigoureuse sur le village de Béhagnies, qu'elle ne réussit point à enlever mais la 1er division du 2ème corps (colonel du Bessol) chassa des villages d'Achiet-le-Grand et de Bihucourt les troupes prussiennes commandées par le général de Goeben. Le 3 Janvier, toutes les positions ennemies, à Favreuil, Supinies, Avesnes lès- Bapaume, Ligny, Tilloy, Grévillers, furent enlevées. « A six heures du soir, porte la relation » officielle, nous avons chassé les Prussiens de tout le champ de bataille, couvert de leurs morts. » Les pertes éprouvées par le département du Pas de- Calais pendant la guerre de 1870-1871 ont été évaluées à 2 014 893 francs.
Jusqu’à la fin du XXe siècle, « Nord » désignait aussi la région, comme le département. La région faisait partie autrefois des Pays-Bas méridionaux et des Pays-Bas espagnols ; elle devint française en 1713 sous le nom de Pays-Bas français. Les anciennes provinces de France composant le Nord-Pas-de-Calais sont, principalement, l'Artois, le Boulonnais (annexé à la Picardie dès 1477), le Cambrésis, la Flandre et le Hainaut, désignations qui restent très courantes encore aujourd'hui.
Arras
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
À l'époque gauloise, les Atrébates sont
installés en Artois. La région est conquise par les Romains
en 56 av. J.-C., lors de la guerre des Gaules. Vers 15 av. J.-C.
naît le village de Nemetacum sur la colline de Baudimont, dont
les Romains font la capitale des Atrébates. Il devient une ville
d'importance moyenne, couvrant environ 30 ha33, qui fut fortifiée
lors des premières incursions de peuples germaniques au IIIe
siècle34.
Au IVème siècle, Nemetecacum était
un centre d'artisanat et de commerce réputé pour ses textiles
exportés vers tout l'empire.
En 406-407, les Germains détruisent
la ville.
En 428, les Francs saliens menés par Clodion le
Chevelu conquirent toute la région jusqu'à la Somme. Le général
romain Aetius préféra négocier la paix et conclut avec Clodion
un traité (fœdus) qui fit des Francs, des « fédérés » combattant
pour Rome. Après la conversion de Clovis, un évêché fut créé
à Arras en 499, et confié à Saint Vaast ; mais il fut rapidement
rattaché à celui de Cambrai.
Saint Aubert, évêque de Cambrai,
transfère le corps de saint Vaast sur les bords du Crinchon
et fonde l'Abbaye Saint-Vaast en 667. Au IXème siècle,
Arras devient la résidence privilégiée des comtes de Flandre
qui y établissent une châtellenie héréditaire. En 1105, une
épidémie provoquée par un champignon sur le blé touche la ville,
puis cesse. Certains parlent du « miracle de la Saint Chandelle
».

Des activités liées à l'eau sont possibles
grâce à l'emplacement de la ville : les bateaux peuvent accoster
place de l'ancien rivage, et l'eau du Crinchon est utilisée
dans la fabrication des tissus. Au XIIème siècle,
le développement important des institutions et de l’économie
grâce à l’abbaye Saint-Vaast permet à la ville de compter onze
églises. La prospérité de la ville se traduit dans la reconstruction
de la cathédrale en 1161. En 1163, la ville se dote d'une charte
pour les affaires de la cité, qui sert d'exemple aux villes
de Flandres.
Arras compte environ 35 000 habitants qui développent
un commerce jusqu’à l’Orient grâce à l’industrie drapière :
les tapisseries d’Arras sont connues jusqu’en Italie sous le
nom d'arazzi et en Angleterre tout simplement sous le nom d’arras.
En 1191, le Traité d’Arras est signé : le territoire actuel
du département entre dans le giron du domaine royal.

La ville est ensuite bourguignonne du
XIVème siècle au XVème siècle. En 1430,
Jeanne d'Arc, prisonnière, est enfermée dans la région d'Arras,
peut-être au château de Bellemotte à Saint-Laurent-Blangy. La
paix d’Arras de 1435 réconcilie les Valois de France et de Bourgogne,
et met fin aux guerres commencées en 1345.
En 1460, commença
à Arras un des plus célèbres procès en sorcellerie de l'Inquisition,
la grande vauderie d'Arras (nl)41.
Dans la seconde moitie
du XVème siècle, la ville d'Arras subit d'énormes
bouleversements. Après avoir, en août 1463, racheté les villes
de la Somme dont Arras, de son oncle Philippe III de Bourgogne,
Louis XI y séjourna paisiblement en janvier 1464. Par ses lettres
patentes expédiées en février 1464, le roi autorisa une foire
de trois jours par an à cette ville, afin que la fuite de devises
soit diminuée, en raison des foires puissantes d'Anvers et de
Bruges. Selon le Traité de Conflans (1465) puis celui de Péronne
(1468), le roi dut les rendre à Charles le Téméraire. À la suite
de la mort de ce dernier, l'armée royale occupa Arras en mai
1477, après plusieurs mois de batailles. Posée 43 000 écus d'indemnité,
la ville se vida rapidement. Le 4 juillet 1479, Arras devint
Franchise. Le traité d'Arras signé en 1482, entre la France
et l'Autriche, conclut que l'Artois entrait dans la dot de Marguerite
d'Autriche, fiancée de futur Charles VIII. Les anciens habitants
refugiés jusqu'à Lille et à Roubaix commencèrent à revenir,
notamment les bourgeois. Enfin, en 1491, le mariage obligé de
Charles VIII et d'Anne de Bretagne, selon une situation politique
délicate, fit rendre la ville d'Arras au Habsbourg, avec Marguerite
d'Autriche qui avait grandi à Amboise, fille de Marie de Bourgogne.
Au début du XVIème siècle, l'Artois est disputé
lors des guerres opposant François Ier et Charles
Quint. En 1525, il n'y a plus qu'une centaine de marchands à
Arras. L'activité textile ne s'améliore guère par la suite ;
les conflits font fuir les artisans à Lille et Roubaix. Le Traité
de Madrid de 1526 rattacha Arras aux Pays-Bas espagnols, mais
il ne fut pas respecté par François Ier ; les conflits
continuèrent jusqu'à la fin de son règne.

Lors de la Réforme qui enflamma la région,
la ville d'Arras demeura fidèle au camp catholique, et signifia
sa loyauté au roi d'Espagne lors de l'Union d'Arras en 1579.
Elle est conquise par Louis XIII en 1640 après un siège
puis assiégée par les Espagnols en 1654 (épisode du secours
d'Arras) ; Vauban participe à sa défense sans commander et la
ville est reprise par Turenne. Cependant, le rattachement à
la France n’est définitif et ratifié qu’en 1659 par le traité
des Pyrénées.
En 1668, la ville intègre le projet régional
défensif de Pré carré de Vauban avec la construction de la citadelle.
En 1750, le secteur du textile n'a plus beaucoup de fabricants.
L'activité est orientée vers l'alimentation (épiceries, boulangeries,
boucheries, marchands de vin, etc.) et l'artisanat (à la suite
de l'essor du bâtiment durant tout le siècle).
Robespierre,
natif d'Arras, est élu le 26 avril 1789 avec sept autres députés
du Tiers état de l’Artois. Lors de la Révolution française,
la municipalité est d’abord dirigée par Dubois de Fosseux, hobereau
érudit, secrétaire de l’Académie d’Arras et futur président
du Pas-de-Calais. En compétition avec Aire-sur-la-Lys, Calais
et Saint-Omer, Arras obtient finalement la préfecture du Pas-de-Calais.
De novembre 1793 à août 1794, ce sont dix mois de terreur, la
ville est alors sous la dictature de Joseph Lebon qui instaure
des restrictions alimentaires, ordonne 400 exécutions et détruit
beaucoup d’édifices religieux dont la cathédrale, l’abbatiale
Saint-Vaast en tient lieu depuis lors. Arras voit stagner sa
démographie et son activité économique alors que Lille sous
le coup de la révolution industrielle explose.
Béthune
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Les premières traces d'habitation remontent
au VIème siècle-VIIème siècle.
Vers
502, saint Vaast, évêque d'Arras et évangélisateur de l'Artois,
fait construire l'église dédiée à la Vierge au bord de la confluence
de la Lawe et de la Blanche, au lieu-dit Catorive (peut-être
« Castel de la rive »), devenu pauvre faubourg batelier de Béthune
depuis l'extension de la partie navigable de la Lawe jusqu'au
centre-ville en 1510. Cette église se trouvait à l'emplacement
de l'actuelle école Pasteur. Elle fut consacrée à saint Vaast
au début du Xème siècle puis détruite au XVIème
siècle par Charles-Quint lors des travaux de fortification de
Catorive : l'empereur fit construire une nouvelle église Saint-Vaast
au centre de Béthune.
Sous Charlemagne, vers l'an 800, le
Béthunois compte 4 000 à 5 000 habitants. Cette population est
multipliée par 10 dans les 500 années qui suivent.
Les premières
traces écrites mentionnant la seigneurie de Béthune remontent
à 940. Cette seigneurie formait le nord-ouest de l'ancienne
cité des Atrébates ; elle fut probablement soumise à l'autorité
des comtes de Flandre depuis le règne d'Arnoul le Grand et y
demeura attachée jusqu'au XIVème siècle.
Les
seigneurs de Béthune étaient, à titre héréditaire, avoués de
Saint-Vaast d'Arras ; c'est ce qui leur valut la qualification
d'avoués de Béthune. En 970, on trouve la première mention du
château.
À partir du XIème siècle, les seigneurs
de Béthune ont dans la châtellenie de Béthune le même rôle que
les autres châtelains flamands. Ils semblent avoir possédé de
bonne heure les seigneuries de Warneton et de Cassel.
Le
premier avoué de Béthune que l'on retrouve cité est Robert Faissieux
(fasciculus), à la fin du Xème siècle et au commencement
du XIe siècle. Il possédait la moitié de la seigneurie de Richebourg
(au nord-est de Béthune).
Ses successeurs sont : au XIème
siècle, Robert II, Robert III ; au XIIème siècle,
Robert IV, Guillaume Ier, qui ajoute à son domaine l'autre moitié
de Richebourg, Robert V (mort en 1191) et Robert VI (mort en
1193-1194)31.

Au XIIème siècle, la ville
de Béthune, convoitée, est défendue par ses bourgeois contre
l'armée flamande. Le bourg fortifié sur 25 hectares s'ouvrait
par cinq portes. Les fortifications de la ville sont améliorées
et renforcées au fil des siècles.
Robert IV, par la paix
d'Arras (1191), devient vassal immédiat du roi de France pour
Béthune, Richebourg, mais demeure vassal du comte de Flandre
pour Warneton. Son frère Guillaume II, qui lui succède, épouse
Mathilde, fille de Gauthier II, héritière de Termonde, Lokeren,
Meulebeke et de l'avouerie de Saint-Bavon de Gand. Il meurt
en 1213. Viennent ensuite ses deux fils : Daniel qui meurt en
1226 sans postérité, et Robert VII, qui remet en apanage à son
frère Guillaume Lokeren et Meulebeke31. En 1222, le château
est reconstruit et entouré de murailles sur trois côtés.
En 1245 Gui de Dampierre épouse Mathilde (Mahaut), fille de
Robert VII. Elle lui apporte en dot les espérances qui se réalisèrent
à la mort de son père, en 1248, et qui firent passer au comte
de Flandre les seigneuries de Béthune, de Termonde, de Richebourg,
de Warneton et l'avouerie d'Arras. En effet, elle n'avait qu'une
sœur, Élisabeth, qui obtint une autre part de l'héritage. Robert
(dit de Béthune), fils de Gui et de Mahaut, fut investi de l'héritage
de la maison de Béthune dès 1265.


La richesse agronomique des sols entraîne
une certaine prospérité du Béthunois vers 1300, accompagnée
d'une forte croissance démographique la population est alors
estimée entre 40 000 et 50 000 personnes.
En 1297, Gui de
Dampierre, comte de Flandre défie le roi de France, Philippe
le Bel. Le roi s'empare des plus fortes places de la Flandre.
Les bourgeois de Béthune en profitent pour se révolter contre
l'autorité du comte de Flandre et se soumettre au roi de France.
À l'avènement de Robert de Béthune, en 1305, il cède à son
frère Guillaume Termonde et Richebourg. La châtellenie de Béthune
est remise par le traité d'Athis aux mains de Philippe le Bel,
qui n'attend pas, pour en disposer, que le traité de Pontoise
signé en1312, rende définitive l'aliénation de la Flandre gallicante.
Comme son second fils, Philippe de Poitiers, avait épousé la
fille de la comtesse Mahaut d'Artois et que la dot de cette
princesse assise en Franche-Comté dépassait le chiffre de la
rente convenue, le roi, à titre de dédommagement, lui délivra
en 1311 la châtellenie de Béthune, qui devait plus tard, avec
la masse de la succession de Mahaut d'Artois, revenir à la Flandre.
Durant la guerre de Cent Ans, les Béthunois défendent avec
ténacité la ville des attaques des armées flamandes. En récompense,
les bourgeois de Béthune leur permettent la construction d'un
beffroi avec droit de cloche et de prison. Le premier beffroi
en bois est détruit dans un incendie. Il est reconstruit en
grès en 1388. En 1500, Béthune est sous la domination espagnole.
Charles Quint renforce les fortifications et fait déplacer l'église
Saint-Vaast dans l'enceinte fortifiée. Il aménage le canal de
la Lawe. Béthune connaît alors une expansion importante avec
le développement de l'industrie drapière et le commerce du grain.
Cela favorise l'installation de nombreux corps de métiers, tels
que la teinturerie et la tannerie.
Calais
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
En 997, Baudouin IV fait améliorer le
port en le faisant défendre par deux grosses tours qui semblaient
déjà exister puisqu'attribuées à Caligula, l'une située au milieu
des sables au nord de la ville, et l'autre protégeant l'embouchure
de la rivière de Guignes, alimentée par le marais de Guînes
à l'époque situé sur le littoral qui était plus en arrière des
terres qu'aujourd'hui à cause de la transgression marine Dunkerque
II.
En 1224, Philippe Hurepel (aussi dit Philippe de France),
comte de Boulogne et fils de Philippe Auguste, fait fortifier
la ville « d'un mur flanqué de petites tours de distance en
distance », signe de l'importance stratégique de cette dernière.
Trois ans après, il y fait élever un « vaste donjon », qui
sera démoli en 1560 pour être remplacé par une citadelle. La
ville actuelle est la réunion de l'ancienne ville de Saint-Pierre,
cité industrielle, et du courghain, la cité de Calais originelle,
cité de pêcheurs.
La ville fut occupée par les Anglais, fin
août 1347, et le roi rembarqua pour l’Angleterre, laissant des
troupes à la garde de Calais sous les ordres de Jean de Montgomery
au service du roi anglais, avec les chevaliers français prisonniers
– parmi lesquels les précités Jehan de Vienne, Jehan de Sury
et Ernoul d'Audrehem.
Philippe VI racheta ces nobles prisonniers
lorsqu’ils furent mis à rançon en 1348 après être demeurés six
mois en Angleterre.
Pendant trois ans, à partir de 1347,
Édouard III étant satisfait de maintenir Calais, des trêves
furent conclues entre la France et l’Angleterre.
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La charte municipale de Calais précédemment
accordée par la comtesse d’Artois fut confirmée la même année
par Édouard.
En 1360, le traité de Brétigny soumit Guînes,
Marck et Calais - collectivement dénommés « Pale of Calais »
(«Calaisis» en français) - à la domination anglaise à perpétuité,
mais cette soumission fut informelle et n’a été appliquée qu’en
partie.
Devenue division administrative parlementaire, elle
envoie, à partir de 1372, des représentants à la Chambre des
communes du Parlement d'Angleterre gardant toutefois un lien
avec la France en continuant de faire partie du diocèse ecclésiastique
de Thérouanne.
Pendant ces années, Calais fut considérée
comme faisant partie intégrante du royaume d’Angleterre.
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Au-dessus de la porte principale, une
inscription (When shall the Frenchmen Calais win When iron and
lead like cork shall swim) proclamait qu’elle ne serait française
que lorsque le fer et le plomb flotteraient comme le liège.
La grande importance de Calais comme lieu d’accès au commerce
de l’étain, du plomb, du tissu et des laines – de loin, l’élément
le plus important – lui vaut d’être qualifiée de « joyau le
plus brillant de la couronne anglaise ».
Ses recettes douanières
s’élevaient parfois à un tiers du revenu du gouvernement anglais.
Sur une population d’environ 12 000 habitants, 5 400 étaient
liés au commerce de la laine.
Le gouvernorat de Calais était
une charge publique lucrative fort prisée ; ainsi, Richard Whittington
fut simultanément seigneur-maire de Londres et de Calais en
1407.
Boulogne-sur-Mer
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Après une probable occupation préhistorique,
le site est habité primitivement par les Morins, peuple celte.
Le site de l’actuelle ville de Boulogne serait celui qui a été
choisi par Jules César, en 55 av. J.-C.42, pour préparer sa
flotte à envahir la Grande-Bretagne), expédition décrite dans
la Guerre des Gaules. César aurait pu installer son camp à l'emplacement
actuel de la vieille ville. Cette dernière ne s'est appelée
Bononia (nom d'origine celtique) que bien après la mort de César.
Boulogne sera d'abord nommée en latin Gesoriacum sous Claude,
puis Bononia ou Bolonia vers le IIIème siècle.
C'est à Boulogne que les Romains, sous l'ordre même de Caligula
selon Suétone (Vie de Caligula, chap. XLVI), construisent une
tour « d'une hauteur prodigieuse ... à l'instar du Pharos »
vers 39 en vue d'une campagne contre les Celtes du pays de Galles,
les Silures. Cette construction témoigne de l'importance que
les romains attachaient à ce site portuaire. Boulogne restera
célèbre jusqu'au Moyen Âge pour ce phare romain, la tour d'Odre,
placé sur la haute falaise près de la plage, qui consistait
en une tour de maçonnerie avec des étages se rétrécissant et
au sommet de laquelle brûlait un feu.

Au Moyen Âge, Boulogne est le siège
du comté de Boulogne. Un de ses comtes, Eustache II "as grenons"
(aux belles moustaches), envahit l'Angleterre avec Guillaume
le Conquérant. Il est le mari de sainte Ide et le père de Godefroy
de Bouillon. Un autre, Étienne de Blois, est roi d'Angleterre
au XIIème siècle. Alphonse de Portugal, mari de la
comtesse de Boulogne Matilde II, est roi de Portugal. Baudouin
de Boulogne, comte de Boulogne, frère de Godefroy de Bouillon,
est le premier roi chrétien de Jérusalem.
Le 25 janvier
1308, Isabelle de France, fille de Philippe le Bel, épouse dans
l'église abbatiale située en haute ville le roi Édouard II d'Angleterre.
En 1477, le roi Louis XI échange le comté de Boulogne et
la jugerie de Lauraguai.
Boulogne est attaquée à trois reprises
par les Anglais depuis l'enclave de Calais pendant la première
moitié du XVIème siècle. Le 26 juillet 1544, la Tour
d'Ordre romaine est détruite. Boulogne tombe en septembre 1544
; elle est presque aussitôt ré-assiégée, en octobre, par les
troupes du dauphin de France le futur Henri II dont l’avant-garde
est commandée par Blaise de Monluc. Mais l'indiscipline des
mercenaires ruine l'assaut et il faut attendre la paix d'Ardres
signée en juin 1546, pour que la ville redevienne française.
Ronsard y fait allusion dans son Hymne d'Henri II : « Et
sans en faire bruit, par merveilleux effortz,Tu avois ja conquis
de Boulongne les forts,Et par armes contraint cette arrogance
AngloiseA te vendre Boulongne et la faire Françoise. »(v.
1581-1584)

La signature du traité entre les Français
et les Anglais a lieu le 24 mars 1550 par un rachat de 400 000
écus d’or. À ce stade-là, la ville est encore majoritairement
flamande. En 1662, alors que Louis XIV vient d'acheter au roi
d'Angleterre la place forte de Dunkerque, enlevée quatre ans
plus tôt aux Espagnols par la coalition franco-britannique,
les Boulonnais, bourgeois et paysans, se révoltent contre le
roi de France, en raison de la pression fiscale accrue et des
réquisitions pour le financement des guerres incessantes.
La révolte des Lustucru est soutenue en sous-main par les
agents du roi d'Espagne, avec qui la guerre reprend en 1667,
et dont la frontière se trouve à une vingtaine de kilomètres
de l'entrée de Boulogne. En effet, jusqu'à 1678 (paix de Nimègue),
la frontière passe encore entre Longueville et Escœuilles. Le
pouvoir central exerce alors une répression féroce sur la région
: de nombreux habitants des campagnes sont massacrés. Trois
mille survivants, qui n'ont pu s'enfuir de l'autre côté de la
frontière, sont envoyés aux galères.
Au XVIIIème
siècle, Boulogne est un port de pêche en décadence (hareng à
l'automne et maquereau au printemps), qui voit la montée en
puissance de la contrebande entre l'Angleterre et la France.
Cette fraude, appelée smogglage, concerne surtout des produits
courants (thé, tissus) ou des alcools (eaux-de-vie, vins, genièvre),
surtaxés en Angleterre. Encouragé par les autorités françaises,
ce trafic atteint des sommets dans les années 1780, avec près
de 6 millions de livres de rapport annuel, contre 500 000 livres
pour toutes les pêches.
Durant ce siècle, les corsaires
boulonnais sont très actifs, notamment pendant les guerres de
Succession d'Espagne (1744-1748) et de Sept Ans. Ils font de
nombreuses prises et annoncent les grands succès durant la Révolution
française et l'Empire, emmenés par le fameux baron Bucaille
(Jacques-Oudart Fourmentin).
Après guerre, la pêche industrielle
se développe fortement, avec des chalutiers très présent en
Atlantique nord-Est, jusqu'au nord et ouest des îles britanniques50.
Inspection de l'armée le 15 aout 1804 à Boulogne.
Le 21 juillet
1798, vente à l'encan de la cathédrale, du Palais épiscopal
et des dépendances pour la somme de 510 000 francs. Tout sera
démoli pierre à pierre par les adjudicateurs. Le 19 juin 1800,
la première vaccination contre la variole en France est effectuée
sur trois petites filles de la rue des Pipots : Mlles Beugny,
Hédouin, et Spitalier.

C'est autour de Boulogne que Napoléon
Bonaparte assembla entre 1803 et 1805 la « Grande Armée » ou
armée des côtes de l'Océan ; la première distribution de la
Légion d'honneur a lieu au camp de Boulogne, le 16 août 1804.
Boulogne-sur-Mer bénéficia de grands travaux portuaires,
comme l'aménagement d'un bassin circulaire sur la rive gauche
dans le but d'accueillir la flotte qui devait assurer la maîtrise
du détroit ; on connaît cette structure sous le nom du bassin
Napoléon. Deux ponts furent inaugurés, ils furent jetés au-dessus
de la Liane pour relier Capécure à Boulogne. Cet ensemble de
structure passe pour être à l'origine de la prospérité de Boulogne
au XIXème siècle. L'idée d'un débarquement fut abandonnée
en août 1805, Napoléon préféra envoyer l'Armée des Côtes et
de l'Océan soutenir la campagne d'Autriche ce qui favorisera
la victoire lors de la bataille d'Austerlitz.
Montreuil


Montreuil est cité pour la première fois
en 898 dans les Annales de Saint-Bertin et de Saint-Vaast. La
ville, déjà fortifiée, devrait son nom à un « petit monastère
» (monasterolium). On sait que quelque temps plus tard, après
913, les moines de Landévennec (Finistère) y trouvèrent refuge
après la destruction de leur monastère par les Vikings et créent
en 926 l'abbaye Saint-Walloy en l'honneur de saint Walloy, déformation
locale du nom de saint Guénolé.
Le comte Helgaud semblait
l'avoir déjà dotée d'une enceinte et d'un château comtal. C'est
à cette époque que commence alors la carrière militaire de la
ville qui verra se succéder au cours de six siècles de guerres
médiévales de nombreuses constructions.
En 980, Montreuil
est rattaché au domaine royal. En 988, Hugues Capet fait de
Montreuil le seul port de mer de la monarchie française, héritier
de l'opulent et mystérieux Quentovic6.
Deux tours du château
royal élevé par Philippe Auguste En 1188, Philippe Auguste accorde
une charte communale.
Au début du XIIIe siècle, Philippe
Auguste afin de protéger cette façade maritime de premier plan
édifie un puissant château royal dont il reste aujourd'hui des
éléments significatifs.
Le 19 juin 1299 Accord de Montreuil-sur-Mer
entre Philippe IV de France et Édouard Ier d'Angleterre
Les nombreuses reliques, si pieusement vénérées au Moyen Âge
et que détenaient ses nombreux lieux de cultes, attiraient les
pèlerins et conféraient à la ville un caractère de sainteté.
La population va dépasser les 10 000 habitants (pour moins de
3 000 en 1999).
La ville exportait alors ses draps dont
la renommée rivalisait jusqu'en Italie avec ceux de Flandre
ou d'Artois (on disait du montreuil comme on dit aujourd'hui
du tulle).
En 1435, Montreuil passe dans les possessions
des Bourguignons par le traité d'Arras.
En 1467, une catastrophe
naturelle provoque l'effondrement d'au moins six édifices religieux.
On ne sait pas aujourd'hui s'il s'agit d'un tremblement de terre
ou un effondrement de couches souterraines.
À la fin du
Moyen Âge, l'ensablement de la Canche entraîne le déclin de
la ville. Le commerce maritime périclite, la ville se retranche
sur elle-même.
Époque moderne[modifier] Entrée de la citadelle,
débutée en 1567 En juin 1537, les troupes de Charles Quint et
d'Henri VIII mettent le siège au pied de Montreuil. Contrainte
de se rendre, la ville est en grande partie détruite.
La
peste frappe la ville en 1596.
En 1567, Charles IX ordonne
alors l'édification d'une citadelle sur l'emplacement de l'ancien
château du XIIIe siècle. Vers 1670, Vauban perfectionne l'œuvre
de ses prédécesseurs en remaniant la citadelle et en y ajoutant
un magasin à poudre et un arsenal.
Au XVIIIe siècle, malgré
l'ensablement de la Canche et le déclin du port, la prospérité
de la ville lui permet de se parer de nombreux hôtels particuliers.
Saint-Omer
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Saint-Omer apparaît dans les écritures
de chroniqueurs au cours du VIIe siècle sous le nom de Sithiu
(Sithieu ou Sitdiu), autour de l’abbaye Saint-Bertin fondée
sous l'impulsion d'Audomar (Audomarus, Odemaars ou Omer). L'abbaye
doit son nom à Bertin qui travailla comme compagnon d'Audomar.
C’est au cours du Xème siècle que l'endroit a pris
son nom actuel.
À l'époque de Charlemagne, lors de la dernière
invasion marine due à une période de réchauffement climatique,
Saint-Omer est un port, alors que l'actuelle Flandre maritime
est encore sous les eaux de la mer du Nord ainsi qu'une partie
du Calaisis. Dans la 2e moitié du IXème siècle, Saint-Omer
est ravagée par les Vikings du Danemark.
Avec le pagus d'Artois,
la ville entra en 932 dans la possession des comtes de Flandre,
et au cours des XIIème et XIIIème siècles,
l'industrie du tissu y fut florissante. Au cours de sa période
de plus grande prospérité, la ville fut en Occident une des
premières à bénéficier d’institutions communales, peut-être
au début des années 1070. Ces institutions prennent la suite
d’institutions d’entraide de voisinage, formalisées sous forme
de confrérie, qui évolue ensuite en guilde marchande, qui a
donné naissance à la commune. Cette commune est un soutien pour
le comte de Flandre qui lui a accordé ces libertés. Par la suite,
elle dut céder à Bruges la première place pour le tissage. L'Aa
est canalisé dès 1165 jusqu'à Gravelines, qui constituera jusqu'à
son ensablement l'avant-port de la cité audomaroise. La ville
est assiégée en 1071.
Au XIème et XIIème
siècles, les marchands de Saint-Omer sont organisés en guilde,
dotée de statuts. Y sont codifiés, les beuveries mais aussi
les conditions d'admission, le rôle des doyens, l'entraide,
la charité envers les pauvres, l'entretien des places et des
remparts, etc.
Saint-Omer fut perdue par le comté de Flandre
au traité de Pont-à-Vendin du 25 février 1212 et devint une
des principales places du comté d'Artois qui venait de se créer.
Ferrand de Flandre essaya de reprendre la ville mais il fut
vaincu à la bataille de Bouvines.

Dès lors la francisation commença et
les documents officiels furent écrits en français ; le flamand
n'en resta pas moins la langue courante dans la population et,
au XIIIème siècle, le chroniqueur Guillaume d'Andres
nous affirme que, de son temps, les affaires se plaidaient en
flamand. Encore en 1507 la coutume de Saint-Omer précise dans
son article 7 que « ses majeurs et eschevins ont accoustumé
faire raidigier leurs dictes sentences criminelles en langaige
flamang ». La ville resta d'ailleurs dans une large mesure au
sein du réseau économique des Pays-Bas dont elle était officiellement
séparée. Vers l'an 1300 la ville compta près de quarante mille
habitants.
Le siège et la bataille de Saint-Omer ont lieu
le 26 juillet 1340.
En 1384, Saint-Omer revint aux ducs
de Bourgogne, mais la paix de Nimègue signée en 1678 la céda
définitivement à la France. Les épidémies firent chuter le nombre
d'habitants à quinze mille au XVème siècle.
Ville
économiquement prospère, Saint-Omer paraît également avoir été
à la fin du Moyen Âge, entre la Flandre et l'Artois et Amiens,
un centre artistique relativement important. Les chantiers de
construction de la puissante abbaye Saint-Bertin et de la collégiale
voient intervenir dès le XIIIème siècle des équipes
d'artistes en provenance de Picardie et d'Île-de-France. Mais
c'est au XVème siècle surtout, quand la région du
Haut-Pays rentre en « terre de promission bourguigonne », que
l'activité artistique y connaît ses plus belles heures. Entre
1454 et 1459, le célèbre Simon Marmion, originaire d'Amiens,
y est de passage avant de rejoindre Valenciennes ; il peint,
à la commande du puissant abbé Guillaume Fillastre, les volets
du retable de l'abbaye Saint-Bertin, aujourd'hui à Berlin et
à Londres, dont la huche orfévrée avait été réalisée par les
Steclin, orfèvres valenciennois d'origine rhénane.
Par ailleurs,
par ses lettres patentes, le roi Louis XI confirma en septembre
1464 les privilèges de la ville, octroyées par ses prédécesseurs.
La ville fut l'objet de nombreux conflits entre la France
et les Pays-Bas de 1477 à 1677. Elle fut assiégée en 1477, 1489
et 1677
De 1559 à 1790 la ville fut le siège du diocèse
de Saint-Omer qui fut réuni en 1801 au diocèse d’Arras.
L'empreinte religieuse sur l'urbanisme de la cité audomaroise
fut multipliée lors de la Contre-Réforme catholique au XVIème
siècle. Saint-Omer accueillit alors de nombreux collèges et
séminaires britanniques et wallons. La chapelle des jésuites
wallons est construite de 1615 à 1640.
En 1466, Jacques
de Pardieu, échevin de la ville devenu lépreux et très affaibli
par quatorze ou quinze ans d'exercice ne peut plus remplir aucune
charge et cède sa place d'échevin à Guilbert d'Ausque qui est
originaire de Montreuil.
Valentin de Pardieu, né en 1520
ou 1521, à St Omer, seigneur de la Motte,seigneur d'Esquelbecq,
mayeur de Saint Omer puis gouverneur de Gravelines décédé le
16 juillet 1595 lors de la bataille de Doullens fit bâtir en
1578 dans la ville de Saint-Omer un local qu'il donne en propriété
aux sœurs de Sainte-Catherine. En 1580, ces religieuses prirent
possession des lieux et y firent construire une église consacrée
en 1595 par l'évêque de Saint-Omer, Jean Six. À la Révolution,
les sœurs de Sainte-Catherine furent dispersées. En 1791, elles
étaient trente religieuses de chœur et cinq converses. Les révolutionnaires
prirent possession du couvent et y établirent une fonderie.
Ce sont dans ses creusets que finirent la plupart des cloches
de la ville, transformées en pièces de monnaie, sonnantes et
trébuchantes.
L'un et l'autre exigent que l'échevinage montre
les privilèges anciennement octroyés aux habitants de Saint-Omer
par les comtes d'Artois, comme si la Charte communale eût été
violée par "Messieurs de la ville," et, pour première satisfaction,
ils veulent que le conseiller pensionnaire de la ville, Guilbert
d'Ausque, envoyé l'année précédente de Montreuil à Saint-Omer
pour remplacer Jacques de Pardieu, « devenu lépreux et très
pauvre après quatorze ou quinze ans d'exercice » ne puisse plus
remplir aucune charge.
Depuis l'abdication de Charles Quint
(comte de Flandre et roi d'Espagne), la ville et son bailliage
passent sous la domination de l'Espagne. Il en va de même pour
les autres comtés et duchés des Pays-Bas méridionaux. L'Artois,
la Flandre, le Hainaut, le Brabant et le Luxembourg font dès
lors partie des Pays-Bas espagnols.
À la fin du mois de
mars 1677 commence le siège de Saint-Omer par les armées françaises
dirigées par Philippe d'Orléans, frère cadet de Louis XIV. Le
5 avril, les armées de la coalition néerlandaise et espagnole,
dirigées par le Stadhouder Guillaume d'Orange, sont à Ypres.
Les Français partent à leur rencontre. La bataille a lieu les
10 et 11 avril 1677 dans la vallée de la Peene, entre les villages
de Noordpeene, Zuytpeene et Bavinchove. Philippe d'Orléans remporte
la bataille de la Peene. Ses armées sont à nouveau devant Saint-Omer
le 14 avril. Mal informés, espérant des renforts - qui bien
sûr ne viendront pas - les Audomarois résistent encore 6 jours
! Finalement, le 20 avril 1677, la ville de Sait-Omer tombe.
Un an plus tard, en 1678, les traités de Nimègue valident les
conséquences de la bataille de la Peene ; Saint-Omer et le nord
de l'Artois, ainsi que les châtellenies flamandes de Cassel
et Bailleul deviennent définitivement françaises.
Les fortifications
de la ville furent remaniées par Vauban dès 1678, dans le cadre
de son projet de pré carré. Le commissaire général des fortifications
de Louis XIV superposa à l'enceinte, déjà renforcée par Charles
Quint au XVIe siècle, son propre système de défense. Des ouvrages
avancés, de nouveaux bastions, et de nouvelles plates-formes
sont créés pour accueillir l'artillerie.
De 1787 à 1795
quelques milliers de patriotes des Pays-Bas du Nord se réfugièrent
à Saint-Omer ou dans les villes voisines de Béthune, Watten,
Bergues, Gravelines et Dunkerque.
En 1800, Saint-Omer était
encore la ville la plus peuplée du département.