Histoire de l'Aude
Le territoire du département de l'Aude
appartenait, avant la conquête romaine, à la confédération des
Volces-Tectosages. Il fut conquis avant César par les généraux
romains ; et compris dans la Narbonnaise. Les Wisigoths envahirent
le pays en 435, pendant qu'Aétius était occupé à réprimer les
Bagaudes. Ils le conservèrent plus longtemps que leurs autres
possessions gauloises, même après la bataille de Vouillé, grâce
au secours du roi des Ostrogoths, dont les troupes battirent
le fils du conquérant franc (508). Ils eurent ensuite à résister
au roi des Burgondes, qui dirigea sur le pays de Carcassonne,
de 585 à 588, trois tentatives qui n'aboutirent qu'à affermir
leur domination.
Ce pays faisait alors partie de la Septimanie,
ainsi appelée à cause des sept évêchés que les rois wisigoths
y avaient établis. La domination gothique ayant été renversée
en Espagne en 711, l'irrésistible invasion des Arabes fut poursuivie
par les vainqueurs de ce côté-ci des Pyrénées.
L'empire des musulmans y fut court. Le
duc d'Aquitaine, Eudes, les en chassa mais il travaillait moins
pour lui-même et pour son éphémère maison que pour la dévorante
ambition des Carolingiens, qui, peu de temps après, soumettaient
Narbonne et Carcassonne de 759 à 762.
Le premier comte de
Carcassonne dont il soit fait mention dans les chroniques est
Oliba, de la famille des comtes de Barcelone. Il était comte
en 819, et l'on suppose que son comté venait d'être érigé par
Louis le Débonnaire, lorsque ce prince détacha le Carcassez
et le Rasez de la Septimanie pour les réunir au marquisat de
Toulouse et au royaume d'Aquitaine (817). Le Rasez, dont le
nom venait d'un ancien château appelé Redas, peut être la Rennes
actuelle, formait un comté particulier, depuis qu'un archevêque
de Narbonne, chassé de sa ville par les Sarrasins, y avait transporté
son siège épiscopal, et avait procuré à ce petit pays les honneurs
du titre féodal. Narbonne était elle-même un comté ; ainsi,
trois comtés répondaient alors au département actuel de l'Aude.
En 880, la Rasez fut uni par un mariage au Carcassez pour n'en
être plus jamais séparé.
Le comte Arnaud, le premier que
l'on rencontre possédant le Carcassez à titre inamovible et
comme propriété (940), eut trois fils auxquels il partagea ses
États. L'aîné fut comte de Carcassonne sous le nom de Roger
1er, et eut à son tour trois fils, dont le second
fut le premier comte de Foix, et servit ainsi de souche à une
des plus illustres maisons du Midi.
Roger III, mort sans enfants en 1067,
institua pour son héritière sa sœur Ermengarde, laquelle s'empressa
de se donner un premier protecteur en épousant Raymond-Bernard,
vicomte d'Albi et de Nimes, et un a second protecteur en vendant,
moyennant onze cents onces d'or, la suzeraineté du Carcassez
et du Rasez à son parent, le comte de Barcelone.
La branche
cadette des comtes de Foix fit de vains efforts pour faire prévaloir
les droits des mâles. Ermengarde avait fait entrer le comté
de Carcassonne dans une maison capable de le défendre. En 1150,
un seul homme était vicomte de Béziers, d'Albi, d'Agde et de
Carcassonne. Nous disons vicomte de Carcassonne car, au commencement
du XIIème siècle, Bernard-Aton avait abandonné le
titre de comte et s'était contenté de celui de vicomte la charge
et le titre existaient déjà depuis un siècle à Carcassonne.
Hâtons-nous de dire qu'à la même époque le même Bernard-Aton
avait adroitement transporté son hommage de la maison de Barcelone
à celle des Saint-Gilles, comtes de Toulouse. Cette politique
était dirigée contre les prétentions de la maison de Foix. Sous
le titre général de vicomte de Béziers, Raymond Trancavel possédait
donc, au milieu du XIIème siècle, la vicomté de Carcassonne,
dont nous ne poursuivrons point l'histoire distincte. Les événements
de la guerre des Albigeois se retrouveront dans l'histoire des
villes et châteaux.
A la suite de cette guerre, la vicomté de Carcassonne passa, avec celle de Béziers, sous la domination des Montfort. C'est en 1211, pendant le siège du château de Minerve, que Raymond Trancavel céda tous ses domaines à Simon de Montfort, par un acte dans lequel il déclarait les abandonner en son nom et au nom de sa postérité, « sans avoir été ni circonvenu, ni trompé, ni entraîné par la force ou la ruse, mais de son propre mouvement, par l'effet de sa pure et simple libéralité. Mensonges des traités, espéraient-ils donc, ceux qui firent signer celui-ci, que la postérité crédule prendrait une spoliation pour un don volontaire ? Amaury de Montfort, successeur de Simon, céda en 1224 ses droits sur le Carcassez au roi de France, Louis VIII. Plus tard, en 1240, l'héritier légitime, Raymond Trancavel, fit une tentative pour reprendre les domaines de ses pères et enleva les faubourgs de Carcassonne. Mais, obligé de lever le siège et de traiter avec saint Louis, il signa, en 1247, une cession complète en faveur du roi de France il lui abandonnait tous ses droits sur la vicomté de Carcassonne comme sur les autres et lui transportait les hommages de ses vassaux.
L'acte offre, comme celui de 1211, les apparences d'une volonté libre et consentante ; ici, du moins, une chose donnait à la spoliation quelque couleur de transaction et d'échange c'était une rente de six cents livres assignées par le roi à Trancavel et à ses successeurs, à prendre sur divers fonds de la sénéchaussée de Carcassonne. Le seigneur féodal devenait un pensionnaire de la royauté. Sort précaire, triste fin d'une des plus brillantes puissances territoriales du midi de la France au Moyen-Âge ! Les domaines des comtes de Carcassonne devinrent une sénéchaussée. Cette sénéchaussée, fondée par Simon de Montfort, maintenue par saint Louis, s'étendait alors depuis le pays de Foix jusqu'à Montpellier ; resserrée plus tard dans des limites plus étroites, elle n'en conserva pas moins une grande importance, puisqu'elle comprenait les onze vigueries de Carcassonne, de Cabardez, de Minervois, de Béziers, d'Albi, de Gignac, de Limoux, de Narbonne, de Fenouillèdes, de Termenois et des Allemans, le bailliage de Sault, la châtellenie de Montréal, les comtés de Castres, de Pézenas, de Cessenon, les vicomtés de Narbonne, de Lautrec et d'Omelas, la seigneurie de Mirepoix.
Ces sénéchaux s'intitulèrent d'abord
sénéchaux du roi dans les pays d'Albigeois, et plus tard sénéchaux
de Carcassonne, Béziers et Limoux. Depuis sa réunion à la France
en 1247, le pays dont se compose le département de l'Aude suivit
la destinée des autres contrées qui dépendaient du Languedoc.
Les guerres de religion vinrent porter atteinte à la prospérité
dont il jouissait; mais elle fleurit de nouveau sous Louis XIV,
surtout lorsque ce prince eut autorisé la création du beau canal
du Midi, auquel les principales villes du département doivent
aujourd'hui leur activité et leur industrie.
Carcassonne
Place forte depuis les Wisigoths, Carcassonne
fut vendue aux comtes de Barcelone, avant d'être attribuée aux
Trencavel, vicomtes de Béziers qui prirent le titre de vicomtes
de Carcassonne.
Le catharisme atteint Carcassonne qui aura
beaucoup d'adeptes dans ses murs. Les cathares étant protégés
par le vicomte Raimond-Roger Trencavel, la ville devient terre
d’hérésie aux yeux du pape. En conséquence, elle subira de plein
fouet les feux de la croisade bientôt dirigée par Simon de Montfort
succédant ainsi Arnaud Amaury légat du pape qui auparavant dirigeait
la croisade.
C'est ainsi qu'au mois d'aout 1209, l'armée
des Croisés met le siège devant Carcassonne. Les deux bourgs
tombent rapidement, ils sont brulés et détruits. L'enceinte
de la Cité va résister à l'assaillant. C'est la sècheresse et
la soif qui feront capituler le vicomte de Carcassonne au bout
de deux semaines de siège, en effet Trencavel ne prit aucune
disposition pour défendre l'accès aux points d'eau situés en
dehors de l'enceinte croyant que les assiégés seraient secourus
rapidement.
Il sera aussitôt jeté en prison où il mourra
très vite. Dès la prise de la Cité les terres des Trencavel
sont attribuées à un des Barons du nord, le célèbre Simon de
Montfort. Son fils donnera ses terres au roi de France, qui
les intègrera au domaine royal en 1224. Ce dernier évènement
est majeur dans l'histoire de Carcassonne. Après la tentative
de révolte des Carcassonnais menée par le fils du vicomte Trencavel
en 1240, Saint Louis chasse la population de la ville, et l'autorise
à s'établir sur l'autre rive du fleuve : c'est la création d’une
ville nouvelle. Une bastide est alors créée en contrebas de
la Cité de Carcassonne.
Carcassonne devient alors une ville
bicéphale où une concurrence acharnée a lieu économiquement
et socialement entre Cité et Bastide. Progressivement, la Bastide
Saint-Louis va prospérer économiquement au point de surpasser
la Cité qui perd au fur et à mesure tous ses pouvoirs et son
rayonnement politique.
La ville basse est dotée d'un consulat
en 1248. Six consuls gouvernent la ville aidés par des notables.
Au XIVème siècle, la ville est le premier centre
de production textile du royaume, dont la matière première utilisée
est la laine. Elle provient des élevages de la Montagne Noire
et des Corbières. Les productions étaient exportées vers les
grands comptoirs européens comme Constantinople ou Alexandrie.
En 1348, la ville est touchée par la peste comme le reste du
pays et l'épidémie est récurrente jusqu'au siècle suivant. À
cette même période, la guerre de Cent Ans provoque de nombreux
dégâts. Le prince Noir dévasta par le feu la ville basse en
1355 en épargnant la cité de Carcassonne30. Un siège aurait
été trop long et l'aurait ralenti dans son entreprise de pillage.
La bastide fut reconstruite (mais seulement la moitié de la
bastide) et fortifiée en 1359. L'industrie du drap reprend et
se développe. Un texte fort ancien nous est parvenu qui nous
dépeint les origines situées aux XIVème et XVème
siècles, d'une famille consulaire de marchands, bourgeois de
Carcassonne, puissants hommes d'affaires de la Cité.
On
doit la conservation de la cité de Carcassonne à Violet -Le
Duc qui en entrepris la restauration en 1849.
Narbonne
(voir Ville d'Art et d'Histoire)Fidèle depuis 2 100 ans au site choisi
par les colons romains en 118 av. J.-C., la ville de Narbonne
s'étale sur la frange sud d'une plaine alluviale resserrée,
à moins de 10 m d'altitude, entre les derniers contreforts des
Corbières et la masse calcaire de la Clape (214 m). De part
et d'autre de cette ancienne île soudée aujourd'hui au littoral,
les basses terres s'ouvrent sur d'amples lagunes qui ont, tour
à tour, servi d'issue aux eaux capricieuses de l'Aude (Atax
dans l'Antiquité), et à l'énorme masse d'alluvions (2 millions
de m3 par an) arrachées par ce fleuve torrentiel et ses affluents
aux Pyrénées, aux Corbières et à la Montagne noire. De nos jours
orienté vers le secteur nord de la Clape, jusqu'au XIVème
siècle le cours de l'Aude traversait Narbonne pour aboutir,
à plus ou moins faible distance de la Cité, dans les étangs
de Sigean-Gruissan. Ce complexe lagunaire, progressivement comblé
et compartimenté, est le témoin du vaste golfe que formait l'avancée
de la mer à l'intérieur des terres avant la constitution du
cordon littoral. Ainsi, le paysage actuel, tel que le visiteur
le découvrira du donjon de l'ancien palais des Archevêques,
ou mieux encore des collines environnantes, est quelque peu
différent de celui que l'on pouvait contempler à l'âge du fer
ou à l'époque romaine. Le cadre lacustre s'est remodelé au gré
des variations climatiques et géologiques, notamment des oscillations
du niveau marin, qui ont provoqué la formation d'une bande côtière
sablonneuse en favorisant tant le colmatage de la plaine et
les divagations de l'Aude que le rétrécissement du plan d'eau
primitif et son cloisonnement.
Limoux
Limoux connut d'abord un habitat gallo-romain
sur la colline de Flassian. Après la ruine de Redae, située
aux abords de Rennes le Château, Limoux lui succéda comme capitale
du Razès. Elle échut aux vicomtes de Carcassonne et de Béziers,
les Trencavel. Lors de la croisade des Albigeois, la ville se
soumit en 1209 à Simon de Montfort, qui la concéda en fief à
Pierre de Voisins. Limoux dut sa prospérité à son industrie
du drap, qui, par les foires de Pézenas et de Montagnac, était
exporté en Italie du Sud et au Proche Orient. Limoux était célèbre
par son carnaval, où les meuniers, qui versaient leurs prestations
à l'abbaye de Prouille le jour du Mardi Gras, jetaient sur les
passants de la farine et des dragées. La blanquette de Limoux,
le vin mousseux et pétillant le plus ancien du monde, est attestée
dès le XVIème siècle.
Parmi les autres lieux
à visiter il faut noter le Château de Puitvert; le château de
Puylaur, et celui de Rennes le Château etc. qui sont toutes
d'anciennes places fortes en pays Cathare. Rennes le Château
est aussi un lieu où le mystère de l'Abbé Béranger Saunière
subsiste encore aujourd'hui.
L'Aude, possède également un partimoine historique important,
ainsi que de nombreuses plages situés dans le cœur du Golfe
du Lion. Ce département est un pôle touristique important, et
avec la réhabilitation du Canal du Mdi, il en un des hauts lieux
du tourisme fluviale.