De la Bourgogne...
La Bourgone - Vincent de Rose
Notre vallée regarde
vers le sud et ses quatre villages s’alignent le long de
la route que la montagne rejette vers le Haut Auxoix. De
loin, on reconnaît le nôtre à ce que , de la masse sombre
des grands arbres, plantés au temps d’Henri IV, pointent
les deux poivrières des tours rondes et les toits en bâtière
des tours carrées de « notre » château.
La vallée est
comme une profonde conque verte d’herbes et d’arbres emmêlés.
Les pâturages montent raides jusqu’aux petites falaises
claires qui marquent le rebord de la montagne, ourlée de
revers mystérieux des bois taillis. Des chemins claires
jaillissent et les rejoignent en cinq ou six bons coups
de reins et par là-dessus, en trois plans, se superposent
le dos du pays d’Arnay. Le revers sombre du Morvan de Saulieu
et la longue ligne sinueuse et indigo du grand Morvan éduen,
avec le triple épaulement du Bois-du-Roi flanqué du Beuvray,
notre Montagne sacrée et du Haut Folin.
Cette Montagne
Sacrée ressemble à une grosse bête assoupie sur l’horizon
avec sa nuque épaisse, saillant entre ses deux épaules.
dans la dépression brillent les aiguilles d’acier du canal
de Bourgogne, les flaques ovales des trois lacs et les fils
d’argent du curieux lacis de rivières qui, sans en avoir
l’air, ot une particularité extraordinaire et magique, celle
de partager nos eaux entre la Manche, l’Atlantique et la
Méditerranée.
Henri Vincenot
Texte extrait
de la « Billebaude »