De la Provence
Avignon vue depuis villeneuve les Avignon - Claude-Joseph
Vernet, né à Avignon le 14 août 1714 et mort à Paris
le 3 décembre 1789
Rien de plus beau que l'entrée du
Comtat par le Languedoc; rien de plus charmant que la sortie
d'Avignon par la Provence. Des deux côtés d'un chemin comparable
à ceux du Languedoc, règnent des canaux qui le traversent
en mille endroits. La Durance en fournit une partie, mes
autres viennent du Vaucluse. Le cristal transparent des
uns, l'eau trouble des autres font démêler aisément la différence
de leurs sources. Les hauts peupliers semés sans ordre y
défendent du soleil, dont l'ardeur commence à être extrême.
En quittant Latour, un pays assez bizarre ... Un chemin
resserré entre deux montagnes escarpés. Ce défilé s'élargit
dans quelques endroits, et devient alors aussi agréable
que le vallon le plus cultivé. On découvre de temps en temps
à travers les ouvertures du rocher des emplacements qui
ressemblent assez à de grandes cours de vieux châteaux entourées
de hautes murailles.
La ville d'Apt, grande, belle, peuplée,
riche, et bien habitée... Vaucluse : c'est un de ces lieux
uniques où la nature a voulu se singulariser. Il parait
avoir été fait exprès pour la muse de Pétrarque. Ce fameux
vallon est terminé par un demi-cercle de rochers d'une prodigieuse
élévation et qu'on dirait avoir été tallés perpendiculairement.
Au pied de cette masse énorme de pierre, sous une voute
naturelle que son obscurité rend effrayante à la vue, sort
d'un gouffre, dont on a jamais trouvé le fond, la rivière
appelée Sorgue. Un amas considérable de rochers forme une
chaussée au-devant mais à plusieurs toises de distance de
cette source profonde. L'eau passe ordinairement par des
conduits souterrains, où elle commence son cours.
La Côte d'Azur - Vincent de Roses
L'Isle sur la Sorgue... C'est un
terroir que la nature et le travail se disputent d'embellir.
La Sorgue qui dans tout son cours ne perd jamais sa couleur,
ni sa pureté, enveloppe entièrement la ville de ses eaux.
on ne peut rien imaginer de plus séduisant que cette partie
du Comtat : des champs fertiles, plantés comme de vergers,
des eaux transparentes, des chemins bordés d'arbres.
Marseille... Sa beauté lui est particulière. Ses dehors
même et ses environs ne sont pas moins singulier. c'est
un nombre infini de petite maisons qui n'ont à la vérité
ni cour, ni bois, ni jardin, mais qui composent en total
le coup d'œil le plus vivant qu'il y ait au monde. Les cotes
d'Hyères.. Il n'est point de climat plus riant, ni de terroir
plus fécond. Ce ne sont partout que des citronniers et des
orangers en pleine terre; on repère de loin le parfum de
ces arbres. Le lever de l'aurore et le coucher du soleil
sont ordinairement accompagnés de ces douces exhalaison.
Jean-Jacques Lefranc de Pompignan
Voyage de Languedoc
et de Provence